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Des primaires à gauche pour contrer Orbán ?

HU-LALA (Hongrie) - mar, 14/06/2016 - 11:26
Le petit mouvement écologiste Dialogue pour la Hongrie (PM) vient d’envoyer à tous les partis parlementaires d’opposition – Jobbik exclu -, une proposition d’organiser des primaires d’ici fin 2017, afin de constituer la liste des candidats aux élections législatives, et bien sûr de désigner celui ou celle qui affrontera le premier ministre actuel Viktor Orbán au printemps 2018.

La Hongrie succomberait-elle à son tour à la mode des primaires ? Alors que la gauche parlementaire hongroise est disloquée comme jamais, le maire PM du 14e arrondissement de Budapest, Gergely Karácsony, vient d’initier un appel à des candidatures d’union. La solution d’un pré-vote électronique des électeurs de gauche permettrait selon lui de régler de manière efficace le difficile exercice de composition des listes. Le précédent des élections législatives de 2014 avait été, de ce point de vue, catastrophique pour l’image de l’opposition. Formée à trois mois de l’échéance, la coalition «Unité» composée de cinq partis, avait alors fait les choux gras des chansonniers, moquant notamment les tractations interminables pour en désigner le leader. Finalement, le candidat désigné, le socialiste Attila Mesterházy n’avait reçu que 25% des voix.

Le parti PM a entièrement fait sienne cette initiative. Moyennant une contribution de 3000 forint (soit 10 euros) et un enregistrement nominatif, chaque électeur hongrois pourrait voter prioritairement en ligne ou, le cas échéant, dans un bureau de vote matérialisé. En Hongrie, les élections législatives sont à la fois un scrutin proportionnel, avec une liste nationale dont le premier nom est de fait candidat au poste de premier ministre ; mais aussi un scrutin territorial, avec des candidats en circonscriptions. Avec pareil système de primaire, les votants seraient appelés à désigner à la fois leur candidat de circonscription, la composition de la liste nationale ainsi que le prétendant au poste de chef du gouvernement.

La proposition de PM est de privilégier des modes de désignation qui soient le reflet le plus précis possible des rapports de force entre partis. Pour le candidat en circonscription, elle préconise un vote préférentiel : serait ainsi désigné celui ou celle qui aurait non pas la majorité des votes, mais le score de préférence le plus élevé. Concernant la liste nationale, l’idée défendue est celui du panachage. Enfin, la tête de liste serait également désignée selon le principe préférentiel. Le calendrier proposé prévoit le démarrage du processus à l’été 2017 pour une proclamation des résultats en décembre. La prochaine élection législative devrait avoir lieu en avril 2018.

L’idée d’une primaire commune concerne les partis suivants : Dialogue pour la Hongrie (PM), la Coalition démocratique de Ferenc Gyurcsány (DK), le Parti socialiste hongrois (MSzP), le Parti libéral hongrois (MLP), le mouvement Ensemble (Együtt) et enfin le second parti écologiste La politique peut être différente (LMP). Si PM est le premier parti à proposer une feuille de route si élaborée, le projet semble avoir déjà traversé l’esprit de certains appareils, notamment celui du MSzP. Reste à savoir la façon dont cette initiative sera reçue et surtout la manière dont elle sera débattue.

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TTIP, CETA, TiSA : les députés hongrois veulent avoir leur mot à dire

HU-LALA (Hongrie) - lun, 13/06/2016 - 16:02
L’écrasante majorité des députés hongrois a voté aujourd’hui une résolution visant à contraindre fortement la marge de manœuvre du gouvernement quant à la ratification des accords de libre-échange signés ou actuellement en cours de négociation entre la Commission européenne, le Canada et les États-Unis. En ligne de mire : le CETA, le TTIP et le TiSA.

La proposition est venue des bancs de l’opposition, portée par le député écologiste András Schiffer (LMP), mais a fait l’objet d’un très large consensus : 178 parlementaires sur 199 l’ayant approuvé. Elle vise à influencer la position du gouvernement hongrois dans les cycles de négociation en cours ou à venir en matière d’accords de libre échange entre l’Union européenne et des États tiers. Dans le collimateur : le CETA, signé par le Canada et l’Union européenne, mais dont l’entrée en vigueur est sans cesse retardée ; le TTIP, actuellement en discussion entre Bruxelles et Washington ; et enfin le TiSA, accord général sur le commerce des services en cours de négociation à l’échelle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

La résolution parlementaire porte sur deux points. Le premier concerne les lignes rouges de négociation, notamment en matière de respect des normes environnementales et sanitaires, mais aussi sociales et démocratiques. Le second aborde l’épineuse question de la ratification de ces traités commerciaux, laquelle est, depuis le traité de Lisbonne, du ressort exclusif de l’Union européenne, tant que les accords ne comportent pas de dispositions «non commerciales». Dans la mesure où le CETA, le TTIP et le TiSA font peser de lourds risques en matière de déstructuration de secteurs économiques entiers, mais aussi de nivellement vers le bas des règles de concurrence, les parlementaires hongrois ont ainsi demandé le reclassement de ces traités commerciaux en traités dits «mixtes». Cette mesure technique contraindrait alors les accords négociés par la Commission européenne à obtenir la ratification de tous les États membres avant leur adoption définitive.

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« J’ai honte d’en être arrivé là »

HU-LALA (Hongrie) - ven, 10/06/2016 - 13:47
Autrefois, cela semblait naturel que plusieurs centaines de personnes vivent à l’année dans des foyers de travailleurs. Mais il y a dix, vingt ans, leurs occupants étaient surtout des manouvriers qui faisaient l’aller-retour entre la ville et la province, le plus souvent en semaine. De nos jours, près de 80% des pensionnaires ont fait de ces logements leur seul et unique domicile. La situation des personnes âgées y est de plus en plus dramatique. Ce qui suit est le fruit d’un reportage réalisé au foyer de travailleurs de Gyáli út, à Budapest. La version originale de cet article écrit par Henriett Biczó, a été publiée le 20 mai 2016 dans Szabad Föld sous le titre « Szégyellem, hogy így lecsúsztam ». La traduction en français a été réalisée par Paul Maddens.

« C’est probable que ma vie personnelle n’aurait jamais pris cette tournure si je n’étais pas arrivée ici il y a trente ans. Il me reste deux ans jusqu’à la retraite, je le supporterai, même avec une seule jambe », nous confie Mária Balogh, avec qui nous sommes assis dans une chambre de 15 m². La lumière, qui envahit la pièce au travers d’énormes fenêtres, attire l’attention sur des meubles usés par on ne sait combien d’habitants. Désormais, Marika occupe seule la chambre, mais pendant trente ans, elle a toujours eu une colocataire. La distance entre les deux lits placés face à face contre les murs est peut-être d’un pas et demi, mais Marika dit qu’elle n’a pas besoin de plus de place.

« Je n’ai jamais eu de problème avec mes colocataires, il y en a même avec qui nous sommes devenus bonnes amies. Ceux qui vivent ici partagent le même sort, ce qui fait que nous sommes compréhensifs les uns envers les autres »,  résume ainsi, revenant tout juste de son travail, celle qui est professeure spécialisée en culture populaire hongroise.

Le foyer a été construit dans les années 1970, à l’époque où le fait de venir travailler à Pest, de retourner en province toutes les semaines et d’être logé en foyer de travailleurs, était considéré comme une forme de vie parmi d’autres. A cette époque, ceux qui faisaient ces allers-retours avaient leur « base arrière » en province et seul le travail les amenait à Pest. Ensuite, dans les années 1980 le foyer a été « promu » en Foyer des Professeurs et des Infirmières. C’est à ce moment-là que Marika s’est retrouvée ici. Elle a été élevée à Kelebia, dans la province proche de la frontière sud et y a vécu avec sa mère jusqu’à l’obtention de son diplôme d’école supérieure (note : équivalent du BTS français) à Szeged. N’ayant pu obtenir là-bas une place de professeure de hongrois, elle a trouvé – après quelques détours – du travail à Budapest. Il fallait alors payer 220 forints par mois pour le foyer de travailleurs (note : selon le taux de change actuel 70 cts d’euro). Son salaire de professeur était de 4500 forints (soit environ 15 euros), ce qui suffisait largement pour honorer telle somme.

« Quand je suis arrivée, ce n’était pas une honte de vivre ici »

« Quand je suis arrivée, des professeurs, des médecins, des infirmières habitaient ici. A aucun moment ce n’était une honte d’y vivre. Nous étions jeunes et aspirions à la vie collective, nous organisions des activités. Même notre chambre, nous ne la fermions pas. Il ne serait venu à l’esprit de personne que quelque chose pouvait être volé. Il n’y a pas longtemps, il m’est arrivé de mettre un poulet dans une cocotte pour le cuire en vue du dîner (note : dans la cuisine commune). J’ai fait un saut dans ma chambre pour aller chercher quelque chose et quand je suis revenue il n’y avait plus que le couvercle sur le poêle ».

La salle de bain, la cuisine et les toilettes sont communes. A chaque étage, il y a deux salles de bain pour 40 personnes. Pour la machine à laver le linge, il est possible d’acheter un jeton dans un automate pour 300 forints et cela suffit pour une tournée de linge sale.

« J’ai de la chance car à Kelebia, j’ai une maison avec un jardin J’y vais tous les weekends et j’y passe les étés, j’élève aussi des poulets. Quand j’irai à la retraite, il se peut que je la vende et que j’achète un petit appartement à Pest car mes parents vivent ici. J’ai de l’argent que j’ai économisé. Si j’avais été en location je n’en aurais pas », énumère Marika, qui a fait des études de hongrois à l’université et a appris l’allemand pendant les années passées au foyer.

« La suppression massive des foyers de travailleurs a joué un rôle dans l’accroissement rapide du nombre de sans logis »

Les foyers de travailleurs sont maintenant des hébergements à caractère commercial de catégorie C, la catégorie la plus basse. Celui de Gyáli út est financé par le BMSzKi (Institutions et Centres Sociaux de Budapest), autrement dit par la collectivité de la ville-capitale, ce qui fait que des travailleurs sociaux apportent une aide aux personnes arrivant ici.

Le directeur du foyer, Zsolt Keserű nous explique : « La suppression massive des foyers de travailleurs a joué un rôle dans l’accroissement rapide du nombre de sans logis. Notre foyer fonctionne pour moitié comme foyer de travailleurs et pour moitié comme hébergement temporaire où des sans abri peuvent venir. Il y a dix ou vingt ans, beaucoup de personnes avaient encore un endroit où rentrer chez eux. Maintenant pour 80% de ceux qui vivent ici, c’est le seul endroit où ils peuvent se réfugier. Officiellement, ils ne sont pas sans-abri mais ils appartiennent au groupe des sans-logis. La situation des plus âgés est toujours plus dramatique ainsi que celle des gens d’âge moyen vivant en province et qui, faute de possibilité de travail, viennent chercher à s’en sortir à la capitale. Cela ne marche pas pour tout le monde. Beaucoup viennent à Pest mais ensuite sont quand même sur la pente du déclassement ».

