Ce n’était pas prévu au départ, mais la vétusté de l’ouvrage a contraint les pouvoirs publics à prendre une décision rapide : alors que le pont Petőfi était désigné comme le prochain bénéficiaire d’une complète remise à neuf, notamment après l’épisode des blocs de béton qui s’en sont détachés dans le Danube, c’est finalement le pont de chaînes Széchényi qui fera l’objet de travaux de restauration. Ceux-ci devront se faire en même temps que la réfection du Tunnel du château, situé dans son prolongement.
Le train à crémaillère de Buda.Alors que les crispations entre la BKK (autorité régulatrice des transports), la municipalité du 12e arrondissement et la mairie centrale semblaient freiner le lancement du chantier, István Tarlós a indiqué durant son discours, que la rénovation et le prolongement du train à crémaillère de Buda pourront bientôt débuter. Dans un état de délabrement avancé, ce mode de transport atypique sera rénové, connecté au réseau de tramway jusqu’à Széll Kálmán tér, et pourra desservir à terme, sur les hauteurs des collines, la zone récréative de Normafa.
Blaha Lujza tér.L’entière réhabilitation de Blaha Lujza tér, un des principaux nœuds de communication routiers et important pôle d’échanges des transports publics, reste enfin la principale surprise des annonces du maire de la capitale. Bien que le lièvre était déjà un peu levé dans un entretien accordé par le maire du 8e arrondissement Máté Kocsis, à son bulletin municipal, beaucoup désespéraient de voir un jour la rénovation de la place. Aucune image présentant le projet de réaménagement n’a encore fuité. Aucune information non plus sur une éventuelle rénovation des Magasins Corvin, dont le sarcophage métallique posé après 1956 défigure encore le paysage.
Même si beaucoup de ces nouvelles étaient attendues depuis longtemps, le site d’information Index.hu rappelle que la municipalité centrale affrontera sans doute de nombreux mécontentements, notamment de la part du lobby automobile, pendant les travaux. D’une part en raison des zones impactées, véritables carrefours et corridors structurants de la métropole ; d’autre part en raison de la réorganisation récente de la BKK voulue par Tarlós, laquelle rend plus difficile la coordination entre la bonne conduite des travaux et la mise en place d’itinéraires de dégagement. Personne ne veut en tout cas revivre, ni le maire, ni les habitants, la gestion calamiteuse des embouteillages monstres de cet hiver.
Le 13 mai dernier, lors d’un discours de campagne au College of New Jersey, l’ancien président américain a durement attaqué l’évolution récente de la Hongrie et de la Pologne, déplorant en substance que ces anciens modèles de transition crachent dans la soupe de l’Histoire. « La Pologne et la Hongrie – lesquelles ne seraient pas libres sans la longue Guerre froide et le rôle des États-Unis – viennent de décider qu’il y avait trop de problèmes avec la démocratie, et que c’est pour ça qu’il fallait se tourner vers Poutine », a-t-il notamment déclaré durant une réunion en faveur de son épouse, la candidate aux primaires démocrates Hillary Clinton.
Selon le possible futur first Husband des États-Unis, il y aurait tout à craindre d’un axe rapprochant autour d’une rhétorique autoritaire la Russie, les pays d’Europe centrale et, en cas de victoire républicaine… l’Amérique de Donald Trump.
Selon le site hongrois Index.hu, il ne faut pas surinterpréter pour autant cette franche déclaration d’hostilité contre les gouvernements PiS et Fidesz : « 1) l’ex-président est un habitué des déclarations fracassantes ; 2) il est généralement admis qu’en campagne électorale, les politiciens s’expriment avec des mots durs ; 3) Clinton cherchait ici à frapper Trump davantage que les dirigeants polonais et hongrois ». Le journal en ligne regrette par ailleurs l’inconséquence de telles déclarations, dans la mesure où celles-ci ont généralement tendance à renforcer Viktor Orbán dans sa posture victimaire.
Il faut pourtant rappeler que l’hostilité au modèle « illibéral » prôné par Orbán et le chef du PiS Jarosław Kaczyński, est une constante du camp démocrate. Si l’administration Obama s’était déjà émue des errements géostratégiques de la Hongrie – membre de l’OTAN – au plus fort de la crise ukrainienne, les maîtres actuels de Budapest auraient en tout cas en la personne d’Hillary Clinton, une adversaire bien plus déterminée que l’actuel locataire de la Maison blanche.
Enfin, souvenons-nous qu’à l’hiver 2015, le républicain John McCain avait qualifié Viktor Orban de “dictateur néo-fasciste“.
Source : Index.hu
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L’hystérie anti-migrants ne faiblit pas et l’ouverture d’un centre d’accueil temporaire pour 300 personnes à Körmend, une ville de onze mille habitants située tout proche de la frontière autrichienne, a suscité une levée de bouclier d’une partie de la population locale. Même la presse nationale s’est jointe à la presse locale pour mettre en garde la population, les femmes avant tout, contre des migrants dépeints comme des violeurs en puissance.
Quelques jours seulement après l’arrivée des premiers migrants dans le centre, un article paru le 5 mai dans le magazine pentecôtiste Hetek racontait comment un groupe de jeunes Afghans avait harcelé et agressé des jeunes femmes s’entraînant au handball dans un gymnase voisin du centre. L’histoire s’est répandue comme une traînée de poudre.
Le Jobbik réclamait une action immédiate de la police pour punir les coupables de cette « attaque ».
Le site du gouvernement indiquait que « Parce que des migrants ont harcelé des filles jouant au handball, le Premier ministre Viktor Orbán a chargé le ministre de l’Intérieur Sándor Pintér de prendre les mesures nécessaires ».
« Nous ne voulons pas d’un autre Cologne ici ! », clamait la page facebook du Fidesz.
Problème : dans l’heure qui a suivi les instructions de Viktor Orbán, le chef de la police du département de Vas, János Tiborcz, démentait l’affaire lors d’une conférence de presse. Plus tard dans la journée, le chef de la police locale convoquait une conférence de presse pour annoncer que le rapport était une fabrication totale.
Jeudi dernier, le chef Cabinet du premier ministre, János Lázár, a présenté ses excuses aux migrants. L’affaire est close, mais l’opinion publique est maintenue sous tension en vue du referendum contre l’accueil de réfugiés prévu cet automne.
Mais au fait……pourquoi avoir ouvert un centre d’accueil des réfugiés précisément à Körmend ? Le journal Die Welt a tenté une explication : situé à seulement trois ou quatre kilomètres de la frontière autrichienne, il permettrait aux Hongrois de se débarrasser plus vite des migrants arrêtés à la frontière serbe en les y acheminant en bus et en les laissant poursuivre ensuite vers l’Ouest. « La Hongrie veut discrètement se débarrasser de ces gens », écrit le grand quotidien allemand.
Le journal de centre-gauche Népszabadság estime qu’environ dix mille des douze mille personnes enregistrées à la frontière hungaro-serbe depuis le début de l’année, malgré la clôture, se sont évaporées dans la nature.
Une grande enquête menée par l’institut Tárki conclut que la xénophobie a atteint un niveau record en Hongrie. Avec un tel afflux de personnes l’an dernier, n’était-ce pas inévitable ?
Absolument pas. Les semaines intenses de l’été dernier on placé un nombre sans précédent de Hongrois en contact avec des personnes en quête de protection. Or, ce que la recherche de Tárki montre, c’est que la xénophobie a en fait diminué au cours des mois les plus intenses, puis a augmenté une fois que le nombre de personnes en quête de protection a diminué. La résurgence de la xénophobie est plutôt une conséquence inévitable de la campagne de propagande du gouvernement. Le gouvernement Fidesz a dépensé des millions de forints à dire à la société hongroise qu’elle devrait avoir peur des gens en quête de protection, avec Viktor Orbán allant aussi loin que de dire que les demandeurs d’asile ressemblent à une « armée ». Il suffit de jeter un œil à la page Facebook officielle du gouvernement hongrois ou aux récents textes en anglais de l’historienne en chef du gouvernement, Mária Schmidt, pour comprendre le niveau de la propagande, qui, combiné avec le manque d’interaction avec des personnes en quête de protection, a donné lieu à forte augmentation de la xénophobie.
Quel autre scénario aurait été possible et souhaitable en Hongrie l’été dernier ?
Tout d’abord, les événements de l’été dernier ne sont pas seulement du fait de la Hongrie et du gouvernement hongrois. La politique d’asile du gouvernement hongrois est fondée sur les personnes qui ne séjournent pas en Hongrie, et le gouvernement a fermé les yeux pendant des années sur le mouvement de personnes vers l’Ouest. Un scénario souhaitable doit comprendre aussi inévitablement Bruxelles, Berlin et Vienne. Les gouvernements nationaux et la Commission européenne auraient dû admettre depuis longtemps ce que des chercheurs, des experts et des ONG telles que ECRE leur disaient depuis des années : le règlement de Dublin ne fonctionne pas. Il ne provoque pas seulement d’immenses souffrances pour les personnes à la recherche ou qui se sont vu accorder une protection internationale, mais il place aussi fardeau immense sur les pays qui se trouvent dans les marges de l’Union européenne et, dans le cas de la Hongrie, de la zone Schengen.
