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Commémorations de 1956 : le tube qui fait flop

HU-LALA (Hongrie) - jeu, 25/08/2016 - 12:59
« Egy szabad országért ». Le tube composé par Desmond Child qui doit accompagner les commémorations de la révolution hongroise de 1956 au mois d’octobre fait jaser sur la toile.

Il est rare que les commémorations officielles fassent l’unanimité, surtout lorsqu’elles prennent un tour un peu inédit. La commémoration du centenaire de la bataille de Verdun plus tôt cette année avait par exemple suscité l’ire de la droite française et avait rapidement été rebaptisée « J’irai courir sur vos tombes ». 3.400 jeunes français et allemands avaient été littéralement lâchés pour courir entre les tombes de la nécropole.

Il en va de même en Hongrie avec les préparatifs pour les commémorations cet automne du soulèvement antisoviétique de 1956. Un tube a été commandé par les autorités hongroises au grand compositeur américano-magyar Desmond Child, une machine à hit bien connue outre-Atlantique. 50 millions de forint et un sample piqué à un de ses tubes antérieurs plus tard et la rengaine « Egy szabad országért » (Pour un pays libre) était née. Elle est en ligne depuis mercredi sur Youtube.

Le site Rue 89 raconte en détail cette affaire qui agite le web hongrois et considère que « la chanson-hommage aux combattants antisovétiques de 1956 est un autoplagiat à 160 000 euros ». Il cite 444.hu :

« Cette chanson révélée avec fracas par Child ne sent pas le poisson, mais plutôt la merde ».

Le pure-player hongrois se fait effectivement un malin plaisir de dénigrer le travail avec un jeu de mots entre le « halld szavunk » du refrain (« entends nos mots ») et « halszagú » (« qui sent le poisson »).

Desmond Child est le compositeur, le suédois Andreas Carlsson le producteur, Tamás Orbán le parolier. Mária Schmidt, la directrice de la Maison de la Terreur et considérée par ses nombreux détracteurs comme « l’historienne officielle du Fidesz », semble jouer quant à elle le rôle de chef d’orchestre. On la voit d’ailleurs apparaître dans le vidéo-clip.

Photos : magyarforradalom1956 sur facebook

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Tombés en décroissance

HU-LALA (Hongrie) - mer, 24/08/2016 - 16:52
Ils se sont installés plusieurs longs mois à Budapest pour participer à l’organisation de la Conférence internationale de la décroissance, qui aura lieu du 30 août au 3 septembre prochains. Compagnons de route de Hulala pendant tout ce temps, nous avons choisi de leur consacrer ce reportage. Rencontre avec une génération «tombée en décroissance».

Au fond d’un appartement au dédale de couloirs, là où les rayons d’un soleil de fin d’après-midi viennent raviver les couleurs passées des tableaux accrochés au mur, Jérôme et Romance sont en grande discussion. Dans le cadre de la Conférence internationale sur la décroissance, ils finalisent les sous-titres anglais d’un documentaire sur les maraîchers bulgares de Budapest. A quelques pièces de là, dans une cuisine désormais plongée dans la pénombre, Cécile et Valentine s’affairent pour que le repas du soir soit prêt dans les temps. Tout le monde a faim après cette longue journée de travail. Au menu : des pommes de terre au munster, ramené spécialement par Cécile de son Alsace natale. S’étant absenté pour aller régler des préparatifs de dernière minute chez l’imprimeur, Márton, l’occupant habituel des lieux, déboule dans le salon, triomphal, visiblement content de pouvoir se poser, un peu. Enfin !

Jérôme et Márton. En arrière plan Cécile et Romance.

Dans une semaine, ils savent que le rythme, déjà soutenu, va encore monter en intensité. Cette soirée, c’est un peu une façon de décompresser entre eux, de savourer ce calme précaire avant que survienne la tempête. Originaires des quatre coins de la France, Jérôme, Valentine, Márton, Cécile et Romance ne se connaissaient pas tous avant de débarquer à Budapest pour participer à l’organisation de la Conférence. Si Jérôme et Romance s’étaient brièvement côtoyés sur les bancs de SciencesPo Rennes, Márton et Cécile sont quant à eux des amis de longue date, rencontrés sur le campus franco-allemand de SciencesPo Paris à Nancy. Installé en Lorraine depuis son enfance, Márton est l’un des nombreux rejetons d’une famille hongroise émigrée en France et ainsi le seul à avoir des attaches anciennes à Budapest. Quant à Valentine, elle est depuis longtemps amoureuse des Balkans et s’est retrouvée embarquée dans le groupe à la faveur d’une année Erasmus à Budapest. Son cursus scolaire ? SciencesPo aussi. Forcément. Comme tout le monde. Celui de Lyon, la concernant.

«Ancrer la pensée dans le réel»

Formés dans ce que le système français d’enseignement supérieur fait de plus élitiste, ces jeunes gens ont la tête bien faite et un avenir qui semble bien assuré. Pourtant, ça n’est pas de carrière brillante ni d’accomplissement professionnel «à tout prix» dont ils rêvent. Leur regard porte ailleurs. Dans un système social et économique qui semble atteindre un niveau de sclérose avancée, ils cherchent à se soustraire de la machine à broyer. A s’en émanciper. De retour d’un stage à l’ambassade de France en Israël, Cécile a voulu explorer les multiples voies en rupture avec l’orthodoxie économique à laquelle elle a été confrontée. Quant à Márton : «Moi j’avais besoin de repos et de beaucoup lire, car je sortais de six mois de stage à Berlin dans le monde des start up, c’était mon dada avant… et j’ai un peu déchanté. J’ai vendu du mobilier, je me suis barré. Et ensuite, des vêtements pour bébés, je me suis barré. Du coup je suis arrivé ici à l’Université Corvinus en troisième année».

A la recherche d’une «certaine radicalité politique», entretenant les uns et les autres un rapport complexe avec les vieilles matrices idéologiques, ils sont tombés à la faveur de liens sur Facebook sur la décroissance. Un de ceux qui les a inspirés, Vincent Liegey, est devenu pour certains leur maître de stage au sein de l’association de livraison à vélo Cargonomia. Conçue comme un facilitateur logistique en milieu urbain, cette structure est exigeante tant en concepts qu’en sens de la débrouillardise. Pile poil donc ce à quoi aspirait notamment Jérôme, en rupture avec le militantisme traditionnel : «Je m’étais déjà intéressé à la décroissance, j’avais déjà lu Latouche et c’est une pensée qui m’intéressait beaucoup, du coup je voulais aller voir sur le terrain comment ça se passait. Le fait de pouvoir faire un stage qui se raccrochait aussi avec Cargonomia ça ancrait vraiment la pensée dans le réel».

Valentine, Cécile, Jérôme et Márton.

Concernant Valentine et Romance, la rhétorique décroissante leur a davantage permis de mettre en mots un ensemble de réflexions disparates sur la critique sociale, l’environnement, le combat féministe, les droits de l’Homme… qu’elles avaient jusqu’à présent soigneusement tenues à l’écart des courants de pensée traditionnels. Biberonée au développement durable «en pensant que c’était la bonne voie de continuer dans ce système, tout en faisant un peu plus attention à l’environnement», Romance en avait ras-le-bol à SciencesPo de «penser dans le moule» et cherchait à opérer une certaine rupture et «déconstruire tout ça» à coup de Gorz, Illich, etc. Quant à Valentine, elle entretenait une véritable défiance à l’égard des étiquettes, de tous ces mots en «-isme» : «Je me suis bien pété le crâne régulièrement ces trois dernières années, pour développer un regard beaucoup plus critique sur tout ce qui nous entoure, etc. Avec une prise de conscience sur l’écologie qui fait assez mal, surtout quand on a vingt ans. Les systèmes idéologiques m’ont toujours fait peur en général, j’ai souvent refusé de lire des textes qui prônaient une idéologie assez précise et j’en suis même venue à ne lire les textes de la décroissance qu’après avoir rejoint le groupe».

Ce «mot-obus» de décroissance – pour reprendre l’expression de Paul Ariès -, reste selon eux un vocable marginal, suscitant auprès de leurs proches pas mal de circonspection. Au début, Jérôme admet avoir eu lui-même des difficultés à inscrire complètement ses pas dans ce champ idéologique : «Réussir à parler de manière intelligible de la crise civilisationnelle, ce genre de choses, je sentais que ça touchait un point central de ce que je développais depuis un bout de temps. Par rapport à ça, me dire “décroissant” j’avais énormément de mal. C’est aussi lié à plein de tabous. La pensée de la décroissance est encore relativement incomprise même si je pense que les choses changent. A SciencesPo je n’aurais pas de mal à dire que je suis décroissant, mais dans mon environnement familial, c’est quelque chose que j’aurai plus de mal à argumenter». Quant à Cécile, elle pointe le paradoxe de devoir sans cesse se justifier sur son engagement auprès du mouvement, alors que le fait de travailler pour les services économiques de l’ambassade de France à Tel Aviv n’avait jamais soulevé de débat particulier auprès de ses proches.

«Comprendre la fascination incroyable pour l’Ouest»

Márton

Le fait d’organiser la conférence internationale à Budapest s’inscrit dans une réflexion explicite sur la trajectoire sociale et économique des pays post-socialistes. Au-delà du groupe «hongrois», deux autres comités basés à Zagreb et Ljubljana participent à l’événement. Pour Márton, cela permet de mettre la lumière sur la «nécessité d’exploiter avant tout les ressources que l’on a autour de soi». Pour ce franco-hongrois parfaitement bilingue, il y a tout un travail à mener pour «comprendre la fascination incroyable pour l’Ouest, qui existe au sein de plusieurs générations». Selon lui, celle-ci «doit être mise en balance avec tout un tas de choses importantes que les gens ont perdues après le socialisme, comme la solidarité, la culture, l’emploi».

Jérôme, qui revient d’un séjour de plusieurs mois au Cameroun, abonde quant à lui sur cette difficulté du chassé croisé entre les aspirations des pays riches et de ceux considérés comme «en développement» : «En Afrique, je me trouvais souvent confronté à pas mal de mecs que je venais à peine de rencontrer, qui me prenaient à moto et qui me demandaient de les emmener à Paris parce que ça avait l’air super cool. Alors que moi, je voyais la route en terre battue, les poulets qui traversent, les mamas qui te gueulent dessus… et moi je trouvais ça génial ! J’ai ressenti alors quelque chose d’un peu contradictoire de vouloir apporter ainsi, dans la posture du néo-colonisateur, une pensée de l’émancipation». Si en Hongrie, ce tiraillement se fait de façon moins puissante, il admet avoir toujours du mal à composer avec ce «renversement des perceptions».

Cécile

Valentine reconnait être avec les autres dans une «position de donneurs de leçons», mais admet dans le même temps, ce qu’elle doit à son expérience hongroise : «C’est un terreau vachement intéressant pour voir comment ça fonctionne. Il y a par exemple moins de réseaux militants un peu pourris qu’en France. Alors que les pratiques décroissantes sont très hipsterisées en France, ici c’est plutôt normal. Ça c’est agréable». Jérôme apprécie également que les «alternatives concrètes» relèvent à Budapest du bon sens, d’une recherche sincère d’un bien vivre ensemble. «Sans rechercher un réflexe politisé derrière», ajoute-t-il, prenant l’exemple de la Critical mass, cette traditionnelle manifestation de vélos qui échappe encore à toute forme de récupération politique.

«Monter des projets, là où ça fera sens»

Tous ont conscience d’évoluer à Budapest dans un «ghetto intellectuel», comme en témoigne Cécile : «J’ai une vision très très biaisée de la Hongrie, de Budapest, parce qu’on vit dans un milieu – qui n’est pas celui des expatriés de l’ambassade ! – avec des internationaux, qui évoluent dans des sphères intellectuelles qui n’ont rien à voir avec le reste de la Hongrie. J’ai eu très peu de contact ou de vraie immersion en dehors de ce ghetto-là». De là à voir une contradiction avec le discours écologiste sur l’ancrage, le fameux «agir local» ? Pas vraiment selon eux, car cette expérience hongroise procède de la circulation des idées qui commande plutôt le «penser global». A ce propos, Márton rappelle que la vélorution parisienne avait été créée par des Italiens, que le mouvement décroissant à Barcelone, c’était des Bulgares et des Grecs, etc. Et d’évoquer les exemples – nombreux – d’étrangers qui avaient fini par définitivement poser leurs valises à Budapest, comme les britanniques Tracy du mouvement Villes en transition et Matthew de la ferme bio de Zsámbok, et plus près d’eux l’américain Logan et le français Vincent Liegey qui s’investissent depuis de longues années dans Cargonomia.

Valentine admet ne pas trop savoir comment se positionner, avouant que la question l’a beaucoup travaillée à Budapest. «Mais c’est aussi la raison pour laquelle j’ai envie de retourner à Lyon, continuer ces démarches là, ces réflexions là, c’est actions là, dans mon territoire vécu. Parce que je pense que ça fait d’autant plus sens de faire ça aussi chez soi». Pour Cécile, même constat : «Cette conférence ce n’est pas définitif, on sait qu’on n’est pas en train de monter un projet qui nous est propre dans un endroit qui nous est pas forcément familier». Elle voit cela davantage comme un apprentissage, une découverte : «Avec tout ce bagage là, ce qui me donne envie aussi, c’est d’aller monter mes projets, là où ça fera sens, ça sera en France je pense, que ce soit à Paris ou en Alsace».

Par ailleurs, la Conférence internationale de la décroissance devrait laisser beaucoup de place à ce décentrement du regard : «Une des ambitions de la conférence, c’est de dire aussi, c’est pas que des intellectuels occidentaux, mâles blancs, qui viennent déblatérer sur le sujet. Il y a un vrai effort qui a été mis pour inviter des keynotes qui viennent de pays du Sud, pour donner une vision différente. Ça peut éviter cette difficulté de la “mission civilisatrice” et équilibrer les regards» ajoute Cécile.