György Herbert et sa compagne Györgyi avaient touché le fond et vivent ici depuis maintenant trois ans. Ils disent qu’ils s’y sentent bien, comme s’ils étaient en location. La femme est technicienne en dessin industriel, elle a 63 ans, son compagnon, de deux ans plus âgé, est diplômé d’une école supérieure de santé. Ils sont budapestois de souche. Ils sont mariés depuis 25 ans. Ils ont vécu longtemps dans un logement géré par une municipalité mais ont accumulé des dettes et ont dû en partir. Ils ont acheté une maison à Tiszajenő pour 200 000 forints (note : à peu près 660 euros !) et ont trouvé un emploi dans une usine fabriquant des œufs Kinder. L’usine a fermé, ils ont été obligés de s’en aller. Ils ont vendu la maison mais l’acheteur ne pouvait payer que des traites de 30 000 forints (soit 100 euros). Ils ont trouvé du travail à Pécel pour un salaire horaire de 200-300 forints, pour lequel ils faisaient paître des vaches, cueillaient des fruits, travaillaient comme personnel-à-tout-faire.

« Dans deux ans nous achèterons une maison et partirons en province et nous vivoterons de notre retraite »

« Moralement nous n’avons pas supporté plus de 2 ans, nous étions des larbins », dit György alors que nous sommes dans leur chambre, laquelle est vraiment agréable. On entend la télévision, des fleurs sont alignées sur une étagère, la fenêtre est décorée par des rideaux. C’est eux qui ont acheté les chaises confortables. Dans l’entrée se trouve leur petite cuisine, sans rien pour la cuisson. Ils n’utilisent guère la cuisine commune car ne veulent pas faire le ménage des autres. Leur retraite se monte à 120 000 forints (400 euros), à côté ils travaillent et cela leur rapporte un petit quelque chose. Györgyi fait le ménage à l’Université Lóránd Eötvös, György travaille au même endroit à l’entretien.

« Si on s’en donne les moyens, on en trouve du travail. J’ai procuré du travail sûrement à 8-10 personnes mais j’ai toujours été gêné à cause d’eux. A mon avis, à un moment, la « maladie du foyer » va les envahir. Ici je suis en sécurité et tout cela finira par s’arranger. Dans deux ans nous achèterons une maison et partirons en province et nous vivoterons de notre retraite ». Alors que György raconte ses projets, le couple doit se dépêcher car la pluie a inondé les courts de tennis et il faut les remettre en ordre avant l’arrivée des premiers clients demain matin.

A l’exception des mois d’hiver, ils travaillent 12 heures par jour tous les jours de la semaine. L’argent supplémentaire est le bienvenu. Ils payent 64 000 forints par mois (soit 213 euros) pour l’hébergement. Si quelqu’un loue seul la chambre, il doit payer 54000 forints (180 euros), s’il la partage avec quelqu’un d’autre, 32000 forints (106 euros).

Zoltán Mattyasovsky, ingénieur en génie civil, n’avait jamais pensé qu’un jour il échouerait dans un foyer de travailleurs. « Si je dois être sincère, ce milieu est oppressant. Je n’y suis pas habitué. Je n’ai pas le même système de valeurs et les mêmes aspirations que la majorité de ceux qui vivent ici. Mais la vie est imprévisible », nous dit l’homme âgé de 42 ans dans le hall du foyer, qui est partagé avec les sans-logis. Le téléphone d’un homme émet une sonnerie bruyante, qui contraint lui et ses amis à pousser leur voix pour couvrir la musique. Personne ne les interpelle, mieux vaut rester calme. Ici il y a un buffet, un peu plus loin un parloir où des vêtements s’amoncellent sur des tables. Si quelqu’un s’est lassé d’un vêtement, il le dépose ici, au cas où cela conviendrait à quelqu’un d’autre. Ici, il est possible de regarder la télévision, c’est plutôt au moment des match de football que la salle se remplit. Il y en a qui ne viennent pas car ils ne veulent pas se quereller avec quelqu’un d’autre pour décider s’ils regardent la série brésilienne ou la retransmission du sport.

Zoltán, lui aussi, vient rarement ici, il prend plus de plaisir dans la compagnie des livres. Il passe souvent à la bibliothèque, il va aussi au yoga ; les activités ont lieu dans le foyer. Il mange beaucoup de fruits et de légumes, il essaye de vivre le plus sainement possible. Cet homme est venu de Tiszafüred à Pest en 1998, il avait trouvé un bon emploi dans une entreprise florissante. Il avait un salaire au-dessus de la moyenne, une compagne, un appartement avec un crédit. Tout laissait penser que sa vie était sur des bons rails.

« Nous songions déjà à fonder une famille, mon amie est tombée enceinte mais elle a fait une fausse couche. J’ai obtenu un travail d’un an à l’étranger, mais alors que ma mission touchait à sa fin, mon amie m’a quitté et mon emploi a pris fin. La crise n’a pas seulement frappé l’économie mondiale, elle a touché ma vie également. J’ai créé une entreprise pour ne pas me laisser abattre et j’ai commencé à enseigner. Mais n’ayant pas pu rembourser le crédit que j’avais contracté sur la base d’une devise dont le cour avait sensiblement augmenté, il a fallu liquider l’entreprise déficitaire. Mes parents savent que j’habite dans un foyer de travailleurs mais je n’aimerais pas qu’ils me rendent visite. Mes amis viennent parfois mais je n’invite personne volontiers. Je pense qu’un homme de 42 ans qui a une telle existence ne trouve pas facilement de vraie relation. Ce n’est pas le but de ma vie de rester longtemps ici, car avec le temps je pourrai aller en location. Mais ce sera difficile avec mon salaire d’enseignant ».

150 personnes vivent dans le foyer. Il ne fait aucun doute de l’usure dont souffre le bâtiment. Beaucoup de moyens sont consacrés à son entretien mais la rénovation complète reste un vœux pieux. Le rafistolage reste de la règle, mais la direction s’efforce d’obtenir des financements de toutes les façons possibles. Ainsi, le côté donnant sur la rue a été loué à un magasin de carrelages ; à côté une pizzeria s’est ouverte ; un magasin Vodafone s’est aussi installé ici.

La plupart des personnes n’aspirent pas au luxe et sont déjà heureuses de pouvoir être ici, principalement celles qui sont âgées. Ce n’est pas facile de savoir quoi faire avec elles, d’autant plus lorsqu’elles sont malades ou ne savent plus s’occuper d’elles-mêmes.

Tata Anna a 74 ans et ne pourrait imaginer sa vie ailleurs. Cette professeure d’allemand et de russe, qui a obtenu aussi un diplôme d’italien raconte : « J’ai honte d’en être arrivée là. Je suis alcoolique mais je ne bois plus depuis trois mois. Je vais au Club des Alcooliques Anonymes et aux cours sur la Bible. Je suis devenue croyante récemment. Dans le foyer les responsables sont gentils avec moi. L’an dernier, je suis allée dans une maison de retraite mais ils m’ont mise dans un service pour incurables. La nuit je me suis enfuie et je suis revenue ici ».

Elle a enseigné pendant 21 ans à l’Ecole Supérieure des Arts Appliqués, elle vivait à Rózsa Domb (ndt : parmi les beaux quartiers de Buda), avec son mari et deux enfants. Elle avait un abonnement au Vígszínház (ndt : théâtre de la Gaieté), elle fréquentait les bains Lukács (ndt : des thermes fréquentés autrefois par la nomenklatura). Après que son mari l’eût quittée, elle s’est mise à boire. Ses enfants ont rompu avec elle, elle n’a pas encore vu son petit fils âgé de 14 ans qui vit à Paris. Depuis deux mois elle va chez une femme de 92 ans, elle s’occupe de ses courses, bricole pour elle. « Il est possible de trouver la paix de l’esprit mais je me sens sans abri. Une poêle, une cocotte, une tasse, une assiette plate quelques livres …voilà tout mon bien. Je n’ai même pas une photo de qui que ce soit, ma vie d’avant a disparu sans laisser de traces et celle d’aujourd’hui aussi disparaît lentement ».

Éléments de contexte L’industrialisation à marche forcée des années 1950 a donné naissance à de nombreux foyer de travailleurs, non seulement dans la capitale, mais également dans d’autres localités industrialisées. Pendant leur âge d’or, plus de 200 000 personnes vivaient ainsi. Les plus chanceux trouvaient à se loger dans des petits appartements des cités ouvrières, lesquels sont devenus avec le temps des logements à part entière (à Újpalota notamment). A Budapest en 1980, 60 000 personnes vivaient dans 563 foyers. Dix ans plus tard, les recenseurs n’en ont trouvé que 33 000 réparties dans 323 foyers. Selon une courte étude du directeur du BMSzKI Péter Győri, 40% des foyers de travailleurs ont cessé de fonctionné entre 1989 et 1993, ce qui a eu un impact très important sur le volume général de logements disponibles dans le pays. La plupart des foyers sont devenus des hôtels. Ce sont les nouveaux propriétaires qui ont réalisé la reconversion, après s’être procuré à bon marché des bâtiments que les pouvoirs publics rechignaient à entretenir. Les foyers restants ont été recatégorisés comme des foyers à base commerciale. Dans ces derniers, la règle principale est : « si tu payes tu peux rester, si non, c’est mieux si tu prends le large ».
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Jerzy Kukuczka et les alpinistes polonais oubliés

HU-LALA (Hongrie) - jeu, 09/06/2016 - 16:03
Dans les années 1970 et 1980, alors que la Pologne était empêtrée dans un régime exsangue, le pays ne cessa de briller à l’étranger : il y eut le journaliste Ryszard Kapuściński, auteur de récits fabuleux sur l’Afrique et les Amériques, la nomination de Karol Wojtyła en tant que Pape en 1978 et les exploits d’une exceptionnelle génération de footballeurs menée par Jan Tomaszewski, Kazimierz Deyna et Grzegorz Lato. Et puis il y eut une bande d’alpinistes. Un peu oubliés. Et pourtant ils ont marqué l’histoire des plus hauts sommets himalayens. Jerzy Kukuczka était leur porte-étendard. Article publié le 17 mai dans Hajde Les débuts dans les Tatras

Le fabuleux organisateur d’expéditions Andrzej Zawada, le soliste de génie Wojtek Kurtyka, la pionnière de l’alpinisme féminin Wanda Rutkiewicz, le solide Krzysztof Wielicki : quatre noms parmi la vingtaine qui ont composé la génération spontanée née après la seconde guerre mondiale qui a marqué l’alpinisme mondial. Mais au-delà de ceux-là, un nom revient avec insistance dans les livres et les dires des protagonistes de cette épopée : Jerzy Kukuczka.

