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Diplomacy & Defense Think Tank News

Les paris sportifs : « Un fléau plus important que le dopage »

IRIS - mar, 27/09/2016 - 17:33

Pour Pascal Boniface, le trucage de paris sportifs est un phénomène autant voire plus important que le dopage. Mais la lutte s’organise, estime-t-il. Raison pour laquelle le nombre d’affaires qui éclatent au grand jour ne cesse d’augmenter.

En matière de tricherie dans le sport, on pense en premier lieu au dopage, qui a fait couler beaucoup d’encre ces dernières années. Mais les paris sportifs ne sont-ils pas un fléau plus grave, dans un milieu où les enjeux financiers sont énormes ?

L’ampleur du phénomène est très grande. Ce fléau est certainement encore plus important que le dopage, puisqu’il est multiforme et peut concerner plusieurs acteurs. Il met en cause l’intégrité des compétitions. Et permet des liens entre le crime organisé et le sport. Mais ce danger est de plus en plus pris en compte par les différentes instances sportives et les pays. Il y a une convention européenne en la matière. En Chine, les pouvoirs publics, qui étaient assez peu préoccupés par ce type de dérives, voire bienveillants à leur égard, commencent à s’organiser. Interpol également. Il y a eu un temps de retard par rapport à la lutte contre le dopage. Mais désormais, c’est un phénomène mieux identifié. Et comme pour le dopage, ce n’est pas parce qu’il y a plus d’affaires qui éclatent au grand jour, qu’il y a plus de paris truqués. Au contraire, cela signifie qu’ils sont davantage identifiés et dénoncés.

Que peut-on faire ? Est-il possible d’empêcher que des joueurs parient contre leur propre équipe, par exemple ?

C’est évidemment le pire cas d’espèce : qu’un joueur parie sur sa propre défaite. C’est le vieux mythe du boxeur qui se couche parce qu’on a parié sur sa perte. La légende est connue. De la prévention est faite dans les clubs. Quelques cas ont été révélés. Les moyens de surveillance dont on dispose aujourd’hui laissent penser que l’impunité recule. Mais comme pour le dopage ou la criminalité, il n’y a pas de risque zéro. C’est une lutte sans fin. Il y a deux excès à éviter : le déni de réalité et le « tous pourris ». Les clubs et les responsables de loterie légale eux-mêmes luttent contre ces dérives car s’ils se retrouvent impliqués dans des affaires de paris truqués, ils tuent la poule aux oeufs d’or. Ces dernières sont les premières victimes des paris truqués parce que si les joueurs ont l’impression que tout est joué à l’avance, ils ne vont plus parier.

Ces dernières années, le sponsoring par des entreprises de paris en ligne a explosé. Clubs et fédés ne sont-ils pas les victimes consentantes de ce business ?

Si un opérateur de paris qui sponsorise un club est pris la main dans le sac, son business plan est détruit. Le problème des paris truqués ne vient pas des entreprises qui ont pignon sur rue, mais d’autres opérateurs « gris ». Pour lutter contre cela, il faut certainement harmoniser les sanctions au niveau européen. Et développer le contrôle du jeu en ligne. En France, l’Arjel, l’autorité de régulation des jeux en ligne, détecte assez facilement les paris suspects. Il faudrait sans doute aussi limiter ce sur quoi on peut parier. Aujourd’hui, on peut miser sur l’équipe qui obtiendra le premier corner, etc. On pourrait limiter les paris aux résultats des matchs. Car on peut très bien truquer des paris sans truquer le résultat d’un match. Le problème aujourd’hui ne se situe pas au niveau des grands clubs, car corrompre le Real ou Manchester United, cela coûterait beaucoup trop cher. C’est dans les niveaux inférieurs qu’il y a des problèmes de corruption et de détournement de l’intégrité du sport.

Propos recueillis par Corentin di Prima

« Je crois que l’on arrive au bout du phénomène Trump »

IRIS - mar, 27/09/2016 - 16:37

Que retenez-vous de ce premier débat Clinton-Trump ?