Romance, Valentine, Cécile, Jérôme et Márton

A une semaine de l’événement, l’expérience semble en tout cas les avoir déjà transformés. Ayant le statut de stagiaire ou de bénévole, les leçons qu’ils tirent d’une année aussi intense s’inscrivent tout d’abord dans le champ professionnel, celui de l’économie sociale caractérisée par une porosité grande entre la sphère du travail et celle de la vie privée. Une porosité qui maintient le corps sans cesse mobilisé et les nerfs à vif, mais qui – et ça se voit – épuise. «Une expérience vraiment vraiment éreintante» admet Márton, «et qui du coup, nous forge». Pour Cécile, cette «expérimentation de nouvelles formes de travail, de rapports humains dans le travail a certes eu des conséquences négatives sur nous, mais qui fait qu’on en ressort beaucoup plus solides, avec des envies d’apprendre de ça. Au niveau professionnel et militant j’ai appris mille choses».

Sur le plan intellectuel, le bilan est beaucoup plus positif, chacun vantant des mois très riches, qui impliquent pour la vie de repenser tout un parcours qui était «censé être plus ou moins tracé». «Je pense qu’on a touché un collectif rassemblé autour de cette pensée là, en pratique, en termes humains, en termes militants. Pour nous, c’est extrêmement intéressant car ça nous laisse pas mal d’idées, de questions pour l’avenir» estime ainsi Valentine. Pour Márton, la principale reconnaissance de tout le travail fourni, c’est d’avoir pu œuvrer mois après mois à «mettre en place des plateformes pour que les gens se rencontrent et qu’ils puissent ensemble rêver et œuvrer à des meilleurs futurs au pluriel». 

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En Hongrie, la distinction de Bayer se mue en scandale politique

HU-LALA (Hongrie) - lun, 22/08/2016 - 16:28
Le journaliste Zsolt Bayer a reçu le 20 août dernier la Grande Croix de Chevalier de l’Ordre du mérite des mains du vice-Premier ministre hongrois, János Lázár. Du fait de son antisémitisme notoire, de phrases qu’il a écrites appelant au meurtre de Roms, cette décision du gouvernement suscite un émoi profond dans le pays. Plusieurs personnalités ont symboliquement rendu leur décoration pour manifester leur indignation.

Samedi dernier, les Hongrois ont célébré comme chaque année le jour de saint Étienne, première des fêtes nationales du pays. A cette occasion, le président de la République, János Áder, a accordé, comme le veut l’usage, plusieurs dizaines de distinctions à des personnalités diverses, œuvrant pour le rayonnement intellectuel et culturel du pays. Parmi ces dernières, Zsolt Bayer, journaliste sur la chaîne ultraconservatrice Echo TV, a été fait au nom du gouvernement Chevalier de l’Ordre du mérite, soit une des plus hautes distinctions de l’État. Cette récompense a suscité un véritable tollé dans le pays. Fait rare, plusieurs personnalités ont décidé de répudier leur décoration «afin de ne pas être assimilés à Bayer».

«Une partie de la population rom n’est pas apte et ne devrait pas (…) vivre parmi les humains».

Et pour cause. Zsolt Bayer, homme de médias âgé de 53 ans, a ponctué sa carrière de violentes saillies racistes, antisémites et tsiganophobes. La première en date remonte à 2006, dans la traînée du fait divers d’Olaszliszka, au cours duquel un automobiliste avait été battu à mort par des Roms du village pour avoir renversé une petite fille tsigane qui traversait la route. Dans un article paru le 17 octobre dans la version électronique du conservateur Magyar Nemzet, Zsolt Bayer a estimé que dans telle situation, le chauffeur aurait été mieux inspiré de se procurer une arme à feu et de l’utiliser dès que les «animaux» (sic) avaient commencé à «s’attrouper» autour de lui.

Dans une lettre ouverte publiée en 2008 dans Magyar Hírlap, le journaliste d’extrême-droite s’en est pris vertement à un responsable politique libéral de confession juive, János Kóka. Le comparant aux clients des fameux cabarets du Berlin de l’Entre-deux-guerres qui s’évertuaient à «arroser et uriner sur tout ce qui était important et sacré pour les Allemands», il avait conclu son parallèle douteux en ces termes : «Et puis un soir se sont présentés des jeunes hommes allemands très blonds, avec des yeux très bleus, ainsi qu’un brassard avec une croix gammée, puis se sont mis à frapper sur le comptoir le visage du propriétaire, jusqu’à le rendre méconnaissable…».

En 2011, Zsolt Bayer s’est attaqué aux «Cohn, Cohn-Bendit et Schiff», à ses yeux trop critiques envers le gouvernement hongrois, déplorant au passage que «l’on n’ait pas réussi à les enterrer tous jusqu’au cou dans la forêt d’Orgovány». Ce bois situé à côté de Kecskemét avait été le lieu de l’exécution de plusieurs personnalités de gauche lors de la Terreur blanche diligentée par Miklós Horthy en 1919. Le 5 janvier 2013, il a violemment réagi à un fait divers impliquant des Roms à Szigethalom au sud de Budapest, estimant qu’«une partie de [cette] population n’était pas apte et ne devrait pas (…) vivre parmi les humains. Cette moitié de la communauté tsigane (…) ruine les chances de l’autre moitié». Cet article a été jugé l’année dernière comme incitant à la haine par le Conseil national des médias.

Zsolt Bayer, un ami qui vous veut du bien…

Plus récemment, le journaliste d’extrême-droite s’est distingué par des diatribes hostiles aux réfugiés syriens et afghans, déclarant toujours dans Magyar Hírlap : «Il s’est passé un an et plusieurs milliers de migrants attaquent l’Allemagne en justice parce qu’ils instruisent trop lentement leurs dossiers de demande d’asile. Il s’est passé un an, et même les malades mentaux se rendent compte qu’il n’y a pas de limite à l’indécence. Et je ne parle même pas des meurtres, des divers faits de criminalité. Et il ne s’est passé qu’un an…» (2016).

Le fait que Zsolt Bayer puisse recevoir une des plus hautes distinctions du pays des mains de János Lázár, numéro deux du gouvernement, s’explique par la grande proximité entre le journaliste et le Premier ministre Viktor Orbán. Zsolt Bayer est en effet l’un des fondateurs du Fidesz et l’organisateur des «marches pour la paix» (békemenet) qui rassemblent depuis 2012 les partisans du parti au pouvoir. Homme de médias, il ratisse depuis plusieurs années pour le compte du gouvernement la frange la plus droitière de son électorat. Quitte à marcher sans vergogne sur les plates-bandes du Jobbik.

« Honteux »

La nouvelle de la distinction de Zsolt Bayer a suscité de vives réactions dans le pays. A gauche, le Parti socialiste hongrois (MSzP) s’est fendu d’un très lapidaire «SZÉGYEN» («HONTEUX»), tandis que le petit parti Együtt a demandé solennellement au Président de la République de revenir sur sa décision. Les journaux classés dans l’opposition, à l’instar de Népszava, Népszabadság ou encore HVG, n’ont pas manqué de ressortir de leurs archives les nombreuses déclarations suite auxquelles Bayer ne devrait pas, selon eux, être éligible à telle distinction. Le clergé juif a également tenu à exprimer sa consternation, déclarant par la voix de Slomó Köves, président de l’EMIH – pourtant réputé proche du pouvoir : «Je n’arrive pas à concevoir que quelqu’un qui, de semaine en semaine se fait remarquer pour sa haine, au nom de quoi et sur quels faits mérite-t-il une distinction de l’État. Pour la communauté juive, il est formellement désobligeant que Bayer, coupable plus d’une fois de phrases à caractère antisémite, puisse bénéficier de quelconque reconnaissance de la part de l’État».

Enfin, chose suffisamment rare pour être soulignée : depuis samedi, plusieurs éminentes personnalités remettent au compte-gouttes leur propre Croix du mérite, estimant ne pas vouloir appartenir à un Ordre qui compte parmi ses membres Zsolt Bayer. Outre l’ancien ombudsman Jenő Kaltenbach ou encore András Heisler, vice-président hongrois du Congrès juif mondial, plus d’une trentaines de personnalités à ce jour ont ainsi tenu à exprimer de cette façon leurs sidération et consternation.

Les partisans de Zsolt Bayer ont choisi de se faire entendre sur Internet. Parmi les plus connus, Mária Schmidt, historienne officielle du Fidesz et directrice de la Maison de la Terreur de Budapest a ainsi écrit sur sa page Facebook : «le Chevalier croisé qui a reçu une Croix de chevalier, refuse que nous perdions nos valeurs, nos traditions, nos sentiments et notre bon sens ! C’est pour tout ça que je félicite Zsolt Bayer pour sa Croix de chevalier !». Si à l’heure où nous écrivons ces lignes, le président de la République a déclaré ne pas souhaiter revenir sur sa décision, ce qui semble prendre heure après heure l’aspect d’un véritable scandale politique le poussera peut-être à rapidement changer de position.

Ce journal lié au Fidesz qui attise la haine contre les migrants

NDA : L’article a été rectifié le 23 août 2016 suite à une erreur signalée par un de nos lecteurs. Nous avions écrit que Zsolt Bayer avait reçu «la plus haute distinction du pays». En réalité, le titre de Chevalier de l’Ordre du mérite correspond au quatrième échelon sur un total de neuf. La plus haute distinction étant la Grande Croix surmontée de la Sainte Couronne de Hongrie (Magyar Érdemrend Szent Koronával ékesített nagykeresztje). Le fonctionnement de l’Ordre procède de la même logique que celui de la Légion d’honneur en France.
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Aux secours, les touristes envahissent Budapest !

HU-LALA (Hongrie) - mer, 17/08/2016 - 16:01

Budapest a beaucoup changé depuis cinq ans. Élégante cité d’Europe centrale au charme discret, la Perle du Danube est désormais connue comme l’une des plus importantes capitales européennes de la fête. Des rives du fleuve au Quartier juif, difficile désormais d’échapper aux enterrements de vie de garçons, aux beer bikes… Pour les locaux, il est de plus en plus dur de trouver sa place dans ces quartiers entièrement voués au tourisme de masse. Les effets des locations Airbnb se faisant ressentir douloureusement sur le montant de leurs propres loyers. L’émission est animée par Joël Le Pavous. Les chroniqueurs sont Ludovic Lepeltier-Kutasi (doctorant en géographie urbaine par ailleurs) et Nicolas Gidaszewski.

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La scientologie inaugure à Budapest son vaisseau amiral pour l’Europe centrale

HU-LALA (Hongrie) - mer, 10/08/2016 - 14:06
A la fin du mois de juillet, l’Église de la Scientologie a ouvert son siège pour l’Europe centrale à Budapest, dans un bâtiment de 8 000 mètres carrés. Un ancien adepte témoigne des méthodes des scientologues. La version originale de cet article a été publiée le 23 juillet 2016 dans Vasárnapi Hírek sous le titre « Lélekszippantók az Orgban – Szombaton hatalmas székházat avatnak Budapesten » (« Les vidangeurs de l’esprit dans l’Org ». Ndlr : « Org », du mot « organisation », est le terme employé en interne chez les scientologues pour désigner un centre de scientologie). La traduction en français a été réalisée par Paul Maddens. Photo : Gábor Lakos.

Après des préparatifs de plusieurs mois, enfin s’ouvre le siège monumental des scientologues, sur Váci út à Budapest, le Org Idéal de Budapest, ainsi qu’ils le nomment eux-mêmes. Ils ont acheté le bâtiment grâce à des dons. Selon les informations communiquées par le directeur des relations publiques, László Lange, a notre journal : la rénovation du bâtiment d’environ 8 000 mètres carrés a coûté plusieurs milliards de forints (ndlr : 1 milliard de forints équivaut à peu près à 3 200 000 euros). La presse a évoqué antérieurement la somme de 2,5 milliard de forints. « Étant donné que cet organisme est le centre de la scientologie pour la totalité de l’Europe Centrale, (12 pays, 200 millions de personnes ), les dons sont venus des pays environnants et même de l’autre moitié de la terre » – a-t-il répondu à notre interrogation sur la provenance d’autant d’argent. Le bruit a couru que le dirigeant scientologue David Miscavige pourrait se rende à Budapest pour la cérémonie d’ouverture de samedi, ne serait-ce que parce que se tient dimanche le « sommet européen des orgs idéaux réunis », quoi que cela puisse vouloir dire. László Lange s’est contenté de commenter : « Viendront à cette cérémonie d’ouverture à caractère privé ceux qui ont contribué à la création du centre de quelque façon que ce soit ».

Mais pourquoi faut-il un centre aussi grand pour une (en principe) petite Église si controversée. Selon la réponse officielle, « ce bâtiment sera en mesure d’être au service d’exigences croissantes dans les années à venir ». Cette exigence se révèle à l’occasion des stages d’enseignement des techniques commerciales et de réalisation de soi, qui constituent une grande partie de l’activité visible des scientologues. C’est justement en raison de la « technologie mentale » dénommée « audit » par les scientologues que de nombreuses critiques sont émises à son encontre de par le monde. Selon ces critiques, les stages scientologues consistent surtout à « plumer » les fidèles : on demande jusqu’à plusieurs millions de forints pour les cursus à la fin desquels la personne devient « propre » (clean) en terme spécialisé. Encore en 2011, la présidente de l’époque, Weith Katalin – qui aurait quitté les scientologues, selon les rumeurs  – a déclaré que cela peut coûter 1 à 2 millions de forints à un fidèle pour accéder à la catégorie supérieure (note : soit de 3 000 à 6 000 euros).

Selon Péter Bonyai, dirigeant qui s’est retiré de l’église il y a dix ans, l’activité de la communauté est avant tout centrée sur le profit financier. Il a dit à notre journal : « Les scientologues, dans la pratique, emballent le business du développement personnel dans une enveloppe confessionnelle en raison des avantages juridiques et fiscaux. Les spécialistes qui font autorité qualifient de charlatanisme leurs méthodes de désintoxication de la drogue et leur technique d’audit qui ressemble à la psychanalyse ». En dix années, Péter Bonyai a payé près de dix millions de forints pour les différentes formations, sans comptabiliser le travail accompli gratuitement pour eux.

László Lange, le représentant de l’église, dans le même temps, invoque le fait que dans le bâtiment de Váci út, une partie des stages sera gratuite, de la même façon que les cérémonies, conférences et manifestations qui auront lieu le week-end. Par contre, selon Péter Bonyai, les sommes payées par les stagiaires ne constituent qu’une petite partie des rentrées d’argent, il rentre beaucoup plus d’argent sous forme de dons dans la « tirelire ».

