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Diplomacy & Defense Think Tank News

L’Inde, micropuissance sportive

IRIS - Thu, 25/07/2024 - 11:21

Les performances sportives indiennes n’ont pas vraiment marqué les précédentes éditions des Jeux olympiques. Déconsidérée par l’État, associée à la pauvreté, et fortement impactée par le système des castes, la pratique du sport en Inde – et notamment de haut niveau – est défavorisée par ce contexte. En dépit de cela, l’Inde se porte candidate pour organiser les Jeux olympiques de 2036. Narendra Modi l’avait signifié à l’occasion de la cérémonie d’ouverture de la 141e Session du Comité international olympique (CIO) à Mumbai en octobre 2023, soulignant l’enthousiasme national « à l’idée d’organiser des Jeux olympiques. » Le pays souhaite ainsi s’affirmer sur la scène sportive internationale, notamment afin de concurrencer son voisin chinois, qui brille aux JO. Pour ce faire, l’Inde devra fournir des efforts considérables, à commencer par l’établissement d’un système de détection de jeunes talents.

L’analyse de Pascal Boniface.

« Louis XI : ou le joueur inquiet » — 4 questions à Amable Sablon du Corail

IRIS - Wed, 24/07/2024 - 16:23

Amable Sablon du Corail est responsable du Département du Moyen Âge et de l’Ancien Régime aux Archives nationales. Il répond à mes questions à l’occasion de la parution de son livre « Louis XI : ou le joueur inquiet » aux éditions Alpha Histoire.

1/Mauvais fils, mauvais frère, mauvais époux, mauvais père… Vous faites un portrait assez sévère de Louis XI…

En effet, la personnalité de Louis XI est fort peu engageante. La soif de puissance se manifeste chez lui dès son adolescence et ne le quittera plus — une inclination que l’on trouve plus souvent chez un cadet, voire un parvenu, que chez un homme naturellement appelé à régner, comme c’était le cas de Louis XI, fils aîné de Charles VII. À seize ans, il participe à une révolte armée contre son père et sur son lit de mort, il planifie encore l’invasion de la Bretagne, et maintient son fils de treize ans sous une tutelle étroite. Son père a eu le mauvais goût de vivre trop longtemps, son frère de demander un apanage conforme à son rang, ses cousins des maisons princières de vouloir être associés aux affaires, sa femme de ne pas lui donner de descendants mâles robustes. Comme souvent chez les autocrates, sa crainte permanente du complot est autoréalisatrice, car ses adversaires n’ont pas d’autres choix pour survivre que d’en ourdir. Et pourtant, l’homme ne manque pas de charisme ; il sait séduire, par sa vivacité d’esprit, sa finesse psychologique, son ironie cruelle et son sens de la formule. S’il n’a pas d’amis, il est entouré d’un petit cercle de serviteurs très dévoués, pour la plupart issus de la moyenne noblesse, en qui il a une confiance absolue et auxquels il délègue de très larges pouvoirs.

2/Loin d’un pouvoir absolu, il doit sans cesse passer des compromis aussi bien avec ses alliés que ses rivaux…

L’absolutisme de la monarchie française est en germe depuis le XIIIe siècle. Il ne s’agit pas là d’un projet spécifiquement capétien. La plupart des monarques européens sont flanqués de juristes pétris de droit romain qui proclament la supériorité du pouvoir royal. Les rois de France ont mieux réussi que les autres à traduire dans les faits cette aspiration à concentrer toute la souveraineté dans leur seule personne. Cependant, il faut en effet mesurer toute la fragilité de cet État royal, dont les moyens de coercition sont dérisoires. Pour assurer l’ordre intérieur, dans un royaume d’une quinzaine de millions d’habitants, Louis XI ne dispose que de quelques milliers de sergents royaux, munis d’un bâton fleurdelysé, et d’une armée permanente de moins de 10 000 hommes. L’encadrement policier et militaire est donc 15 à 20 fois inférieur à ce qu’il est aujourd’hui !

Dans ces conditions, les rois de France doivent gouverner par consensus, d’autant plus qu’avec l’effacement des États généraux, dès la fin du XIVe siècle, l’échange politique entre le souverain et ses sujets tend à se réduire aux intrigues de cour et aux révoltes. Louis XI l’a appris à ses dépens au début de son règne : pour avoir heurté de front les intérêts de la quasi-totalité des princes, après avoir disgracié l’ensemble des conseillers et des grands administrateurs de son père, il a dû affronter un soulèvement de très grande ampleur, la Ligue du Bien public, en 1465. Vaincu, Louis XI a dû renouer avec les fondamentaux de la politique de ses prédécesseurs — voire de la politique tout court : ménager les puissants, conclure un pacte implicite avec les élites. La noblesse bénéficie des retombées de la toute nouvelle fiscalité royale, à la cour et dans l’armée – la seule armée permanente d’Europe –, tandis que les grandes villes bénéficient de larges privilèges fiscaux, commerciaux et judiciaires. Il faut également ménager un savant équilibre entre les grandes maisons princières, distribuer avec habileté et équité les pensions, les charges et les honneurs. De cela dépendra la paix intérieure en France jusqu’au règne de Louis XIV inclus.

3/L’agrandissement du territoire du royaume est-il son plus grand succès ?

