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Le Brexit compromet l’agenda européen de Viktor Orbán

HU-LALA (Hongrie) - mar, 05/07/2016 - 15:44
Viktor Orbán est sans doute devenu le premier ministre hongrois le plus connu en Europe. Et pour cause : depuis sa réélection triomphale en 2014, il a fait de la scène continentale son terrain de jeu et le nouvel horizon de sa révolution conservatrice. Critiquant le libéralisme dans chacun de ses discours, l’un de ses plus proches alliés n’en restait pas moins David Cameron, le premier ministre défait par le résultat du référendum sur le Brexit. Le départ du Royaume-Uni du Conseil européen pourrait sérieusement compromettre l’agenda politique du maître de Budapest.

En deux ans à peine, Viktor Orbán est devenu le héraut des milieux nationalistes européens pour son opposition récurrente à la «technocratie bruxelloise» et pour sa position «dure» pendant la crise des réfugiés. Grâce à un alignement des astres inédit dans le ciel centre-européen, il était parvenu à donner un semblant de cohérence au groupe de Visegrád, créé à l’origine pour accélérer le processus d’intégration européenne de la Hongrie, de la Pologne et de la Tchécoslovaquie. «Enfant terrible» du Parti populaire européen qui a jusqu’ici pardonné toutes ses incartades, le maître de Budapest savait qu’il pouvait compter sur deux alliés de poids au sein du Conseil européen : la chrétienne-démocrate Angela Merkel, consciente de l’intérêt de ménager les Hongrois à la lisière de l’Europe, ainsi que le conservateur David Cameron, avec qui il partageait la même volonté de freiner l’approfondissement politique de l’Union européenne.

Récemment grand-père, chef du gouvernement d’un pays qui a marqué positivement les esprits durant l’Euro 2016, tout allait bien dans le meilleur des mondes jusqu’à la proclamation des résultats du référendum britannique sur le Brexit il y a deux semaines de cela. Jusque là, le ciel était dégagé et la feuille de route toute tracée pour la frange la plus eurosceptique de la droite européenne : un Brexit évité de justesse aurait permis de poursuivre l’offensive de détricotage de la machinerie bruxelloise, tout en installant la thématique de l’Europe forteresse au cœur des débats sur l’avenir de l’Union. Une victoire de David Cameron aurait par ailleurs permis de tenir en respect les velléités d’une Europe du sud dominée par la gauche, et de marginaliser ainsi les tenants d’une ligne plus sociale et redistributive.

L’initiative de la France, l’Allemagne et l’Italie de réunir le 26 juin les Six pays signataires du Traité de Rome à Berlin montre bien le renversement des rapports de force après la sortie annoncée de la Grande Bretagne de l’Union européenne. Si la stratégie des États fondateurs n’est pas encore tout à fait arrêtée, l’objectif d’une relance de l’approfondissement politique de l’Union semble assez clair. L’activisme diplomatique de Paris, jusqu’ici tapie dans l’ombre de Berlin, est sans doute un autre indicateur fiable de ce bouleversement. S’il fallait en trouver un énième, la réunion «alternative» le même jour, à Varsovie, des pays d’Europe centrale rejoins par les Autrichiens, Grecs et Espagnols, a surtout mis en lumière la nature de cette coalition improvisée : celle de pays vexés en panne d’idées.

Dans pareil contexte, tout montre que Viktor Orbán est en train de perdre la main au niveau européen. Après la défection de l’ami David Cameron, le dirigeant hongrois ne peut plus trop compter sur la protection d’Angela Merkel, qui l’a non seulement trahi en août dernier en ouvrant les portes de l’Allemagne aux réfugiés, mais qui est désormais bousculée sur sa gauche par ses alliés du SPD et une Europe latine ragaillardie. La crise du Brexit semble également agir comme un révélateur de la faiblesse structurelle du groupe de Visegrád, dont les membres ont, durant les deux dernières décennies, davantage été habitués à se concurrencer qu’à véritablement coopérer. Ce qui les réunissait, à savoir le sentiment d’être les sentinelles dune «Europe des civilisations», a par ailleurs pris un sacré coup dans l’aile avec le thème des «immigrés de l’Est», qui a alimenté les arguments les plus massues et les dérapages les plus racistes des partisans du Leave

A l’échelle nationale, Viktor Orbán voit également les pièges qu’il a tendus se refermer sur lui. Après avoir agité des mois durant le péril migratoire avec des mots parfois très durs, il s’est engagé dans la tenue d’un référendum sur les quotas de réfugiés, sans que personne n’en comprenne vraiment le sens ni la portée. Côté Fidesz, il s’est même reçu une volée de bois vert de la part de son ancien protégé Tibor Navracsics, lequel a rappelé à qui voulait l’entendre le caractère non-contraignant de ce système de répartition. Si le premier ministre tient encore son parti d’une main de fer, il est très probable que la nouvelle génération de cadres cherche à ménager son avenir au sein du PPE et surtout ne pas marginaliser la Hongrie dans le cadre des futures négociations sur la répartition des subventions européennes, dont le pays tient pour une grande partie son embellie économique. Du côté de sa base électorale et des Hongrois en général, toute victoire de Viktor Orbán au référendum d’octobre prochain ne saura être interprétée comme un vote de défiance à l’égard de l’Europe, tant l’adhésion de la Hongrie à l’UE reste plébiscitée par la population.

