Le site français Mediapart lance une opération spéciale «Ouvrez l’Europe #OpenEurope». En partenariat avec des associations, des ONG et sept journaux tunisien et européens, dont Hulala.
Tout l’été, les dirigeants européens vont nous imposer leurs médiocres marchandages pour se répartir 40.000 Syriens et Érythréens débarqués sur les côtes européennes. Tout l’été, ils déploreront les morts de migrants en Méditerranée (près de deux mille personnes décédées depuis le début de l’année), tout en demandant un renforcement des frontières Schengen. Une nouvelle illustration de cet égoïsme tenant lieu de politique a été donnée lors du sommet européen des 25 et 26 juin, quand les dirigeants ont parlé expulsions plutôt que procédures d’accueil, réaffirmant leur vision d’une Europe-forteresse, claquemurée et insensible.
L’Union européenne, première puissance économique mondiale, 500 millions d’habitants, ne pourrait donc accueillir quelques dizaines de milliers de migrants, assurent ces responsables, faisant fi de nos valeurs d’accueil, d’asile et de solidarité. Depuis le début de l’année, environ 100 000 personnes ont débarqué sur le vieux continent (54 000 en Italie et 48 000 en Grèce), selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), contre 219 000 pour l’ensemble de l’année 2014. Il ne s’agit donc nullement de «hordes» de migrants, encore moins de «déferlement», comme veulent le laisser croire certains responsables politiques. Faut-il rappeler que la Turquie accueille à elle seule 1,7 million de Syriens ; que le Liban en reçoit 1,1 million, soit près d’un tiers de sa population?
Retrouvez l’opération «Ouvrez l’Europe #OpenEurope»Face à la tragédie vécue par ces femmes, ces hommes, ces familles entières fuyant les guerres, nous, Européens, ne voulons pas être les spectateurs de nos égoïsmes nationaux. Nous ne pouvons plus accepter de laisser mourir aux portes de l’Europe les milliers d’exilés venus de la Corne de l’Afrique, de l’Afrique de l’Ouest et du Moyen-Orient dans l’espoir d’atteindre nos rivages. Nous devons refuser la honte que les États membres nous infligent en promettant de « sauver les migrants » tout en construisant des murs et en bloquant des frontières.
Nous ne voulons pas de cette « solidarité » là. Celle qui est en train de naître, en Europe, partout sur les routes migratoires, est d’une autre nature. Elle mobilise une foule de citoyens qui apportent leur aide avec les moyens du bord. Durant tout l’été, ce sont ces gestes que le projet «Ouvrez l’Europe #OpenEurope» veut raconter et valoriser. Nous avons voulu lancer cette opération en partenariat avec des ONG, des associations et des médias tunisien et européens pour mieux témoigner du drame qui se déroule et mieux relayer les nombreuses initiatives d’entraide qui se font jour.
Dans le cadre de «Ouvrez l’Europe #OpenEurope», nous publierons avec nos partenaires des reportages qui donnerons à voir les chemins empruntés et l’accueil en Turquie, dans les Balkans, en France, en Italie, en Suède, en Allemagne et ailleurs.
À ce traitement journalistique, qui prendra aussi la forme d’analyses et de photoreportages, s’ajoutera un fil d’actualité d’informations pratiques à destination des migrants, des collectifs locaux et des citoyens engagés dans des opérations de solidarité : lieux d’accueil; aide humanitaire; permanence juridique et assistance ; guides et modes d’emploi. Ce fil sera alimenté par les ONG, associations et collectifs, ainsi que par des journalistes.
Un espace participatif, enfin, regroupera les récits et les témoignages de migrants et des citoyens engagés dans des actions concrètes.
Nous pensons que cette mobilisation citoyenne est à même de s’imposer aux États membres. De les contraindre à enfin réagir. Des solutions politiques doivent être trouvées. Plus de 20.000 personnes ont péri en Méditerranée en quinze ans ! Les migrants ne prennent pas tous ces risques sans raison. Ils le font – en dépensant beaucoup plus d’argent qu’en voyageant en avion – car les voies d’asile et d’immigration légales leur sont fermées.
Les dirigeants européens se défaussent sur leurs opinions publiques nationales pour justifier leurs politiques restrictives. Pourtant, en voulant leur plaire, ils ne font que construire l’image – fausse – d’une Europe assiégée et donner des arguments aux droites et aux droites extrêmes. Les quelques centaines de milliers de migrants sont en réalité une goutte d’eau au regard des 500 millions d’Européens que nous sommes. Le Vieux continent a les moyens de les accueillir. Il en a même le besoin démographique et économique. Employons-nous à changer de regard et à les considérer comme des Européens plutôt que d’alimenter la peur et le rejet.
A ce jour, voici les journaux qui participent à cette opération :
Infolibre (Espagne)
Correct!v (Allemagne)
Internazionale (Italie)
Le Courrier des Balkans (Balkans)
Hulala (Hongrie)
Efimerida ton syntakton (Grèce)
Inkyfada (Tunisie)
Et voici les principales associations, collectifs et grandes ONG :
Tout le monde ne parle plus que de ça : de ces clandestins qui entrent en Hongrie par milliers. Plus de 60 000 depuis le début de l’année, essentiellement issus des zones de guerre en Syrie, en Afghanistan et en Irak. Ils transitent via la Turquie, la Grèce et remontent par la péninsule balkanique et la Serbie. La Hongrie n’est pour la très grande majorité d’entre eux qu’un pays de passage sur la route de l’Allemagne et de l’Ouest de l’Europe. Mais la Hongrie est un pays stratégique car c’est la frontière externe de la zone Schengen.
Le phénomène est très peu visible en Hongrie, mais le gouvernement ne se prive pas de faire son beurre dessus : grande consultation nationale sur « l’immigration et le terrorisme », plans pour construire une clôture le long de la frontière entre la Hongrie et la Serbie, et une nouvelle législation qui devrait être votée dans les jours à venir permettrait de refouler les migrants en Serbie.
Pour en parler, nous avons invité mardi soir (30 juin) dans les studios de la Tilos Rádió de Budapest :
Diana Szántó – Diana dirige la Fondation « Artemisszio ». Une fondation d’intérêt public qui fonctionne depuis 1998 à l’initiative de jeunes anthropologistes. Sa mission : encourager le dialogue et les interactions entre des groupes culturellement, ethniquement et socialement diverses, et favoriser leur intégration.
Gábor Gyulai – Gábor est coordinateur du programme pour les réfugiés au sein de la branche hongroise du « Comité Helsinki ». Une ONG internationale qui – parmi ses nombreuses missions – apporte une aide essentiellement juridique aux migrants et essaie d’éclairer autant que possible le débat public.
La Hongrie, sur la route des réfugiés by Hu_Lala on Mixcloud
La photo est issue d’un superbe reportage de Istvan Fazekas, pour HVG.hu.
Pour Márton Kárpáti, rédacteur en chef du site d’actualités Index.hu, le battage du gouvernement contre les immigrants est un coup de maître. Il le déplore dans un papier d’opinion publié sur Index.hu le 14 juin sous le titre « Sajnos zseniális a kormány gyűlöletkampánya« . En voici la traduction.
Les personnes intelligentes, informées et qui ont vu du pays, s’horrifient, ou à tout le moins débattent, pour savoir qui est l’idiot qui a eu l’idée d’une campagne gouvernementale d’affichage contre les migrants et les réfugiés, et combien elle est absurde, stupide, démagogique et nuisible. Toute personne ne fusse qu’un peu sensible aux droits de l’homme, aux choses du monde, qui a visité les pays occidentaux, peste en se prenant la tête sur les raisons d’inventer une telle connerie. Et apparaissent les analyses, les exemples de l’étranger…, tout est décortiqué.
Mais malheureusement, la campagne est géniale.
