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Diplomacy & Defense Think Tank News

Joe Biden face au bilan de sa politique étrangère

IRIS - Thu, 06/06/2024 - 10:07

Après sa visite en France, qui a lieu ces jours-ci, un sommet crucial de l’OTAN, prévu à Washington du 9 au 11 juillet, attend le président américain, qui, bientôt en fin de mandat, doit faire face au triste bilan de sa politique étrangère.

Bien évidemment, si l’on compare à Trump, qui n’était que chaos et incompétence, il n’y a pas photo. Néanmoins, si l’on est quelque peu de bonne foi, il faut bien reconnaître que les années Biden, en ce qui concerne l’international, auront été cruelles.

Cruelles pour l’Amérique, qui aura vu son influence diminuer encore un peu plus, et pour le bloc occidental en général, entraîné par celle-ci, à qui le Sud global a cessé de faire crédit, notamment à cause du double standard pratiqué à Gaza et en Ukraine.

La première erreur majeure a été de conditionner le retour des États-Unis dans l’accord sur le nucléaire iranien à la stricte conformité de l’Iran aux termes de 2015 et à de nouvelles négociations sur les missiles balistiques. Alors que ce sont les États-Unis qui s’étaient unilatéralement retirés du Joint Comprehensive Plan of Action (JCPOA), l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien, sous l’administration Trump en 2018, conduisant ainsi l’Iran à augmenter son enrichissement en uranium et à réduire sa coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), il aurait été plus adroit que l’administration Biden fasse un geste de bonne volonté à l’égard de Téhéran en retournant d’abord dans l’accord avant de poser ses légitimes exigences. Cela n’aurait rien changé sur le fond, mais tout sur la forme, et nous n’en serions peut-être pas là aujourd’hui. Aussi imparfait qu’ait été l’accord voulu par Obama, et aussi antipathique soit le régime des Mollahs, le JCPOA avait au moins le mérite d’avoir stabilisé un tant soit peu la région.

La deuxième erreur de Joe Biden en matière de politique internationale, d’ampleur historique celle-ci, concerne bien sûr l’Ukraine.

Les lecteurs de ces correspondances savent que, fils d’une Ukrainienne et ayant de la famille non loin de la ligne de front des accords de Minsk, j’ai dès le 24 février 2022 condamné l’invasion illégale menée par Poutine, président mafieux s’il en est. Ils se souviennent peut-être aussi que j’ai plaidé, au début de la guerre, pour une réaction « musclée » de l’OTAN, à savoir la création d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine, comme l’avait demandé Zelensky. C’était, selon moi, le seul moyen de calmer le jeu et d’amener le président russe, dont l’armée s’était révélée incapable de parvenir jusqu’à Kiev, à la table des négociations.

Ce n’est pas l’option qui a été choisie par Washington. Au lieu de cela, il a été décidé d’armer les forces ukrainiennes et de les pousser à poursuivre encore et encore une guerre qu’elles ne pourront probablement, et malheureusement, pas remporter, ni à court terme, ni à moyen terme – le long terme n’existant pas puisqu’elles seront sans doute lâchées par l’Amérique d’ici là -, faute d’hommes et de matériel en nombre suffisant.

Puisque nous savions que sans le déploiement risqué de troupes alliées sur le sol ukrainien, ce qui aurait probablement débouché sur une nouvelle guerre mondiale, la bataille était perdue d’avance, il a été irresponsable de ne pas inviter Volodymyr Zelensky à négocier lorsque, à l’automne 2022, l’Ukraine se trouvait, sinon en position de force, du moins dans une position favorable dans le Donbass. Une occasion manquée qui risque de ne pas se représenter.

La défaite ukrainienne qui semble donc se profiler ne serait pas seulement celle de Kiev, mais aussi celle de la politique d’un président américain prisonnier du prisme de la guerre froide. Cette politique, vide de stratégie, aura consisté en grande partie à mener une guerre par procuration avec la Russie, sans objectif précis, si ce n’est celui de pousser l’Ukraine à se battre jusqu’à une improbable « victoire finale ».

Enfin, troisièmes et quatrièmes erreurs significatives : l’approche sans vision du conflit israélo-palestinien, adoptée par le 46e président des États-Unis tout au long de son mandat, qui n’a jamais vraiment tenté de relancer le processus de paix et la solution à deux États, ainsi que son manque de consistance dans sa relation avec Benyamin Netanyahou, qu’il déteste pourtant.

Un manque de consistance qui aura conduit Joe Biden et son entourage à condamner les massacres commis par Tsahal dans la bande de Gaza tout en lui fournissant les armes nécessaires pour les perpétrer et qui aura obligé les États-Unis à construire un port artificiel à plus de 320 millions de dollars afin d’acheminer l’aide humanitaire aux Gazaouis, car Israël soumet les points d’accès terrestres à des contrôles drastiques.

D’autres incohérences de la diplomatie américaine actuelle pourraient être relevées, comme les sanctions contre Cuba, décidées par Trump et maintenues par son successeur, qui pourtant, lorsqu’il était vice-président, avait été à l’origine de la reprise des relations avec La Havane. Mais l’image qui restera indélébilement attachée à la politique internationale de Biden, et qui aura donné le ton pour la majorité des Étatsuniens, est la débâcle de Kaboul en août 2021.

Biden n’est évidemment pas responsable du désastre afghan dans son ensemble, mais cette débandade sans précédent pour la puissance américaine est son œuvre et porte sa signature. Alors que rien ne poussait les États-Unis à la précipitation, c’est lui qui s’est obstinément accroché à la date du 31 août pour conclure le retrait américain négocié par son prédécesseur.

Cette fin chaotique est alors perçue comme une défaite humiliante, révélant l’échec de la politique étrangère américaine et la mauvaise gestion des conflits. Tétanisé devant ses écrans, le peuple américain a vu sa puissance militaire, puissance qu’on lui disait sans pareille dans l’histoire humaine, mise en échec par « des paysans munis de kalachnikovs et roulant sur des mobylettes », pour citer un commentateur de télévision.

Joe Biden est un homme sincère, pétri de bonnes intentions, mais un homme définitivement prisonnier du passé et donc dépassé par les défis géopolitiques du monde actuel. Dans la crise ukrainienne, il a entraîné l’Amérique et ses alliés dans une impasse, tandis que ses adversaires ont consolidé un bloc sino-russe, allié à la Corée du Nord et à l’Iran, et soutenu par l’Afrique du Sud, ainsi que par de nombreux autres États à travers le monde, peut-être même l’Inde.