Le débat a vraiment été intéressant. Je n’ai pas vu le temps passer malgré l’heure peu favorable en France… Donald Trump n’est pas sorti de sa posture habituelle, comme s’il était en meeting avec des formules assez générales, un peu toutes faites. Comme face aux questions du modérateur sur le financement de sa politique fiscale. Je pense d’ailleurs qu’il ne sait pas comment la financer… Hillary Clinton était ultra-préparée, maîtresse d’elle-même, maniant même l’humour et la pugnacité, avec des formules bien préparées comme sur les positions racistes de Trump contre Obama. Pour moi, elle a gagné des points mais il ne faut pas pour autant tirer des conclusions hâtives. Il reste deux débats et les sondages sont serrés.

Trump conserve-t-il toutes ses chances ?

Ça va se jouer dans cinq à six États décisifs. Il faut remarquer que Donald Trump les a martelés en évoquant le Michigan, l’Ohio, la Floride. Il essaie de séduire dans ces États-là qui lui sont assez favorables. Mais je crois que l’on arrive au bout du phénomène Trump. Son succès est basé sur la provocation, la défense du petit peuple blanc. Pour l’instant, il ne semble pas trop capable d’aller au-delà de son électorat. Ce qui ne veut d’ailleurs pas dire qu’il va perdre. Il ne faut surtout pas le sous-estimer.

Qu’est-ce qui séduit les Américains chez Trump ?

C’est le phénomène du discours anti-élites, anti-système. De cette partie de l’électorat qui se méfie des élites politique et financière, de la mondialisation et de l’évolution démographique. C’est à peu près la même chose qui se passe en France avec la campagne de Nicolas Sarkozy qui fait du Trump. Il s’agit de jouer avec l’identité, de faire du storytelling autour de l’identité économique, historique, raciale et patriarcale.

Comment Hillary Clinton répond-elle sur son appartenance au système et son supposé manque d’endurance ?

Lors du débat, Donald Trump a beaucoup martelé sur le fait qu’Hillary Clinton est depuis longtemps au pouvoir. Mais elle a fait valoir son expérience positive, son expérience de femme d’État : « OK, j’appartiens au système mais j’ai voyagé dans 112 pays, j’ai signé des accords de paix… » De ce point de vue, elle a réussi à relancer sa campagne après sa maladie. On sent une nouvelle dynamique, appuyée par son camp, une véritable machine de guerre.

Pourquoi Clinton ne fait-elle pas plus la différence face aux excès de langage de son adversaire ?

Elle n’arrive pas à creuser l’écart parce qu’elle n’arrive pas à convaincre les jeunes. Elle ne fait pas rêver car elle ne promet pas le renouveau. Dans sa manière d’être ou de se vêtir, elle reste très classique, à la différence de l’écologiste Jill Stein ou du libertarien Gary Johnson (on les oublie mais ils se présentent aussi). Comme pour son adversaire d’ailleurs, elle a plutôt un électorat qui se situe au-delà de 40 ans.

Propos recueillis par Olivier Berger

Las FARC quieren hacer política en Colombia: ¿podrán?

Real Instituto Elcano - mar, 27/09/2016 - 14:56
Opinión - 27/9/2016
Carlos Malamud
Las FARC se han mostrado predispuestas a transformar su pesada y jerarquizada estructura militar en un moderno aparato político capaz de participar en la luchas electorales e institucionales.

Colombie, accords de paix : quels impacts pour la population et l’économie colombiennes ?

IRIS - mar, 27/09/2016 - 12:34

L’accord de paix avec les FARC, qui met fin à un conflit cinquantenaire et qui doit encore être validé par référendum, changera-t-il, selon vous, le quotidien des Colombiens ?

Le conflit changera le quotidien d’une certaine catégorie de Colombiens. Les FARCS sont essentiellement ancrés dans des zones rurales. La paix est susceptible d’apporter des améliorations dans la vie de ceux qui vivent dans ces régions, mais pour les habitants de grandes villes comme Bogota, Medellín, Cali, cette nouvelle parait presque aussi lointaine que pour un Européen.

