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La Hongrie soutient la guerre contre Daech

HU-LALA (Hongrie) - sam, 05/12/2015 - 10:44

Lors d’une conférence de l’OSCE à Belgrade jeudi, le Ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, a considéré que « si le monde civilisé perd cette bataille, nous serons tous victimes« . Szijjártó a appelé le « monde civilisé à accroître nos efforts contre l’Etat islamique avec des soldats, des frappes aériennes et de la formation« .

Cependant, il a ajouté : « nous devons respecter l’autre, nos différentes cultures et religions, et il ne faut pas imposer à l’autre les valeurs que nous jugeons importantes« .

Lors de ses récentes et nombreuses visites diplomatiques dans des pays du monde arabo-musulman, le Premier ministre Orbán s’est régulièrement démarqué de ce qu’il a désigné comme « les donneurs de leçons occidentaux » qui utilisent la question des Droits de l’Homme pour imposer leur suprématie culturelle.

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Budapest s’est aussi mobilisée pour le climat en amont de la COP21

HU-LALA (Hongrie) - ven, 04/12/2015 - 15:35

Dimanche 29 Novembre s’est tenue à Budapest, comme dans 57 autres villes à travers le monde, une Marche Mondiale pour le Climat. Ces mobilisations citoyennes en marge de la COP21 qui se déroule à Paris du 30 novembre au 11 décembre ont pour but de faire réagir les responsables politiques présents lors de ce sommet sur le climat et de leur signifier les inquiétudes de la société civile en matière de réchauffement climatique.

Mot d’ordre de la manifestation : le renouvellement par les énergies propres est 100% possible ! (Crédit Photo : Dániel Alföldi)

Ainsi, ce sont plusieurs centaines personnes qui se sont réunies dans la capitale hongroise ce week-end avec la ferme intention d’apporter leur contribution active à la mobilisation mondiale. Selon les organisateurs de la marche, ce chiffre apparemment modeste représenterait pourtant un bon taux de participation, si l’on considère que la COP21 ne retient pas beaucoup l’attention médiatique en Hongrie. Ainsi, le fait que le domaine public soit peu touché expliquerait que la société soit difficilement mobilisable pour des manifestations associées.

Il est à cet effet important de noter que la marche relève d’une initiative citoyenne, exempte de toute représentation partisane ou prise de position politique. D’après l’attachée de presse de la manifestation, Boglàrka Farkas, l’événement portait le message que les Hongrois ont la conviction que des décisions durables et positives seront prises à Paris et qu’elles seront bénéfiques non seulement à la Hongrie mais à l’Europe toute entière. Dans le cadre de cette manifestation, une pétition comportant les grandes recommandations des organisateurs a été rédigée en direction de la classe dirigeante.

Les feuilles aux couleurs automnales brandies par les manifestants symbolisaient une véritable lettre ouverte envoyée à la délégation hongroise et aux chefs d’État présents au Sommet de Paris (Crédit Photo : Dániel Alföldi).

« Par notre manifestation en ce jour, nous avons montré qu’à la place des mots, nous attendons des actions concrètes également de la part des décideurs politiques ! Aujourd’hui, nous avons, tous ensemble, envoyé le message à notre délégation hongroise à Paris, de se battre pour la réalisation d’un accord juste et global; mais aussi que nos politiques représentent en Hongrie l’importance de l’efficacité énergétique et de l’utilisation des sources d’énergies renouvelables »,

a déclaré Bence Gosztonyi, le principal organisateur de l’action civile de Budapest.

Toutefois, si l’on considère les prises de position de Viktor Orbàn en matière d’écologie, on peut émettre un sérieux doute sur la réalisation concrète de ces recommandations. En effet, le gouvernement hongrois est accusé par le LMP (Lehet Màs a Politika), le parti écologiste affilié au Parti vert Européen, d’immobilisme en matière de décisions concrètes concernant l’environnement.

Selon la porte-parole du parti, Bernadett Szél, « la position du gouvernement hongrois est que le pays a déjà réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 36%. De ce fait, ses dirigeants ne souhaitent pas prendre de nouvelles mesures ». Néanmoins, ces chiffres dateraient des années 1990, à la chute du communisme en Hongrie et à la fin de l’industrie lourde, donc le gouvernement actuel n’en serait pas responsable.

« On ne peut pas se cacher simplement derrières les chiffres, il s’agit de faire de réels pas en avant en matière de développement durable, parce que c’est l’intérêt de la Hongrie, indépendamment des accords internationaux »,

affirme encore Bernadett Szél qui attend du gouvernement hongrois qu’il prenne de réelles mesures allant dans le sens d’avancées effectives dans l’amélioration de l’efficacité énergétique et dans le domaine des énergies renouvelables. Elle ajoute qu’ « avec les programmes d’efficacité énergétique, nous pourrions créer de nouveaux emplois, tout en réduisant la dépendance du pays ».

Pour ce qui est de la Hongrie et de sa participation à la COP21, son poids économique est éclipsé par d’autres pays présents au sommet comme l’Allemagne ou la France. Ainsi, il est clair que sa contribution aux engagements de l’Union Européenne de réduire de 40% son émission de gaz à effet de serre restera modeste.

Cependant, le Hongrie ne peut pas rester en dehors de ce mouvement écologique mondial et c’est bien ce à quoi veillent les bénévoles, les représentants d’organisations environnementales tels que Greenpeace Hungary, certains partis politiques avec en première ligne le LMP ou encore la société civile comme vient d’en témoigner la mobilisation à Budapest.

Par Suzanne Tisserand.

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Paysage, Action !

HU-LALA (Hongrie) - jeu, 26/11/2015 - 17:42

Un moment de joie, d’euphorie et de légèreté un jour avant le drame…

J’arrive à l’Institut Français de Budapest.

Je monte à l’étage.

Une jeune femme m’accueille.

Elle m’offre une enveloppe.

J’ouvre l’enveloppe.

J’y découvre une feuille d’arbre jaunie par l’automne et une petite photographie. De couleur, cadrage serré, un espace neutre rempli par des ordures du haut en bas. Dans cette montagne de déchets humains s’inscrit un personnage, habillé tout en blanc. Il fixe le caméra. Je le regarde. Il me regarde.

Je m’assois parmi les spectateurs avec mon enveloppe.

La performance commence.

On peut, voire on doit (!), donner notre photo à une personne sur scène. Je fais ainsi.

Je donne ma photo, cette personne sur scène m’invite à m’asseoir à côté d’elle. Elle « lit » la photo à voix haute, elle décrit objectivement, succinctement ce qu’on voit. Elle me demande si je veux rajouter quelque chose.

La performance commence : 6 performeurs et 2 musiciens répondent par mouvements et par sons à cette photographie. Ils ne la jouent pas, ils l’interprètent, ils la « traduisent » à d’autres langages : picturale, chorégraphique, musical…

Leur « réponse » ne dure pas plus de 2-3 minutes : court mais intense. Riche en tensions et en émotions.

Je retourne à ma place parmi le public et quelqu’un d’autre prend ma place sur scène.

On décrit une autre image…

Voilà en quelque lignes la partition de la performance « Paysage, Action ! », présentée à l’Institut Français de Budapest le 12 novembre 2015 par Gray Box Projects.

Au total sept photos étaient décrites verbalement et interprétées corporellement et musicalement. Elles sont de deux photographes hongrois, de Gábor Kasza et de Gáspár Riskó. Des photos très cinématographiques, comme si elles étaient des captures de films, des fragments de récits, des bribes d’histoires ou de rêves… En les regardant on est en face d’un énigme, tiraillés parmi le « qu’est-ce qui s’est passé avant ? » et le « qu’est-ce qui va se passer après ? ». Ce sont des photos à la fois d’action et de transition, ce qu’on voit c’est un passage, antécédent et suite existent forcément ! Elles sont très esthétiques, l’harmonie colorielle et formelle sont parfaitement au rendez-vous, et méticuleusement construites, avec une temporalité et une narration onirique suspendues.

De même pour les interprétations performatives : sur le plan dramaturgique et scénographique tout était au rendez-vous. Le rapport entre photo et performance était présent, claire et lisible, sans tomber dans l’illustration ou la démagogie. Il s’agissait clairement d’un exercice de traduction ou de transposition, et non pas d’un jeu (d’acteur ou de danseur), sans répétition, sans pléonasme. L’interprétation de chaque photo impliquait l’utilisation de la collection de vêtements, de costumes et d’accessoires qui formait en même temps le seul décor du spectacle. Tel qu’il nous a été décrit au début, il ne s’agit cependant pas de vêtements au sens conventionnel, mais d’espaces qui se créent entre le corps du performeur et le tissu. Confectionnés pour la plupart des cas en jersey ou en lycra, ce sont des espaces de tension et de restriction dans lesquels le corps se trouve piégé, restreint, démuni de ses savoirs et pouvoirs habituels. Dans ces contextes et situations inhabituels et provoqués, le corps se doit réinventer, trouver des nouvelles manières d’existence et d’expression. Les vêtements (espaces) étaient portés, manipulés, déformés et utilisés avec justesse et créativité ; ils étaient costumes, décors, accessoires et même surface de projection en fonction de la scénario imaginée.

Un spectacle donc hybride, utilisant avec intelligence et finesse les codes et les éléments structurels de la performance, danse, théâtre et mime, sublimement accompagné par deux musiciens d’une rare créativité.