Sans aucun doute ! Semblable en cela à la plupart des princes de son temps, Louis XI a fait de la « dilatation du royaume » son principal objectif politique, pour ne pas dire le seul. Il y a de ce point de vue un écart majeur avec les attentes de l’opinion éclairée (gens de savoir, légistes, théologiens, officiers du roi, bourgeoisie urbaine, noblesse) et l’idéologie dominante, obsédée par le « bon gouvernement », le « bien commun » ou le « commun profit ». Un royaume bien gouverné est un royaume en paix, dirigé par un monarque gouvernant par conseil, par « mûre et sûre délibération », avec les princes du sang et les grands seigneurs, soutiens naturels de la Couronne : à peu près l’exact contraire de ce qu’a fait Louis XI.

La « dilatation du royaume » s’opère aux dépens des grands princes, qu’ils soient français ou étrangers, que leurs possessions soient situées à l’intérieur ou à l’extérieur du royaume. Louis XI a ainsi annexé le Maine, l’Anjou, la Provence, la Bourgogne, la Picardie, et, provisoirement, le Barrois, la Franche-Comté, l’Artois, le Roussillon et bien d’autres territoires.

Son bilan intérieur est plus mitigé, ou, pour mieux dire, plus clivant. Les uns ont célébré, et continuent de le faire, l’accélération du développement de l’État en France, perçu comme un progrès, préalable nécessaire à une plus grande égalité entre les personnes. Les autres ont déploré la pratique solitaire du pouvoir de Louis XI, son autoritarisme et son arbitraire judiciaire, dont les fameuses cages de fer et quelques exécutions spectaculaires ont perpétué le souvenir dans la mémoire collective.

4/Assez frugal, toujours en déplacement dans le royaume, il semble se tenir à l’écart des plaisirs, du luxe et du faste…

On oublie trop souvent que ce roi a d’abord été formé à la très rude école de la guerre de Cent Ans. Rien n’est plus faux que cette image de roi diplomate prémachiavélien qui lui colle à la peau depuis si longtemps. Louis XI est d’abord un roi-soldat, qu’on devrait rapprocher plus volontiers d’un Henri IV ou d’un Frédéric II de Prusse que des princes italiens de la Renaissance. Son mode de vie, comme sa pratique du gouvernement, en découlent : ses nombreux déplacements, son amour de la nature, des animaux, de la chasse… et un assez net penchant pour les repas bien arrosés et bien fournis, avec des hommes partageant les mêmes goûts. Son rejet absolu de la vie de cour et de ses divertissements raffinés le singularise parmi les souverains de son temps. Il ne faudrait cependant pas en faire un homme austère, refusant le luxe ou les plaisirs de la vie. Le coût de l’hôtel de Louis XI dépasse très largement celui de la cour des ducs de Bourgogne, si brillante et si fastueuse pourtant !

Cet article est également disponible sur le blog de Pascal Boniface et Médiapart.

Doctoral student (f/m/d)

The Socio-Economic Panel (SOEP), a research-driven infrastructure based at DIW Berlin, is one of the largest and longest running multidisciplinary panel studies worldwide, and currently surveys around 30,000 people in nearly 15,000 households. SOEP aims to capture social change and thus handles a constant stream of new and diverse topics and tasks. Its data collection and generation adhere to the concept of the survey or data life cycle. 

Within the SOEP, the ERC-funded project WEALTHTRAJECT, led by Prof. Dr. Philipp Lersch, will comprehensively and systematically investigate diversity in long-term wealth accumulation trajectories within and between social groups. The project breaks new ground by combining longitudinal data from surveys and registers with new biographical data on wealth, making it possible for the first time to map wealth trajectories over more extended periods of people’s lives. 

Starting from 1st Dec 2024, DIW Berlin is looking for a 

Doctoral student (f/m/d)

(Part-time 75%) 

This position is suitable for furthering scientific training according to Section 2, paragraph 1 of the Act on Fixed-Term Employment Contracts in Academic (WissZeitVG).


Postdoc (f/m/d)

The Socio-Economic Panel (SOEP), a research-driven infrastructure based at DIW Berlin, is one of the largest and longest running multidisciplinary panel studies worldwide, and currently surveys around 30,000 people in nearly 15,000 households. SOEP aims to capture social change and thus handles a constant stream of new and diverse topics and tasks. Its data collection and generation adhere to the concept of the survey or data life cycle.

Within the SOEP, the ERC-funded project WEALTHTRAJECT, led by Prof. Dr. Philipp Lersch, will comprehensively and systematically investigate diversity in long-term wealth accumulation trajectories within and between social groups. The project breaks new ground by combining longitudinal data from surveys and registers with new biographical data on wealth, making it possible for the first time to map wealth trajectories over more extended periods of people’s lives.

Starting from 1st Dec 2024, DIW Berlin is looking for a

Postdoc (f/m/d)

(Full-time)

This position is suitable for furthering scientific training according to Section 2, paragraph 1 of the Act on Fixed-Term Employment Contracts in Academic (WissZeitVG).


Kamala Harris, le pari n’est pas gagné d’avance

IRIS - Tue, 23/07/2024 - 10:44

Il n’est un secret pour personne à Washington que Joe Biden, après s’être accroché à sa candidature comme une moule à son rocher, a négocié avec peu de dignité son retrait de la course à la Maison-Blanche. C’est-à-dire accepter de s’en retirer et de soutenir Kamala Harris en échange de la garantie que personne ne le pousserait à quitter le Bureau ovale d’ici janvier.