Les prises de position surprenantes de János Lázár et Zoltán Kovács, respectivement ministre de la Chancellerie et porte-parole du gouvernement, en faveur d’un «Huxit» (pour Hungarian Exit) sonnent très certainement comme les derniers coups de menton de la Hongrie avant la fin de la récréation. Ces prises de position radicales, délivrées «à titre personnel», montrent surtout la fébrilité du Fidesz. Ce crépuscule inattendu et précipité de Viktor Orbán sur la scène européenne aura sans doute des conséquences limitées au niveau national, mais pourra certainement redonner un peu de couleur à l’opposition, qui en a bien besoin.

Dans pareille confusion post-Brexit, reste néanmoins à savoir la façon dont le premier ministre hongrois trouvera la parade. Deux inconnues restent entières : d’une part, la manière dont Londres négociera sa sortie de l’Union – avec notamment l’épineuse question du statut des migrants originaires d’Europe centrale et orientale – et, d’autre part, les effets de possibles reconfigurations régionales, notamment une hypothétique victoire du FPÖ à la présidentielle autrichienne d’octobre, ou encore le scénario non exclu d’un référendum sur l’Union européenne en Tchéquie.

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La Gay Pride de Budapest a été un succès

HU-LALA (Hongrie) - lun, 04/07/2016 - 11:36
Plus de 10 000 personnes ont participé samedi à la 21e «marche des fiertés» organisée dans la capitale hongroise, sans aucun contre-manifestant d’extrême-droite, ni incident à signaler.

Des milliers de personnes ont donc pu défiler entre la place des Héros et le parlement lors de la traditionnelle Pride de Budapest, samedi après-midi sous un soleil de plomb et dans une chaleur étouffante. Chars décorés, drapeaux arc-en-ciel, musique techno,…, rien d’extraordinaire à signaler par rapport aux années précédentes.

Ou presque : contrairement à ces cinq dernières années où la parade était régulièrement perturbée par des groupes d’extrême-droite tenus à bonne distance par la police, il ne s’est pas trouvé cette fois le moindre contre-manifestant pour hurler son homophobie !

Une hypothèse : le président du Jobbik, Gábor Vona, qui a assuré à plusieurs reprises depuis un an être opposé à toute forme de discrimination sur la base de l’ethnie ou de l’orientation sexuelle, aurait fait rentrer les groupuscules dans leur boîte. Peut-être que l’année prochaine les sympathisants de la cause LGBT pourront même espérer défiler sans la présence d’un important cordon policier qui les protège autant qu’il les isole du reste de la population ?

Tous les partis de gauche étaient représentés dans le cortège : le parti socialiste (MSzP), la Coalition démocratique (DK), Ensemble (Együtt), Dialogue pour la Hongrie (PM) et Une autre politique est possible (LMP). L’ambassadrice des États-Unis, Colleen Bell, et l’ambassadeur israélien Ilan Mor ont également pris part à la manifestation.

En revanche, le Fidesz s’est abstenu et aucun d’eux n’a répondu à l’invitation qui leur a été officiellement envoyée : le Président de la République János Áder, le Premier ministre Viktor Orbán, le Président du parlement László Kövér et le maire de Budapest István Tarlós.

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Trois hommes face à la justice pour avoir hissé un caleçon rouge sur le Château de Prague

HU-LALA (Hongrie) - sam, 02/07/2016 - 14:29
Ces jours-ci, on assiste à un procès un brin particulier devant le parquet de Prague. Lors des audiences, on sourit sur les bancs des accusés, l’avocat sourit, et même la juge ! Il n’y a que le procureur qui reste de marbre ; si ce n’est pas lui qui, de par son expression, engendre la gravité du spectacle, alors qui le fera à sa place ?

Le caleçon rouge en tant que symbole du passé

Les trois hommes costumés, membres du groupe artistique Ztohoven (traduction littérale : « Les 100 merdes »), sont accusés de vandalisme, de dégradation d’un bien appartenant à autrui ainsi que de vol. Ce qui est un acte de vandalisme pour les autorités fut pour ces hommes une performance qu’eux-mêmes ils appellent « Linge sale du président ». Le 19 septembre dernier, profitant des travaux, ils sont montés par les échafaudages jusqu’au toit du Château de Prague, déguisés en ramoneurs. Ils ont enlevé l’étendard présidentiel portant l’inscription La vérité l’emporte (mot d’ordre du premier président tchécoslovaque Tomáš Masaryk, transformé en devise présidentielle) pour le remplacer par un caleçon rouge de taille éléphantesque et de 1,5 mètre de long.

Cependant, le caleçon n’a pas longtemps flotté au vent ; une fois redescendus au sol, les faux ramoneurs ont été appréhendés par les membres de la garde présidentielle, qui ont aussitôt baissé le caleçon… enfin, ils l’ont enlevé du toit de la résidence du chef de l’État.

