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La Commission européenne ouvre une enquête sur un impôt polonais

HU-LALA (Hongrie) - mar, 20/09/2016 - 12:12
Hier, la Commission européenne a ouvert une «enquête approfondie» sur un impôt dans le secteur du commerce de détail, surnommé la «taxe sur les supermarchés».

Après des mois de négociations entre les entreprises étrangères, dénonçant parfois une taxe «xénophobe», et le gouvernement polonais ultraconservateur Droit et Justice (PiS) qui souhaite favoriser les entreprises locales, plus modestes, l’impôt progressif sur le commerce de détail est entré en vigueur le 1er septembre.

L’impôt s’applique seulement aux entreprises dont le chiffre d’affaires dépasse 17 millions de złotys (3,9 millions d’euros), à un taux de 0,8%. Au-delà de 170 millions de złotys (39 millions d’euros), le taux appliqué s’élève à 1,4%. La commission « craint que la structure d’imposition du chiffre d’affaires à taux progressifs confère aux sociétés ayant un chiffre d’affaires modeste un avantage sélectif par rapport à leurs concurrents, et ce en violation des règles de l’UE sur les aides d’État »

La Commission a demandé à la Pologne de suspendre cet impôt jusqu’à la fin de son enquête. Le gouvernement en attendait 1,6 milliards de złotys (372 millions d’euros) de revenu en un an, notamment pour financer son programme d’allocations familiales (500 złotys – 115 euros – par enfant).

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Ouverture du festival du film polonais de Gdynia

HU-LALA (Hongrie) - lun, 19/09/2016 - 11:12
Seize films sont en compétition pour remporter le Lion d’Or lors de la 41e édition du plus prestigieux festival cinématographique du pays.

Des dizaines de films vont être projetés dans la station balnéaire de Gdynia (proche de Gdansk, où se tenait la compétition jusqu’en 1986) à partir de ce lundi 19 septembre, et jusqu’au samedi 24, pour le plus important festival du film de Pologne, sous la direction de artistique de Michał Oleszczyk. Pierre Buhler, l’ambassadeur de France en Pologne, fait partie du comité d’honneur.

Seize films sont en lice pour remporter le Lion d’Or et le Lion d’Argent, qui récompensent les meilleurs films de la sélection principale, dont le jury est présidé par le réalisateur et écrivain Filip Bajon. Deux longs métrages sélectionnés, Wolyn de Wojtek Smarzowski et Zacme de Ryszard Bugajski, qui évoquent tous les deux notamment la République populaire de Pologne, font polémique dans le pays. En 2013, Ida, de Paweł Pawlikowski, également très controversé, avait remporté le Lion d’Or en 2013 – avant l’Oscar du meilleur film étranger en 2015.

Trois autres sélections («Un autre regard», «Jeune cinéma» et «Courts-métrages»), de nombreux prix et des manifestations culturelles complètent le Festival, qui est depuis quelques années ouvert au public.

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Le ministre du trésor polonais mis à la porte

HU-LALA (Hongrie) - lun, 19/09/2016 - 11:00
Officiellement, il s’agit de la fin de sa mission. C’est du moins ce qu’a annoncé la Première ministre, Beata Szydło, le 15 septembre.

D’ici à la fin de l’année, Dawid Jackiewicz aura quitté son poste de ministre du Trésor, un an après sa nomination. Avec lui disparaîtra normalement la fonction, prévue par le parti ultraconservateur Droit et Justice (PiS) au moment des élections législatives d’octobre 2015. Les entreprises publiques devraient, à partir de janvier, être contrôlées par les ministères compétents.

Mais le ministre est surtout accusé par les médias polonais d’avoir nommé de nombreux proches à la tête d’entreprises d’État. Gazeta Wyborcza rapporte que, peu avant l’annonce de la destitution du ministre, Maciej Patalas a démissionné du poste de vice-président de Tauron-Distribution (énergie), trois semaines seulement après sa prise de fonction et Remigiusz Nowakowski a quitté le conseil de surveillance de PKN Orlen (raffinage et distribution de produits pétroliers).

D’après le quotidien, d’autres démissions devraient suivre dans les entreprises PLL LOT (compagnie aérienne), KGHM (extraction de cuivre et d’argent) et EuRoPolGaz. La dissolution du ministère sera dirigée par Henryk Kowalczyk, membre du conseil des ministres.

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Les intentions de Viktor Orbán au sommet de Bratislava

HU-LALA (Hongrie) - ven, 16/09/2016 - 08:33
Lors de l’ouverture de la session parlementaire d’automne, lundi 12 septembre, le Premier ministre hongrois a défini les positions que la Hongrie souhaite défendre lors du sommet européen qui se tient ce vendredi à Bratislava : «retourner au concept d’Europe des nations».

Viktor Orbán l’a réaffirmé lundi devant les députés hongrois : la Hongrie n’a pas l’intention de quitter l’Union européenne, mais de la transformer : «Nous ne voulons pas la quitter, mais nous voulons remédier et améliorer ce que nous avons et ce qui est important pour nous».

Le gouvernement hongrois entend aussi soutenir le projet embryonnaire de création d’une armée européenne, a-t-il affirmé. Dans sa conception, celle-ci serait ne serait pas un outil de puissance extérieure – M. Orbán partageant les positions isolationnistes de Donald Trump – mais serait dédiée à la protection des frontières de l’Europe contre l’immigration illégale.

Une longue partie de son discours a en effet été consacrée au thème de l’immigration et à promouvoir le référendum du 2 octobre s’opposant au plan de répartition de réfugiés défendu par la Commission européenne et plus généralement à la politique migratoire «naïve et dangereuse» de l’Union européenne conduisant, selon lui, à un «désastre civilisationnel».

Le groupe de Visegrád s’érige contre le «dictat» de l’UE

Une nouvelle fois, Viktor Orbán a plaidé pour le concept d’Europe des nations : «les fondations de l’Union européenne sont ses États membres et non les institutions de Bruxelles, c’est donc au niveau des États membres que l’Europe doit être renforcée. Donc, la proposition hongroise à Bratislava sera de revenir à l’idée d’une Europe des nations».

Source : Kormany.hu.

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Quand Nicolas Sarkozy visita la Hongrie en 1994…

HU-LALA (Hongrie) - ven, 16/09/2016 - 07:30
Dans sa longue série sur les personnalités ayant la chance de posséder des origines hongroises, le site internet pro-gouvernemental Hungary Today précise des éléments de biographie du candidat à un second mandat à la présidence de la République française, Nicolas Sárközy de Nagy-Bócsa.

Nicolas Sarkozy est issu d’une famille appartenant à la petite noblesse hongroise. Un rang auquel la famille a accédé grâce à un ancêtre paternel le 10 Septembre 1628 pour son rôle dans la lutte contre les armées de l’Empire ottoman. Au 18ème siècle, la famille possédait 285 hectares de terres ainsi qu’un petit château dans le village de Alattyán, proche de Szolnok.

Le père de M. Nicolas Sarkozy était un aristocrate hongrois du nom de Pál István Ernő Sárközy de Nagy-Bócsa, rappelle le site. Il est nécessaire de préciser que Pál est encore en vie et qu’il a d’ailleurs fait plusieurs visites en Hongrie au cours des dernières années. En 2010, le «père de», avait exposé ses peintures à la Galerie Abigail à Budapest. En 2011 la ville de Szolnok, située au centre de la Hongrie, lui avait accordé la citoyenneté d’honneur, tant pour son «œuvre» de peintre que pour avoir embelli la réputation de sa ville natale, où son propre père fut également adjoint au maire. La famille Sárközy a fui la Hongrie pour l’Allemagne lors de l’entrée de l’Armée rouge en 1944, avant de s’établir à Paris.

Mais Hungary Today semble amer quant à la relation qu’entretient Nicolas Sarkozy avec le pays de son père. «Bien que les racines de l’ancien président français sont d’une famille hongroise noble, M. Sarkozy n’est pas fier des ses origines hongroises». Le site revient sur une visite de Nicolas Sarkozy en Hongrie qui remonte à 1994. Il était alors maire de Neuilly et porte-parole du gouvernement d’Édouard Balladur sous François Mitterrand. Lors d’une visite à Bócsa, «le berceau de la famille Sárközy», il aurait purement et simplement oublié derrière lui dans sa chambre d’hôtel le tableau qui lui avait été offert, après l’avoir reçu “avec un grand sourire“. Celle-ci représentait son aristocrate de père. Le site précise toutefois qu’il s’agit d’une rumeur non-vérifiée.

Nicolas Sarkozy en 1994 à Bócsa. (Source : Hungary Today)
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Martin Schulz menace la Hongrie sur les aides européennes

HU-LALA (Hongrie) - jeu, 15/09/2016 - 16:37
Dans une interview accordée aujourd’hui au magazine allemand Der Spiegel, le président social-démocrate du Parlement européen Martin Schulz a reproché à Viktor Orbán de manquer de solidarité à l’égard des institutions européennes. Il a déclaré vouloir tenir compte de l’attitude de la Hongrie dans la future répartition des fonds structurels.

Invité à réagir à la proposition de Jean Asselborn, d’exclure la Hongrie en raison d’entorses répétées aux règles européennes, le président allemand du Parlement européen Martin Schulz (PSE), a tenu à se démarquer des propos du ministre luxembourgeois des affaires étrangères. Voulant siffler la fin de la polémique, il a appelé à «tenir la maison commune» face aux provocations de toutes sortes. S’il n’est pas question pour lui d’envisager une exclusion de la Hongrie, Martin Schulz a néanmoins tenu à mettre en garde le Premier ministre hongrois Viktor Orbán contre la défiance qu’il entretenait envers les institutions européennes.

Martin Schulz a estimé que l’«[Europe] avait besoin de solidarité, aussi bien en matière de politiques d’asile qu’en terme de mécanisme financier au niveau des fonds structurels, dont des pays comme la Hongrie profitent pleinement». Invité à préciser sa pensée, le leader social-démocrate a prévenu que l’attitude de Viktor Orbán serait prise en compte au moment des renégociations portant sur la répartition des aides européennes. «On ne peut pas toujours demander aux autres la solidarité que l’on n’applique pas soi-même» a-t-il déclaré.