De quoi s’agit-il ? Au cas où ce ne serait pas clair pour tout le monde, les affiches ne sont pas destinées aux réfugiés, ni même aux passeurs. Le gouvernement veut clairement récupérer, renforcer son camp en baisse et a réussi à trouver un sujet qui parle aux xénophobes et accroche ses électeurs, de plus en plus tentés par le Jobbik. Ils ne s’accordent pas contre les Juifs ou les Tsiganes, mais l’effet est le même : il y a quelqu’un à haïr, il y a quelqu’un à craindre, il y a quelqu’un de qui parler. En outre, on vise un groupe, à peine existant et visible, dont les membres ne savent rien de cette campagne (elle ne s’adresse pas à eux, n’est-ce pas ?), ne votent pas, ne vont pas paralyser le pays par des manifestations, ne peuvent pas causer de dommages au gouvernement. Et les râleurs ont à nouveau de quoi râler.
Vu de la capitale, on pourrait croire que le tollé provoquera des fissures dans la popularité du gouvernement. Mais même cette contestation a du bon pour le gouvernement. Le camp des détracteurs n’a probablement jamais été un supporter inconditionnel du Fidesz et ne le serait pas devenu dans le futur, et quelle que soit la force de la contestation, en termes de votes, d’électeurs, cela ne fait pas grand monde. Cependant, une partie du groupe auquel s’adresse cette campagne en prend justement conscience à cause de ce battage, et tout ce bruit permet au gouvernement de faire croire à une couche de la population peu préoccupée de s’informer, qu’il représente l’ordre, la sécurité et la protection.
Peu importe que ce soit un non-sens, beaucoup d’électeurs ne réfléchissent pas, ne se renseignent pas, mais avalent la démagogie. On pourrait penser que les électeurs Jobbik les plus malins voient à quel point ceci est une arnaque, mais comme le groupe cible n’a pas d’intersection avec le groupe des électeurs réfléchis, ils s‘en contrefichent. Et encore un point, pour lequel cette campagne convient bien. Faire disparaître l’affaire Quaestor de l’ordre du jour ? Check ! Personne pour se préoccuper du budget de l’année prochaine en cours d’adoption ? Check !
Je vous le dis, malheureusement, cette campagne est parfaite.
En Hongrie aussi, le débat européen sur l’immigration a été imposé à l’agenda politique. Car le pays est confronté à une pression migratoire inédite…et à un gouvernement populiste.
On a plus parlé d’immigration ces deux dernières semaines en Hongrie qu’en 25 années ! Car le pays est confronté à une pression migratoire inédite à sa frontière sud : alors que seulement deux à trois mille demandes d’asile étaient déposées en moyenne chaque année, 43 000 ont été déposées en 2014 et il y en a déjà eu plus de 50 000 sur les cinq premiers mois de 2015. La Hongrie est ainsi devenue ces derniers mois la 3e porte d’entrée de l’Union européenne, derrière l’Italie et la Grèce.
Les trois-quart de ces demandeurs d’asile fuient la Syrie, l’Afghanistan et l’Irak, comptabilisent le Haut Commissariat aux Réfugiés et des ONG comme le Comité Helsinki. Mais le gouvernement de Viktor Orban ne veut y voir que des migrants économiques qu’il faut refouler vers la Serbie, le pays par lequel transite la quasi-totalité des migrants. Il menace de fermer la frontière et n’exclut plus tout à fait la construction d’une barrière physique entre les deux pays. Une loi est aussi en préparation pour refouler hors de Hongrie plus facilement les personnes ayant traversé la frontière clandestinement.
Comprendre l’espace Schengen en 4 minutes by lemondefr
Le défi est donc réel pour la Hongrie et ses 10 millions d’habitants. Mais le Fidesz au pouvoir a choisit de capitaliser politiquement sur cette situation ! Même dans le camp du parti conservateur/parfois nationaliste/toujours populiste, on ne nie pas le caractère opportuniste de la campagne de communication lancée par le gouvernement contre l’immigration. Pour ses détracteurs, il est clair que le Premier ministre Viktor Orban cherche à détourner l’attention de la population de sa piètre gouvernance et à stopper le déclin du Fidesz au profit de l’extrême-droite, le Jobbik.
Le Fidesz sortira-t-il gagnant de sa campagne de com’ contre les immigrants ? Les analystes sont très partagés sur cette question. Certains estiment que le débat étant intense, l’objectif premier est réussi, tandis que d’autres soulignent l’exaspération même au sein d’une partie de la droite devant cette énième manœuvre populiste. Seulement 400 000 des 8 millions de questionnaires de la grande « consultation nationale » avaient été retournés au gouvernement la semaine dernière.
Car l’immigration est un thème très éloigné grandes préoccupations des Hongrois. Selon le dernier recensement (2011), la part des étrangers dans la population hongroise reste marginal : 1,6%. Et la très grande majorité des migrants cherche à quitter la Hongrie au plus vite pour rejoindre les pays d’Europe de l’Ouest. En revanche, la solidarité européenne face au défi migratoire étant quasi-nulle à l’heure actuelle, des pays comme l’Autriche ont menacé de renvoyer en Hongrie plusieurs milliers de demandeurs d’asile.
Cette campagne de xénophobie a un mérite : elle donne un coup de fouet à la société civile. Des dizaines d’affiches ont été arrachées ou détournées. L’action la plus fulgurante vient du célèbre parti satirique du chien à deux queues, le « Magyar Kétfarkú Kutyapárt », qui a lancé avec le blog Vastagbőr une campagne de collecte de dons qui a dépassé toutes les espérances : plus de 30 millions de forint ont été récoltés en 5 jours, soit près de 100 000 euros ! Cela devrait financer une contre-campagne d’affichage à partir du début du mois de juillet. Mardi, un flashmob sera organisé au centre de la capitale hongroise, sur la place Blaha Lujza, à 18h.
Ludovic Lepeltier-Kutasi réagit à la tribune de l’ambassadeur de Hongrie en France, Georges Károlyi, publiée le 28 mai par Médiapart, dans laquelle il considérait par exemple que « le nationalisme hongrois, un patriotisme naturel trop longtemps réprimé ».
Ludovic Lepeltier-Kutasi est doctorant en sociologie et travaille sur les ségrégations urbaines à Budapest. Il est aussi un contributeur régulier de Hu-lala.org et publie des articles sur son blog De Budapest à Casablanca.
Dans une récente tribune aux allures de droit de réponse, le diplomate hongrois Georges Károlyi est revenu sur les différentes « illusions d’optique » auxquelles seraient confrontés les pays occidentaux face à la situation politique en Hongrie. Dans un réquisitoire parfaitement bien structuré, il évoque tour à tour l’ouverture vers l’Est (sous-entendu la Russie et les ex-républiques soviétiques d’Asie centrale), la place de l’extrême-droite dans son pays (que de nombreux commentateurs décrivent comme un pilier du gouvernement en place), la dérive « autoritaire » du ministre-président Viktor Orbán, la cabale politico-médiatique dont seraient victimes les représentants du régime dans les instances européennes, ainsi que l’état de la liberté de la presse.
D’un certain point de vue, cette tribune arrive à point nommé pour rééquilibrer les jugements très sévères portés sur la Hongrie dans les différentes capitales européennes. Il suffit de se rendre souvent en Hongrie pour se rendre compte par soi-même que l’atmosphère qui y règne est obstinément assez éloigné de ce qui est écrit dans les médias. S’il fallait reprendre par le menu les arguments égrainés par l’ambassadeur de Hongrie en France, il serait assez difficile de les contredire avec honnêteté. Effectivement, la Hongrie pratique une diplomatie économique pas vraiment satisfaisante du point de vue de l’éthique des relations internationales, mais pas particulièrement honteuse comparée à la position de la France sur le marché de l’armement. Concernant la place de l’extrême-droite, il a raison de rappeler que le Jobbik, bien qu’électoralement trop puissant, ne participe pas aux responsabilités et se situe à l’heure actuelle sur les bancs de l’opposition au sein de la chambre des députés. Si l’influence des néofascistes se ressent sur la rhétorique déployée par Viktor Orbán à l’égard de la démocratie libérale (ce que Georges Károlyi se garde bien de formuler de cette façon), on ne peut pas sérieusement parler de dérive autoritaire du régime.