En 1993, le Parlement avait qualifié l’Église de Scientologie Hongroise de secte destructrice et lui avait retiré l’aide de l’État. Deux années plus tard, la qualification de « secte destructrice » avait été annulée. La communauté s’est étendue depuis et a été capable de continuer à fonctionner, même sans aide de l’État. Selon ses détracteurs, la raison en est que les scientologues font ouvrir aux croyants perdus et souvent fragiles leur portefeuille par des méthodes raffinées.

Selon les dires de Péter Bonyai, les scientologues ne tiennent pas de registre de leurs membres et il n’est donc pas possible de savoir précisément combien il y a de fidèles en Hongrie. A son avis, plus de 100 000 personnes ont été en contact avec eux, d’une façon ou d’une autre. Environ 10 000 auraient participé à un stage, mais le noyau actif constituerait de 1 000 à 1 500 personnes. Cet effectif est élevé au regard du reste de l’Europe de l’Est, car les scientologues ne sont pratiquement pas présents dans la région. Ils sont actifs aussi en Roumanie dans les régions habitées par des Hongrois. Selon Péter Bonyai, le risque encouru lorsque l’on quitte l’Église est avant-tout que les connaissances restées dans l’Église ne daignent plus jamais parler avec celui qui part, ceci pouvant avoir des effets fâcheux sur les acteurs de la vie commerciale dont les affaires dépendent de la communauté.

L’Église de Scientologie est considérée comme un risque pour la sécurité nationale dans plusieurs pays, y compris en Hongrie. Bien que les annuaires antérieurs du Bureau de la Sécurité Nationale ne désignent pas les scientologues, dans l’édition de 2006, il est fait mention de mouvements religieux dangereux pour une société, qui se montrent comme organisation « apparemment dépourvue d’ambitions politiques…elles cherchent la possibilité de nouer des contacts avec des entreprises, des fondations, des organisations civiles, candidats habituels des appels d’offres de l’État ». Mais pourquoi leur activité présenterait-elle un risque pour le pays ? Les scientologues eux-mêmes se sont efforcés de le savoir auprès des services secrets, mais – ce qui n’est pas surprenant – ceux-ci ont décliné leur demande et nié le fait qu’ils les surveillent. Pourtant, dans d’autres pays les scientologues sont dans le radar des services secrets. Par exemple en Russie à la fin du mois de juin, les services de sécurité ont procédé à des perquisitions dans 14 bureaux simultanément et ont trouvé des documents confirmant que l’Église mène des activités financières illégales dans le pays.

Péter Bonyai mentionne deux éléments qui préoccupent les services secrets : « D’une part ils récoltent énormément de dons, une partie de ceux-ci peuvent facilement être de l’argent sale. Il y a eu une semaine où ils ont recueilli 40 millions de forints dont on ne connaît pas  l’origine (ndlr : soit environ 130 000 euros) ». Un risque encore plus grand tient au fait qu’une partie des procédures d’audit est liée à la détection de mensonges et débute par une confession. Ils harcèlent de questions les croyants à propos de leurs actes passés, leurs fautes, leurs habitudes et aberrations sexuelles et ils enregistrent l’interview. De cette façon un grand nombre d’informations sensibles tombent en leur possession. On pourrait dès lors imaginer qu’ils viennent à apprendre des choses sensibles liées à des membres du gouvernement ou des hommes politiques. Peut-être est-ce la raison pour laquelle selon une théorie – non prouvée – les scientologues travaillent avec la CIA.

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Un Sziget en mode «superstar»

HU-LALA (Hongrie) - mer, 10/08/2016 - 12:19
A partir d’aujourd’hui, du 10 au 17 août, débute Sziget, le plus grand et prestigieux festival de Hongrie situé sur la mythique île d’Óbuda.

La présence des ingrédients qui ont fait son incroyable succès lors des éditions précédentes est évidemment assurée pour la 24e : un décor de rêve –  un îlot de plus de 100 hectares –  un plateau de stars internationales, une plénitude de programmes musicaux, artistiques ou sportifs, un éclectisme unique en son genre en Europe… L’édition 2016 devrait un nouvelle fois attirer un nombre impressionnant de spectateurs venus des quatre coins de la planète.

En invitant Rihanna, l’organisation de Sziget a frappé un énorme coup marketing. La présence de l’artiste la plus visionnée sur YouTube en 2015, omniprésente sur les réseaux sociaux, a en effet engendré un «buzz» sans précédent pour le festival hongrois. Lors du concert de la natif de la Barbade, ce jeudi, Sziget devrait faire «île comble» avec 90 000 visiteurs – soit la limite de capacité d’accueil du festival – selon l’un de ses créateurs Károly Gerendai.

Cependant, le concert de la «superstar» n’explique pas à lui seul le succès annoncé de cette édition tant la programmation pendant ces 7 jours de fêtes s’annonce prestigieuse, variée et festive : M83, Muse, Naughty Boy, Parov Stelar, Sigúr Ros, Noel Gallagher, Sia, Crystal Castle… Nul doute qu’en 2016, le chiffre record de 441 000 entrées de l’année dernière devrait être dépassé.

Au milieu de ces milliers de festivaliers, venus de plus de 90 pays différents, se trouveront en majorité des ressortissants du Royaume Uni, d’Allemagne ou d’Hollande, des pays dans lesquels les «pass» se vendent comme des petits pains. Les français seront également, comme leur habitude, très bien représentés pendant ce Sziget. Plusieurs d’entre eux ont d’ailleurs d’ores et déjà pris place dans le non moins festif 7e arrondissement de Budapest, histoire sans doute d’avoir un avant-goût de ce qui les attends à «Ziget». Les francophones ont en effet tendance à prononcer le Sz de Sziget avec un [z] au lieu d’utiliser le [s] qui  s’y prête de manière correcte. Une erreur de prononciation qui a l’art de faire esquisser des sourires à la population locale dans les transports publics de Budapest.

Dans quelques jours, cette même population locale recroisera sans doute les «Franciák» sur les scènes endiablées de l’île d’Óbuda. Mais si la nationalité hongroise demeure la plus représentée à Sziget, il semble plus difficile aujourd’hui pour un magyar de participer au festival que par le passé. Car si le prix du «pass» demeure très abordable pour les festivaliers occidentaux, il reste toujours un peu «corsé» pour la faune locale. Il semble loin le temps où les étudiants hongrois se voyaient offrir des «tickets journée»  après avoir rempli un grand sac plastique de détritus lors d’un concert sur l’île… Depuis quelques années, certains Hongrois déplorent le fait que le festival local qu’ils aimaient tant, soit devenu une véritable machine de guerre économique dans laquelle le coût des tickets et des consommations sur place a augmenté beaucoup plus rapidement que leur pouvoir d’achat… Dès lors,  il n’est pas rare de rencontrer, en août, ici et là, dans les villages avoisinant le lac Balaton, des trentenaires ou quarantenaires pestois (de Budapest, ndlr) fuyant un festival qu’ils chérissaient par le passé mais dans lequel ils ne se reconnaissent plus…

Cela dit, pour les plus jeunes générations magyares – celles n’ayant pas connu le festival dans les années 1990 et le début des 2000-  le Sziget reste une référence, voire même une institution. Le festival est une vitrine prestigieuse pour leur pays et leur offre un moyen simple de s’ouvrir sur le monde tout en s’éclatant ! N’hésitez pas à vous poster demain à l’entrée de l’île pour voir les yeux pétillants et l’extrême excitation des jeunes adolescents magyars sur le point de participer à leur premier Sziget.  Vous comprendrez vite que, bien qu’il ne fasse peut-être plus l’unanimité en Hongrie, le Sziget a encore de beaux jours devant lui.

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Les refoulés de l’Europe

HU-LALA (Hongrie) - lun, 08/08/2016 - 09:25
Afghans, Iraniens, Pakistanais, Bangladais…, ils sont environ deux cents dans un petit camp dans le nord de la Serbie, aux abords de Subotica, adossé à une ferme, au milieu des roseaux. Ce sont surtout des jeunes hommes, ils attendent le signal de passeurs pour tenter de franchir la frontière de barbelés qui les sépare de la Hongrie et de l’Union européenne. Article publié le 29 juillet 2016 dans La Libre Belgique

Khaled, un Afghan est appelé à la rescousse par un groupe de Pakistanais pour faire l’interprète en pachtoune. « Eux ils sont fainéants, tout ce qu’ils savent faire c’est rester assis à attendre que les ONG viennent les nourrir ! », se moque-t-il. C’est la pauvreté qui l’a jeté sur les routes de l’exil, explique un Pakistanais qui veut aller en Italie où il pense avoir le plus de chance d’obtenir des documents. Que faisait-il avant ? « Il dit qu’il conduisait des tracteurs », transmet Khaled qui parait sceptique quant à son projet et ajoute d’un air narquois : « ce gars-là va être un gros boulet pour l’Italie ». L’homme, qui n’a pas compris la remarque en anglais, a payé un réseau de passeurs six mille cinq-cents dollars pour l’ensemble du trajet. Mais avec le zèle des Hongrois à empêcher tout franchissement illégal de la frontière, il s’est déjà fait arrêter et renvoyer côté serbe.

Khaled, lui, est arrivé dans le camp il y a deux jours seulement et il a tenté le passage clandestin déjà deux fois. « La première fois avec les passeurs on s’est fait stopper dès la clôture, la deuxième j’y suis allé tout seul avec mon GPS et j’ai réussi à aller jusqu’à Baja (à plus de trente kilomètres du camp) ! Cette nuit je retente avec des passeurs, des Afghans. Une voiture doit nous attendre juste de l’autre côté de la frontière pour nous emmener en Autriche, pour 350 euros ».

Ses vingt-trois ans, son anglais parfait et son charisme naturel en font un candidat sérieux à une vie meilleure en Irlande, là où il veut refaire sa vie auprès de ses deux oncles qui s’y trouvent déjà. Comme d’autres Afghans rencontrés un an plus tôt par La Libre Belgique, il a travaillé pour l’Otan, trois années comme interprète auprès de l’armée américaine, avant de se retrouver le bec dans l’eau…et les Talibans aux fesses.

Les refoulés ont-ils été battus par les policiers hongrois ? « Pas moi en tout cas, répond Khaled, ils ont été corrects et m’ont juste ordonné de m’immobiliser. Je l’ai fait car ils ont des chiens, donc impossible de s’enfuir ». Les autres autour font « non » de la tête, mais désignent l’un d’eux qui a reçu quelques coups de matraque. Human Rights Watch et Médecins sans frontières dénoncent des mauvais traitements depuis qu’une loi entrée en vigueur le 5 juillet permet d’interpeller et d’expulser manu militari quiconque pénètre en Hongrie sans passer par les voies officielles. Mais cela ne les préoccupe guère et tous ne veulent savoir qu’une chose : y-a-t-il un espoir pour que la frontière soit ouverte ? Probablement pas. Au moment même de cette conversation, le chancelier autrichien Christian Kern actait son soutien au Premier ministre hongrois Viktor Orbán par l’envoi symbolique d’un petit contingent de vingt policiers autrichiens, qui s’ajouteront à ceux envoyés par les pays du groupe de Visegrád. Les critiques virulentes lorsque la Hongrie a dressé un mur de barbelés l’année dernière se sont tues peu à peu, Orbán engrange des soutiens de poids en Europe et tout se passe désormais comme s’il avait carte blanche pour monter la garde à la frontière de l’Union. Khaled est conscient que les attentats qui secouent l’Europe de l’Ouest pèsent sur les opinions publiques et ne jouent pas en leur faveur. « Je comprends que des gens aient peur et ne veulent pas de nous, mais y’a des brebis galeuses chez tout le monde. Et en Afghanistan, l’hospitalité c’est sacré », lâche-t-il avec amertume.

Un air de Calais à Horgoš

Depuis des mois, les frontaliers du village de Horgoš ont pris l’habitude de voir ces gens venus d’ailleurs se ravitailler dans les petits commerces ou simplement échapper à la promiscuité du campement sauvage fait de bric et de broc qui s’est constitué au niveau d’un des deux points d’entrée pour les migrants. Ahmad, quatorze ans, son petit frère et sa mère, tuent le temps assis sur un banc devant une supérette. Contrairement à ceux du camp de Subotica, ils ont choisi la voie officielle, mais comme la Hongrie ne permet qu’à quinze personnes par jour de déposer une demande d’asile, cela fait vingt-cinq jours qu’ils sont coincés. La guerre les a fait quitter l’Afghanistan il y a cinq mois et ils sont restés quatre mois dans un camp à Athènes où les bagarres étaient quotidiennes. Quelle est leur destination ? « On est bien trop fatigués pour réfléchir à ça. Pour le moment tout ce qu’on veut c’est passer en Hongrie et y rester pour se reposer. On est sur la liste, on attend notre tour. De toute façon on ne peut pas payer des passeurs, il ne nous reste plus rien ». S’ils ont de la chance, une fois leur demande d’asile traitée ils seront conduits dans un centre ouvert, proche de la frontière autrichienne, d’où ils pourront s’évaporer vers l’Ouest, comme des dizaines de milliers ont fait avant eux, mais avec le risque d’être renvoyés plus tard vers la Hongrie qui a enregistré leur demande d’asile. « On n’a pas vraiment de contacts avec eux, témoigne un retraité, leurs gamins parlent anglais mais nous que hongrois et serbe ». S’ensuit une litanie de problèmes de voisinage générés par cette cohabitation, mais sans agressivité et entrecoupée de mots plus compatissants. « Qu’ils ouvrent la frontière et que l’Europe s’organise pour trouver une solution ! Pourquoi c’est aux gens d’ici d’en subir les conséquences ? ».