Les électeurs hongrois sont invités à se prononcer par référendum le 2 octobre prochain sur les mécanismes européens de répartition des réfugiés. La campagne gouvernementale, en faveur du «non», a fait de «Bruxelles» une de ses cibles privilégiées.

«Le saviez-vous ? L’attentat de Paris a été commis par des migrants»

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A Prague, Norbert Hofer plaide pour un V4 élargi à l’Autriche

HU-LALA (Hongrie) - mer, 14/09/2016 - 14:15
Candidat à la présidentielle autrichienne pour le parti nationaliste FPÖ (Parti de la liberté d’Autriche), Norbert Hofer a été reçu avec tous les honneurs au Château de Prague, lundi, par le président tchèque, Miloš Zeman. Une visite controversée dans le contexte de la crise migratoire qui a notamment permis aux deux hommes, que tout semble pourtant séparer, d’évoquer le renforcement du rôle de l’Europe centrale au sein de l’Union européenne. L’idée d’une « union à l’intérieur de l’Union », dixit Hofer, a ainsi été évoquée dans une atmosphère qu’il a qualifiée de « formidable ». Article publié le 13 septembre 2016 dans Radio Prague

Mais de quoi donc Miloš Zeman et Norbert Hofer pourront-ils bien discuter ensemble ? C’est la question qu’un commentateur de la Radio tchèque se posait en fin de semaine dernière. Certainement pas d’énergie nucléaire, que le président tchèque soutient catégoriquement. C’est d’ailleurs sous son gouvernement que la centrale de Temelín, qui fait tant râler en Autriche, a été mise en service. Pas plus du règlement de la toujours délicate question des Allemands des Sudètes. A leur propos, Miloš Zeman, là aussi lorsqu’il était encore Premier ministre, avait affirmé qu’il les considérait comme « la cinquième colonne d’Hitler », tandis que Norbert Hofer, lui, continue de réclamer l’abolition des décrets dits Beneš ; ces décrets ont permis l’expropriation et l’expulsion des Allemands des Sudètes de Tchécoslovaquie au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale.

Non, si Norbert Hofer a été accueilli presque comme un chef d’Etat au Château de Prague, c’est essentiellement pour parler d’un sujet particulièrement sensible dans tous les pays d’Europe centrale ces deux dernières années. « Le thème central des échanges a été la problématique de la migration et les questions européennes qui s’y rattachent et sur lesquelles les deux politiques ont des positions identiques », a confirmé le porte-parole du président tchèque, Jiří Ovčáček.

Autre personnage proche de Miloš Zeman, le directeur du département en charge des affaires étrangères au Château de Prague, Hynek Kmoníček a pour sa part rejeté l’accusation selon laquelle le président tchèque, à travers la réception de Norbert Hofer, s’immisçait dans l’élection autrichienne, dont le « deuxième second tour » sera probablement reporté à décembre, et manifestait son soutien à un des deux candidats à la présidence : « Si cela était le cas, l’Autriche protesterait. Monsieur le président Zeman a déjà exprimé ses sympathies. Il a dit une fois qu’il avait certains doutes concernant Alexander van der Bellen. Ces doutes sont en grand partie liées au fait que monsieur le président n’est pas un grand sympathisant des partis écologistes. Or, même s’il se présente désormais en tant que candidat indépendant, monsieur van der Bellen a été initialement le président d’un de ces partis ».

A l’heure où le groupe de Visegrád, qui réunit la République tchèque, la Hongrie, la Pologne et la Slovaquie, souhaite défendre une position commune aux quatre pays et avoir un droit de parole plus important dans la gestion des affaires européennes, l’Autriche verrait d’un bon œil un rapprochement avec ses voisins.

« Nous avons évoqué la possibilité et notre volonté de donner à l’Europe centrale une voix plus forte dans le cadre de l’UE », n’a pas caché Nobert Hofer. Celui qui, en cas de victoire, deviendra le premier président d’extrême droite en Europe depuis 1945, affirme que tous ces pays possèdent une histoire commune et un mode de discussion et de traitement semblable de certains thèmes…

Et même si Norbert Hofer a reconnu que la centrale de Temelín constituait bien « un problème pour nous » dans les relations entre Vienne et Prague, cela n’a pas empêché le porte-parole du président Zeman de confirmer que le projet d’« union dans l’Union » évoqué lundi répondait à l’idée que l’on se fait en Europe centrale d’un élargissement du groupe de Visegrád à ce qu’il a appelé un « Visegrád plus ».

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Référendum en Hongrie : le chef des députés en campagne

HU-LALA (Hongrie) - mer, 14/09/2016 - 13:09
Le président Fidesz de la Diète hongroise, László Kövér, a tenu meeting hier après-midi à Jászberény, près de Budapest. En jeu : mobiliser les habitants pour le référendum du 2 octobre prochain sur le quota de réfugiés.

Jászberény est une petite bourgade de la plaine hongroise, située à quelques dizaines kilomètres à l’Est de Budapest. C’est là que le président de la Diète hongroise (chambre des députés), le très conservateur László Kövér, a battu l’estrade hier après-midi, dans le cadre de la campagne référendaire portant sur l’accueil ou le rejet d’un quota de réfugiés en Hongrie. Militant du non, ce proche de Viktor Orbán a tenu un discours musclé devant une assistance fournie, reprenant à son compte les éléments de langage du parti au pouvoir – le Fidesz. Alors qu’une majorité de Hongrois semble hostile au mécanisme de répartition européen, l’objectif du chef des députés a été de galvaniser l’assistance, quitte à noircir les enjeux du scrutin. Le risque politique d’une trop faible participation est grand. Si 50% du corps électoral ne part pas voter, le scrutin sera invalidé.

«Le saviez-vous ? L’attentat de Paris a été commis par des migrants»

László Kövér a égrainé les principaux arguments de la campagne gouvernementale, décrivant longuement le risque que les réfugiés font planer sur l’identité culturelle, religieuse et ethnique de la Hongrie et de l’Europe. Dans une région gagnée par le déclin démographique, le président de la Diète hongroise a surtout insisté sur le péril d’une colonisation par des étrangers aux dépens de la population autochtone. Pointant le volontarisme du gouvernement en matière de politique nataliste, il a déclaré, selon des propos rapportés par Index : «Nous pouvons reculer notre disparition de la Terre, mais tôt ou tard, viendront d’autres peuples, qui coloniseront le bassin des Carpates et l’ensemble de l’Europe».

Intervenant en deuxième partie de meeting, le bourgmestre Fidesz de Jászberény, Tamás Szabó a cherché quant à lui à déplier un argumentaire collant au plus près de sa base électorale. Invitant ses administrés à aller voter en famille, il s’est notamment adressé aux Roms présents dans la salle, en des termes curieux de la part d’un élu conservateur. N’hésitant pas à les assimiler à des assistés, il a estimé qu’en cas de quota de réfugiés, le gouvernement serait contraint de «rediriger les aides sociales pour l’accueil [des migrants]». Argument aussitôt réfuté par László Kövér, selon qui les réfugiés n’ont pas besoin d’argent, dans la mesure où «il y a autant sur leur compte que sur ceux de dix habitants [de Jászberény] réunis».

Alors que la gauche a appelé dans sa majorité à boycotter le scrutin, László Kövér s’est évertué à dépeindre l’opposition en camp pro-réfugiés. Pour ce faire, il a brocardé la proposition de l’ancien maire socialiste de la localité, József Gedei, d’accueillir des réfugiés à Jászberény, tant la situation démographique y était dramatique. En dernière partie de meeting, lors des traditionnelles questions de l’assistance, le dirigeant Fidesz s’est vu conforté par la réaction des habitants présents, majoritairement hostiles aux réfugiés. Au point de reprendre à son compte une de leur proposition, celle d’installer tous les demandeurs d’asile sur une île isolée de Grèce.

Source : Index.

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Au Royaume-Uni, le post-Brexit attise la haine anti-polonaise

HU-LALA (Hongrie) - mar, 13/09/2016 - 12:54
Des graffitis insultants sur les murs du centre culturel polonais au lendemain du référendum, à la mort de Arkadiusz Jóźwik le 27 août dernier à Harlow, la communauté polonaise semble subir la violence d’un racisme décomplexé qui a trop aisément trouvé sa place dans le Royaume-Uni post-Brexit.

Londres, correspondance – Des cartes laminées et glissées sous les portes des habitants polonais, portant les messages « Finie la vermine polonaise » ou « Rentrez chez vous ». En anglais et en polonais. La communauté polonaise, au cœur de la campagne pro-Brexit comme un symbole de cette immigration sur laquelle il faut prendre le contrôle, s’inquiète de son avenir en Grande-Bretagne.

(c) Masons

Entre la semaine précédant et celle suivant le référendum, la police a enregistré une hausse de 42% des crimes haineux (ou crime à caractère discriminatoire). Mark Hamilton, chef du NPCC (National Police Chiefs’ Council) établit clairement le lien entre le résultat du référendum et la hausse des incidents, principalement de nature raciste et visant les minorités, dont celles de l’Europe centrale. Hamilton considère également que le vote a libéré la parole raciste, ouvrant la voie à ces attaques discriminatoires. Il est vrai que la campagne pro-Brexit s’est rapidement orientée sur l’immigration, stigmatisant de manière à peine voilée les ressortissants d’Europe de l’Est.

Arkadiusz Jóźwik, surnommé Arek, polonais de 40 ans, est devenu le point de cristallisation des craintes des Polonais de Grande-Bretagne et plus largement des ressortissants de l’Union Européenne. Le 27 août dernier au soir, aux alentours de 23h30, il est attaqué devant un restaurant à Harlow. Une discussion avec un groupe de jeunes qui vire à la dispute puis un simple coup de poing au visage entraînant une chute fatale pour Arek. Souffrant de blessures à la tête, il meurt à l’hôpital deux jours plus tard. Deux autres hommes sont également blessés dans cette attaque. Six adolescents sont arrêtés par la police de l’Essex avant d’être relâchés sous caution, à la surprise du ministre de l’Intérieur polonais Mariusz Błaszczak. La police appelle quiconque ayant été témoin de la scène de se manifester et avance avec précaution sur le terrain de l’agression à motivation raciste.