L’ambiance du débat démocratique est surtout plombée par l’incroyable faible capacité de mobilisation et de conviction de la gauche socialiste et écologiste (MSzP, LMP, Együtt) et par la toute puissance institutionnelle du Fidesz, liée – il faut quand même le rappeler – aux résultats d’élections régulières. La situation hongroise est de ce point de vue assez comparable à celle de la France sous les années Sarkozy-Hortefeux-Besson ; ni vraiment pire, ni franchement meilleure. Ainsi, la campagne menée contre le commissaire européen Tibor Navracsis paraît effectivement assez injuste, voire complètement à côté de la plaque, si l’on s’en tient aux stricts griefs qui avaient été retenus contre lui au moment de sa nomination. Vu de la France, pays des Droits de l’Homme où les liens entre médias dominants et pouvoir politique sont régulièrement dénoncés à raison par des organes comme Médiapart ou Arrêt sur images, la liberté de la presse en Hongrie se porte relativement bien, dans la mesure où la presse d’opposition jouit d’une vraie liberté d’expression et de ton, même si l’on a pu observer une nette inféodation de la télévision d’Etat à la parole du gouvernement.
Une fois que ces choses ont été dites, cela ne signifie en rien que l’orbanisme triomphant ne soit pas criticable, bien au contraire. Si Georges Károlyi parvient avec beaucoup d’habileté – et de cynisme – à balayer d’un revers de la main les reproches qui sont régulièrement faits à la Hongrie, c’est parce que ceux-ci révèlent à la fois les propres contradictions des autres pays européens et, partant de là, le caractère assez hypocrite de ces critiques. En réalité, la situation en Hongrie est bien plus ambivalente et complexe que ce que les commentateurs en retiennent. Sur le plan politique, la rhétorique de Viktor Orbán s’inscrit dans une volonté de « restauration symbolique de souveraineté » qui ne peut être comprise que si l’on s’intéresse un peu à l’histoire du pays.
Ancienne puissance régionale, la Hongrie est confrontée aux mêmes démons post-coloniaux que la société française, lesquels produisent des effets analogues, notamment en termes de débats sur l’essence de la nation magyare ou sur les stratégies de recouvrement d’un rayonnement culturel et linguistique en déclin. Dans le tourbillon de la mondialisation néo-libérale, ces débats identitaires mortifères se mêlent avec ceux sur l’affaissement de l’Etat protecteur, la transformation brutale de la société hongroise et la confusion de sens dans laquelle la plongent les errements du projet européen. La voie que propose le Fidesz est finalement assez analogue à celle des droites conservatrices européennes, laquelle oscille entre la réaffirmation des attributs traditionnels de l’Etat et le déplacement de la question sociale vers la condamnation morale des éternels boucs émissaires : les pauvres et les étrangers.
S’il y avait un élément qui devrait alarmer plus vigoureusement l’opinion publique européenne sur les dérives de la société hongroise, c’est précisément l’ampleur de la dégradation de la situation sociale. Si l’on s’attarde sur les statistiques de la pauvreté compilées par Eurostat, on prendrait la mesure du décrochage de la Hongrie en dépit des bons résultats économiques du Fidesz au pouvoir. En quelques dizaines d’années, le tableau de la pauvreté en Hongrie s’est considérablement assombri : alors que la situation sociale était assez comparable à celles de la République tchèque, de la Slovaquie ou de la Pologne, elle présente désormais les mêmes traits que celles de la Roumanie ou de la Bulgarie. Si les commentateurs s’attardent de façon souvent grossière et caricaturale sur la situation des Roms, la réalité de la misère sociale dépasse largement les effets de la discrimination dont beaucoup d’entre eux font effectivement l’objet. Elle s’enracine dans des régions entières, notamment les départements du Nord et de l’Est, où les chances de trouver un emploi sont très ténus pour tout le monde, tant l’Etat n’a jamais rien entrepris pour contrer les effets de la désindustrialisation du début des années 1990.
Elle tire également vers le bas les franges les plus fragiles de l’ancienne classe moyenne kadarienne (du nom de János Kádár, ancien dirigeant communiste), dont la jeunesse fuit littéralement le pays, pour trouver du travail en Allemagne, en Autriche ou au Royaume-Uni. Plus de vingt ans après la chute du rideau de fer, de nombreux actifs sont obligés de cumuler les petits emplois pour espérer améliorer l’ordinaire, sans parler des retraités qui doivent parfois travailler au noir pour étoffer leurs petites pensions. Alors que la situation du logement se dégrade pour les plus pauvres, bien qu’atténuée statistiquement par la très grande part de propriétaires privés, les collectivités locales n’ont que pour seule obsession de liquider les vestiges du logement social, sans grande considération pour celles et ceux qui ne parviennent plus à payer charges et loyers. Ce qui est vrai à Budapest l’est aussi dans les petites villes de province, où le phénomène de marchands de sommeil se développe considérablement.
On pourrait reconnaître à Viktor Orbán d’avoir identifié dans la financiarisation croissante de l’économie réelle l’un des principaux maux structurels auquel est confrontée la société hongroise. Les réponses qu’il a apportées, assez courageuses contre le secteur bancaire notamment, sont sans doute à l’origine de la crispation de Bruxelles à l’égard de Budapest, la commission européenne ne supportant visiblement pas l’idée que les Etats membres pilotent encore leurs politiques économiques. La convergence des positions de Viktor Orbán et d’une partie de la gauche européenne, telle que pointée par Jean Quatremer, n’est de ce point de vue pas totalement dénuée de sens, mais comporte par ailleurs une sacrée dose de mauvaise foi. Le renforcement de l’Etat et l’affirmation d’un discours protectionniste ne disent pas grand chose sur la réalité des politiques menées. Si chez Viktor Orbán, celles-ci sont synonyme de clientélisme et de traitement moralisateur de la pauvreté, elles n’ont pas grand chose à voir avec le projet historique des gauches européennes d’émancipation et de justice sociale.
Or, aucune voix ne s’est vraiment élevée contre le programme de réduction des aides sociales diligenté par le Fidesz ni contre le dispositif de travail quasi-obligatoire pour les chômeurs, allègrement financé par la commission européenne à travers les politiques de grands travaux et d’infrastructure mises en œuvre depuis plusieurs années. Soit dit en passant, rien non plus sur la façon dont l’instrumentalisation des fonds structurels européens nourrit une forme de pouvoir féodalisé et un réseau d’allégeance fondé sur le clientélisme dans les territoires. La seule évocation de la situation de nombreux jeunes actifs des pays d’Europe centrale en partance pour l’Europe de l’Ouest, ne se fait que par le biais des vagues d’immigration économique auxquelles serait confronté le Royaume-Uni ou de façon plus tordue par le débat récent sur le « problème des Roms » dans les grandes villes françaises. Se questionner sur les effets sociaux des politiques menées par les différents gouvernements centre-européens semble être un non-sujet, tant ces politiques sont encouragées et financées par la commission européenne.
Dans cette perspective, les différentes illusions d’optique auxquelles s’attaque Georges Károlyi masquent la réalité crue à laquelle est confrontée la société hongroise, laquelle réalité mériterait d’être plus vivement questionnée par celles et ceux dont la voix porte dans l’opinion publique européenne. S’il lui est assez facile de contester une à une les différentes critiques qui sont le plus souvent adressées à la Hongrie, c’est que les ficelles employées sont d’une grosseur inouie. Or, en tirant des flèches qui ratent ainsi leur cible, les adversaires les plus virulents de l’orbanisme au pouvoir ne font que renforcer la posture victimaire dont se nourrit le ministre-président hongrois sur la scène politique nationale et contribuent à détourner le regard de que ce pouvoir fait de pire. A l’échelle européenne, cela contribue à épaissir le voile de déni sur l’aggravation de la situation sociale sur tout le continent et à alimenter le constat funeste selon lequel, de la situation des victimes du néolibéralisme – les mêmes que celles du capitalisme corporatiste à la hongroise -, tout le monde se fout.
Publié le 1er décembre 2014.
Qui était Miklós Horthy, celui qu’on désigne trop systématiquement en France comme le « Pétain hongrois » et dont la figure est réapparue dans le débat politique en Hongrie, agitée par les nationalistes ? Catherine Horel, historienne spécialiste de l’Europe centrale, décrypte pour Hu-lala ce personnage clé de l’histoire de la Hongrie.