Le caleçon rouge. Tous les hommes tchèques de plus de quarante ans s’en souviennent ; en coton dur et trop serré à l’entre-jambes, sous le régime communiste, il fut obligatoire pour les garçons lors des séances de culture physique depuis l’école primaire jusqu’à la fac. Quel est le rapport entre ce caleçon et le siège du chef de l’État ? Il est clair et net. Depuis le début de son mandat, l’actuel président Miloš Zeman se profile comme un nostalgique des temps où le rouge valait plus que toutes les autres couleurs. Ami du président russe Poutine, il est un fervent supporter du régime communiste chinois, alors qu’il ne trouve que des mots critiques pour l’Union européenne ou les États Unis…

À la fin, les trois intrus ont réussi à emporter l’étendard présidentiel (d’où l’accusation de vol). Ils l’ont découpé en 1150 morceaux qu’ils ont envoyés à autant de personnes choisies au hasard afin de « restituer l’étendard au peuple ». Le dernier petit morceau, ils ont en fait le cadeau à la juge lors de leur première audience.

Débiles versus derrière présidentiel

Selon son programme artistique, le leader du groupe Roman Týc chercherait à définir les limites de ce qu’on appelle un espace publique… tout en constant presque à chaque fois qu’il les aurait dépassées. Comme en 2007, lorsqu’il a remplacé les icônes des signalisations pour piétons du centre de Prague par un type en train de pisser, un autre en train de déféquer, encore un autre en train de boire au goulot, de tenir un chien en laisse etc., et qu’il a été traduit en justice pour ça.

Dans son langage de bistrot dont il a le secret, le président Zeman traite ces artistes frondeurs de « débiles » ; quant à ces derniers, à côté d’une vidéo retraçant l’acte de remplacement de l’étendard présidentiel par le caleçon rouge, ils ont publié ce poème sur leur site Internet :

Rouge comme un drapeau chinois
Marque dembarras ou bien dune claque
Le caleçon du président flotte sur le toit
Du Château de Prague 

Il flotte avec tant de tristesse
Sans ignorer un derrière
Ce derrière qui sans cesse
Nous fait retourner en arrière

Au-dessus de la ville il flotte
L’enseigne du maître du pays
L’arbitre d’élégance et patriote
Source d’une sagesse inouïe.

Selon l’un des accusés, leur but était de tester les valeurs qu’ils considéraient comme essentielles pour une démocratie occidentale. Le résultat du test sera connu au moment du verdict.

Ceci dit, le procureur a raison de froncer les sourcils : pour ce crime de lèse-majesté qui ne dit pas son nom, les trois récidivistes encourent jusqu’à trois ans de prison.

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Tibor Navracsics tâcle le Fidesz sur l’Europe

HU-LALA (Hongrie) - jeu, 30/06/2016 - 08:40
Le commissaire européen Tibor Navracsics, ancien bras droit de Viktor Orbán, a violemment critiqué la rhétorique eurosceptique de son parti, le Fidesz, au cours d’une interview parue cette semaine dans Heti válasz. Face à ses détracteurs l’accusant de s’être laissé «infecter» l’esprit par l’air de Bruxelles, l’ancien ministre de la justice a préféré rappeler l’engagement historique de la droite hongroise en faveur de la construction européenne. Selon le responsable politique, ce sont les dirigeants du parti conservateur qui ont changé, pas lui.

Tibor Navracsics ne doit plus susciter les mêmes inquiétudes qu’au moment de sa nomination comme commissaire européen il y a deux ans. De nombreux médias s’étaient alors émus de la présence de ce proche de Viktor Orbán au sein de l’équipe de Jean-Claude Juncker, surtout avec un portefeuille aussi symbolique que l’éducation et la culture. Il faut croire que de l’eau a coulé sous les ponts si l’on s’en tient à la sortie récente de l’ancien ministre hongrois de la justice contre son parti, le Fidesz. Interrogé cette semaine par le mensuel Heti válasz sur la volonté du gouvernement d’organiser un référendum sur les quotas de réfugiés, Tibor Navracsics a déploré que celui-ci veuille consulter les citoyens sur un problème qui n’existe pas, rappelant ainsi le caractère non contraignant du système de répartition des demandeurs d’asile.

Lajos Kósa, l’un de ses successeurs à la tête du groupe Fidesz à l’Assemblée nationale – poste que Navracsics a occupé de 2006 à 2010 -, a mis les propos du commissaire européen sur le compte d’une «reconnaissance du ventre envers Bruxelles», tandis que le président du Parlement László Kövér a préféré évoquer à son égard une probable «infection par l’air [de la capitale européenne]». Face à ses détracteurs, Tibor Navracsics a préféré rappeler l’engagement historique du parti conservateur en faveur de la construction européenne, déplorant ainsi le tournant eurosceptique du troisième mandat de Viktor Orbán. Interrogé sur un possible effet de contagion post-Brexit vers les pays d’Europe centrale, le commissaire européen a estimé que «la place de la Hongrie ne pouvait être qu’en Europe».