La réponse politique et judiciaire de la Pologne

Le ministre polonais des Affaires Etrangères Witold Waszczykowski a condamné ces attaques, appelant Londres à lutter activement contre la vague de racisme anti-polonais. Le président Andrzej Duda s’est lui tourné vers les leaders religieux du Royaume-Uni dans une lettre leur demandant de prévenir les attaques contre les Polonais et de lutter contre le climat « d’aversion et d’animosité ».

La Pologne a ouvert sa propre enquête concernant la mort d’Arkadiusz Jóźwik, les crimes commis contre les citoyens polonais pouvant être jugés par une cour polonaise, peu importe le pays où se produisent les faits. Varsovie entend bien compter sur la coopération du Royaume-Uni dans cette affaire, tandis que Waszczykowski et son homologue britannique affichent une entente cordiale sur le sujet, Boris Johnson réaffirmant que les Polonais sont les bienvenus au Royaume-Uni. Quitte à ignorer les incertitudes pourtant fortement présentes sur le futur des ressortissants de l’Union dans le pays.

Au-delà de la sécurité de ses compatriotes au Royaume-Uni, le gouvernement polonais entend bien jouer un rôle clé de médiateur dans les négociations de sortie de l’Union Européenne. Mettant en avant des objectifs communs entre les deux pays, le vice-président du conseil des ministres polonais Mateusz Morawiecki intervient en faveur d’un processus le moins douloureux possible autant pour l’Union Européenne que pour le Royaume-Uni. Et de s’assurer une place de choix aux côtés du pays sortant, affirmant que la Pologne pourrait être un allié du Royaume-Uni.

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Ils expliquent la Tchécoslovaquie communiste

HU-LALA (Hongrie) - mar, 13/09/2016 - 11:37
S’engager ou non dans le parti ? De quoi est-il possible de parler publiquement et que faut-il garder pour soi ? Comment réagir face aux actualités radiophoniques ou télévisées ? Voici quelques questions, pertinentes sans doute aussi aujourd’hui, qui se posaient avec une certaine acuité sous le régime communiste. Article publié le 7 septembre 2016 dans Radio Prague

Depuis l’été, ces questionnements sont au cœur du site Socialism Realised, lequel permet aux internautes anglophones de se familiariser avec différents aspects de la vie en Tchécoslovaquie et dans les autres pays du « bloc de l’Est ».

Un projet pédagogique pour le public étranger

« Le bloc de l’Est est souvent présenté comme un espace où il y a des élites politiques qui d’une certaine façon encadrent la manière dont on vit et il y a ensuite les gens dont on ne sait rien. Nous nous focalisons sur ces gens et sur le fait que l’éventail de leurs possibilités peut être très étendu. Il y avait des dissidents et il y avait des personnes ont décidé de prendre une autre voie, qui ont pu décider de rejoindre le parti. Nous essayons de parler aussi de ces décisions et de ces gens ». En quelques phrases, Karina Hoření définit ainsi ce nouveau projet pédagogique dans le monde des humanités numériques développé par une poignée de jeunes chercheurs et elle-même dans le cadre de l’Institut pour l’étude des régimes totalitaires (ÚSTR) et avec le soutien de fonds européens. C’est au siège de cette institution, dans un immeuble grisâtre du quartier de Žižkov, qu’elle nous reçoit en compagnie de sa collègue Lani Seelinger.

L’idée de départ est de permettre au public qui n’a pas la chance de parler tchèque de pouvoir tout de même saisir ce que pouvait être la vie dans la Tchécoslovaquie communiste entre 1948, année du Coup de Prague, et 1989, date de la Révolution de velours. Des expériences de vie qui se veulent en fait représentatives de celles rencontrées dans tous les pays ayant appartenu au dit bloc de l’Est.

En 2012, l’Institut lançait le projet « Dějepis v 21. století », c’est-à-dire « L’Histoire au 21e siècle », pour réfléchir à l’enseignement de l’histoire contemporaine nationale dans le système éducatif tchèque. A cette occasion avait été édité un DVD, suivi bientôt d’un site internet, mettant à disposition des professeurs une riche collection de documents audiovisuels, des archives comme des extraits de films. Il s’agissait d’offrir un matériel pédagogique plus « vivant » et combinant des regards pluriels sur les événements et les évolutions de la société tchèque au XXe siècle.

Seulement voilà, les chercheurs se sont aperçus que pour le public étranger, outre la barrière de la langue, ces vidéos étaient souvent inutilisables car elles faisaient appel à de trop nombreuses connaissances contextuelles. Pour le site « Socialism Realised », la tâche première a donc consisté à rassembler des documents audio et vidéo pouvant faire sens pour quelqu’un peu familier du monde politique et culturel tchécoslovaque. Un travail complexe d’après Lani Seelinger : « Je dirais que nous avons tous participé à tous les aspects du travail. Au début, nous avons dû sélectionner quel serait le bon matériel pour le public étranger et je dirais que cela a été la partie la plus difficile de notre travail. Par exemple, nous avions une vidéo des années 1970 du mouvement anti-charte 77. Pour le public tchèque, c’est vraiment très bien et cela fonctionnerait sans problème. Pour le public américain, cela n’irait pas du tout car il y a tellement de symboles et de personnes qui pour nous n’ont aucune signification ».

La vidéo en question montre un rassemblement au Théâtre national en 1977 de nombreux artistes « invités » à venir exprimer leur opposition au mouvement de la Charte 77, du nom de cette pétition signée par des dissidents tels que Václav Havel ou le philosophe Jan Patočka pour réclamer le respect des droits de l’Homme. Dans le public du théâtre, on aperçoit des acteurs très populaires comme Miloš Kopecký et Vlastimil Brodský ou bien encore l’illustre comédien Jan Werich. Pour le public tchèque, la vue de ces visages si familiers évoque forcément quelque chose. Ce n’est pas le cas pour les non-tchécophiles.

Le travail sur l’archive audiovisuel

Avec des documents audiovisuels pertinents cependant, Karina Hoření estime que le jeune public, habitué à utiliser des vidéos quotidiennement, peut être plus facilement amené à s’intéresser à l’histoire. D’autant plus que les films permettent d’après elle d’appliquer un principe de perspectives multiples. Face à une situation donnée, les personnes ont des réactions différentes.

Ce travail de constitution d’une base de données effectué, il a ensuite fallu réfléchir à une classification et à la création de portes d’entrée pertinentes pour présenter ces documents. Un découpage temporel a été réalisé avec différentes périodes identifiées : les procès politiques et la collectivisation des terres agricoles dans les années 1950, le Printemps de Prague, sa répression et l’ère de la normalisation, et enfin la chute du régime communiste. Pour ce qui est des thèmes, appelés « perspectives » sur le site, Karina Hoření explique : « Nous avons d’abord sélectionné toutes les vidéos que nous aimerions que l’utilisateur puisse voir et ensuite nous avons réfléchi aux catégories dans lesquelles les insérer. Nous en avons conclu que nous souhaitions parler de ‘l’idéologie’, c’est-à-dire de la façon dont le régime se présente lui-même. Ensuite, la perspective de la ‘répression’ reste importante. Que se passait-il pour les personnes qui s’opposaient au régime ? Nous avons ensuite des ‘histoires personnelles’. De quelle façon la majorité de la population pouvait vivre les événements politiques ? La chose nouvelle ou peut-être que vous ne trouverez pas ailleurs, c’est la ‘mémoire’. Nous voulons ainsi illustrer et montrer au public pourquoi le communisme est un thème aussi sensible aujourd’hui en République tchèque. C’est un moyen de comprendre le présent de ces pays postsocialistes ».

Lani Seelinger évoque ensuite la manière avec laquelle les professeurs peuvent travailler : « Les enseignants peuvent utiliser le site comme ils le souhaitent. Ils ne sont d’ailleurs pas obligés de l’utiliser pour travailler sur l’histoire du communisme. Le site peut aussi servir pour étudier par exemple les droits de l’Homme et des sujets de ce type. Nous avons ensuite d’autres choses comme les pathways, qui sont des sortes de démonstration de la façon dont peut fonctionner le site ».

Thématiques plus transversales, ces « pathways » sont aujourd’hui au nombre de trois : les bases idéologiques du régime, la vie de Milan Kundera et la question des femmes sous le socialisme.

Par ailleurs, les responsables du site le confessent : ils ne savent pas exactement pour l’heure comment le personnel enseignant va s’approprier cet outil, notamment parce que les programmes d’histoire dans les pays étrangers n’incluent pas forcément l’histoire contemporaine des pays d’Europe centrale et orientale et quand c’est le cas, c’est à des degrés et à des niveaux divers.

De la difficulté d’enseigner et d’étudier l’histoire du temps présent

En revanche, le matériel du site a fait l’objet de tests auprès du jeune public. Des tests qui révèlent des informations intéressantes sur la façon dont les Tchèques, confrontés à leur propre histoire, et les étrangers, qui ont forcément une distance plus importante avec elle, perçoivent les sujets traités : « Nous avons beaucoup testé le site. Nous l’avons essayé auprès d’étudiants étrangers. Pour la plupart, c’était comme une tabula rasa et ils n’avaient aucune idée de ce qu’était le bloc de l’Est. Par contre ils sont plus disposés à accepter la pluralité des expériences sous le communisme. Sur certains points, nous rencontrons plus de problèmes en République tchèque si nous souhaitons par exemple parler des personnes qui se souviennent avec nostalgie et avec tendresse des années dans les coopératives agricoles et de la collectivisation. Le public étranger accepte cette idée qui pour lui fait sens et semble logique. Dans le milieu tchèque, il y a tellement d’émotions attachées à l’identité de celui qui se souvient du communisme et à la façon dont il s’en souvient que la discussion sur comment enseigner cette période est beaucoup plus problématique ».