Un moment de joie, d’euphorie et de légèreté un jour avant le drame.

Texte de Marie Wang

Photos de Boglárka Zellei (sauf mention contraire)

Crédit photo : Gábor Kasza.

« Paysage, Action ! »

Performance avec vêtements, costumes, accessoires

(Performance dans le cadre du Mois de l’Environnement à l’Institut Français de Budapest)

Concept : Gray Box Projects (www.grayboxprojects.com)

Performance : Anna Ádám, Péter Árvai, Zsuzsa Bakonyi, Orsi Fodor, Nicholas O’Neill (S-HU), Tímea Piróth, Péter Valcz

Photos: Gábor Kasza, Gáspár Riskó

Musique : Kata Cserne, Róbert Földvári

Avec la participation de : Szabina Almási, Csilla Bezeczky, Théo Faucheux (FR), Roxane Quenin (FR)

Gray Box Projects est une initiative interdisciplinaire à la frontière de l’art (« White Cube »), du spectacle (« Black Box ») et de la mode (« Catwalk »). Cette plateforme de création et d’échange a été fondée en 2014 par l’artiste franco-hongroise Anna Ádám et par la danseuse-chorégraphe suédo-hongroise Sally O’Neill. Leur but était d’une part de concevoir des performances et d’autre part d’organiser des workshop et des Jam-Lab (« Jam-session » + »Laboratory »), à l’intersection de différentes disciplines artistiques et théoriques. Gray Box Projects c’est aussi une collection de vêtements et de costumes performatifs, qui joue un rôle central dans toutes leurs actions.

A venir

  • 14 décembre 14-18h : Workshop en français “Amour, Fragments” d’après “Fragments d’un discours amoureux” de Roland Barthes
  • 14 décembre 19-20h30 : JAM-LAB IV. (50 minutes d’improvisation thématique en paires)
  • 15 décembre 14-18h : Workshop en hongrois “Amour, Fragments” d’après “Fragments d’un discours amoureux” de Roland Barthes
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Patatras ! Les terroristes kamikazes étaient passés par la Hongrie avec les migrants

HU-LALA (Hongrie) - mar, 24/11/2015 - 14:19

Deux des trois personnes qui se sont fait exploser le 13 novembre aux abords du Stade de France étaient entrés en Europe et avaient traversé la Hongrie en se mêlant aux migrants, au début du mois d’octobre. Cela jette un froid.

Le flot des migrants ne cessait de grossir depuis le printemps sur la « route des Balkans », mais il a fallu attendre la fin de l’été et deux tragédies successives (le camion de l’horreur puis la photo d’un enfant noyé, Aylan) pour que les médias de l’Europe de l’Ouest daignent enfin tourner leur regard vers l’Est et saisissent la portée des évènements en cours.

Après le temps de l’ignorance, le temps de l’hystérie médiatique : tous ces migrants s’étaient subitement mué en réfugiés syriens fuyant le régime de Bachar et/ou l’État Islamique. Difficile dès lors d’émettre des nuances et de signaler, par exemple, le simple fait que les deux-tiers d’entre eux n’avaient rien de syrien. (selon les données statistiques des entrées illégales enregistrées par la police hongroise du 1er janvier au 15 septembre transmises à Hulala).

Les considérations humanitaires légitimes vis-à-vis de ces personnes fuyant la guerre et la misère occultaient alors les questions de sécurité nationale, toutes aussi légitimes, qui découlaient de cet afflux massif.

Et pourtant… Les empreintes digitales et papillaires de deux des kamikazes du Stade de France correspondent avec celles relevées sur deux individu début octobre en Grèce. Lemonde.fr écrit à propos du premier d’entre eux à avoir été identifié : « Ce kamikaze avait traversé l’île de Leros en octobre, après être passé par la Turquie. Il avait ensuite fait une demande d’asile en Serbie, avant de rejoindre le camp croate d’Opatovac puis de partir pour la Hongrie ».

Il est donc désormais avéré que des terroristes de l’organisation Daesh, en nombre indéterminé, se sont glissés dans le flot des migrants pour pénétrer incognito en Europe et y porter la guerre. Ce qui agitaient la menace peuvent se frotter les mains. Viktor Orban et son gouvernement sont plus que jamais en position de force, à domicile et en Europe.

Pour autant.

On n’est pas prêts d’oublier ces personnes en exil croisées tout au long de l’été : par exemple ces trois jeunes syriens qui avaient fui leur pays après un passage dans une prison du régime, prêts à franchir la frontière hongroise après avoir partagé quelques abricots ; ou encore cette mère de famille et ses enfants qui fuyait les Talibans dans le nord de l’Afghanistan et se montrait d’une dignité qui force l’admiration même après une douzaine d’heure de marche dans les bois.

Diaporama – C’était à la frontière entre la Hongrie et la Serbie

Et on n’est pas prêts d’oublier non plus la manière détestable avec laquelle ils ont été traités par le gouvernement hongrois.

Ah, et encore un dernier point :

Budapest a réussi à imposer petit à petit l’idée auprès des diplomates et représentants politiques européens que, si la Hongrie n’a pas fait preuve de beaucoup d’humanité dans l’affaire, on peut lui être reconnaissant d’avoir fait le « sale boulot », en se montrant intraitable sur l’application des règles de Schengen et Dublin. C’est justice, après tant de diabolisation.

Mais ce serait oublier un peu rapidement qu’en réalité, tous les migrants de passage sur le sol hongrois n’ont pas été enregistrés par les autorités hongroises, loin s’en faut (83 000 selon le ministre de l’Intérieur). Explications : après la fermeture avec trompettes et lacrymogènes de la frontière hungaro-serbe le 15 septembre, le flux s’est redirigé vers une autre porte d’entrée en Hongrie, au niveau du Baranya. Contacté par Hulala au début du mois d’octobre pour savoir comment les autorités prenaient en charge le flux, le gouvernement s’était contenté de nous renvoyer vers une déclaration précédente indiquant : « nous présumons que les Croates font le travail d’enregistrement« .

Boudeurs et vexés face à ce mauvais coup des Croates dont Budapest attendait qu’ils acheminent les migrants plus à l’Ouest, en Slovénie, les Hongrois avaient donc purement et simplement renoncé à contrôler, à enregistrer, et s’étaient résolus à faire comme tous les autres pays en amont : affréter des bus. A leur décharge, il est vrai qu’ils avaient lutté tout à fait seuls pour sécuriser leur frontière, et même dans la réprobation générale.

Mais il est tout de même regrettable d’avoir déployé tant de zèle à protéger les frontières de l’Europe comme aux temps des invasions ottomanes, pour laisser passer des terroristes sans même les avoir enregistré à leur entrée dans Schengen…

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La Hongrie a vaincu ses vieux démons et file à l’Euro 2016 !

HU-LALA (Hongrie) - mar, 17/11/2015 - 08:59

Il aura fallu attendre 30 ans pour voir l’équipe nationale hongroise se qualifier pour une compétition internationale de football. Dimanche soir, les Magyars ont vaincu le signe indien. Ils ont validé leur ticket pour l’Euro 2016 en sortant à deux reprises vainqueurs (1-0 à Oslo, 2-1 à Budapest) des matchs de barrage qui les opposaient à la Norvège. Une qualification pour le moins inattendue qui s’apparente presque à un miracle pour la plupart des supporteurs de la Hongrie.

A première vue, les débats entre la Hongrie et la Norvège s’annonçaient assez équilibrés. La mission administrée aux Hongrois de vaincre les Nordiques, poussifs durant les matchs de qualifications, ne ressemblait pas à quelque chose de fondamentalement impossible. Pourtant, ils étaient peu nombreux avant le match aller, jeudi dernier, à Oslo, à croire en la qualification de leur équipe favorite. Malgré la victoire hongroise 1 à 0, ils n’avaient toujours pas l’air très rassurés, dimanche soir, à 20h45, à l’heure à laquelle la Hongrie a débuté son match retour à la Groupama Arena de Budapest. « IIs », ce sont les supporteurs magyars, qui, d’année en année et au fil des désillusions, avaient totalement perdu l’espérance de voir leur équipe nationale se qualifier pour une grande compétition de football.

L’une de leurs plus grandes déceptions a eu lieu contre la Yougoslavie en 1997 dans un match directement qualificatif pour la phase finale de la coupe du monde 1998. Encaisser 7 buts dans un match tant attendu par toute un peuple n’est pas une juste une spécificité brésilienne. Les Hongrois en savent quelque chose. Comme le Brésil contre l’Allemagne, la Hongrie avait subi un 7 à 1 pour le moins humiliant. Le genre de fessée qui laisse des traces.

Des lendemains de victoires, les supporteurs magyars en ont déjà vécus quelques-uns ces dernières années. Mais toujours pour du beurre. Des lendemains de qualification pendant lesquels le réveil est à la fois douloureux et euphoriques, ils ne sont plus très nombreux à en avoir connus dans les « kocsmák » du pays. Imaginez un peu! La dernière participation de la Hongrie à une Coupe du Monde remonte à 1986. L’ultime trace laissée par une équipe magyare lors d’un Euro date de… 1972! Une éternité. Le pessimisme ambiant des hongrois ne vient certainement pas de nul part.