Un violent orage vient de passer, il est temps de rejoindre le camp adossé à la frontière hongroise, au pied des barbelés et au bord de l’autoroute Budapest-Belgrade. Le poste frontalier est congestionné, par des familles turques essentiellement, qui partent ou rentrent de Turquie. L’impatience gronde, des clameurs de klaxons s’élèvent pour presser les douaniers. Des gamins longent les grosses voitures immatriculées en Allemagne, en Hollande et en Belgique, pour regagner leur campement boueux et ses tentes détrempées. Robert rempile ses cartons dans une camionnette de l’association Caritas. Il profite de sa retraite pour avaler chaque jour depuis deux ans les deux cents kilomètres depuis Budapest pour distribuer de la nourriture. Il est scandalisé car aujourd’hui on l’en a empêché. Tant pis, il ira les distribuer aux familles syriennes et irakiennes qui sont bloquées dans un second campement d’infortune, quarante kilomètres à l’Ouest, à Kelebija. « Les policiers serbes nous empêchent de distribuer la nourriture au prétexte que des gars font la grève de faim ! ». Cent trente jeunes hommes sont arrivés dans le camp deux jours plus tôt et ont entamé une grève de la faim. Ils espèrent attirer l’attention internationale sur le sort des migrants qui, comme Khaled et Ahmad, se retrouvent coincés aux portes de l’Union européenne, dans l’indifférence générale.

Toutes les photos sont de Ludovic Lepeltier-Kutasi – © Hulala
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JO : la télé hongroise préfère ignorer l’équipe des réfugiés

HU-LALA (Hongrie) - dim, 07/08/2016 - 17:44
L’équipe olympique des réfugiés ? Connaît pas. La télévision publique hongroise a-t-elle reçu des instructions d’en haut ou se contente-t-elle une d’appliquer même pendant les Jeux Olympiques la doctrine de son gouvernement qui consiste à ignorer ou dénigrer systématiquement les réfugiés ?

Compréhension mutuelle, esprit d’amitié, solidarité, fair-play… Il reste peu de choses des valeurs de l’Olympisme (lire la charte). Ce constat, on le tire et le déplore à chaque nouvelle édition de la grand messe du sport mondial. Cette année pourtant, le Comité International Olympique (CIO) a redonné un tout petit peu de substance à ces valeurs en accueillant dans la compétition à Rio une équipe constituée de réfugiés. Dix athlètes au total ont ainsi été sélectionnés pour constituer une équipe représentant les quelques 65 millions de personnes déplacées dans le monde en 2015. Six hommes et quatre femmes, deux nageurs, un marathonien, cinq coureurs de demi-fond et deux judokas, issus de Syrie, d’Éthiopie, de République démocratique du Congo (RDC) et du Soudan du Sud.

« En ramenant ces athlètes aux Jeux, au sport, à la vie (…), nous retournons à nos racines et prouvons réellement que le sport peut servir la société, a expliqué le directeur général adjoint du CIO. Avec cette équipe des athlètes olympiques réfugiés, nous pouvons montrer que le sport a des valeurs […]. »

Ce geste éminemment politique a été salué dans le monde entier et l’équipe des réfugiés a été ovationnée lors de la cérémonie d’ouverture, vendredi soir à Maracana. Le “Monde” voit par exemple dans cette équipe “le dernier étendard de l’idéal olympique“. L’histoire extraordinaire de la jeune nageuse syrienne Yusra Mardini, qui à l’automne dernier s’était débattue pendant trois heures dans les eaux de la mer Égée pour tirer un rafiot sur lequel vingt personnes espéraient poser le pied en Grèce depuis la Turquie, a particulièrement émue et retenue l’attention. France Télévision ne s’est pas privée pour la relayer. (Consultable uniquement avec une adresse internet IP en France).


Jeux Olympiques : Yusra Mardini, de la Syrie aux bassins olympiques

M4, la chaîne de sport de la télévision publique hongroise, a été considérablement moins émue. Au moment de la série de qualification du 100 mètres papillon, son commentateur, Jenő Knézy, n’a même pas daigné mentionné ni la présence de l’équipe des réfugiés, ni le nom de la gagnante de la série, une certaine… Yusra Mardini.

Traitez-les comme les animaux qu’ils sont ! (sic)

Il ne faut pas s’en étonner. Depuis le printemps 2015 et le début de ce que l’on appelle la “crise des réfugiés“, les médias publics hongrois, centralisés sous la coupe de la MTVA, ont devoir de présenter les migrants sous un jour défavorable : interdiction de montrer des personnes vulnérables (blessées, handicapées, femmes et enfants), privilégier au contraire les images de jeunes hommes en groupe, les visages inquiétants, faire des zoom sur des détritus laissés le long de la route, ne jamais approcher leur micro pour leur donner la parole mais au contraire les filmer de loin façon documentaire animalier… Bref, les traiter comme des animaux.

Ces consignes explicitement données aux journalistes ont été rapportées à Hulala par diverses sources au sein de la MTVA et un bref coup d’œil au journal d’information de la Magyar TV suffit de toute façon à comprendre qu’elles sont appliquées à la lettre et sans relâche depuis de très longs mois. Si le commentateur, M. Knézy, s’est si mal défendu contre les critiques, s’est donc sans doute car il ne peut pas avouer avoir reçu lui-même ces consignes. D’ailleurs, comment s’y prendrait-il donc pour partager avec ses téléspectateurs avides l’histoire ô combien admirable de la jeune Yusra, alors que les spots gouvernementaux pour promouvoir le référendum contre l’accueil de réfugiés le 2 octobre tournent en boucle sur la télévision publique, y compris entre les épreuves olympiques ?

Heureusement, de nombreux sites d’actualités, blogueurs et simples internautes ont fait part de leur colère face à cette attitude de la chaîne publique. Nous en avons relevé trois parmi de nombreux autres sur le site comment.blog.hu :

arabella_bishop – “J’ai été tellement choquée pas la mauvaise qualité de la diffusion. C’est pathétique ce que fait M. Knézy, mais aussi celui qui pose ses questions à côté de la piste. Ils sont cons, ils ne sons pas préparés, ils racontent n’importe quoi. Les pubs de propagandes sont pathétiques, ces 2 semaines vont êtres très longues.”

VadMacs – “On s’assoie pour regarder les JO. Mais ça fait gerber, parce qu’à chaque minute c’est interrompu par les nouvelles perles choisies pas les propagandistes du gouvernement. Je me demande “ki a faszt érdekel“, et pourquoi c’est diffusé sur une chaîne de sport ? Il n’y a que pour moi que c’est nouveau, car mis à part les JO je ne regarde pas les chaînes du Fidesz ?”

oldalas – “Knézy, Knézy, il ne la voit pas… En plus je crois qu’on a lui interdit de dire un mot sur les migrants, ça ferait peut-être bizarre avec dans la même minute les pubs “uzenjunk Brusszelnek” (envoyons un message à Bruxelles) et les actualités.”

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Viktor Orbán et l’obsession du «Grand Remplacement»

HU-LALA (Hongrie) - ven, 29/07/2016 - 16:40
Pour Viktor Orbán, le système de quotas proposé par la France, l’Allemagne et la Commission européenne pour répartir les demandeurs d’asile en Europe, n’est rien d’autre que la preuve d’une stratégie de substitution des populations européennes par des populations allochtones. Cette analyse rappelle plusieurs théories ayant essaimé en Occident depuis le début des années 2000, dont celle du «Grand Remplacement» est sans doute la plus connue en France. Elles ont pour point commun l’obsession d’une «islamisation» imminente de l’Europe ainsi qu’une lecture complotiste de la géopolitique mondiale.

Mardi dernier, lors d’une conférence de presse commune avec son homologue autrichien Christian Kern, Viktor Orbán s’est fait remarquer par une déclaration fracassante à l’égard de la «politique migratoire» européenne, qualifiée de «poison» pour la Hongrie et les autres États membres. En fin de semaine dernière, le Premier ministre hongrois avait aussi longuement développé sa vision de la construction européenne, confrontée selon lui au danger d’une immigration «néfaste» contre laquelle il faudrait «se défendre». Pour le dirigeant conservateur, le débat n’est pas seulement entre les partisans des sociétés multiculturelles et ceux des sociétés mono-ethniques. Il recoupe également des considérations géopolitiques que Viktor Orbán interprète selon une grille de lecture de plus en plus ouvertement conspirationniste.

Avant les déclarations de ces dernières semaines, Viktor Orbán avait déjà pris le temps d’étayer cette vision singulière du monde. Il faut remonter quelques mois en arrière, à son discours traditionnel lors de la fête nationale du 15 mars, pour identifier l’étape décisive franchie par le dirigeant hongrois : «Il nous est interdit d’affirmer qu’à Bruxelles, ils cherchent les moyens d’envoyer les étrangers le plus rapidement possible afin de les installer parmi nous. Il nous est interdit de dire que l’objectif de ce peuplement, c’est de redessiner la carte religieuse et culturelle de l’Europe, d’en saper les bases ethniques et d’éliminer les États-nations, qui sont les derniers obstacles à cette Internationale».

Pour le Premier ministre hongrois, la Commission européenne cherche à tout prix à affaiblir les gouvernements nationaux afin d’imposer aux États son projet de lente substitution de la population européenne au profit de populations musulmanes. La fameuse «politique migratoire» de l’Union que Viktor Orbán évoque, c’est tout simplement le système de quota de répartition des demandes d’asile, que Paris, Bruxelles et Berlin ont proposé pour soulager les États membres dans lesquels cherchent à se rendre la plupart des réfugiés. Alors que la clé de répartition prévoie quelques centaines d’individus pour la seule Hongrie – une goutte d’eau dans l’océan -, le chef de gouvernement a convoqué un référendum en octobre pour faire barrage à cette proposition.

Car Viktor Orbán est persuadé que ce système de quota est le Cheval de Troie d’un projet plus global visant à affaiblir durablement les civilisations chrétiennes. Si l’objet de son courroux, ce sont les quelques centaines de réfugiés qui se massent à la frontière sud du pays, ses ennemis désignés se nomment Jean-Claude Juncker, François Hollande, Barack Obama, Hillary Clinton… À l’écoute de ses discours apparaît un axe cohérent entre les démocrates américains et les «multiculturalistes» européens, lesquels profiteraient sans scrupules, en Europe centrale, de l’entregent, de l’argent et des réseaux de George Soros. Évoquant à l’égard du philanthrope américain d’origine hongroise une «puissance agissant dans l’ombre», Viktor Orbán semble désormais persuadé que si tout ce beau monde veut sa peau, c’est en raison de son esprit de dissidence, autour duquel il cherche par ailleurs à cimenter son électorat.

La popularité du leader hongrois auprès de nombreux militants d’extrême-droite partout en Europe montre bien le glissement idéologique dans lequel est engagé le Fidesz, le parti au pouvoir. Dans les faits, ce sentiment de persécution muté en théorie de la conspiration, s’inscrit dans une narration très en vogue parmi les mouvances identitaires et la «fachosphère». La crainte irrationnelle de l’islamisation du continent européen, la détestation envers les sociétés occidentales ouvertes, notamment celles dérivées du modèle universaliste français, créent une familiarité entre les discours de Viktor Orbán et les théories du «Grand Remplacement» ou de l’«Eurabie» (lire cet article en libre accès du Monde Diplomatique). Cette dernière, que le sociologue Raphaël Logier rapproche d’un pendant islamophobe du Complot Juif, décrit un processus causé par la trahison des élites européennes, lesquelles chercheraient à rendre les populations musulmanes majoritaires en Europe.

Même si les discours varient, on retrouve entre les promoteurs du «Grand Remplacement», de l’Eurabie et Viktor Orbán de nombreux éléments de langage communs. Comme notamment la dénonciation des no-go zones, décrits par Daniel Pipes et Robert Spencer comme des enclaves islamiques dans lesquelles la police et les autorités n’auraient plus le droit de pénétrer. Ou encore la condamnation de la democracy-export états-unienne, analysée comme une volonté de faire émerger une pantocratie planétaire, c’est-à-dire la fin de toute souveraineté fondée sur un territoire et une Nation. Sans doute convaincus par le caractère irrémédiable du choc des civilisations, les tenants de cette nouvelle droite européenne sont particulièrement à l’aise avec l’isolationnisme de Donald Trump et l’impérialisme de Vladimir Poutine, que Viktor Orbán affectionne particulièrement.

Si l’idée d’un grand projet d’«islamo-substitution» ourdi par les élites a été popularisée en France dès 2011 par l’écrivain Renaud Camus, puis les polémistes Ivan Riouffol et Éric Zemmour, elle est restée marginale dans le débat politique, le Front national de Marine Le Pen refusant même de le reprendre à son compte. Le ralliement d’un chef de gouvernement à cette cause impliquant, rappelons-le, non seulement l’arrêt total des migrations en provenance du Moyen-Orient et du Maghreb mais aussi des mesures d’expulsion («remigration») des populations dites «arabo-musulmanes» est sans doute une première en Europe. Reste à savoir jusqu’à quand le Parti Populaire européen (PPE), auquel appartient toujours le Fidesz, supportera encore les incartades paranoïaques de son «enfant terrible».

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Orbán à Băile Tușnad: «le mouton noir deviendra troupeau»

HU-LALA (Hongrie) - mer, 27/07/2016 - 15:41
C’est ici que, il y a deux ans, Viktor Orbán a lancé les bases de sa «démocratie illibérale». Invité samedi dernier à venir parler d’Europe, le premier ministre hongrois a profité de la 27e édition de l’Université d’été de Băile Tușnad pour se poser en chef de l’opposition à la Commission européenne. À rebours de Bruxelles sur l’immigration, le terrorisme et le rôle des États, il a décidé de pousser la rupture en apportant son soutien à Donald Trump.

Viktor Orbán n’en raterait une édition pour rien au monde. L’Université d’été Tusványos, organisée tous les ans par la minorité hongroise de Transylvanie à Băile Tușnad en Roumanie, est devenu au fil des années un rendez-vous médiatique incontournable, au cours duquel le Premier ministre de Hongrie en exercice est invité à s’exprimer sur le grand thème du moment. Organisée cette année autour du mot d’ordre «Nous étions, nous sommes et serons toujours chez nous en Europe», la cuvée 2016 a permis au chef de gouvernement conservateur de développer sa vision de la construction européenne, dans un contexte marqué par le Brexit, les attentats en France et en Allemagne, ainsi que la crise des réfugiés.