« Les gouvernements nationaux et la Commission européenne auraient dû admettre depuis longtemps ce que des chercheurs, des experts et des ONG leur disaient depuis des années : le règlement de Dublin ne fonctionne pas. »
C’est également un incroyable gaspillage d’argent. L’année dernière, il nous aurait fallu d’abord et avant tout l’aveu que Dublin ne fonctionne pas. Ainsi, nous aurions empêché le verrou sur la gare Keleti (à Budapest, ndlr), nous aurions éliminé le trafic des passeurs et donc empêché la mort de plus de 70 personnes qui ont étouffé dans un camion en Autriche en août 2015. Sur le plan intérieur, nous aurions besoin d’un gouvernement qui respecte la législation internationale et ne bloque pas l’accès à son territoire, et pour ceux déjà présent sur le territoire, nous aurions besoin d’opérations humanitaires adéquates fournissant des soins de santé, l’hébergement, la nourriture et de l’eau, et en premier lieu, de l’information. En outre, l’absence d’organisations humanitaires internationales dans les zones de transit était très préoccupante : les quelques-unes qui ont opéré ne l’ont fait qu’après des mois d’attente. Il n’y avait alors que les initiatives civiles comme Migration Aid, Migszol Szeged et Let’s Help Refugees Together! qui ont empêché la situation de dégénérer en souffrance extrême.
La «crise migratoire» a pourtant aussi donné lieu à de belles choses. Nous pensons notamment à l’esprit de solidarité qui a été vu à Szeged et Budapest. Compte tenu des résultats de Tárki, il semble que ce n’était qu’un écran de fumée… Reste-t-il quelque chose de cet élan de la société civile ?
Je ne pense pas que les résultats de la recherche Tárki sont nécessairement liées à un manque de solidarité. De plus, beaucoup de ces initiatives sont encore à l’œuvre, simplement de façon moins visible. Une question qui m’interpelle plutôt est celle de la ligne fine entre la charité humanitaire d’une part, et la solidarité de l’autre. Il était très inquiétant pour moi que des volontaires humanitaires ont concentré leur aide sur les personnes considérés comme des réfugiés, et refuse leur aide à d’autres groupes marginalisés en Hongrie, comme les sans-abri et les Roms. Cela soulève une question : était-il facile d’aider les réfugiés parce qu’ils étaient seulement de passage, contrairement aux « pauvres indigènes » ? Est-ce que les gens en quête de protection veulent vraiment être traités comme des réfugiés misérables qui seront reconnaissants de l’aide des généreux Hongrois ? D’un côté l’aide humanitaire ne traite que les symptômes du phénomène mais pas sa structure ni sa source. Et d’un autre côté, je considère que dans le climat politique actuel en Hongrie, même les actions humanitaires sont des actes de solidarité. Face à une telle campagne de propagande sans relâche contre les personnes en quête de protection, donner une couverture ou un sandwich constitue déjà une action politique à l’encontre du message du gouvernement.
À l’heure actuelle, la situation est très délicate à la frontière sud du pays, les centres de détention sont pleins, il y a des grèves de la faim, et le gouvernement prévoit en plus de supprimer toute aide à l’intégration des réfugiés reconnus comme tels. Mais comme nous le savons tous, loin des yeux, loin du cœur. Bien que les groupes Migration Aid, Migszol Szeged et SEM! sont encore à l’œuvre dans les zones frontalières et à Budapest, la dynamique et la demande pour un changement a diminué. Je suis assez surprise de voir à quel point toutes les personnes qui faisaient du bénévolat dans les gares ont accepté facilement le statu quo. Ce qui manque à l’heure actuelle, à mon avis, c’est une protestation active contre le gouvernement Fidesz et la destruction de facto d’un système d’asile en Hongrie. Même quand il n’y a plus de réfugiés cibles de notre compassion humanitaire en vue, cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de travail à faire. Il est temps transformer cela en revendications politiques actives. Mais lorsque vous n’avez pas quelqu’un pour vous remercier de vos efforts immédiatement, cela demande une motivation différente.
« À l’heure actuelle, la situation est très délicate à la frontière sud du pays, les centres de détention sont pleins, il y a des grèves de la faim, et le gouvernement prévoit en plus de supprimer toute aide à l’intégration des réfugiés reconnus comme tels. »
En tant qu’activiste, pouvez-vous nous raconter un moment particulièrement fort que vous conservez en mémoire de cette crise migratoire ?
J’appellerais cela plutôt la crise de l’Europe que la crise migratoire. Un souvenir fort qui me vient à l’esprit c’est d’avoir pris part à la « Marche de l’espoir » vers l’Autriche le 4 septembre, avec des gens qui s’évanouissaient de fatigue le long de la route et les villageois de la région sortant de chez eux avec les bogrács (ndlr : la marmite traditionnelle hongroise) pour leur faire à manger. Un autre souvenir fort, mais moins flatteur pour les volontaires humanitaires : au cours d’une discussion avec une figure de proue d’un groupe humanitaire au sujet des personnes qui protestaient devant Keleti, qui ne comprenait pas de qui je parlais tant que je ne spécifiait pas « les réfugiés ». C’était choquant pour moi de voir comment, même en tant que volontaires humanitaires, on se concentre davantage sur l’identité de réfugié de quelqu’un comme plutôt que de l’envisager comme une personne.
Les pays d’Europe centrale – en particulier la Hongrie – sont souvent stigmatisés pour leur rejet des migrants. Pourtant, d’autres pays, comme la France, ne brillent pas par leur xénophilie… Y a-t-il une crise de la compassion et l’hospitalité spécifique dans cette région de l’Europe ?
Il y a une crise de compassion et de l’hospitalité dans toute l’Europe, pas seulement en Europe centrale et orientale. Ici, cela prend juste une forme différente. Cela dit, je suis très déçu de voir que l’on juge les pays occidentaux au regard de leurs personnes bienveillantes, alors que les pays d’Europe orientale sont jugés au regard de leurs gouvernements malveillants, et sont immédiatement assimilées à des sociétés avec une culture politique « antidémocratique » ou « immature ». Après tout, la cause majeure de cette crise est la législation de l’Union européenne, en grande partie conçue par les décideurs et les politiciens d’Europe occidentale. Cela ne dédouane pas les gouvernements d’Europe orientale d’un pouce de leur responsabilité d’avoir investi dans des campagnes xénophobes et surtout islamophobes, mais une partie de la spécificité de l’Europe orientale, comme je le perçois, tient à sa position de semi-périphérie de l’Union européenne, une zone que les gouvernements occidentaux peuvent présenter comme une région un peu arriérée.
« Après tout, la cause majeure de cette crise est la législation de l’Union européenne, en grande partie conçue par les décideurs et les politiciens d’Europe occidentale. »
On voit cependant maintenant que la politique de migration d’Orbán est devenue un symbole, voire même un précédent de la politique migratoire très serrée de l’UE. Il ne faut pas oublier comment l’Union européenne a commodément oublié la clôture sur la frontière terrestre gréco-turque qu’elle a financé il y a des années, ni comment la Finlande a récemment fermé une grande partie de sa frontière avec la Russie à tous à l’exception des citoyens finlandais, russes et biélorusses. Sans parler de l’immense clôture à Melilla, à la frontière hispano-marocaine. Où était l’indignation morale ? Pourquoi est-il si facile de s’indigner face aux Européens de l’Est ? Dans le même temps, les règles de regroupement familial, l’outil le plus brutal utilisé contre les personnes bénéficiant d’une protection internationale, ont été extrêmement resserrées dans de nombreux États membres de l’UE, de l’Ouest comme de l’Est. Peut-être que cette même réponse xénophobe aux personnes en quête de protection, à l’Est comme à l’Ouest, érode quelque peu cette division spatiale de l’Union européenne… Et où est le Sud de l’Europe dans tout ça ? Où sont les Balkans ? Les seules fois où la Grèce a semblé compter comme un pays européen, c’était pour la blâmer collectivement pour toutes les politiques qui ont échoué. Ce qui est spécifique à la région d’Europe centrale et orientale, je dirais, ce sont les politiques préconisées par le groupe de Visegrád, à savoir : faire campagne pour une Union européenne basée sur les valeurs familiales chrétiennes-catholiques, en rupture avec la ligne adoptée par le Pape.
L’Union européenne est également coupable d’avoir laissé des sociétés fragiles face à ce nouveau phénomène, n’est-ce pas ?
Exactement. L’Union européenne est responsable non seulement de les avoir laissé seuls, mais aussi d’avoir créé le système. Et après que la mort de personnes a prouvé que ce système était responsable d’immenses souffrances, plutôt que d’admettre sa propre responsabilité, l’UE a préféré se défausser de sa responsabilité, sur la Grèce en particulier.