Le 46e président des États-Unis, qui avait promis de ne pas se présenter à un second mandat, n’aurait jamais dû en premier lieu être encouragé par le parti démocrate à concourir aux primaires. On parle quand même d’un homme qui, il y a quelques années déjà, introduisait devant les caméras du monde entier, sa petite-fille en la présentant comme son fils Beau, décédé depuis un bon moment. Dans une démocratie saine, Joe Biden ne devrait tout simplement plus être en fonction depuis longtemps.

Malheureusement, la république américaine est souffrante. Cela aussi est un secret de Polichinelle. Il y a du Brejnev chez Biden quand on sait son état de santé. Du Eltsine surtout, quand on connaît son entourage, qui s’est cramponné au pouvoir et l’a isolé depuis plus d’un an des réalités politiques.

Mais bon, dorénavant tout cela est du passé, et the show must go on.

Kamala Harris a toutes les qualités pour être présidente. Que ce soit comme sénatrice ou comme procureure générale de Californie, elle a su faire preuve à plusieurs occasions d’une ténacité et d’un courage exemplaires ainsi que d’un vrai sens politique. Qualités pas si courantes au sein de l’establishment washingtonien. Aujourd’hui, elle paraît faire l’union autour d’elle. Même si c’est en trainant la patte, les ténors démocrates l’ont en grande partie rejointe, la plupart de ses principaux rivaux potentiels, Gavin Newsom et Josh Shapiro, respectivement gouverneurs de Californie et de Pennsylvanie, en tête ont annoncé qu’ils ne se présenteraient pas… Les planètes semblent donc s’aligner. Les délégués officialiseront probablement leur soutien début août et la convention démocrate de Chicago, qui suivra de peu, devrait être une simple formalité. Le bain de sang d’une guerre fratricide entre démocrates, qui aurait été catastrophique, nous étant ainsi épargné. Et aux grincheux qui diront qu’Harris n’aura aucune légitimité en tant que nominée puisqu’elle n’aura pas obtenu sa nomination à la suite d’une sélection, il suffira de répondre qu’elle a remporté les primaires aux côtés de Joe Biden.

Le problème n’est pas là. Il tient à la perception que le peuple américain, dans sa majorité, a de sa personne et de son action depuis près de quatre ans.

Biden et son entourage immédiat n’ont jamais pu encadrer Harris. Les violentes et souvent justifiées attaques de celle-ci durant la campagne des primaires de 2020 à l’encontre de l’ancien vice-président de Barack Obama ont laissé de profondes cicatrices. Depuis, Biden ne s’est jamais vraiment pardonné d’avoir cédé aux pressions de ceux qui l’avaient poussé à prendre l’élue californienne comme colistière. Le mot d’ordre a donc été pendant longtemps de faire payer « celle qui n’a été choisie que parce qu’issue des minorités » en l’éloignant des centres de décisions et en l’isolant le plus possible sur la scène politique intérieure, d’où l’image d’amateurisme qui lui colle injustement à la peau. On se serait presque cru revenu au temps où John Kennedy, jaloux, marginalisait son vice-président Lyndon B. Johnson, pourtant destiné à devenir le dernier grand président américain – du moins pour ce qui est de la politique intérieure.

La bonne gestion de la crise sanitaire par Harris à partir de janvier 2021, comme ses succès dans la lutte contre le réchauffement climatique sur la scène intérieure ou son rôle central dans les discussions sur les infrastructures et les programmes sociaux sont passés inaperçus. Reste l’échec de la politique d’immigration de Biden dont on la rend injustement responsable pour y avoir été impliquée sans y être décisionnaire.

Le premier défi de la très probable candidate du parti démocrate à l’élection de novembre va donc être de se faire connaître pour ce qu’elle est vraiment, c’est-à-dire une femme de talents et d’envergure. Et connaissant le peu d’enthousiasme de la part de ses petits camarades du parti de l’âne à la soutenir réellement, ainsi que la puissance de feu des républicains, le pari n’est pas gagné d’avance.

Entre certains de ses « amis » qui ont déjà fait une croix sur l’élection à venir et se préparent pour 2028, et des adversaires prêts à tout pour revenir au pouvoir, Kamala Harris va devoir mener non seulement la campagne la plus courte de l’histoire récente des États-Unis, mais aussi la plus difficile.

 

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Romuald Sciora dirige l’Observatoire politique et géostratégique des États-Unis de l’IRIS, où il est chercheur associé. Essayiste et politologue franco-américain, il est l’auteur de nombreux ouvrages, articles et documentaires et intervient régulièrement dans les médias internationaux afin de commenter l’actualité. Il vit à New York.

 

 

Postdoc (w/m/div)

Die am DIW Berlin angesiedelte forschungsbasierte Infrastruktureinrichtung Sozio-oekonomische Panel (SOEP) ist eine der größten und am längsten laufenden multidisziplinären Panelstudien weltweit, für die derzeit jährlich etwa 30.000 Menschen in knapp 15.000 Haushalten befragt werden. Das SOEP hat den Anspruch den gesellschaftlichen Wandel zu erfassen und steht somit immer neuen und vielfältigen Themen- und Aufgabenfeldern gegenüber. Seine Datenerhebung und -generierung folgt dem Konzept des Survey bzw. Data Life Cycle.