Né en 1948, Jerzy découvre l’escalade par l’entremise d’un ami pendant son adolescence et les premiers contacts avec les falaises et rochers lui procurent un plaisir dont il ne pourra bientôt plus se passer. A l’époque, la Pologne vit, comme de nombreux pays du bloc de l’Est, dans un relatif enfermement. La quête d’un passeport voire d’un visa pour aller à l’étranger est très complexe. Heureusement la Pologne offre dans son jardin un délice dont les alpinistes locaux savent jouir : les Tatras. Certes les sommets n’y sont pas impressionnants (2499 mètres pour le Mont Rysy du côté polonais) mais cela suffit pour que des néophytes de la montagne s’aguerrissent en perfectionnant leurs techniques, en essayant d’ouvrir de nouvelles voies dans la montagne, voire en allant mettre le pied de l’autre côté des sommets : en Slovaquie – ce qui est bien entendu interdit à l’époque. Toute une génération s’aguerrit dans ces montagnes, développant, au-delà d’un appétit pour les sommets et d’une technique, un réel esprit de fraternité et de corps qui fera aussi la grandeur de l’école polonaise d’alpinisme pendant ces deux décennies.

A 23 ans, Kukuczka découvre aussi la mort en montagne. Parti à la conquête d’une voie en plein hiver dans les Tatras, le Polonais voit son compagnon Piotr Skorupa mourir pendant l’ascension. Ce sera la première fois que le grand alpiniste comprendra que la montagne offre à la fois énormément en termes de liberté, de plaisir, de sensations mais peut aussi coûter cher. Un prix que Kukuczka est prêt à payer.

Les premiers pas dans les Alpes, la débrouille au pays

1972 – Dans les Dolomites

Les capacités de Kukuczka sont bientôt reconnues dans le milieu de l’alpinisme et le voilà rapidement coopté pour des expéditions à l’étranger, notamment dans les Alpes. Le gouvernement est bienveillant, sachant que les prouesses de certains seront positives pour l’image de la Pologne, mais ne facilite malgré tout pas la vie quotidienne des alpinistes. Ils sont logés à la même enseigne que le reste du peuple polonais à l’époque.

Cependant, grâce à leurs qualités hors du commun, les montagnards deviennent rapidement des spécialistes de « l’alpinisme industriel ». Tout ce qui se déroule en hauteur est pour eux : peintures de cheminées, travail acrobatique en hauteur, etc. Même en dehors de leurs périodes en montagne, ces alpinistes vivent harnachés à leurs cordes. Les petits travaux se multiplient également pour parvenir à récolter assez d’argent pour organiser des expéditions à l’étranger. La débrouille est vitale pour cette génération d’alpinistes polonais. Alors que les Britanniques, les Autrichiens voire les Français peuvent se payer ce qu’ils veulent, les Polonais doivent souvent faire appel à de petits artisans locaux pour fignoler leur matériel de montagne voire coudre eux-mêmes leurs habits pour résister à des conditions extrêmes.

Lors de ces premières expéditions à l’étranger, tous découvrent la vraie nature de Kukuczka comme le décrit Wojciech Kurtyka : « Tous ces moments où je souffrais physiquement, Jurek ne montrait aucune signe de faiblesse. Quand je commençais à ressentir une peur réelle, Jurek commençait tout juste à être un peu concerné. Il flirtait avec la mort et allait au-delà de ses faiblesses, il se poussait sans cesse aux frontières de ses propres limites. Je suis convaincu que c’était une source de force et de satisfaction pour lui. » Une vision corroborée par un autre alpiniste de cette génération Marian Bala : « Un alpiniste doit avoir un psyché avant tout. Ce qui veut dire qu’il doit avoir une idée des voies en montagne et savoir ce qui peut être fait, comment cela peut être fait et avoir la volonté d’arriver au sommet. Kukuczka avait tout cela, il était comme une machine. »

La quête de la couronne de l’Himalaya

Bien entendu, après s’être amusés dans les Alpes et en Amérique du Nord, les Polonais n’ont qu’une idée en tête : la chaîne de l’Himalaya. Conquérir les plus hauts sommets du monde. A l’époque un Italien Rheinhold Messner est lancé dans la conquête de « la Couronne de l’Himalaya », les quatorze sommets à plus de 8000 mètres. En 1979, alors que Jerzy Kukuczka se lance dans le même défi, l’Italien a déjà conquis six sommets.

1987 – Annapurna. Artur Hajzer, Wanda Rutkiewicz et Jerzy Kukuczka.

Année après année, le Polonais conquit ces sommets. 1979 : Lhotse (8516m), 1980 : l’Everest (8848m), 1981, Makalu (8463m)… Mais pour lui, il ne s’agit pas simplement d’une course contre la montre, d’être le premier à gravir ces 14 sommets. Il s’agit avant tout d’une question de style, de performance. Kukuczka ouvre de nouvelles voies, gravit certains sommets en solo et en franchit d’autres en plein hiver, ce qui fit dire à Rheinhold Messner : « Il était celui qui poussait les autres vers les sommets, celui capable de rester une semaine dans des conditions difficiles de neige et froid. Et même là, il avait encore la force d’avancer. Ce que Kukuczka a fait sur le K2 par exemple était ce qui se faisait de mieux à l’époque. Dans les années 1980, il a réalisé tout ce qui semblait impossible. »

Alors que nombre d’alpinistes sont avant tout des athlètes secs soucieux de leur diététique, Kukuczka dénotait aussi par son allure et son régime loin de toutes contraintes. Malgré tout, il résistait mieux que les autres aux conditions extrêmes comme l’explique Leszek Cichy : « Jurek avait une incroyable capacité à endurer les pires conditions. Lors d’une saison hivernale, dans la chaîne de l’Himalaya, il a réussi à trouver des camps en redescendant. Il n’avait rien : ni tente, ni équipement pour cuisiner, pas de couvertures supplémentaires mais ils devaient survivre. Jurek a passé ces deux nuits sur ces sommets à 8000 mètres d’altitude en grande forme… »

En 1986, seize ans après avoir gravi son premier sommet de l’Himalaya, Messner complète la liste des quatorze quelques mois avant Kukuczka qui aura mis huit ans de moins que l’Italien. Là encore, Leszek Cichy rend hommage à son compatriote : « Quand il fut la deuxième personne au monde à conquérir la couronne de l’Himalaya, Jerzy le fit bien plus vite et dans un style plus admirable sportivement parlant, découvrant de nouveaux passages dans des itinéraires très durs. Beaucoup lui ont dit : ‘Jerzy, tu es déjà une personne incontournable de l’alpinisme polonais. Arrête de grimper.’ Et Jurek répondait : ‘Je n’ai pas fait cela pour battre des records. Je l’ai fait parce que c’est ce que j’aime faire. Je me sens bien en montagne, j’y retournerai encore et encore. Voici pourquoi je ne peux pas arrêter.’  »

La mort en montagne

Comme pour d’autres alpinistes polonais de cette génération, la conquête des plus hauts sommets de la planète allait au-delà de la performance sportive ou physique. Il s’agissait avant tout d’un exercice de liberté – réduite dans leur pays mais sans limite dans ces voies de montagnes encore vierges pour certaines, des moments où chacun pouvait se retrouver avec soi-même et se confronter à ses propres limites et à l’inconnu.

Après avoir conquis la Couronne de l’Himalaya, Jerzy Kukusczka ne cessa d’aller en Asie pour ouvrir de nouvelles voies, continuer à faire vivre sa passion. En 1989, il retourna gravir le Lhotse, le premier des quatorze sommets himalayens qu’il avait conquis. Cette fois-ci pour s’attaquer à une autre face de la montagne. Peu avant de partir, il déclara lors d’une interview à la télé polonaise : « Il arrive un moment où un homme en a assez de la civilisation, de la ville et veut juste partir pour les sommets. Parfois ces sommets sont proches, parfois ils sont lointains : les Tatras, les Alpes et finalement l’Himalaya. Régulièrement ces sommets nous appellent.  Ce n’est pas assez d’être ‘dans’ la montagne, de suivre les mêmes vieux itinéraires, j’ai cherché quelque chose de nouveau, attiré par l’inconnu. »

A la dernière question du journaliste lui demandant pourquoi il ne cesse de retourner dans ces sommets, il répondit : « Pourquoi mettre un terme à quelque chose qui se passe si bien ? » Ce sera le dernier voyage de Kukusczka vers les hauts sommets himalayens. Trahi par une corde défaillante, il périra dans l’ascension du Lhotse. Quelques semaines plus tôt, le footballeur Kazimierz Deyna décédait dans un accident de voiture aux États-Unis. En cette fin d’année 1989, la Pologne perdait deux grands symboles, deux personnages qui avaient vécu en hommes libres. Une liberté que leurs compatriotes était en passe de découvrir réellement grâce à Solidarnosc…

En bonus: le fabuleux documentaire The Art of Freedom sur toute cette génération d’alpinistes polonais (avec des sous-titres anglais)

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Budapest-Alger : la première ligne entre le Maghreb et l’Europe centrale

HU-LALA (Hongrie) - jeu, 09/06/2016 - 10:44
Une ligne aérienne ouvrira au mois de septembre entre les capitales hongroise et algérienne.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, il s’agira de l’unique liaison aérienne entre le Maghreb et l’Europe centrale. Le vol de 1 800 kilomètres  Budapest-Alger sera effectué par la compagnie Air Algérie en 2h30 deux fois par semaine.

« Je suis confiante que ce vol sera une réussite parce que je sais que dans le domaine économique, nous avons beaucoup à faire ensemble, nous construisons sur un héritage positif avec des experts hongrois qui travaillent en Algérie, des étudiants algériens en Hongrie, dont beaucoup sont de hauts cadres, en plus des échanges culturels. Le vol va être un moyen de multiplier les communications et renforcer le dialogue », a déclaré Helga Katalin Printz, ambassadeur de Hongrie en Algérie, lors d’un déjeuner de presse organisé à la Résidence de Hongrie.

Dans un article intitulé « La Hongrie s’ouvre aux Algériens », le journal El Watan vante les qualités culinaires et thermales de Budapest et se réjouit de ce que « la Hongrie est un pays très accueillant et amical, qui propose toute une gamme de produits touristiques pour les familles, les individuels, le tourisme de santé et de bien-être ».

Le voisin marocain aussi lorgne sur les débouchés des marchés d’Europe centrale. L’ouverture d’une ligne entre Budapest et Casablanca est envisagée par le ministère du tourisme marocain, rapporte le site internet du journal L’Opinion. Budapest pourrait donc bien devenir pour les pays du Maghreb le principal hub et la porte d’entrée de l’Europe centrale.

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L’ex-premier ministre tchèque Topolánek fait caca dans sa culotte

HU-LALA (Hongrie) - mar, 07/06/2016 - 12:56
Après de Gaulle, Churchill ou bien l’ex-président tchèque Václav Klaus, Mirek Topolánek rejoint lui aussi les rangs des hommes d’État ayant lancé leur propre carrière littéraire.

Ceux qui connaissent l’âme frêle de l’ex-premier ministre tchèque – le seul qui a été destitué au parlement, en 2009 – ne s’étonneront guère du titre poétique qu’il avait choisi pour son premier livre : Il ne faut pas chier dans sa culotte (Hlavně se neposrat, Euromedia 2016).

Topolánek fut censé s’inspirer d’une citation que les Tchèques prêtent à Charles Bukowski : Le monde appartient à ceux qui ne chient pas dans leur culotte. Pour être objectifs, nous devons admettre que l’auteur du Journal d’un vieux dégueulasse ne fait point l’ombre à l’ex-premier ministre tchèque. Qui a été pris en photo sur la terrasse d’une résidence du chef du gouvernement italien en exercice (Berlusconi), exposant son « engin viril » en compagnie de jeunes filles dénudées ? Non, ce n’était pas Bukowski !