L’élection de novembre ne se jouera évidemment pas sur l’internationale, mais ce thème sera néanmoins présent dans les débats. Joe Biden se retrouvera alors confronté à un bilan dont peu de ses prédécesseurs ont souffert pendant qu’ils faisaient campagne pour leur réélection. Pour trouver une situation similaire, il faut remonter à l’époque de Jimmy Carter.

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Romuald Sciora dirige l’Observatoire politique et géostratégique des États-Unis de l’IRIS, où il est chercheur associé. Essayiste et politologue franco-américain, il est l’auteur de nombreux ouvrages, articles et documentaires et intervient régulièrement dans les médias internationaux afin de commenter l’actualité. Il vit à New York.

India: a Pyrrhic Victory for Narendra Modi

IRIS - Wed, 05/06/2024 - 16:52

It was a mixed victory for outgoing Indian Prime Minister Narendra Modi. For the first time since 2014, the government strongman and his BJP party have lost the absolute majority they held in Parliament. With a clear increase in the number of votes cast, the opposition, and in particular the Indian National Congress party, is calling this a ‘moral defeat’ for Modi and the BJP. The outcome of 77 days of voting raises a number of questions. How were the elections conducted? What lessons can be drawn from the results? Could this have an influence on India’s international positions? Olivier Da Lage, Associate Research Fellow at IRIS, specialising in India and the Arabian Peninsula, provides some answers.

What was the political, economic and social context in which the Indian legislative elections were held? With 970 million voters expected, the largest elections in history, how did the voting go?

The actual polling took place in seven phases between 19 April and 1 June, a total of 77 days! This was an exceptionally long period, even though it is usual in India for voting to take place in several phases, given the size of the country. This means that the security forces responsible for ensuring that the electoral process runs smoothly can be deployed to the various States in turn. But this extension of the voting period has the effect of changing the tone of the campaign as it progresses. Some candidates have not yet been declared, and operations have already been completed in other parts of the country. The campaign themes also evolve according to how the campaign is perceived at the start (and of course also according to the themes specific to each region). All in all, the elections themselves took place in a calm and orderly manner, apart from a few localized incidents of violence that are customary in the country’s electoral history. However, the operations were also marked by the opposition’s strong defiance of the Election Commission, a constitutional body made up of three people appointed by the government and which had just been reshuffled by Prime Minister Narendra Modi. The fact that the Election Commission, contrary to custom, refused to publish the absolute figures for voter turnout, contenting itself with giving percentages – before changing its position, abruptly and without explanation, added to the confusion, as did the refusal to confirm, until the day before the count, that the ballot papers sent in by post would be counted before starting to count the results from the voting machines. At the end of the campaign and at the start of the voting process, Prime Minister Narendra Modi’s BJP was tipped as the clear winner, even announcing that it was aiming for 400 of the 543 seats in the Lok Sabha (National Assembly). In the outgoing legislature, the BJP had an absolute majority with 303 seats, making the NDA alliance with subsidiary parties that were not in a position to influence decisions superfluous. But as time went by, feedback from the field showed that the BJP candidates were encountering more difficulties than expected and that the Modi ‘magic’ was no longer working as well as it had in the past. The BJP’s entire campaign was based on the Prime Minister’s personality and his programme for the next five years was very general and largely summed up in the slogan ‘Modi ki guarantee’ (Modi’s guarantee). There was growing nervousness in the ranks of the outgoing majority as the Prime Minister, in his rallies and interviews, accused the Congress Party of borrowing its programme from the Pakistan Muslim League and of wanting to strip Hindu women of their gold jewellery and give it to Muslims. While Modi’s 2014 campaign was based on the theme of good governance and his 2019 campaign on the security of the country’s borders, in 2024 he gave the impression that he was attacking India’s 200 million Muslims, while at the same time defending himself.

With Narendra Modi and the Bharatiya Janata Party (BJP) widely tipped to win a third term in office, what analysis can be made of the results? What other lessons can be drawn from these elections?

The BJP lost the absolute majority it had held since 2014 and strengthened in 2019. It must have sensed the risk, because during the campaign it resurrected the NDA Alliance, which had been virtually non-existent since 2014. Shortly before, however, the BJP president had hinted that, in time, there would be only one party in India: the BJP. With his allies, including the unpredictable head of the Bihar government Nitish Kumar, who had been at the origin of the alliance of 28 opposition parties united within the INDIA coalition before joining the ruling coalition in a turnaround of which he is a master, Narendra Modi can still count on a majority in parliament. But on the one hand, his allies are likely to pay dearly for their support and limit Narendra Modi’s alleged desire to radically transform India into an officially Hindu state. On the other hand, this Pyrrhic victory is a personal slap in the face for the outgoing head of government, whose power was also personalised. For its part, the Congress party escaped the fading that threatened and its electoral strategy of alliance with regional parties paid off for it and its partners, enabling the opposition to return in force to the Lok Sabha, even if it remains in the minority.

What influence will these elections have on India’s international ambitions?

Probably none. On the one hand, the foreign policy that would have been pursued by a government led by the Congress party would hardly have been very different from that pursued by Narendra Modi. On the other hand, the fact that the opposition obtained a more than honourable score can be presented as a denial to those who claimed that the ‘largest democracy in the world’ was no more than an ‘electoral autocracy’. But above all, the geopolitical realities have not changed with the results published on 4 June: China is still India’s neighbour and its power is perceived as a threat by both India and Western countries. The latter will therefore continue to court New Delhi, while India will pursue its policy of ‘multi-alignment’, which consists of remaining friendly with Russia and Israel while being close to Arab countries and the West. So far, this policy of tightrope walking has been fairly successful for India, whose growth rate (8.2% for the 2023-2024 financial year) is attracting a great deal of commercial interest from its partners, particularly in the West.

 

Translated by Deepl.