Zum nächstmöglichen Zeitpunkt suchen wir für den Bereich Wissenstransfer des SOEP eine*n

 Postdoc (w/m/div) (Vollzeit/39 Stunden)

Diese Stelle ist zur wissenschaftlichen Qualifizierung gemäß § 2 (1) WissZeitVG geeignet.


A Global Race against Nvidia’s Stranglehold on the Chip Market

IRIS - Mon, 22/07/2024 - 16:37

 

In view of the explosion in the AI chip market, the shortage of Nvidia GPUs and their exorbitant prices, many American, European and Taiwanese companies dream of overtaking Jensen Huang’s company. Nvidia’s hegemony is set to endure, given the excellence of its GPUs for AI and the software empire it has built around them. However, there is room for alternative designers and manufacturers. Rémi Bourgeot is an Economist, Engineer, and Associate Fellow at IRIS. Estelle Prin is the Founder of The Semiconductors Observatory.

Beyond investors’ focus on Nvidia’s AI chip empire, tentative alternatives are beginning to take shape. Various credible options are emerging to push back the limits of existing chips. However, Nvidia’s competitors, whether Big Tech giants or cutting-edge start-ups, are faced not only with the technical supremacy of Jensen Huang’s company, but also with the closed environment it has developed around Cuda, its proprietary platform.

Its market capitalization has exploded to around $3,000 billion, making Nvidia the third most valuable American company in the world… Since January 2023, its share price has jumped by almost 450 %. Sales for the last quarter of 2023 reached $22.6 billion, compared with $6 billion for the same period the previous year. As fanciful as Nvidia’s share price may seem, it is in line with the company’s near-monopolistic business reality.

Nvidia rides the AI wave

The company controls between 70 % and 95 % of the design of the various AI chips, positioning itself at the forefront of the current boom. It is crushing competition from AMD, Qualcomm, Amazon and Google. Some Big Tech companies have started designing their own chips for their data centers, in line with the AI boom. But this is a recent phenomenon compared to the long experience of a pure design company like Nvidia.

The latter owes its success primarily to its decade-long focus on AI, the result of a visionary gamble. Parallel computing on GPUs has proven to be well-suited to the countless linear algebra operations that underlie the training of giant neural networks. This resolute reorientation towards AI was not an obvious choice for a company originally specializing in GPUs for video games.

Nvidia also benefits from another major asset: Cuda, its software platform, which enables customers to adapt their own AI models very quickly using the company’s chips. Huang describes Cuda as the operating system (OS) of AI. Owned by Nvidia, it makes customers captive. Developed since 2007 and constantly upgraded, this software platform is now used by the majority of AI model developers worldwide. Cuda has become an international standard.

Emerging alternatives

Alternative approaches to Cuda are emerging. The Triton platform was launched by OpenAI in 2021. Meta, Google and Microsoft are contributing. Intel and AMD are also investing in it to bypass the Nvidia ecosystem.

Given the explosion of the AI chip design market, the shortage of Nvidia chips and their exorbitant prices, many North American, European and Taiwanese companies are dreaming of dethroning the company headed by Jensen Huang. In addition to the efforts of Intel, AMD and giants like Microsoft, Meta and Amazon in the AI cloud, start-ups are demonstrating their boundless creativity.

In California, Cerebras and Groq are developing alternative architectures to increase chip speed at lower cost. The aim of these rival companies is to surpass the efficiency of Nvidia chips, with architectures that are more efficient, less expensive… and consume less energy. For example, Cerebras is developing large chips rather than stacking GPUs, in order to reduce latency.

Nvidia’s hegemony is set to continue, given the excellence of its AI GPUs and the software empire it has built around Cuda to exploit them. However, the demand and interest from investors and Big Tech is such that alternative designers and manufacturers of AI chips can exist. It’s a matter of betting on original, even disruptive approaches, focusing on chip efficiency, as well as availability and price.

 

This article was originally published by Les Echos in French.

Retrait de Biden : trop tard pour éviter la victoire de Trump ?

IRIS - Fri, 19/07/2024 - 17:23

L’étau se resserre autour de l’élection présidentielle américaine du 5 novembre 2024. Alors que Donald Trump se montre triomphant à la suite de sa tentative d’assassinat, côté démocrate, Barack Obama a demandé à ce que Joe Biden, en mal de popularité, se retire. Cela pourrait être le cas dans les prochaines semaines, d’autant plus qu’arrive, au mois d’août, la convention démocrate à Chicago. Elle sera un moment clé qui déterminera le ou la vice-présidente de la ou du candidat du camp démocrate qui sera officiellement investi à l’issue de cette convention.

Le point de vue de Pascal Boniface.

Le sport en Russie : un instrument de « guerre hybride » contre l’Occident ?

IRIS - Fri, 19/07/2024 - 15:25

À l’aune des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, Lukas Aubin, directeur de recherche à l’IRIS, responsable du programme Sport et géopolitique, vous propose un rendez-vous régulier pour étudier les enjeux géopolitiques du sport.

Dans ce quinzième épisode, Lukas Aubin explique comment la Russie de Vladimir Poutine a construit son propre système politico-économico-sportif : la sportokratura. Arme de séduction, de construction nationale et de projection d’une certaine image de marque du pays à l’étranger, la Russie de Vladimir Poutine a fortement investi le domaine du sport, à la fois sur le plan intérieur et international. La Russie organise les plus grands évènements sportifs internationaux, des JO au mondial de football en passant par la Formule 1, développant ainsi un véritable sport power. Avec la désoccidentalisation du monde et les tensions géopolitiques avec l’Occident, la Russie se mue aujourd’hui comme leader d’un ordre sportif international alternatif, en témoignent les Jeux des BRICS et les Jeux de l’Amitié organisés cette année en Russie. Qu’est-ce que la sportokratura russe ? Comment le sport en Russie sert-il d’instrument pour faire face à l’Occident ? Nouvelle vidéo de Lukas Aubin.