En 1h15 d’émission radio enregistrée lundi 24 novembre à Budapest, Catherine Horel décrypte – par le prisme de ce personnage – les moments cruciaux du 20ème siècle pour la Hongrie et l’Europe centrale : la République des Conseils, le traité de Trianon, l’irrédentisme de l’entre-deux guerres, les lois antisémites et la seconde guerre mondiale. Sans oublier bien sûr le rôle de Horthy dans la destruction des Hongrois juifs. Un éclairage saisissant pour comprendre le présent !
Mme Horel est directrice de recherche à l’université de Paris-I. Elle a publié notamment « Cette Europe qu’on dit centrale », « Des Habsbourg à l’intégration européenne, 1815-2004″ et « Une Histoire de Budapest ». « Horthy, Régent de Hongrie » est son dernier ouvrage en date, publié au mois de septembre 2014 aux Éditions Perrin. Il s’agit de la première biographie française consacrée à Horthy.
Horthy, Régent de Hongrie – Par Catherine Horel by Hu_Lala on Mixcloud
« Nem természetes és visszataszító ». Le maire de la capitale de la Hongrie, István Tarlós, a considéré lors d’une intervention télévisée jeudi matin que la marche pour les droits des LGBT prévue samedi 11 juillet à Budapest est « contre-nature et repoussante ».
Le très conservateur István Tarlós a également dit ne pas bien comprendre en quoi consiste l’événement et souhaite que, contrairement aux années précédentes, il ne se tienne pas sur la grande Avenue Andrassy au cœur de la ville (les Champs-Elysées hongrois) mais en périphérie de la ville :
« Je crains que cette chose ne soit pas digne de l’environnement historique de l’Avenue Andrassy »,
(cité par l’agence de press MTI et relayé par de nombreux médias nationaux).
La Gay Pride s’est déroulée sans incident significatif l’année dernière, mais loin des regards et au prix d’un déploiement impressionnant de policiers pour protéger les participants des quelques centaines de contre-manifestants homophobes présents chaque année.
Le 18 mai dernier, au lendemain de la journée mondiale contre l’homophobie, répondant à un journaliste sur la question des droits des homosexuels en Hongrie, le Premier ministre Viktor Orban avait fait cette réponse un peu à l’emporte-pièce et qui avait suscité beaucoup de réactions :
« La Hongrie est un pays sérieux. Il est fondamentalement basé sur des valeurs traditionnelles. La Hongrie est un pays tolérant. La tolérance ne signifie pas cependant que nous sommes prêts à appliquer les mêmes règles pour les personnes dont style de vie est différent du nôtre. Nous faisons la différence entre eux et nous. La tolérance signifie la patience, la tolérance signifie une capacité à coexister, cela constitue la base de la Constitution hongroise qui différencie clairement la relation conjugale entre un homme et une femme et les autres formes de cohabitation. Nous ne changerons pas cela. Par ailleurs, je suis reconnaissant à la communauté homosexuelle hongroise de ne pas suivre les comportements provocateurs qui ont cours dans de nombreux pays européens et qui sont contre-productifs. Je crois qu’en Hongrie, même si la constitution distingue clairement entre le mariage et d’autres formes de cohabitation, les personnes ayant des modes de vie différents de notre propre vision de la vie sont en sécurité et sont traitées avec le respect de la dignité humaine de base qu’elles méritent. […] »
En clair, que personne ne tente de remettre en cause le statu quo, et tout se passera bien…
La 19e gay pride de Budapest se déroulera le samedi 11 juillet.
Photo : Budapest Gay Pride 2008 (HU-lala)
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Mediapart a donné quartier libre à l’ambassadeur de Hongrie en France, Georges Károlyi, pour répondre aux critiques qui sont régulièrement adressées à la Hongrie par les médias internationaux, français et par Mediapart.
L’ouverture à l’Est, la relation qui lie Viktor Orban et Vladimir Poutine, la droitisation du Fidesz et le jeu avec l’extrême-droite, le rejet des valeurs européennes…, M. Károlyi s’empare de tous ces sujets pour plaider en faveur de l’action du gouvernement hongrois.
Quand l’ambassadeur de Hongrie prétend que le Fidesz est un parti « au centre de l’échiquier politique », il omet de préciser que le parti entier est accaparé par ses éléments les plus à droite, les autres députés n’ayant quasiment jamais voix au chapitre. De même, il semble difficile de nier, comme le fait M. l’ambassadeur, que le Fidesz s’est approprié des éléments du programme du Jobbik et s’est lancé ces derniers mois dans une surenchère populiste avec le parti d’extrême-droite.
Mais son point de vue et ses arguments méritent d’être pris avec la plus grande des considérations, car ils complètent et nuancent une image de la Hongrie véhiculée dans les médias beaucoup trop caricaturale pour prendre en compte la grande complexité de la réalité hongroise.
« Il faut connaître et comprendre l’histoire de nos pays, avant de leur distribuer des bons ou des mauvais points en s’abritant derrière les lunettes confortables des sociétés qui n’ont pas connu les mêmes tourments », dit Georges Károlyi. C’est souvent là que le bât blesse : il existe bien trop peu de liens et de compréhension entre l’Europe occidentale – la France en particulier – et l’Europe centrale. Et bien des malentendus seraient levés avec une meilleure connaissance réciproque.
Sur l’ouverture à l’Est et la relation avec la Russie« Pour répondre à certaines critiques moralisatrices : s’il fallait cesser de faire affaire avec les pays dont le régime politique ne correspond pas au nôtre, il ne resterait pas grand-chose du commerce mondial ni des flux d’investissement… »
« La relation avec la Russie est, de même, une relation pragmatique, comparable à celle qu’entretiennent, chacun à sa manière, pratiquement tous les pays d’Europe. […] La Hongrie souhaite, pour elle-même mais aussi pour l’Europe tout entière, qu’un modus vivendi raisonnable à long terme puisse être trouvé avec la Russie. Ce ne sera pas facile, en raison notamment de l’hypothèque ukrainienne, mais cela doit rester l’objectif. »
Sur la droitisation du Fidesz« Cette formation [le Fidesz], qui professe les valeurs classiques de la droite conservatrice, est clairement située au centre de l’échiquier politique. Elle trouve à sa droite une opposition particulièrement virulente avec le Jobbik, alors qu’à sa gauche ne se trouve qu’un assemblage de petits partis qui cherchent leur voie et ne sont pas, aujourd’hui, en position de proposer une alternative crédible. »
« Que le Jobbik cherche à se rendre « fréquentable » en essayant de se « rapprocher » de la droite modérée n’engage que lui. L’on observe exactement la même chose en France. En revanche, l’inverse n’est pas vrai. Le Fidesz n’a aucune intention de se rapprocher du Jobbik. Un Fidesz compact avec un programme politique dont les valeurs n’épousent en rien celles de l’extrême-droite est le meilleur rempart contre le Jobbik. »
Sur l’agitation du sentiment national hongrois« Ce n’est pas à la France du Général de Gaulle et de la Marseillaise qu’il faut expliquer ce qu’est le patriotisme. Ce qu’on appelle en tonalité négative le « nationalisme hongrois » est au pire un nationalisme « de bon aloi », qui ne fait de mal à personne, mieux un patriotisme bien naturel auquel tout pays a droit et qui a été trop longtemps réprimé au-delà du rideau de fer. »
« Sa vision de l’Europe est une vision qui ne fait pas abstraction de l’identité nationale. Il n’y a pas de quoi être cloué au pilori pour cela. »
La Hongrie, une ingrate ?« Ce pays, par son « attitude critique », ferait preuve d’une scandaleuse ingratitude vis-à-vis d’une Europe qui l’inonde de fonds structurels et à laquelle elle doit la quasi-totalité de ses investissements. Cette affirmation a de quoi laisser pantois. Premièrement, les fonds européens ne sont pas des aumônes, ils sont la contrepartie de l’ouverture des marchés entre pays au niveau de développement économique inégal. Deuxièmement, l’Union européenne n’est pas un maître chanteur qui « achèterait » le silence ou la complaisance de ses membres en leur versant de l’argent. »
Pour lire l’article dans son intégralité sur Mediapart.