La plupart des chercheurs qui ont planché sur Socialism Realised sont jeunes et n’ont pas vécu sous le communisme ou bien alors seulement pendant les premières années de leur vie. Le projet traduit ainsi également les tensions qui peuvent exister dans le champ historique tchèque sur les nouvelles façons d’appréhender et d’enseigner la période communiste, près de trente ans après la Révolution de velours. Des approches qui peuvent être différentes, mais pas forcément contradictoires entre elles, comme l’indique Karina Hoření : «Ces tensions s’expriment probablement par l’accent que nous avons mis sur l’histoire sociale par rapport à l’histoire politique. En fait, dans les années 1990, la recherche sur la répression était largement dominante parce qu’il semblait alors important de parler des victimes du communisme. Aujourd’hui nous essayons davantage, et ce n’est pas seulement une question générationnelle, de parler des différentes attitudes possibles face à ce régime. Qui sont ces gens qui n’ont pas participé directement à ce régime ? Quelle a pu être leur expérience ?».

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Affaire de la culotte rouge géante à Prague : Ztohoven acquittés

HU-LALA (Hongrie) - mar, 13/09/2016 - 11:02
Avez-vous déjà entendu parler de ces trois hommes qui, il y a tout juste un an, ont remplacé le drapeau présidentiel flottant sur le toit du Château de Prague par une énorme culotte rouge ?

Traduits en justice, ils encouraient jusqu’à trois ans de prison. À présent, ils peuvent pousser un grand « Ouf ! »… jusqu’à nouvel ordre, car ils ont été acquittés par le tribunal de première instance.

Le juge : La Tchéquie n’est pas un régime totalitaire

Pour la juge Šárka Šantorová, l’acte des membres du groupe artistique Ztohoven (traduction littérale : « Les 100 merdes ») ne pourrait être qualifié ni comme un vol ni comme une atteinte à l’ordre publique, qui ont fait l’objet de l’accusation. Dans son verdict, la juge souligne qu’une éventuelle condamnation dans cette cause aurait constitué «un précédent juridique dangereux» qui (nous) aurait rapprochés «des régimes totalitaires limitant la liberté de l’expression».

En effet, pour ces trois hommes qui ont hissé la culotte rouge sur le siège du président de la République, il ne s’agissait pas d’un acte gratuit. Ils voulaient protester contre la politique de l’actuel maître des lieux, le président Miloš Zeman, qui ferait ami-ami avec les chefs des régimes communistes ou postcommunistes de l’Est (Russie, Chine, Kazakhstan…), tout en tournant le dos aux alliés occidentaux de la Tchéquie, membre de l’UE ainsi que de l’OTAN.

D’ailleurs, au sein de l’Union, le président Zeman préfère aujourd’hui tisser des liens avec les membres des courants nationalistes, comme le démontre l’accueil chaleureux qu’il a fait à Norbert Hofer, le candidat de la FPÖ à l’élection présidentielle autrichienne, ce 12 septembre à Prague. Miloš Zeman est allé jusqu’à avouer face à la presse qu’il était « fan » de Hofer à l’élection présidentielle dans ce pays voisin de la Tchéquie, car il «n’aimait pas les Verts».

Culotte rouge en tant qu’objet d’art

La culotte rouge de 1,5 mètre de long et de 1,4 mètre de large qui, pendant une vingtaine de minutes, avait flotté sur le Château de Prague, est entre-temps devenue un objet de désir des collectionneurs qui ne peuvent cependant pas y mettre la patte ; elle a été réquisitionnée pour servir de pièce à conviction lors d’un procès. Pourtant, les trois jeunes performeurs l’ont déjà vendue à un collectionneur pragois pour la modique somme d’un million de couronnes tchèques (à peu près 40 000€). Il leur aurait payé 7 couronnes en acompte et, au cas où il offrirait l’œuvre à la Galerie nationale de Prague, les vendeurs seraient prêts à faire un geste, réduisant leur prix de 999 993 couronnes…

On ne sait pas si la Galerie nationale serait intéressée par ce sous-vêtement d’un géant qui jusqu’ici ressemblait plutôt un artefact politico-médiatique.

Mais revenons à la cause judiciaire : suite à l’acquittement des trois accusés, le procureur qui veut du sang a aussitôt fait un recours. Affaire à suivre.

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Le groupe de Visegrád s’érige contre le «dictat» de l’UE

HU-LALA (Hongrie) - jeu, 08/09/2016 - 11:51
L’avenir de l’Union européenne après le référendum britannique sur le Brexit a constitué le thème central évoqué lors de la rencontre des chefs de gouvernement du groupe de Visegrád (V4), qui s’est tenue mardi à Krynice, dans le sud-est de la Pologne. Article publié le 7 septembre 2016 dans Radio Prague

A dix jours du sommet européen sur l’avenir de l’UE sans le Royaume-Uni, les Premiers ministres des quatre pays d’Europe centrale (République tchèque, Hongrie, Pologne et Slovaquie) entendaient accorder leurs violons afin de défendre une position commune face à leurs partenaires européens le 16 septembre à Bratislava.

« Nous savons ce qu’il faut faire pour que l’UE soit encore meilleure. » Ou encore « Le V4 est désormais une entité importante qui a du potentiel et de grandes ambitions. »Hôte de cette nouvelle rencontre avec ses homologues Bohuslav Sobotka, Viktor Orbán et Robert Fico, la Première ministre polonaise, Beata Szydło, a confirmé avec des mots très clairs ce qui est devenu une évidence au fil de ces derniers mois : douze ans après leur adhésion, les anciens nouveaux petits pays d’Europe centrale entendent désormais ne plus se laisser dicter leur conduite sur le fonctionnement de l’UE. Une Europe des Vingt-huit, et bientôt des Vingt-sept, dont ils regrettent que l’administration s’enlise dans les procédures et la bureaucratie au lieu d’agir plus efficacement pour régler les problèmes urgents, à commencer par la gestion de la crise migratoire et la protection de l’espace Schengen, qui, à leurs yeux, restent deux des préoccupations majeures des citoyens européens.

A Krynice, c’était la troisième fois déjà en l’espace de seulement deux mois que les quatre Premier ministres étaient réunis ; une fréquence qui confirme l’intensité des échanges entre Prague, Bratislava, Budapest et Varsovie, et la nécessité ressentie par chacun de se serrer les coudes pour faire front commun que ce soit vis-à-vis de Bruxelles, Berlin, Rome ou Paris. Directeur de la publication de Hulala, un site d’informations sur cette Europe qu’il qualifie d’« excentrée », Ludovic Lepeltier-Kutasi confirme cette montée en puissance du V4 : « La France a été habituée jusque-là à donner le ‘la’ de la dynamique de la construction européenne avec l’Allemagne et les pays fondateurs du Traité de Rome. Mais c’est vrai que que ce que l’on appelait – et que l’on appelle toujours d’ailleurs – les élèves, et ce qu’ils soient bons ou mauvais, à savoir les pays d’Europe centrale et orientale, essaient d’avoir voix au chapitre. Cela génère une tension un peu malsaine, car le leadership est contesté en ce qui concerne l’agenda européen ».

Et une des actions prioritaires qu’il convient de conduire à l’échelle européenne concerne d’abord le mode de fonctionnement même de l’Union. Le V4 souhaite que celle-ci soit plus concrète pour « se rapprocher des populations ». En d’autres termes aussi, qu’elle soit réformée en profondeur pour laisser plus de souveraineté à ses Etats membres. Comme il l’a expliqué dans un entretien accordé mardi à l’envoyé spécial de la Radio tchèque, le Premier ministre Bohuslav Sobotka estime ainsi que la Commission européenne devrait faire moins de politique : « J’ai déjà dit que c’est le Conseil européen qui devrait être le leader politique de l’UE. La Commission devrait respecter le mandat du Conseil à partir du moment où tous les Etats membres de l’Union sont d’accord à l’unanimité. Il faut revenir au respect des règles et à un équilibre du pouvoir à l’intérieur de l’Union de façon à ce que les différents pays membres n’aient pas le sentiment qu’ils ne sont pas écoutés sur certains points concrets. Par exemple, nous avons très clairement convenu au Conseil européen que nous étions opposés à l’instauration des quotas contraignants de répartition des réfugiés. Pourtant, la Commission a présenté un projet allant dans le sens contraire. C’est un cas de figure typique où la Commission a succombé à la tentation et ignoré la volonté unanime de tous les Etats membres de l’Union ».

Malgré la bonne entente apparente, Bohuslav Sobotka a reconnu qu’il existait cependant des thèmes sur lesquels « le Club des quatre » n’est pas forcément unanime. Il s’agit notamment de l’idée de la vitesse à laquelle certains des traités qui régissent l’UE devraient être révisés. Sur ce point précis, et à la différence notamment d’une Pologne plus résolue à agir rapidement, la République tchèque est partisane d’une position modérée.

Enfin, le Premier ministre slovaque Robert Fico a fait part de son espérance de voir les chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-sept qui seront réunis en fin de semaine prochaine parvenir à« établir un diagnostic de l’UE de façon à lancer un nouveau processus » qu’il aimerait « pouvoir appeler le processus de Bratislava ». Avec une idée fixe pour le V4 : redonner un nouveau souffle, partiellement en provenance de l’Est et des Parlements nationaux, à la construction européenne.

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Une militante des droits de l’Homme agressée en Slovaquie

HU-LALA (Hongrie) - mer, 07/09/2016 - 13:04
Alena Krempaská, militante politique à l’Institut des droits de l’Homme (Inštitút ľudských práv), a été agressée le soir du 5 septembre, rapporte Political Critique.

Alors qu’elle quittait son bureau lundi soir, Alena Krempaská a été jetée au sol, frappée au  visage et insultée par deux individus non-identifiés, qui seraient des sympathisants d’extrême-droite.

L’agression s’est produite quelques heures après un rassemblement de partis de droite durant lesquels Alena et ses collègues avaient été verbalement agressés et menacés : «Liberté et solidarité» (Sloboda a Solidarita, SaS) et «les gens ordinaires» (Obyčajní Ľudia a nezávislé osobnosti, OĽaNO).

Political Critique pointe du doigt l’atmosphère qui règne actuellement en Slovaquie  et qui aurait favoriser le passage à l’acte de ces individus. Récemment,  le député européen (SaS) et ancien président du parlement slovaque, Richard Sulík, ainsi que leader du parti OĽaNO, Igor Matovič, ont accusé les membres de l’ILP de «fraude financière».

Political Critique (Krytyka Polityczna) se présente sur son site internet comme le plus important réseau d’associations libérales en Europe centrale et orientale.