Des valeurs de solidarité, une part de chance…

Lors de cette double confrontation entre la Hongrie et la Norvège, le match aller a sensiblement ressemblé au retour. Une équipe qui attaque très maladroitement : la Norvège et une autre qui défend plutôt bien et place quelques contres : la Hongrie. A ce petit jeu, ce sont les Magyars qui ont remporté la mise, non pas en proposant un jeu flamboyant mais en montrant des valeurs qu’on ne leur reconnaissait guère ces dernières temps : de la solidarité, de la rigueur, du réalisme.

En plus, la Hongrie a bénéficié d’une part de chance pendant ces rencontres. Les joueurs norvégiens ont, en effet, touché à 2 reprises les montants du but d’un Gábor Király alors totalement battu. Si ces poteaux s’étaient transformés en buts, le vainqueur de cette double confrontation n’aurait peut-être pas été le même. Mais ne boudons pas notre plaisir, c’est bien connu, la chance en football est toujours présente chez les grandes équipes. La chance. Un mot qui avait sensiblement disparu du vocabulaire des nombreux fans magyars. Pendant toutes ces années de galère, ces derniers n’ont pourtant jamais cessé d’être derrière leur équipe nationale. Malgré les défaites et les désillusions. Et dimanche soir, la roue a enfin tourné.

… et du talent pour une qualification méritée !

Solidaires comme jamais –  vraisemblablement marqués et révoltés par la mort de l’un de leurs anciens coéquipiers, le gardien de but Márton Fülöp, décédé des suites d’un cancer le jour de la première confrontation contre la Norvège – les joueurs hongrois n’ont pas juste gagné grâce à leur bonne organisation. Ils ont aussi fait preuve de talent. En témoigne, le but de Tamás Priskin qui, d’une magnifique frappe à la 14eme minute, a fait lever l’ensemble des supporteurs hongrois de la Groupama Arena. Le plus talentueux demeure sans doute, Balázs Dzsudzsák, la star de l’équipe qui aurait tellement mérité de marquer le but du 2-0 devant son public. Ce but de la délivrance est finalement arrivé à la 83ème minute du match. Il fut l’œuvre – tout un symbole de la poisse nordique – d’Henriksen… contre son propre camps! 4 minutes plus tard, le défenseur norvégien se rattrapait et marquait cette fois-ci dans les bonnes cages. Mais c’était trop tard pour transformer le dimanche le plus festif de l’année à Budapest en un « szomorú vasárnap ». L’équipe de Hongrie a enfin vaincu ses vieux démons. Ses supporteurs peuvent respirer. Les Hongrois seront bien présents à l’Euro en France, en juin prochain !

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Le cinéma francophone belge est à l’honneur en Hongrie

HU-LALA (Hongrie) - lun, 16/11/2015 - 14:50

La nouvelle édition du Festival francophone de Belgique se tiendra du 18 au 20 novembre prochain dans les villes de Budapest, Veszprém et Szeged.

L’événement, crée par les lecteurs de Wallonie – Belgique – un organisme qui promeut la culture belge et la langue française à travers le monde – permettra aux férus de cinéma d’explorer l’univers de nouveaux talents issus du « Plat Pays » et aux profanes de surfer à leur tour sur la vague de la « belgitude », un concept à la mode depuis quelques années dans le monde cinéphile.

Si la communauté francophone ne représente que 4,3 millions d’habitants en Belgique (soit moins de 50% de la population totale), elle n’a pas son pareil en Europe pour compter en son sein des réalisateurs auteurs d’œuvres ne laissant que très rarement indifférent le cinéphile averti. Ces 20 derniers années, les ovnis cinématographique belges se sont succédés et ont marqués plus d’une génération de francophones. Impossible d’énumérer l’ensemble de ces productions, mais comment ne pas citer le mythique « C’est arrivé près de chez vous » (1992) de Rémy Belvaux et son mélange d’humour noir et de réalisme exacerbé, le non-moins dérangeant et truculent « Dikkenek » (2006) ou encore « La Promesse » (1996), un chef d’œuvre social et esthétique qui révéla aux yeux du grand public les frères Dardenne ?

Le concept de « belgitude » dans le cinéma n’est, en soit, pas vraiment facile à définir. C’est un mélange d’ironie, de sarcasme, de mélancolie, d’absurdité, de surréalisme ou encore d’autodérision qui caractérise à différents degrés les films francophones belges. C’est la représentation en leur sein d’une identité propre et unique en Europe, celle de la Belgique, tiraillée, déchirée et magnifiée par l’entremêlement des langues et cultures françaises, néerlandaises et allemandes. Encore aujourd’hui, les films belges demeurent rarement diffusés en Hongrie. Ce festival sera donc une excellente occasion pour les magyars de découvrir cette manière peu commune de réaliser des films et de constater à leur tour comme a pu le faire l’actrice wallone Cécile de France qu’« être belge de nos jours, c’est être branché ».

L’un des réalisateurs belge en vogue, Camille Meynard sera l’invité de marque du festival francophone. Son premier long métrage, « Tokyo Anyway » (2014) sera diffusé en ouverture de l’événement et a recueilli de bonnes critiques de la part de presse spécialisée. Le réalisateur sera accompagné de l’acteur AntojO pour répondre à vos questions à l’issu de la séance.

D’autres films seront retransmis tels que « Les rayures zèbres » (2014) de Benoît Mariage ou « Le sac de farine » (2012) de Kadina Leclerc. Ne ratez pas également, en clôture, la diffusion d’une sélection de cours métrage datant 2013 sur le thème du choix.

Tous les longs-métrages seront sous-titrés en anglais. Une assistance simultanée en hongrois sera également à votre disposition pour ceux ne maîtrisant ni la langue de Shakespeare, ni celle de Molière. Les films seront diffusés dans les cinémas Urania de Budapest et Belvasori de Szeged ainsi qu’à la bibliothèque municipale de Veszprém.

  • QUI ? Wallonie-Bruxelles International
  • QUOI ? Festival du film francophone de Belgique
  • QUAND ? 18, 19, 20 Novembre 2015
  • OÙ ? Budapest Uránia Nemzeti Filmszínház / Veszprém Eötvös Károly Megyei / Könyvtár / Szeged Belváros
  • Site internet et page facebook du festival

 

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Les terres hongroises lorgnées par les spéculateurs étrangers et les oligarques d’Orbán

HU-LALA (Hongrie) - mer, 04/11/2015 - 09:27

Le Gouvernement Orbán s’apprête à privatiser 380 000 hectares de terres arables, soit 20% du total des terres détenues par l’Etat. Une loi en préparation est censée empêcher l’accaparement des terres fertiles de la grande plaine hongroise par les spéculateurs étrangers, mais les oppositions – à gauche et à droite de la Fidesz – y voient un moyen pour le parti au pouvoir de mettre la main sur ces terres très subventionnées par l’Union européenne.

Par Jérôme Cardinal

Une histoire ancienne de convoitises

Dans l’Histoire de la Honfoglalás (la conquête de la patrie), il est question de la légende du cheval blanc qui raconte comment les anciennes tribus de Hongrie sont entrées dans le Bassin des Carpates autour de 895 avant JC, après avoir eu échos de l’incroyable fertilité des sols de la région. Près de deux mille ans plus tard, la terre hongroise, « dernier trésor commun du pays », est toujours très convoitée, selon József Ángyán, un ancien député de la Fidesz qui mène depuis trois ans la fronde contre son propre parti.

Depuis la fin de l’ère communiste, la redistribution des terres est un serpent de mer de la vie politique hongroise et les risques d’accaparement à des fins purement spéculatives sont bien réels. L’entrée dans l’Union européenne et ses généreuses subventions via la Politique Agricole Commune (PAC) a accru la pression sur ces terres parmi les plus fertiles d’Europe et parfois vingt fois moins chères que celle d’Europe de l’ouest. Face aux regards langoureux des étrangers sur le sol national, Orbán évoquait il y a deux ans une « guerre ». János Lázár, son directeur de cabinet, mettait récemment en avant le caractère indispensable de cette nouvelle loi pour empêcher les investisseurs étrangers de faire main-basse sur les terres arables du pays, « ce à quoi pourrait nous forcer Buxelles ».

Ainsi, pour juguler le land grabbing, la loi sur la Terre en 1995, avait restreint l’acquisition des terres aux seules personnes physiques de nationalité hongroise. Ce moratoire contraire aux règles du marché commun européen avait toutefois été concédé à la Hongrie par l’UE, puis continuellement renouvelé depuis l’adhésion hongroise. Mais cette mesure emblématique n’a pas empêché de nombreuses dérives. On estime qu’un million d’hectares auraient été vendus en sous-main à des étrangers, via un système de « pocket contract ».

Lire L’accaparement des terres sévit aussi en Hongrie

« Qui veut de ce monde ? »

Bien que censée favoriser les petits producteurs au détriment des grands propriétaires terriens, le mouvement actuel d’attribution des terres entamé il y a trois ans sous la conduite du Ministère de l’Agriculture, est largement biaisé et lèse les petits producteurs, dénonce József Ángyán : preuves à l’appui, il a montré que les oligarques du système Orbán ainsi que les petites mains de la Fidesz au niveau local avaient raflé la mise lors de l’attribution des locations de terres généreusement subventionnées.

Dans un système miné par la corruption, l’accaparement des terres venu de l’extérieur est en fait remplacé par un processus interne qui conduit à l’ultra-concentration actuelle des terres, et cette loi sur la terre justifiée par la préservation des terres hongroises s’avèrent en réalité tout à fait pernicieuse pour les agriculteurs hongrois.