Inde : une victoire à la Pyrrhus pour Narendra Modi

IRIS - Wed, 05/06/2024 - 14:39

C’est une victoire en demi-teinte pour le Premier ministre indien sortant Narendra Modi. Pour la première fois depuis 2014, l’homme fort du gouvernement et son parti du BJP perdent la majorité absolue qu’ils détenaient au Parlement. Avec une nette progression dans les suffrages, l’opposition, et notamment le parti du Congrès national indien, évoque une « défaite morale » pour Modi et le BJP. Le dénouement de ces 77 jours de scrutin soulève ainsi plusieurs interrogations. Comment se sont déroulées ces élections ? Quels sont les multiples enseignements à tirer des résultats ? Peut-il y avoir une influence sur les positions indiennes à l’international ? Éléments de réponse avec Olivier Da Lage, chercheur associé à l’IRIS, spécialiste de l’Inde et de la péninsule arabique.

Dans quel contexte politique, économique et social se sont tenues les élections législatives indiennes ? Avec 970 millions d’électeurs attendus, plus grandes élections de l’histoire, comment s’est déroulé ce suffrage ?

Le scrutin proprement dit s’est déroulé en sept phases qui se sont étirées du 19 avril au 1er juin, soit 77 jours au total ! Cette durée a été exceptionnellement longue, même s’il est habituel en Inde que le vote se déroule en plusieurs phases, compte tenu de l’étendue du pays. Cela permet de déployer dans les différents États à tour de rôle les forces de sécurités chargées de veiller à ce que les opérations électorales se déroulent dans l’ordre. Mais cette extension de la durée de vote a pour effet de modifier la tonalité de la campagne au fur et à mesure de l’avancement dans le temps. Certaines candidatures ne sont pas encore déclarées que les opérations sont déjà achevées dans d’autres régions du pays. Les thèmes de campagne évoluent aussi en fonction du ressenti des débuts de la campagne (et bien sûr également des thématiques propres à chaque région). Tout bien considéré, les élections proprement dites se sont déroulées dans le calme et dans l’ordre, si l’on excepte quelques violences localisées et qui sont habituelles dans l’histoire électorale du pays. Mais les opérations ont également été marquées par une vive défiance de l’opposition à l’encontre de la Commission électorale, un organe constitutionnel composé de trois personnes nommées par le gouvernement et qui venait d’être remanié par le Premier ministre Narendra Modi. Le fait que la Commission électorale, contrairement à l’habitude, ait refusé de publier les chiffres absolus de la participation électorale, se contentant de donner des pourcentages – avant de changer de position, abruptement et sans explication, a ajouté à la confusion, tout comme le refus de confirmer, jusqu’à l’avant-veille du dépouillement que les bulletins envoyés par la poste seraient décomptés avant de commencer à compter les résultats des machines à voter. En fin de campagne et au début des opérations de vote, le BJP du Premier ministre Narendra Modi était donné grand gagnant et annonçait même viser 400 sièges sur les 543 que compte la Lok Sabha (Assemblée nationale). Dans la législature sortante, le BJP disposait de la majorité absolue avec 303 sièges, rendant superflue l’alliance NDA avec des partis supplétifs qui n’étaient pas en mesure de peser sur les décisions. Mais au fil du temps, les échos du terrain ont montré que les candidats du BJP rencontraient plus de difficultés que prévu et que la «magie » Modi ne fonctionnait plus aussi bien que par le passé. Or, toute la campagne du BJP s’est faite sur la personnalité du Premier ministre et son programme pour les cinq ans à venir était très général et se résumait largement au slogan « Modi ki guarantee » (la garantie de Modi). On a alors pu sentir une nervosité croissante dans les rangs de la majorité sortante tandis que dans ses meetings et ses interviews, le Premier ministre a accusé le Parti du congrès d’emprunter son programme à la Ligue musulmane pakistanaise et de vouloir dépouiller les femmes hindoues de leurs bijoux en or pour les donner aux musulmans. Alors que la campagne de Modi en 2014 s’était déroulée sur le thème de la bonne gouvernance et celle de 2019 sur la sécurité aux frontières du pays, en 2024, il a donné le sentiment de s’en prendre aux 200 millions de musulmans indiens, tout en s’en défendant par ailleurs.

Annoncé grand favori pour un troisième mandat, quelle analyse peut-on faire des résultats de Narendra Modi et du Bharatiya Janata Party (BJP) ? Quels sont les autres enseignements à tirer de ces élections ?

Le BJP a perdu la majorité absolue qu’il détenait depuis 2014 et renforcée en 2019. Il a dû sentir le risque, car en cours de campagne, il a ressuscité l’Alliance NDA qui était virtuellement inexistante depuis 2014. Peu auparavant, le président du BJP avait pourtant laissé entendre qu’avec le temps, il n’y aurait plus qu’un seul parti en Inde : le BJP. Avec ses alliés, y compris l’imprévisible chef du gouvernement du Bihar Nitish Kumar qui avait été à l’origine de l’alliance des 28 partis d’oppositions réunis au sein de la coalition INDIA avant de rejoindre à la coalition au pouvoir par un revirement dont il a le secret, Narendra Modi peut toujours compter sur une majorité au parlement. Mais d’une part, ses alliés vont probablement monnayer cher leur soutien et limiter les volontés que l’on prête à Narendra Modi de transformer en profondeur l’Inde pour en faire un État officiellement hindou, d’autre part, cette victoire à la Pyrrhus est un camouflet personnel pour le chef du gouvernement sortant dont le pouvoir était aussi personnalisé. Pour sa part, le parti du Congrès échappe à l’effacement qui menaçait et sa stratégie électorale d’alliance avec des partis régionaux s’est avérée payante pour lui comme pour ses partenaires, ce qui permet à l’opposition de revenir en force à la Lok Sabha, même si elle y demeure minoritaire.

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Quelle peut être l’influence de ces élections sur les ambitions internationales indiennes ?

Probablement aucune. D'un côté, la politique étrangère qu'aurait menée un gouvernement dirigé par le parti du Congrès n'aurait guère été très différente de celle conduite par Narendra Modi, d'autre part, le fait que l'opposition ait obtenu un score plus qu'honorable peut être présenté comme un démenti à ceux qui affirmaient que la « plus grande démocratie du monde » n'était plus qu'une « autocratie électorale ». Mais surtout, les réalités géopolitiques n'ont pas changé avec les résultats publiés ce 4 juin : la Chine est toujours la voisine de l'Inde et sa puissance perçue comme une menace à la fois par l'Inde et les pays occidentaux. Ces derniers vont donc continuer de courtiser New Delhi et pour sa part, l'Inde poursuivra sa politique de « multialignement » qui consiste à rester amie avec la Russie et Israël tout en étant proche des pays arabes et des Occidentaux. Jusqu'à présent, cette politique de funambulisme a plutôt réussi à l'Inde dont le taux de croissance (8,2 % pour l'exercice budgétaire 2023-2024) suscite bien des convoitises commerciales chez ses partenaires, notamment occidentaux.