Andrzej Duda, candidat du parti parti Droit et justice (PiS) vainqueur de l’élection présidentielle polonaise dimanche, est dépeint par de nombreux médias comme un ultraconservateur qui pourrait bien devenir le Viktor Orbán de la Pologne.
Entre les peuples hongrois et polonais, c’est une amitié indéfectible longue de plusieurs siècles. Une amitié qui s’est matérialisée ces dernières années par le soutien sans faille des conservateurs polonais au gouvernement hongrois. Quelle étrange sensation de voir des centaines de Polonais défiler dans les rues de Budapest pour soutenir Viktor Orbán dans son combat pour la souveraineté nationale hongroise, lors des grandes « marches de la paix » !
Mais ces derniers mois, il y avait de l’eau dans le gaz entre Varsovie et Budapest. La première reprochant à la seconde son rapprochement avec Moscou, dans le contexte de la guerre en Ukraine. La victoire d’Andrzej Duda dimanche devrait donc initier un rapprochement. D’autant que de nombreux connaisseurs de la Pologne estiment que Duda sera un Orbán polonais.
Ainsi le quotidien libéral « Gazeta Wyborcza », cité par Eurotopics :
« Les présidentielles, ainsi que les législatives qui auront lieu cette année, pourraient ramener le PiS au cœur du pouvoir. Il s’agit d’un parti qui remet en cause l’Etat dans sa forme actuelle. … Président, Duda ne sera ni médiateur conciliant pour résoudre les conflits, ni gardien de la Constitution. Il entend bien plus mettre à profit une majorité du PiS au Parlement polonais pour instaurer un régime comme celui d’Orbán. Il consignera dans la Constitution le nationalisme et les dogmes de l’Eglise catholique. Les institutions publiques seront noyautées par son parti. »
Le journal « Le Monde » confirme que la politique de Viktor Orbán est une source d’inspiration pour le parti Droit et justice (PiS) fondé par les jumeaux Kaczynski :
« L’un des principaux thèmes de la campagne de M. Duda; qui prendra ses fonctions le 6 août, a été la lutte contre les entreprises étrangères qui ne paient pas d’impôts. Les enseignes de grande distribution – notamment françaises – sont dans le collimateur. Elles sont, de plus, accusées de faire de la concurrence aux petits commerçants. M. Duda a aussi promis de s’attaquer aux banques étrangères en Pologne. Autant d’annonces qui rappellent le programme appliqué par l’ultraconservateur Viktor Orbán en Hongrie. »
Politico.eu confirme :
« Duda a promis de suivre les traces du Premier ministre hongrois Viktor Orbán, qui a lutté contre les banques étrangères sur la question des prêts hypothécaires libellés en francs suisses. Environ un demi-million de Polonais ont de tels prêts. »
Mais selon Politico, la Pologne de Duda n’ira pas aussi loin que la Hongrie dans la remise en cause de la politique de l’Union européenne :
« Alors qu’Orbán sert de modèle au PiS pour la politique intérieure – l’un des slogans du parti a été « Budapest sur la Vistule » – les relations capricieuses du Premier ministre hongrois avec l’UE sont peu susceptibles d’êtres suivies par une administration Duda. Si pendant sa campagne, Duda a plaidé pour que la Pologne ne soit pas « dans le mainstream » de l’UE, et s’il a été un peu plus conciliante à l’égard de Moscou, il a été mesuré dans ses discours sur les affaires européennes. Ce qui est susceptible de se produire est un refroidissement des relations avec Berlin.
Prochain grand rendez-vous : les élections législatives cet automne en Pologne qui pourraient confirmer son virage conservateur.
Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a provoqué une vive controverse ce printemps en se prononçant en faveur de la réouverture du débat sur la peine de mort. Ce qui suit est un témoignage dans lequel le juge qui a fait pendre le dernier condamné à mort en Hongrie, en 1988, dit « plus jamais! ».
L’article original a été publié le 7 mai sur le site internet du quotidien régional kisalfold.hu, sous le titre „Halálbüntetés – Csak az tudja, mit jelent, aki kihirdetett ilyet”.
La dernière condamnation à mort dans le comitat remonte à trente ans. Quand Zoltán Nagy déclara: „l’Etat ne doit pas tuer!” Aujourd’hui, Un débat est ouvert à Bruxelles sur le sujet. Excepté lui-même, nul ne peut savoir ce que ressent le juge qui prononce une peine de mort. Le juge en retraite Zoltán Nagy, le sait, pour l’avoir prononcée une fois. C’était il y a trente ans, mais il se souvient encore de tout. C’était au milieu des années quatre-vingts, lorsqu’il fallut juger en première instance au tribunal du comitat de Győr-Moson-Sopron un crime sauvage.
„En Hongrie, personne ne remettait alors en cause le bien-fondé de la peine capitale” – débute-t-il son long monologue. „Les juges devaient alors, mais aujourd’hui encore, prêter serment sur la loi. Et, encore plus important, ils n’ont pas à opérer des distinctions ! Il est impensable que l’on approuve et applique un article de loi pour l’un et pas pour l’autre.”
Un crime sauvageDans l’affaire en question, l’accusé était un jeune célibataire, réputé au village pour être un pilier du bistrot. Il avait jeté son dévolu sur une jeune femme mariée, mère de deux enfants. Si ladite femme évitait tout contact avec lui, l’usage voulait néanmoins qu’elle ne pût refuser une invitation à danser lors des bals publics. Or, c’est bel et bien ce qu’elle fit. L’accusé le prit fort mal. Comment donc? Lui refuser une danse?! Il en nourrit une violente rancune et de la haine, réaction où son alcoolisme joua de toute évidence un rôle. Il décida alors de leur infliger, à elle et son mari, une terrible vengeance.
Il s’introduisit une nuit dans leur jardin et poignarda aussitôt au cœur le mari accouru, attiré par les bruits. Suivit la mère qui reçut quarante coups de couteaux. Les enfants, qui se trouvaient à l’intérieur de la maison, ne se doutèrent de rien. Voyant que les parents ne rentraient pas, ils se rendirent chez les voisins, mais par chance, ils ne s’aperçurent de rien. C’est à l’aube que les voisins découvrirent les corps.
Au fil du procès, j’ai été amené à entendre les enfants. „Nous étions allés chercher refuge chez nos grands-parents”. Et à ma question de savoir s’ils savaient ce qu’il s’était passé, leur réponse fut: „Oui, puisque l’on se rend au cimetière.” Mais le plus petit, qui n’allait pas encore à l’école ajouta: „Mais quand vont-ils rentrer?” Voilà ce que je ne pourrai jamais oublier.
Tout au long du procès, ce vers quoi nous nous dirigions était évident. De facto et de jure, nous avions là un cas somme toute simple : aucun doute ne portait, ni sur la désignation du coupable, ni sur la nature de son crime. La préméditation était claire et tout aussi clair était le fait qu’il s’agissait d’un crime commis sur plusieurs victimes. De même que sautait aux yeux son caractère impitoyable. Il a été également facile de conclure à ses vils motifs, vu que la seule raison pour laquelle cette maman de deux enfants devait mourir était d’avoir éconduit un „soupirant”. A l’époque, si plusieurs circonstances aggravantes étaient mises en évidence, la loi offrait alors la possibilité – mais non l’obligation – d’appliquer la peine de mort. Dans le cas donné, la question clé fut celle de savoir si l’accusé était responsable ou nom de ses actes. Un examen conclut qu’il était responsable.
La question qui se posa alors pour moi : devais-je ou non appliquer l’article de la loi? Ce qui n’était pas une mince responsabilité morale. J’avais pris pour parti de considérer que, si l’accusé était à même de faire face à ses actes et de crouler de remords sous leur poids, cela constituerait en soi sa peine. Et sa vie pourrait alors s’en trouver épargnée. Mais il ne le permit point. Car, non content de se plaindre de son sort, il se plaignit également de ses conditions de détention (nourriture, soins, etc), ne se souciant de rien d’autre.