Au début de l’année 2016, l’Autriche a décidé de suspendre le système Schengen et de se joindre ainsi à un certain nombre d’autres États membres qui avaient déjà fait de même, au moins partiellement. Le chancelier autrichien a averti dans le même temps qu’il suspendait les fonds destinés aux pays qui ne sont pas disposés à faire partie du système de quotas de réfugiés de l’Union européenne : les États d’Europe centrale et orientale, ceux qui ont été les principaux bénéficiaires des fonds de cohésion de l’UE.
Ainsi, deux des plus grandes réalisations de l’intégration européenne – le système Schengen et la politique de cohésion – se désintégraient devant nos yeux. Deux réalisations qui revêtent une importance capitale pour les Européens de l’Est. En tant que pays autrefois coincés derrière le rideau de fer, ils apprécient plus que quiconque la liberté de voyager sans restriction à travers le continent. Quant à la politique de cohésion, elle est fondamentalement ce qui stimule la croissance économique aujourd’hui dans ces pays. A titre d’exemple, la Hongrie, le leader du groupe anti-migrant d’Europe orientale, a absorbé 5 à 7 points de pourcentage de son PIB en fonds de cohésion de l’Union ces dernières années.
Sans ces fonds de cohésion, la plupart des pays de la région n’auraient eu aucune croissance économique au cours des dernières années et leurs gouvernements se seraient effondrés. Il est donc très surprenant que ces pays soient prêts à risquer ces avantages extrêmement importants en raison d’une infime contribution de quelques milliers de réfugiés.
Comment comprendre cela ? Les Européens de l’Est sont-ils des ingrats ? N’ont-ils pas le sens de la solidarité ? D’une certaine façon, oui. […] Pourquoi certains Européens de l’Est (mais pas tous, car beaucoup de citoyens sont sortis pour fournir de la nourriture et un abri) perçoivent ces migrants comme une menace, plutôt que de faire preuve de solidarité et de tenter de leur venir en aide dans cette situation désespérée ? C’est partiellement l’ignorance, la peur de l’inconnu dans des pays majoritairement athées ou chrétiens, où le citoyen lambda n’a aucune expérience des musulmans. Le filtre des médias sensationnalistes dépeint les musulmans au Moyen-Orient et en Europe de l’Ouest comme une menace, en négligeant de signaler les dizaines de millions de personnes qui vivent en paix côte-à-côte avec leurs voisins Chrétiens. Ce manque d’expérience réelle et la peur de l’inconnu est donc facilement exploitée par des politiciens qui cherchent à gagner ou à conserver des électeurs.
Mais est-ce aussi simple que cela ? Non. Le problème est que de larges segments des Européens de l’Est ne peuvent pas être décrits comme de riches Occidentaux qui ont été tirés du ruisseau par des transferts de fonds généreux payés par les États membres de l’UE, et qui se montrent maintenant ingrats envers les migrants du Moyen-Orient qui fuient la guerre.
“Des dizaines de millions d’Européens de l’Est se trouvent, en fait, eux-mêmes dans des situations de vie précaires et n’entrevoient pas de perspectives de stabilité et de prospérité.”
Des dizaines de millions d’Européens de l’Est se trouvent, en fait, eux-mêmes dans des situations de vie précaires et n’entrevoient pas de perspectives de stabilité et de prospérité. Les pauvres de l’Europe orientale voient les migrants arabes (souvent de la classe moyenne) comme seulement légèrement moins riches qu’eux. En Hongrie, par exemple, quatre citoyens sur dix vivent au-deçà du minimum local de subsistance (un revenu équivalent au salaire de subsistance). Quatre sur cinq ne disposent pas d’économies significatives en dehors des propriétés qu’ils possèdent.
En outre, on assiste actuellement au déclin naturel de la population dans tous les États membres de l’Europe de l’Est, faute de perspectives pour fonder une famille. Auquel il faut ajouter la migration de main-d’œuvre vers l’Europe occidentale, encore une fois stimulée par le manque de perspectives. Les enseignants des quatre pays de Visegrád sont les plus mal payés de l’OCDE, gagnant juste une fraction de leurs homologues occidentaux. Le Index Migration de Gallup, prévoit des tendances migratoires négatives pour l’ensemble de la périphérie orientale de l’Union européenne dans un avenir proche, ce qui signifie que les Européens de l’Est envisagent eux-mêmes de migrer. Le succès de la convergence économique européenne orientale est, en gros, un mythe pour tous, sauf pour les élites locales.
“La dominante néolibérale du discours politique dans les États membres d’Europe orientale a désactivé les principes de solidarité.”
Des dizaines de millions d’Européens de l’Est considèrent donc les migrants du Moyen-Orient moins comme des réfugiés fuyant la guerre que comme des concurrents avec des perspectives similaires ou seulement légèrement inférieures. Ils remarquent les smartphone des Syriens (vital pour la migration !) parce que tous n’en n’en possèdent pas encore dans les classes inférieures. Les Syriens paient plus pour les passeurs que le prix d’un billet d’avion en classe affaires du Moyen-Orient à Berlin, principalement parce qu’ils ne peuvent pas prendre de vol en toute légalité. Comme eux, de larges segments des Européens de l’Est devraient également vendre leurs biens pour être en mesure de lever les fonds suffisants.
La dominante néolibérale du discours politique dans les États membres d’Europe orientale a désactivé les principes de solidarité. La théorie de Rawls de la justice distributive – selon laquelle la société vous donne une chance de poursuivre vos rêves existentiels indépendamment de la loterie de la naissance – n’a pas été une réalité pour la majorité des Européens de l’Est dans les décennies qui ont suivi la transition. Il y a donc un ressentiment : pourquoi devraient-ils se sentir solidaires avec les réfugiés d’un conflit qu’ils n’ont pas créé, quand personne n’a fait preuve de solidarité avec eux pour leur donner cette chance ?
Bien sûr, cela n’explique pas pourquoi les États de la région n’ont pas mobilisé de ressources pour aider à soulager le désespoir des arrivants du Moyen-Orient, et pourquoi ils les ont même harcelé et ont rendu leur voyage plus difficile. Mais peut-être cela aide-t-il à expliquer l’attitude plus hostile des citoyens atomisés d’Europe orientale que ceux du nord-ouest de l’Europe, qui ont profité d’États-providence fondés sur les principes de solidarité sociale, dont ils étaient eux-mêmes bénéficiaires.
Un autre aspect des choses est que les migrants du Moyen-Orient sont en concurrence directe sur les marchés du travail de l’Europe occidentale avec les Européens de l’Est. Un autre privilège de l’adhésion à l’UE, la libre circulation des travailleurs, est vidée de son sens par des centaines de milliers de Moyen-Orientaux accueillis par des pays comme l’Allemagne et la Suède, qui envisagent de fournir l’aide sociale, l’éducation et la formation pour que ces migrants soient capable d’intégrer leurs marchés du travail. Ces possibilités n’ont jamais été offertes aux pauvres de l’Europe de l’Est, qui sont obligés de compter sur des régimes de protection sociale et de formation en ruines dans leur propre pays pour être en mesure de rivaliser avec les nouveaux arrivants.
[…]
* Zoltán Pogátsa est professeur d’économie à l’Université de Sopron en Hongrie. Il tient un site personnel en anglais.
Quiconque aime la Hongrie et entreprend le vaste projet de comprendre les Hongrois devrait se jeter sur ce petit ouvrage paru aux éditions Corvina en 2008.
Voici dix mots choisis de façon parfaitement arbitraire parmi les centaines d’entrées que compte le dictionnaire, juste pour donner envie d’en savoir davantage. Certains sont lourds de sens, comme le titre l’annonce, d’autres sont plus légers et anecdotiques.
Disznóölés – « Le mot évoque des images de petits matins pourpres et de cours de ferme couvertes de neige immaculée, d’un agréable sentiment d’anticipation, de plaisanteries enjouées, d’odeurs et de goûts alléchants et d’un petit coup d’eau-de-vie ». Il s’agit bien entendu de l’équarrissage du cochon.
Honfoglalás – C’est la conquête de la patrie nommée aussi « l’entrée des Magyars ». Une invasion du bassin des Carpates en 896 possible grâce à « une manœuvre militaire soigneusement préparée et un chef d’œuvre de logistique », par laquelle tout un peuple arrivé de la mer d’Azov a pris possession de ces terres. Dans la culture hongroise, explique Bart, cette poussée vers l’Ouest est un mythe fondateur aussi important pour les Hongrois que la conquête de l’Ouest pour les Américains. « Nous sommes venus de loin, nous avons occupé un nouveau pays pour construire une nouvelle nation ».
Lacikonyha – La cuisine de Laci (László). Lors des foires et des festivals, c’est la gargote où l’on vient se repaître de lacipecsenye, le rôti de Laci, et s’abreuver de bière bien fraîche. Sur la même page du dictionnaire, dans un registre très éloigné, on trouve l’entrée Labanc, qui s’oppose au Kuruc. Qu’est-ce donc ? Mystère…, allez donc à Kuvasz.
