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Erdoğan a confirmé la tenue d’élections législatives anticipées pour le 1er novembre 2015. Cette décision était-elle attendue ? Son parti peut-il ressortir renforcé de ce suffrage ?
Oui, cette décision était prévisible. On se souvient qu’au début du mois de juin dernier se tenaient les élections législatives et l’AKP, bien que toujours premier parti politique représenté au parlement, avait connu une relative érosion électorale et, surtout, n’était pas parvenu à obtenir une majorité absolue au parlement. Or, nous savons qu’une des obsessions d’Erdogan est de parvenir à une réforme constitutionnelle en Turquie et que, pour ce faire, il lui fallait la majorité qualifiée. Or, le résultat des élections ne lui permettait pas d’atteindre cette majorité et l’empêchait ainsi de parvenir à un changement de constitution visant à présidentialiser le régime. Malgré des négociations, aux mois de juillet et août, pour parvenir à la mise en place d’un gouvernement de coalition, il ne me semble pas qu’Erdoğan y était en réalité favorable. A mon sens, le président turc considérait, au-delà de ses déclarations publiques, qu’il fallait procéder à des élections législatives anticipées. Et, espère-t-il, obtenir un meilleur score. C’est bien là tout l’enjeu car la totalité des sondages d’opinions effectuées en Turquie depuis une dizaine de jours – bien qu’à prendre avec précaution -, donnent à peu près les mêmes résultats que ceux des élections du mois de juin. Pour l’heure, et malgré les tensions extrêmes qui existent actuellement du fait des affrontements militaires, on n’observe pas de transfert de l’électorat sur un quelconque parti et, en tout cas, pas sur l’AKP. Le projet d’Erdoğan de procéder à de nouvelles élections anticipées de façon à atteindre un meilleur score et de parvenir à une majorité qualifiée au parlement, n’est pas gagné à l’avance. C’est bien là tout l’enjeu de la bataille électorale qui s’ouvre ces jours-ci et qui va se décliner pendant plus de deux mois en Turquie.
La question kurde semble être au centre de la politique du gouvernement turc. En continuant à désigner le PKK comme organisation terroriste, le gouvernement turc souhaite-t-il reconquérir l’électorat nationaliste turc et ferme-t-il les portes à une résolution politique et pacifique du conflit ? Comment comprendre les affrontements actuels entre l’armée et le PKK ?
La question kurde est depuis longtemps au centre de la vie politique en Turquie et constitue même le principal défi politique qui se pose à la société turque depuis maintenant de nombreuses années. La société et le régime politique turcs ne pourront se démocratiser jusqu’au bout sans avoir résolu cet épineux et lancinant dossier. Le PKK est depuis bien longtemps qualifié d’organisation terroriste, par la Turquie, certes, mais aussi par l’Union européenne et les Etats-Unis. Ceci étant posé, le problème est qu’il est désormais – et depuis déjà quelques temps – partie au problème et donc partie à la solution. On ne peut pas uniquement répéter qu’il s’agit d’une organisation terroriste qu’il faut combattre militairement, au risque de ne pas comprendre pourquoi, depuis maintenant près de trois ans, des négociations avaient lieu avec le PKK. Ceux avec qui on négociait au cours de ces derniers mois sont ainsi redevenus les ennemis principaux aujourd’hui. On peut alors parler d’une incohérence politique qui est pour le moins problématique en termes de méthodologie et qui a des conséquences politiques et militaires préoccupantes. Je crains qu’Erdoğan ait tiré un trait sur la possibilité d’une résolution politique de la question kurde alors qu’il avait pourtant fait preuve ces derniers mois, malgré tout ce que l’on peut lui reprocher, d’un certain courage en acceptant l’ouverture des négociations avec le PKK.
Nous sommes aujourd’hui dans une nouvelle séquence, et il semble malheureusement que l’hypothétique résolution politique de la question kurde en Turquie est désormais derrière nous. C’est bien sûr conjoncturel, et il sera nécessaire – j’espère le plus tôt possible – de revenir autour d’une table pour discuter. Pour l’heure, nous sommes dans une période de bras de fer et d’affrontements militaires sévères, certaines villes turques sont contrôlées par des milices liées au PKK proclamant ces derniers jours leur autonomie. Il y a même certaines localités dans l’Est de la Turquie où le Mouvement de la jeunesse révolutionnaire patriote (organisation contrôlée par le PKK) a décidé de creuser des tranchées et d’élever des barricades pour empêcher que les chars et les véhicules blindés de l’armée turque ne pénètrent dans ces villes.