Par ailleurs, il n’est pas exagéré de dire que tout le monde s’intéresse au premier livre de Topolánek. Il n’y a pas que les critiques littéraires de renom qui l’analysent, mot par mot, mais aussi la Police tchèque. C’est son passage sur l’élection présidentielle de 2008, remportée au troisième tour d’une seule voix par Václav Klaus (et suite à laquelle les parlementaires avaient préféré changer le mode de scrutin en direct), qui séduit le plus les enquêteurs. Dans son style inimitable, notre auteur écrit : « Le but a été atteint. Je ne me sentais pas hyper bien… Pour conclure, je ne peux pas m’abstenir d’une petite phrase assassine : Milan, est-ce que tu vas rendre tout cet argent ? »

Les investigateurs tchèques voudraient dénicher qui est ce Milan. Ils parlent de la corruption… Permettez-moi de rire ! Ces flics ont-ils jamais entendu parler d’une métaphore ? Celui qui a un rien de sensibilité littéraire doit comprendre que cette phrase n’est qu’une allusion subtile à la gloire imméritée de Milan Kundera.

En quoi consiste la particularité du style de Mirek Topolánek ? Dans sa fibre poétique… en fait, les écrivains tchèques ne possèdent pas de fibre, mais bel et bien un « intestin poétique ». C’est à cause de son intestin (trop) poétique que l’auteur en question a fini par faire caca dans sa culotte… À la différence de Charles Bukowski ou de son héritier Topolánek, je n’ai pas le droit de sortir ce mot commençant par un « c » et qui n’est réservé qu’aux grands.

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À Dunaújváros, la division à gauche profite au Fidesz

HU-LALA (Hongrie) - lun, 06/06/2016 - 15:12
Ce dimanche s’est tenue une élection locale partielle à Dunaújváros, provoquée par la démission du conseiller municipal Fidesz Roland Gál en mars dernier. Alors que la gauche avait de sérieuses chances de récupérer ce siège au sein d’une assemblée municipale dominée par la droite, sa division l’en a empêchée.

Il ne s’agissait assurément pas de l’enjeu électoral du siècle, tant l’élection partielle d’hier à Dunaújváros ne portait que sur le remplacement d’un membre démissionnaire de l’assemblée municipale. Chaque conseiller étant élu par quartier, le scrutin ne concernait même pas tous les électeurs de cette ancienne «ville socialiste modèle», autrefois bastion du MSzP. Pourtant, la victoire de la candidate Fidesz, Fruzsina Lassingleitner, a été précédée d’une agitation peu commune de la part des états major des partis, MSzP et DK en tête. Le premier refusant de se ranger derrière le second, la querelle fratricide n’a pu être évitée. Sentant les bénéfices qu’il pouvait tirer d’une telle division de son opposition, Viktor Orbán n’a pas hésité à s’impliquer personnellement dans la campagne, en promettant la semaine dernière près de 20 milliards de forints d’investissement public au service du développement de la ville.

Alors que le MSzP était persuadé de devancer DK, né d’une dissidence autour de l’ancien premier ministre Ferenc Gyurcsány, il se fait littéralement humilier en arrivant, avec 97 voix, quatrième derrière le Jobbik (199 suffrages). Avec 241 électeurs, DK parvient donc tout juste à se hisser à la deuxième place derrière le Fidesz (405 voix), lui permettant à la fois de marquer des points sur le leadership à gauche et de montrer qu’il peut mobiliser davantage que l’extrême-droite. Avec 84 votants, le parti écologiste de gauche PM montre quant à lui sa difficulté à s’installer en province, alors qu’il dispose d’une solide assise à Budapest. Alors que le Fidesz a essuyé de notables défaites lors de plusieurs scrutins partiels, cet embrouillamini au sein de la gauche a permis à peu de frais à Viktor Orbán de laver ces affronts.

Source : Népszava

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Orbán en Égypte : «un bon chrétien ne peut pas être anti-musulman»

HU-LALA (Hongrie) - lun, 06/06/2016 - 06:59
La visite de trois jours du Premier ministre hongrois en Égypte a été l’occasion pour lui d’offrir un visage différent de celui qu’il a donné à voir depuis le début de la crise migratoire.

Contrairement à l’impression que pourraient laisser les titres de la presse internationale ces derniers mois, la Hongrie cultive de bonnes relations diplomatiques avec plusieurs pays du monde arabo-musulman. Au mois de mai, la Hongrie et l’Algérie ont par exemple convenu de booster leurs relations commerciales et touristiques en ouvrant une ligne aérienne Alger-Budapest, assurée par la compagnie Air Algérie à compter du 11 septembre prochain. Plus généralement, la visite de Viktor Orbán en Égypte, la semaine dernière, s’inscrit dans le cadre d’intenses efforts de la part de la diplomatie hongroise vis-à-vis du Maghreb, du Moyen-Orient, de l’Asie centrale et de l’Asie.

En marge de sa rencontre avec le cheikh Ahmed Mohamed El-Tayeb, grand imam de la mosquée al-Azhar (qui a par ailleurs étudié la pensée islamique à la Sorbonne), Viktor Orbán a déclaré qu’un bon chrétien « ne peut pas être anti-musulman » et que « ce n’est pas parce que différentes cultures existent sur Terre qu’elles doivent s’affronter. Nous pouvons vivre en paix aux côtés du monde musulman. Pas mélangé avec lui, mais à côté de lui. C’est un point de vue chrétien que les musulmans sont heureux d’accepter ».

Le Premier ministre Orbán a aussi profité de ce voyage pour s’aventurer sur un terrain qui lui est familier et sur lequel il excelle : condamner les ingérences politiques occidentales dans le monde arabo-musulman, se démarquant de fait de ses partenaires de l’Otan.

«Nous [les Européens] sommes intervenus dans trois pays : l’Irak, la Syrie et la Libye. Tous les trois se sont effondrés. […] Cette folie, qu’on appelle “democracy export“, en vertu de laquelle nous essayons de rendre les gens d’autres cultures heureux selon nos définitions de la culture européenne, a échoué. La démocratie ne peut pas être exportée. […] Il revient à chaque nation de prendre les décisions qui concernent ses propres affaires », a-t-il souligné.

« La démocratie ne peut pas être exportée » (Viktor Orbán)

La visite ne ravit pas tout le monde  cependant…

Mada Masr, un site égyptien né en 2013 et qui se présente comme «indépendant» et «progressiste», fait entendre pour sa part un son de cloche moins enthousiaste. Il y a vu la rencontre de deux autocrates «en admiration réciproque» et constaté «le soutien absolu des deux leaders l’un pour l’autre». Faisant référence au traitement des médias et des ONG, Mada Masr estime que «les deux présidents ont parfois adopté des politiques étonnamment semblables».

Le site rappelle que le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi avait effectué une visite à Budapest en juin 2015 pour signer des accords de coopération dans plusieurs domaines avec la Hongrie. Le successeur de Mohamed Morsi avait alors espéré que la Hongrie « prenne position en faveur de l’Égypte au sein de l’Union européenne». Ce fut vraisemblablement chose faite puisque lors de la conférence de presse la semaine dernière, Sisi a déclaré : « Je tiens à remercier la Hongrie pour son comportement positif envers l’Égypte, malgré les positions négatives des autres pays qui ignorent les défis auxquels nous sommes confrontés».

L’Égypte est récemment devenu le premier partenaire commercial de la Hongrie au sein du monde arabe. Le volume des échanges bilatéraux est monté à 300 millions USD en 2015 et le gouvernement hongrois espère doubler ce chiffre dans les années à venir.

Sources : Kormany.hu, About Hungary, Mada Masr, Ahram Online.

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Parfum de scandale autour du métro 3 de Budapest

HU-LALA (Hongrie) - lun, 06/06/2016 - 06:20
À peine arrivées à Budapest, les rames de la ligne 3 de métro, livrées par la société russe Metrovagonmash défraient la chronique. Il ne s’agirait pas des anciennes rames rénovées, mais de matériel flambant neuf. Ce ne serait pas un problème… si ce n’était contraire à l’appel d’offre conclu entre la régie municipale de transport BKK et l’entreprise de Mytichtchi.

Le premier prototype des futures rames du métro 3 est arrivé à Budapest il y a quelques jours. Le journal Népszabadság affirme que, selon plusieurs experts, il est exclu que ce prototype soit une version rénovée des rames encore actuellement en circulation sur la ligne 3.

En effet, vu l’état de délabrement avancé du métro, plusieurs mois supplémentaires auraient été nécessaires à la rénovation. D’autre part, certains éléments comme la carrosserie tendent à prouver que ce ne sont pas les mêmes machines.

Pourquoi ce tour de passe-passe pose-t-il problème, après tout ?

Tout simplement car l’appel d’offre concernait la rénovation des actuelles rames et non l’acquisition de machines neuves comme cela avait été fait sur la ligne 2 du métro. Et selon les experts cités par le Népszabadság, le constructeur russe Metrovagonmash aurait été incapable de remporter un contrat portant  sur de nouvelles rames face à un constructeur comme Alstom.

La différence de prix est conséquence : le métro neuf construit par Alstom a une valeur de 1,27 million d’euros contre 0,98 million d’euros pour une rénovation réalisée par Metrovagonmash.

Le maire de Budapest, István Tarlós a déclaré au portail Origo.hu : « Est-ce un problème si nous obtenons un meilleur métro pour la même somme d’argent ? […] De toute façon, les nouvelles rames essuieront de nombreux tests avant de recevoir l’autorisation d’entrée en service ».

Le parti politique LMP a d’ores et déjà déclaré étudier les possibles failles juridiques de l’appel d’offre pour porter l’affaire devant un tribunal.

Sources : HVG.hu, NOL.hu, Origo.hu

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L’islamophobie de Robert Fico dérange le parti socialiste français ?

HU-LALA (Hongrie) - jeu, 02/06/2016 - 18:40
Le Premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, a dénoncé les nouvelles considérations islamophobes du Premier ministre slovaque.

« Le Parti socialiste dénonce fermement les propos de Robert Fico et s’inquiète d’une telle orientation alors que la Slovaquie va présider l’Union européenne », peut-on lire dans un communiqué du Parti socialiste français (PS) en date du 27 mai.

« Cela peut paraître étrange, mais désolé…l’Islam n’a pas sa place en Slovaquie » (Robert Fico)

Les propos en question, ce sont ceux tenus par le dirigeant slovaque lors d’une interview avec l’agence de presse slovaque TASR, il y a quelques jours : « Cela peut paraître étrange, mais désolé…l’Islam n’a pas sa place en Slovaquie ».

Cette déclaration intervient quelques semaines après sa réélection marquée par le refus d’accueillir des réfugiés ventilés selon des quotas établis par la Commission européenne.