Les lieutenants du Premier Ministre ont rapidement profité de ses largesses, que le directeur de cabinet d’Orbán, avec une étonnante honnêteté ne nie pas : « Quand les Socialistes sont au pouvoir, les socialistes volent les terres and quand c’est le Fidesz, ils les volent aussi : qui veut de ce monde ? ».

Comme il y a trois ans lorsque les dérives du système d’attribution des terres avaient été mises au jour, Lörinc Mészaros, le maire de Felcsút, la ville natale de Viktor Orbán, est au cœur des critiques. Selon László Varju, vice-président de la Coalition démocratique (DK), « Mészaros, dont la société loue déjà 1200 hectares de terres d’Etat pourrait devenir le plus grand propriétaire terrien hongrois ». D’après le journal « Blikk », 640 hectares de terres seront mis en vente dans la région de Felcsut. A la fin du mois d’octobre, lors des questions au Gouvernement, M. Orbán défendait ardemment le succès politique de « son » oligarque, en mettant en avant les 700 emplois créés sur ses terres.        .

Une opposition unie face « au vol des terres »

Face à cette loi, c’est tout l’éventail politique hongrois de l’opposition, des socialistes du MSZP au Jobbik d’extrême-droite qui s’agite. József Ángyán, ancien député Fidesz. L’ancien secrétaire d’Etat délégué au développement rural sous Orbán avait quitté son poste avec fracas en 2012 après le rejet in-extremis d’un plan de développement rural très ambitieux et la découverte du vol des terres opéré par le parti au pouvoir.

Lors d’une manifestation le 3 octobre devant le Parlement organisé, il avait pourfendu à la tribune ses anciens partenaires :

« C’est une mafia qui est au Parlement […] ce qui se prépare n’est ni chrétien, ni civique, ni moral : ce système, qui a perdu sa base moral doit disparaître ».

József Ángyán (168ora.hu)

Comme un sursaut, les actions se multiplient. Un recours constitutionnel a été déposé mi-novembre. Le parti écologiste LMP a lancé une pétition citoyenne. Mais sans grand succès jusque-là.

Le Gouvernement cherche à rassurer quant à la nécessaire transparence dans le processus de vente des terres, mais sans convaincre. Pour László Varju, l’affirmation selon laquelle les petits producteurs hongrois pourront eux aussi acquérir des terres « n’est que de la poudre aux yeux. Et encore une fois, seuls les oligarques qui n’ont jamais touché une binette vont en bénéficier ».

Balázs Győrfi, membre de Fidesz à la tête de la chambre d’agriculture, a décidé à la fin du mois d’octobre d’amender la loi pour permettre aux bailleurs de terres agricoles d’augmenter le loyer en vigueur sur leurs terres deux ans après la signature du contrat avec le paysan non-propriétaire, permettant ainsi d’expulser les agriculteurs. Une décision sur-mesure pour les grands propriétaires terriens.

L’ex-futur laboratoire d’une révolution agricole continue son déclin

La polémique suscitée par cette nouvelle législation met en lumière l’opposition entre deux visions antinomiques de l’agriculture : le modèle des grandes exploitations intensives, véritables fermes-industries que le Gouvernement et les aides de la PAC promeuvent, versus les petites et moyennes exploitations (98,7% des fermes hongroises font moins de 100 hectares). Dans son  rapport «  The return of the white horse : Land grabbing in Hungary », Robert Fidrich, membre des Amis de la Terre Hongrie, estime que ces 1,3% de fermes de plus de 100 hectares représentent près de deux-tiers des terres (64,7%). L’actualisation de ces chiffres qui datent de 5 ans devrait encore renforcer ce déséquilibre.

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« Viktor Orbán est plus paternaliste que populiste »

HU-LALA (Hongrie) - mar, 03/11/2015 - 15:31

La directrice de l’institut d’analyse politique « Méltanyosság » nous livre le fond de sa pensée sur le Premier ministre hongrois. Pour elle, l’attitude de Viktor Orbán relève plus du paternalisme que du populisme stricto sensu, en se posant en protecteur des intérêts de la nation face aux agents extérieurs. 

Propos recueillis par le journaliste indépendant en Hongrie Joël Le Pavous.

Jean-Claude Juncker a salué Viktor Orbán d’un « Hello, dictator » en mai dernier. Est-ce justifié ?

Júlia Lakatos : Orbán n’est pas un dictateur. Cependant, la Hongrie est une démocratie libérale à fort caractère centralisateur, fondée sur un leadership fort. Le cœur du débat se concentre justement autour de cette panne de leadership observée depuis plusieurs années. Bruxelles délègue peu à peu ses pouvoirs et peine à affronter la crise. Viktor Orbán explique aux électeurs que tout part à vau-l’eau dans l’UE et que le contexte justifie amplement un retour en force des nations emmenées par des hommes à poigne.

La politique d’Orbán ne se construit-elle qu’en réaction à celle de ses prédécesseurs socialistes ?

Orbán et Gyurcsány se ressemblent en de nombreux points. Ils ont essayé de renverser la table dès leur arrivée aux affaires, ce qui allait à l’encontre de toute la pensée politique post-chute de l’URSS. Les élites se contentaient des élections libres et de la mise en place de l’économie de marché. La société civile est toujours balbutiante ici. Orbán et Gyurcsány veulent remuer, provoquer les gens. La grosse différence, c’est que Gyurcsány a été attaqué par son parti tandis qu’Orbán domine ses troupes.

La Fidesz semble soumise à son taulier. N’y-a-t-il aucune rivalité en vue ?

Viktor Orbán n’a pas toujours été le chef de son parti (il n’existait d’ailleurs aucun poste de président jusqu’en 93, ndlr). Il est devenu au fur et à mesure du temps la personne que l’opinion publique associe au visage de la Fidesz, où deux ailes cohabitent : une pro-européenne, une nationaliste. En vieux routier de la politique qui l’a façonné et a imprégné toute sa vie d’adulte, Orbán dépasse les clivages susceptibles d’émerger au sein de la majorité et crée adroitement le consensus autour de lui.

D’où le fait qu’il soit parfois jugé « populiste ». Est-ce exagéré ?

Son attitude relève plus du paternalisme que du populisme stricto sensu. Il ne multiplie pas les promesses à l’emporte-pièce dans le but d’accumuler les votes. Il se pose plutôt en protecteur, en garant des intérêts de la nation face aux agents extérieurs. Il recherche toujours un bouc-émissaire. En un sens, il suit le précepte socialiste stipulant que l’Etat doit défendre la population. Son « populisme » repose sur le besoin de sécurité et le fait d’incarner un rempart solide pour le combler.

Orbán mélange mélenchonisme anti-finance et colbertisme. Ou se situe-t-il économiquement ?

Son approche est la suivante : vous ne pouvez pas prendre au peuple. Il critique à dessein ceux qui sont considerés responsables de la crise financière, à savoir les banques, les prestataires de services ou les sociétés de crédit histoire de tenter de récupérer de l’argent ou il y en a. Tout en se plaçant en opposition par rapport au libéralisme débridé pratiqué par la gauche hongroise durant les années Gyurcsány et aux plans d’austérité qui s’en sont suivis, comme celui engagé par Gordon Bajnai.

Le Premier ministre évoque sans cesse les racines chrétiennes de la Hongrie. Manoeuvre ?

C’est surtout l’un des éléments rhétoriques-clé de la Fidesz avant d’être un sujet polémique. Se référer au Christianisme comme Orbán le fait lui permet d’attirer les pro-Jobbik dans son giron et de consolider sa base conservatrice. Ce virage religieux est aussi éphémère que segmentant. Il vise à caresser dans le sens du poil une certaine catégorie d’électeurs (dont les chrétiens-démocrates du KDNP, alliés du gouvernement, ndlr) et s’essoufflera dès que le thème migrants passera à la trappe.

Orbán est-il un roi de la com’ en plus d’être le patron du pays ?

Jetez donc un œil à ses posts sur Facebook ! Là, je joue au foot. Là, je suis avec ma fille. Les messages qu’il transmet sont destinés a montrer qu’il est un Monsieur Tout-le-monde par excellence. Il a un sens extrêmement puissant de la famille. Il adore le ballon rond. Il revendique fréquemment son côté campagnard. On le voit parfois en train de cuisiner. Il est en connexion quasi-quotidienne avec la population. Il brandit la proximité contre l’entre-soi reproché aux élites, notamment libérales.

« Les gars des champs ont terrassé les libéraux citadins. Le jeune étudiant de 1989 s’est métamorphosé en un animal idéologique redoutable et durable. »

Sarkozy voulait créer un événement par jour. Orbán reproduit-il cette stratégie ?

On était en droit de le penser au début du premier mandat (2010-2014). Lorsque la Fidesz a obtenu les deux-tiers au Parlement, Orbán était en permanence sur le front médiatique. Il entendait réformer en profondeur autant que possible puisqu’il ignorait combien de temps son parti allait gouverner. Désormais, il mobilise ses subalternes et les laisse se charger du sale boulot, des mauvaises nouvelles. L’exemple de Péter Szijjartó (chef de la diplomatie, ndlr) sur la crise des migrants est saisissant.

Le débat parlementaire et politique décline en Hongrie. La faute à Orbán ?