Il me semble que le gouvernement turc tente d’instrumentaliser cette tension dans le but de capitaliser une partie de l’électorat nationaliste et parvenir à remporter une majorité absolue aux élections législatives de novembre. C’est un calcul évidemment extrêmement dangereux car jouer la polarisation pour des raisons électorales risque de déchirer durablement le tissu social de la Turquie.
La Turquie a finalement rejoint la coalition anti-Daech menée par les Etats-Unis alors qu’elle s’est longtemps tenue à l’écart dans le conflit. Comment comprendre ce changement de positionnement ?
Depuis maintenant quatre ans, il y a la volonté systématique de la part d’Erdoğan et des autorités politiques turques d’en finir avec le régime de Bachar al-Assad en Syrie. C’est une véritable obsession politique qui a induit des prises de décisions très hasardeuses. Nous savons que depuis maintenant plusieurs années, il y a eu, au minimum, une forme de complaisance de la part des autorités turques à l’égard de groupes djihadistes et notamment de Daech. Dans cette logique de volonté d’en finir avec Bachar al-Assad, il fallait s’appuyer sur toutes les composantes de l’opposition au régime, politique pour le moins dangereuse.
Puis il y a eu l’attentat du 20 juillet dernier, à Suruç, attribué à Daech. Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Le fait que Daech ne soit pas contrôlable et ose même organiser des attentats contre les civils sur le sol turc a entraîné un changement de position politique de la part d’Erdogan et du gouvernement. Ce changement était d’ailleurs déjà à l’œuvre depuis plusieurs mois puisqu’on constatait la multiplication d’arrestations dans les milieux liés à Daech en Turquie, mais l’attentat de Suruç a été l’élément déclencheur de l’engagement de la Turquie contre Daech.
Autre facteur, les autorités politiques turques qui misaient sur la chute rapide de Bachar al-Assad se sont pour le moins trompées. Bachar al-Assad, même s’il est très affaibli, est toujours présent. Les autorités turques ont compris qu’il y avait nécessité d’un changement de pied dans leur approche et leur gestion du dossier syrien.
Par ailleurs, les Etats-Unis ont fait pression pour que la Turquie prenne toute sa place au sein de la coalition et c’est chose faite même si l’intensité des combats contre Daech est beaucoup moins affirmée que celle mise en œuvre contre le PKK.
Retrouvez l’interview de Jérôme Fourquet et Sylvain Manternach sur leurs notes : Départementales de mars 2015 (1) : le contexte ; Départementales de mars 2015 (2) : le premier tour et Départementales de mars 2015 (3) : le second tour.
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La justice pénale internationale est-elle devenue ordinaire ? L'époque n'est plus aux tribunaux exorbitants du droit commun, unilatéralement créés par le Conseil de sécurité, ni même à d'autres types de juridictions spécifiques qui ont pu, un temps, proliférer. Ceux-là et celles-ci déclinent au profit de la Cour pénale internationale, qui entend être la « pierre angulaire d'un dispositif pénal international inédit ». L'activité des juridictions pénales internationales tend donc à être dominée par celle de la CPI, une juridiction permanente à vocation universelle. Elle devient le centre de la justice pénale internationale, éloignant à la périphérie des juridictions ad hoc par essence temporaires et donc précaires. Ce basculement, déjà envisagé ici, semble irréversible. Mais la rupture observée n'apporte pas, au moins immédiatement, une amélioration indéniable du traitement judiciaire des crimes de masse dans les relations internationales. Autrement dit, si l'expérience bénéficie d'une organisation maintenant banale, elle demeure modeste dans sa production. Les différentes réalisations des juridictions en cause, et notamment de la Cour, sont toujours limitées et, au surplus, contestées tant par leurs serviteurs que par leurs inventeurs. (...)
À l’occasion du second tour des élections départementales qui s’est tenu le 29 mars 2015, cette note décrypte les résultats du vote pour en déterminer les principaux enseignements.
Cet article Jérôme Fourquet et Sylvain Manternach – Départementales de mars 2015 (3) : le second tour est apparu en premier sur Fondapol.