Le communiqué du PS poursuit : « Si la droite européenne s’accommode d’un Viktor Orbán en son sein, la social-démocratie européenne qui a toujours lutté contre le national-populisme refuse toute compromission rhétorique ou politique avec les idées d’exclusion et de division qui sont l’essence de l’extrême-droite ».

En effet, Robert Fico a peut-être encore plus de détracteurs au sein du Parti socialiste européen (PSE) que Viktor Orbán au sein du Parti populaire européen (PPE). Son parti, le SMER-SD, avait déjà été suspendu du PSE d’octobre 2006 à février 2008 suite à son alliance avec le parti nationaliste Slovenská národná strana (SNS).

En septembre 2015, au plus fort de la crise migratoire en Europe du sud-est, Gianni Pittella, président du Groupe S&D au Parlement européen avait réclamé une nouvelle suspension du parti de Robert Fico en raison de ses propos hostiles aux réfugiés musulmans. Sans succès.

La position de M. Cambadélis ne fera pas oublier cependant, qu’en matière d’accueil des réfugiés, le Parti socialiste du Premier ministre Manuel Valls n’est pas le partenaire du SMER le plus crédible pour dénoncer celui-ci.

Photo : wikicommons.

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«La France en flammes» vue de Hongrie : chronique d’une mésinformation

HU-LALA (Hongrie) - jeu, 02/06/2016 - 14:53
Chers lecteurs, c’est sans doute la première fois que Hulala s’immisce à ce niveau dans le débat public hongrois, mais la lecture d’un article récent publié sur Index portant sur les grèves en France, nous a décidé à franchir le pas. Nous  en développons ici les principales raisons et publions la version en français de notre réponse ouverte (en bas d’article). La version hongroise est accessible en cliquant ici.

« La France en flammes », tel est le titre un tantinet dramatisant du papier publié le 26 mai dernier sur Index, sans doute le site d’actualité le plus lu en Hongrie. Le thème de l’article, c’est le mouvement social qui sévit actuellement en France en opposition à la Loi Travail.

« Cette réglementation de fer du travail ne serait pas un si gros problème si nous n’étions pas en 2016 »

L’auteur y décrit la situation avec ces termes : « Pour faire court, le président socialiste François Hollande a décidé d’assouplir un peu le Code du travail fortement critiqué par de nombreux économistes. Celui-ci est un texte de 3500 pages très compliqué, qui offre une protection très forte des employés contre leurs employeurs ». Après avoir présenté les avantages du système social français, d’enchaîner : « Cette réglementation de fer du travail ne serait pas un si gros problème si nous n’étions pas en 2016 (…)  La flexibilité du marché du travail français est un thème débattu de longue date par les économistes, et il est difficile de trouver de nos jours des personnes affirmant que les choses fonctionnent bien ainsi ». Selon l’article, même s’il ne faut pas plaindre les Français, lesquels auraient des conditions de vie très confortables, l’assouplissement du Code du travail est nécessaire pour relancer l’offre et doper la croissance, à l’instar des États-Unis ou des pays asiatiques.

Cet article ne serait pas un problème si l’auteur n’avait pas eu la prétention de décrire la situation française de façon complète et presque exhaustive. Or, il faut bien avoir en tête que pour une bonne partie du lectorat hongrois, ce genre d’article installe un véritable biais de compréhension de la situation française, lequel s’inscrit dans plusieurs rhétoriques :

  1. le discours néolibéral dominant, comme quoi la flexibilité du marché du travail est un préalable à la compétitivité et à la croissance…
  2. … lequel discours reprend à son compte des considérations culturalistes sur les Français – ce qu’on appelle le French Bashing -, qui consistent à réduire les mobilisations sociales à du folklore et à discréditer tout discours critique. Nous insistons notamment dans notre réponse, qu’il aurait été fort utile de mentionner, même a minima, les propos des opposants au texte, que ce soient les économistes atterrés dont nous avons choisi de reproduire brièvement le point de vue, les syndicats, les initiateurs de la pétition sur Change.org ou encore les youtubeurs d’On vaut mieux que ça.
Florilège des illustrations. (c) Index.hu

Par ailleurs, alors que le texte fait son entame sur les blocages et les risques qu’ils font porter sur l’organisation de l’Euro 2016, les illustrations les accompagnant insistent surtout sur la violence des manifestants et n’abordent à aucun moment les nombreux dérapages des forces de l’ordre, que de nombreuses vidéos sur Internet montrent de façon évidente.

Nous sommes profondément convaincus par l’effet souvent désastreux du traitement médiatique de l’actualité de pays étrangers, notamment du point de vue de l’empathie et a minima de l’identification du lectorat aux enjeux abordés. Dans pareille situation, le fait de mentionner les arguments des opposants au texte de loi aurait sans doute permis une meilleure intercompréhension, d’autant que les Hongrois disposent du recul nécessaire sur cette fameuse  « inversion de la hiérarchie des normes », élément phare de la refonte du Code du travail voulue et votée par le Fidesz de Viktor Orbán en 2012 (tiens tiens). Vu ses effets sur l’augmentation considérable de la précarité et de la pauvreté dans le pays, il aurait été intéressant d’engager un débat de fond sur ce sujet. Notre contribution, aussi modeste soit-elle, ne vise finalement qu’à servir ce dessein : aider à l’avènement d’un espace public européen.

Chers lecteurs,

Nous aimerions vous parler d’un pays de culture ancienne, autrefois grand, aujourd’hui un peu rabougri. Un pays souvent caricaturé, gentiment moqué, toujours incompris. Ce pays – nous sommes sûrs que vous l’avez compris -, c’est la France. C’est la première fois que nous prenons la plume en hongrois pour parler de la France. Nous sommes plutôt habitués à faire l’inverse : parler de la Hongrie en français – ce qui n’est pas une tâche facile. Pardonnez-nous donc par avance cette petite incartade sur vos terres, mais à la lecture d’un récent article paru sur Index.hu, nous nous sommes dits que, vu le traitement médiatique de l’actualité française, ce serait sans doute une bonne chose que certaines choses soient dites. 

« La France est en flammes », « le gouvernement veut secouer l’économie », « les Français manifestent pour ne pas travailler plus de 35h ». Sans doute remonté contre des syndicats qui risquent de lui gâcher son championnat d’Europe de foot, l’auteur de l’article prétend expliquer par le menu le pourquoi du comment de la mobilisation. Le message est limpide : « les Français, qu’il ne faudrait donc pas plaindre car riches et occidentaux, se battent pour préserver leurs acquis sociaux, alors qu’on le sait bien, l’économie ne peut que mieux se porter si la loi ne protège pas les salariés ». Selon l’article, le diagnostic est clair comme de l’eau de roche : la France souffre de ses pesanteurs, de ses syndicats, de ces règles qui empêchent les entreprises de licencier comme elles veulent, de délocaliser où elles veulent, de faire plaisir à leurs actionnaires de la façon qu’elles veulent… On croirait lire le Financial Times ou entendre la plaidoirie de ceux qui pensent encore, après la crise financière puis la crise économique, que le capitalisme est vertueux et que c’est le moins disant social qui serait aujourd’hui synonyme des « lendemains qui chantent ».

L’auteur de l’article, s’il voulait vraiment informer comme il le prétend, aurait donc été bien avisé de relayer, même a minima ce que les opposants à cette loi ont à dire. Il aurait pu se cultiver un peu sur la France et les Français, mais aussi et surtout, découvrir, qu’entre l’ultra-libéralisme et le communisme, il n’y a pas que l’illibéralisme, mais un florilège d’alternatives, qui pourraient presque intéresser ceux parmi les Hongrois, qui se battent pour une meilleure école et des salaires décents, qui essayent d’alerter la société sur les conditions déplorables du système de santé, qui travaillent presque gratuitement pour des maires peu scrupuleux dans les villages les plus reculés, qui sont contents lorsque leurs employeurs déclarent toutes leurs heures, qui hésitent longtemps entre bosser avec des horaires décalés, embrasser une carrière dans une multi (entreprise multinationale, ndlr) ou quitter le pays. La situation est-elle si rose en Hongrie pour ricaner sur des gens qui ont simplement décidé de ne pas se laisser faire ?

Parmi ces alternatives, nous mentionnerons seulement ce que disent certains économistes, comme ce groupe auquel appartient Thomas Piketty, l’auteur du Capital au XXIe siècle. Pour ces chercheurs, le gouvernement français, sous la contrainte budgétaire européenne, ne fait que prolonger une politique de précarisation dont l’efficacité n’a jamais été démontrée sur le plan de la création d’emplois. Selon eux, ce qui compte, c’est le taux de productivité horaire, lequel ne peut s’obtenir que si les conditions de travail sont de qualité (à ce titre notons que loin des clichés, la « France des 35h », à la productivité horaire la plus importante des autres pays européens), mais aussi des carnets de commande remplis, ce qui nécessite d’investir dans des secteurs porteurs, comme les énergies propres, des modes de transports alternatifs, de la manufacture de pointe, lesquelles décisions prises à Berlin expliquent en partie la santé économique allemande. Pour ces économistes, l’alignement par le bas de la protection des salariés ne peut conduire qu’à un creusement durable des inégalités, ce qui est loin d’être le soucis du patronat et de la finance.

Le problème numéro un en Europe, ça n’est ni « l’invasion musulmane », ni le « trop d’Etat », obsessions respectives de vos leaders de droite et de gauche. Se chicanant souvent, ils s’accordent sur un point : négliger le sort de ceux qui travaillent ou aimeraient travailler. Le problème numéro un en Europe, c’est bien l’offensive sans précédent des marchés pour déréguler, mettre au pas les protections collectives, organiser le dumping social pour mettre en concurrence les travailleurs. Les Français ne sont pas isolés dans leur combat ; la preuve, ce ne sont pas les premiers à avoir réagi. Pourquoi d’autres mouvements qui ont marqué la société européenne dans l’histoire récente, comme Podemos en Espagne, Syriza en Grèce n’ont pas suscité de plus ample débat au sein de la société hongroise ? Pourquoi la montée en puissance de leaders tels Jeremy Corbin au Royaume-Uni ou Bernie Sanders aux Etats-Unis ne provoque chez vous aucune réaction ? Pourquoi les négociations transatlantiques ou la question de l’Europe sociale ne sont pas davantage appropriés par l’opinion publique ?

En France, ce mouvement de fond de la société se traduit par des mobilisations d’un genre nouveau : Nuit debout. Depuis fin mars, à Paris mais aussi dans de très nombreuses villes de province, des gens de tous horizons se réunissent pour parler politique, débattre de leur avenir, imaginer des alternatives. Alors que notre pays a été frappé par plusieurs attentats dans la période récente, cette façon de s’approprier les rues et les places est salutaire. Alors que nos responsables politiques ont choisi de relayer le discours de l’extrême-droite, la jeunesse française choisit de sortir par le haut, en montrant qu’elle sait faire société. Ici en Hongrie, les forces vives quittent le pays et face à Orbán, le seul projet de société porté par l’opposition parlementaire, c’est le droit de consommer le dimanche…

Chers lecteurs, chers amis, chers concitoyens européens, pardonnez donc notre ton un peu provocateur, mais c’est notre façon à nous de nous exprimer lorsque nous sommes en colère contre des gens qu’on aime. Comprenez-nous un peu, il est difficile de ne pas s’agacer devant la légèreté du traitement de sujets qui nous paraissent cruciaux pour notre pays, alors que pendant ce temps là,  nos amis font face au déchaînement sécuritaire du gouvernement, lequel utilise les moyens extraordinaires de la lutte antiterroriste pour réprimer les manifestants, et passe en force dans une Assemblée nationale, où une large partie de sa majorité ne le soutient plus.