Un visage de marbre…Je prêtai une attention particulière à l’expression de son visage au moment où je lui signifiai sa condamnation mort. Si vous n’avez jamais vu un visage de marbre, alors pour le coup, c’en fût un. Mal m’en prit de le regarder.
L’affaire avait franchi tous les échelons et il ne restait que la peine capitale. La loi voulait alors que l’application du jugement revienne au juge de la première instance, moi en l’espèce. C’est donc moi qui lui annonçai le rejet de sa grâce et son exécution pour le lendemain. C’est alors que l’ancien visage de marbre fondit. Il se mit à gesticuler et hurler de façon inarticulée de sorte que l’on ne comprenait rien. Le psychiatre l’examina une toute dernière fois.
Le lendemain matin, nous nous rendîmes sur le lieu de l’exécution. Une table délabrée se trouvait là, au milieu d’une bâtisse. On y amena le condamné qui résistait et se démenait comme un diable. Ils le soulevèrent pas les bras tandis qu’il battait des jambes. Conformément à sa dernière volonté, il vit sa mère et réclama de la nourriture. Je dus à nouveau lui signifier la sentence, mais ses cris m’empêchèrent d’entendre ma propre voix prononcer „Appliquez la sentence !” – ordre qu’il m’était imposé de donner. Ce qui fut fait. On le pendit. Suivit un silence de mort, lorsque nous attendîmes dans une salle attenante que le médecin eût constaté le décès.
L’Etat ne peut pas tuerTout cela fut si terrible, horrible que je me dis alors en moi-même „plus jamais!”. Je m’adressai en pensée à l’Etat, me souhaitant de ne plus jamais être à nouveau impliqué dans une telle décision. Non pour le cas donné en soi. Mais l’Etat n’a pas le droit de tuer. Même en tel cas.
La traduction est de Pierre Waline, merci à lui !
L’extension du programme d’emplois publics aurait permis d’enrayer la progression de la pauvreté en Hongrie.
Selon une étude réalisée par l’institut Tárki, la situation de la classe moyenne inférieure s’est améliorée, tandis que celle des pans les plus pauvres de la société n’a pas évolué.
Les conditions de vie pour les familles élevant plusieurs enfants, pour les familles avec un seul revenu et pour les personnes de plus de 65 se sont détériorées. En tout, 1,6 à 1.7 millions de personnes vivent dans la pauvreté en Hongrie.
L’extension du programme d’emplois publics, la réduction des prix de l’énergie et les efforts du gouvernement pour aider les endettés en devise étrangère seraient à l’origine de cette légère amélioration, estime le secrétaire d’état à l’aide sociale, Károly Czibere.
Ces résultats sont basés sur une enquête commandée par le secrétariat à la politique sociale du ministère des Ressources humaines et réalisée auprès de 2.000 ménages et 4.500 personnes. Ils sont en concordance avec le rapport publié en novembre par le Bureau central des statistiques (KSH) qui faisait état d’une légère réduction du nombre de personnes exposées à la pauvreté.
Ces résultats sont à prendre avec beaucoup de précaution. Selon d’autres définitions de la pauvreté et d’autres seuils fixés par le KSH, 4 millions de personne vivent sous le seuil de pauvreté en Hongrie, soit 4 habitants sur 10.
L’étude de Tárki souligne aussi que les inégalités se sont creusés depuis 2010, soit l’arrivée au pouvoir du Fidesz, dont la politique de réduction de l’aide sociale est vivement contestée par les partis d’opposition.
Tilos Rádió : rencontre avec la sociologue Zsuzsa Ferge Hongrie : les affamés marchent sur Budapest !200.000 jeunes enfants ne reçoivent pas assez de nourriture de temps en temps et entre 30.000 et 50.000 ont faim tous les jours en Hongrie, selon une étude conjointe de l’Académie hongroise des sciences et l’Ordre de Malte.
Les vacances d’été sont un moment particulièrement critique car les enfants n’ont pas accès à la cantine scolaire. Des fonds existent pour distribuer de la nourriture aux jeunes enfants mais les municipalités les plus pauvres n’ont pas toujours les moyens de mettre en place les programmes d’alimentation.
Un enfant sur trois vit dans la pauvreté en Hongrie. Divers politiciens de l’opposition ont appelé à une augmentation substantielle du financement public des programmes d’alimentation d’été. Les aides publiques ont été transférées de l’État aux municipalités, dont beaucoup peuvent difficilement se permettre de maintenir les niveaux antérieurs de l’assistance publique.
Bristol, le nouveau projet du fondateur de Nouvelle Vague, le français Marc Collin, donne son premier concert en Hongrie, jeudi 28 mai à la péniche A38.
Et pour ce premier concert à Budapest, ils se produiront sur la scène de l’A38, pour présenter leur premier album sorti en début d’année. Une scène que Marc Collin, et ses fans budapestois connaissent bien puisque Nouvelle Vague s’y est produit à plusieurs reprises.
Alors que la musique de Nouvelle Vague consiste à reprendre des morceaux des années 80 joués d’une façon bossa nova, Bristol, suivant le même schéma se propose de faire des reprises de morceaux trip-hop en version pop des années 60.
Dans un autre genre, les amateurs de techno et de gros son pourront se rendre à l’A38 ce samedi (le 23 mai), pour y écouter le lillois Terence Fixmer. Chef de file de la techno française, Terence Fixmer produit une techno sombre et industrielle, proche de l’EBM. Pour l’after, les Hongrois Isu et Dork seront aux platines.
C’est l’histoire de deux hommes. L’un au sommet de sa gloire, couronné à Cannes pour l’ensemble de sa carrière, par le prix de l’American Society of Cinematographers en 1999 et actuellement célébré en tant que photographe par le Ludwig Múzeum à Budapest. L’autre, réalisateur et scénariste, rêvant de travailler avec le plus grand des chefs opérateurs, pour son premier long-métrage, A Dream Last Night. D’un projet de collaboration professionnelle entre les deux naît une amitié, et de cette amitié, une évidence : que l’un filme l’autre. Dans un documentaire qui sortira en salles à l’automne 2015, « Close Encounters with Vilmos Zsigmond » le français Pierre Filmon suit ainsi ce géant du cinéma, à Los Angeles, Budapest et Paris, et revient sur la personnalité d’un des Hongrois les plus célèbres d’Hollywood.
On ne présente plus le travail de Vilmos Zsigmond, directeur de la photographie auprès des plus grands réalisateurs américains, de Robert Altman à Brian de Palma en passant par Steven Spielberg et Woody Allen. Rencontres du troisième type, Voyage au bout de l’enfer, Délivrance, Le Privé, autant de succès planétaires qui ont fait de cet artiste hongrois émigré aux États-Unis à 26 ans, suite à la l’Insurrection de Budapest, une star internationale. Depuis plus d’un an, Pierre Filmon suit ainsi Vilmos Zsigmond dans la cour des grands en demandant à ses amis réalisateurs, acteurs ou directeurs de la photographie, d’évoquer sa carrière. Pour suivre Zsigmond, Pierre Filmon se rend à Budapest, la ville où il a lui-même vécu son premier amour, mais aussi celle où il découvre pour la première fois le travail de Zsigmond en tant que réalisateur avec The Long Shadow, en 1992. Se mêlent donc, dans le documentaire, des images de Zsigmond à Budapest, la musique de son fort accent hongrois, mais également des plans réalisés par Zsigmond lui-même avec son iPhone, à la demande de Filmon :
« Ce qui caractérise le travail de Vilmos, c’est un cinéma très humain. Il filme la vie des vrais gens, et il met en contact le spectateur avec l’histoire de ses personnages, on se sent proche d’eux même s’ils sont interprétés par d’immenses acteurs. Vilmos est quelqu’un de très accessible, toujours très agréable à côtoyer. »
En effet, hormis l’exceptionnel « Rencontres du troisième type », Vilmos Zsigmond n’aime pas avoir recours aux effets spéciaux et tient à être au plus près des personnages et des lieux qu’il filme.