Pourquoi certains politiques colombiens s’opposent-ils à l’accord ?

Les principaux opposants à l’accord sont deux anciens Présidents de Colombie : Alvaro Uribe (2002-2010), Andres Pastrana (1998-2002). Les raisons de l’opposition de ce dernier sont difficiles à comprendre. Il avait lui-même tenté de négocier un accord de paix à l’issue duquel il avait concédé aux FARC un territoire grand comme la Suisse. Mais, mal préparées, les négociations n’avaient abouti à rien de concret. Une affaire d’orgueil se cache-t-elle derrière ce refus, alors que ses successeurs réussissent là où il a échoué ?

Quant à Alvaro Uribe, il fait partie de ces notables de l’intérieur de la Colombie qui ont été victimes de tentatives d’enlèvement de la part des FARC, de chantages financiers, et qui ont activement participé à des combats plus ou moins légaux dans la guerre contre la guérilla. Alvaro Uribe représente une Colombie, rurale, héritière d’un monde, qui n’est plus celui d’aujourd’hui.

Quel sera l’impact des accords de paix en Colombie sur le trafic de drogue à l’échelle nationale et internationale ? 

La drogue fait partie des six points négociés dans le cadre de l’accord entre les FARC et le gouvernement colombien. En signant les accords de paix, les guérilleros s’engagent à abandonner leurs activités de trafic de drogue. Pendant plusieurs années, les FARC ont été accusés d’être un groupe de narcoterroristes, les auteurs de cette appréciation, laissant ainsi entendre que la résolution du trafic des stupéfiants était liée à une victoire militaire ou à un accord sur le trafic de drogue avec les seules FARC.

La situation est, en réalité, plus complexe. Le trafic de stupéfiants brasse beaucoup d’argent et touche la totalité de la société colombienne. En marge des accords de paix, plusieurs groupes armés restent actifs sur le territoire. L’ELN (l’Armée de libération nationale), seule guérilla encore en activité, et les anciens paramilitaires. Uribe avait négocié une cessation des hostilités avec ces derniers. Elle n’a pas donné les résultats escomptés. Une grande partie des paramilitaires s’est reconvertie dans le trafic de stupéfiants en créant ou renforçant des bandes criminelles, BACRIMS dans le jargon politique colombien. Si l’Etat colombien n’occupe pas le terrain, l’ELN ou les bandes criminelles risquent de se réapproprier les zones de trafics abandonnés par les FARC.

Quels sont les enjeux socio-économiques de la Colombie, aujourd’hui ? La paix peut-elle relancer la croissance et rendre le pays plus compétitif sur le plan commercial ?

La Colombie est déjà un pays compétitif. Elle fait partie des rares pays d’Amérique latine, avec notamment la Bolivie et le Pérou, qui affichent, encore aujourd’hui, une croissance positive. Anticipant les accords avec les FARC, les autorités ont d’ores et déjà lancé une offensive destinée à attirer les investisseurs étrangers. La paix devrait notamment permettre au gouvernement de diminuer ses dépenses de sécurité (armée et police), au profit de dépenses et d’investissements destinés au développement et à l’amélioration des infrastructures du pays. Certains experts estiment que la fin de la guerre pourrait faire gagner un à deux points de croissance à la Colombie.

Les accords de paix laissent envisager des horizons meilleurs pour la Colombie, d’autant plus que les accords ont été  bien accueillis par la communauté internationale. Le Secrétaire général de l’ONU, les Secrétaires d’Etat des Etats-Unis, du Vatican ainsi que quinze présidents d’Amérique latine ont fait acte de présence à Carthagène, lieu de signature des accords en Colombie, tout comme les responsables de grandes institutions financières internationales, dont la Banque mondiale, la Banque interaméricaine de développement, le FMI. Pourquoi ? Le monde, tel qu’il est aujourd’hui, laisse peu d’occasions de se réjouir. Parmi les nombreux conflits d’aujourd’hui, en Afrique, au Moyen-Orient, mais aussi en Europe de l’Est, la Colombie est un des rares exemples de résolution qui aboutit par la voie de négociations de paix.