Souvent, les Hongrois estiment légitimement être caricaturés dans les médias étrangers, et généralement mal compris dans leur singularité. Alors, nous vous en supplions, ne portez pas aux autres le même genre de coups que trop souvent
l’on vous porte. Allez, sans rancune ?

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Viktor Orbán, bien au chaud au PPE

HU-LALA (Hongrie) - mar, 31/05/2016 - 14:50
Le Premier ministre hongrois ne serait pas sur un siège éjectable au sein du Parti Populaire Européen, selon le Népszabadság.

Viktor Orbán séduit les nationalistes de tous poils en Europe. Du FPÖ autrichien au Vlaams Belang belge en passant par le Front National français. Mais de fait, le Fidesz ne siège pas au parlement européen au sein du groupe « Europe des nations et des libertés », mais bien avec le Parti Populaire Européen (PPE).

Et selon le quotidien de centre-gauche hongrois, le Népszabadság, cela n’est pas prêt de changer, malgré les vives tensions que le leader hongrois suscite dans sa famille politique européenne. Une source anonyme qualifiée de “haut rang à Bruxelles”, explique ainsi que l’expulsion du Fidesz n’est pas à l’ordre du jour.

« Un Européen de cœur et d’âme »

« L’enfant terrible du PPE », selon les mots du président du parti, le Français Joseph Daul, garde donc encore du crédit dans les rangs de la droite conservatrice “classique”.  D’ailleurs, l’ancien chancelier Helmut Kohl, son protecteur de toujours et père spirituel, lui a témoigné son soutien en le recevant chez lui au début du mois d’avril et en déclarant au journal Bild voir en lui « un Européen de cœur et d’âme ».

Plus récemment, le candidat à la primaire de droite Nicolas Sarkozy a fait de même, au détour d’une passe d’armes avec le président François Hollande : « A ma connaissance, il a toujours respecté le verdict des urnes, puisqu’il a gagné à trois reprises et été battu à une, ce qui n’est pas la marque d’une dictature ».

« Les populistes sont déjà parmi nous »

Viktor Orbán créé pourtant des remous. Le 4 avril, le président du Conseil européen Donald Tusk avait jeté un froid sur le congrès du PPE en mettant en garde ses partenaires contre les populistes anti-européens et « ceux qui remettent en question les fondements de la démocratie libérale. Ils sont déjà parmi nous, vous les trouverez dans nos rangs ».

Quelques jours plus tard, le 13 avril, les onze eurodéputés hongrois du Fidesz osaient défier leurs collègues du PPE en votant contre une résolution du Parlement européen condamnant le gouvernement polonais pour ses récentes mesures qualifiées d’antidémocratiques.

Ce lundi, lors de la célébration du 40è anniversaire du PPE au Luxembourg, à laquelle était présent Viktor Orbán, Manfred Weber, le président du groupe PPE (et membre de l’Union chrétienne-sociale bavaroise, CSU), a mis en garde contre la montée des forces populistes en Europe : « L’Europe est sur la défensive. Aujourd’hui, ceux qui ont des réponses simples et fausses remportent les élections. Nous devons les défier. Bien sûr, tout le monde doit apporter ses concepts nationaux et se battre pour eux. Mais en même temps, nous devons mettre fin aux divisions nationales et à l’incitation à la haine ».

Viktor Orbán s’est-il aussi senti visé par ce discours sans doute adressé en premier lieu au FPÖ autrichien qui a presque raflé la présidence du pays au mois de mai ?

Sources : Euractiv, PPE, Népszabadság, BFMTV.com.

Photo : wikimédia commons.

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András Schiffer quitte l’arène politique

HU-LALA (Hongrie) - mar, 31/05/2016 - 11:58
L’un des co-fondateurs du petit parti écologiste LMP, András Schiffer, a annoncé hier soir son intention d’arrêter la politique active. À la tête d’une formation devenue moribonde depuis la scission de 2014 ayant abouti à la création de l’organisation concurrente PM, ce juriste de métier explique sa décision par le souhait de se consacrer au renouvellement intellectuel et idéologique de l’écologie politique en Hongrie. (c) Nyugat.hu

L’annonce par András Schiffer de son retrait de la scène politique a fait l’effet d’une petite bombe. Visage connu des Hongrois, il est le co-fondateur du parti écologiste LMP, créé en 2009, à la fois sur les décombres de l’ancien mouvement social-libéral SzDSz («Alliance des démocrates libres») et sur une aspiration à un renouvellement idéologique de la gauche non-socialiste. Membre du Parti vert européen, le LMP a construit entre temps son positionnement politique sur des thèmes chers aux écologistes (diversification de l’économie, agriculture paysanne, nouvelles formes démocratiques) et sur une critique radicale de la mondialisation néolibérale.

La dissidence d’une importante fraction du LMP se fait quelques mois en amont des élections législatives de 2014, essentiellement à cause d’une divergence stratégique quant à l’opportunité de former une alliance de tous les opposants progressistes à Viktor Orbán. Partisan d’une ligne « libérale-conservatrice », c’est-à-dire ouverte aux progrès sociétaux mais économiquement protectionniste, il refuse alors de faire front commun avec le MSzP (parti socialiste) et DK (« coalition démocratique »), qu’il estime responsables en grande partie de la crise de confiance des citoyens envers leurs représentants.

Alors que peu donnaient cher de leur peau, le LMP parvient néanmoins à sauver son groupe parlementaire avec cinq députés, soit le seuil minimum requis par la loi pour entrer à l’assemblée hongroise. Député actif pendant la précédente législature, son second mandat démarré en 2014 se caractérise par un désinvestissement de plus en plus visible du débat parlementaire. Son retrait de la vie politique active, s’il a surpris, est a posteriori cohérent avec cette évolution.

A nos confrères d’Index, András Schiffer explique sa décision en évoquant une forme d’épuisement et le besoin de déléguer : « Depuis mai 2014, ce qui me faisait bouger, c’était, premièrement, ma responsabilité à l’égard du parti et de son électorat dans mon expression médiatique et parlementaire ; c’était, deuxièmement – à cause de l’histoire du mouvement -, une responsabilité lourde dans la construction de notre organisation – ; c’était, troisièmement, une responsabilité dans la construction d’un espace intellectuel qui a toujours fait défaut, autour des orientations écologistes et altermondialistes du LMP ». Voulant passer la main à de nouveaux responsables politiques, Schiffer estime qu’il sera désormais plus utile à la tête de ce travail de renouvellement idéologique. Il quittera demain ses fonctions de porte-parole du LMP (qu’il partageait avec Bernadett Szél) et devrait démissionner de son mandat de député cet été.

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Szerkesztőségi reakció az Index “Lángokban áll Franciaország” című cikkére

HU-LALA (Hongrie) - lun, 30/05/2016 - 20:18
Kedves olvasók, Egy ősi kultúrájú országról szeretnénk most beszélni, mely valamikor dicsőséges volt, de mostanra megkopott fénye. Egy gyakran kigúnyolt, kicsúfolt, és általában félreértett országról. Ez az ország – biztosak vagyunk benne, hogy rájött –, Franciaország. Ez az első alkalom, amikor magyar tollalt ragadunk, hogy Franciországról beszéljünk. Általában az ellenkezőjét tesszük: Magyarországról írunk franciául. Szóval bocsássa meg nekünk ezt a merészséget, de miután olvastuk az Index egy korábbi cikkét, azt gondoltuk, hogy tisztáznunk kell pár dolgot, és tájékoztatnunk kell a magyar olvasóközönséget. Corentin Léotard és Ludovic Lepeltier-Kutasi (Hulala szerkesztősége), Szatai Márton közreműködésével. A francia verzió itt található.

“Lángokban áll Franciaország”, “a kormány fel akarja rázni a gazdaságot”“konkrétan azt szeretné, ha kicsit többet dolgoznának  (franciák) mint heti 35 óra”. Arra tudunk csak  gondolni, hogy a cikk írója aggódik a nemzet megdicsőülésének lehetősége, azaz a foci európa bajnokság miatt, hogy ezt a példátlan lehetőséget tönkreteszik a szakszervezetek tiltakozó akcióikkal. Az üzenet egyszerű: “nem kell sajnálni a franciákat, elég gazdagok már így is, és meg kell érteniük, hogy nem jár nekik kiváltág a munkajogok terén”. A cikk szerint a probléma egyértelmű: a francia gazdaság túlkorlátozott, a szakszervezetek túl erősek, ami azt jelenti, hogy a részvényeseknek nincs elég beleszólásuk abba, hogy mi történik a gyárakkal, hogy azok hol működjenek, és hogyan legyen elosztva a bevétel… olyan mintha  a Financial Times írna, vagy valaki olyasvalaki, aki még mindig azt gondolja a világgazdasági válság és a tőzsdeválság után, hogy a piac önkorlátozása és a jóléti állam gyengülése hozzák majd el a “fényes jövőt”,

A cikk írója, ha tényleg teljeskörűen akart volna tájékoztatni, akkor egy kis energiát fektethetett volna abba, hogy utánajárjon annak, amit a törvény ellenzői mondanak. Ezáltal pár dolgot megtudhatott volna a franciákról és Franciaországról, és felfedezhette volna, hogy az ultra-liberalizmuson és a kommunizmuson kívül nem csak az illiberalizmus az alternatíva, hanem sokkal több lehetőség van még. Érdekes lehetett volna ez mindazok számára, akik jobb oktatást jobb béreket, és jobb egészségügyet szeretnének, azok számára, akik szinte ingyen dolgoznak az önkormányzatoknak, azoknak, akiknek rendszeresen nem fizetik ki a túlóradíjjakat, azoknak, akik nem a magánszféra, a multik vagy az emigráció lehetőségének hármasában akarnak élni. Annyira virágos a helyzet Magyarországon, hogy le kell nézni azokat, akik nem hagyják magukat?

A létező alternatívák közül szeretnénk ajánlani egyet, amelyet egy közgazdász csoport fémjelez, és amely csoport tagjatagja, Thomas Piketty ( az által szerkesztett könyv: A tőke a 21. században). A kutatók szerint az Európai Bizottság által erőltetett politika csak tönkreteszi a gazdasági és szociális helyzetet, és még nem került bizonyításra az, hogy egy ilyenfajta reform jót tesz a munkanélküliség elleni harcnak. Szerintük a termelékenység hatékonysága és a kereslet az igazán fontos tényezők. Az elsőt a jó munkakörülmények biztosítják, és ebből a szempontól az, hogy a franciák heti 35 órát dolgoznak az európai átlag feletti produktivitást eredményez. A másodikat akkor lehet felpörgetni, ha a cégek olyan növekedő ágazatokban fektetnének be, mint például az alternatív energiatermelés, új fajta közlekedési lehetőségek, vagy olyan modern termékek, mint amelyeket Németország gyárt. A hivatkozott a közgazdászok szerint a szociális védelem csökkentése csak az egyenlőtlenség növekedéséhez vezet, amely biztos nem probléma a befektetők és a munkáltatók számára.