 

Global Leaders Series Featuring President of Guatemala H.E. Bernardo Arévalo

European Peace Institute / News - Tue, 04/06/2024 - 22:52
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IPI hosted a Global Leaders Series event on June 4th featuring H.E. Bernardo Arévalo, President of Guatemala. The conversation between IPI President Zeid Ra’ad Al Hussein and H.E. Bernardo Arévalo centered around current issues facing Guatemala, sustainable development, and goals for the future.

During the event, President Arévalo reflected on the 25 years since the peace accords were signed, highlighting the need to address corruption and build democratic and inclusive institutions. He noted the unique nature of Guatemala’s accords, stating, “In contrast to most of the peace accords that were signed at that time, the accords in Guatemala were not only about ending the conflict but about having a blueprint for a democratic and inclusive future.”

He also highlighted his plans for his presidency, focusing on tackling corruption and crime through strengthening institutions. He emphasized, “We need to be able to strengthen our capacity to address crime today, but at the same time build the conditions that will enable young people simply not to consider worth to engage in criminal activities.”

Bernardo Arévalo currently serves as the 52nd president of Guatemala, having assumed office on January 15, 2024. A reform candidate of the Movimento Semilla party, he campaigned primarily on an anti-corruption platform while also frequently discussing Guatemala’s development and security needs. He previously served as a deputy in the Congress of Guatemala from 2020 to 2024, as Ambassador to Spain from 1995 to 1996, and as Deputy Minister of Foreign Affairs from 1994 to 1995.

The New Agenda for Peace and Peace Operations

European Peace Institute / News - Wed, 29/05/2024 - 23:51
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IPI in partnership with the French Ministry of Armed Forces, cohosted the 2024 Peacekeeping Observatory Annual Workshop on May 29, 2024. The full-day workshop focused on the implementation of recommendations from the New Agenda for Peace that pertain to peace operations. This hybrid event convened over fifty participants, including UN personnel, member states, and other experts from civil society organizations.

Held at a critical moment of reflection on the future of peace operations, the workshop provided an opportunity for participants to deliberate on efforts to enhance the effectiveness and sustainability of missions in today’s political environment and ahead of the Summit of the Future, to be held on September 22 and 23, 2024, in New York.

The workshop was divided into four sessions:

Session 1: Understanding Resolution 2719: What Comes Next for the UN and AU?

This session featured experts from the UN/African Union (AU) Partnerships Team in the UN Department of Peace Operations (DPO) and the UN Department of Political and Peacebuilding Affairs (DPPA), the Permanent Observer Mission of the AU to the UN, and civil society organizations. Participants discussed the impact of Security Council Resolution 2719 on peace operations and the UN–AU partnership. The discussion highlighted the need for enhanced coordination and strategic alignment between the UN and the AU, the importance of flexible and adaptive mechanisms to support AU-led peace operations, and joint efforts in political, financial, and operational planning to ensure effective implementation and oversight.

Session 2: Lessons Learned from the Support Office Model

During this session experts examined the work of the UN Support Office in Somalia (UNSOS) as a model for UN support to AU-led missions, with a focus on its operational support to the African Transition Mission in Somalia (ATMIS.) It featured key contributions from Assistant Secretary-General and Head of UNSOS Aisa Kirabo Kacyira and her senior adviser, as well as other independent experts. The dialogue highlighted the significance of UNSOS in enhancing the logistical and operational effectiveness of ATMIS through robust partnerships, joint strategic planning and trust-building with key stakeholders. However, participants also recognized that challenges such as unmet expectations, limited financing, and the lack of alignment of military and political strategies persist and necessitate a continuous focus on collaboration, accountability, and adaptable support frameworks for future missions.

Lunch Session: Briefing on Negotiations around the Pact for the Future and Language on Peace Operations

Within this session, representatives of the permanent missions of Namibia and Germany to the UN briefed the attendants on negotiations around the Pact for the Future with a focus on the language on peace operations. The briefers highlighted areas of relative consensus among member states, including broad-based support for peace operations, as well as some areas that have been more politically difficult to negotiate. The briefers also reflected on the need for further peacekeeping reforms to address future peace and security challenges. In addition, they highlighted the importance of ensuring peace enforcement is undertaken in service of a political process and ensuring sustainable and adequate financing and support.

Session 3: Strengthening the Institution of UN Peacekeeping

The final session recognized the need to fortify UN peace operations as an important tool for collective security, alongside growing efforts to support partner-led operations. It emphasized the need for UN peacekeeping structures to adapt to contemporary challenges through innovative approaches and modern technology and to learn from past failures. Participants called for strengthening the tools the UN has at its disposal to address threats in multiple domains and the need to rebuild trust with local populations.

As part of the 2024 Peacekeeping Observatory project, IPI is publishing a series of issue briefs on UN peace operations and the New Agenda for Peace, including “Implementing Resolution 2719: What Next for the UN and AU?” authored by Jenna Russo and Bitania Tadesse; “The Support Office Model in Somalia: Lessons Learned and Implications for Future Settings,” authored by Paul Williams; and “The Protection of Civic Space in UN Peacekeeping Operations,” authored by Lauren McGowan.

The Peacekeeping Observatory is a multiyear IPI project examining emerging issues and challenges in peace operations. It is funded by the French Ministry of Armed Forces.

25 Years of POC and the UN Security Council: Challenges and Opportunities

European Peace Institute / News - Mon, 20/05/2024 - 18:05
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The Permanent Mission of Switzerland to the UN, in partnership with IPI, the Permanent Mission of the Republic of Mozambique to the UN, the Permanent Mission of the United Kingdom to the UN, the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs (OCHA), the International Committee of the Red Cross (ICRC), and the Norwegian Refugee Council (NRC), hosted a policy forum on May 20th on “25 Years of POC and the UN Security Council: Challenges and Opportunities.”

This year marks 25 years since the Security Council first recognized the protection of civilians (POC) as a matter of international peace and security. Since then, POC has become widely institutionalized within the council’s work, as well as the UN more broadly, elevated as a core issue on the council’s agenda, and designated as a priority among mandated peacekeeping tasks.