Néanmoins, la présence européenne, modeste, est surprenante compte tenu de la portée d’un accord dont l’exemplarité dépasse la Colombie. L’Espagne, en crise, a délégué son ancien roi, Juan Carlos, et les autres pays membres de l’Union, leurs ministres des Affaires étrangères, ou vice-ministres et ministres délégués.

MEDMIG Research Brief: Understanding the dynamics of migration to Greece and the EU

ELIAMEP - mar, 27/09/2016 - 11:56

This Research Brief presents findings in relation to refugees and migrants who traveled via the Eastern Mediterranean Route from Turkey to Greece during 2015. The research took place in collaboration with ELIAMEP between September 2015 and January 2016

The Brief focuses on four main themes: a) The factors affecting the decision to leave, b) Journeys and routes taken to reach Greece, c) Intended destinations of those migrating, and d) the use of smugglers to facilitate the journey. Υοu can find here more information.

Christen in der Politik

Hanns-Seidel-Stiftung - mar, 27/09/2016 - 11:40
Zwischen Kompromiss und Kompromittierung? Unter diesem Motto widmeten sich altgediente, junge und aktive Politiker/innen sowie Wissenschaftler unter anderem der Frage, ob man mit der Bergpredigt Politik machen kann.

Not Frozen!

SWP - mar, 27/09/2016 - 00:00

Since 2014 German and European attention has been largely absorbed by the annexation of Crimea, the war in Donbas and the crisis in relations with Russia. Yet the eastern neighbourhood also contains four unresolved territorial conflicts, which have in some respects developed very dynamically since 2014. The authors of this study examine the role of Russia in these conflicts, the political background, the relevant actors and their interests, and the connection between conflict level and geopolitical context. Together they produce a nuanced picture of the arc of conflict in the EU’s eastern neighbourhood. Their verdict in all four cases is that the conditions for constructive conflict regulation have deteriorated since 2014. Alongside the geopolitical context, local factors are also significant. Russia plays an ambivalent role, instrumentalising all four conflicts to preserve its influence in the affected states, but without enjoying full control of the dynamics. The authors recommend the EU pursue a nuanced policy of conflict regulation that takes into account context-sensitive local factors as well as the international context. The medium-term goals of such a policy range from the preservation of existing channels of interaction (Transnistria) through de-isolation (Abkhazia and South Ossetia) to de-escalation and conflict prevention (Nagorno-Karabakh).

Table of Contents

Sabine Fischer
Issues and Recommendations
p. 5

Sabine Fischer
Russian Policy in the Unresolved Conflicts
p. 9

Klemens Büscher
The Transnistria Conflict in Light of the Crisis over Ukraine
p. 25

Sabine Fischer
The Conflicts over Abkhazia and South Ossetia in Light of the Crisis over Ukraine
p. 43

Franziska Smolnik / Uwe Halbach
The Nagorno-Karabakh Conflict in Light of the Crisis over Ukraine
p. 61

Sabine Fischer
Conclusions and Recommendations: European Peace Policy in the Unresolved Conflicts
p. 81

Unveiling the Structure of Unconventional Organized Crime

SWP - mar, 27/09/2016 - 00:00

In the last decades, the traditional understanding of organized crime (OC) has been widely challenged. As the United Nations Office on Drugs and Crime (UNODC), Europol, as well as German authorities have extensively highlighted, hierarchical criminal organizations coexist and overlap with new forms of liquid networked criminality. These criminal networks are composed of flexible alliances between professionals acting worldwide that regulate themselves based on market logic rather than violent conflicts. While appearing “dis-organized,” these criminal networks are highly resilient to law enforcement intervention due to their redundancy. Their capacity for infiltrating the legitimate economy and the estimated sums of money they launder globally, which amounts to between 2 and 5 percent of global GDP yearly (UNODC), are alarming. Therefore, not only law enforcement and policymakers, but also the private sector cannot afford to drop their guard. National interventions often just push criminal activities into other countries; hence, effective strategies should address global markets’ dynamics.