« N’ayez pas peur, combattez ! »

Viktor Orbán sait choisir ses références. Reprenant la phrase prononcée juste avant lui par le très conservateur pasteur László Tőkés – « N’ayez pas peur, combattez ! » -, le premier ministre hongrois a mis ses pas dans ceux de Néhémie, personnage de la Bible hébraïque considéré comme le principal maître d’œuvre de la reconstruction des murailles de Jérusalem, le responsable de l’exclusion de ses étrangers et l’un des grands contempteurs de la décadence du royaume de Sion. Faisant l’analogie avec la Commission de Bruxelles, il a estimé que «la tâche la plus importante qui attend l’Europe dans l’année qui vient, c’est de de définir ensemble, au niveau européen, ce contre quoi nous devons lutter».

Le premier ministre hongrois a naturellement développé sa propre vision du danger à venir. «Ce qui vient en premier lieu à la surface, c’est le phénomène migratoire, le terrorisme, l’incertitude», accentués selon lui par le recul des économies européennes au bénéfice des géants d’Asie, autant que par l’ampleur des effets de la crise économique sur les perspectives d’avenir des générations futures. Selon le dirigeant de droite, la crise économique est devenue une «crise de la démocratie», définie par le même comme le fossé entre les élites traditionnelles et «ce que veulent les masses». N’hésitant pas à faire l’amalgame entre immigration et attentats terroristes, Viktor Orbán a estimé l’angoisse générale légitime, dans la mesure où «ce qui se passe à Nice ou à Munich peut se passer n’importe quand dans n’importe quel pays d’Europe».

«Toute initiative visant à retirer des compétences aux Etats-nations doit être stoppée»

Pour Viktor Orbán, si l’ennemi ce sont les flux migratoires, le moyen de «lutter contre», c’est de laisser faire les États. «Le rétrécissement de la souveraineté nationale au profit des compétences européennes est pour moi un des plus grands dangers qui menacent l’Europe. Il y a des situations contre lesquelles Bruxelles est incapable de se défendre, mais nous autres, les Etats-nations, oui. C’est pourquoi toute orientation, toute action politique et toute initiative visant à retirer, expressément ou furtivement, des compétences aux Etats-nations doit être stoppée», a-t-il notamment déclaré. Déplorant le rôle politique joué par la Commission européenne «en dépit des traités», il s’est déclaré favorable à un retour en force du Conseil européen et a plaidé pour la réapparition du principe d’unanimité en ce qui concerne la définition des règles communautaires.

Dans ce cadre, le chef du gouvernement hongrois a déclaré vouloir convaincre ses homologues européens du caractère «néfaste» de l’immigration. Assumant le clivage entre les pays fondateurs et le groupe de Visegrád (dont la Pologne, la Slovaquie et la Tchéquie font aussi partie), il a cherché à politiser les différences de vue entre États membre à la manière d’un chef de l’opposition à la tête de son groupe parlementaire : «la “vieille Europe”, ce sont les Etats fondateurs de l’Union européenne, ce sont ceux qui ont créé la zone euro, et qui sont aujourd’hui de manière bien visible en stagnation. Et puis il y a une autre Europe, celle qui a accédé plus tard à l’Union européenne (…) et qui est en revanche pleine de vie et d’énergie, ouverte au changement, à la recherche des réponses aux nouveaux défis et dotée d’une perspective pour notre partie du globe». Minoritaire à l’heure actuel, Viktor Orbán estime que viendra le moment où «le mouton noir deviendra troupeau».

Un programme aligné sur celui de Donald Trump

Déroulant la profession de foi de cette coalition centre-européenne, il a fait sienne la doctrine isolationniste des Républicains américains, axée sur la recherche de stabilité politique, même si celle-ci va parfois à l’encontre des Droits de l’homme. «Il est donc avéré que si au lieu de la stabilité nous continuons à privilégier l’édification de la démocratie dans des régions où ses probabilités de succès sont excessivement discutables, ce n’est pas la démocratie que nous y édifierons, mais l’instabilité» a-t-il notamment déclaré.

Adversaire déclaré de Hillary Clinton, Viktor Orbán a apporté le premier soutien d’un chef de gouvernement à la candidature de Donald Trump à la prochaine présidentielle américaine : «Je ne suis pas chargé de la campagne de Donald Trump, et je n’aurais jamais cru que j’aurais un jour à considérer que sur les possibilités de choix qui sont apparues c’est lui qui serait le meilleur du point de vue de la Hongrie».

La gauche hongroise déplore un énième contre-feu et appelle à la responsabilité

Le Parti socialiste hongrois (MSzP) a réagi au discours en soulignant que le Viktor Orbán d’il y a vingt-cinq ans «aurait eu du mal à écouter ce que dit le Viktor Orbán d’aujourd’hui». Le vice-président du parti, István Ujhelyi a critiqué en conférence de presse samedi un premier ministre hongrois «de plus en plus dangereux pour toute l’Europe», rappelant que c’est lui et non l’immigration clandestine qui est à l’origine de la crise institutionnelle que travers l’Europe actuellement. En substance, István Ujhelyi a déploré la stratégie du statu-quo du dirigeant conservateur, cherchant – sous couvert de volontarisme – à bloquer l’Europe afin de préserver le système Fidesz à la tête de l’État hongrois.

Pour le porte parole de la Coalition démocratie (DK) Zsolt Gréczy, le discours de Viktor Orbán montre que ce dernier, obsédé par la question des migrations, est devenu «aveugle et sourd aux problèmes réels de la Hongrie». Déplorant un énième contre-feu, le responsable de gauche a estimé que «si le premier ministre était vraiment intéressé par la Hongrie et pas par comment lui-même et ses amis peuvent s’enrichir aux frais des contribuables, alors il aurait parlé de la façon d’empêcher plusieurs centaines de milliers de jeunes hongrois à quitter le pays». En 2015 et à l’échelle de la seule Union européenne, on estime à plus de 400 000 Hongrois vivant à l’extérieur de la Hongrie.

Du côté d’Együtt, l’on estime que Viktor Orbán ne représente pas les valeurs européennes et se comporte comme un dirigeant de l’Est. Pour András Schiffer, co-président du petit parti écologiste La politique peut être différente (LMP), le premier ministre hongrois «serait mieux inspiré d’être courageux à Bruxelles, Berlin et Washington plutôt qu’à Băile Tușnad». Celui-ci a critiqué la vision de repli du chef de gouvernement hongrois, loin d’être à la hauteur des défis mondiaux contemporains. Pointant un double discours de la part du dirigeant conservateur, il a rappelé que malgré les incartades de Viktor Orbán contre le libéralisme, le premier ministre hongrois n’en était pas moins pour la poursuite des négociations de libre-échange avec les États-Unis.

Retrouvez ci-dessous le discours complet de Viktor Orbán (sous-titres anglais) :

 

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À Budapest, Viktor Orbán veut prendre la Citadelle

HU-LALA (Hongrie) - lun, 25/07/2016 - 15:44
Chantier monstre dans le quartier du château, projet de Bois des musées à Pest, grattes-ciel au nord de la ville… Les grues ne sont pas prêtes de disparaître du paysage budapestois. Viktor Orbán entend poursuivre sa politique de grands travaux en s’attaquant cette fois à l’emblème de la capitale : la Citadelle.

Le gouvernement a publié le 15 juillet dernier un appel à idées portant sur «l’utilisation future du mont Gellért et de la Citadelle, ainsi que le renouvellement de sa fonction et de sa vocation». En s’enregistrant sur un site Internet dédié, chaque Hongrois, qu’il soit professionnel ou simple citoyen, est ainsi invité à faire des propositions quant à l’avenir de cette ancienne forteresse défensive, de sa statue et de son parc, véritable poumon vert en plein cœur de la capitale. Jusqu’à hier, chaque postulant pouvait envoyer ses questions, lesquelles devraient recevoir une réponse le 1er août prochain. S’ouvrira ensuite jusqu’au 3 octobre la phase de dépôt des projets, avec une publication des résultats prévue le 10 novembre. Un budget de 40 millions de forints a été alloué pour dédommager les candidats, sachant que le premier d’entre eux ne pourra pas recevoir au-delà de huit millions. Le comité d’évaluation est composé de 13 membres, majoritairement des architectes et des historiens de l’art. Le gouvernement est représenté par quatre membres du Cabinet du Premier ministre, preuve s’il en est du pilotage politique du projet par Viktor Orbán en personne.

Alors que l’État a lancé de nombreux grands chantiers depuis le début du second mandat Orbán, ce projet a reçu un accueil mitigé dans la presse. « Après l’appropriation et la déstructuration de Kossuth tér, József nádor tér, Orczy-kert, Madách tér, le Bois de la ville et le Château, après le déracinement des plantes et l’abattage des arbres, le tapis de bombes est arrivé au seuil de sa prochaine étape : le mont Gellért, point culminant de la ville, visible de partout » écrit ainsi Beáta Markó, du site 168 óra, proche de la gauche. Du côté du journal conservateur Magyar Nemzet, l’on met en garde contre la tentation du « c’était mieux avant », rappelant ainsi les lugubres anecdotes qui entouraient la colline au début du XXe siècle. « Drogue, magie, prostitution : est-ce vraiment ce dont on a besoin dans le monde actuel ? Il n’y a que la Citadelle qu’il faudrait réussir à intégrer dans tout ça » écrit ainsi Miklós Ugró.

Au-delà de la seule dimension urbanistique, les chroniqueurs et éditorialistes critiquent surtout le goût du chef du gouvernement pour le gigantisme et la démesure. Sur 168 óra, l’auteure suggère de sculpter sur les flancs du Gellért le visage de Viktor Orbán himself, « père de notre démocratie illibérale », sur le modèle des portraits de présidents du Mount Rushmore, aux Etats-Unis. Dans la même veine ironique, elle propose également d’édifier au sommet un stade de football, en clin d’œil à la « stadomanie » qui anime le leader conservateur depuis son retour au pouvoir en 2010. Trois ont été déjà été construits dans le pays en six ans, tandis que quatre sont en projet.

Du côté des architectes et urbanistes, l’on déplore une « formulation problématique » de l’appel à idées. La Chambre des architectes hongrois (MEK) regrette notamment que le texte officiel ne distingue pas les professionnels des amateurs dans le processus d’évaluation, et critique aussi le flou autour de l’attribution des prix. István Eltér, le président de l’organisation, estime néanmoins que l’initiative gouvernementale va dans le bon sens, car « le mont Gellért ne peut pas rester dans cet état ». Dans la mesure où de nombreux appels à projet ont été abandonnés ces dernières années – le dernier en date étant la rénovation du siège du MTESZ à côté du Parlement -, le risque d’une faible participation d’architectes de qualité est néanmoins réel.

Selon Magyar Idők, média le plus proche du gouvernement et partisan du projet, l’enjeu de l’appel à idées est surtout de « valoriser et rendre attractif » un site qui fait partie du patrimoine mondial de l’Unesco. La rénovation de la Citadelle permettrait, dans la droite lignée des projets actuellement en chantier dans la capitale, d’augmenter le potentiel touristique de Budapest ainsi que son rayonnement culturel. Le blog Falanszter, spécialiste de l’histoire de la ville, préfère quant à lui relativiser cette énième tentative de rénovation, rappelant ainsi la très longue liste de projets qui s’accumulent depuis les années 1870 pour soulager la silhouette de la ville de la forteresse construite au milieu du XIXe siècle par les Habsbourg pour défendre la ville contre les insurgés. Parmi les plus spectaculaires figure sans doute le projet d’un Panthéon « à la hongroise », qui avait bénéficié de propositions signées des plus grands architectes de l’époque.

Source : Falanszter.

Plus récemment, Imre Makovecz, architecte très proche du Fidesz, avait proposé avant sa mort que la Citadelle soit surmontée d’une réplique géante de la sainte Couronne hongroise. Si le projet retenu implique de détruire la Statue de la Liberté construite pour célébrer la libération de la ville du joug allemand par les Soviétiques, le logo de la candidature budapestoise aux Jeux Olympiques devra se trouver un nouvel emblème…

Logo officiel de la candidature de Budapest aux Jeux Olympiques de 2024.

 

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Budapest between the lines

HU-LALA (Hongrie) - ven, 22/07/2016 - 16:43
Benoît Braban est un photographe français de trente ans originaire de la région de Tours. Visiteur régulier de Budapest, il y a réalisé une série de photographies intitulée sobrement Between the lines (« entre les lignes »). Entretien. (c) Benoît Braban Tu as intitulé cette série « Between the lines ». Qu’as-tu cherché à montrer à travers ces « lignes » ?

Ce qui m’intéresse c’est le « rythme » de l’image de par les lignes, les cassures, les couleurs. Sur cette série, la démarche était la suivante : me balader dans la ville à la recherche de ce rythme. Entre ces lignes, je pense que j’essaye de donner à voir la situation de Budapest et de la Hongrie de manière générale, en particulier par l’aménagement urbain, lequel n’a pas encore complètement la standardisation que l’on peut voir à l’Ouest. On sent à Budapest que quelque chose est en mutation. La scène du Burger King devant le terrain vague, avec ces vieux réverbères que j’apprécie tant, en est certainement une belle illustration.

(c) Benoît Braban (c) Benoît Braban Est-ce que Budapest est une ville qui se laisse facilement prendre en photo selon toi ?

Tout à fait. Il y a des choses intéressantes dans chacune des rues. Alors que Budapest est connue pour son monumentalisme, pour le coup je me sens plus attiré par des choses qui font davantage partie du quotidien. Au moment de mes tribulations dans les rues de la ville, il y avait assez peu de monde, car j’allais dans des quartiers qui ne font pas partie du centre historique. Dans ces espaces, j’ai trouvé un intérêt dans la manière dont les installations – agencement des rues, barrières, mobilier urbain – rythment l’image.

Pourquoi contourner ces quartiers historiques ?

C’est simple. Je voulais parfaire ma connaissance de la ville en déambulant sans but précis ni destination. Quand j’évoque la standardisation, c’est vrai qu’on la retrouve dans certains quartiers, notamment là où se trouve le grand H&M, la pâtisserie Gerbault, etc. C’est un paysage aseptisé que je pourrais retrouver un peu partout en Europe. Il y règne quelque chose d’assez froid, robotique, normé, qui ne m’attire pas vraiment.

(c) Benoît Braban On reconnait beaucoup de clichés pris dans le huitième arrondissement. Où est-ce que tes tribulations t’ont mené ? Qu’est-ce qui te faisait aller dans telle ou telle direction ?