Az elsődleges probléma Európában nem a “muszlim invázió”, sem a “túl erős állam”, ahogy itt a jobboldali vagy a baloldali vezetők hangoztatják. Nagyon sok mindenről van vita, de jellemzően mindig elsikkad a párbeszéd a kisemberek sorsáról, azokról, akik dolgoznak vagy dolgozni szeretnének. Európa elsődleges problémája sokkal inkább az elképesztően erős lobbi a piac szabáyozatlansága érdekében, a munka jogokkal szemben, a munkaválallói versenyeztetés érdekében. A franciák nem az elsők, akik ezzel szembeszálltak. A magyar közvéleményt a  spanyol Podemosszal és Görögországban működő Szirizával kapcsolatos viták is hidegen hagyták. Folytathatjuk a sort azzal, ami Angliában Jeremy Corbint vagy az USA-ban Bernie Sanderst népszerűvé tette. A magyar kövélemény számára nagyon fontos témákról, például az amerikai szabadpiaci egyezményről (TTIP) vagy a szociális Európáról, azaz Európa szociális megerősítéséről és egyensúlyáról szóló vitáról sem esik szó.

Franciországban ez egy széles, független társadalmi mozgalom, amit elsősorban a “Nuit debout” képvisel, azaz eleinte jellemzően munka után magukat közügyekkel foglalkoztató emberek sokassága. Március vége óta Párizsban és nagyon sok vidéki városok a legkülönböző korosztályok és társadalmi rétegek szereplői találkoznak, hogy politikáról, a társadalom jövőjéről vitatkozzanak. A korábbi párizsi terrortámadások miatt is jótékony hatású a közterek ilyesfajta használata. Miközben a franciák politikai vezetője a szélsőjobb retorikájátt választotta, a franciák példát akarnak mutatni, hogy a társadalom valójában együttélést jelent, amely a szolidarításra épül. Miközben a fiatalok elhagyják Magyarországot, ellenzékének az egyetlen programja az, hogy vasárnap is vásárolhassanak.

Kedves Olvasóink, kedves barátaink, európai polgártársaink, bocsássák meg nekünk ha túl provokatívak vagyunk, de nekünk, franciáknak ez a megoldás abban az esetben, amikor haragszunk és szeretünk egyszerre. Kérjük értsétek meg, hogy nehéz nem reagálni arra, amikor nem veszik komolyan egy ország tiltakozását, miközben látjuk, hogy
a barátainkat hogy verik a rendőrök, hogy hogyan használja ki a kormány a rendkívüli állapot adta lehetőséget,  és hogyan veszi semmibe a demokratikus folyamatokat a kormány és zsarolja saját parlamenti képviselőit, akik nagyrésze már nem is áll mögötte.

Gyakran úgy érezhetik a magyarok, hogy a külföldi sajtó kifigurázza és nem veszi komolyan a nemzeti sajátosságaikat. Kérjük, hogy “amit nem kívánsz magadnak, másnak se tedd!” Akkor, nincs harag, ugye?

Ahogy a rendőrök elfoltják a tüntetéseket

A Youtubers “Ennél jobbat érdemlünk” nevű mozgalom (van angol felirat is)

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Hulala ravale sa façade mais pas sa langue

HU-LALA (Hongrie) - sam, 28/05/2016 - 15:16
Comme les lecteurs les plus assidus de notre site ont du s’en rendre compte, le site de Hulala a fait peau neuve au début du mois. L’occasion pour l’équipe de revenir sur le bilan de sept années de blogging sur la Hongrie et de présenter les perspectives de développement, notamment le changement d’échelle vers l’Europe centrale.

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Le Fidesz cible George Soros, son «premier opposant»

HU-LALA (Hongrie) - jeu, 26/05/2016 - 12:42
Vendredi dernier, prié de réagir aux critiques de Bill Clinton concernant la dérive autocratique des régimes hongrois et polonais, Viktor Orbán s’en est pris vertement à l’homme d’affaire hongro-américain George Soros, l’accusant de constituer en Europe centrale une « puissance de l’ombre » chargée d’affaiblir la souveraineté des États. Hier sur ATV, János Lázár est allé plus loin dans la rhétorique du complot. Selon le chef de cabinet du premier ministre hongrois, les services secrets du pays détiendraient des documents prouvant les liens entre Soros et des organisations d’opposition.

C’est ce qui s’appelle savoir s’engouffrer dans la brèche. Qui aurait cru que la sortie tonitruante de Bill Clinton la semaine dernière provoquerait autant de réactions en chaînes à plusieurs milliers de kilomètres du New Jersey ? Après une séquence marquée par la réaction outrée de plusieurs responsables gouvernementaux à Budapest et Varsovie, le chef du gouvernement hongrois, Viktor Orbán, a profité de la polémique pour attaquer bille en tête George Soros, son plus vieil ennemi. Interrogé sur Kossuth Rádió vendredi matin, le leader conservateur a ainsi déclaré : « Derrière les dirigeants du parti démocrate (…), c’est bel et bien George Soros qu’il faut voir », estimant que l’homme d’affaire hongro-américain proche d’Hillary Clinton, ne souhaitait qu’une chose : affaiblir les gouvernements nationalistes polonais et hongrois pour, selon son expression, « laisser entrer un million de musulmans en Europe ».

« La bouche est celle de Bill Clinton, la voix est celle de George Soros »

Pour Viktor Orbán, si « la bouche est celle de Bill Clinton, la voix est celle de George Soros ». Selon le maître de Budapest, les démocrates américains cherchent à tout prix à agiter l’opposition et la société civile afin, en substance, de fragiliser les pouvoirs en place. L’expression choisie, celle de « puissance de l’ombre » (hátterhatalom) n’a d’ailleurs pas manqué de faire réagir les éditorialistes des principaux journaux du pays, accusant, à l’instar de Gábor Miklós dans Népszabadság (centre-gauche), une rhétorique aux relents antisémites. Né György Schwartz, Soros est issu d’une famille juive budapestoise.

En visant George Soros, Viktor Orbán cherche à affaiblir son opposition domestique en insinuant que celle-ci servirait les intérêts étrangers et jouerait ainsi contre la Hongrie. Au-delà des appareils politiques, il cible également une bonne partie des ONG constituant la société civile hongroise qui, en raison des manquements de l’État, trouve souvent auprès des fondations Open Society du milliardaire hongro-américain, des moyens pour subvenir à leurs besoins. Il en va aussi de l’Université d’Europe centrale (CEU), qui finance de nombreuses bourses pour des étudiants hongrois. Après les attaques répétées du gouvernement contre les ONG financées par des fonds norvégiens, la société civile est clairement dans le collimateur du régime.

L’offensive s’est intensifiée mercredi sur la chaîne ATV, sur laquelle le chef de cabinet du premier ministre, János Lázár, a brandi des rapports produits par les services secrets pour corroborer les accusations formulées par Viktor Orbán. Jouant sur le registre de l’insinuation, le bras droit du chef du gouvernement a confirmé détenir des preuves de circuits de financement secrets : « Cette affirmation peut être prouvée sur la base des rapports des services secrets, bien sûr, mais ces rapports ne sont pas publics ». Taclant George Soros sur ses mœurs personnelles, János Lázár a cherché à dépeindre l’homme d’affaires en héraut de la société décadente occidentale, dont la dénonciation répétée est le moteur de la rhétorique « illibérale » du Fidesz.

L’opposition parlementaire de gauche a réagi dans la foulée en réclamant, par la voix de la Coalition démocratique (DK, dissidents du parti socialiste MSzP) la réunion d’une commission parlementaire sur la sécurité nationale afin de contraindre János Lázár à prouver ses allégations. Affaire à suivre…

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COP21 – La Hongrie ratifie l’accord sur le climat

HU-LALA (Hongrie) - mer, 25/05/2016 - 16:19

La Hongrie s’honore d’être le premier pays de l’UE à avoir approuvé la ratification de l’accord de Paris sur le climat.

Les députés hongrois ont voté à l’unanimité en faveur de la ratification du traité, mardi 24 mai. Des sites d’actualités pro-gouvernementaux se félicitent de ce que la Hongrie soit le premier pays de l’Union européenne à le faire.

Le premier, vraiment ? Le gouvernement français s’était fait une joie d’annoncer, le 17 mai, que la France était le premier pays industrialisé à voter le projet de loi “autorisant la ratification de l’accord de Paris adopté le 12 décembre 2015“. Sauf que…pour être approuvé définitivement par le Parlement français, il doit encore passer devant le Sénat le 8 juin.

Cette adoption rapide par le parlement hongrois a surpris les observateurs, souligne le site Hungary Today, qui rappelle que la Hongrie s’était toujours rangée aux côtés de la Pologne et d’autres pays d’Europe centrale et orientale producteurs de charbon, pour s’opposer à des lois plus sévères en matière de climat à l’échelle européenne. Le site estime que le président János Áder, “un avocat bien connu des questions liées à la protection de l’environnement“, a contribué à faire accélérer le vote.

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Natation : la Hongrie sur le toit de l’Europe

HU-LALA (Hongrie) - mar, 24/05/2016 - 07:48
Les Championnats d’Europe de natation de Londres ont été placés sous les couleurs hongroises.

Car en remportant dix médailles d’or, quatre médailles d’argent et cinq de bronze, la Hongrie a largement dominé les débats dans les bassins londoniens. Devant la Grande-Bretagne, l’Italie, les Pays-Bas…et la France.

Ont répondu présents les incontournables de la natation hongroise, Dávid Verrasztó et Lászlo Cseh qui a remporté quatre médailles dont l’or sur 100m et 200m papillon.

Mais la grande surprise vient de Boglárka Kapás, jeune nageuse de 23 ans, qui a effectué une véritable razzia sur la compétition. A tel point qu’elle a fait de l’ombre à la “dame de fer“, Katinka Hosszú. Elle s’est adjugé quatre médailles d’or : le 800m, le 4x200m, le 1 500m et le 400m nage libre.

Enfin on va pouvoir reparler de natation en Hongrie et pas de cette sordide histoire de viol vieille d’un demi-siècle qui a tenu le pays en haleine ces dernières semaines !

Source : london2016
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Les Hongrois sont en faveur d’un revenu de base

HU-LALA (Hongrie) - lun, 23/05/2016 - 15:29
Peu à peu, le débat autour de l’introduction d’un revenu de base prend pied en Hongrie. Et il se trouve que les Hongrois y sont très favorables, à priori, selon les résultats d’une étude menée par l’institut Republikon.

Il ne s’agit QUE d’un sondage mené auprès de mille personne, aussi représentative que possible de l’ensemble de la population hongroise, et les modalités de mise en œuvre d’un tel revenu de base ne sont pas explicitées aux répondants. Or l’on sait que de ces modalités dépendent la nature de ce revenu de base (social ? libéral ? Maintien des aides sociales ? etc.).