Pas nécessairement. Je situerais l’entame de cette tendance en 2006. Le duel Gyurcsány-Orbán et son pendant télévisé ont été les ultimes relents de professionnalisme. Des instituts comme le nôtre souhaiteraient d’ailleurs importer la formule américaine très encadrée et organisée afin de redonner un nouveau souffle aux échanges. Mais les politiciens refusent de débattre et les chaînes sont frileuses. Question d’audimat. Chacun écoute ce que dit son média et reste dans son coin. C’est dommage.

Peut-il se maintenir au sommet encore longtemps ?

Viktor Orbán n’a connu que la politique. Il a un quart de siècle de carrière derrière lui et une aura de patriarche. La Fidesz s’est imposée comme un parti populaire au sens propre, capitalisant sur la faiblesse chronique des formations de gauche dans les provinces rurales. Même le Jobbik essaie d’imiter cette tactique. Les gars des champs ont terrassé les libéraux citadins. Orbán a supplanté Fodor. Le jeune étudiant de 1989 s’est métamorphosé en un animal idéologique redoutable et durable.

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Soirée Dubstep jeudi à A38 avec High Tone

HU-LALA (Hongrie) - lun, 02/11/2015 - 16:39

Ce sont des monstres sacrés de l’underground français qui seront en concert à la péniche A38 de Budapest ce jeudi 5 novembre.

Amateurs de dubstep, de hip hop, de drum&bass, direction l’A38 pour voir en live High Tone, un groupe précurseur de la scène dub française et même européenne. Il faut remonter à la seconde moitié des années 90 pour écouter leurs premiers albums et voir leurs premiers concerts. Depuis, leur réputation est internationale et leur style s’est étoffé. Jeudi, ils joueront une palette qui va du hip hop à la Bass Music et qui porte toute une scène française qui va de Ez3kiel à Meï Teï Shô en passant par Zenzile.

High Tone sera accompagné par le groupe slovène Dubzilla, qui pratique une fusion de dubstep, de rock psyché et d’electro.

En clair, ce sera une grosse soirée pour se remuer sur le Danube.

Le prix : 2000 HUF en prévente, 2500 sur place.
La page internet de l’A38

Photo de Olivier Hoffschir

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La victoire du PiS en Pologne, une bonne nouvelle pour Viktor Orbán

HU-LALA (Hongrie) - mer, 28/10/2015 - 17:40

Avec la victoire écrasante du PiS aux législatives en Pologne le week-end dernier, la Hongrie retrouve un allié de poids en Europe. 

Le parti Droit et Justice (PiS) de Jaroslaw Kaczynski a toujours fait étal de son admiration pour le hongrois Viktor Orbán et souhaité pour la Pologne un scénario « à la hongroise ». « Je suis en effet persuadé que le moment approche où il y aura en Pologne des changements similaires à ceux qui ont lieu aujourd’hui en Hongrie« , estimait le député du PiS Antoni Macierewicz dès 2013.

Il avait vu juste. La victoire d’Andrzej Duda à l’élection présidentielle au mois de mai plus tôt cette année avait déjà sonné comme un coup de semonce : l’Orbanisme pourrait faire des petits ailleurs en Europe centrale et orientale.

Le PiS et le Fidesz partagent de traits communs, à commencer par le conservatisme social et la volonté d’unir les Eglises et l’Etat. Le PiS souhaiterait, comme Budapest, remettre la main sur des pans entiers de l’économie tombés aux mains de grandes entreprises étrangères. Les taxes spéciales hongroises sur les banques, les entreprises énergétiques et la grande distribution pourraient ainsi être imitées en Pologne.

Mais le rapprochement russo-hongrois est en revanche vue d’un très mauvais œil en Pologne. Cela pourrait être une limite aux bonnes relations polono-hongroises, car la Pologne est elle plus volontiers atlantiste que la Fidesz dont les relations avec Washington sont exécrables.

Le V4 s’en trouve renforcé

Viktor Orbán plaide pour une politique de coopération plus active entre les pays d’Europe centrale au sein du groupe de Visegrad, le V4. Comme le « couple franco-allemand », il arrive que la Pologne, la Hongrie, la Slovaquie et la République Tchèque se rencontrent en amont de sommets européens pour accorder leurs violons d’Europe centrale et tenter de faire contrepoids aux pays de l’Ouest. Ce qui et rarement couronné de succès.

Le PiS souhaite aussi impliquer davantage la Pologne et faire du V4 un outil de puissance diplomatique pour Varsovie. Le V4 se trouverait donc considérablement renforcé si le géant de l’Europe centrale suit cette voie. A commencer par le dossier des quotas de migrants auxquels s’opposent ses membres.

Dans le quotidien La Croix, Jacques Rupnik, spécialiste de l’Europe centrale et orientale, estime :

« Nous avions tendance à considérer que la régression démocratique Hongroise était une exception passagère. Or on s’aperçoit que cela peut devenir un modèle ».

C’est une excellente nouvelle pour le gouvernement hongrois, mais une beaucoup moins bonne pour ses opposants.

Polonais, Hongrois, deux frères
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Contre les quotas de réfugiés, la Hongrie persiste et signe

HU-LALA (Hongrie) - mer, 28/10/2015 - 17:02

Le gouvernement hongrois entend faire tout ce qui est en son pouvoir pour s’opposer à une redistribution des réfugiés entre les Etats membres de l’Union européenne, a fait savoir le secrétaire d’Etat du ministère de l’Intérieur, lors d’une conférence de presse mercredi à Eger.

« Nous avons protégé nos frontières méridionales. Mais maintenant la Hongrie est confrontée à une menace venue de l’Occident avec l’introduction des quotas obligatoires« , a déclaré Károly Kontrát.

Viktor Orbán a consulté les dirigeants des groupes parlementaires et souhaite que le Parlement hongrois s’y oppose formellement.

Source : site du gouvernement hongrois

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Polonais, Hongrois, deux frères

HU-LALA (Hongrie) - lun, 26/10/2015 - 17:56

 Ci-dessous, le résumé d’une thèse de doctorat en Histoire du Moyen Âge consacrée aux relations hungaro-polonaises. Elle a été réalisée en co-tutelle aux Universités Blaise Pascal et de Debrecen et soutenue le 18 décembre 2010 à Clermont-Ferrand par Adrien Quéret-Podesta. La thèse entière est téléchargeable en bas de page.

« POLONAIS, HONGROIS, DEUX FRÈRES »

(POLAK, WEGIER, DWA BRATANKI,…MAGYAR, LENGYEL, KÉT JÓ BARÁT…)

La représentation des plus anciennes relations polono-hongroises dans l’historiographie du Moyen Âge à nos jours et la question des origines médiévales du mythe de l’amitié polono-hongroise.

Résumé doctoral : La présente thèse de doctorat est consacrée au problème de la genèse du mythe de l’amitié polono-hongroise, très populaire dans ces deux pays depuis le XIXème siècle. L’un des éléments notables de ce mythe étant l’affirmation de son ancienneté, l’examen de la représentation du passé commun de la Pologne et de la Hongrie depuis leur naissance à la fin du Xème siècle jusqu’au rapprochement entre Piasts et Anjous au quatorzième siècle dans la production historiographique de ces deux pays et -dans une moindre mesure- de leurs voisins depuis l’an mil environ jusqu’à nos jours constitue donc l’un des principaux axes de recherche de la présente étude. Le second axe, qui lui est étroitement lié, concerne l’existence éventuelle de traces de l’idée d’amitié polono-hongroise avant l’époque contemporaine et plus particulièrement durant les premiers siècles de l’histoire de la Pologne et de la Hongrie. L’analyse de ces deux grandes thématiques permet d’établir la présence de références à une amitié polono-hongroise dans l’historiographie de ces deux pays dès les XIIème et XIIIème siècles, mais l’impact de ce phénomène demeure très limité – notamment en Hongrie et dans les pays tiers- jusqu’au XIXème siècle. Il convient par ailleurs de constater que si l’essor du mythe de l’amitié à cette période ne contient pas de référence directe aux précédents médiévaux, la célébration de cette amitié fait appel –en particulier dans le cadre officiel- à de nombreux personnages et évènements issus des premiers siècles de l’histoire de ces deux pays afin d’en prouver l’ancienneté et la solidité. L’existence de ce mécanisme de récupération permet donc d’affirmer qu’en dépit de la discontinuité caractéristique de l’histoire de la notion d’amitié polono-hongroise, la représentation des plus anciens contacts entre ces deux pays et la célébration de leur amitié sont très fortement liées et constituent respectivement le « réservoir » et le « moteur » d’une « machine à redessiner le passé commun » de la Pologne et de la Hongrie.

Télécharger l’ensemble de la thèse POLONAIS, HONGROIS, DEUX FRÈRES »

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Jobbik VS mémorial soviétique : 0-1

HU-LALA (Hongrie) - lun, 26/10/2015 - 14:32

Előd Novák, le vice-président du parti d’extrême-droite Jobbik et plusieurs de ses partisans ont tenté de s’en prendre avec des marteaux au mémorial soviétique sur la Place de la Liberté à Budapest. Ils ont été arrêtés par la police. Le Jobbik est un parti à la fois très anti-soviétique et fervent supporter de Vladimir Poutine et de la politique étrangère russe. Des lourds soupçons pèsent sur un financement du parti par la Russie à la fin des années 2000, via l’eurodéputé Béla Kovacs. Celui-ci pourrait être traduit prochainement en justice en Hongrie pour espionnage.