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La gauche de l’Ouest doit entendre ce que lui dit celle de l’Est

HU-LALA (Hongrie) - mer, 29/06/2016 - 15:47
Comme le montre encore le Brexit, le succès électoral des droites extrêmes concerne toute l’Europe, et pas seulement les «électeurs immatures» d’Europe centrale et orientale. Si les histoires des pays européens sont différentes, les défis que la gauche a à affronter sont les mêmes. Face à un néolibéralisme dopé aux stéroïdes, les militants progressistes polonais, slovaques, hongrois, etc. ont développé un retour sur expérience qui pourrait bien inspirer la gauche occidentale. Article publié le 28 juin en anglais sur le site Political Critique (cliquer) sous le titre “Brexit’s lessons for Eastern Europe (and vice versa)”. Il a été traduit par nos soins, avec l’autorisation de son auteur, Marta Tycner. Marta Tycner, historienne, économiste et militante au mouvement de gauche polonais “Razem”.

Jusqu’à récemment, cela n’arrivait que dans des coins paumés comme la Hongrie, la Pologne ou la Slovaquie. Des droites xénophobes folles y ont accédé au pouvoir, remporté des élections présidentielles, formé des gouvernements. En Occident, quand quelqu’un daignait y prêter un peu d’attention, une explication rassurante était toute prête : ces endroits n’ont-ils pas toujours été habités par de sombres fascistes ? N’est-ce pas la vraie nature de ces gens de l’Est après tout ? Une nature dont on a toujours soupçonné la présence, mais qui était simplement cachée par la modernisation de surface des pays post-communistes, et qui maintenant resurgirait à la lumière ? Un bel euphémisme pour décrire ce phénomène, c’était de parler à leur sujet d’«électeurs immatures», sauvages et faciles à manipuler, par opposition aux Occidentaux qui seraient, pour le coup, vraiment démocrates.

Du point de vue des opinions publiques occidentales, rien de ce qui arrive à l’Est n’est comparable avec ce qui se passe dans leur monde gentil et civilisé. L’extrême-droite a pourtant aussi progressé en France, en Allemagne, en Grande-Bretagne. Personne ne peut le nier, mais, avouons-le : jusqu’à présent, ce phénomène était considéré comme de nature complètement différente. C’était certes vécu comme un problème, voire une inquiétude, mais jamais comme quelque chose relevant d’un trait propre aux Français, aux Allemands ou aux Britanniques. Ces sociétés sont ouvertes et progressistes, et ont toujours réussi à contenir et apprivoiser l’extrême-droite. Contrairement aux Européens de l’Est, ils n’ont pas eu de premiers ministres d’extrême-droite, ni de gouvernements ouvertement nationalistes, pas plus que de présidents xénophobes. C’est devenu un peu plus compliqué avec les récentes élections présidentielles en Autriche, mais l’Autriche a été sauvée par quelques milliers de votes, prouvant ainsi son attachement aux valeurs européennes. Et s’il fallait expliquer ce résultat serré, l’on pourrait toujours faire valoir que l’Autriche se trouve un peu à l’Est elle aussi.

«Nous devons donc désormais être convaincus, à l’Est comme à l’Ouest, que nous sommes tous dans le même bateau»

Puis est arrivé le référendum sur le Brexit. Ce qui semblait être le cœur même du monde démocratique occidental, le Royaume-Uni, s’est trouvé infecté par la folie xénophobe. Pas de délivrance de dernière heure, pas de salut miraculeux : les gens en Grande-Bretagne ont voté pour quitter l’Union européenne, principalement parce qu’ils ont été séduits par la rhétorique droitière de la fierté nationale, de la haine et de la colère. Par malchance, quelque chose de comparable pourrait bientôt se produire lors des élections présidentielles américaines. Nous devons donc désormais être convaincus, à l’Est comme à l’Ouest, que nous sommes tous dans le même bateau. Et qu’il est grand temps de changer la façon dont nous appréhendons les choses.

Le plus urgent est d’arrêter de parler de la montée de l’extrême-droite en invoquant les mentalités nationales. Heureusement, cela a déjà commencé en Grande-Bretagne, où les commentateurs cherchent des explications nuancées à ce qui est arrivé. Ils essaient d’aller au-delà de l’explication simpliste du «Britannique raciste». Ils analysent les statistiques du référendum et soulignent les changements sociaux et économiques qui ont conduit au résultat final. Ils évoquent l’exclusion sociale, la colère et la frustration des gens abandonnés par le système. Ils parlent de l’échec de la gauche qui les a trahis en choisissant la Troisième voie [le blairisme, le social-libéralisme, ndt] et en se compromettant avec les grandes entreprises, ils opposent les prétendus succès du néolibéralisme à la réalité du quotidien, ils racontent la frustration et le désespoir qui peuvent êtres facilement convertis en haine contre les immigrés, ils insistent sur l’incapacité de la rhétorique sèche et technocratique des libéraux à toucher les électeurs, et sur l’absence d’un récit de gauche puissant, qui pourrait rivaliser avec celui de l’extrême-droite.

«Le néolibéralisme appliqué dans les pays post-communistes a été un néolibéralisme dopé aux stéroïdes»

C’est un tableau et un diagnostic que la gauche en Europe centrale et orientale a fait depuis bien longtemps pour expliquer la montée de l’extrême-droite dans la région. La parade triomphale de l’extrême-droite a commencé plus tôt en Europe de l’Est parce que les reculs sociaux et économiques y ont été beaucoup plus marqués qu’en Grande-Bretagne. Le néolibéralisme appliqué dans les pays post-communistes a été un néolibéralisme dopé aux stéroïdes. La gauche n’a pas pu rivaliser avec l’extrême-droite parce que son essor a été entravé par la mémoire encore vive du communisme, l’amalgame entre toute forme de politique sociale et les régimes autoritaires, mais aussi par les partis post-communistes, zombifiés certes, mais encore debout. En fait, la gauche dans la région doit être reconstruite à partir de zéro et ce serait une très bonne chose si le référendum sur le Brexit pouvait le faire comprendre, dans toute sa complexité, à l’opinion publique occidentale.