Alena Krempaská à l’hôpital. Source : facebook.

 

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Les Tchèques pourront partir en retraite avant 65 ans

HU-LALA (Hongrie) - mer, 07/09/2016 - 00:14
Les Tchèques pourront partir à la retraite au plus tard à l’âge de 65 ans. C’est du moins ce que propose un projet de la loi adopté ce lundi par le gouvernement. Cette mesure, qui entrerait en vigueur en 2030, sera prochainement discutée par le Parlement. Article publié le 6 septembre 2016 dans Radio Prague

La législation tchèque ne définit actuellement pas l’âge maximal du départ à la retraite. Celui-ci augmente chaque année de deux mois pour les hommes et de quatre mois pour les femmes. Ainsi cette année les hommes de 63 ans prennent leur retraite ainsi que les femmes âgées de 58 à 62 ans, en fonction du nombre d’enfant qu’elles ont mis au monde. Dans la logique actuelle, les enfants nées en 2016, quant à eux, seraient contraints de travailler jusqu’à l’âge de 73,5 ans.

Ces perspectives pourraient bientôt changer car le gouvernement de Bohuslav Sobotka a approuvé ce lundi l’établissement de l’âge limite du départ à la retraite à 65 ans. La mesure concerne ainsi toutes les personnes nées après 1971, celles nées avant cette date pourront partir plus tôt à la retraite. Le gouvernement a toutefois introduit un mécanisme de révision de ce seuil : tous les cinq ans, cet âge maximal pourra faire l’objet d’une réévaluation en fonction notamment de l’évolution de l’espérance de vie à la naissance. Ce dispositif supplémentaire, qui a pour objectif d’assurer que chaque Tchèque passe environ un quart de sa vie à la retraite, déplaisait originairement au mouvement ANO, et notamment à son leader Andrej Babiš. Le ministre des Finances a finalement accepté la décision de ses partenaires au sein de la coalition, le parti social-démocrate et le parti chrétien-démocrate, mais il a tout de même indiqué : « Nous faisons des promesses qui entreront en vigueur dans quatorze ans, tout en sachant qu’il y aura trois, quatre, cinq gouvernements qui peuvent changer les choses entre-temps… De plus, personne ne mentionne que cela va coûter 67 milliards de couronnes (près de 2,5 milliards d’euros, ndlr) par an ».

Andrej Babiš estime aussi que l’introduction d’un âge maximal du départ à la retraite aura pour conséquence une baisse du montant des pensions. De son côté, la ministre du Travail et des Affaires sociales, Michaela Marksová, du parti social-démocrate, considère ces changements nécessaires : « Premièrement, la République tchèque est le seul pays de l’UE qui n’a pour l’instant pas défini l’âge maximal du départ à la retraite. Sur la question de la possibilité pour les gouvernements futurs de modifier cette limite : si l’on suit cette logique, nous ne pourrions adopter aucune loi car il pourrait lui arriver la même chose… Et quant à la limite de 65 ans, je crois qu’elle n’est pas non plus surprenante. Comme je l’ai déjà dit, soyons réalistes. Nous ne pouvons pas obliger la plupart des gens de plus de 65 ans à travailler ».

Michaela Marksová explique ensuite pourquoi son ministère a décidé de mettre en place un principe permettant de modifier à l’avenir ce seuil de 65 ans : « A l’heure actuelle, l’espérance de vie des Tchèques est inférieure de deux ans par rapport à celle des citoyens des pays de l’Europe de l’Ouest. Une réévaluation de cette limite tous les cinq ans ne représente donc qu’une sorte de garantie au cas où l’âge moyen des Tchèques change radicalement. Mais je crois que c’est peu probable ».

Bien qu’adopté à l’unanimité du gouvernement, le projet de loi est critiqué par les représentants de l’opposition. Ancien ministre du Travail et des Affaires sociales, Jaromír Drábek, du parti conservateur TOP 09, en dit plus : « Ce n’est qu’un jeu. On dit aux gens que l’on fixe un âge maximal de départ à la retraite mais rien ne change dans la réalité ». Le projet a toutefois des partisans à la Chambre des députés et il devrait être adopté sans problème par les parlementaires. Les députés communistes veulent par ailleurs proposer de faire baisser cette limite à 63 ans.

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Voyage à Cyclonomia

HU-LALA (Hongrie) - lun, 05/09/2016 - 13:25
Lorsqu’on cherche Cyclonomia, on peut y passer des heures, sans rien trouver. Perdu dans une ruelle au bord du Danube, l’atelier n’est indiqué nul part. Pas d’écriteau, pas de nom sur la porte. L’adresse sur le site n’est pas moins équivoque : quelque part, entre le numéro 31 et 33 de la rue József Katona.

Quand on trouve enfin la porte de la cave, on entre dans un cabinet de curiosités d’objets à deux roues, tableau surréaliste d’un monde englouti dans les tréfonds de Budapest.

Au plafond, une trentaine de vélos sont accrochés, pour optimiser l’espace. Dans la partie atelier, réservée aux membres du collectif qui fabriquent les vélos, les Lilliputiens s’activent sur leur cadre et soudent. De l’autre côté, des adhérents aux roues voilées, boîtiers de pédalier cassés, chaîne mal huilée font des bricoles.

Le lieu est né il y a deux ans et demi, porté par le hasard des rencontres. Adrien, ancien ingénieur-transport en Suisse débarque en Hongrie, fabrique alors des carrioles pour vélos, dans la banlieue de Budapest. Avec Gyuri, les deux Laci et Vincent, ils portent l’ambition des projets spontanés : avec 1500 euros en poche, Cyclonomia sera la première pierre d’un Centre de recherche et d’expérimentation sur la Décroissance et la Transition.
Dans ce projet de Décroissance qui se développe dans le microcosme budapestois, le symbole du vélo est tout trouvé, et Illich, le philosophe régional, est souvent mis en avant par les cogitateurs du collectif : l’industrialisation produit des outils perçus comme progrès indispensables, mais qui finalement rendent l’homme dépendant et le conduisent à travailler toujours plus pour les acquérir.

Alors, Cyclonomia se lance à la reconquête de l’autonomie perdue. L’apprentissage des rudiments de la mécanique permet à l’homme de garder le contrôle de l’outil et se le réapproprier. La création d’outil low-tech éloigne l’homme des mégastructures dans une dynamique d’émancipation.

Porté par cet esprit, le véloce collectif a fait sortir de drôles d’engins des murs de la cave en deux ans et demi. Outre les nombreux vélo-cargos, l’équipe a aussi construit un vélo-essoreur de salades pour la ferme avec qui elle collabore à travers le projet Cargonomia, des vélos tour-mix, pour réaliser des smoothies avec le seul pouvoir de la pédale ou encore des vélos pour moudre le blé, broyer des végétaux ou du papier.

Au-delà de la réflexion autour du low-tech, le collectif convivial donne finalement un sens global à sa démarche, et son fonctionnement exprime sa radicalité. La vie de la cave, c’est «la permaculture des hommes» comme le résume Adrien.  Ainsi, face à la bureaucratisation ou la montée des Bullshit jobs, Cyclonomia rejette le travail salarial aliénant et asservissant. Contre la centralité de la valeur travail, c’est l’oeuvre et l’interdisciplinarité qui sont mises en avant. Pour reprendre l’expression de Serge Latouche, le collectif est «ingénieux sans être ingénieur, entreprenant sans être entrepreneur, industrieux sans être industriel».

On y pratique aussi l’autogestion, aussi bien dans le collectif ouvert que dans la partie «atelier» des locaux ; en plus d’être un regroupement d’inventeurs fous, Cyclonomia est le seul lieu de la ville où les cyclistes peuvent venir réparer eux-mêmes leurs vélos. A raison de trois fois par semaine, les apprenti-bricolos côtoient les plus expérimentés et viennent passer des heures à diagnostiquer et tenter de résoudre les maux de leur deux-roues.

Laboratoire d’expérimentations, Cyclonomia est un lieu de vie. Au temps d’une extension du champ des déplacements possibles et du nomadisme promis par la révolution des transports, le groupe revendique l’ancrage au lieu de l’existence par le vélo. Pied de nez à l’hyper-modernité, Cyclonomia veut même prendre racine : l’espace n’est pas régi par une seule fonction, l’atelier est aussi un moyen de dynamiser la vie de quartier. Des apéros démontage, des débats, des projections sont régulièrement organisés, débouchant sur des discussions animées, et de nouvelles idées.

Des synergies et des projets s’y développent donc : à la compétition, Cyclonomia préfère une collaboration, pas rationnelle mais raisonnée. Le capitalisme sauvage et le néolibéralisme outrancier, constantes post-soviétiques hongroises, sont remis en question pour revendiquer l’héritage de la pensée de l’austro-hongrois Polányi et «réenchâsser l’économie dans le social». Cyclonomia peut compter sur un réseau de solidarité important à l’échelle de la communauté, faisant fonctionner une économie de la réciprocité basée sur des liens sociaux forts et des services mutuels. Le système de prix libre est pratiqué dans l’atelier, et Cyclonomia prête et loue gracieusement des vélos aux autres alternatives de la ville.  A la recherche de sécurité par l’économie du modèle capitaliste, Cyclonomia privilégie la sécurité sociale du sens commun retrouvé, et participe ainsi au changement de paradigme.

On peut aisément tomber dans la romanisation de cette alternative, comme si  son mode d’organisation la rendait imperméable à tout problème. Cela éluderait la galère certaine, le «putain de facteur humain» de toute entreprise humaine et la difficulté à survivre dans un environnement économique défavorable à ces initiatives en rupture. Si d’autres équilibres se dessinent, Cyclonomia n’a rien de l’alternative parfaite, cherchant simplement à continuer son activité de manière organique.

Dans cette atmosphère sans pareille, les utopistes ancrent la pensée dans le réel et la vivent concrètement.  Adrien imagine une ville polycentrique avec des tyroliennes, une utilisation du Danube plus intelligente, la fin du contrôle social par la consommation et de la ville purement utilitaire. Il pratique l’onirisme pour mettre en branle la sinistrose. L’engagement par le faire fait office de manifeste politique discursif ; l’expérimentation propose un avant-goût de ce que pourrait être une autre société.