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Poutine : « Orbán défend les intérêts de la Hongrie »

HU-LALA (Hongrie) - lun, 26/10/2015 - 14:21

«Je ne considère votre Premier ministre ni comme un pro-russe, ni comme un ami de l’Amérique. Il défend les intérêts de la Hongrie, et c’est pourquoi nous nous comprenons l’un l’autre« . C’est ce qu’a déclaré jeudi le président russe Vladimir Poutine au correspondant à Moscou du quotidien pro-gouvernemental « Magyar Nemzet ». La Hongrie et la Russie ont conclu en janvier 2014 un accord intergouvernemental sur la construction de deux nouveau réacteurs dans la centrale nucléaire de Paks. Les détracteurs du Premier ministre hongrois l’accusent d’être un « petit Poutine ».

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Les Roms en Hongrie, des terroristes en devenir ?

HU-LALA (Hongrie) - lun, 26/10/2015 - 12:14

Ce n’est pas ce qu’a dit le ministre hongrois de la Justice, mais celui-ci a tout de même lié la question de l’intégration des Roms hongrois à celle du radicalisme islamiste. 

Les Roms sont décidément des victimes collatérales du climat de xénophobie imposé en Hongrie depuis le début de l’été par le gouvernement Fidesz-Kdnp en réponse à la crise migratoire. Budapest explique ainsi à ses partenaires européens ne pas pouvoir accueillir de réfugiés car la Hongrie doit déjà composer avec le « fardeau » représenté par la minorité rom.

Participant à une conférence européenne sur les dangers de la radicalisation (islamiste, on présume) la semaine dernière, le Ministre de la Justice, M. László Trócsányi, a considéré que, étant défavorisés, les Roms hongrois pourraient être sujets à la radicalisation.

Non, M. le Ministre n’a pas mis en garde contre le fait que les Roms de Hongrie pourraient se transformer subitement en djihadistes ! C’est ce qu’avait conclu un peu trop vite le site Euobserver.com ! Mais tout de même… pourquoi faire le lien entre ces deux questions ? Les Roms sont-ils susceptibles de sombrer dans la propagande islamiste ? Cela parait parfaitement absurde, à ce jour, et c’est en tout cas dénué du moindre fondement, comme l’a admis après coup le gouvernement.

« Je voudrais attirer l’attention sur un autre aspect du problème dont nous n’avons pas parlé jusqu’à maintenant. Le radicalisme peut atteindre d’autres groupes. En Europe il y a 10 à 12 millions de Roms. Durant la présidence de la Hongrie nous avons consacré beaucoup d’effort à la stratégie [cadre européenne] pour l’intégration des Roms. Nous pensons que c’est une question très importante. [Nous avons affaire à] une communauté de 12 millions de personnes en Europe qui est à la traîne et dont l’intégration est très importante car elle peut être victime de la radicalisation. J’aimerais vraiment espérer que la Commission européenne accorde une attention particulière au programme d’intégration des Roms. »

M. Trócsányi a toutefois raison sur ces points : de l’avis général (et de celui de la diplomatie française), la présidence hongroise de l’UE en 2011 avait beaucoup fait pour faire avancer le programme européen d’intégration des Roms.

De même, on ne peut pas exclure que la situation socio-économique désastreuse dans laquelle est empêtrée une partie des Roms en Europe donne naissance dans le futur à des mouvements violents.

En Hongrie, des Roms aussi veulent leur milice
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« Moi, je ne suis pas syrien, alors… »

HU-LALA (Hongrie) - lun, 26/10/2015 - 09:56

…alors je peux aller me faire voir. C’était ce que semblait vouloir dire Masoud l’afghan. C’était au début du mois de septembre à la gare Keleti de Budapest.

Il n’y en a que pour les Syriens dans les médias. Le Syrien est la Rolls du réfugié. Il suffisait de se promener sur le parvis de la gare de l’est à Budapest cet été pour voir comment les choses se passent. « Where are you from ? Wich country ? Your country ? Country ? Syria ? », commence par demander le journaliste aux migrants qui végètent en attendant d’embarquer dans un train qui ne vient pas depuis des jours. Si la réponse est négative, l’envoyé spécial fait mine de s’intéresser à ses interlocuteurs quelques  secondes de plus, mais cherche déjà du regard une échappatoire, un « vrai » réfugié sans ambiguïté. Pour le novice, la confusion est facile avec les Afghans et les Pakistanais. Mais jamais un micro de radio ne s’est tendu ni une caméra approchée des groupes de Bangladais, trop différenciables.

La chose était parfaitement intégrée par les migrants eux-mêmes : il y a les Syriens, attendus par Angela Merkel, et les autres. Et cela n’allait pas sans créer sans des tensions. Dès le début du mois de juillet, trois jeunes Syriens rencontrés en Serbie quelques centaines de mètres avant la traversée de la frontière hongroise se plaignaient : « c’est drôle, tout le monde est syrien maintenant ! Même les Afghans avec leurs yeux bridés ! ». Un autre Syrien le racontait aussi, à la sortie de Buda, prêt à se lancer sur l’autoroute en direction de l’Autriche, à pieds. C’était lors d’une de ces grandes « marches de la honte » qui allait attirer l’attention du monde entier.

« Maintenant tous les Afghans et les Irakiens disent qu’ils sont Syriens pour avoir l’asile, mais il n’y a pas de guerre chez eux (sic!) ! Chez nous on a une vraie guerre. En Syrie on ne peut plus faire 100 mètres dans la rue, à cause de Bachar et ses armes chimiques. Et il y a aussi ISIS et le Hezbollah de Nasrallah… »

Il est ingénieur mécanique, sa femme et ses enfant sont restés en Turquie.

« Je ne voulais pas faire la route avec eux car c’est trop dangereux. On a marché des dizaines de kilomètres pour traverser la frontière, on a dormi deux nuits dans les bois, en espérant échapper à la police, les enfants avaient peur. Beaucoup de Hongrois nous ont aidé, mais la police a été très dure, un bébé a été séparé de sa mère. Un de nous est resté quatre jours en prison à la frontière, sans manger ! ».

Vraiment ? « Oui, c’est parce qu’il refusait de donner ses empreintes. Ça faisait cinq jours qu’on était bloqués à la gare à Budapest, j’ai plusieurs fois essayé de monter dans les trains, mais rien à faire, alors on s’est mis en route ».

Les Syriens crient « Syria, Syria ! » et les Afghans répondent « Afghanistan ! Afghanistan ! »

Retour sur le parvis de la gare internationale de Budapest où des fillettes perchées sur des épaules, haut parleurs en main, chantent et haranguent la foule qui reprend en cœur. Des cameramen du monde entier sont installés dans des sièges confortables, caméras braqués sur la foule, et attendent que la situation dégénère entre les migrants et les policiers qui bloquent l’accès aux trains pour se mettre au boulot. On dirait des pêcheurs à la ligne le dimanche. La situation est grotesque et amuse Masoud. Masoud comme… « Comme le commandant ! », dit-il en rigolant, car il rigole facilement, et sourit le reste du temps. Il préfère rester derrière le rempart de caméras et d’appareils photo. « On sait jamais, si ma famille me voit à la télé, je me fais tuer ! En Afghanistan on n’aime pas trop ça se montrer », s’amuse-t-il encore.

Devant les caméras, les Syriens crient « Syria, Syria ! » et les Afghans répondent « Afghanistan ! Afghanistan ! ». Il ne vient pas de Kaboul, mais d’un petit village de sa région. Il travaillait pour une Agence allemande de coopération internationale, la Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ). Il a dû partir sous la pression des « Talibans, Daech, Al Qaeda, tout ça… ». Il a été menacé plusieurs fois. « On est parti à vingt-cinq et maintenant on est plus que quatre. Un du groupe est mort à la frontière entre l’Afghanistan et l’Iran, et les autres, ont les a perdus en route, je ne sais pas où ils sont ». D’ailleurs, il doit passer un coup de fil à l’un d’eux avec Viber.

La frontière hongroise n’a pas été vraiment difficile à passer, par dessus les barbelés, raconte-t-il.

« Mais on a dû laisser nos empreintes et ça c’est une très, très mauvaise nouvelle. On est extrêmement abattus parce qu’après deux mois de combat pour arriver jusqu’ici, les laisser, ça veut dire qu’on sera peut-être renvoyés d’Allemagne ici. Je ne suis pas syrien alors… On a dit aux policiers qu’on refusait de les donner, mais on n’a pas eu le choix, ils nous ont certifié que ça ne nous empêcherait pas d’aller où on veut, mais c’étaient des mensonges… »

« On a prit un taxi peu après la frontière, le chauffeur était un vieux monsieur, il avait l’air gentil, alors j’ai cru qu’on pouvait lui faire confiance… Il nous a demandé 1000 euros pour nous emmener tous les quatre à Budapest. On est arrivé très rapidement…il nous a déposé…il est parti et….on n’était pas à Budapest. On a fini à pieds sur presque 150 km, on a marché deux jours et toute une nuit sans s’arrêter. C’était comment déjà cette ville…attends je te montre sur mon GPS… »

Ils sont nombreux comme Masoud (en photo) à traverser l’Europe sans savoir ce qu’il va advenir d’eux, Syriens, ou non.