Mais le référendum sur le Brexit peut et doit aussi être une leçon pour la gauche en Europe de l’Ouest. Dans une certaine mesure, la gauche aussi a considéré les évolutions à l’Est comme différentes par nature des expériences occidentales. Pour elle, l’origine de tous les maux remonte au début des années 1990, lors de la transition douloureuse d’une économie planifiée vers le capitalisme de marché. La transition a certes été un bon exemple de la doctrine du choc, dans la mesure où elle a produit, pour de larges franges de la société, de l’exclusion sociale, économique et politique. Mais, comme le référendum britannique le montre bien, la frustration sociale et la colère peuvent très bien apparaître indépendamment de cette expérience historique et pourtant mener au même rejet brutal du statu quo. Bien sûr, la Grande-Bretagne a eu son propre lot de dégradation sociale et de trajectoires de vie sapées par les politiques néolibérales, mais, objectivement les niveaux de vie et de sécurité sociale y sont beaucoup plus élevés qu’en Pologne, Roumanie, ou Bulgarie. Ce qui semble compter le plus, ça n’est pas tant la gravité de la crise économique que le sentiment subjectif d’être négligé et abandonné par les responsables politiques, le sentiment d’impuissance face à la mondialisation ou encore l’impression de se faire dépouiller de toute représentation politique.

En effet, les principales narrations politiques semblent être de plus en plus les mêmes dans de nombreuses régions du monde et s’articuler ainsi autour de trois grands courants. Le courant libéral mainstream nous vend un progrès constant mais modéré, de la rationalité, de l’expertise technocratique et de la paix sociale. Il met de côté les mots de la conflictualité et fait valoir l’idée qu’il y a toujours moyen de satisfaire tout le monde. Il est désormais avéré que ce discours d’apaisement est une arnaque et qu’il vise en réalité à promouvoir les intérêts des élites politiques et économiques contre ceux du peuple. Comme alternatives, il existe deux récits différents, qui mobilisent un registre émotionnel, n’évitent pas le langage de la confrontation et veulent abolir le statu quo : d’une part, la narration négative de l’extrême-droite, laquelle repose sur l’hostilité et l’exclusion de l’autre ; d’autre part, la narration positive de la gauche, qui met en avant la lutte et l’espoir. Les proportions et les équilibres entre ces trois voies varient en fonction de contextes locaux et de traditions politiques spécifiques. Or de façon générale, la tendance à la bipolarité – plutôt qu’à la tripolarité – du champ politique, brouille ce modèle d’une façon ou d’une autre. Ceci est  valable dans des endroits aussi différents que la Pologne, l’Espagne, le Royaume-Uni, les États-Unis ou la Tunisie.

«Il est suicidaire pour la gauche de se déplacer vers le centre et de former un front commun avec les libéraux. Ça a été la stratégie des gauches d’Europe orientale pendant des années et cela n’a fait que renforcer l’extrême-droite et faire passer la gauche pour une variante risible du projet libéral»

La bonne nouvelle c’est que, généralement, chacune de ces trois forces politiques en a deux autres à concurrencer. La mauvaise c’est que, à ce jour, la gauche ne semble pas avoir beaucoup de succès et est en train de perdre du terrain au profit d’abord de l’extrême-droite. C’est significatif en particulier en Europe occidentale, ce qui est une nouveauté. La gauche de l’Ouest est habituée à combattre le néolibéralisme, à s’opposer aux élites capitalistes et aux grandes firmes, mais pas à dompter le nationalisme, la xénophobie et les rhétoriques de la fierté et de l’exclusion nationale. C’est là que l’expérience européenne de l’Est peut être utile. Celle-ci montre que, aussi dangereuse l’extrême-droite peut en avoir l’air et aussi populaire soit-elle, il est suicidaire pour la gauche de se déplacer vers le centre et de former un front commun avec les libéraux. Cela a été la stratégie des gauches d’Europe orientale pendant des années et cela n’a fait que renforcer l’extrême-droite et faire passer la gauche pour une variante risible du projet libéral.