« C’est Zsigmond qui a fait sortir le cinéma des studios d’Hollywood. Filmer dans les rues, utiliser la lumière naturelle, montrer l’Amérique telle qu’elle était et non l’usine à rêve qu’on souhaitait qu’elle soit : il a apporté quelque chose d’européen au cinéma américain. »
Derrière le directeur de la photographie révélé, un photographe caché
Légende du cinéma hollywoodien, ayant éclairé les plus grands acteurs et actrices de son temps – de Robert de Niro à Al Pacino en passant par Antonio Banderas, Meryl Streep, Tom Hanks, Paul Newman, John Travolta, Gena Rowlands, Jack Nicholson, Christopher Walken, Mel Gibson, Jodie Foster, Naomi Watts, Isabelle Huppert et Scarlett Johansson (excusez du peu), récompensé par un Oscar en 1978 pour Rencontres du troisième type, c’est pourtant la première fois qu’une exposition est consacrée au travail de Vilmos Zsigmond en tant que photographe. Né à Szeged en 1930 où il commence déjà à prendre des photos, Zsigmond fait ses études de cinéma à Budapest avant de quitter la Hongrie pour les États-Unis via Vienne et un bateau militaire américain rempli d’immigrés hongrois, en 1956. Travaillant alors tout en noir et blanc, il réalise notamment des portraits, qui saisissent par leur caractère vivant et jamais artificiel. Il continuera toute sa vie à photographier, en parallèle de son travail de cinéaste, aux États-Unis, mais également au cours de ses voyages. De ces archives photographiques, dont il est le premier surpris d’avoir retrouvé la trace dans des boîtes qu’il n’avait pas ouvertes depuis 1957, ont été tirées de superbes impressions que le Ludwig Múzeum expose jusqu’au 21 juin 2015.
Le passeur d’image
« It’s not enough to be Hungarian. You have to have talent. » Cette phrase mythique du Hollywood des années 30 rappelle que si Vilmos Zsigmond, arrivé aux États-Unis avec un autre grand nom du cinéma comme László Kovács, une génération après les Endre von Tóth [futur André De Toth] ou Manó Kertész Kaminer [futur Michael Curtiz, réalisateur de Casablanca], n’est pas le premier à avoir emprunté ce chemin, c’est avant tout son immense talent et sa personnalité qui ont fait de lui l’un des directeurs de la photographie les plus reconnus.
« Le chef opérateur aime se fondre dans la vision commune qu’il développe avec le réalisateur. Il mêle tout son talent artistique au film en devenir. »
Un traducteur des mots en images donc, rôle que Zsigmond a joué à la perfection grâce à sa discrétion et ses qualités humaines, que Pierre Filmon a souhaité saisir pour son documentaire.
« Il ne s’agit pas d’un film centré sur la carrière de Vilmos Zsigmond, même si on pourra entrevoir quelques extraits de ses films. C’est avant tout l’homme, son parcours et son métier que je voudrais faire connaître. Je me suis fait petite souris pour capturer des conversations intimes avec ses amis (dont Haskell Wexler – 2 Oscars, Vittorio Storaro – 3 Oscars, Peter Fonda, John Travolta…) et filmer ce grand homme dans son quotidien. »
Un documentaire à ne pas réserver aux étudiants en cinéma, donc.
« C’est le côté humain de Vilmos Zsigmond qui est fascinant, doublé d’une bienveillance et d’une générosité hors du commun. Dans le documentaire, Vilmos évoque des choses dont il n’a jamais parlé avant. »
Vilmos Zsigmond fêtera ses 85 ans le 16 juin, quelques jours avant la clôture de l’exposition incontournable qui lui est dédiée.
« Close Encounters with Vilmos Zsigmond »
Documentaire de Pierre Filmon, 90 min
Sortie en France à l’automne 2015 chez LOST FILMS
Pierre Filmon est sur Twitter ! Follow @pierrefilmon
Fényképezte : Zsigmond Vilmos / Photographed by Vilmos Zsigmond
LUDWIG MÚZEUM – Kortárs Művészeti Múzeum
Exposition du 10 avril au 21 juin 2015
Entrée : 1800 ft
Pierre Filmon, propos recueillis par Marion Decome
Grosse soirée en perspective pour les amateurs de Hongrie et de bon rock ! Hongrois de Paris, Français magyarophiles, et surtout rockeurs en tous genres, rendez-vous tous ce jeudi soir 21 mai pour un événement exceptionnel : un concert des groupes de rock hongrois « Quimby » et « Psycho Mutants », dans la salle parisienne mythique du « Divan du Monde ».
Quimby, ce sont des superstars de la pop-rock en Hongrie. Jugez plutôt : 250 000 fans sur facebook, des vidéos visionnées plus de 15 millions de fois sur YouTube et des shows devant 12 000 spectateurs à la Budapest Arena. Pas mal pour un pays de 10 millions d’habitants.
Sur le plan artistique, comme le rappelle la page facebook du concert, Quimby « est l’un des groupes les plus créatifs et populaires de la scène alternative hongroise depuis presque 20 ans. Par son éclectisme, sa fraîcheur, ses textes ironiques et sarcastiques et par le charisme de ses deux chanteurs ».
La première partie vaut aussi vraiment le coup, puisqu’il s’agit du groupe de Pécs Psycho Mutants, maintes fois présenté sur Hulala. Ils pratiquent une fusion de punk, de rock, avec un accordéon (français) et un cuivre, ce qui donne à l’ensemble un côté western, authentique et rock’n roll, mais pour de vrai.
Le site internet de Psycho Mutants
Le premier film du réalisateur hongrois László Nemes, ancien assistant du grand Béla Tarr, est en compétition à Cannes pour la Palme d’Or.
Synopsis – Octobre 1944, Auschwitz-Birkenau. Saul Ausländer est membre du Sonderkommando, ce groupe de prisonniers juifs isolé du reste du camp et forcé d’assister les nazis dans leur plan d’extermination. Il travaille dans l’un des crématoriums quand il découvre le cadavre d’un garçon dans les traits duquel il reconnaît son fils. Alors que le Sonderkommando prépare une révolte, il décide d’accomplir l’impossible : sauver le corps de l’enfant des flammes et lui offrir une véritable sépulture.
Le film de Miklós Jancsó réalisé en 1965 « Szegénylegények » sera aussi projeté en marge de la compétition.
…Sándor Csányi, le directeur de la banque hongroise OTP ! C’est ce qu’il ressort d’un classement des 100 citoyens hongrois les plus riches, publié dans le quotidien « Magyar Hirlap ». Sa fortune serait de 165 milliards de forint, soit environ un demi-milliard d’euro. Il n’y aurait donc pas de milliardaires en Hongrie, en euros ou en dollars. Derrière Sándor Csányi, on trouve László Bige, propriétaire de la société Nitrogénmüvek (160 milliards HUF), puis Gábor Várszegi qui possède Fotex (115 milliards).
Par Adopt a laying hen
L’œuf sortant de la poule, rien de mieux pour sécuriser vos approvisionnements que de posséder une poule, n’est-ce pas ? Mais il n’est pas facile d’avoir une poule chez soit lorsque l’on vit en appartement ou lorsque les arrêtés municipaux vous interdisent d’avoir un poulailler dans votre jardin. Il existe maintenant un service qui vous permettra de posséder cet animal et de le laisser en pension chez un producteur. Adopte une poule « Adopt a Layin Hen » vous propose ce service dont je vous détaille ci-dessous les avantages.
Une approche pédagogiqueSi vous adoptez une poule vous réaliserez qu’elle n’est pas une machine à faire des œufs. En effet, en 1900 une poule pondait en moyenne 100 œufs par an. Aujourd’hui le travail sur la génétique des animaux, leur alimentation et les conditions de vie (lumière, chauffage…) permet à certain producteur de tourner autour de 350 œufs par an et par bestiau. Mais les conditions que vie de l’animal vous rappelleront les pires documentaire sur la malbouffe. Même les producteur locaux (osztermélo) ont tendance aujourd’hui à avoir la main lourde sur l’alimentation non conventionnelle (tap) pour faire pondre leur gallinacées en évitant les baisses de production en période basse.