Le 22 mars 2015 s’est déroulé le premier tour des élections départementales. Cette note présente de manière détaillée les résultats afin d’en comprendre les ressorts et d’en décrypter les principaux enseignements.
Cet article Jérôme Fourquet et Sylvain Manternach – Départementales de mars 2015 (2) : le premier tour est apparu en premier sur Fondapol.
Les 22 et 29 mars 2015, les Français ont été appelés aux urnes pour élire leurs conseillers départementaux. Cette note, la première d’une série de trois consacrées à ce scrutin, s’intéresse au regard porté par les électeurs sur leur département ainsi qu’à l’engagement des forces politiques dans cette bataille électorale.
Cet article Jérôme Fourquet et Sylvain Manternach – Départementales de mars 2015 (1) : le contexte est apparu en premier sur Fondapol.
Research Fellow of ELIAMEP Dr Filippa Chatzistavrou analyses the new political landscape in Greece in L’Express. You can read the article here.
Greek political instability has reached alarming levels, with the emergence of a new left-wing party in parliament defying Syriza.A new coalition government of national unity was needed, in order to start implementing the promised bailout reforms.But the call for snap elections by Prime Minister Alexis Tsipras, and then the launch of Popular Unity – a breakaway anti-austerity party led by former energy minister Panagiotis Lafazanis – have fuelled disunity.All reforms will be put on hold for about six weeks. Greece faces a key sequence of events during that time.
Coalition attemptsFirst, in line with the constitution, the main opposition parties will get a chance to form a new coalition government. The second-strongest party – centre-right New Democracy – is expected to fail. Then Popular Unity, launched on Friday and already the third-strongest party, will get its chance next week. Popular Unity will fail too, but Mr Lafazanis could wish for no better way to promote his party on the political scene.
Opposition to austeritySecond, fresh elections will be held next month in a heated atmosphere. There is the now familiar division between supporters and opponents of the bailout. But on top of that, a new division will grow between Syriza voters still loyal to Mr Tsipras and Syriza voters who will shift their allegiance to Popular Unity.
Popular Unity will be entitled to ample space in the Greek media, during the election campaign, to argue that it, not Syriza, is the true anti-austerity party. It will pose as flag-bearer of the anti-austerity movement that swept Syriza to power after mass protests in 2010-2014. So Popular Unity will try to draw on the pool of disaffected Syriza voters and other Eurosceptic voters on the left. They oppose the additional public sector cuts, sweeping privatisation and restructuring of pensions, required under the bailout.
Political manoeuvringMost likely, the new party will get considerable support from the many voters – 62% of the total – who said “No” to the third bailout, in the 5 July referendum. Soon after that “No” vote Mr Tsipras performed a u-turn, accepting the austerity demands of Greece’s creditors as the price for keeping Greece in the euro. So now Greece is committed to the €86bn ($95bn; £61bn) bailout from its eurozone partners – the country’s third in five years. If the elections have no clear winner and Mr Tsipras – until recently leading in opinion polls – cannot form a clear majority government, complicated negotiations will follow.
It could be a protracted period, during which potential coalition allies of Syriza jockey for position. So Mr Tsipras’s resignation – in order to call snap elections – has triggered a process of disintegration in Syriza. He may have saved Syriza from a damaging internecine fight between supporters and opponents of the new bailout. But he has also diminished the chances for a quick economic recovery. Economic instability has been compounded by political instability.
Source: BBC website
Alors que va s’ouvrir le 24 août la désormais traditionnelle « Semaine des ambassadeurs », quel bilan tirer de l’action diplomatique de François Hollande depuis 2012 ?
Si les résultats positifs en matière économique et sociale sont encore loin d’être visibles, l’action extérieure semble satisfaire les Français.
Les sondages montrent que s’ils sont mécontents sur le premier point, ils accordent un satisfecit à l’exécutif pour le second. Les Français ont apprécié l’attitude du président après les attentats des 7 et 9 janvier. Laurent Fabius (Affaires étrangères) et Jean-Yves Le Drian (Défense) sont d’ailleurs les plus populaires des ministres.
C’est une maigre consolation pour François Hollande car c’est avant tout sur les questions économiques et sociales que se jouera son éventuelle réélection de 2017.