La gauche doit certes s’inscrire autant que l’extrême-droite dans les registres de la radicalité et de l’émotion, mais c’est pour offrir aux gens, loin des recettes feintes, des vraies solutions pour lutter contre la misère ou leurs espoirs déçus. Nous devons également faire preuve d’autant de pragmatisme que l’extrême-droite. Nous ne pourrons jamais vaincre les mots d’ordre simplistes de la haine et de la xénophobie avec des mantras sur la démocratie et la transparence, ou avec des théories complexes sur les inégalités et la taxe Tobin. Pour combattre les «Muslims go home» et les «Britain First», nous devons ainsi êtres aussi pragmatiques que possible. Pour cela, nous devons anticiper, concevoir et organiser la feuille de route de la gauche autour d’idées simples qui puissent néanmoins vraiment changer la vie quotidienne des gens. Au lieu d’un vague «salaire minimum», disons plutôt «8,50 euros pour chaque heure de travail» (comme en Allemagne). Au lieu de l’idée obscure d’un «revenu de base inconditionnel», parlons de «550 euros par mois pour tout le monde» (comme en Finlande). Il doit bien y avoir de meilleures stratégies pour combattre l’extrême-droite. Mais si nous continuons à imaginer que les gens votent pour elle parce que c’est leur nature, nous la rendrons invincible. Identifier les causes, trouver les problèmes particuliers et y apporter de meilleures réponses, voici notre mission.

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Avec l’Euro, des Hongrois pris en flagrant délit d’optimisme !

HU-LALA (Hongrie) - mar, 28/06/2016 - 09:42
Lundi sur la place des Héros à Budapest, des milliers de fans ont accueilli le onze magyar de retour de France après un Euro réussi au-delà de toutes espérances, malgré une lourde défaite en huitième de finale contre la Belgique. C’est donc l’heure du bilan.

La Hongrie est rentrée à la maison ce lundi, mais elle restera une des belles surprises de ce championnat d’Europe. Oublions le score du dernier match livré contre des Belges qui figurent parmi les favoris de la compétition, car l’équipe a montré un visage très séduisant jusqu’à la fin, ne se recroquevillant jamais et se livrant corps et âme à chaque occasion. Outre la figure fantasque et les parades de grande classe du gardien Gábor Király, les médias hongrois et étrangers ne tarissent pas d’éloges sur le jeu proposé par les Magyars.

Les plus de dix mille supporteurs hongrois qui ont fait le déplacement en France ont assurée une ambiance incroyable dans les stades, à Marseille, Lyon, Bordeaux et Toulouse. Dommage que certains d’entre eux aient choisi d’arborer le t-shirt noir Magyarország si sinistre en de pareilles circonstances. De même, on passera sur les drapeaux de la grande Hongrie et les Vesszen Trianon! («à bas Trianon!») revanchards lancés par quelques hurluberlus à côté de leurs pompes. La fête a été belle en France, mais aussi en Hongrie, où chacun des quatre matchs a donné lieu à des scènes de joie collective dans les rues. Même après le huitièùe perdu contre la Belgique !

Euro : qui sont les Ultras hongrois coupables de salut nazi ?

Le mercredi 22 juin risque de rester gravé longtemps dans la mémoire des fans. Au terme d’un match d’anthologie contre le Portugal (3-3), Budapest était prise de frénésie collective : des dizaines de milliers de personnes prenant possession du nagykörút pour fêter la qualification en 8è de finales, défilant sous le regard de Ferenc Puskás au niveau de l’Oktogon (la pub Unicum !). «Toute la ville est là ! Regarde bien ça Öcsi, c’est pour toi !», s’époumonait un homme d’une bonne soixantaine d’années.

«Le passé est révolu» (Bernd Storck)

Ce beau résultat permet à la fédération hongroise d’entrevoir le futur avec optimisme car il y a fort à parier que cet Euro 2016 va créer des vocations chez les jeunes et – qui sait – peut-être même que le public reviendra vers les stades qu’il a déserté depuis de longues années. Bernd Storck, le sélectionneur allemand de l’équipe nationale de Hongrie est optimiste pour le futur du foot hongrois. Il a déclaré lundi à la chaîne sportive de la télé publique M4 : «Nous avons livré une grande bataille, chapeau bas à notre performance d’ensemble dans le championnat d’Europe. Le passé est révolu, maintenant les éliminatoires pour la coupe du monde sont devant nous. L’équipe a montré qu’elle a la capacité et la volonté de jouer au football et je suis très optimiste».

Géza Mészöly est du même avis, le foot magyar en sortira plus fort. Il a évolué 18 fois avec la tunique nationale et connu deux clubs français (Le Havre et Lille) au cours de sa carrière. Nous avions eu la chance de l’avoir au micro de Francia Hangja une heure avant le coup d’envoi du match Hongrie-Islande.

Ria, ria, Orbánia!

Cette belle réussite sportive pour la Hongrie, c’est aussi une grande victoire politique pour son leader. Viktor Orbán marginalise ainsi encore un peu plus ses opposants, ceux qui dénoncent par exemple les millions dépensés dans des stades flambants neufs au dépens des secteurs de la santé et de l’éducation qui tombent littéralement en ruines.

Mais surtout, et c’est là sa grande victoire : ce mois de juin 2016 fera date dans la conscience nationale, restera comme un apogée de « l’Orbánisme » et contribuera à écrire sa légende, celle qui fait de lui LE dirigeant hongrois de la Hongrie post-communiste.

Lorsque László Bartus du Népszava.us entend le Ria, Ria, Hungária! qui a tant résonné en France et en Hongrie ces derniers temps, il comprend Ria, ria, Orbánia! Pour lui, comme pour le journal Libération, foot, business et politique font un mauvais ménage à trois. Viktor Orbán a en effet fait du foot un des piliers du renouveau du nationalisme hongrois (patriotisme, diront les mieux-veillants). L’interrogation sous-jacente, dans le contexte politique hongrois, est en quelque sorte la suivante : derrière les belles manifestations de joie de supporteurs dans les rues, ne faut-il voir que le signe d’un patriotisme parfaitement légitime (surtout pour un peuple qui s’est longtemps senti brimé dans sa fierté nationale), ou également un résultat du nationalisme attisé par le pouvoir à son service ?