At the same time, POC continues to face significant challenges resulting from flagrant violations of international humanitarian and human rights laws (IHL/IHRL), including by some UN member states. These violations not only have devastating consequences for civilians in conflict settings but are also a symptom of an erosion of the normative frameworks that underpin the international system. This erosion calls into question the role of the UN Security Council in protecting and upholding such norms, especially as in some cases council members have been directly or indirectly involved in violations.

The purpose of this event was to take stock of the council’s engagement with POC over the past 25 years and assess opportunities for it to further strengthen POC norms amid contemporary political and security challenges. This conversation took place as the international community prepares to mark the 75th anniversary of the 1949 Geneva Conventions, presenting an opportune moment for wider reflection on the fundamental principles of IHL/IHRL that underpin the POC agenda.

Speakers:
Naz K. Modirzadeh, Professor of Practice, Founding Director, Program on International Law and Armed Conflict, Harvard Law School
Laetitia Courtois, Permanent Observer and Head of Delegation, International Committee of the Red Cross (ICRC)
Hichem Khadhraoui, Executive Director, Center for Civilians in Conflict (CIVIC)
Edem Wosornu, Director, Operations and Advocacy Division (OAD), United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs (OCHA)

Moderator:
Adam Lupel, Vice President and COO, International Peace Institute

Closing remarks:
H.E. Pascale Christine Baeriswyl, Permanent Representative of Switzerland to the UN

Analyzing the Effectiveness of Institutional Training for Preventing Sexual Exploitation, Abuse and Harassment in Peacekeeping

European Peace Institute / News - Fri, 17/05/2024 - 22:10

IPI’s Women, Peace, and Security (WPS) team, in partnership with the Gender and Security Sector Lab (GSS), hosted a virtual research workshop on “Analyzing the Effectiveness of Institutional Training for Preventing Sexual Exploitation, Abuse and Harassment (SEAH) in Peacekeeping.” This May 17th event and related research are part of the Gender and Peace Operations Project, a multi-year initiative of the IPI WPS program funded by the Government of Canada’s Elsie Initiative.

One of the ways that the UN seeks to combat SEAH is through training. This research project seeks to understand how training at the national and international level (completed in-academy, in-service non-academy, pre-deployment, or during deployment) on topics related to gender and SEAH can influence perceptions (and potentially behavior) of military and police while deployed in UN peace operations. This discussion will support an upcoming report co-authored by IPI and GSS on the effectiveness of training for SEAH in peacekeeping.

To better understand the relationship between institutional training and SEAH, the researchers will employ a series of statistical tests, using cross-national survey responses from security personnel from ten different countries and twelve security institutions. This data was collected using the Measuring Opportunities for Women in Peace Operations (MOWIP) methodology for barrier assessments of military and police. With this data, the researchers will evaluate whether surveyed personnel who have engaged in different types of training (general gender or WPS training, training on the prevention of SEA, gender training for leadership, institutional harassment training, or specialized gender training on preventing sexual violence or civilian protection) have 1) different knowledge of gender mainstreaming policies and practices, such as UNSCR 1325; 2) different views of the integration and participation of women in peacekeeping; and 3) different beliefs and perceptions of SEAH.

Over 30 people attended the research workshop, with participation from civil society, academia, peace operations and training personnel, as well as various UN entities, including the Office of the Special Coordinator on Preventing Sexual Exploitation and Abuse (UN-OCSEA). The policy paper for this project will be released towards the end of 2024.

Small States and Global Governance: Managing the Challenges of Emerging Technologies and “Frontier Issues”

European Peace Institute / News - Wed, 08/05/2024 - 20:39
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This May 8th roundtable discussion, the final in a series of three sessions in partnership with the Permanent Mission of Singapore, focused on the topic of small states and their role in global governance relating to new and emerging issues such as cybersecurity, digital technologies, artificial intelligence, and outer space.

These frontier domains pose both immense opportunities for development and potential risks that could further widen divides between and within countries. Small states must work together to build multilateral governance frameworks, rules, and norms that allow them to effectively manage the challenges posed by these issues, while not stifling innovation and growth. At the same time, they must find ways to level the playing field in the development and deployment of new technologies, so that all can benefit equitably, especially the small states themselves.

To guide the conversation, participants considered the following questions:

  • What are the particular challenges faced by small states in dealing with emerging technologies, and are there existing avenues in the UN or other multilateral platforms that can help them to address these?
  • What important elements ought to be considered in establishing governance frameworks and norms vis-à-vis frontier issues, that would help to build the most conducive environment for small and developing states to best harness the potential and opportunities of technologies?
  • How can small states best contribute to growing global conversations on frontier issues and project their voices in these efforts, and how can they support each other in their endeavors?

The event was co-organized in collaboration with the Permanent Missions of Bulgaria, Costa Rica, Jamaica, Jordan, Liechtenstein, Namibia, New Zealand, Samoa, Senegal, Switzerland, and Qatar.

Discussions will be captured in a final report to be prepared at the conclusion of the roundtable series.

Give qualitative research the recognition it deserves

Ratcliffe et al. (2024, JEP 93, Art. 102199) raise concern about the exclusion of purely qualitative research from JEP, as proposed by Schultz and McCunn’s editorial stance published in 2022. We support Ratcliffe et al.’s call for equal recognition of qualitative work alongside quantitative work in environmental psychology. Our article aims to contribute to this debate by presenting five additional points that emphasise the importance of qualitative contributions in advancing environmental psychology research. Through illustrative examples, we demonstrate how qualitative methods can reveal overlooked aspects, empower marginalised groups, promote social justice, and adapt to dynamic contexts and sensitive topics. We argue that qualitative research is as rigorous as quantitative research and offers insights that quantitative measures may fail to capture. Embracing qualitative contributions alongside quantitative work would advance interdisciplinary dialogue, strengthen environmental psychology and promote a comprehensive understanding of human-environment relationships.