Dans le coin, un biker s’acharne sur une cuisse de poulet, ramené d’une ferme de la campagne de Budapest. D’autres grimpent au mur d’escalade. Ca parle, ça rigole, ça bricole, ça picole. Même si les Hongrois gardent leur distance avec les revendications politiques du projet, la volonté de bien-vivre en filigrane fait consensus et rassemble près de 200 adhérents : Cyclonomia est une hymne au système débrouille. Sans jamais parler de développement, l’atelier continuera à vivre son éternel provisoire, et faire sa part contre la fin de l’Histoire.

Tombés en décroissance

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Il y a un an, à la gare internationale de Budapest…

HU-LALA (Hongrie) - lun, 05/09/2016 - 10:55
Vous vous souvenez de cette nuit dantesque ? De cette nuit de septembre 2015 où les Hongrois finirent par lancer leurs vieux bus Ikarus chargés de clandestins à l’assaut de l’Autriche ?

La Hongrie venait d’affronter son pire ennemi, la Roumanie. Un frustrant 0-0 et la qualif’ pour le premier championnat d’Europe de foot depuis 1986 s’éloignait. Le match à peine terminé, la bagarre commençait déjà et ça sentait la lacrymogène aux abords du stade. Pas rassasiés, des hooligans s’approchaient de la gare de Keleti. Certains étaient même passé y faire un tour plus tôt dans l’après-midi, pour lancer des pétards et faire quelques doigts d’honneur aux familles en contrebas. Des jeunes Syriens (ou peut-être des Afghans ? Peu importe) s’étaient jetés sur eux pour les éloigner de leur famille, et les lâches avaient détallé dans les bottes des CRS. Mais la nuit tombée, les bières descendues et l’euphorie du stade changeaient la donne. Heureusement que les CRS les attendaient et ont pu les tenir à distance des enfants à qui des Budapestois bénévoles venaient de diffuser la séance du soir de Tom&Jerry. Une grosse canicule sévissait depuis des jours, mais maintenant il faisait vraiment frais. La ville était devenue un grand fracas de sirènes de police et d’ambulances, de bourrasques de vent, d’hélicoptères, de jeunes dans les rues, saouls comme un vendredi soir, le vendredi d’or à Budapest.

Depuis des jours, on manifestait sur le parvis de la gare pour pouvoir embarquer dans un train. C’était toujours le même cirque : un petit groupe se levait, faisait des tours dans le souterrain, un passage, deux, trois, quatre, jusqu’à ce que des centaines de personnes se retrouvent nez à nez avec les policiers qui protégeaient l’entrée de la gare. Ce n’était pas violent, les policiers étaient conciliants, jouaient l’apaisement, mais la colère était là et parfois il fallait un ancien ou même une jeune femme se mettre en travers du chemin de jeunes décidés à forcer le passage. « Syria! Syria! », criaient les Arabes ; « Afghanistan! Afghanistan! », rétorquaient les Asiatiques qui faisaient tout pour rester dans le coup face à ces réfugiés de première classe à qui Merkel semblait avoir promis le Graal. Puis tout le monde s’entendait pour scander ensemble des « Germany! ». Quelques caméras arrivaient à extraire un « Allah Akbhar! », mais il fallait vraiment être patient pour l’avoir. Et cela se prolongeait certains soirs en fête.

Diaporama – La gare de Budapest, un camp retranché de réfugiés

Les journaleux de la télé adoraient les enfants quand ils étaient en train de jouer ou de dessiner. Une nouvelle vie s’ouvrait à eux, à Hambourg, Düsseldorf ou ailleurs. Mais les vieux, ils avaient tout perdu et ils ne gagneraient plus rien. Ils n’étaient bons que pour des images de migrants…en train de migrer, en chaise roulante si possible. Quand l’odeur de la pisse descendait dans les souterrains, elle les couvrait de honte. Les Bangladais non plus ne voyaient jamais un micro s’approcher d’eux, ou seulement si un novice s’était trompé. « Vous êtes Syrien ? Ah…Mince…Même pas Afghan ? ».

« Moi, je ne suis pas syrien, alors… »

Plus de mille personnes s’étaient mis en route dans la journée, à pied, direction l’Autriche, direction l’Ouest. Un tour de force. Ils étaient encore bien plus nombreux à être restés sur le carreau à la gare, piégés dans un pays dont ils ne voulaient pas et qui ne voulait pas d’eux non plus de toute façon.

Quand, après une trentaine de kilomètres parcourus, ils ont vu débouler les bus, ils ont cru à un coup fourré, comme le jour d’avant où un train qui devait partir pour l’Autriche avait finalement dévié pour le centre de rétention de Bicske. Alors les frondeurs envoyèrent un premier bus en éclaireur jusqu’à la frontière pour s’assurer que cette fois, le gouvernement ne les menait pas en bateau, mais en bus, et jusqu’en Autriche. Les bus de Volan, réquisitionnés ! Les bus de la BKV, réquisitionnés ! Une centaine de vieux Ikarus accordéon lancés tambour battant sur l’autoroute M1 !

On chanterait des louanges aux sauveurs Autrichiens, mais ce n’était pas tout à fait aussi simple. A Budapest, une cellule de crise au milieu de la nuit avait décidé d’envoyer cent quatre bus et tant pis pour les Autrichiens qui – en coulisses – avaient envoyé leurs flics flanqués de collègues allemands pour s’assurer que les Hongrois ne leur joueraient pas de mauvais coup en laissant partir quelques trains, par inadvertance…

Et les Autrichiens arrachèrent les réfugiés des griffes des barbares hongrois

Le lendemain, l’opération recommençait : les réfugiés laissés sur les carreaux des souterrains de Keleti imitaient ceux du jour précédent et se mettaient aussi en route. La police leur ouvrait littéralement la route. Sur leur passage, une jeune blonde sur une affiche gouvernementale proclamait en hongrois : « Nous ne voulons pas de clandestins ! ». Une camionnette de l’organisation Migszol les suivait pour acheminer des vivres. Certains habitants donnaient des bouteilles d’eau ou à manger. Un volontaire se plaignait : « Le gouvernement allemand est irresponsable, la situation est devenue hors de contrôle ici, le gouvernement essaie d’improviser mais il ne sait pas quoi faire ». « On marchera jusqu’en Autriche ! », assuraient les marcheurs. Ils avaient pris leur destin en mains et fait plier les lois.

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«Question con, réponse con» : la réponse du MKKP à la campagne d’Orbán

HU-LALA (Hongrie) - sam, 03/09/2016 - 11:23
Le Parti du chien à deux queues (MKKP) a encore frappé. Le célèbre mouvement satirique a décidé de tourner en dérision la campagne d’affichage gouvernementale en vue du référendum sur les quotas de réfugiés le 2 octobre prochain.

En juillet dernier, le gouvernement de Viktor Orbán a dévoilé une série d’affiches choc pour promouvoir le référendum sur les velléités de Bruxelles d’imposer à l’avenir tout système de quota de réfugiés aux États membres de l’Union européenne. Une formulation un peu ampoulée mais qui résume assez bien les enjeux assez obscures de cette consultation nationale, prévue pour le 2 octobre prochain. Les messages inscrits sur ces affiches, en mode «Le saviez-vous ?» avaient suscité un tollé du côté de l’opposition, reprochant au parti au pouvoir – le Fidesz – de verser dans la surenchère xénophobe.

«Le saviez-vous ? L’attentat de Paris a été commis par des migrants»

Alors que la gauche a décidé de boycotter le scrutin, l’espace public, que ce soit en ville ou en zone rurale, a été envahi par ces grandes affiches bleues et jaunes, enjoignant les Hongrois à prendre la mesure du péril migratoire associé au risque terroriste. Pour rééquilibrer l’effet visuel total de la campagne, le Parti du chien à deux queues (MKKP), célèbre mouvement satirique, a décidé de riposter sur le ton de la dérision. Le résultat : une série de visuels reprenant les codes graphiques de la propagande gouvernementale, avec des messages tous plus absurdes les uns que les autres, ayant pour point commun la baseline suivante : «Question con, réponse con : fais que ton vote soit invalide !». Si le référendum n’attire pas suffisamment de suffrages exprimés (50%), il sera invalidé.

«Le saviez-vous ? Celui qui est contre eux est avec eux.»

«Le saviez-vous ? Non.»

«Le saviez-vous ? Quoi donc ?»

«Le saviez-vous ? Un Hongrois moyen a vu plus d’OVNI dans sa vie que de réfugiés.»

«Le saviez-vous ? La plupart des délits de corruption sont commis par des politiciens.»

«Le saviez-vous ? En Syrie, c’est la guerre.»

«Le saviez-vous ? De la Hongrie, plus d’un million de personnes aimeraient aller en Europe.»

«Le saviez-vous ? Seulement en Mongolie, quatre personnes sont mortes l’année dernière en glissant sur une peau de banane.»

«Le saviez-vous ? Ce que tout le monde répète, ça parait vrai. Ce que tout le monde répète, ça parait vrai. Ce que tout le monde répète, ça parait vrai. Ce que tout le monde répète, ça parait vrai. Ce que tout le monde répète, ça parait vrai. Ce que tout le monde répète, ça parait vrai.»

«Le saviez-vous ? Depuis la création du prix, c’est János Áder qui a reçu le plus de Croix de Chevalier.» (en référence à l’affaire Bayer)

«Le saviez-vous ? Si vous écrivez un message trop long sur une affiche, personne n’aura le temps de la lire jusqu’au bout, mais celui qui essaye malgré tout, alors ça gênera son attention et …»

«Le saviez-vous ? Depuis le début de la crise migratoire, il y a plus d’affiches bleues en Hongrie que de réfugiés.»

«Le saviez-vous ? Moscou veut établir une centrale nucléaire en Hongrie.» (en référence au scandale de Paks)

«Le saviez-vous ? Les gens ne sont pas stupides.»

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Budapest capitale mondiale de la décroissance

HU-LALA (Hongrie) - ven, 02/09/2016 - 14:46
Du 30 août au 3 septembre se tient la Conférence internationale de la décroissance à Budapest. Organisée par trois comités répartis entre Budapest, Zagreb et Ljubljana, l’enjeu de l’événement est, entre autres, de mener une réflexion approfondie sur la trajectoire économique, sociale et politique des pays d’Europe centrale et orientale.