Demokratische Republik Kongo: Aktuelle politische Entwicklungen

Hanns-Seidel-Stiftung - mar, 27/09/2016 - 00:00
Schon seit Beginn des Jahres ist die politische Situation in der DR Kongo wegen der anstehenden Präsidentschaftswahlen gespannt. Diese Wahlen sollten am 27. November 2016 stattfinden, wurden aber aufgrund von Organisationsmängeln und Uneinigkeit über den Wahlverlauf auf ein unbestimmtes Datum verschoben.

Mexiko: Diplomkurs Konrad Adenauer

Konrad Adenauer Stiftung - mar, 27/09/2016 - 00:00
27 junge Politiker, 16 Länder Lateinamerikas und ein gemeinsames Ziel: Neues lernen über politische Kommunikation und Strategie.

Social Bots: Invasion der Meinungs-Roboter

Konrad Adenauer Stiftung - mar, 27/09/2016 - 00:00
Social-Bots beeinflussen Meinung, ihr bevorzugter Wirkungsraum sind die sozialen Netzwerke. Welche Gefahren sind damit verbunden?

Social Bots

Konrad Adenauer Stiftung - mar, 27/09/2016 - 00:00
Die vorliegende Kurzstudie soll erklären, was Bots sind, wie Social Bots funktionieren und welche Gefahren damit verbunden sind. Darüber hinaus werden Beispiele für politische Aktivitäten von Social Bots aufgeführt. Abschließend wird prognostiziert, welche Entwicklungen in diesem Bereich in naher Zukunft zu erwarten sind.

Syrie : « Rien ne peut se faire sans l’aval du conseil de sécurité »

IRIS - lun, 26/09/2016 - 16:04

L’Organisation des Nations unies (ONU), est la somme des États membres qui la composent. À l’ONU, rien ne peut se faire sans l’aval du conseil de sécurité composé de cinq membres (Chine, États-Unis, Fédération de Russie, France et Royaume Unie), car ils disposent du pouvoir de veto qui est l’expression politique d’un État.

C’est le cas pour le conflit israélo-palestinien où un nombre considérable de résolutions onusiennes a été l’objet d’un veto américain parce que Washington ne souhaitait pas imposer quoi que ce soit à Israël.

Un jeu de dupes

Sur le dossier syrien, il ne peut pas y avoir de règlement sans un accord entre les États-Unis, chef de file qui soutient un certain nombre de groupes d’opposition et compte dans ses rangs la Turquie et l’Arabie saoudite, et de l’autre la Russie qui soutient le régime de Bachar, soutenu aussi par l’Iran. Le conflit syrien est un jeu de dupes entre des puissances qui annoncent vouloir établir un règlement alors qu’en coulisse, elles continuent à alimenter des groupes d’opposition.

Le 9 septembre, un accord pour un cessez-le-feu en Syrie a été conclu entre Washington et Moscou. Il a volé en éclat au bout d’une semaine, parce que Washington n’a pas réussi à imposer aux groupes qu’il soutient sur le terrain de le respecter.

En Syrie, il n’y a pas une guerre, il y en a des dizaines. À Alep, le groupe dominant sur le terrain, c’est al Nosra, qui s’est rebaptisé Fatah al Cham (pour faire oublier son affiliation à Al-Qaida). Al Nosra était exclu de l’accord de cessez-le-feu.

D’autres groupes comme les salafistes d’Ahrar al-Cham et l’armée syrienne libre, soutenue les États-Unis, et qui se battent aux côtés d’al Nosra à Alep, n’ont pas respecté le cessez-le-feu parce qu’ils sont dépendants du bon vouloir d’al Nosra. Pour que le cessez-le-feu perdure, il faudrait qu’ils se désolidarisent d’al Nosra.