Proligyerek – Quel honneur d’être un « enfant prolétaire » pour l’idéologie marxiste ! Aujourd’hui le terme a perdu de sa splendeur passée et désigne les « jeunes vivant en banlieue qui n’ont pas de travail et traînent sans but toute la journée ».
Délibab – C’est le mirage que l’on peut parfois apercevoir les jours de grande canicule dans la plaine steppique de Horthobágy, à l’est du pays, et dans le Kunság, dans le centre. Ce phénomène apparaît dans la poésie romantique sous la forme d’une église à l’envers, son clocher touchant le sol. « Il reste la métaphore de la rêverie et de l’illusion, de toute évidence deux défauts du caractère hongrois ».
Halápenz – Les dessous de table, les petits cadeaux, le pourboire, l’argent de gratitude…, donnée au médecin ou au personnel médical pour espérer subir un traitement privilégié et compenser l’indigence de leurs salaires. Ce système est en vigueur depuis des décennies.
Huszár – La figue du hussard est connue en France aussi mais ne revêt pas la même importance qu’en Hongrie. « C’est un mot d’origine hongroise, preuve que les méthodes de combat de la cavalerie légère, adoptées si rapidement en Europe, étaient d’origine hongroise ».
Kohn bácsi – L’oncle Cohen est le personnage principal des blagues juives qui réussit à s’extirper de tous les mauvais coups du sort et « avec son esprit vif et ses remarques intelligentes, démasque l’hypocrisie du monde qui l’entoure ».
Kereszténység védőbástyája – Le bastion défenseur de la Chrétienté. Cette notion est « profondément enracinée dans la conscience nationale hongroise » et lui fait dire que ce rôle ingrat de zone tampon est la cause principale des malheurs du pays et l’origine de ses désavantages historiques.
Kuvasz – Ce grand chien à poils blanc accompagne les vachers de la grande plaine, dans la Puszta. Cette race a été amenée par les Conquérants des steppes du nord du Caucase, les Honfoglalók. Sur la même page du dictionnaire, on trouve d’autres mots savoureux comme le Kuruc qui est l’anti-Habsbourg et par extension aujourd’hui anti-occidental et Kurva, la putain, la prostituée. « La langue hongroise est particulièrement inventive lorsqu’on en vient aux jurons », précise István Bart.
Référence : István Bar, La Hongrie et les Hongrois : Dictionnaire abrégé des faits et des croyances, des mythes et des coutumes, Budapest, Editions Corvina, 2008.C’est un petit événement qui ne passe pas tout à fait inaperçu : dans un an devraient ouvrir à Budapest une synagogue et un centre culturel juif de plus de plus de 2000 m². Outre son dimensionnement, ce qui fait date, c’est qu’il s’agira de la première synagogue inaugurée dans la capitale hongroise depuis la Seconde guerre mondiale. La nouvelle ne devrait pas pour autant modifier le paysage de la ville, dans la mesure où le Zsilip, d’après le nom donné au projet, devrait trouver sa place dans un édifice existant : l’îlot regroupant les « maisons Palatinus », à deux pas de Jászai Mari tér et du pont Marguerite.
Le choix de cette implantation n’est pas le fait du hasard. Le quartier d’Újlipótváros, situé dans la partie sud du treizième arrondissement, est connu pour héberger une communauté juive historique, sauvée en grande partie de la déportation par l’activisme des diplomates Raoul Wallenberg, Giorgio Perlasca et Carl Lutz. Malgré l’importance numérique des Juifs, on n’y dénombrait jusqu’à présent que deux petites synagogues, celles de Hegedűs Gyula utca et de Visegrádi utca. A la fin du XIXe siècle, c’est d’ailleurs à quelques rues de Jászai Mari tér qu’aurait due être bâtie la Grande synagogue de Markó utca, laquelle aurait pu, par son gigantisme, damner le pion à l’actuelle Grande synagogue de Dohány utca, pourtant déjà la plus vaste d’Europe !
Le projet de nouveau de lieu de culte est porté par l’EMIH, acronyme de la Communauté israélite unie de Hongrie, une organisation d’obédience Status quo ante, située quelque part entre les libéraux néologues et les Juifs ultra-orthodoxes. Si l’ouverture d’une synagogue dans le treizième arrondissement semble relever de la logique des choses, l’implantation d’un lieu de culte tenu par un courant traditionaliste dans un bastion libéral pose en revanche question. L’EMIH semble en tout cas avoir le vent en poupe, si l’on en croit la rénovation récente de la synagogue d’Óbuda, dirigée par Slomó Köves, par ailleurs à la tête de l’organisation. La nouvelle de la future synagogue doit sans doute faire les affaire du Fidesz, dans la mesure où la proximité entre les organisations est ancienne et faite de renvois d’ascenseurs.
Les travaux d’aménagement devraient commencer sous peu. Prévue à l’horizon 2017, l’ouverture de la synagogue s’accompagnera de l’installation d’un glacier-pâtissier et d’un restaurant casher, comme le relèvent nos confrères d’Index.hu.
Nous l’avons déjà écrit, la capitale se présente comme une candidate très sérieuse à l’organisation des Jeux Olympiques d’été 2024, face à Los Angeles, Paris et Rome. Sa candidature a pris une nouvelle ampleur jeudi dernier. Désormais, elle a un visage, ou plutôt un logo…
…ainsi qu’une vidéo de très belle qualité.
Régulièrement, les journaux rapportent des histoires plus sordides les unes que les autres qui se passent dans les murs des hôpitaux publics en Hongrie. Tímea Szabó, députée du parti de gauche « Dialogue pour la Hongrie », s’est faite engagée incognito comme aide-soignante dans un hôpital public de Budapest. Elle raconte sur son blog ce qu’elle y vit au jour le jour et jette ainsi une lumière crue sur l’état de délabrement du secteur de la santé publique.
Ce qui suit est la traduction d’un article paru le 4 avril 2016 dans le quotidien de gauche « Népszava », sous le titre « A valós helyzet maga a földi pokol » – Kórházi dolgozónak állt a politikus.
« La situation réelle, c’est l’enfer sur terre. Après ma journée d’hier je peux affirmer qu’il n’est pas exagéré de dire que les gens iront mourir doucement dans les hôpitaux », écrit sur sa page Facebook Tímea Szabó, membre de la présidence de « Dialogue pour la Hongrie » et qui a décidé d’aller enquêter par elle-même sur les nouvelles alarmistes concernant l’état des hôpitaux, de plus elle le fait « d’en bas », elle s’est engagée en tant qu’aide infirmière – c’est en tant qu’aide-infirmière volontaire que je vais travailler pendant un mois dans le service cardiologie du secteur pathologies internes d’un hôpital de Budapest, pour connaître de l’intérieur les soins médicaux hongrois et voir de mes propres yeux l’ampleur du mal. J’espère pouvoir plus tard aider sur le fond les malades et les infirmier(es) et médecins qui travaillent ici. Car, que diable, il n’est pas possible de continuer à s’amuser avec le secteur de la santé – a écrit la femme politique du mouvement Dialogue pour la Hongrie, qui partage sur son blog ses expériences et les événements de ses journées de travail. Ce qui suit est un extrait de tout cela.
Suivre le blog et la page facebook de Tímea SzabóVendredi matin. je me suis mis au travail hospitalier pour un mois. Là où je suis aide infirmière, dans le secteur pathologies internes, ce sont presque exclusivement des hommes et des femmes âgés qui sont alitées, plusieurs sont malheureusement au stade terminal, impotents. Plusieurs ne reçoivent pas de visite ou rarement et ils n’ont rien hors du lit et du pyjama. La petite table à côté du lit est vide. Il n’y a pas d’assiette, de verre, de couvert ni de papier toilette. Celui ou celle qui est allé à l’hôpital récemment sait qu’on ne reçoit pas comme ça ce genre de choses. Les infirmières non plus.
Pendant la distribution du petit déjeuner, je beurre les tartines, je demande à l’une des infirmières où je dois déposer le « sandwich » qui est préparé, sur lequel se trouvait un morceau de charcuterie de provenance quasi-indiscernable. Elle me dit : « je ne sais pas. Je le donne de la main à la main ». Bon appétit !! J’ai honte qu’il doive manger ainsi. Plus tard, j’interroge l’infirmière principale : n’y a-t-il pas au moins une serviette, ce sur quoi elle me regarda amèrement en souriant : elle ne sait plus quand il y en a eu pour la dernière fois. Elle est celle qui par ailleurs jongle admirablement avec les 260 000 forints (soit environ 860 euros) que le service cardiologie reçoit chaque mois pour rester en état de marche. Encore une fois : 860 euros !…..moins que ce qu’a dépensé János Lázár (ndlr : directeur de cabinet du Premier ministre) pour une seule nuit de chambre d’hôtel à Milan.