Mais quoi qu’il en soit, l’idée séduit les Hongrois, à priori, les trois-quart soutenant cette idée. Plus intéressant encore, cette position semble faire l’unanimité, au-delà des clivages partisans. Dans le détail, l’introduction d’un revenu de base est soutenue par 74% des électeurs du Fidesz, 82% des électeurs de gauche et 85% des partisans du Jobbik.

Sans surprise, les cols bleus et les chômeurs sont plus favorables à cette idée que les travailleurs en col blanc.

Au mois de janvier 2014, un groupe de travail réunissant des économistes s’est accordé pour défini un revenu mensuel minimum de 50.000 forint pour les adultes, 75.000 forint pour les femmes enceintes et de 25.000 forint pour les enfants. Soit environ 160, 240 et 80 euros.

Pour rappel : le Mouvement Français pour un Revenu de Base (MFRB) dont l’objectif est d’informer et de militer en faveur de l’instauration d’un revenu de base, le défini comme ceci : “Le revenu de base est un droit inaliénable, inconditionnel, cumulable avec d’autres revenus, distribué par une communauté politique à tous ses membres, de la naissance à la mort, sur base individuelle, sans contrôle des ressources ni exigence de contrepartie, dont le montant et le financement sont ajustés démocratiquement“.

L’étude est en libre accès sur le site de Republikon (en hongrois).

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Un médecin dénonce « l’effondrement » de la psychiatrie en Hongrie

HU-LALA (Hongrie) - sam, 21/05/2016 - 12:14
Dans une lettre ouverte adressée au premier ministre Viktor Orbán, le groupe des « 1001 médecins sans pots de vin », qui s’est constitué pour lutter contre la pratique généralisée des dessous de table dans le domaine de la santé, s’alarme de l’effondrement du système de soins psychiatriques en Hongrie. L’hebdomadaire Vasárnapi Hírek a interviewé le Docteur Péter Álmos, l’un des auteurs de cette lettre*. Ce qui suit est la traduction de cette interview réalisée par Anna Kertész et publiée le 30 avril. Crédit photo : Vasárnapi Hírek

Cette lettre a suscité beaucoup moins d’attention que les précédentes. Pourtant, d’une part elle formule des affirmations stupéfiantes à propos des soins psychiatriques, d’autre part elle décrit l’effondrement du système de santé. Ce faible intérêt est-il révélateur du rôle social du secteur psychiatrique ?

Oui, c’est probablement dû à cela et non pas au fait que l’état du secteur de la santé intéresse moins les gens. Notre groupe s’élargit de plus en plus, il compte près de 2000 médecins et quelques centaines d’autres membres. C’est un fait que ses manifestations précédentes ont suscité plus d’attention. Ainsi en est-il de notre geste d’attirer l’attention des députés sur le fait que, si le président de la banque centrale, selon son propre jugement, travaille aussi bien que son collègue tchèque, et pour cela mérite un salaire semblable, alors que cela soit vrai également pour les travailleurs de la santé.

C’était une lettre de quelques lignes alors que nous avons travaillé pendant un mois et demi sur notre écrit analysant l’effondrement des soins psychiatriques. Mais nous ne le destinions pas au grand public, mais plutôt à être un matériau fait pour amorcer un débat. La situation que nous avons exposée a stupéfié également les membres du groupe travaillant sur d’autres domaines.

La lettre commence par cette affirmation percutante selon laquelle le secteur des soins psychiatriques s’est effondré.

Ce avec quoi les travailleurs de la santé nous « effraient », à savoir que le système s’effondre, cela est quelque part déjà arrivé. Cela ne peut pas être comparé à la faillite d’une banque, c’est une sorte d’état végétatif, plus exactement un état où les soins sont insuffisants et parfois mettent en danger les gens. Récemment j’ai lu dans un article qu’en Indonésie les malades mentaux sont gardés enchaînés dans des cages… Cela aussi peut être considéré comme des soins… Nous, ici au centre de l’Europe, nous avançons à reculons au regard des conditions des soins psychiatriques.

Le monde occidental progresse vers l’intégration, il met en avant les soins communautaires ; chez nous, dans les années passées, les cliniques de province ont été soit évincées des campus universitaires, soit sursaturées au moment des fusions avec les hôpitaux. Malgré les protestations, à Debrecen et à Szeged, les cliniques psychiatriques ont échouées dans l’ancien hôpital de la ville ; à Pécs, ils ont entassé les lits hospitaliers dans le bâtiment de la clinique… Des lits se sont retrouvés dans les réfectoires, dans les salles d’activités ou d’enseignement. Dans ce domaine, le développement signifie que le département psychiatrique reçoit un nouveau lit si, ailleurs, ils en éliminent un. Ce secteur n’exige pas de moyens médicaux chers, les conditions minimales sont d’un niveau beaucoup plus bas que dans d’autres secteurs, mais avec un tel niveau de financement il ne peut assurer ses tâches, il ne peut accéder aux moyens nécessaires.

En psychiatrie, je pense quand même que la présence du médecin serait le plus important.

Oui, c’est un domaine particulier dans lequel le médecin ne peut être remplacé par des appareils. Durant les 20 dernières années, le nombre de psychiatres travaillant dans le secteur public a diminué de 40%. Ce sont eux qui ont amorcé le mouvement d’émigration au début des années 2000 car, déjà à cette époque, ils travaillaient ici dans des conditions impossibles, et on ne peut attendre de leur part qu’ils reviennent car celui qui entreprend d’apprendre parfaitement une langue étrangère, ce qui est incontournable dans notre domaine, ne fera pas la navette. La génération du milieu a disparue entièrement et dans une discipline où la transmission de l’expérience est très importante, cela peut avoir des conséquences tragiques car il n’y a plus personne de qui apprendre. Ainsi peut se présenter cette situation dans laquelle un médecin doit examiner 40 malades lors d’une consultation. Dans un tel laps de temps il est impossible de bien s’occuper d’un malade et il faut le faire admettre dans le service même si le séjour en hôpital n’est pas bon pour son état.

Dans son rapport sur la situation de la psychiatrie hongroise, l’Organisation mondiale de la santé a nommé « incitations perverses » les particularités de son financement. Par exemple dans le service « chirurgie », on maintient inutilement des malades à l’hôpital pour que le service perçoive plus de fonds. Il arrive que cela se produise aussi en psychiatrie. Dans les réunions de service hebdomadaires, les médecins ne discutent pas de l’état du malade ou des nouvelles thérapies qu’il serait possible d’appliquer, mais discutent de l’évolution des indicateurs financiers et sur la base de ces derniers, qui peut rester et qui doit être renvoyé chez lui.

Les rapports de l’Ombudsman ont mis à jour des désordres importants dans certains services psychiatriques, des cas de brutalités et de décès inexplicables. Le malade est-il en danger dans les services psychiatriques ?

Disons plutôt qu’il manque cet ensemble de conditions qui le mettrait en sécurité. Les rapports que vous avez mentionné ont révélé des violations du droit très grossières dans lesquelles les travailleurs et les dirigeants du service ont une responsabilité. Mais la véritable responsabilité est celle des financeurs et de ceux qui élaborent les lois. Les protocoles professionnels ont expiré depuis des années, il n’y a pas de loi qui régulerait de façon appropriée les soins donnés aux malades et il n’y a pas les moyens financiers qui assureraient des soins suffisants. Non seulement ils ne peuvent assurer le monitoring d’une femme enceinte (ndlr : allusion au cas d’un bébé mort quelques heures après sa naissance), mais en général ils ne peuvent pas non plus procéder à l’examen du fonctionnement cardiaque, car dans plusieurs départements il n’y a qu’un seul appareil pour faire un électrocardiogramme.

Par ailleurs, il n’y a pas de solution pour isoler un malade dangereux pour les autres, de celui qui, disons, arrive dans le service avec des troubles du comportement. Dans ce genre de situations, effectivement, le service psychiatrique peut devenir un endroit dangereux. La profession demande depuis plusieurs années la création de 5 ou 6 services à haute sécurité. L’État consacre 5 % du total des dépenses de santé à la psychiatrie, mais le nombre de malades et les conséquences de ces maladies justifieraient un financement plus important. Ainsi, la dépression non-soignée figure à la deuxième place dans la liste des maladies entravant l’aptitude au travail et, selon les prévisions, elle pourrait rapidement passer au premier rang.

Selon leur analyse, c’est grâce aux bonnes grâces des firmes de l’industrie pharmaceutique que les services psychiatriques continuent de fonctionner malgré tout. Ceci soulève des questions d’ordre éthique…

Il est important de clarifier la question des relations avec les fabricants de médicaments, qu’elles soient sous surveillance étroite et qu’elles soient absolument légales. Ce n’est pas la cause de la prescription plus fréquente de médicaments, mais plutôt le fait qu’il n’y a pas d’autres moyens de soigner, faute de personnel qualifié. Il y a des symptômes pour lesquels il serait possible d’appliquer une psychothérapie, mais il n’y a ni temps ni ressources pour cela. Les médicaments psychiatriques modernes sont extraordinairement coûteux, une seule injection peut coûter 100 000 forints. Nous, c’est seulement avec les médicaments bon marché que nous pourrions nous en sortir financièrement et donc c’est avec des moyens tombés en désuétude que nous assurerions les soins si les entreprises ne nous faisaient pas cadeau des préparations plus onéreuses. C’est une sorte d’action caritative de leur part,  de la même façon que ce sont elles qui financent une part significative de la formation médicale continue obligatoire. Évidemment il y a dans cela un intérêt économique, car si les services ne fonctionnaient plus, il ne se trouverait plus personne pour prescrire des médicaments au malade.

Si les malades relevant de la psychiatrie ne reçoivent pas les soins appropriés, quelles seraient les conséquences ?

De plus en plus de patients restent seuls et leur mal est non-traité. Ceci fait le lit des problèmes de dépendance et de déshérence sociale. Ce n’est pas un hasard si 30-40% des sans-abri sont concernés. […] En 2014, Viktor Orbán a sollicité l’un des dirigeants de l’OMS pour qu’il procède à l’examen de la situation et élabore un ensemble de propositions. Tout ceci a été fait et le document de travail a été accepté sans changement par la Société Hongroise de Psychiatrie. Depuis lors, aucun écho à propos de la réalisation de ces promesses. La situation de la psychiatrie en Hongrie est devenue une source d’inquiétude dans les milieux professionnels européens.

Avez-vous reçu une réponse de Viktor Orbán ?

Jusqu’à maintenant, non. Mais sa page internet stipule qu’il répond à toutes les lettres. Si de toute façon il ne le fait pas, nous irons plus loin…

* Le Dr Péter Álmos est psychiatre, il a 36 ans et vit à Szeged. Sa spécialité est la façon de soigner les maladies psychotiques.Son domaine de recherches est l’examen de l’arrière plan biologique des maladies mentales. Avec son collègue anesthésiste, le Dr András Lovas, ils ont fondé le groupe « 1001 médecins sans pot de vin » il y a 1 an

Traduction réalisée par Paul Maddens.

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