Mais François Hollande a tout de même décrispé, avec un certain nombre de pays, les relations bilatérales qui s’étaient dégradées lors du quinquennat précédent. L’énergie et le sens de la formule de Nicolas Sarkozy avaient parfois créé une crispation. La relation est plus tranquille avec nos partenaires européens. Les malentendus, parfois graves, que l’on a pu avoir avec le Japon, la Chine, l’Inde, la Turquie, le Brésil, l’Algérie ou encore le Mexique, ont été dissipés.
L’intervention militaire au Mali constituera un acte majeur du quinquennat. Certes la situation est encore fragile mais il faut se demander ce qui se serait passé en cas d’inaction française. Les djihadistes auraient tout simplement pris Bamako. L’équivalent d’un État islamique en Afrique aurait été créé.
Au-delà du pire qui a été évité, ce sont les modalités de l’intervention qui doivent rester en mémoire : réactivité dans la décision (alors que l’on accuse Hollande de procrastination), intervention faite à la demande des autorités nationales avec le soutien de la population, recherche d’un soutien international aussi bien régional qu’à l’ONU, et surtout (ce qui n’a pas été fait en Libye) réflexion sur le jour d’après.
L’intervention militaire doit toujours se faire dans la recherche d’une solution politique. On peut également penser, même si la situation reste fragile, que l’on a probablement évité un génocide en République centrafricaine.
L’action de la France face à la crise ukrainienne a également été positive. Des sanctions ont été prises contre Moscou (pour préserver un consensus européen), mais il n y a pas eu suivisme des Américains. Le contact a été conservé. Malgré les critiques, François Hollande a maintenu l’invitation de Poutine aux cérémonies anniversaire du débarquement en Normandie. Il s’est rendu à Moscou pour le voir en décembre 2014.
Tout ceci a pu déboucher sur des accords de Minsk en février, grâce au couple franco-allemand. Là encore, il demeure une très grande fragilité de la situation. Mais la solution diplomatique a prévalu au détriment de celle consistant à mettre de l’huile sur le feu en livrant de façon inconsidérée des armes à l’Ukraine.
De même, alors que plus grand monde ne croyait possible d’éviter le Grexit, l’intervention de la France a été décisive pour trouver une solution de compromis acceptable par Berlin et Athènes.
Tant sur le dossier ukrainien que sur le grec, les reproches de prudence et de manque d’énergie adressés à François Hollande ont été pris à contrepied. Il n’a jamais été dans les déclarations spectaculaires, satisfaisantes pour les médias ou une partie du public.
La recherche du consensus et un sens de la synthèse, certainement travaillé dans sa vie politique antérieure, lui ont permis de trouver un point d’équilibre. Il y a manifestement une méthode Hollande privilégiant la patience et la discrétion.
L’accord trouvé sur le nucléaire iranien est à mettre au crédit de Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères et du Développement international, que certains accusaient de néo-conservatisme. Le fait de durcir les conditions n’a pas empêché de trouver un accord, mais l’a rendu beaucoup plus solide et plus opposable à ceux qui voulaient privilégier une solution militaire.
Il est peu probable que, dans son discours du 25 août devant les ambassadeurs, François Hollande livre une vision globale du monde. Il est avant tout pragmatique et n’aime pas être enfermé dans un cadre conceptuel – pour lequel Fabius a plus de goût.
Dans ses trois derniers discours, il avait ainsi plutôt abordé les questions diplomatiques sujet par sujet. Il peut considérer que cela ne l’empêche pas d’être efficace. Ce n’est pas faux. On peut néanmoins regretter que cela suscite une moins grande adhésion à notre politique au-delà de nos frontières. L’image de la France à l’étranger, c’est aussi cette capacité dont nous sommes crédités à pouvoir penser de façon globale.
Bernard Dreano est président du Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale (CEDETIM). Il répond à nos questions à l’occasion de la parution de son ouvrage « (In)sécurités humaines : Les luttes pour la paix au XXIe siècle » (AAPM-Éditions Non Lieu, 2015) :
– La fin de la guerre froide n’a pas permis l’essor d’un monde pacifique, bien au contraire. Mais vivons-nous dans un monde plus dangereux qu’auparavant ? Le sentiment d’insécurité grandissant des populations est-il justifié ?
– Comment expliquer l’apparente impuissance et absence de solutions de la communauté internationale face à l’émergence de nouveaux acteurs tels que Daech ?
– Quel rôle les mouvements citoyens seront-ils amenés à jouer dans les luttes pour la paix à l’avenir ?