Photos : Hulala.org

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Naufragés sur la terre ferme de Hongrie

HU-LALA (Hongrie) - mer, 16/09/2015 - 09:08

Reportage effectué mi-juillet à la frontière serbo-hongroise. A cette époque (qui paraît déjà lointaine) les travaux de construction de la clôture n’avaient pas débuté, l’espace frontalier n’était pas militarisé et quelques centaines de migrants franchissaient chaque jour la frontière. L’article a été publié le 25 juillet 2015 dans « La Libre Belgique » (accès abonnés). 

Un diaporama accompagne cet article !

On ne dénombre pas de morts par milliers comme en Méditerranée, mais des milliers de migrants traversent la frontière entre la Serbie et la Hongrie pour rejoindre l’UE. 

La « Grande Plaine » hongroise, aux confins de la Hongrie, de la Serbie et de la Roumanie, est particulièrement verdoyante et peuplée. L’entrelacs de petites exploitations céréalières, de serres où l’on cultive fruits et légumes, de bois et de tanya (les ranchs traditionnels de l’Alföld) offre un paysage bucolique, mais un terrain difficile pour évoluer clandestinement, dans la nuit.

Au petit matin, un groupe d’une trentaine de migrants vient ainsi de se faire cueillir par la police, quelques kilomètres à peine après la frontière. Agés de vingt à trente ans, ces jeunes Afghans sont exténués après une dizaine d’heures de marche. Certains d’entre eux marchent difficilement. L’opération se passe sans tension particulière, des bouteilles d’eau sont échangées avant de monter dans le camion de police.

Non loin de là, une femme tond la pelouse devant sa maison proprette, sans trop prêter attention à la scène. Elle la voit se répéter plusieurs fois par jour depuis de longs mois. Et elle en a plus qu’assez :

« Il faut être ici pour comprendre ce qu’on vit. J’ai deux enfants de huit et dix ans, alors ça me fait peur de voir tous ces gens arriver, j’ai peur des maladies.« 

Cette peur irrationnelle est la principale inquiétude des habitants de l’espace frontalier. Les migrants qui franchissent illégalement la frontière causent-ils autant de dégâts que le répète le gouvernement ? « Ils laissent leurs déchets derrière eux, des bouteilles en plastique, des couches pour bébés… »

Un vieil homme qui semble être son père renchérit : « L’adjoint au maire a dit hier qu’ils font beaucoup de dégâts dans les cultures. » C’était lors d’une conférence de presse au cours de laquelle plusieurs élus locaux ont appuyé le projet du parti conservateur et populiste du Premier ministre Viktor Orban, qui a décidé d’implanter une clôture « anti-migrants » le long des 175 km de frontière avec la Serbie. Les travaux ont débuté et cette barrière devrait être opérationnelle fin novembre.

Pour passer en Serbie, mieux vaut éviter le passage international embouteillé par les Turcs d’Europe de l’Ouest qui rentrent au pays pour les grandes vacances, et emprunter un petit poste frontière ouvert douze heures par jour au trafic local. « Qu’allez-vous faire en Serbie ? Ah, journalistes ! Vous venez pour les migrants ? ! » Le douanier hongrois a visé juste.

Quelques centaines de mètres plus loin, trois jeunes hommes marchent en tongs le long de la petite route. Ils sont frais et dispos, souriants, et viennent d’acheter des fruits à un petit marchand au bord de la route.

« Euh… non, on n’est pas des touristes« , répondent-ils, en proposant immédiatement des abricots. Ils ont fui la Syrie trois mois plus tôt, après une arrestation et quelque temps en prison.

« Pas besoin de raison pour être arrêté en Syrie. On ne peut pas vraiment dire qu’on a pris la décision de partir, on n’avait simplement pas le choix« , expliquent-ils.

Tous trois étudiaient le droit à l’Université de Damas. Ses deux compagnons d’infortune sont frères, explique Mohamad dans un très bon anglais. Comme les dizaines de migrants rencontrés ce jour-là, l’Allemagne sera, espèrent-ils, la fin de leur périple.

Pour ce trio, ce sera Hambourg ou Francfort. Mais pour le moment, ils marchent droit vers le poste frontière. Les policiers serbes n’ont aucun intérêt à les bloquer, mais ils pourraient avoir la mauvaise idée de donner à leurs collègues hongrois un signe de bonne volonté en les renvoyant à Belgrade illico.

C’est la crainte de Mohamad, qui décide finalement de passer par un chemin de terre au milieu des cultures d’arbres fruitiers. S’ils parviennent sans encombre en Hongrie, un ou deux jours de détention les attendent, avant d’être remis à l’Office de l’Immigration qui leur assignera un des centres de réfugiés – déjà pleins à craquer – dans l’attente que la procédure d’asile suive son cours.

« Après la prison en Syrie, on pourra le supporter ! Vous pensez que ça pourrait me servir de montrer ma carte de l’Onu à la police ou il vaut mieux que je la cache ?« , interroge Mohamad, en échangeant son pseudo Facebook.

Le vendeur de fruits n’a pas l’air franchement hostile à cette nouvelle clientèle. « Ils ne font pas vraiment de dégâts, ils se comportent bien« , glisse-t-il. Mais il attend tout de même le mur promis par le gouvernement hongrois « parce que sinon ce sont des millions de gens qui vont arriver ici ».

Pas de dégâts ? Ce n’est pas l’avis de cette femme d’une soixantaine d’années, forte en gueule, et qui est propriétaire de l’exploitation d’arbres fruitiers que Mohamad et ses compagnons ont traversé quelques minutes plus tôt. « Vous voyez là, la clôture, ils déplacent les fils pour passer à travers ! Et ensuite les animaux entrent par le trou« , fulmine-t-elle, dans un mélange de hongrois et de serbe. Le dommage occasionné n’est pourtant pas si évident… « Je me suis plainte à la police, mais leur solution c’est que j’ouvre ma clôture pour les laisser passer ! Tout le monde s’en fout de toute façon ! »

Inutile de dire qu’elle appelle la clôture de ses vœux :

« Qu’ils la fassent au plus vite ! Comme dit Orban, on n’ouvre pas la porte de sa maison à des étrangers. »

« Un grillage assez haut pour les sangliers, mais pas pour les migrants »

Asotthalom est un endroit clé sur la frontière, côté hongrois. Quatre ou cinq cents personnes, en moyenne, arrivent chaque jour dans ce gros bourg de quatre mille habitants, après avoir bravé les bois, les zones marécageuses et les moustiques qui mènent la vie dure aux clandestins.

Au niveau de cette commune, la moitié des seize kilomètres de frontière avec la Serbie sont grillagés. C’est assez pour les bêtes sauvages, mais pas assez pour stopper les migrants, déplore Istvan Fackelmann, le maire adjoint. Son équipe d’une vingtaine d’hommes – gardes champêtres et gardes civils – est loin de faire le poids pour contrôler cette portion de la frontière Schengen qui est, selon lui, « une passoire » . Ils sont fatigués par les heures supplémentaires de patrouille pour localiser les immigrants et les tenir à l’œil jusqu’à l’arrivée de la police. D’autant qu’il faut en plus faire la chasse aux criminels qui ont repéré l’aubaine. « La semaine dernière nous avons arrêté des trafiquants. Il y avait seize personnes dont des enfants entassés dans un Combi Volkswagen, par 40 degrés » , affirme-t-il.

– « Qu’est-ce qu’ils viennent chercher ici ? Pour aller en Europe de l’Ouest, ils n’ont qu’à prendre l’avion » , lance M. Fackelmann.

– « Mais ils n’ont pas de papiers. »

–  » Alors qu’ils n’enfreignent pas la loi en traversant la frontière. »

– « Il y a la guerre chez eux… »

–  » Et ce sont aux gens d’ici de payer ? Qui a mis la pagaille en Syrie, en Afghanistan, en Irak ? C’est aux responsables de régler cette situation ! L’Europe, elle ne fait rien ! »

Pour le maire adjoint, il faut revenir aux frontières nationales car les migrants menacent de faire disparaître les nations européennes. « Bien sûr, nous les traitons avec loyauté et humanité et nous sommes désolés pour eux », lâche-t-il tout de même à la fin de l’entretien.

« On en a ramassé 375″

Vincze, le garde champêtre d’Asotthalom, s’excuse de son retard : il était sur la piste de passeurs. Lui, sa tenue camouflage et son arme de poing n’auraient de toute façon pas pu faire grand-chose contre les groupes mafieux qui sévissent déjà depuis de longues années sur la frontière et qui ont rapidement mis la main sur le business juteux consistant à convoyer les migrants jusqu’à Budapest, ou plus loin.

Il a localisé un groupe d’une trentaine de clandestins et attend l’arrivée de la police. Beaucoup se sont endormis dans l’herbe, harassés, tenaillés par la faim et la soif. « Vous nous emmenez en voiture ? Non, je plaisante, je sais bien que vous n’avez pas le droit. Moi quand je serai en Allemagne j’aurai une plus grosse voiture que ça ! » , s’amuse quand même l’un d’eux.