La Russie marque des points

La Russie aussi, qui marque des points dans cette guerre, n’est pas disposée à abandonner ses acquis sur le terrain et laisser les djihadistes se renforcer et s’organiser. À la moindre violation du cessez-le-feu, Moscou et l’armée syrienne ont répondu par des attaques massives sur les positions de l’opposition à Alep.

Le mécanisme d’une négociation se passe toujours en plusieurs temps. Les acteurs négocient entre eux, comme les Russes et les Américains le font en Syrie. Ensuite, une fois que celui-ci est respecté, l’ONU peut intervenir pour mener les négociations, pour la mise en place d’un gouvernement de transition et ensuite le processus des élections, dans le cas syrien.

Mais la première phase se passe toujours entre les grandes puissances. C’est ce qui s’est passé entre Washington et Téhéran pour les négociations qui ont abouti à la signature de l’accord sur le nucléaire iranien. Il faut distinguer entre le pouvoir réel sur le terrain et le pouvoir juridique de l’ONU. L’ONU vient en appui quand les grandes puissances en ont besoin. Mais sans leur volonté, l’ONU ne peut rien faire tant qu’existe un droit de veto.

Recueilli par Agnès Rotivel

Colombie : « Le succès de l’accord de paix dépendra de l’intégration des anciens guérilleros »

IRIS - lun, 26/09/2016 - 15:52

Comment la guérilla des FARC est-elle née et comment expliquez-vous sa longévité ?

Il faut remonter à 1948 et à l’épisode dramatique de la « Violencia », guerre civile qui a fait deux cent mille à trois cent mille morts, opposant libéraux et conservateurs, après l’assassinat du leader libéral Jorge Eliécer Gaitan. A l’issue de cette guerre civile, les FARC lancent leur première conférence, en 1964. Ils commencent leur bataille dans les campagnes et militent pour une réforme agraire.
La rébellion des FARC a duré parce qu’elle a réussi à vivre d’elle-même. Elle avait les moyens d’acheter des armes grâce au trafic de stupéfiants, aux enlèvements crapuleux qui visaient les notables installés dans les campagnes et à la taxation des activités économiques. Cette manne financière lui a permis de passer d’un système de guérilla rudimentaire, dans les années 1980, à une organisation capable de déstabiliser l’armée au milieu des années 1990.
Pendant toutes ces années, les FARC ont surtout été actives dans le sud du pays et dans les régions situées aux frontières du Panama et du Venezuela. Les négociations de l’accord de paix ont duré quatre ans, mais à aucun moment il n’y a eu de cessez-le-feu, car les deux parties savaient qu’il était facile de bloquer des négociations en le violant. Pendant les discussions, les FARC ont donc continué à attaquer les colonnes de l’armée. Les violences ont diminué au fur et à mesure.

Entre 1984 et 1999, il y a eu trois processus de paix, qui ont tous échoué. Pourquoi celui-ci aboutirait-il, selon vous ?

Les combattants sont fatigués, usés et ils ont bien conscience qu’ils n’arriveront jamais à prendre le pouvoir par les armes. Ils subissent aussi la pression des partis de gauche qui voient leur développement entravé parce qu’ils sont accusés de soutenir la guérilla. La Colombie est aussi le pays d’Amérique latine qui réserve la part la plus importante de son budget au secteur militaire. Le gouvernement prend conscience que le pays pourrait augmenter significativement sa croissance économique s’il investissait moins dans les dépenses militaires. Les deux parties ont donc intérêt à ce que le processus aboutisse.
Il y aura, le 2 octobre, un référendum. D’après les sondages, le oui l’emporte assez largement. Mais le véritable enjeu est le taux de participation. Il faut qu’il y ait un maximum d’électeurs pour assurer la légitimité de cet accord.

Que contiennent les 297 pages de l’accord de paix ?