En ce soir de 30 août, dans le magnifique immeuble de l’Université Corvinus, celui qui domine le Danube de sa rive orientale, l’amphithéâtre qui accueille la première séance plénière de la Conférence internationale de la décroissance est plein à craquer. Plus de 400 personnes venues de toute l’Europe – et même de plus loin – sont venues écouter quasi-religieusement les orateurs du moment. Les hongrois Zoltán Pogátsa et Alexandra Köves, la chercheuse croate Danijela Dolenec, ainsi que l’hellène Giorgos Kallis discutent de «décroissance dans un contexte semi-périphérique». Tout un symbole dans la capitale hongroise Budapest, métropole brouillonne de cette Europe qui vient.

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La Conférence internationale de la décroissance crue 2016 est la cinquième édition d’une manifestation qui croise les sphères militantes et académiques. Selon l’un des principaux instigateurs de l’événement, Vincent Liegey (par ailleurs «vieux compagnon de route» de Hulala, nda), le choix de Budapest s’est fait lors d’une table-ronde portant sur la décroissance en contexte post-socialiste, organisée lors de la précédente édition à Leipzig. Par ailleurs, il entre en écho «avec des initiatives locales qui se font en lien avec la décroissance», notamment la plateforme logistique Cargonomia, spécialisée dans la mise en relation entre producteurs et consommateurs. «On s’est dits que ce serait intéressant d’organiser l’événement en Europe centrale. Alors on a candidaté. On a créé un collectif avec des Hongrois, avec des étrangers comme moi qui vivent à Budapest, mais aussi avec des gens qui viennent d’un peu partout dans la région».

Le mélange des genres entre chercheurs et militants promet d’être détonnant, dans la mesure où les uns et les autres ne partagent pas toujours la même culture du débat et de la controverse. Toute une brigade chargée de la «convivialité» a d’ailleurs été créée pour que la mayonnaise prenne bien : elle s’est vue confier l’organisation de la «Semaine de la décroissance». Il s’agit – selon le site Internet de l’événement – d’un festival ouvert qui «proposera dans toute la ville des ateliers pratiques, des visites d’alternatives où créativité et démocratie participative se mêleront à la convivialité pour imaginer d’autres possibles». Fidèle au credo de ce mouvement politique né dans les années 1970, l’ambition est d’encourager la transversalité, ne plus opposer «ceux qui pensent» à «ceux qui font».

Tombés en décroissance

Dans les faits, l’Europe centrale en tant que telle a peu répondu présent à l’appel, tandis que plusieurs activistes originaires des Balkans ont au contraire montré un plus grand enthousiasme. Pourtant, comme le rappelle Vincent Liegey, parmi les inspirateurs du mouvement se trouvaient de nombreux intellectuels de la Mitteleuropa. Outre la figure tutélaire de Karl (Károly) Polányi, penseur hongrois, auteur de la Grande transformation, la décroissance s’inscrit aussi dans les pas des Viennois Ivan Illich et André Gorz, ou encore du Roumain Nicholas Georgescu-Roegen, auquel Jacques Grinevald et Vincent Liegey ont consacré un reportage en 2008.

Décroissance : Hommage à Nicholas Georgescu-Roegen from Décroissance – Degrowth on Vimeo.

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«Il faut de toute façon partir un jour»

HU-LALA (Hongrie) - jeu, 01/09/2016 - 08:11
Comme de nombreuses régions rurales du pays, le département de Somogy est frappé par le déclin démographique. A la frontière avec la Croatie, les villages se désertifient, les habitants partent travailler en Angleterre…et les écoles ferment.

La version originale de cet article écrit par Péter Hardi, a été publiée le 12 août 2016 dans Szabad Föld sous le titre «Egyszer úgyis menni kel». La traduction en français a été réalisée par Paul Maddens. Máté et Beátá. Photo de Németh András Péter (Szabad Föld).

A Vízvár, longtemps on n’a pas voulu y croire : le cycle supérieur de l’école générale (primaire et collège rassemblés ¹) n’ouvrira pas cet automne et il est à craindre que dans peu de temps les classes inférieures ferment aussi et que pour finir un cadenas soit aussi posé à l’óvoda (le jardin d’enfants). Les habitants du village maugréent car le transport des enfants vers d’autres écoles leur causent toutes les peines du monde. Les décideurs parlent d’égalité des chances, mais en vérité les charges des enfants s’accroissent.

Deux jeunes âgés de dix ans déambulent dans la cour de l’école, une fille et un garçon, Beáta et Maté. Beáta vient de terminer la sixième année (ndlr : ce qui correspond au CE2) et Máté la septième (ndlr : le CE1). A côté de la piste de gymnastique asphaltée, nous cherchons une place pour les prendre en photo. La petite fille se débrouille remarquablement bien avec ses patins à roulettes aux pieds.

– J’en fait depuis que je suis petite – répond-elle à mes paroles élogieuses en hochant la tête. Si c’est possible, je ne les enlève même pas.

– C’est avec ça que tu vas aller aussi à Csurgó ? (Sous-entendu à l’école de Csurgó qui les accueillera une fois l’école de Vízvár fermée) ?

Beáta se méprend sur le sens de ma question. Elle répond en souriant :

– Je serai interne, mais je les emmène avec moi.

Nous marchons dans Vízvár, dans le Sud du département de Somogy. Dans la commune, c’est justement maintenant qu’ils suppriment le cycle supérieur de l’école.

– Pourquoi à Csurgó ? – je demande à Beáta.

– Là-bas il y a un internat. La vérité c’est que je ne suis pas une bonne élève, mais ma mère a dit que là-bas ils vont s’occuper de moi – rit elle.

Máté est un garçon sérieux. Il écoute notre discussion avec attention.

– Et toi ? – je le regarde – toi aussi tu vas à Csurgó ?

– Non, moi à Barcs. C’est aussi loin que Csurgó, environ 25-30 kilomètres, mais dans l’autre direction. Je pourrais aller moins loin, à Babócsa, mais là-bas c’est mal fréquenté, ajoute-t-il, en connaissance de cause

Babócsa a été désigné comme secteur scolaire pour les habitants de Vízvár. Autrement dit si quelqu’un se présente là-bas, il ne peut être refusé. Parmi les parents des quarante enfants, quatre ont choisi cette école.

– Alors tu seras externe. A quelle heure il faudra te lever ?

– A 5h30 car le bus part à 6h30.

– Jusqu’à maintenant à quelle heure tu te levais ?

– Jusqu’à maintenant 7h00 suffisait.

Dans la cour de l’école, malgré l’interruption estivale, on perçoit un peu de vie : dans la cuisine, ils préparent à manger pour les bénéficiaires de l’aide sociale et de la nourriture chaude arrive d’ici aussi sur certains lieux de travail. Nous arrivons à midi. En dehors de Beáta et de Máté nous rencontrons par hasard quelques parents concernés par la fermeture de l’école. Alors que les enfants commentent avec le calme des observateurs leur destinée engendrée par la décision des adultes, je perçois sur les parents des signes de colère.

Photo de Németh András Péter (Szabad Föld).

– Ils nous ont longtemps trompé en nous disant que tout ira bien. C’est seulement début mai que leur véritable intention s’est révélée, quand il était définitivement trop tard pour faire quelque chose.

La femme a également inscrit à Barcs sa fille qui était en 7ème année (CE1). Selon elle le plus gros souci, c’est le transport. En effet, le bus scolaire ne vient pas de la ville (Barcs) jusqu’à Vízvár, mais seulement jusque Bolho d’où il repart vers Barcs après un quart d’heure d’attente. En plus, il n’est pas sûr que son enfant pourra toujours trouver une place dans le bus bondé du matin.

Il y aurait besoin d’un bus scolaire jusqu’à Vízvár mais le KLIKK (ndlr : organe central de gestion du système scolaire) n’a passé commande que pour Babócsa et, selon la règlementation, le parent qui inscrit son enfant ailleurs doit se débrouiller pour le transport.

L’autre parent a choisi Csurgó pour son enfant. La petite fille sera interne car pour aller à Csurgó le transport est encore plus difficile que pour Barcs. Le bus part le matin à 5h20. Pourquoi Csurgó ? Parce qu’elle a un enfant lycéen qui va déjà là-bas et pourra faire attention à sa petite sœur.

– Et vous savez ce qui est le plus rageant dans tout cela ? –me demande la maman en me fixant – c’est qu’ils économisent en tout et pour tout 13 millions de forints (ndlr : environ 43 000 euros) avec cette réorganisation.

Le maire, László Kozma, se tient à côté de nous, de temps en temps il opine de la tête. Je l’avais rencontré aussi à la mairie où il m’avait présenté les grandes lignes du processus conduisant à la fermeture du cycle supérieur. Il fut un temps où tout allait bien tout au moins pour Vízvár… Encore au milieu des années 70, quand ils ont construit ici l’école y compris pour deux communes voisines, Bélavár et Heresznye. Vízvár se trouve entre les deux à quelques kilomètres.  De ces trois communes venaient toujours largement assez d’élèves pour le maintien de l’école. Puis leur nombre a diminué…et maintenant il n’en vient plus du tout.

Quand László Kozma a été élu pour la première fois en 1998, il y avait encore 824 habitants à Vízvár. Aujourd’hui ils ne sont plus que 500 (400 Bélavár et 300 à Heresznye).  Cela suffirait pour « alimenter » l’école si les trois villages ne vieillissaient pas dangereusement. 64 élèves seulement ont terminé l’année scolaire présente et parmi eux plus de 40 dans le cycle supérieur.

– L’an dernier en Novembre ils ont signalé pour la première fois qu’il y aura des changements, continue le maire. Même dans nos cauchemars nous ne pensions pas que cela signifie la fermeture des classes supérieures. Pourtant, à ce moment il aurait été encore possible de faire quelque chose : nous aurions dû devenir une école de « nationalité » (2). Quand nous avons appris cela cette année, il était trop tard. La loi stipule le rattrapage scolaire, mais en vérité elle mutile le village.