Au-delà du grand boulevard de toute façon. Il y a dans ces photos des clichés pris dans troisième arrondissement sur Buda, mais aussi dans les sixième, treizième, quatorzième et dixième arrondissements sur Pest. Je ne me déplaçais pas qu’à pied ; les transports publics ont eu une réelle influence car ce sont eux qui connectaient ces différents points. J’étais accompagné de ma compagne. A chaque arrêt où nous descendions, nous partions un peu au hasard sans trop savoir sur quoi nous allions tomber. Il me reste du travail pour découvrir l’ensemble de la ville.

(c) Benoît Braban A ce propos, projettes-tu de continuer ce travail sur Budapest ?

Tout à fait, sans trop savoir si c’est pour prolonger ce thème ou pour y réaliser d’autres séries. En ce moment, j’essaye de travailler davantage avec les lumières de la nuit. J’aimerais également pouvoir intégrer davantage les Budapestois la prochaine fois.

(c) Benoît Braban (c) Benoît Braban

Retrouvez tout le travail de Benoît Braban sur son site Internet.

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«Le saviez-vous ? L’attentat de Paris a été commis par des migrants»

HU-LALA (Hongrie) - mer, 20/07/2016 - 13:57
En Hongrie, le gouvernement de Viktor Orbán promeut avec brutalité son référendum contre l’accueil de réfugiés. Au point d’utiliser les attentats de Paris et les agressions sexuelles de Cologne pour arriver à ses fins.

Nouvelle salve du gouvernement hongrois sur son thème de prédilection depuis l’année dernière : l’immigration et le terrorisme. Les six messages sur le mode «Le saviez-vous ?» que vous allez découvrir ci-dessous ont été présentés hier sur le site du gouvernement (kormany.hu) et, dès lundi prochain, ils fleuriront dans les espaces publics, dans les journaux, sur internet et peut-être même dans des spots télévisés.

Il s’agit d’enjoindre les quelques huit millions de Hongrois à répondre « Non » le 2 octobre à la question référendaire : « Approuvez-vous que l’Union européenne puisse ordonner l’installation en Hongrie, à titre obligatoire, de ressortissants non-Hongrois sans l’accord de l’Assemblée nationale ? ». Le gouvernement de Viktor Orbán veut à tout prix s’opposer aux tentatives – vaines à ce jour – de la Commission européenne de répartir 160 000 demandeurs d’asile entre les États membres, dont 2 300 en Hongrie. Il n’est pas sûr cependant que la participation au référendum «anti-réfugiés» soit suffisante pour que celui-ci soit validé.

Face à cette nouvelle étape franchie par le pouvoir, les réactions sont nombreuses dans l’opposition. La plus vive étant celle du webjournal 444.hu qui considère que le gouvernement hongrois mène une campagne de xénophobie digne de Joseph Goebbels, Ministre du Reich à l’Éducation du peuple et à la Propagande.

Le quotidien de centre-gauche Népszabadság rappelle ce mercredi dans son édition numérique que, outre cette propagande, la xénophobie du gouvernement hongrois s’exprime aussi de façon concrète : sur les 25 000 demandes de protection déposées par des migrants depuis le début de l’année 2016, 250 personnes seulement ont obtenu le statut de réfugié ou une protection subsidiaire.

«Le Fidesz sortira-t-il gagnant de sa campagne de com’ contre les immigrants ?», s’interrogeait Hulala il y a un an alors que la crise migratoire prenait de l’ampleur et que le gouvernement venait de lancer une première campagne d’affichage hostile aux migrants. (Lire L’afflux de migrants secoue la société hongroise). Un an plus tard, force est de constater que la réponse est oui. Le parti a réussi à imposer tout en haut de l’agenda politique ce thème jusque-là très éloigné des préoccupations des Hongrois et à rallier une vaste majorité de l’opinion publique à ses vues. C’est en tout cas ce que montre une grande étude européenne réalisée par l’institut américain Pew Research.

« L’attentat de Paris a été commis par des immigrants. »

« Près d’un million de migrants veulent venir en Europe à partir de la seule Libye. »

« Depuis le début de la crise migratoire, le nombre de harcèlements contre les femmes en Europe a considérablement augmenté. »

« Depuis le début de la crise migratoire, plus de 300 personnes sont mortes dans des attaques terroristes en Europe. »

« Bruxelles veut installer en Hongrie l’équivalent d’une ville d’immigrants illégaux. »

« L’an dernier, un million et demi d’immigrants clandestins sont arrivés en Europe. »

Nous avons également choisi de traduire le texte accompagnant une curieuse carte d’Europe, mise en ligne sur le site gouvernementale en faveur du Non aux quotas de réfugiés.

« Les espaces appelés “No-go zones” sont des quartiers urbains, que les autorités n’arrivent pas, ou ont du mal, à garder sous leur contrôle. Là-bas, les normes écrites ou non-écrites de la société d’accueil ont du mal à s’imposer. Dans les villes européens où vivent d’importantes communautés d’immigrés, il existe plus de cent “No-gone zones” de ce type » (source : nepszavazas2016.kormany.hu).

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Nice : en Europe centrale, des hommages entre compassion et instrumentalisation

HU-LALA (Hongrie) - mar, 19/07/2016 - 09:15
Suite à la tuerie de masse perpétrée jeudi soir à Nice, les messages de soutien et de condoléances sont nombreux en provenance des pays d’Europe centrale. Mais, comme en France, les tentatives d’instrumentalisation politique aussi, notamment de la part des partis conservateurs, PiS et Fidesz en tête.

La Première ministre de la Pologne, Beata Szydło, s’est chargée d’adresser un message de soutien à la France : « Nous nous unissons dans le deuil de la nation française. (…) Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour arrêter cette folie terroriste qui se répand en Europe ». En Hongrie, le président de la République, János Áder, a déclaré que l’attaque justifiait la conviction que l’Europe doit faire tout son possible pour arrêter « ceux qui sont obsédés par la mort », de sorte que ses citoyens ne soient pas menacés « par les forces du terrorisme et de la destruction ». Le Premier ministre Viktor Orbán a écrit pour sa part dans un télégramme à François Hollande : « Au nom du peuple hongrois, je tiens à exprimer mes sincères condoléances à vous, les Français, et aux familles des victimes » (MTI).

Loin de la solennité de ces déclarations, des personnalités issues des rangs pro-gouvernementaux ont quant à elles préféré verser dans un ton plus polémique, au risque d’être accusées de récupération. En Pologne, le ministre de l’Intérieur, Mariusz Błaszczak, s’est ainsi montré plus hargneux que Beata Szydło : « N’avons-nous rien appris des attentats de Paris et Bruxelles ? C’est une conséquence des politiques multiculturelles et du politiquement correct. […] Le politiquement correct va perdre l’Europe ». Quant au député Stanisław Pięta, du PiS (Droit et justice, conservateur), il a estimé dans un message posté sur Twitter que pour arrêter le terrorisme, il faut « la destruction des mosquées en Europe et une vraie guerre contre l’État islamique ». Le président du groupe Fidesz à l’Assemblée nationale de Hongrie, Lajos Kósa, a considéré que cette attaque terroriste est la preuve que les politiques de l’Union européenne en matière d’immigration sont dans l’erreur et doivent être refondées. « Que faut-il qu’il se produise pour les dirigeants de l’UE à Bruxelles pour reconnaissent que leur posture sur l’immigration, la migration et le terrorisme est intenable », a-t-il questionné vendredi lors d’une conférence de presse. Pour Kósa, il s’agit d’une attaque contre la culture européenne, ses traditions et ses normes. Rappelons toutefois que le terroriste, Mohamed Lahouaiej Bouhlel, est décrit dans la presse (ici ou ) comme un homme sans lien avec la religion musulmane, multipliant les relations sexuelles, qui buvait, se droguait et mangeait du porc.

En Tchéquie, les réactions de la classe politique n’ont pas versé dans les mêmes excès. Le Premier ministre Bohuslav Sobotka a déclaré : « C’était une nuit terrible pour la France ainsi que pour toute l’Europe. Nous devons combattre le terrorisme ensemble. Nous finirons par emporter cette bataille à condition que nous restions fidèles aux valeurs démocratiques et humanistes, celles-là mêmes qui sont la cible première des extrémistes ou des terroristes islamistes ». Jiří Ovčáček, porte-parole du président Miloš Zeman, a pour sa part affirmé que « Monsieur le président souligne qu’il y a eu toute une série d’attaques qui devraient nous inciter à une action plus ferme contres les terroristes ».

Avec Martin Daneš et Justine Salvestroni.

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Welcome to Hungary : Hélicoptères, chiens, lacrymo’ et coups de tonfa

HU-LALA (Hongrie) - lun, 18/07/2016 - 10:53
La situation est alarmante dans l’espace frontalier entre la Hongrie et la Serbie où les violences policières contre les migrants se multiplient. La photo est issue de la page facebook de Migszol qui indiqua l’avoir glanée sur la page facebook de László Toroczkai, figure de l’extrême-droite en Hongrie et maire d’Ásotthalom, une commune frontalière avec la Serbie.

L’ONG Human Rights Watch a publié mercredi 13 juillet un rapport accablant pour les policiers et militaires qui patrouillent à la frontière hungaro-serbe. Elle dénonce des violences contre les migrants qui se présentent aux portes de la Hongrie et de l’Union européenne. « La Hongrie enfreint toutes les règles pour les demandeurs d’asile qui transitent par la Serbie, rejetant sommairement leurs demandes d’asile et les renvoyant à la frontière. […] Les gens qui entrent en Hongrie sans autorisation, y compris les femmes et les enfants, ont été sauvagement battus et refoulés à la frontière ». Le rapport reproduit de nombreux témoignages qui font état d’utilisation abusive de gaz lacrymogène et de coups de tonfa.

En cause, une loi entrée en vigueur le 5 juillet qui donne le droit à la police d’interpeller sur une bande frontalière large de huit kilomètres puis d’expulser manu militari quiconque a pénétré sur le territoire hongrois sans passer par des zones de transit officielles où l’attente peut durer plusieurs semaines. Elle complète un arsenal législatif déjà sévère faisant du franchissement de la clôture un délit.

Le ministère hongrois de l’Intérieur a rétorqué dans un communiqué aux graves accusations portées par Human Rights Watch selon lequel les personnes appréhendées « se sont conformées aux instructions de la police, sur une base volontaire et sans résistance » et affirme que « les migrants ne sont pas harcelés sur les frontières de la Hongrie ». Mais des journalistes présents sur place corroborent les accusations de HRW. D’ailleurs, le Comité Helsinki en Hongrie avait tiré la sonnette d’alarme dès le début du mois de juin contre le nombre croissant de violences à l’encontre des demandeurs d’asile.

10 000 policiers et militaires sont déployés actuellement dans l’espace frontalier méridional, armés d’hélicoptères et de chiens. György Bakondi, conseiller principal à la sécurité auprès du Premier ministre, s’est félicité que, la semaine de l’entrée en vigueur de cette nouvelle loi, 1 300 personnes tentant de franchir la frontière ont été repoussées et 600 qui avaient réussi à passer ont été reconduites.

Conséquence de ce nouveau durcissement hongrois, les personnes empêchées de traverser la frontière et celles reconduites après avoir été arrêtées en Hongrie s’amassent côté serbe, face aux barbelés, dans des conditions sanitaires désastreuses. En atteste un reportage du Courrier des Balkans qui a aussi recueilli des témoignages de personnes violentées par les policiers hongrois.

Le droit d’asile existe-t-il encore en Hongrie ?

Le groupe hongrois de solidarité envers les migrants « Migszol » considère que le droit d’asile en Hongrie a été purement et simplement aboli, à l’encontre de toutes les conventions internationales et publie ce texte sur sa page facebook : « Les lois [pour venir en aide aux personnes en quête de protection] semblent être totalement suspendues du côté hongrois de la frontière serbo-hongroise, en particulier pour les personnes les plus vulnérables et les plus faibles – les réfugiés. Pour ces personnes, tout recours à la loi semble n’être qu’une façade. Dans les soi-disant « zones de transit », les réfugiés sont clairement rejetés après un traitement qui fait injure à l’expression “procédure d’asile ».

Le porte-parole de L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), William Spindler, a déclaré lors d’une conférence de presse à Genève vendredi 15 juillet que ces nouvelles restrictions contrevenaient au droit de l’Union européenne et au droit international. « Nous sommes profondément préoccupés par de nouvelles restrictions mises en place par la Hongrie menant à la reconduction des demandeurs d’asile et par des rapports concernant l’utilisation de la violence et de mauvais traitements ».

La Hongrie semble avoir carte blanche pour barrer la route aux migrants

Dans une tribune publiée lundi 11 juillet dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung (disponible en intégralité en anglais), Viktor Orbán proclame que « la Hongrie a protégé et continue de protéger les Allemands, ainsi que les Suédois, les Néerlandais et tous ses autres partenaires européens », …lesquels ne trouvent, semble-t-il, rien à redire. A leur silence s’ajoute le soutien actif des pays du Groupe de Visegrád qui ont envoyés des hommes à la frontière serbo-hongroise pour seconder les forces hongroises.

Budapest peut maintenant aussi se prévaloir d’un soutien décisif, venu de Vienne la semaine dernière. Le ministre autrichien de l’Intérieur Wolfgang Sobotka et le ministre de la Défense Hans-Peter Doskozil se sont en effet rendus en Hongrie jeudi dernier pour adouber le dispositif pour boucler la frontière et a marqué son soutien symbolique par l’envoi de 20 policiers autrichiens. Le chancelier Christian Kern doit aussi se rendre à Budapest le 26 juillet à l’invitation du Premier ministre hongrois Viktor Orbán pour « ouvrir un nouveau chapitre dans les relations austro-hongroises » et adopter une position commune sur la question de la sécurité des frontières extérieures de l’Union européenne, comme l’a précisé János Lázár, le chef du cabinet du Premier ministre.