Die dritte Generation der Nationalen Klimabeiträge

SWP - Fri, 19/07/2024 - 02:00

Die Vertragsstaaten des Pariser Klimaabkommens (PA) sind verpflichtet, bis zum 10. Februar 2025 neue national festgelegte Klimabeiträge (nationally determined contributions, NDCs) mit Zielen für das Jahr 2035 einzureichen. Diese »NDCs 3.0« sollen als umfassende Investitions- und Transformationspläne die Ergebnisse der ersten Globa­len Bestandsaufnahme (Global Stocktake, GST) berücksichtigen, die auf der COP 28 in Dubai abgeschlossen wurde, und das 1,5-Grad-Ziel in Reichweite halten. Verhärtete Positionen zwischen Entwicklungs- und Industrieländern und der Konflikt um Finan­zierung erschweren jedoch den Aufbau einer progressiven Koali­tion zur Entwicklung ambitionierter NDCs. Durch intensivere technische Unter­stützung, diplomatische Initiativen und die Einbindung Brasiliens als Schlüsselakteur könnten Deutschland und die EU neuen Schwung in den NDC-3.0-Prozess bringen.

Entretien avec David Rigoulet-Roze – Les conséquences de la guerre à Gaza sur la situation syrienne (1/2)

IRIS - Thu, 18/07/2024 - 15:59

Depuis le 7 octobre 2023, l’actualité du Moyen-Orient est concentrée sur la guerre entre Israël et le Hamas. Un peu plus à l’Est, la Syrie reste instable et connaît une recrudescence de violences entre les différentes forces en présence. Le conflit en cours à Gaza a-t-il des conséquences directes ou indirectes sur la situation syrienne ?
La guerre entre Israël et le Hamas a des conséquences plus ou moins directes sur la situation syrienne. Il se trouve que le territoire syrien – celui sous contrôle du régime de Damas soit environ 65 % du territoire de la Syrie dans son ensemble -, est l’« hôte » dont le consentement a été contraint par les circonstances, de mandataires pro-iraniens, dont le Hezbollah chiite libanais qui avait été largement partie prenante du soutien militaire à Bachar el-Assad durant la décennie passée de la guerre civile aux côtés d’autres milices chiites comme la Liwa Fatemiyoun (constituée d’Afghans chiites) ainsi que la Liwa Zaiynabiyoun (constituée de Pakistanais chiites). Sans parler de la présence effective de nombre d’officiers iraniens de la force Al-Qods, projection militaire régionale du Corps de gardiens de la révolution.

Or, Israël a toujours prévenu qu’il ne tolérerait pas une présence pérenne de ces acteurs non-syriens à ses frontières immédiates, ce qui explique que le territoire syrien se retrouve donc régulièrement la cible de frappes israéliennes depuis des années – l’ancien chef d’état-major de Tsahal, Gadi Eizenkot qui prenait sa retraite, avait même révélé dans un entretien au New York Times en date du 13 janvier 2019 que l’Etat hébreu avait effectué ces dernières années des centaines, sinon des milliers de frappes sur la Syrie [1] -, et qu’elles se sont multipliées dans le prolongement de la guerre à Gaza. Le fait est que l’actuel porte-parole de Tsahal, l’amiral Daniel Hagari, a récemment confirmé le 3 février dernier qu’Israël avec frappé à de multiples reprises plus de cinquante cibles sur le territoire syrien : « Nous avons attaqué des infrastructures du Hezbollah en Syrie » depuis le 7 octobre, avait-il indiqué lors d’un point presse. « Nous avons attaqué au sol et par voie aérienne plus de 50 cibles », avait-il ajouté, alors que l’armée israélienne admet rarement ses opérations en Syrie. Cela n’excluait pas non plus des éliminations plus ciblées comme celle d’un général iranien de la force Al Qods. Le 25 décembre, déjà, une frappe aérienne israélienne avait tué Sayeed Razi Moussavi, un général iranien des Gardiens de la révolution en charge des transferts d’armes et de fonds à destination des mandataires pro-iraniens – en l’occurrence le Hezbollah libanais – et un ancien proche du général Qassem Solemaini tué le 3 janvier 2020 à l’aéroport de Bagdad par une frappe américaine, dans le quartier de Sayeda Zeinab, situé à proximité d’un sanctuaire musulman chiite éponyme, près de Damas. Israël avait poursuivi sa politique d’élimination ciblée de profils de HVT (High Value Target). Douze personnes, dont cinq conseillers des Gardiens de la révolution iranienne, ont été tuées le 20 janvier suivant à Damas par une frappe imputée à l’Etat hébreu. Elle avait visé un bâtiment de quatre étages dans le quartier de Mezzé, en banlieue de Damas, où se serait tenue une «  réunion de chefs pro-Iran », selon l’OSDH – l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, une ONG basée à Londres qui suit dans le détail l’actualité syrienne et qui, à partir d’un réseau de sources sur le terrain établit des bilans chiffrés des victimes du conflit armé en Syrie. Parmi les victimes auraient figuré notamment le général Hojatollah Omidvar (également connu sous les noms de Yousef Omidzadeh, Sardar Haj Sadiq Omidzadeh, Abu Sadegh et Haj Sadegh) le responsable en Syrie des services de renseignements de la force Al Qods, ainsi que son adjoint connu sous le nom de Hajj Gholam ou Moharram, ainsi qu’Ali Aghazadeh, Hossein Mohammadi et Saeed Karimi. De fait, ce n’est pas le régime de Damas en tant que tel qui se trouve visé mais les mandataires pro-iraniens et les infrastructures sur place permettant le transfert d’armes vers le Liban.