Adopte une poule ne met pas de pression sur vos poules qu’ils préfèrent d’ailleurs de race ancienne. L’alimentation est intégralement composée de produit locaux et il n’y a aucun ajout d’aliment à forte teneur énergétique (farines animales). L’éclairage et la température ne sont pas artificiellement modifiés. Pour autant la ponte de leurs poules tourne autour des 120 œufs par an avec des pics de production entre avril et juin et entre septembre et octobre, lorsque les températures sont aux alentours des 20°C. En dehors de ces périodes, la poule ne pond que très peu et c’est bien ainsi.
Comme vous serez le tuteur légal d’une poule, vous aurez légalement le droit (voir l’obligation) de vérifier que ses conditions de vie sont en adéquation avec ce qui vous a été « vendu ». Vous pourrez donc visiter les installations et même, si vous le désirez, sortir votre poule, pour une balade en forêt par exemple.
Adopt a Layin Hen, Site internet et page facebook
Le schéma du « biologique » revisitéLe secteur de l’alimentation biologique est depuis toujours une niche pour les producteurs mais aussi pour les consommateurs. Le prix des produits et la sensibilité des consommateurs font que ces derniers sont souvent issus d’une CSP moyenne/haute avec un attrait pour les produits sains. On les appelle parfois les « bobos ». On retrouve aussi souvent du côté des producteurs ce même type de public.
Chez Adopte une Poule vous ne trouverez pas un ancien Directeur RH d’une multinationale qui managera vos poules. Ce service s’adresse en effet uniquement à des producteurs locaux (Ostermelo) des zones rurales ayant des installations (poulaillers) mais ne faisant plus que très peu d’élevage en raison de l’absence de débouché. Le modèle qui leur est proposé repose sur une quantité maximale de poules (40) par exploitant avec un renouvellement du cheptel géré par l’association. Avec de tels volumes, le revenu annuel net de l’exploitant se situe entre 80.000 et 120.000ft en fonction de sa capacité à optimiser sa production (poulailler confortable, production des aliments…). Il ne s’agit donc que d’un complément de salaire mais quand on connait la situation sociale dans les campagnes hongroises, ce petit plus représente en moyenne un mois de salaire chaque année.
Du cross-funding, sans s’en apercevoirLe cross-funding c’est à la mode et ça fait branché. Sans s’en apercevoir, il est au cœur de ce concept, car lorsque vous adoptez votre poule vous investissez à moyen terme dans cette aventure. Avec cet argent, une nouvelle poule accédera au poulailler ou une poule déjà intégrée à la basse-cours trouvera un débouché à ses œufs. C’est la manière la plus simple de financer le futur de votre exploitation. En plus pas de risque pour votre investissement car vous pourrez rompre votre contrat d’adoption à tout moment et être remboursé des œufs non ingérés.
C’est aussi un bon investissement pour le futur car l’inflation annuelle sur l’œuf est aux alentours des 20% en Hongrie. Lorsque vous adoptez un poulet votre période pour retirer les œufs est d’un an. Pour autant les œufs auront toujours le même prix et vous serez gagnant de toute façon.
Les œufs sont mis à disposition dans des points de collecte.
Soyez vous aussi acteur dans cette aventureSi vous avez déjà adopté une poule, vous pouvez maintenant passer de l’autre coté du miroir. L’association recrute pour gérer des points de production et de distribution, ainsi que la logistique. N’avez-vous pas un jour rêvé de devenir un manager de poules ?
Dès son lancement, le service a été pris d’assaut. En 2 jours il ne restait plus de poulets candidats à l’adoption et une liste d’attente a été mise en place. Des lots de poulets sont proposés à l’adoption de temps à autre, mais en privilégiant les races anciennes, les candidats sont peu nombreux.
Heureusement il sera prochainement possible d’adopter un poussin qui 6 mois plus tard sera une poule en capacité de vous donner le change.
Environ 5 000 professionnels de la santé se sont rassemblés à Budapest pour réclamer de meilleures conditions de travail et le doublement des salaires. Le système de santé hongrois est à bout de souffle.
Le système de santé en Hongrie est exsangue. Les médecins et les infirmières travaillent dans des conditions déplorables et doivent enchaîner des heures supplémentaires non-payées. Beaucoup ont recours au système de « gratification » : les patients leur versent des dessous de table pour se voir prodiguer des meilleurs soins. Plusieurs milliers d’entre eux ont déjà quitté la Hongrie et ses salaires de misère (environ 500 euros pour un jeune médecin en hôpital public) pour aller travailler en Allemagne, en Scandinavie… La pénurie guette le pays.
Mercredi, deux cortèges ont manifesté dans les rues de la capitale hongroise, l’un en blanc, l’autre en noir. Les manifestants ont remis la liste de leurs revendications au secrétaire d’Etat à la Santé, Gabor Zombor. Le gouvernement ne nie pas les graves difficultés et la nécessité d’investir plus dans ce secteur qui reste le parent pauvre, avec l’éducation. Les salaires ont été très légèrement augmentés cette année, mais pas suffisamment pour dissuader les médecins de s’expatrier. Ils réclament le doublement de leurs salaires d’ici 2 ans.
Lors de la deuxième rencontre mondiale de la « Fondation des Amis de la Hongrie », samedi à Budapest, Viktor Orbán a donné l’impression de souhaiter la mort de la démocratie.
La Hongrie est-elle sur la voie d’une démocratie despotique ? Cette question, Hulala l’a posée au début du mois d’août 2014, quelques jours après que le Premier ministre hongrois ait affirmé « construire un état illibéral », prenant exemple sur des pays comme la Russie, la Turquie et la Chine. Ce discours tenu à Băile Tuşnad en Roumanie est resté depuis comme l’un des grands tournants de « l’Orbanisme ».
« La nation hongroise n’est pas une simple addition de personnes, mais une communauté qui doit être organisée, renforcée et construite, a-t-il argumenté. En ce sens, le nouvel État que nous construisons en Hongrie est illibéral ».
Le discours qu’a tenu Viktor Orbán samedi à Budapest est du même acabit : c’est au peuple hongrois qu’il revient de prendre son destin en main face à un Ouest décadent. Aucun tabou ne saurait se mettre en travers du chemin qui doit le conduire vers son destin glorieux.
Mais le Premier ministre hongrois est allé plus loin, en questionnant non plus seulement la nature de ce que doit être la démocratie (libérale ou pas), mais en remettant en cause explicitement la démocratie en tant que système politique capable, et en remettant en cause implicitement la démocratie en tant que système politique souhaitable.
« Comment se fait-il que pendant que les Européens – y compris nous-mêmes – prônons la démocratie contre les systèmes non-démocratiques, ce sont eux qui ont le plus de succès aujourd’hui ? Est-ce que la démocratie dans les décennies à venir – comme nous aimerions le penser – sera un bon système politique ? »
Puis de fustiger la perte d’identité européenne, l’immigration et le multiculturalisme, ses nouveaux chevaux de bataille depuis les attentats à Paris au début de l’année et qu’il a mentionné une nouvelle fois dans ce discours.
Et enfin de se lancer dans une diatribe contre le progressisme :
« Aujourd’hui, la majorité pense que l’Europe devrait se concentrer sur le respect des droits individuels, et cela signifie trois choses. Qu’il serait bon pour notre liberté individuelle de se débarrasser de notre identité sexuelle. Ils pensent aussi que se débarrasser de notre identité nationale fera avancer la cause de la liberté. Ils pensent que nous serions mieux si nous pouvions nous débarrasser de ce qui fait de nous des créatures de Dieu. […] Mais nous ne sommes pas d’accord. Il est préférable de l’admettre ouvertement. À notre avis, l’homme ne sera pas libre s’il supprime les obstacles qui lui ont été imposés en étant qu’entité créée. À notre avis, nous ne devons nous débarrasser ni de notre identité sexuelle ni de notre identité nationale. Nous ne pouvons pas transiger sur cela, même si notre réputation doit en pâtir. Sur ces questions, nous ne pouvons pas mentir. »
Sources : MTI, le site gouvernemental kormany.hu et le blog Hungarian Spectrum pour les traductions des passages du discours.
Crédit photo : Gergely BOTÁR