Un couple passe dans une vieille Lada et s’arrête pour échanger quelques amabilités avec le garde champêtre, qui lance à la femme : « Hey, tu veux pas en prendre un avec toi ? C’est le moment où jamais d’échanger ton bonhomme ! » Tout le monde rigole, les Afghans ronflent… Et le bus de la police arrive. On les fait monter un par un après une fouille. Une femme avec un enfant dans les bras refuse de s’avancer, elle redoute d’être séparée du reste de sa famille. « Mais non, vous partez tous dans le même bus, on doit juste vous fouiller pour être sûr qu’il n’y a pas d’armes ou de couteaux » , promet en anglais un policier, avec un ton plus las et agacé qu’agressif.

A 8 heures du matin, quelques vieillards sirotent un verre à la terrasse d’un troquet dans le bourg, en regardant passer une famille qui a fui les Talibans dans le nord de l’Afghanistan. Le jeune serveur voit passer tous les jours « des jeunes, des familles, parfois avec des bébés de quelques mois » . Ils veulent rejoindre Budapest, à 200 km au Nord, traverser le pays et poursuivre vers l’Ouest au plus vite mais, totalement démunis, n’ont aucune idée de comment s’y prendre. Un kilomètre plus loin, la police les fera monter dans le bus, avec les autres groupes à la dérive.

De retour à la mairie, le garde champêtre rend compte au maire adjoint : « On en a ramassé 375. » Arrestation, détention, assignation en centre d’accueil… La Hongrie est éprouvante pour les migrants, mais la grande majorité d’entre eux arrivent à reprendre la route vers l’Allemagne après quelques jours. C’est en partie grâce aux bénévoles qui – face à la propagande xénophobe du gouvernement hongrois et face à l’inaction de l’Union européenne – se mobilisent par centaines aux points stratégiques du pays pour leur venir en aide.

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Diaporama – C’était à la frontière entre la Hongrie et la Serbie

HU-LALA (Hongrie) - mer, 16/09/2015 - 08:11

Ces photos ont été prises lors d’un reportage effectué mi-juillet à la frontière serbo-hongroise, à lire ici. A cette époque (qui paraît déjà lointaine) les travaux de construction de la clôture n’avaient pas débuté, l’espace frontalier n’était pas militarisé et quelques centaines de migrants franchissaient chaque jour la frontière.



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La Turquie pourrait bâtir une mosquée monumentale à Budapest

HU-LALA (Hongrie) - lun, 14/09/2015 - 08:20

La capitale de la Hongrie pourrait accueillir le plus vaste centre islamique d’Europe centrale. L’information remonte à plusieurs semaines, mais la crise migratoire qui secoue la Hongrie comme le reste de l’Europe apporte un éclairage nouveau.

– Parce que le Fidesz au pouvoir assimile ouvertement l’arrivée actuelle de migrants à l’invasion ottomane au 16 siècle et qu’il développe un discours teinté d’islamophobie, la lune de miel entre les nationalistes hongrois (du Fidesz et du Jobbik) et l’AKP turc pourrait tourner court. Zoltan Bolek, leader le la Communauté islamique hongroise (Magyar Iszlám Közösség) a décrété un boycott de la coalition gouvernementale.

– Sous l’effet de la crise actuelle, le Jobbik est en train de perdre son particularisme (plusieurs de ses leaders sont réputés islamophiles, lire cet article du « Monde Diplomatique« ) pour muter en un parti d’extrême-droite anti-immigrationniste et islamophobe, plus classique en Europe. Ses liens serrés avec les autorités turques pourraient aussi subir des dommages.

Ce qui suit est un article publié le 9 août dans le quotidien « La Libre Belgique » (payant).

Le sultan Soliman le Magnifique lui-même n’aurait pas rêvé plus grand et le poète Gül Baba doit se retourner de plaisir dans son tombeau sur la colline aux Roses de Buda ! Car si le projet est mené à bien, la mosquée appelée à voir le jour dans la capitale hongroise sera grandiose : quatre minarets, des annexes, des patios, des jardins ornés de fontaines… Un édifice plus immense même que ceux édifiés par l’Empire ottoman lors de l’occupation du pays aux XVIe et XVIIe siècles.

De prime abord, la nouvelle peut surprendre, car l’islam est marginal en Hongrie : six mille personnes se sont déclarées de religion musulmane au recensement de 2011 (ils seraient en réalité quelques dizaines de milliers). Qui plus est, le Premier ministre hongrois n’en finit pas de tonner contre l’arrivée massive de migrants issus de pays musulmans, qu’il désigne comme une invasion de grande ampleur menaçant l’Europe chrétienne.

Malgré cela, les relations sont excellentes entre les nationalistes-conservateurs au pouvoir à Budapest et Ankara. « Orban et Erdogan s’apprécient, le Fidesz (hongrois) et l’AKP (turc) sont deux partis avec des vues très similaires, explique Emel Akcali, chercheuse turque en sciences politiques à l’Université d’Europe centrale. Ils bâtissent leur pouvoir sur le nationalisme, sur la personnalité d’un leader proche du peuple et sur un discours d’indépendance par rapport à l’Ouest. »

Le tropisme oriental de Viktor Orban suscite l’incompréhension et la méfiance à l’Ouest, mais on ne peut réduire les relations turco-hongroises à la proximité de deux autocrates, insiste cependant Mme Akcali : « Il y a une sorte de relation positive héritée du passé et, contrairement à ce que l’on observe en Europe de l’Ouest, la population hongroise a une image positive de la Turquie et la Hongrie est très favorable à son entrée dans l’Union européenne. »

Il est vrai que, bien que des générations d’écoliers hongrois continuent d’apprendre la comptine « Coccinelle, envole-toi ! Les Turcs arrivent, ils vont bientôt venir te tuer ! », la Turquie jouit d’un certain prestige dans le pays.

Des liens qui découlent du passé ottoman

Ce projet de mosquée illustre-t-il le « néo-ottomanisme » souvent reproché à la Turquie d’Erdogan ? « C’est plutôt un signe de l’émergence d’un soft-power qui va de pair avec l’émergence économique du pays, estime Emel Akcali. En Hongrie comme dans les autres pays d’Europe centrale et du sud-est, les soap operas turcs sont par exemple très à la mode, il y a aussi les bourses pour étudiants, etc. La Turquie n’a pas de ressources naturelles comme la Russie, mais elle a son passé ottoman et les liens culturels qui en découlent. »

Pour la Turquie, la Hongrie est une porte d’accès à l’Union européenne et une alliée favorable à son adhésion. Budapest soutient notamment le projet de gazoduc « Turkish Stream » qui pourrait acheminer du gaz russe vers l’Europe via la Turquie.

Une priorité diplomatique

Pour la Hongrie, l’émergence économique turque offre de nouvelles perspectives dans le cadre de « l’ouverture vers l’Est » par laquelle le Fidesz souhaite réduire la dépendance économique aux pays de l’UE. Au mois de mars dernier, le Premier ministre hongrois a fixé à ses ambassadeurs comme priorité diplomatique les relations avec « les trois grandes puissances qui ont déterminé ce qui nous est arrivé au cours des mille dernières années » : l’Allemagne, la Russie et la Turquie. Un discours qui rejoint les aspirations de Gabor Vona, le leader du second parti de Hongrie, le Jobbik (extrême droite), qui entretient des liens solides avec la Turquie.

Les Hongrois ont intensifié ces relations diplomatiques ces dernières années, qui ont culminé en 2013 avec les visites croisées de M. Orban et de M. Erdogan. L’occasion d’inaugurer chacun un centre culturel, de signer des accords de coopération économique et culturelle et d’obtenir la levée des visas pour les Hongrois en Turquie en échange de la levée des visas pour les hommes d’affaires turcs.

Une stratégie qui rencontre un certain succès : depuis le retour du Fidesz au pouvoir en 2010, le volume des échanges commerciaux hungaro-turcs a augmenté de 40 %, pour s’établir à 2,8 milliards de dollars en 2014. L’objectif a été porté à 5 milliards pour cette année.

La mosquée ferait donc office de cerise sur le gâteau. Depuis que ses plans ont été dévoilés au printemps – dans une vidéo diffusée par une fondation liée au ministère turc des Affaires religieuses -, la municipalité de Budapest et les autorités turques cherchent un emplacement qui satisfasse les deux parties. Les négociations portent sur le quartier de Köbanya-Kispest, une ancienne banlieue ouvrière dans la périphérie sud-est de la capitale. L’édifice ne devrait donc pas avoir le privilège de trôner dans le centre-ville, aux côtés de la Basilique Saint-Étienne et de la Grande Synagogue, la plus grande d’Europe.

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Audience fixée au 1er octobre pour l’affaire Közgép

HU-LALA (Hongrie) - sam, 12/09/2015 - 14:22

Accusée de fausses déclarations dans le cadre d’un appel d’offre, l’entreprise de construction tente de faire annuler sa mise au ban des marchés publics pour trois ans, décidée par la Cour des marchés publics. L’Audience a été fixée au 1er Octobre.

La firme détenue par l’homme d’affaires hongrois Lajos Simicska joue gros lors de ce procès. Accaparant jusqu’à récemment près de 40% des projets financés en Hongrie par l’Union européenne, l’entreprise a été condamnée et écartée de l’obtention des marchés publics pour trois ans. Accusée de fausses déclarations pour obtenir le projet d’extension du Port de Györ, Közgép a fait appel.

Cette condamnation n’est sans doute pas étrangère à la rupture entre Simicska et le Premier ministre Viktor Orban. Ami de longue date et personnage clé de la fondation du Fidesz, l’oligarque a été progressivement écarté par Orban depuis sa réélection en 2014.

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