Give qualitative research the recognition it deserves

Ratcliffe et al. (2024, JEP 93, Art. 102199) raise concern about the exclusion of purely qualitative research from JEP, as proposed by Schultz and McCunn’s editorial stance published in 2022. We support Ratcliffe et al.’s call for equal recognition of qualitative work alongside quantitative work in environmental psychology. Our article aims to contribute to this debate by presenting five additional points that emphasise the importance of qualitative contributions in advancing environmental psychology research. Through illustrative examples, we demonstrate how qualitative methods can reveal overlooked aspects, empower marginalised groups, promote social justice, and adapt to dynamic contexts and sensitive topics. We argue that qualitative research is as rigorous as quantitative research and offers insights that quantitative measures may fail to capture. Embracing qualitative contributions alongside quantitative work would advance interdisciplinary dialogue, strengthen environmental psychology and promote a comprehensive understanding of human-environment relationships.

Give qualitative research the recognition it deserves

Ratcliffe et al. (2024, JEP 93, Art. 102199) raise concern about the exclusion of purely qualitative research from JEP, as proposed by Schultz and McCunn’s editorial stance published in 2022. We support Ratcliffe et al.’s call for equal recognition of qualitative work alongside quantitative work in environmental psychology. Our article aims to contribute to this debate by presenting five additional points that emphasise the importance of qualitative contributions in advancing environmental psychology research. Through illustrative examples, we demonstrate how qualitative methods can reveal overlooked aspects, empower marginalised groups, promote social justice, and adapt to dynamic contexts and sensitive topics. We argue that qualitative research is as rigorous as quantitative research and offers insights that quantitative measures may fail to capture. Embracing qualitative contributions alongside quantitative work would advance interdisciplinary dialogue, strengthen environmental psychology and promote a comprehensive understanding of human-environment relationships.

La République du Sénégal à un tournant politique: l’investiture du Président Faye

Les Sénégalais se sont rendus aux urnes le 24 mars 2024 afin d’élire leur président. La victoire a été emportée par Bassirou Diomaye Diakhar Faye, candidat de l’opposition alors âgé de 43 ans. Investi le 2 avril 2024, il est ainsi devenu le cinquième président de la République du Sénégal. Cet événement pourrait marquer un tournant dans l’histoire récente du pays. Il prouve une fois de plus la place particulière qu’occupe le Sénégal dans le contexte politique global de la région Afrique de l’Ouest/Sahel, où les prises de pouvoir par les militaires se sont multipliées ces dernières années. Cette élection se positionne à contresens d’une tendance à l’autocratisation, aujourd’hui d’ampleur mondiale.
Depuis trois ans, le Sénégal traversait une crise politique profonde qui avait amené l’État constitutionnel à son point de rupture. S’il est vrai que les institutions de l’État avaient alors pu démontrer leur stabilité et leur résilience, et les acquis de l’État de droit démocratique être garantis jusqu’à nouvel ordre, avec la participation décisive d’une société civile forte, des faiblesses étaient néanmoins apparues au cours de cette crise dans les domaines de la justice ainsi que de la liberté d’expression et de la liberté de la presse. Les forces de sécurité avaient violemment réprimé les protestations et les manifestations d’une partie de la population contre l’arrestation et la détention de politiciens de l’opposition, que celle-ci considérait comme illégales. Ces mesures avaient coûté la vie à plusieurs dizaines de personnes et en avaient blessé plusieurs centaines d’autres. Plus d’un millier d’individus avaient été placés en détention, sans qu’une procédure judiciaire régulière n’ait été engagée à leur encontre. Faye lui-même était encore emprisonné jusqu’à dix jours avant son élection. Il est donc très étonnant que le Sénégal ait réussi à surmonter cette crise, et la manière dont le pays y est parvenu l’est tout autant. Le présent article examine les facteurs politiques, sociaux et constitutionnels ayant conduit à l’émergence d’une issue favorable de ce conflit. La crise, qui a depuis trouvé une heureuse conclusion, et le programme du nouveau président suggèrent que le Sénégal tend lui aussi à redéfinir l’État ainsi que son profil d’attributions et de performance, observée depuis plusieurs années dans la région Afrique de l’Ouest/Sahel, en recourant à des approches fondées sur la démocratie.
Faye et ses alliés ont déclaré la guerre à la classe politique établie de longue date. Ils ont promis à leur électorat de procéder à des réformes fondamentales des institutions de l’État, de rationaliser, simplifier et optimiser le fonctionnement de l’administration publique et se sont engagés à lutter résolument contre les tendances à la corruption, au clientélisme et au détournement de fonds, de biens et de ressources publics qui se sont nettement accentuées ces dernières années. Par leur vote sans équivoque, les électrices et les électeurs leur ont clairement signifié leur volonté de voir ce projet mené à bien. L’entrée en fonction du président Faye entraîne en outre un réajustement partiel des rapports de force au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Au cours des prochaines années, de nouveaux changements interviendront dans différents États de la région au profit d’une génération plus jeune d’élites politiques. À l’avenir, l’Allemagne et l’Union européenne devront davantage reconnaître et intégrer dans leur action le fait que les nations africaines reprennent conscience de leur identité culturelle propre et qu’elles affirment avec de plus en plus de force, dans le cadre de leur discours politique, leur ambition d’affirmer leur souveraineté.

La République du Sénégal à un tournant politique: l’investiture du Président Faye