– Mais en ville les possibilités des enfants sont meilleures – je prends sur moi le rôle d’avocat du diable.

– En aucune façon. Notre école est aussi bien équipée et les enseignants sont grosso modo les mêmes. Les professeurs spécialisés allaient d’une école à l’autre pour avoir leur nombre d’heures. Maintenant ce sont les enfants qui vont à eux.

Après cet exposé des faits, nous partons pour une visite de l’école. L’école et la maison communale sont à peu près à deux cents mètres l’une de l’autre. Le soleil déverse une chaleur torride que l’asphalte rediffuse par en-dessous. Les platanes de la cour de l’école forment un refuge.

– C’est nous qui les avons plantés dans les années 70 au moment de l’ouverture de l’école quand j’étais élève de l’école générale – le maire poursuit le fil de ma pensée. Quelques décennies se sont écoulées et il se peut que maintenant ce soit moi qui la ferme – sa voix se voile. Mais le platane mutilé bourgeonne, j’ai dit cela à la fête de fin d’année.

Sur le côté de la maison communale il y a la poste, dessus une inscription : à vendre. De l’autre côté de la rue, l’église par contre est en bon état. Les habitants de Vízvár sont catholiques romains, mais le maire a négocié avec le lycée protestant de Csurgó, c’était une partie du combat mené pour l’école… Si seulement cela avait pu en être une partie. Mais finalement il n’est pas allé présenter son idée au prêtre, car celle-ci avait déjà échoué au niveau du corps professoral. Ce n’est pas tant qu’ils avaient un grief contre l’église, mais ils auraient perdu leur statut de fonctionnaire, ce qui n’est pas sans importance à un an ou deux de la retraite. Justement, ils renouvellent en ce moment les meubles de l’église, une partie d’entre eux gît sur le gazon de la cour transformée en parc. Le prêtre Tamás Bencik et le dirigeant du conseil municipal de la minorité rom Péter Bogdán discutent ensemble.

Le père Bencik est arrivé dans la commune il y a 6 ans et a déployé une grande énergie pour ramener les jeunes vers l’église, bien sûr sans les forcer, sachant qu’avec la force il n’arriverait à rien.

Nous regardons la cave située sous le presbytère. Il fut un temps où ils entreposaient les pommes de terre dans cet endroit très humide, aujourd’hui elle a été transformée en salle commune. Quand il a pris la direction de la paroisse, il s’occupait de 25 enfants, cette année il en a déjà 60.

– S’ils suppriment le cycle supérieur, mon travail sera beaucoup plus difficile – il se plaint avec un dépit perceptible – les enfants se lèvent tôt et rentrent le soir fatigués. Ils se dispersent, ils feront partie d’autres communautés. Sans école le village est condamné à la mort –affirme-t-il avec conviction.

Nous nous asseyons avec Péter Bogdán sur les bancs qui longent les escaliers menant à l’église pour discuter. Lui est encore confiant : à son avis le ministre Zoltán Balog (ndlr : pasteur protestant et ministre des ressources humaines) peut, avec une seule signature, modifier ce qui paraît impossible à changer. Il en veut pour preuve l’exemple de Pálmajor où un cycle inférieur avec 6 enfants a démarré parce que le ministre le voulait ainsi.

– La rumeur circule selon laquelle les parents aussi ont voté en faveur de l’arrêt du cycle supérieur.

Il n’est pas surpris par mon intervention, il sort un papier, me demande un stylo.

– Il faut que vous sachiez que l’école de Vízvár est une annexe de l’école générale (1) Déak Ferenc de Barcs. 500 enfants vont là-bas, ici 60.  Ils ont demandé l’opinion des parents, élèves et professeurs. Bien sûr la majorité a voté en faveur de l’arrêt du cycle supérieur, la majorité constituée de ceux de Barcs, car ceux de Vízvár se sont battus pour rester. Par ailleurs, vous savez de quoi il y aurait besoin ? De conditions égales.

J’entends souvent ce genre de choses de la part de dirigeants de conseil de nationalités². Cependant Péter Bogdán ne le mentionne pas dans le sens habituel.

– Des conditions égales pour les Hongrois (note : le mot « hongrois » employé par le représentant des roms, signifie hongrois « non rom »), car s’il suffit de quelques enfants pour ouvrir une classe de « nationalité », cela n’est pas le cas pour la majorité hongroise.

S’ils ne sauvent pas maintenant le cycle supérieur, à la rentrée prochaine peut être l’école n’ouvrira pas non plus car maintenant il reste à Vízvár 14 enfants dont l’âge correspond au cycle inférieur mais seulement 9 ont été inscrits par leurs parents, 5 l’ont été dans d’autres communes avec leur frère ou sœur plus âgé.

L’óvoda (ndlr : le jardin d’enfants) non plus n’a pas grand avenir, craint Gábor Kolics maire de Heresznye :

– Nous ne sommes pas sûrs non plus d’emmener là-bas nos quelques enfants qui vont au jardin d’enfants. Ils ont apporté une contribution de plusieurs millions de forints jusque maintenant pour l’entretien du jardin d’enfants de Vízvár. Par contre, ils peuvent s’en tirer à meilleur prix s’ils se tournent dans une autre direction, vers Bolhó.

– Il n’y a pas d’enfants, c’est l’essentiel, résume-t-il quand je l’interroge sur la cause du phénomène. Ce qui a nous a touché dans le passé a atteint Vízvár : il y a 30-40 ans, il y avait 800-900 habitants à Heresznye, aujourd’hui 260-270. Alors que veut Vízvár ? Tous ceux qui pouvaient en sont partis. Il n’y a pas de travail chez nous non plus.

Il fonde tout de même quelqu’espoir sur la création d’un atelier de couture. Ces quelques femmes qui peuvent et sont disposées à travailler peuvent accéder à un salaire.

– Et les terres ?

– Les terres ? Presque tout est la propriété d’une seule famille. Elle a son parc de machines, elle cultive les terres. Regardez la carte Google : côté croate de la frontière, la terre est partagée en plus petites parcelles et les villages ne se dépeuplent pas comme chez nous.

Les photos de Beáta et de Máté sont faites. Depuis ils ont fermé la cantine.

– N’oublie pas ici la gamelle ! Máté avertit Beáta qui est étourdie. Nous l’accompagnons jusqu’à la maison. Nous ,’avons pas à marcher beaucoup car à Vízvár les distances ne sont pas grandes. Nous remettons la petite fille aux patins à roulettes à sa mère.

– Ce qu’ils ont fait avec l’école est une honte, s’indigne Sasvári Jenőné, pourtant nous avons tout essayé.  Nous sommes 48 à avoir signé pour l’ouverture d’une école de nationalité croate, mais en vain.

– Vous êtes croate ? – Je lui demande.

– Pas du tout.

D’ailleurs je n’ai entendu aucun mot croate à Vízvár. Il y a seulement quelques inscriptions dans cette langue.

Dans la cour il y a un jeune homme, Pál, le frère de Beáta. Il a 19 ans, il apprend le métier de menuisier, mais il ne trouve pas de place dans cette branche.

– C’est fini pour ce village. Moi aussi je pars à l’usine de crabes.

– Où donc ?

– A l’usine de crabes, en Angleterre. On travaillera à la transformation des crabes. Mon ami est déjà là-bas, il m’a dit qu’il allait me trouver une place.

– Et le Brexit ne sera pas un problème ?

– Le Brexit ? C’est quoi ?

– La séparation de la Grande Bretagne d’avec l’Union.

Visiblement le thème laisse froid le jeune homme.

– Finalement ce n’est pas un si grand mal qu’ils ferment le cycle supérieur – intervient Beáta.

Tout le monde la regarde avec étonnement.

– De toute façon, tout le monde doit partir un jour, pas vrai ?

(1) L’école générale hongroise correspond au primaire et au collège rassemblés dans un même établissement)

(2) Ici le mot « nationalité » fait référence à des minorités reconnues officiellement par l’État hongrois (croate, rom, allemande…). Cette reconnaissance donne des droits de représentation dans les communes et des possibilités d’ouverture de sections scolaires spécifiques.

Traduction réalisée par Paul Maddens.

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La Hongrie veut que la Serbie entre dans l’UE au plus vite

HU-LALA (Hongrie) - jeu, 01/09/2016 - 06:50
Rencontre très cordiale mercredi à Budapest entre diplomates Hongrois et Serbes. La diplomatie hongroise a une nouvelle fois plaidé pour une accession rapide de la Serbie, son voisin du sud, à l’Union européenne. Photo: Márton Kovács / Ministry of Foreign Affairs and Trade.

A l’issue d’une rencontre mercredi à Budapest avec la ministre serbe en charge de l’intégration européenne, Jadranka Joksimović, le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, a réclamé que les institutions de l’Union européenne complètent les négociations d’adhésion de la Serbie à l’horizon 2020 au plus tard.

M. Szijjártó a ajouté que toute tentative par les institutions européennes ou des États membres de ralentir le processus d’intégration de la Serbie est “inacceptable”, estimant que la Serbie a rempli toutes les conditions pour l’ouverture de ces négociations.

La Hongrie fait tous les efforts pour soutenir les négociations d’adhésion de la Serbie car la stabilité de l’Europe du Sud-Est est une question de sécurité et dans l’intérêt économique de la Hongrie, a-t-il affirmé.

Le ministre s’est aussi félicité du traitement réservé par Belgrade à la minorité hongroise qui vit dans le nord de la Voïvodine (environ 250 000 personnes). Selon sa formule : le bassin des Carpates serait un meilleur endroit si tous les voisins de la Hongrie faisaient autant que la Serbie pour leur minorité hongroise.

En retour, Jadranka Joksimović a déclaré que la Hongrie est l’un des amis les plus sincères de la Serbie et appuie fermement l’accession à l’Union européenne de son pays. La Serbie poursuivra son approche humanitaire face à la crise des migrants, a-t-elle confirmé. Mais elle s’est refusée à critiquer la Hongrie qui vient pourtant d’annoncer la construction d’une seconde barrière et fait de la Serbie un cul-de-sac pour plusieurs milliers de migrants bloqués sur son territoire.

Sources : kormany.hu, agence serbe Tanjug.

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