Bachar el-Assad est en quelque sorte un « obligé » de Téhéran dont le soutien militaire a été déterminant pour la survie du régime de Damas durant la guerre civile. Il peut difficilement se soustraire à cette situation qui fait de la « Syrie utile » sous contrôle du régime de Damas – notamment les deux aéroports stratégiques que sont celui de Damas et d’Alep – un hub vital pour le transfert d’armes iranien au profit de son mandataire libanais du Hezbollah. Ce n’est pas un hasard s’ils sont régulièrement visés par l’Etat hébreu, comme le 29 mars 2024, lorsque l’aéroport d’Alep avait fait l’objet d’une frappe ciblée faisant 42 victimes, dont 36 soldats du régime syrien – en quelque sorte « victimes collatérales » de frappes ne les visant pas spécifiquement – et cinq membres du Hezbollah. L’OSDH avait déjà recensé, fin mars 2024, une trentaine d’attaques sur le sol syrien depuis le début de l’année 2024, dont 21 frappes aériennes et huit attaques à la roquette au cours desquelles Israël aurait ciblé de nombreuses positions en Syrie, détruisant près d’une soixantaine de cibles, dont des bâtiments, des entrepôts d’armes et de munitions, des quartiers généraux, des centres de recherche militaire et des véhicules. Ces frappes visant des cibles à Damas, Deraa, Homs, Al-Qunetra, le port de Tartous, Deir Ez zor, Alep, auraient tué plus d’une centaine de combattants et blessé une cinquantaine d’autres : il s’agirait de 13 membres de la Force Al Qodsdes Gardiens de la révolution ; de 19 membres du Hezbollah libanais ; 12 activistes irakiens ; 23 miliciens syriens rattachés aux « Forces de défense nationale » (Quwat ad-Difa’a al-Watani), un groupe paramilitaire syrien organisé par le régime syrien en collaboration avec l’Iran ; 10 combattants issus des milices mandataires pro-iraniennes ; enfin, pas moins de 38 soldats du régime de Damas proprement dit [2]. Un régime qui se retrouve dans l’« oeil du cyclone ». La preuve en a été fournie avec la frappe non-revendiquée effectuée le 1er avril 2024 sur l’annexe consulaire du consulat iranien à Damas, laquelle avait éliminé les deux principaux gradés de la Force Al-Qods, en l’occurrence le général de brigade Mohammad Reza Zahedi en charge de la Syrie et du Liban et son adjoint en Syrie, Mohammad Hadi Haji Rahimi ainsi que cinq autres officiers. Certes, ce n’est pas le régime syrien en tant que tel qui était visé, mais cela témoigne de sa fragilité et de son exposition aux conséquences du 7 octobre 2023 dont il tente, autant qu’il le peut, de se préserver. Et ce, nonobstant son appartenance théorique à l’« axe » de ladite « résistance à Israël » (al milhwar al mouqawama en arabe) regroupant, outre l’exception du Hamas sunnite, une myriade de mouvements essentiellement d’obédience chiite, au premier rang desquels le Hezbollah libanais, les milices pro-iraniennes en Syrie, la nébuleuse de la « résistance islamique en Irak », ainsi que les Houthis zaydites du Yémen. L’axe de la Mouqawama dont le régime de Damas constitue aujourd’hui le « maillon faible ».

De fait, un message sans ambiguïté aurait été transmis à Bachar al-Assad par les Israéliens qui l’auraient averti de ne pas servir de manière pro-active de sanctuaire à ces mandataires iraniens installés sur son sol, faute de quoi cela conduirait immanquablement au renversement du régime de Damas [3], déjà durablement affaibli par une décennie de guerre civile. La Syrie ne veut donc surtout pas se retrouver entrainée dans un conflit mais les paramètres lui échappent largement alors même qu’elle vise à une forme de « normalisation » dans son espace régional arabe, avec non sans paradoxe l’appui de la Russie, laquelle recherche une forme de stabilisation régionale en capitalisant sur le fait d’avoir « sauvé » le régime de Damas à partir de l’intervention aérienne russe à l’automne 2014.

Marcel Fratzscher: „Weitere Zinssenkung wäre bereits jetzt angemessen gewesen“

Der Rat der Europäischen Zentralbank (EZB) hat heute beschlossen, die Leitzinssätze unverändert zu lassen. Dazu ein Statement von Marcel Fratzscher, Präsident des Deutschen Instituts für Wirtschaftsforschung (DIW Berlin):

Die Entscheidung des EZB-Rats, die Zinsen unverändert zu lassen, ist nicht überraschend, auch wenn eine weitere Zinssenkung bereits jetzt angemessen gewesen wäre. Die EZB erfüllt ihr Mandat der Preisstabilität praktisch schon heute wieder. Eine Punktlandung bei genau zwei Prozent Inflation wäre überambitioniert und zum Scheitern verurteilt, denn auch in den kommenden Jahren werden neue Schocks und Krisen die Inflation immer wieder temporär von diesem Ziel wegbringen. Die EZB hat mit ihrem entschiedenen Handeln nach Beginn des russischen Krieges gegen die Ukraine gezeigt, dass sie mit ihrer Geldpolitik erfolgreich ist – das schützt ihre Glaubwürdigkeit.