Puisque nous étions vendredi 1er avril, c’est-à-dire le premier jour du mois, dans le service il fallait commander les fournitures nécessaires pour un mois. L’interrogation principale étant : sur quel matériel doivent-ils rogner ? Électrode de pacemaker, récipient pour les excréments, couches ou gants en caoutchouc. Il n’y a pas assez d’argent pour quoi que ce soit. Il faut planifier habilement car si cela s’épuise, il faut deux ou trois jours pour trouver de l’argent quelque part et pour le faire livrer. En attendant…pas d’examen. Nous économisons les gants en caoutchouc, m’a dit l’une des infirmières, comme ça ce ne sont pas les malades mais nous-mêmes que nous mettons en danger lors d’un examen. Elle a déjà attrapé une infection par le passé et est restée chez elle deux semaines.
Le manque d’infirmière est intenable. Dans le service elles sont deux en même temps pour vingt malades pendant douze heures. L’une d’entre elles après trois années gagne 90 000 forints (ndlr : un peu moins de 300 euros), depuis l’âge de huit ans elle veut devenir infirmière. La seconde, après trente-deux années de travail gagne 140 000 forints (environ 460 euros). Ces infirmières vont au vestiaire se changer à 6h du matin. Ensuite, parfois elles balaient l’enduit qui est tombé de leur armoire pour que la poussière n’aille pas sur leur habit. La garde commence, moi j’arrive après 7h, alors qu’elle sont déjà submergées de travail. A 11h je jette un œil sur l’horloge, quant à elles, elles ne se sont pas assises une seule minute. C’est surhumain la façon dont elles supportent cela douze heures par jour.
Elles me demandent : et toi, tu fais quoi quand tu n’est pas là ? Je me sens soulagée, elles ne savent pas qui je suis, je ne joue pas à l’infirmière, pas de traitement « VIP ». Il n’y a que des infirmières et des malades. « Maintenant ne rentre pas car nous changeons un pansement sur une jambe ulcéreuse. Il vaut mieux que tu ne regardes pas ». J’y vais, en pensant que je sortirai si je me sens mal. Je me suis sentie mal. Je n’ai pas vu la blessure, seulement le pansement retiré. J’ai regardé le visage de l’infirmière, elle aussi a saisit la table de nuit un moment. « Tu sais le problème, c’est que l’ulcère a une odeur douce caractéristique que je ne supporte pas ». Mais bon, il le faut. Le visage de l’autre infirmière ne tressaille pas : « Je m’efforce que cela ne fasse pas mal », répète-t-elle au monsieur. Mais cela fait mal.
Nous sortons, moi j’exprime mon horreur, elles sourient. Peux-être que tu t’habitueras, disent-elles. Sinon, ce n’est pas grave. Dans l’une des chambres, une vieille dame a de la salmonelle dans l’urine. Nouvel examen. Elles mettent les gants, les enlèvent. Pendant ce temps un malade dehors en ambulance, douleur de poitrine, il faut un électrocardiogramme. Des pas rapides. « Bonjour, ça va faire un peu froid, je vous en prie ne vous effrayez pas. Nous sommes prêts. » Retour dans les autres chambres. Les médicaments ont déjà été distribués, les malades transférés, de nouveaux arrivent. Pas le temps de s’asseoir.
Il n’y a pas plus d’infirmières, il n’y a pas d’équipements, il n’y a pas d’argent. Il y a de la persévérance, celle des infirmières. Je m’en vais et je me demande : où est Balog ?(ndlr : Balog Zoltán, ministre des ressources humaines) Pourquoi ce n’est pas lui qui est ici, en fait ? Qu’a-t-il dit déjà ? Que le manque d’argent peut être remplacé par l’amour et l’attention ? S’il est malade, il avalera sûrement de l’amour au lieu de médicaments… Dans le gouvernement l’arrogance et l’insouciance sont au sommet. Il faut remettre les 400 milliards de forint dans le secteur de la santé, rien d’autre. (ndlr : soit à peu près 1 milliard 300 millions d’euros). Il n’est pas possible de ne pas respecter les travailleurs ! Il n’est pas possible d’accomplir ce travail pour si peu ! Tout simplement pas ! C’est seulement grâce à elles que le système tient. Lundi matin je reprend le travail.
Traduction réalisée par Paul Maddens.
Alain Finkielkraut a consacré sa dernière émission hebdomadaire « Répliques » sur France Culture à l’évolution politique de l’Europe centrale, à la lumière crue de ce que l’on appelle la « crise migratoire ».
« Que se passe-t-il en République Tchèque ? en Slovaquie ? en Hongrie et en Pologne ? Ces nations filent-elles un mauvais coton ? ».
C’est la question qu’a posé Finkielkraut à Aleksander Smolar et Jacques Rupnik.
Lors de ses multiples interventions dans les médias au cours des derniers mois sur la question des migrants et réfugiés en Europe, l’académicien a plusieurs fois évoqué les positions des pays comme la Pologne et la Hongrie.
Il a souvent cité les propos anti-immigration du Premier ministre hongrois Viktor Orban : « Budapest ne deviendra pas Marseille ».
Il a aussi considéré à plusieurs reprises que, vu d’Europe centrale et orientale, les sociétés multiethniques ouest-européennes « faisaient pitié ». Un propos certes excessif, mais pas dénué d’une certaine réalité, bien que celle-ci soit plus complexe.
Enfin, il considère peu ou prou que l’incompréhension entre Est et Ouest sur cette question migratoire vient essentiellement du fait que les Européens de l’Est – qui ont été privés d’Europe à plusieurs reprises au cours de leur histoire tourmentée – voient en elle une civilisation à défendre plus qu’un ensemble de valeurs à protéger et à exporter.
Voici pour le contexte de l’émission fort intéressante qui suit.
Crédit photo : France Culture
Le Ferencvárosi TC a d’ores et déjà remporté le titre, à six journées de la fin de la OTP Bank Liga.
Le club le plus titré de Hongrie a remporté ce week-end son 29e titre de champion de Hongrie, devant le MTK Budapest, relégué à 22 points.
Est-ce la renaissance du club après une traversée du désert de plus de dix ans ? Ferencváros n’avait plus remporté le championnat depuis la saison 2003/2004. Le club avait été relégué pour des raisons extra-sportives.
Selon l’UEFA elle-même, c’est à son mélange de joueurs d’expérience comme Zoltán Gera et Tamás Hajnál et de jeunes pousses comme András Radó et Roland Varga que le club a pu hisser son niveau de jeu.
Mentions spéciales à Dániel Böde qui termine meilleur buteur du championnat ainsi qu’à Dénes Dibusz, le jeune gardien pécsois de 25 ans.
Avec ce titre, les Zöld Sasok (Aigles verts) participeront au deuxième tour de qualification pour l’UEFA Champions League.
Ils sont aussi en course pour réaliser le doublé coupe-championnat.
HU-lala vous avait parlé du film documentaire East Punk Memories dès 2013 : Anarchy in the People’s Republic of Hungary. Sa réalisatrice Lucile Chaufour retrouvait en Hongrie au début des années 2010 une ancienne bandes de potes, punks à la fin des années 80. Le film vient de sortir en salles en France.
Le film mélange les images qu’elle avait tourné à la fin des années 80 alors que ces punks se débattaient dans un communisme qui battait de l’aile, et les images d’aujourd’hui dans une Hongrie sonnée.
Dommage que East Punk Memories ne soit projeté que dans sept salles en France, la plupart à Paris, mais aussi une à Lyon, Marseille et Mamers (proche d’Alençon). Consulter les cinémas et les séances.
Le pitch officiel : Constitué d’archives Super 8, d’interviews et de vues de Budapest, le film East Punk Memories s’articule autour de la parole de douze anciens punks. A la fin des années 80, ils exprimaient leur colère contre le régime et attendaient avec espoir le changement du système. Vingt ans plus tard, que sont-ils devenus ? Résurgence du nationalisme, sauvagerie du capitalisme, confusion des visions politiques de la droite et de la gauche, comment vivent-ils la crise actuelle ?
Réalisation : Lucile Chaufour
Production : Supersonicglide
Distribution France : DHR / Aramis film
En 2011, Budapest se plaçait au second rang de 25 métropoles européennes en terme de pollution de l’air urbain. Cinq ans après, quelles évolutions ? Entretien avec Andràs Lukàcs, président de l’ONG Levegö Munkacsoport, un groupe de travail fondé en 1988 dans l’optique d’aider Budapest à améliorer la qualité de son air.
Selon l’étude Aphekom publiée en 2011, la source majeure de pollution de l’air à Budapest provient de la circulation de véhicules à moteur ; que ce soit les camions ou les automobiles des particuliers. Malgré un réseau de transport en commun très développé, la majorité des bus sont vieux et ne sont pas respectueux de l’environnement. Depuis, plusieurs mesures s’inscrivant dans le cadre de programmes de protection de l’environnement ont été prises pour y remédier, notamment le début du renouvellement du parc des autobus et la mise en service de nouveaux véhicules à catalyseurs, plus propres. La ville a également créé plusieurs espaces sans circulation automobile ou, du moins, à circulation réduite.