Les Sénégalais se sont rendus aux urnes le 24 mars 2024 afin d’élire leur président. La victoire a été emportée par Bassirou Diomaye Diakhar Faye, candidat de l’opposition alors âgé de 43 ans. Investi le 2 avril 2024, il est ainsi devenu le cinquième président de la République du Sénégal. Cet événement pourrait marquer un tournant dans l’histoire récente du pays. Il prouve une fois de plus la place particulière qu’occupe le Sénégal dans le contexte politique global de la région Afrique de l’Ouest/Sahel, où les prises de pouvoir par les militaires se sont multipliées ces dernières années. Cette élection se positionne à contresens d’une tendance à l’autocratisation, aujourd’hui d’ampleur mondiale.
Depuis trois ans, le Sénégal traversait une crise politique profonde qui avait amené l’État constitutionnel à son point de rupture. S’il est vrai que les institutions de l’État avaient alors pu démontrer leur stabilité et leur résilience, et les acquis de l’État de droit démocratique être garantis jusqu’à nouvel ordre, avec la participation décisive d’une société civile forte, des faiblesses étaient néanmoins apparues au cours de cette crise dans les domaines de la justice ainsi que de la liberté d’expression et de la liberté de la presse. Les forces de sécurité avaient violemment réprimé les protestations et les manifestations d’une partie de la population contre l’arrestation et la détention de politiciens de l’opposition, que celle-ci considérait comme illégales. Ces mesures avaient coûté la vie à plusieurs dizaines de personnes et en avaient blessé plusieurs centaines d’autres. Plus d’un millier d’individus avaient été placés en détention, sans qu’une procédure judiciaire régulière n’ait été engagée à leur encontre. Faye lui-même était encore emprisonné jusqu’à dix jours avant son élection. Il est donc très étonnant que le Sénégal ait réussi à surmonter cette crise, et la manière dont le pays y est parvenu l’est tout autant. Le présent article examine les facteurs politiques, sociaux et constitutionnels ayant conduit à l’émergence d’une issue favorable de ce conflit. La crise, qui a depuis trouvé une heureuse conclusion, et le programme du nouveau président suggèrent que le Sénégal tend lui aussi à redéfinir l’État ainsi que son profil d’attributions et de performance, observée depuis plusieurs années dans la région Afrique de l’Ouest/Sahel, en recourant à des approches fondées sur la démocratie.
Faye et ses alliés ont déclaré la guerre à la classe politique établie de longue date. Ils ont promis à leur électorat de procéder à des réformes fondamentales des institutions de l’État, de rationaliser, simplifier et optimiser le fonctionnement de l’administration publique et se sont engagés à lutter résolument contre les tendances à la corruption, au clientélisme et au détournement de fonds, de biens et de ressources publics qui se sont nettement accentuées ces dernières années. Par leur vote sans équivoque, les électrices et les électeurs leur ont clairement signifié leur volonté de voir ce projet mené à bien. L’entrée en fonction du président Faye entraîne en outre un réajustement partiel des rapports de force au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Au cours des prochaines années, de nouveaux changements interviendront dans différents États de la région au profit d’une génération plus jeune d’élites politiques. À l’avenir, l’Allemagne et l’Union européenne devront davantage reconnaître et intégrer dans leur action le fait que les nations africaines reprennent conscience de leur identité culturelle propre et qu’elles affirment avec de plus en plus de force, dans le cadre de leur discours politique, leur ambition d’affirmer leur souveraineté.

La République du Sénégal à un tournant politique: l’investiture du Président Faye

Les Sénégalais se sont rendus aux urnes le 24 mars 2024 afin d’élire leur président. La victoire a été emportée par Bassirou Diomaye Diakhar Faye, candidat de l’opposition alors âgé de 43 ans. Investi le 2 avril 2024, il est ainsi devenu le cinquième président de la République du Sénégal. Cet événement pourrait marquer un tournant dans l’histoire récente du pays. Il prouve une fois de plus la place particulière qu’occupe le Sénégal dans le contexte politique global de la région Afrique de l’Ouest/Sahel, où les prises de pouvoir par les militaires se sont multipliées ces dernières années. Cette élection se positionne à contresens d’une tendance à l’autocratisation, aujourd’hui d’ampleur mondiale.
Depuis trois ans, le Sénégal traversait une crise politique profonde qui avait amené l’État constitutionnel à son point de rupture. S’il est vrai que les institutions de l’État avaient alors pu démontrer leur stabilité et leur résilience, et les acquis de l’État de droit démocratique être garantis jusqu’à nouvel ordre, avec la participation décisive d’une société civile forte, des faiblesses étaient néanmoins apparues au cours de cette crise dans les domaines de la justice ainsi que de la liberté d’expression et de la liberté de la presse. Les forces de sécurité avaient violemment réprimé les protestations et les manifestations d’une partie de la population contre l’arrestation et la détention de politiciens de l’opposition, que celle-ci considérait comme illégales. Ces mesures avaient coûté la vie à plusieurs dizaines de personnes et en avaient blessé plusieurs centaines d’autres. Plus d’un millier d’individus avaient été placés en détention, sans qu’une procédure judiciaire régulière n’ait été engagée à leur encontre. Faye lui-même était encore emprisonné jusqu’à dix jours avant son élection. Il est donc très étonnant que le Sénégal ait réussi à surmonter cette crise, et la manière dont le pays y est parvenu l’est tout autant. Le présent article examine les facteurs politiques, sociaux et constitutionnels ayant conduit à l’émergence d’une issue favorable de ce conflit. La crise, qui a depuis trouvé une heureuse conclusion, et le programme du nouveau président suggèrent que le Sénégal tend lui aussi à redéfinir l’État ainsi que son profil d’attributions et de performance, observée depuis plusieurs années dans la région Afrique de l’Ouest/Sahel, en recourant à des approches fondées sur la démocratie.
Faye et ses alliés ont déclaré la guerre à la classe politique établie de longue date. Ils ont promis à leur électorat de procéder à des réformes fondamentales des institutions de l’État, de rationaliser, simplifier et optimiser le fonctionnement de l’administration publique et se sont engagés à lutter résolument contre les tendances à la corruption, au clientélisme et au détournement de fonds, de biens et de ressources publics qui se sont nettement accentuées ces dernières années. Par leur vote sans équivoque, les électrices et les électeurs leur ont clairement signifié leur volonté de voir ce projet mené à bien. L’entrée en fonction du président Faye entraîne en outre un réajustement partiel des rapports de force au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Au cours des prochaines années, de nouveaux changements interviendront dans différents États de la région au profit d’une génération plus jeune d’élites politiques. À l’avenir, l’Allemagne et l’Union européenne devront davantage reconnaître et intégrer dans leur action le fait que les nations africaines reprennent conscience de leur identité culturelle propre et qu’elles affirment avec de plus en plus de force, dans le cadre de leur discours politique, leur ambition d’affirmer leur souveraineté.