Cela peut paraître surréaliste dans un pays urbain, mais la réforme agraire est l’un des principaux points abordés, car il constitue l’ADN des FARC. Cette réforme consisterait à restituer les terres aux paysans expropriés. Ceux qui produisent de la coca devront, quant à eux, se reconvertir dans d’autres cultures.
Le deuxième point concerne la reconversion des FARC en mouvement politique. L’accord prévoit qu’ils aient d’office cinq députés et cinq sénateurs pendant deux législatures, c’est-à-dire huit ans. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est symbolique. L’idée est de dire : « Maintenant, c’est à vous de faire mieux en vous mobilisant lors des campagnes électorales futures. » En mai 2017, l’organisation compte donc se réunir pour créer un parti politique, dont on ne connaît pas encore le nom.

Les FARC ont exprimé, à l’issue de leur conférence nationale du 23 septembre, leur « soutien unanime » à l’accord de paix. Mais existe-t-il un risque de dissidence ?

Oui, il y a des éléments dissidents. Ce sont les plus radicaux et ceux qui sont le plus impliqués dans les trafics. Les responsables ont indiqué qu’ils étaient assez résiduels, mais ils ne vont pas s’envoler dans la nature. L’ELN (deuxième guérilla de Colombie après les FARC, qui a refusé de participer au processus de paix) peut très bien constituer une plate-forme d’accueil pour ces personnes-là. Elles peuvent aussi, comme ce fut le cas en Amérique centrale, rejoindre des bandes criminelles.

Le défi le plus important à relever semble être la (ré)intégration des guérilleros dans la société civile. Comment y parvenir ?

Cela suppose un débat très difficile, celui de la justice transitionnelle. Comment répondre aux attentes des victimes sans faire peser sur un trop grand nombre de combattants le poids de la justice ? Les FARC ne vont pas signer pour aller en prison. En même temps, ce conflit qui dure depuis cinquante-deux ans, a fait plus de deux cent mille morts. Le gouvernement ne peut donc pas mettre cette question sous le tapis.
L’accord prévoit que ceux qui ont commis un crime contre l’humanité seront poursuivis par des tribunaux colombiens. Des peines de cinq à sept ans sont prévues pour ceux qui reconnaîtront les faits. Dans le cas contraire, s’ils sont reconnus coupables, ils seront condamnés à vingt ans de prison. D’autres peines de réparation sont également prévues, comme participer à la recherche de mines antipersonnel.
Il faut aussi penser au désarmement des guérilleros. De ce côté-là, des choses ont déjà été négociées. Il y aurait une vingtaine de points de concentration, répartis dans tout le pays, où chaque combattant serait suivi et recevrait une indemnité pendant six mois. L’idée est de les orienter vers des activités post-conflit.
Le succès de l’accord de paix dépendra de la réussite de l’intégration des anciens combattants dans la société civile. Pour y parvenir, la Colombie multiplie les appels du pied envers le patronat et la communauté internationale. Quinze chefs d’Etat et de gouvernement seront présents pour la signature, mais il y aura aussi le FMI et la Banque mondiale, ce qui prouve bien la dimension économique de cet accord. Beaucoup de pays ont déjà tissé des liens commerciaux avec la Colombie, mais l’objectif est qu’ils investissent davantage. La signature de l’accord va renforcer l’attractivité économique du pays.

Comment l’opinion publique, notamment les victimes du conflit, accueille-t-elle cet accord ?

Le conflit colombien a touché la périphérie et n’a fait qu’effleurer les grandes villes, comme Medellín et Bogotá, qui subissent davantage la violence des cartels. La population urbaine n’est donc pas vraiment concernée par la guérilla. En revanche, dans les campagnes, les gens attendent la signature de l’accord. Ce ne sont pas dans les régions où les combats ont été les plus intenses que la résistance est la plus forte, mais dans les grandes villes et les milieux conservateurs, qui profitent de cet accord pour s’opposer au président [centriste] Juan Manuel Santos.

Propos recueillis par Feriel Alouti

»Stehen vor schwierigem Prozess der Staatsbildung in Kolumbien«

SWP - lun, 26/09/2016 - 13:50
Der Friedensvertrag zwischen Farc-Rebellen und Regierung ist nur der Anfang der Versöhnung in...

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