Es bestehen nach wie vor drei Risiken, die ein weiteres Absenken der Inflationsrate bis Ende 2025 verhindern könnten. Die Inflation bei Dienstleistungen dürfte wegen des Anpassungsprozesses erhöht bleiben. Auch höhere Lohnabschlüsse könnten einen Beitrag zur Inflation leisten. Beide Entwicklungen sind jedoch normale Aufholprozesse, die temporär sein dürften und damit zu keiner dauerhaft höheren Inflation führen sollten. Ein drittes Risiko ist die Finanzpolitik in manchen Ländern des Euroraums, die zu expansiv ist. Die Bundesregierung gibt sich mit ihrem restriktiven Bundeshaushalt 2025 jedoch alle Mühe, einen Kontrapunkt zu setzen, sodass die Finanzpolitik im Euroraum keinen signifikanten Beitrag zur Inflation leisten dürfte.

Eine weitere Zinssenkung wäre bereits jetzt angemessen gewesen, denn über die nächsten zwei Jahre ist die Wahrscheinlichkeit, dass die Inflation unter das Ziel von zwei Prozent fällt, höher als dass die Inflation deutlich darüber bleiben wird. Die politischen Turbulenzen in Europa, wie jetzt in Frankreich, aber allen voran eine Eskalation des politischen Konflikts in den USA und eine Wahl Donald Trumps könnten die Wirtschaft im Euroraum 2025 empfindlich schwächen. Diese wirtschaftlichen Risiken sollten nicht unterschätzt werden. Die EZB muss ein kluges Risikomanagement betreiben, auch da ihre Geldpolitik erst nach längerer Verzögerung ihre volle Wirkung entfaltet.

Nouvelle mission militaire en Haïti

IRIS - Thu, 18/07/2024 - 12:59

En proie à une situation politique très instable et une violence endémique, Haïti reçoit, au moins jusqu’à l’automne prochain, une Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) téléguidée par le Kenya et sous mandat des Nations unies. Alors que 80 % de la capitale est aux mains des gangs et groupes armés, cette force internationale a pour mission d’assurer la sécurité d’un État failli. Christophe Ventura, directeur de recherche à l’IRIS et responsable du Programme Amérique latine/Caraïbe, revient sur la situation politique haïtienne et le déploiement de cette force armée internationale.

« Les États prédateurs » — Francois-Xavier Carayon

IRIS - Thu, 18/07/2024 - 12:11

François-Xavier Carayon est consultant en stratégie. Il poursuit en parallèle une activité de recherche consacrée aux questions d’économie politique internationale et de finance éthique, disciplines qu’il a enseignées à HEC et IRIS Sup. Il répond à mes questions à l’occasion de la parution de son ouvrage « Les États prédateurs », aux éditions Fayard.

1/Les États investisseurs seraient-ils aussi des États prédateurs ?

Mon enquête fait la lumière sur la manière dont certains États se transforment en prédateurs sur les marchés internationaux, et particulièrement sur le marché européen. Quand un État investit à l’étranger, il ne représente pas la même menace qu’un fonds ou une multinationale privée.
Pour comprendre le phénomène, il faut remonter un peu en arrière. Dans les années 1980 et 1990, le rôle de l’État dans l’économie semble voué à reculer. Les vagues de privatisations déferlent, non seulement dans le monde « développé », mais aussi dans celui « en développement », y compris en Chine.
Mais la plupart des grandes puissances du « Sud global » en sont revenues. À partir des années 2000, elles ont décidé de redonner un rôle majeur à l’État actionnaire. Hier gestionnaire des services essentiels de l’économie domestique, l’État actionnaire devient chez elles investisseur, avec un goût prononcé pour les marchés étrangers.
Par leurs investissements transnationaux, les États peuvent bien sûr aller chercher du rendement financier traditionnel, sans volonté d’influence sur les actifs sous-jacents. Mais ils tendent aussi, de façon croissante, à promouvoir leurs intérêts politiques par des acquisitions ciblées.
Par leurs investissements publics, les puissances étrangères peuvent chercher à accroitre leur autonomie stratégique (comme Singapour ou l’Arabie saoudite dans l’agroalimentaire), renforcer leurs alliances (comme le Qatar en France), mais aussi construire leur domination stratégique sur les nations rivales (comme la Chine dans les métaux critiques ou l’électronique). Quand ces États prennent un poids critique dans certains secteurs vitaux de notre économie ou qu’ils prennent le contrôle de nombreuses infrastructures critiques, ils se dotent d’un levier de menace géopolitique.
Les investisseurs publics étrangers peuvent aussi chercher à prendre le contrôle de nos meilleurs atouts industriels ou technologiques. Cela constitue alors une menace à notre prospérité collective, à notre emploi et notre croissance.

2/Selon vous, de peur de se couper de la manne des capitaux étrangers, nos dirigeants s’accrochent à tout prix à l’ouverture des marchés ?