Et maintenant, cap sur la Coupe du monde, dans deux ans en Russie. Ria, Ria… !

Hongrie : le renouveau national, cela passe aussi par le foot

Photos : Index.hu

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Petite révolution de palais chez les socialistes hongrois

HU-LALA (Hongrie) - lun, 27/06/2016 - 18:11
Gyula Molnár a été désigné samedi dernier nouveau chef du Parti socialiste hongrois (MSzP), en battant le président sortant József Tóbiás par 176 voix contre 133. Élu pour une période de deux ans, l’ancien maire du XIe arrondissement de Budapest devra mettre le parti en ordre de bataille pour les législatives de 2018, sans pour autant mener la liste qui s’opposera à Viktor Orbán.

Réunis en congrès samedi dernier, les socialistes hongrois ont désigné leur nouveau président au terme d’une élection à deux tours, à laquelle se sont présentés quatre candidats : Tamás Harangozó, Tibor Szanyi, Gyula Molnár, et le président sortant József Tóbiás. En tête avec 121 des suffrages, Gyula Molnár a dû se résigner à un second tour face à József Tóbiás, arrivé second avec 99 voix.  L’issue du duel a été nette et sans appel : avec le soutien de 176 congressistes sur 309, Gyula Molnár est parvenu à déloger József Tóbiás après un mandat de deux ans à la tête du MSzP.

Gyula Molnár. Crédit : Index/MTI.

Successeur peu connu d’Attila Mesterházy après la déroute du parti aux législatives 2014, József Tóbiás a été confronté à la concurrence agressive de la Coalition démocratique (DK) de Ferenc Gyurcsány durant ses deux années à la tête du mouvement socialiste. Bien que le MSzP reste le premier parti de gauche selon les enquêtes d’opinion, celui-ci n’a jamais réussi sous son mandat, à reconstituer son ancien socle électoral, ni à contenir la fragmentation de l’opposition progressiste parlementaire, aujourd’hui divisée en cinq partis. Sans rien arranger à l’affaire, de nombreux congressistes ont reproché à Tóbiás le soutien de deux personnalités contestées : le très peu populaire Ferenc Baja, président de la fondation Táncsis [le think tank du MSzP, ndr] et le très controversé Tamás Katona, à qui beaucoup reprochent d’avoir abusé de sa fonction de secrétaire général pour glaner des soutiens en faveur de son candidat.

A l’inverse, le succès de Gyula Molnár s’explique surtout par son discours d’ouverture vers les syndicats et la société civile, cœur battant de l’opposition à Viktor Orbán depuis 2010. Soutenu en raison d’une forte volonté de changement exprimé par les congressistes, convainquant également une partie des soutiens des deux candidats malheureux issus de l’aile gauche, le nouveau président du MSzP n’a pas pour autant désavoué la ligne sociale-libérale, majoritaire au sein du parti depuis le début des années 2000. Ce tournant idéologique inspiré de la Troisième voie du couple Tony Blair-Gerhard Schröder, avait abouti, entre 2002 et 2010, à justifier le démantèlement de l’État-providence par trois premiers ministres socialistes, sans pour autant enrayer le déclassement social massif de l’ancienne classe moyenne kadarienne, pourtant cœur de l’électorat du MSzP.

« Je crois, que le seul mandat que j’ai reçu, c’est que l’on batte le Fidesz aux prochaines élections. » (Gyula Molnár)

Élu avec un score serré dans un congrès consensuel quant à la ligne politique du parti, Gyula Molnár estime qu’«il faut mettre en sourdine les débats internes et se concentrer sur l’échéance de 2018», date des prochaines échéances législatives. La petite révolution de palais du congrès de samedi dernier n’est pas tant le reflet d’une volonté de changer de ligne politique, mais plutôt d’une envie de revoir la stratégie du parti envers un électorat encore considéré comme «naturel». Réaffirmant l’engagement européen des socialistes hongrois et l’attachement à l’économie de marché, il a par ailleurs donné de nombreux signaux en direction des groupements de gauche dissidents, notamment ceux de la Coalition démocratique, afin de restaurer une offre politique unitaire face au Fidesz.

En choisissant un homme d’appareil comme chef de parti, les caciques du MSzP cherchent essentiellement à capitaliser sur l’ancrage territorial des socialistes, qui explique à lui-seul son leadership sur les autres partis de gauche. De ce point de vue, le choix de Gyula Molnár, ancien responsable des jeunesses communistes, ancien député, ancien maire du XIe arrondissement de Budapest et ancien président des socialistes de la capitale, est cohérent. Désigné pour mettre le parti en ordre de bataille, il est déjà acquis que ce n’est pas lui qui prendra la tête du combat contre Viktor Orbán en 2018. Ayant déjà pris position pour une candidature du maire de Szeged László Botka en cas de désignation interne, Gyula Molnár a aussi évoqué l’option d’une primaire ouverte, estimant néanmoins qu’il était «trop tôt pour en parler».