Biodiversität:Jetzt dringend handeln für Natur und Mensch

Für Biodiversität bietet das Kunming-Montreal Globale Rahmenabkommen zusammen mit dem neuen UN-Abkommen zum Schutz der Biodiversität auf Hoher See ein einmaliges Gelegenheitsfenster. Der WBGU empfiehlt das Leitbild eines multifunktionalen Flächenmosaiks: Schutz und Nutzung werden so zusammen gedacht, dass Mehrgewinne für Natur und Mensch entstehen. Deutschland sollte international entschlossen vorangehen und Prozesse zur Umsetzung beider Abkommen aufsetzen, Dialogforen und Vorreiterkoalitionen initiieren sowie eine Bildungs- und Kommunikationsoffensive starten. Biodiversitätsförderung sollte nicht allein aus Steuergeldern finanziert werden, sondern Private einbeziehen, etwa durch die Umwidmung umweltschädlicher Subventionen und durch klare Berichterstattung und Taxonomie. Die Kosten des Nichthandelns sollten verstanden werden. Die Staatengemeinschaft hat sich 2022 auf einen neuen globalen Rahmen für die Biodiversität (GBF) und 2023 auf das Abkommen zum Schutz der Biodiversität auf Hoher See (BBNJ) geeinigt. Dieser politische Konsens spiegelt die wissenschaftlich erwiesene Dringlichkeit von Biodiversitätsschutz und belegt die Kooperationsbereitschaft zu diesem Thema selbst in Jahren angespannter internationaler Beziehungen. Biodiversität ist ein Gemeingut und essenzielle Voraussetzung für eine gesunde Zukunft der Menschen und der Arten, mit denen sie die Erde teilen. Sie ermöglicht Ökosystemleistungen, z. B. die Bereitstellung sauberen Trinkwassers oder die Bestäubung von Nutz- und Wildpflanzen, für deren Sicherung Arten und Ökosysteme angemessen große und vernetzte Flächen brauchen. Der WBGU schlägt vor, die Flächenziele des GBF entsprechend dem Leitbild eines multifunktionalen Flächenmosaiks umzusetzen, in dem Schutz und Nutzung so zusammen gedacht werden, dass Mehrgewinne für Natur und Mensch generiert werden. Dieses Leitbild bietet allen Akteuren Orientierung für biodiversitätsschonendes und -förderndes Verhalten.

Biodiversität:Jetzt dringend handeln für Natur und Mensch

Für Biodiversität bietet das Kunming-Montreal Globale Rahmenabkommen zusammen mit dem neuen UN-Abkommen zum Schutz der Biodiversität auf Hoher See ein einmaliges Gelegenheitsfenster. Der WBGU empfiehlt das Leitbild eines multifunktionalen Flächenmosaiks: Schutz und Nutzung werden so zusammen gedacht, dass Mehrgewinne für Natur und Mensch entstehen. Deutschland sollte international entschlossen vorangehen und Prozesse zur Umsetzung beider Abkommen aufsetzen, Dialogforen und Vorreiterkoalitionen initiieren sowie eine Bildungs- und Kommunikationsoffensive starten. Biodiversitätsförderung sollte nicht allein aus Steuergeldern finanziert werden, sondern Private einbeziehen, etwa durch die Umwidmung umweltschädlicher Subventionen und durch klare Berichterstattung und Taxonomie. Die Kosten des Nichthandelns sollten verstanden werden. Die Staatengemeinschaft hat sich 2022 auf einen neuen globalen Rahmen für die Biodiversität (GBF) und 2023 auf das Abkommen zum Schutz der Biodiversität auf Hoher See (BBNJ) geeinigt. Dieser politische Konsens spiegelt die wissenschaftlich erwiesene Dringlichkeit von Biodiversitätsschutz und belegt die Kooperationsbereitschaft zu diesem Thema selbst in Jahren angespannter internationaler Beziehungen. Biodiversität ist ein Gemeingut und essenzielle Voraussetzung für eine gesunde Zukunft der Menschen und der Arten, mit denen sie die Erde teilen. Sie ermöglicht Ökosystemleistungen, z. B. die Bereitstellung sauberen Trinkwassers oder die Bestäubung von Nutz- und Wildpflanzen, für deren Sicherung Arten und Ökosysteme angemessen große und vernetzte Flächen brauchen. Der WBGU schlägt vor, die Flächenziele des GBF entsprechend dem Leitbild eines multifunktionalen Flächenmosaiks umzusetzen, in dem Schutz und Nutzung so zusammen gedacht werden, dass Mehrgewinne für Natur und Mensch generiert werden. Dieses Leitbild bietet allen Akteuren Orientierung für biodiversitätsschonendes und -förderndes Verhalten.

Biodiversität:Jetzt dringend handeln für Natur und Mensch

Für Biodiversität bietet das Kunming-Montreal Globale Rahmenabkommen zusammen mit dem neuen UN-Abkommen zum Schutz der Biodiversität auf Hoher See ein einmaliges Gelegenheitsfenster. Der WBGU empfiehlt das Leitbild eines multifunktionalen Flächenmosaiks: Schutz und Nutzung werden so zusammen gedacht, dass Mehrgewinne für Natur und Mensch entstehen. Deutschland sollte international entschlossen vorangehen und Prozesse zur Umsetzung beider Abkommen aufsetzen, Dialogforen und Vorreiterkoalitionen initiieren sowie eine Bildungs- und Kommunikationsoffensive starten. Biodiversitätsförderung sollte nicht allein aus Steuergeldern finanziert werden, sondern Private einbeziehen, etwa durch die Umwidmung umweltschädlicher Subventionen und durch klare Berichterstattung und Taxonomie. Die Kosten des Nichthandelns sollten verstanden werden. Die Staatengemeinschaft hat sich 2022 auf einen neuen globalen Rahmen für die Biodiversität (GBF) und 2023 auf das Abkommen zum Schutz der Biodiversität auf Hoher See (BBNJ) geeinigt. Dieser politische Konsens spiegelt die wissenschaftlich erwiesene Dringlichkeit von Biodiversitätsschutz und belegt die Kooperationsbereitschaft zu diesem Thema selbst in Jahren angespannter internationaler Beziehungen. Biodiversität ist ein Gemeingut und essenzielle Voraussetzung für eine gesunde Zukunft der Menschen und der Arten, mit denen sie die Erde teilen. Sie ermöglicht Ökosystemleistungen, z. B. die Bereitstellung sauberen Trinkwassers oder die Bestäubung von Nutz- und Wildpflanzen, für deren Sicherung Arten und Ökosysteme angemessen große und vernetzte Flächen brauchen. Der WBGU schlägt vor, die Flächenziele des GBF entsprechend dem Leitbild eines multifunktionalen Flächenmosaiks umzusetzen, in dem Schutz und Nutzung so zusammen gedacht werden, dass Mehrgewinne für Natur und Mensch generiert werden. Dieses Leitbild bietet allen Akteuren Orientierung für biodiversitätsschonendes und -förderndes Verhalten.

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