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Anton Ondruš, le Beckenbauer de l’Est

HU-LALA (Hongrie) - ven, 15/07/2016 - 15:25
Anton Ondruš est l’une des figures marquantes du football tchécoslovaque. Ancien défenseur international, membre de la grande équipe du Slovan Bratislava et capitaine emblématique de la sélection tchécoslovaque lors de son épopée de 1976. Rugueux, intelligent, cadre et leader né, au point d’être surnommé le Beckenbauer de l’Est, c’est tout naturellement que cet enfant de Solčany, passé par le CS Thonon, se trouve titulaire en défense centrale de notre XI de légende de l’Euro. Article publié le 8 juillet 2016 dans Footballski

Solčany, vous connaissez ? Non ? Pas d’inquiétude, c’est normal. Autant le dire tout de suite, Solčany n’est pas vraiment l’endroit le plus touristique de la Slovaquie. Petit village situé dans la région de Nitra, Solčany n’a rien de plus que toute autre bourgade slovaque ou française. Des magasins, restaurants, écoles, quelques usines ou encore une église. Rien de bien passionnant. Malgré tout, la réputation de ce village comptant un peu plus de 2 500 habitants vient surtout des diverses familles qui ont pu faire l’histoire du patelin. Passant ainsi de la famille princière Odescalchi originaire d’Italie aux footballeurs Anton Švajlen et Anton Ondruš. Et c’est principalement ce dernier qui va nous intéresser aujourd’hui.

Bien que né à Solčany, le père d’Anton, ancien gardien de but du club local, doit rapidement quitter le village natal pour rejoindre l’actuelle capitale slovaque après avoir reçu un emploi au sein d’un ministère. C’est ici, avec ses parents, que le jeune Ondruš grandit et fait ses premières rencontres avec le monde du ballon rond. Habitant par la même occasion dans la même rue que le Tehelné Pole, stade légendaire du Slovan Bratislava qu’il fera sien quelque années plus tard. De quoi forger une vocation : l’amour pour un club et un maillot.

« J’ai grandi à partir de mes deux ans dans la rue Vajnorska. D’un côté, il y avait le stade du Slovan, de l’autre celui de l’Inter, le Pasienky. Le Tehelné Pole était plus proche de chez moi, apparemment c’est ce qui m’a décidé à aller là et à porter le maillot Belasi à mes huit ans. Mes parents ne m’ont pas forcé, mais ils étaient heureux que je passe mon temps libre à travers le sport. Mon père a joué au football du côté de notre village, à Solčany, là où je suis né. L’éducation rigoureuse de mon père et mes éducateurs ont été des facteurs décisifs dans le fait que j’accomplisse quelque chose », racontait le joueur à Pravda.

Portant le maillot du Slovan Bratislava pendant plus de vingt ans, Anton Ondruš a su au fil des années et des saisons s’imposer comme l’une des plus grandes légendes du club. Symbole d’une époque bénie pour le football tchécoslovaque.

Le Slovan dans le cœur

Si pour certaines personnes, en France, l’année 69 fut érotique, à Bratislava, ce fut l’extase. Emmené avec brio par l’un des plus grands entraîneurs slovaques de l’histoire, monsieur Michal Vičan, le Slovan Bratislava se voyait cette année-là affronter le grand FC Barcelone en finale de la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe. Une équipe savoureuse, douée, faite de joueurs qui écriront à jamais l’histoire du football tchécoslovaque comme les frères Čapkovič, l’intelligent et unique Karol Jokl, le délicieux Ladislav Móder, le rugueux Alexander Horváth ou encore l’infranchissable Alexander Vencel, père de, dans les cages slovaques. Une génération symbole d’une bande d’amis, jamais les derniers sur la picole ou les cigarettes, mais qui donnait tout sur le terrain. Leur entraîneur Michal Vičan leur interdisait de fumer. Cependant, « il ne m’a jamais pris en flagrant délit », s’en amuse Jozef Čapkovič sur le site Slovakronik. Alors que son jumeau Ján tournait à dix cigarettes par jour depuis ses 14 ans. Qu’importe, il était le chouchou du coach. Cette génération eut l’honneur d’écrire les premières lignes européennes du football tchécoslovaque, et plus généralement Est-européen. Une génération dans laquelle Anton Ondruš baigna une bonne partie de sa carrière de footballeur.

Ⓒ me1976.szm.com

Bien qu’il n’ait pu connaitre ce sacre européen, le jeune Anton se rattrape très rapidement en étant pris sous l’aile de Vičan, puis de Ján Hucko et surtout d’un autre grand entraîneur slovaque, le Docteur Jozef Vengloš. Évoluant tout d’abord au poste d’attaquant puis repositionné pour le plus grand bonheur du football tchécoslovaque en tant que défenseur central, Ondruš s’est peu à peu imposé dans ce poste avant d’exploser totalement en 1973 sous la houlette de ce formateur hors pair qu’est Vengloš.

« J’ai été aidé par le fait de jouer en attaque. Je savais prédire comment l’adversaire aillait réagir, réfléchir plus rapidement que mon adversaire », expliquait ainsi Anton à Sme sur son repositionnement en défense par Jozef Vengloš. Au côté de Čapkovič et de la nouvelle génération du Slovan formée par Ondruš, le défunt Koloman Gögh ou encore Ján Pivarník, le club et son entraîneur se dotent alors de la future grande défense de la sélection tchécoslovaque. Un groupe de joueurs slovaques qui s’imposent comme le cœur de la sélection. Des joueurs qui terroriseront les terrains tchécoslovaques en remportant championnats et coupes avant de venir terrasser l’Europe entière lors d’une longue nuit belgradoise.

La génération dorée

Tchèques et Slovaques, unis, ensemble. La génération dorée tchécoslovaque de 1976 incarne aujourd’hui un doux parfum d’antan. Ce temps où le football tchécoslovaque avait une carte à jouer dans le monde du football. Où les joueurs n’en avaient cure des origines. Où le collectif primait sur le reste. Un savant mélange entre la rigueur slovaque et la folie tchèque. Une époque bénie pour tous les amoureux de ce football, de ces pays et de ces joueurs qui ont su marquer de leurs empreintes l’histoire du football mondial. Une bande d’amis qui, bien qu’outsiders, ont su se hisser vers les sommets et faire naître une coexistence fraternelle entre Tchèques et Slovaques malgré les rivalités existantes entre les différents clubs du championnat de l’époque.

Ⓒ me1976.szm.com

« Il régnait une vraie sérénité, un vrai esprit de solidarité. Il y avait toujours eu une petite distance entre Tchèques et Slovaques, par exemple durant les préparations ou à table pour les repas : les Tchèques d’un côté, les Slovaques de l’autre. Mais c’était vraiment le contraire en 1976. C’était un vrai groupe, qu’on soit Tchèque ou Slovaque, cimenté par Tonda Ondruš (Anton Ondruš, ndlr). C’était une personnalité leader de cette équipe. Donc l’ambiance était vraiment super, il n’y avait pas de différences entre les Tchèques et les Slovaques. Je crois que c’était la même chose sur le terrain et que cela s’est vu au niveau des résultats. » expliquait ainsi le grand Panenka à la télévision tchèque et relayé par Radio Praha.  « À ce moment-là, personne ne se souciait du nombre de Slovaques et de Tchèques dans le onze. Nous voulions principalement gagner. Jamais nous ne subissions des conflits entre nous. » rajoute le slovaque Karol Dobiaš à NasTrencin.

Loin d’être désigné comme les favoris de cet Euro 1976, la Tchécoslovaquie, emmené par le duo Václav Ježek et Jozef Vengloš sur le banc de touche, appréhende se tournoi en toute décontraction pour faire chuter ces géants que sont les Pays-Bas et son « football total » de la génération Cruyff, ou le champion du monde et d’Europe en titre, l’Allemagne de l’Ouest d’un certain Beckenbauer ou encore le pays hôte, la Yougoslavie, loin d’être les pires branques balle au pied. Car oui, si l’Euro se jouait avec seulement quatre équipes, autant vous dire que le niveau, lui, était bien au rendez-vous avec de telles sélections.

Ⓒ me1976.szm.com

Malgré tout, la Tchécoslovaquie est incroyable et terrasse les meilleurs. Dans la revanche de Spartak Trnava – Ajax Amsterdam de 1969, la Tchécoslovaquie affronte les Pays-Bas d’un certain Johan Cruyff en demi-finales. Et comme face à l’Ajax dans le match retour en Tchécoslovaque, les hommes de Vengloš sortent un match parfait. « Cette année-là, l’équipe était très homogène, car composée d’excellents joueurs mais pas de stars. Nous étions extrêmement soudés. En demi-finale, Johan Cruyff n’avait pas touché un ballon. Il n’avait rien pu faire», se remémore Jozef Čapkovič, toujours pour Slovakronik. Un match face aux coéquipiers de Cruyff où le capitaine tchécoslovaque se met en évidence rapidement en délivrant les siens en reprenant un coup franc d’une superbe tête à la 19e minute. Avant que ce même Ondruš eût la sympathie de remettre les deux équipes à égalité après une reprise de volée gagnante dans ses propres buts. Qu’importe, cette Tchécoslovaquie a des ressources et va chercher sa qualification dans la prolongation en inscrivant deux buts salvateurs.

Il en sera de même pour les coéquipiers du Kaiser lors de la finale qui sacre cette bande de joyeux drilles tchécoslovaques dans le panthéon du football national et international. « Dans le vestiaire, j’ai dit aux gars dans la douche qu’ils se souviendront de ce jour comme le plus grand succès jamais atteint en Europe de l’Est, ces 30 dernières années. C’est encore vrai aujourd’hui », racontait Ondruš à Pravda. Un succès qui vu naître la Panenka, le couronnement de cette génération dorée et, au passage, un échange de maillot symbolique entre Ondruš et Beckenbauer. Quand l’élève dépassait le maître le temps d’une soirée. Deux hommes qui, malgré cet affrontement épique, restent encore en contact aujourd’hui. En souvenir de ce bon vieux temps où des défenseurs pouvaient rayonner dans le football mondial et concurrencer les joueurs offensifs au classement du ballon d’or.

Nommé dans le panthéon des joueurs tchécoslovaques et classé au sixième rang de l’élection du meilleur joueur européen de l’année 76, Ondruš reste encore à ce jour le plus grand défenseur slovaque de l’histoire.

Une seconde vie française

Nommé dans le panthéon des joueurs tchécoslovaques et classé au sixième rang de l’élection du meilleur joueur européen de l’année 76, Ondruš reste encore à ce jour le plus grand défenseur slovaque de l’histoire.

« Le Bayern Munich, Stuttgart et Mönchengladbach étaient intéressés par mon profil. C’est la seule chose que je regrette. Je n’avais pas le droit d’aller jouer dans un club étranger non socialiste », Ondruš dans une interview pour Sme Sport. Amer, le joueur n’a connu le haut niveau qu’à travers son club de toujours le Slovan, qu’il ne quittera que pour le Dukla Banská Bystrica, afin de passer son service militaire obligatoire, puis, la trentaine passé, pour le FC Bruges puis la France et le CS Thonon, alors en seconde division. Un choix de carrière qui rappelle celui de Zdeněk Nehoda, lui aussi passé par la Belgique puis par la France et Grenoble. Ou encore Ján Kozák, l’actuel sélectionneur slovaque, passé par Seraing avant de rejoindre le FC Bourges. Loin des fins de carrière actuelles. La faute à un pays où les frontières étaient fermées et où les joueurs ne s’exportaient que très rarement dans la force de l’âge.

Ⓒ Archive personnelle de Daniel Fillon

Interrogé par nos soins, Daniel Fillon, ancien portier du club durant de nombreuses années, ne tarit pas d’éloges sur son ancien coéquipier. « J’avais 18 ans quand il est arrivé en 1983, donc je ne le connaissais que de nom à son arrivée. Mais on a très vite compris que c’était un grand joueur. Il avait une prestance sur le terrain. Un vrai meneur d’hommes, avec du caractère. Un peu à l’ancienne, comme ça ne se fait peut-être plus maintenant. C’est un gars qui est droit, avec des valeurs humaines. Tout en ajoutant, c’était une armoire. Grand, élancé, costaud. Rugueux sur l’homme avec un bon pied droit. Il relançait bien. C’était une référence ». De footballeur, Ondruš eut également l’occasion de découvrir le poste d’entraîneur avec le club de Thonon. « Ce n’est pas pour rien qu’il est devenu entraîneur-joueur en remplaçant Michel Plumereau sur la fin. Bien qu’il fût entraîneur, il n’aurait laissé sa place sur les terrains pour rien au monde. Il aimait jouer, être au cœur de l’équipe. Quand un joueur faisait des écarts, ou si ça n’allait pas sur le terrain, il n’hésitait pas à le dire. Et à haute voix ».

Si le CST connut par la suite des années de galère, Ondruš, de son côté, raccrochait les crampons non loin de la quarantaine passée avec une dernière pige au FC Biel, en Suisse. Une région où il eut l’occasion de fonder une famille, s’installer près du lac Léman, loin de sa Slovaquie natale et de son Slovan Bratislava qui ne l’oubliera jamais. Lui, ce capitaine symbole d’une génération dorée et du miracle de Belgrade.

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La Hongrie endeuillée par la mort de Péter Esterházy

HU-LALA (Hongrie) - ven, 15/07/2016 - 12:37
Péter Esterházy, l’un des plus grands écrivains hongrois, est mort hier des suites d’un cancer à l’âge de 66 ans. Sa disparition a été commentée comme une «perte incommensurable» pour la littérature hongroise. Il laisse derrière lui une œuvre riche, caractérisée par une créativité débordante.

Né le 14 avril 1950 à Budapest, Péter Esterházy avait l’allure de ces rejetons rebelles de bonne famille, la chevelure indomptée mais une élégance toute aristocratique. Et pour cause, ses ancêtres ont fait partie de la plus haute noblesse de Hongrie, construit parmi les plus splendides palais du pays. Deux ans avant sa naissance, les Esterházy sont dépossédés de tous leurs biens par le nouveau régime communiste. Fils d’un ancien premier ministre du royaume, le père de Péter se fait journaliste avant de travailler activement pour le compte de la sécurité d’État, comme informateur de la police politique, ce que l’écrivain découvrira sur le tard.