Néanmoins, dans le même temps, la pollution émise par les ménages a connu une forte augmentation, notamment dans les banlieues périurbaines où de plus en plus de familles se chauffent avec des combustibles solides, tels que du bois ou du charbon, voire avec toutes sortes des déchets incluant même du plastique, qui saturent l’air de substances extrêmement nocives.
Ainsi, le bilan en terme d’amélioration de la qualité de l’air reste mitigé, le problème principal étant la présence de particules fines PM10 et ultrafines PM2,5 dont la concentration dans l’atmosphère dépasse encore très régulièrement les seuils recommandés par l’OMS.
Or plusieurs études montrent que la Hongrie est en première ligne concernant les décès des suites d’un cancer parmi les pays de l’OCDE. Le rapport de l’Agence Européenne de l’Environnement (AEE), publié en novembre 2015, a révélé que près de 13 000 personnes décèdent prématurément chaque année en raison de la pollution aux particules, perdant ainsi, selon un autre rapport, en moyenne 10 ans de vie. Hormis les décès, le nombre de maladies liées aux particules est encore plus important, de l’ordre de 2 à 3 fois plus élevé que celui des décès.
Il est difficile d’établir un bilan chiffré de l’émission de particules car les stations de mesures ne fonctionnaient pas correctement, leur rénovation en 2015 laisse espérer des données plus fiables à l’avenir.
« Les autorités environnementales sont tellement affaiblies qu’elles sont devenues pratiquement inopérantes ».La Commission Européenne qui est en charge de veiller au respect des directives européennes peut infliger des sanctions financières allant jusqu’à des dizaines de millions d’euros dans le cas où un pays ne parvient pas à s’y conformer. Une telle procédure d’infraction est d’ailleurs actuellement en cours contre la Hongrie qui ne respecte pas les valeurs limites pour la concentration de particules PM10 et de dioxyde d’azote.
Au niveau national, le code pénal hongrois prévoit également des sanctions à l’égard de potentiels pollueurs, pouvant aller jusqu’à l’emprisonnement, mais ces dernières non plus ne sont quasiment jamais appliquées.
« Le problème ici n’est pas la loi, mais sa mise en œuvre. Dans la plupart des cas les autorités compétentes ne prennent pas au sérieux les émissions polluantes, même les plus graves . Bien souvent, elles ne possèdent pas l’expertise suffisante pour engager de telles procédures. Les autorités environnementales sont tellement affaiblies qu’elles sont devenues pratiquement inopérantes et cela comporte des risques très graves pour l’environnement. Par exemple une des principales raisons de la catastrophe de la boue rouge découlait du fait que les autorités n’avaient pas vérifié l’état du réservoir », explique Andràs Lukàcs.
En ce sens, le rôle des ONG devrait être capital pour alerter les pouvoirs publics et fournir l’expertise nécessaire. Néanmoins, bien qu’elle soit officiellement apartisane, l’ONG Levegö Munkacsoport ne touche plus aucune subvention de l’État. « Les conditions globales des organisations civiles indépendantes se sont beaucoup détériorées depuis 2010. Nous avons maintes fois envoyé des rapports à la Commission Européenne pour faire part de la situation ». Ces rapports insistent en particulier sur le manque de sollicitation ou de consultation des ONG de la part du gouvernement dans l’élaboration des politiques publiques, mais ils déplorent surtout la réduction de leur visibilité médiatique, en particulier à la télévision et à la radio. Pourtant, concernant la pollution des ménages, elle serait rapide et facile à réduire : il faudrait pour cela lancer des campagnes de sensibilisation à l’égard des ménages comme des autorités publiques.
Par Suzanne Tisserand
En grandes pompes, le maire Fidesz du 8e arrondissement de Budapest a fait citoyen d’honneur une personnalité emblématique de l’extrême-droite en Hongrie.
Dans le bulletin municipal qui lui est consacré, nulle trace de l’engagement politique de Lóránt Schuster, nouveau citoyen d’honneur du huitième arrondissement de Budapest. Posant fièrement en « une » aux côtés de l’édile local, Máté Kocsis, l’acteur et leader du groupe de rock P. Mobil est pourtant aussi une personnalité marquante de l’extrême-droite hongroise.
Député durant la sixième législature, il est connu au début de sa carrière politique comme militant du « Parti hongrois pour la vie » (Miép), dont le leader István Csurka, célèbre pour ses saillies antisémites, était un proche de Jean-Marie Le Pen. En 2003, il fait partie des principaux fondateurs du Front national hongrois (Magyar Nemzeti Part), mouvement radical d’inspiration hungariste. Si le parti reste peu visible sur la scène politique hongroise, il se fait régulièrement remarquer pour raviver la mémoire de l’affaire de Tiszaeszlár, symbole de l’agitation antijuive de la fin du XIXe siècle, souvent comparée à l’affaire Dreyfus en France.
Il est difficile de ne pas faire le rapprochement entre cette distinction et le passé du maire d’arrondissement Máté Kocsis. Aujourd’hui membre du Fidesz de Viktor Orbán, son passé au Miép à la fin des années 1990 a été rendu public en 2009. Connu pour sa politique musclée contre les « marginaux » et les « déviants », l’élu est devenu ces dernières années une étoile montante du parti au pouvoir, au point d’être pressenti pour succéder un jour à l’actuel maire de la capitale, István Tarlos. La promotion de son ancien compagnon de route Lóránt Schuster comme « exemple à suivre » pour les futures générations, est certes un signe inquiétant en soi. Mais le plus dramatique dans cette histoire est sans doute l’indifférence totale qu’elle suscite.
Consulter le magazine de Józsefváros.
Le Bureau central des statistiques (KSH) a annoncé des nouvelles encourageantes, vendredi.
Au mois de janvier, les salaires bruts étaient 5,8% plus élevés qu’au mois de janvier de l’année précédente. Dans le même temps (sur les 12 mois de l’année 2015), Les salaires nets ont grimpé eux de 7,4%.
La majeure partie de cette augmentation s’explique par la hausse du salaire minimum. Les salaires nets ont également bénéficié de l’abaissement du taux d’impôt sur le revenu de 16% à 15%.
Les quelques 300 000 employés par an du programme de travail public continuent toutefois de gagner des salaires indigents de 52 700 forint (soit seulement 170 euros par mois), qui ne permettent pas de mener une vie digne, même en Hongrie où le coût de la vie est inférieur aux « standards » de l’Europe de l’Ouest.
L’inflation annuelle a été très faible en 2015, à 0,9%, a calculé KSH.
Lire les articles de la série « Porte-monnaie hongrois »Consulter le rapport partiel du Bureau central des statistiques (KSH).
Sources : portfolio.hu, KSH.hu.
Le rassemblement des enseignants pour protester contre le chaos qui règne dans l’éducation nationale a été un grand succès, mardi 15 mars. Environ vingt mille personnes ont répondu à l’appel des profs qui ont émis un manifeste en 12 points.
Ce qui suit est une traduction de ces 12 points, publiés dans le journal VASÁRNAPI HÍREK, le 12 mars 2016.
1 – Différer les modifications concernant le bac !
Avec cette exigence, les protestataires veulent obtenir que les conditions relatives au bac ne soient pas modifiées pendant la période de préparation de cet examen. Autrement dit que le gouvernement ne place pas les enfants devant des exigences impossibles à mettre en œuvre et nerveusement éprouvantes. Le dernier cas de ce genre a touché les lycées bilingues : deux semaines avant la date limite d’inscription il a modifié les règles de telle façon qu’il a réduit à néant le travail de plusieurs années de nombreux enfants .
2- Suspendre immédiatement toutes les modifications projetées par le gouvernement dans le système de formation professionnelle. Assurer pour tous la possibilité d’acquérir un diplôme professionnel
Le gouvernement Orbán a placé tout le système de formation professionnelle sous l’autorité de la chambre d’industrie. Celle ci, depuis, gère ce réseau institutionnel et les élèves comme « son » royaume .La Chambre de Commerce et d’Industrie dirigée par Parragh Laszlo a rompu avec la pratique antérieure, qui tenait pour indispensable de jeter les bases les plus larges possibles de connaissances générales à côté du savoir professionnel. Déjà dès 2011, le gouvernement avait diminué de façon drastique le nombre d’heures consacrées aux connaissances dites communes ,ce qui ,selon les experts, entraînera comme conséquence que les jeunes ne pourront s’adapter aux changements inévitables du marché du travail. En même temps le sort du système institutionnel est devenu incertain puisqu’ils l’ont détaché du « portefeuille » ministériel de l’enseignement et l’ont transféré au ministère de l’économie. Depuis lors les établissements fonctionnent dans l’incertitude, d’année en année ils doivent se débattre avec les conséquences de décisions complètement dépourvues de sens dont les principaux perdants sont les élèves
3- Il faut diminuer la charge de travail des élèves.