Nos dirigeants sont conscients que notre croissance économique est largement tributaire des capitaux étrangers. Ils ont raison.
Pour autant, il faut être capable de distinguer les investissements qui nous profitent de ceux qui nous asservissent ou nous appauvrissent. Aujourd’hui, les dispositifs français et européens de filtrage des investissements étrangers sont insuffisants pour détecter et entraver les menaces. D’abord parce que les investisseurs publics étrangers sont de plus en plus subtils et discrets : ils ciblent des entreprises de petite taille, des sociétés non cotées, réalisent des investissements greenfield… et le tout parfois via des cascades de sociétés d’investissement rendant quasi invisibles les donneurs d’ordre réels. Ensuite parce que nos dispositifs manquent de moyens et pèchent encore trop souvent par naïveté. Qui plus est, ils ne sont pas autorisés à défendre nos intérêts purement économiques : ils se contentent de nous protéger — avec plus ou moins de succès — des investissements menaçant l’ordre public, la sécurité publique ou la défense nationale.
Je révèle dans ce livre des dizaines d’acquisitions qui sont passées sous les radars. Les entreprises rachetées appartiennent à de nombreux secteurs clés de notre économie : biotechnologies, robotique industrielle, aéronautique, édition scientifique, etc. Je fais aussi le clair sur les infrastructures critiques passées sous pavillon étranger, comme les réseaux électriques et les réseaux gaziers d’une partie du sud de l’Europe, ou encore quatorze ports européens.

3/Quels sont les fonds souverains dont nous devons le plus nous méfier ?

Les fonds chinois sont à bien des égards les plus menaçants, et notamment le China Investment Corp (CIC) qui gère à lui seul plus de 1 300 milliards de dollars.
Mais il ne faut pas sous-estimer les velléités des investisseurs publics venus du reste du monde. Les outils d’investissement développés par Pékin essaiment un peu partout en Asie (Corée du Sud, Malaisie, Inde, Kazakhstan…) et au Moyen-Orient (Arabie saoudite, EAU, Koweït, Qatar…), y compris dans des pays considérés comme ultralibéraux, tels que Singapour. Leur puissance de feu se compte généralement en centaines de milliards de dollars.
Pour lever une partie des doutes légitimes qui pèsent sur ces investisseurs publics, une mesure simple consisterait à exiger la transparence de l’ensemble de leurs investissements durables à l’étranger. C’est déjà une règle que s’applique à lui-même le fonds norvégien, le Government Pension Fund-Global (GPFG), qui se trouve être le plus gros fonds souverain au monde. Cette mesure — que pourrait porter le Fond Monétaire International (FMI) ou le Conseil de Stabilité Financière (CSF) — aurait le mérite d’encourager des échanges financiers ouverts et pacifiés qui profitent réellement à chacun.

4/Vous écrivez que, chantres de l’ouverture, les présidents américains ont dans le même temps construit l’un des marchés nationaux les plus protégés du monde développé…

Oui, les Américains ont élaboré un dispositif de filtrage des investissements étrangers robuste : le Comité pour l’investissement étranger aux États-Unis (CFIUS). Il permet de protéger les menaces à la sécurité nationale au sens large, incluant la sécurité économique du pays.
D’autres pays libéraux se sont dotés d’outils de protection également vigoureux. C’est le cas de l’Australie ou encore du Canada, qui a développé le concept intéressant de « bénéfice net national » pour déterminer le bienfondé d’un investissement étranger sur son sol.
Quand certaines voix courageuses appellent à muscler nos protections (on les retrouve partout sur l’échiquier politique, d’un Arnaud Montebourg à gauche, à un Olivier Marleix à droite), on trouve toujours des partisans béats du libre-échange pour s’inquiéter du risque de rétorsions étrangères. Les renforcements récents des dispositifs anglo-saxons nous enseignent pourtant qu’ils n’ont pas d’effet négatif sur l’attractivité du territoire, à condition que ces derniers présentent des atouts en termes de qualité de la main d’œuvre, de fiscalité et de fluidité juridico-administrative.
D’une certaine façon, le défi qui nous est posé par les États prédateurs est une chance. Il nous offre l’opportunité de briser un certain nombre de tabous, à commencer par le droit de protéger nos intérêts en entravant le marché libre. C’est là un enjeu décisif dans la compétition internationale : pas seulement pour nous prémunir des menaces venues des puissances en développement, mais aussi pour assumer, enfin, des rapports de force plus francs et virils avec les États-Unis, éternel allié, éternel rival.

Cet article est également disponible sur le blog de Pascal Boniface et Mediapart.

Gewichtig und richtig: weitreichende US-Mittelstreckenwaffen in Deutschland

SWP - Thu, 18/07/2024 - 02:00

Die USA und Deutschland haben auf dem Nato-Gipfel im Juli 2024 verkündet, dass 2026 in Deutschland bodengestützte amerikanische Mittelstreckenwaffen stationiert werden, die das russische Kernland erreichen können. Das ist ein bedeutender Schritt, denn die Nato erhält damit neue Fähigkeiten in einem Bereich, der durch Russlands Raketenkrieg gegen die Ukraine wichtiger geworden ist. Moskau droht mit militärischen Gegenmaßnahmen. Aber die hiermit verknüpften Risiken für Deutschland sind bei genauer Betrachtung geringer als oft vermutet. Die Pläne haben sogar Potential, zu künftigen Rüstungskontrollvereinbarungen mit Russland beizutragen.

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