Avant d’embrasser sa carrière littéraire, Péter Esterházy se lance en 1968 dans des études de mathématiques qu’il achève six ans plus tard. Fraîchement diplômé, il intègre l’institut informatique du ministère de la métallurgie et du Génie. Il en démissionne en 1974, afin de se consacrer à sa seconde passion : l’écriture. Dans ses deux premiers opii, Fancsikó et Pinta (1976) ainsi que Ne fais pas le pirate sur les eaux de Pápa (1977), il parvient à renouveler de façon originale l’écriture anecdotique, caractéristique de la littérature hongroise. Son premier vrai succès arrive seulement deux ans plus tard, en 1979, avec la publication de Trois anges me surveillent (Les aveux d’un roman) (Termelési-regény (kisssregény)), parodie des «romans de production», un genre encouragé par le régime communiste et qui proliférait en Europe centrale dans les années 1950.

«La phrase hongroise est aussi peu civilisée que le cœur»

Auteur de plus d’une dizaine d’ouvrages à la fin des années 1980, Péter Esterházy n’est découvert en France qu’en 1988, grâce à la traduction de son roman Indirect: introduction aux belles-lettres (Bevezetés a szépirodalomba), par Ibolya Virág et Ghislain Ripault. Il en suit Les verbes auxiliaires du cœur (1992), Le livre de Hrabal (1994), Une femme (1998), L’œillade de la comtesse Hahn-Hahn (1999), tous chez Gallimard. L’écrivain y développe cette «nouvelle prose hongroise» dont il devient petit à petit le chef de fil incontesté. Aimant jouer avec la structure «flottante» de sa langue, il décrit alors celle-ci en ces termes : «Pas de structures, des pronoms relatifs boiteux, rien qu’un assemblage de mots… et pourtant. La phrase hongroise, c’est ce et pourtant. Il faut constamment la recommencer. Elle est aussi peu civilisée que le cœur» (entretien avec Jean-Pierre Thibaudat pour Libération, 1995).

Dans Harmonia cælestis, publié en 2001, il prend pour thème son illustre dynastie et les relations avec son père, qu’il admire. «Déluge d’invraisemblances, carambolage d’anachronismes, le tout assaisonné d’anecdotes véritables et de documents du même métal reproduits in extenso», ce livre reste sans doute le plus marquant du travail de Péter Esterházy. Cité ci-avant, l’éditeur Éric Naulleau évoque même à son sujet un «état de grâce littéraire». Et de poursuivre : «Son stylo s’est fait baguette de sourcier, l’inspiration jaillit à gros bouillons -un autre livre va bientôt naître de la même veine, Harmonia cælestis a ouvert les vannes, Harmonia cælestis a tout changé, son créateur l’affirme, il peut maintenant écrire “normalement”».  Quelques années plus tard, Péter Esterházy se voit néanmoins obligé d’effectuer une brutale mise au point après la découverte de la collaboration de son père avec le régime communiste (Revu et corrigé, 2005).

Il commet en 2006 un ouvrage sur le football suite à un défi lancé par le journal allemand Süddeutsche Zeitung. Ancien bon joueur, frère d’un footballeur de carrière, Péter Esterházy se délecte dans Voyage au bout des seize mètres, du souvenir d’un match qui avait opposé la Hongrie à l’Allemagne en 1954, au moment où le Onze d’or de Ferenc Puskás devait logiquement emporter la Coupe du monde. Pour le critique littéraire Pierre Deshusses, l’écrivain hongrois parvient dans son livre à faire du ballon rond un «révélateur de la condition humaine». Selon lui, «bousculant les genres et les frontières, Esterházy sélectionne l’Europe, la dialectique de l’échec, l’alchimie du baiser, Thomas Mann et James Joyce, qui trouvent leur place dans ce livre jubilatoire en forme de surface de réparation».

Si Péter Esterházy est essentiellement connu en France pour ses romans, sa carrière d’écrivain a été ponctué par quelques incartades dans le monde du théâtre, mais aussi par la fondation de la revue historique Mercedes Benz et du Tesla Teátrum en 2015. Sa maladie, connue du grand public, fait l’objet de son ultime opus Journal intime du pancréas (Hasnyálmirigynapló), présenté en juin dernier à la Foire du livre de Budapest. Honoré par son pays, l’écrivain de génie a été notamment distingué par le très prestigieux Prix Kossuth, mais également en Autriche par le Prix Herder ou en France par l’Ordre des Arts et des Lettres‎. Considéré comme l’un des plus grands écrivains hongrois de son temps, de nombreuses figures en font également un des chefs de file de la scène littéraire européenne.

«Une perte incommensurable»

Sa disparition a été abondamment commentée dans la presse hongroise, mais aussi dans de nombreux grands journaux européens. Le directeur de sa maison d’édition – János Szegő – a évoqué auprès de MTI une «perte incommensurable» pour la littérature hongroise, mettant Péter Esterházy au même niveau que Miklós Mészöly, Dezső Kosztolányi ou encore Géza Ottlik. Dans Magyar nemzet, Zsuzsanna Körmendy salue la détermination avec laquelle l’homme a tenu à accomplir sa carrière d’écrivain :  «ce n’est pas la mort, mais bien lui qui a mis le point final à sa vie. Il n’a rien laissé d’inachevé. Pas même un accent ne manquait à la dernière phrase qu’il a écrite». Pour l’agence de presse autrichienne APA, la mort de l’auteur signe  «la disparition du maître de l’ironie hongroise post-moderne». Sur Internet, l’éditrice Ibolya Virág a commenté ce matin la nouvelle sur Twitter :

Grande tristesse Décès de Péter Esterházy, grand écrivain européen, des suites d’un cancer. Il avait 65 ans #Hongrie pic.twitter.com/umT5yavIK3

— Ibolya Virág (@ibolya_virag) 14 juillet 2016

L’héritage de Péter Esterházy dépendra de ce que l’on en fera, selon Péter György du Népszabadság, dont nous avons choisi de reproduire ici ses mots, en guise de conclusion : «Le temps est maintenant celui du deuil, du chagrin, d’accepter la perte définitive de Péter Esterházy. Il ne dépend en revanche que de nous de décider jusqu’à quand il restera à nos côtés, jusqu’à quand nous vivrons à travers lui. Commencer tel travail, ça n’est pas autre chose que continuer à lire».

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L’Union européenne plus populaire que jamais en Hongrie

HU-LALA (Hongrie) - mar, 12/07/2016 - 18:16
Les enquêtes d’opinion se suivent et se ressemblent : une très large majorité des Hongrois a une opinion positive de l’Union européenne.

Selon un sondage commandé par l’hebdomadaire Vasárnapi Hírek et réalisé par l’Institut Publicus, 70 % des Hongrois estiment que l’adhésion de leur pays à l’UE a été globalement avantageuse, contre 57 % un an plus tôt.

Les deux-tiers des sondés (donc les deux-tiers des Hongrois si l’échantillon est représentatif) pensent que la Hongrie a été capable de bien exploiter les opportunités liées à son adhésion, contre 59 % l’année précédente.

Enfin, les deux-tiers des Hongrois voteraient pour rejoindre l’Union européenne si un referendum devait se tenir cette semaine.

Y-a-t-il eu un effet du beau parcours de l’équipe nationale de foot au Championnat d’Europe ? Le Brexit et le referendum contre l’accueil de réfugiés planifié le 2 octobre fait-il craindre aux Hongrois de prendre le chemin d’un Hunxit ? Plus que jamais, la Hongrie présente cette particularité d’être un peuple europhile dirigé par des euro-critiques et des europhobes.

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Face à la Russie, l’Otan serre les rangs

HU-LALA (Hongrie) - lun, 11/07/2016 - 10:04
Lors de son 27e sommet, vendredi 8 et samedi 9 juillet, l’Alliance atlantique avait deux priorités : faire face à la Russie et lutter contre le terrorisme.

Varsovie, correspondance – Rencontre qualifiée d’historique bien avant qu’elle ne débute, elle s’est achevée sans surprises, tous ses objectifs atteints. Le premier d’entre eux était de renforcer le flanc Est de l’Alliance pour contrer la Russie. «L’Otan ne cherche pas la confrontation, nous ne voulons pas une nouvelle guerre froide, c’est de histoire, du passé, ça doit rester dans le passé», a immédiatement assuré Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’organisation transatlantique, vendredi matin.

« Le plus vaste mouvement de personnel de l’Otan depuis la fin de la Guerre froide »

Comme prévu, quatre bataillons (environ 4 000 hommes, dont 150 Français) «robustes et multinationaux» seront envoyés en Pologne et dans les pays baltes à partir de 2017. Ils stationneront par roulements de six à neuf mois avec une base permanente située en Pologne. Ce devrait être «le plus vaste mouvement de personnel de l’Otan depuis la fin de la Guerre froide», selon une responsable du ministère américain de la Défense, Elissa Slotkin. Pour Jens Stoltenberg, ce déploiement à l’est doit envoyer «un signal clair» à la Russie : «L’Otan est prête à défendre tous ses alliés».

Les chefs d’État et de gouvernement des 28 alliés ont fait front uni tout au long de la rencontre, malgré quelques dissonances avant et au début du sommet. Entre la Pologne, qui estime que la Russie est «la plus grande menace qui pèse sur l’Europe» et la France, qui considère que ce n’est «pas un adversaire, pas une menace», Jens Stoltenberg a exprimé la position officielle de l’Otan : «Nous ne voyons aucune menace immédiate vis-à-vis d’un allié de l’Otan. La Russie n’est pas non plus un partenaire stratégique».

Une réponse «proportionnée» à l’annexion de la Crimée et la crise dans l’est de l’Ukraine en 2014, estime l’Alliance. D’autant que les exercices militaire répétés, le long des frontières européennes ou dans la Baltique pourraient finir en «accidents ou incidents». Le feu vert au lancement d’un bouclier antimissile en Europe, dont les installations en Roumanie, Italie et Turquie sont opérationnelles, a été donné.

«L’Otan continue de voir le monde politico-militaire à travers une sorte de miroir déformant»

Insistant sur le caractère uniquement défensif des décisions prises par l’Otan, Jens Stoltenberg a insisté sur la nécessité d’ouvrir «un dialogue constructif» avec la Russie. Un Conseil Otan-Russie est prévu le 13 juillet à Bruxelles, après l’échec de celui qui s’est tenu en avril. Dimanche soir, le ministre russe des Affaires étrangères a répliqué dans un communiqué que «l’Otan continue de voir le monde politico-militaire à travers une sorte de miroir déformant» et  «concentre ses efforts sur la dissuasion d’une menace qui n’existe pas».

Directement concernées, la Géorgie et l’Ukraine ont reçu le soutien de l’Otan. La coopération avec le Géorgie, candidate à l’adhésion, sort «renforcée» de ce sommet. L’Ukraine obtient un «ensemble complet de mesures d’assistance» pour renforcer ses capacités de défense. En attendant une candidature à l’adhésion, «plus compliquée» que celle de la Géorgie, a reconnu Jens Stoltenberg, car le pays a besoin de réformes.

Outre le flanc Est, l’Alliance a pris des décisions concernant le flanc Sud-Est et souligné la nécessité d’assurer la «stabilité dans les pays voisins». En Afghanistan, la mission Soutien résolu est prolongée jusqu’en 2017, les aides financières jusqu’en 2020. Les troupes restent à 12 000 hommes sur place. Pour lutter contre le terrorisme, «des avions de surveillance AWACS fourniront des informations à la coalition internationale contre l’État islamique», des soldats irakiens seront formés et la présence en Méditerranée accrue.

Enfin, unité toujours, l’Otan et l’Union européenne ont signé une déclaration pour renforcer leur coopération, notamment dans le renseignement. Et le Brexit a été largement commenté, la Grande-Bretagne, proche alliée des États-Unis, est l’une des trois puissance nucléaires de l’Alliance et l’un de ses principaux contributeurs. Mais, a rassuré le Premier ministre David Cameron, «le Royaume-Uni ne va pas jouer un rôle moindre dans le monde».

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Pour ce député Fidesz, les Français sont des hyènes et peut-être même «les putes de l’Europe»

HU-LALA (Hongrie) - dim, 10/07/2016 - 18:22
Zsolt Tiffán aime beaucoup le football. Un petit tour sur sa page Facebook suffit à s’en convaincre. En revanche, ce député du Fidesz de la circonscription de Harkány/Villány située entre Pécs et la frontière croate, semble beaucoup moins aimer les Français et les Roumains.

Pas de chance pour lui, c’étaient ces deux pays qui ouvraient le championnat d’Europe le 10 juin dernier. Que la télé publique hongroise retransmette le match, voilà quelque chose qu’il a subi comme un réel affront, en témoigne ce qu’il reste d’un message Facebook posté le jour même du match et repéré par des confrères du site 444.hu.

«Je pose la question avec respect : au nom de quoi la télévision publique hongroise retransmet-elle le match France-Roumanie ? L’hymne de l’un des ces deux pays plairait-il à ces messieurs-dames de la rédaction ? Pourquoi faut-il nous infliger les putes de l’Europe et les enfants gâtés de l’Europe ? Ça nous gâche la fête».

Reste à savoir qui sont les putes et qui sont les enfants gâtés. Hulala vient tout juste de poser la question à Monsieur Tiffán pour en avoir le cœur net, de même que nous lui avons demandé quelles caractéristiques partagent les hyènes, les Roumains et les Français. Nous attendons ses réponses. Mais peut-être démentira-t-il à nouveau être l’auteur de ces messages et affirmera-t-il que son compte facebook a été piraté.

Puis, poursuivant sur sa lancée :

«France-Roumanie. Bon, on est d’accord, ça n’est pas un problème si je ne soutien aucun des deux ? Ces deux sortes de peuple ne nous ont pas apporté grand chose de bon… Vive les Hongrois !»

Mais de quoi peut-il bien parler au juste ?

Le 3 juillet, au moment du coup d’envoi du match de quart de finale entre la France et l’Islande :

«We are on your side,brothers of Iceland! We are true warriors! Hungarian,and the icelanders! We are true brothers!»

Sans que l’on comprenne bien en quoi les Islandais et les Hongrois sont des frères… On peut douter fortement que la fédération islandaise de foot (la KSÍ) ne s’enorgueillisse du soutien de ce monsieur. En effet, la KSI a, par exemple, taclé le Parti danois (Danskernes Parti, nationalistes) qui souhaitait que tous ses fans Facebook réclament que la France joue la Coupe d’Afrique des nations :

«Avec l’Euro, l’Islande et les Islandais ont gagné le respect du monde entier pour leur attitude positive et la KSÍ ne veut rien avoir à faire avec ce genre de propagande haineuse».

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