Tous les parents d’élèves savent avec quel poids il faut faire prendre la route à leur enfant tous les matins, qu’il ait 6 ou 18 ans. Le sac de 10-15 kilos pèse non seulement physiquement mais intellectuellement aussi. La grande quantité de matières est la conséquence du Programme de base National (Nemzeti Alaptanterv) qui est lui-même surchargé. Il est plein de contenus encyclopédiques qui ne sont pas nécessaires à la réussite sur le marché du travail Les protestataires exigent qu’à l’image des systèmes d’enseignement qui réussissent, en Hongrie aussi on se concentre sur le développement des capacités de base, sur l’apprendre à apprendre puisque pour s’adapter en permanence au marché du travail, l’utilisation de ces capacités est indispensable. En outre le temps qui peut être consacré à ces matières importantes est constamment réduit par ces matières « symboliques » telles que l’éducation physique quotidienne ou l’enseignement de la morale ou de la foi.
4- Prendre des mesures immédiates pour s’occuper de façon efficace et équitable des enfants exigeant un traitement particulier
Les enfants qui ont des troubles d’apprentissage ou d’adaptation sont tombés dans une situation extrêmement fragile dans le système d’enseignement type « Orbán ». Depuis 2010 en effet ,le gouvernement a supprimé dans son essentiel le réseau de travailleurs sociaux et de psychologues scolaires qui fonctionnait auparavant certes pas sans accrocs, mais qui existait quand même. A la suite de cela il a liquidé peu à peu les instituts pédagogiques qui conseillaient et apportaient une aide professionnelle aux professeurs. Certains pédagogues recevaient une aide grâce à ces services par exemple pour l’enseignement intégré des enfants ayant des difficultés d’adaptation. Le gouvernement a intégré ce service au bureau de l’enseignement (Oktatási Hivatal) et a ravalé les conseillers au rang d’employés. Ce bureau de l’enseignement est devenu un bureau « mammouth » et ce service d’expertise est une parmi un nombre incalculable de tâches.Un non sens total s’est développé : les pédagogues des écoles d’État ne peuvent recourir qu’aux seuls conseils professionnels donnés par l’État et ceci d’un bureau qui les contrôlent et les évalue. Qui est perdant dans tout cela ? L’enfant et le parent.
5- Le gouvernement doit prendre des mesures immédiates pour réduire la ségrégation croissante des enfants rom dans l’intérêt de l’interdiction de toute forme de discrimination.
Bien que le gouvernement de Orbán, en tant que président de l’Union Européenne avait élaboré un stratégie « rom » de bon niveau, il s’est avéré rapidement que sur ce terrain également nous sommes face au double discours habituel : ils ne disent pas la même chose à l’étranger et ici, ce qu’il y a sur le papier n’est pas ce qu’il y a dans la réalité. Le gouvernement n’a rien fait pour en finir avec la ségrégation ,bien au contraire ,avec ses mesures il a continué à dégrader la situation déjà dramatique. Le KLIK (organisme centralisé de gestion des écoles ) est censé avoir pour but de réduire les inégalités entre écoles (et avec cela celles entre élèves) mais dans la pratique il n’a pas été capable de mettre au pas ces écoles qui ont été condamnées pour pratique illégale de mise à l’écart. Il y a eu également des exemples d’écoles fermées pour ségrégation qui ont ré-ouvert et les élèves rom voulant s’inscrire ailleurs n’ont pas été admis dans une autre école.Dans les années passées a commencé à se généraliser la prise en main d’écoles ségrégatives par les Églises ,ce qui peut se faire légalement maintenant puisque la Curie (le plus haut organe de justice/Kuria) a stipulé que le droit concernant la liberté de pratique religieuse passe avant l’interdiction de la mise à l’écart selon l’origine. C’est un des plus positifs développement de la résistance des professeurs, que l’intégration des enfants rom soit incluse dans les revendications, ainsi il est possible de dire que cette question n’intéresse pas seulement l’UE qui, on peut s’y attendre, va entamer une procédure contre la Hongrie pour atteinte à une obligation.
6- Exiger la liberté effective de choix des manuels
Avec l’étatisation du marché des livres scolaires le gouvernement essaye d’influencer l’éducation des enfants pour qu’ils soient conformes à « l’idée » du Système de Coopération Nationale ( Nemzeti Együttműködés Rendszer). Pour commencer il a placé le KELLO (Könyvtár Ellátó –organisme central, comme le CNDP en France) en situation de monopole, organisme qui jusqu’à maintenant disposait des plus mauvais indicateurs, y ont été recasés les cadres restés au chômage après l’échec aux municipales de Esztergom en 2010.Depuis il y a des soucis continuels avec la diffusion des livres scolaires. Un problème plus important est que Orbán Viktor uniformise ces livres : maintenant , il faut diffuser le même savoir et de la même façon à tous les professeurs et tous les élèves. L’étatisation a dégradé la qualité des livres, ceux-ci reflètent fidèlement les « bourgeons » de sa vision de l’histoire. Ces livres ont été préparés en 3 mois, aussi ils grouillent d’erreurs et si le délai a été si court, c’est qu’ils ont utilisé les fonds européens. Si les professeurs retrouvent la liberté de choix des livres scolaires, ils pourront à nouveau enseigner sur la base de ces publications qu’ils considéraient comme bonnes.
7- Suspendre immédiatement le système de contrôle et de classification lié à la « carrière du pédagogue »
(nb :système mis en place par ce gouvernement) à l’exception des procédures en cours. L’une des plus grandes sources de tension dans les écoles est le modèle dénommé « életpályamodell » ( l’idée d’une carrière avec des échelons et des contrôles permettant de progresser,mais le mot d’inspection –à la française- ne convient peut être pas , le mot « ellenőrzés » désigne une forme de contrôle du travail accompli). Tous les pédagogues ont été classés dans l’échelon 1 ,il est possible de progresser en participant à la procédure dite de classification (« minősítés ») Cette procédure à court terme a d’abord engendré des tensions par rapport au salaire ,pour des professeurs ayant de l’ancienneté ,ayant accepté des tâches supplémentaires cela a signifié une baisse de salaire mais a apporté des améliorations à la situation des plus jeunes .La rédaction du portfolio nécessaire à la promotion place beaucoup de professeurs devant un défi énorme tout d’abord à cause de leur grande charge de travail ( hors rédaction du porfolio) et du manque de transparence des exigences . Selon les informations qui ont filtré de la table ronde sur l’enseignement (Köznevelési Kerékasztal) le gouvernement sent que ce peut être l’un des points où des concessions lui permettrait de rallier une partie des professeurs.
8- Créér les cadres juridiques de l’emploi des pédagogues retraités et que cela rentre immédiatement en vigueur
« Pour moi la façon dont ils ont agi avec les retraités est complètement inacceptable. Ils ont placé dans une situation humiliante des collègues qui avaient consacré leur vie à l’enseignement et aux enfants, il fallait quand même qu’ils supplient pour pouvoir continuer à travailler. Il n’est pas permis d’agir ainsi avec les gens, particulièrement avec ceux qui depuis des décennies accomplissent remarquablement leur travail et que les enfants admirent. » C’est ainsi que Somogyi László, ancien directeur du Lycée Berzsenyi Daniel a justifié son départ pour l’étranger l’été dernier.
Dans les écoles une décision du gouvernement de 2012 a causé beaucoup de désagréments : il n’est possible d’employer les professeurs ayant atteint la limite d’âge que moyennant une autorisation spéciale et ce n’est pas possible sur un poste local ? Beaucoup des professeurs faisant autorité ont décidé qu’ils ne supplieraient pas pour continuer à travailler et se sont retirés de l’enseignement. Lors de la dernière table ronde, il apparaît que dans cette affaire aussi le ministère semble plus accommodant.
9- Fixer le nombre d’heures obligatoires des professeurs à 22 heures
Avant l’introduction du « modèle de carrière » l’horaire hebdomadaire obligatoire était de 22 heures et au maximum de 26 heures Lors d’une conversation non officielle , le secrétaire d’état Palkovics Laszlo nous a dit que dans les écoles qui dépendent du KLIK ,les professeurs font en moyenne 24 heures et dans beaucoup d’endroits on entend que les professeurs sont obligés de faire l’horaire maximum. Un directeur a attiré notre attention sur le fait que 4 heures de plus par semaine dans le cas d’une matière enseignée deux fois par semaine, cela signifie 2 classes soit plus de 60 élèves en plus.Ainsi par suite d’une augmentation de charge de travail paraissant minimale , c’est d’ un tel supplément d’élèves dont il faut s’occuper corps et âme. Les professeurs sont obligés de rester 32 heures par semaine dans l’école, même s’il n’y a pas assez d’ordinateurs en état de marche et assez de place pour pouvoir préparer leurs cours ,pour corriger les devoirs et pour passer leur temps de façon utile du point de vue de leur travail.
10- Exiger la sécurité des sources de financement primordiales
Il n’est pas besoin d’être expert pour comprendre que le manque d’argent cause une partie significative des problèmes des écoles. Il suffit de regarder l’image des commodités de l’école de Tarszadany qui se répand comme un virus cette semaine, ou de penser à la dette du KLIK qui gonfle sans arrêt ,aux factures de frais généraux impayées, aux fournisseurs …. A côté de cela toutes les organisations de professeurs s’accordent pour penser indispensable une augmentation de salaire des collègues qui apportent une aide directe au travail des enseignants et éducateurs. En effet il y a longtemps que les gouvernements n’ont pas touché à leur rémunération. Selon ces organisations, pour que le gouvernement assure le pourvoi des postes nécessaires, l’entretien des établissements, les dépenses de frais généraux, il serait nécessaire de rassembler 90 milliards de forint (/environ 300 millions d’euros ). A plus long terme, l’objectif serait que les dépenses consacrées à l’enseignement atteignent 6% du PNB. A titre de comparaison, l’état a dépensé 3,9 % du PNB dans ce but, somme comprenant tout de l’école maternelle à l’enseignement supérieur.
11- Nous attendons une communication publique et sincère concernant l’enseignement
L’adoption en 2011 de la loi sur l’éducation s’est déroulée pratiquement sans concertation professionnelle .C’est principalement à travers les médias que les experts se sont efforcés de formuler leur craintes, mais les parents et professeurs ne pouvaient absolument pas prévoir quel genre de changements concrets entraînerait cette loi. Sous l’influence de l’indignation le gouvernement accorde plus d’importance tout au moins à l’apparence : lors de la table ronde de l’éducation nationale (Köznevelési Kerekasztal ) il se met d’accord avec « les siens » du fait que les organisations venant de « l’autre bord » et qu’il avait invitées, se sont retirées. Mais même ainsi la coopération ne va pas sans accroc ,cette semaine plusieurs participants ont contredit Palkovics Laszlo (secrétaire d’état) qui a dit que la table ronde ronde s’est positionnée pour la nécessité d’un organisme d’état financeur. L’Association nationale des Familles nombreuses (Nagycsaládosok Országos Egyesülete) a ainsi informé le journal Népszabadság que tant que leur représentant était présent il est sûr qu’une telle décision n’a pas été prise.Le président du Corps National des Pédagogues (Nemzeti Pedagógus Kar) qu’on ne peut probablement pas accuser d’indépendance par rapport au ministère, a également confirmé : à propos de ce genre de choses il n’y a eu ni décision ni vote formel .
12- Il faut immédiatement commencer à élaborer un système qui s’appuie sur d’autres bases et sur les acquis
« Hier il aurait été déjà trop tard » – a déclaré à notre journal un professeur quand nous lui avons demandé, quand aurait il fallu se mettre à réformer l’enseignement pour que les enfants actuellement scolarisés reçoivent les connaissances du 21e siècle sur le marché du travail imprévisible du futur ? De plus en plus d’experts expriment qu’il faudrait intégrer dans l’enseignement les moyens d’apprentissage numériques car les élèves hongrois sont sous la moyenne internationale dans la compréhension de textes numériques. Pour qu’il soit possible de mettre le système sur d’autres bases, il ne suffira pas d’un allègement de charge de travail des élèves de petite ampleur et d’un remodelage prudent des programmes. Les élèves se plaignent actuellement d’être obligés d’apprendre par cœur des choses accessibles sur internet en quelques secondes, alors qu’il ne leur reste pas de temps pour un approfondissement vivant de la connaissance.
Une vidéo d’une demi-heure pour tout savoir de l’état et de l’avenir de la francophonie dans notre belle région d’Europe centrale et orientale !
Être francophone en Europe centrale et orientale, qu’est-ce que cela apporte ? Quelle résonance politique a la francophonie pour les gouvernements des pays d’Europe centrale et orientale ? Quid de la francophonie dans le monde de l’entreprise ? Comment favoriser le développement de la francophonie dans les pays d’Europe centrale et orientale ?
A l’occasion du mois de la Francophonie, Hu-lala.org et Philippe Gustin, préfet et ancien ambassadeur de France en Roumanie, ont interrogé divers acteurs de la francophonie dans cette région :
– Atanaska Kalcheva, ancienne directrice générale de la chambre de commerce et d’industrie franco-bulgare à Sofia (Bulgarie).
– Franck Pezza, délégué des gouvernements de la Wallonie et de la fédération de Wallonie-Bruxelles à Varsovie (Pologne).
– Fabien Flori, directeur régional du bureau Europe centrale et orientale de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) à Bucarest (Roumanie).
Comme en France, en Allemagne, en Autriche et ailleurs en Europe, un vent de liberté et de réforme à soufflé en Hongrie l’année 1848, au moment de ce que l’on nomme parfois le « Printemps des peuples ».
Pas facile, plus d’un siècle et demi plus tard, d’y voir clair entre les différents mouvements et courants qui ont agité les peuples et les sociétés de l’Empire d’Autriche-Hongrie à cette époque : il y a avait les libéraux, les nationaux-conservateurs…
De nombreux noms hongrois sont associés à cette révolution : István Széchenyi, Lajos Batthyány, Ferenc Deák, Sándor Petőfi…
Mais Lajos Kossuth est aujourd’hui l’icône de la Révolution et la grande figure patriotique, célébrée avec ferveur lors des commémorations nationales, et dans des chants folkloriques. En voici quelques-uns des plus populaires. La liste n’est pas exhaustive !
De nos jours, le chant patriotique hongrois du grand Sándor Petőfi – d’abord récité en vers au café Pilvax – « Nemzeti dal » qui a accompagné les révolutionnaires de 1848 est mis à toutes les sauces, la plus connue étant celle de Varga Miklós. Sa saveur rock-contemporain n’est pas du goût de tout le monde.
Dans un registre plus actuel, plus américain, plus hardcore, il y a aussi Ignite, un groupe californien réputé et son chanteur d’origine hongroise, Zoltán « Zoli » Téglás. Ils seront d’ailleurs en concert le 14 juillet à Dunaújváros.
Les réfugiés de Syrie, d’Afghanistan et d’Irak ne sont qu’une question de sécurité nationale pour le gouvernement de Viktor Orbán. Craignant (ou feignant de craindre ?) un afflux massif de migrants sur le territoire hongrois, le gouvernement a ordonné un état d’urgence qui se matérialise par une présence renforcée de la police et de l’armée dans les régions frontalières. Cet état d’urgence n’entraînera aucune restriction des droits des citoyens, a affirmé le gouvernement.
Celui-ci justifie sa décision par des informations émanant des services secrets, sans donner de détail supplémentaire. Il craint que les milliers de personnes coincées – dans des conditions affreuses, indignes, inhumaines, etc., comme en témoigne ce reportage très complet – ne forcent le verrou macédonien et remontent par la Serbie et la Hongrie.
La Hongrie envoie des blindés à sa frontière avec la Serbie
Le bras droit de Viktor Orbán, János Lázár, a plusieurs fois affirmé ces derniers jours que les autorités hongroises se tiennent prêtes à déployer un rideau de barbelés pour fermer sa frontière avec la Roumanie au cas où le flux des migrants emprunterait cette nouvelle route. Une opération qu’il peut réaliser en une dizaine de jours, prévient-il.
Le site de la police hongroise – qui informe chaque jour sur le nombre d’entrées illégales sur le territoire magyar – indique qu’après plusieurs semaines de quasi parfaite étanchéité, les frontières entre la Serbie et la Hongrie notamment, mais aussi celle avec la Croatie, voient à nouveau passer depuis quelques semaines des migrants en route pour le nord de l’Europe. Quelques trois cent personnes ont ainsi été comptées (et interpellées) par la Rendőrség le week-end dernier.
Le financement opaque des partis politiques, c’est un serpent de mer de la vie politique hongroise. L’extrême-droite est régulièrement accusée d’être financée illégalement par la Russie.
Dans un entretien publié dans le nouveau magazine pro-gouvernemental « Magyar Idők », le leader du Jobbik, Gábor Vona, a une nouvelle fois nié les accusations de financement illégal par la Russie. Il affirme dans cet entretien que son parti n’a jamais reçu aucune forme de soutien de la Russie et qu’il refuserait de toute façon tout financement étranger.
Ces accusations qui pèsent depuis plusieurs années ont été étayées par l’affaire « KGBéla » : Béla Kovacs, eurodéputé du Jobbik est accusé par le gouvernement hongrois d’être un espion à la solde de Moscou. Aucune preuve réelle ne pèse contre Kovács, estime M. Vona :
« Si Kovács est un espion, il sait ce qu’il lui reste à faire, car il n’y a pas de place au Jobbik pour les espions ».
Eurodéputé, nationaliste hongrois… et agent de Moscou ?Le président du parti concède avoir reçu légalement 8 millions de forints (environ 26,000 euros) de Kovács avant 2010.
Selon Vona, « les vrais scandales d’espionnage » se trouvent à proximité du gouvernement, faisant référence à des entreprises qui ont amassé beaucoup d’argent sous le gouvernement de Viktor Orbán.
Source : MTVA