Souhaitant «bonne chance» à Gyula Molnár, le Fidesz a réagi en estimant que les socialistes «n’avaient rien appris de leurs erreurs» en mettant à leur tête des personnalités qui étaient déjà aux affaires dans les années 1990.

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Ármin Vámbéry, un orientaliste en habit de derviche

HU-LALA (Hongrie) - ven, 24/06/2016 - 14:57
Si les orientalistes et leurs cabinets de curiosités apparaissent au XVIIe siècle en Europe, il faudra attendre la seconde moitié du XIXe siècle pour voir naître une génération de turcologues, sinologues, mais aussi coptologues, arménologues… se lancer à la découverte de l’Asie jusqu’à ses confins, pour confronter les évidences héritées de la Renaissance aux cultures exotiques. A la fois géographe, linguiste et voyageur, Ármin Vámbéry fait partie de ces pionniers. Né dans une famille juive de Szentgyörgy en Haute-Hongrie, il se lance en 1857 dans un périple qui l’emmènera sur les rives de la mer Caspienne jusqu’aux portes de Samarcande, avec pour but d’en apprendre davantage sur les connexions entre les Hongrois et les peuples turcs.

L’incroyable vie d’Ármin Vámbéry commence en 1832 dans une petite bourgade de Haute-Hongrie : Szentgyörgy, à quelques kilomètres de Pozsony (actuelle Bratislava). Son père, un juif talmudiste originaire de Bavière, décède du choléra peu de temps après sa naissance, laissant son épouse, âgée de 22 ans élever seule leur fils dans la pauvreté. La jeune femme quitte rapidement Szentgyörgy pour Dunaszerdahely, petite localité sur la route de Komárom, où elle se remarie. Le jeune Ármin y fréquente l’école publique jusque l’âge de douze ans, puis se met au début de son adolescence aux services d’un tailleur et d’un gargotier de la ville. Apprenti auprès du premier, il donne des cours au fils du second. Repéré par des amis plus aisés de sa famille pour ses capacités scolaires hors du commun, Ármin bénéficie de leur aide pour continuer ses études. Celles-ci le mènent au lycée piariste de Szentgyörgy, au líceum évangélique de Sopron puis à Pozsony et enfin à Pest – qui n’est pas encore Budapest.

Le café Pilvax, haut lieu de la Révolution de 1848, par József Preiszler.

Maîtrisant outre l’allemand et le hongrois, le latin, le français, le russe, le serbe, et quelques langues scandinaves, il s’intéresse très vite à la culture et surtout à la langue turques. Fréquentant János Garay et Mihály Vörörsmarty au très couru Café Pilvax, il parvient peu à peu à intégrer le milieu intellectuel pestois. Déjà très cosmopolites, Pest et Buda attirent alors à elles tout ce que la partie hongroise de l’empire d’Autriche compte d’écrivains, poètes et peintres. L’orientalisme littéraire qui commence à influencer la production hongroise rencontre un certain écho chez Ármin Vámbéry. En Europe, la fascination des scientifiques pour cet Orient lointain largement fantasmé suscite de nombreuses vocations de voyages, d’explorations, d’études de terrain… Soutenu par le riche écrivain József Eötvös, le natif de Szentgyörgy décide de prendre le large et de partir pour Constantinople (aujourd’hui Istanbul).

Constantinople en 1857.

La vie ottomane d’Ármin Vámbéry commence en 1857 auprès du pacha Hussein Daim, auprès de qui il enseigne des langues. Il fait très vite la connaissance de Mullah Ahmed Effendi, qui l’aide à adopter le mode de vie des Turcs. Son intégration est une telle réussite, que le Hongrois parvient à se faire employer comme secrétaire particulier du futur Grand Vizir Mehmed Fuad Pasha. Avant de regagner Pest en 1861, il publie le premier dictionnaire turc-hongrois, tout en continuant d’apprendre de nombreux dialectes anatoliens. Entre temps, il intègre l’Académie hongroise des Sciences comme membre correspondant et se procure le Tarih-i Üngürüsz, version turque d’une ancienne chronique de l’Histoire hongroise sauvée de l’incendie de la bibliothèque de Székesfehérvár de 1543 par Mahmud Tercüman, traducteur de l’époque du sultan Soliman le Magnifique. Bien qu’il fasse cadeau du document aux académiciens hongrois, ces derniers déconsidèrent la valeur historique de la pièce, notamment sous la pression de József Budenz, qui la réduit à une traduction de texte mineur.

«C’est naturellement de là qu’est venu mon espoir, grâce la linguistique comparée, de trouver en Asie centrale les raies de lumière qui dissiperont le voile sombre qui est posé sur l’Histoire ancienne des Hongrois» (Mes combats, 1905)

L’étude des dialectes turcs convainc Ármin Vámbéry d’une forte parenté entre les actuels Anatoliens et les anciens Hongrois. Acculturé aux travaux des linguistes de son époque, il est persuadé de l’équivalence des concepts de langue, de patrie et de peuple originels. Alors que les sociétés savantes du reste de l’Europe sont obnubilées par l’excavation de la langue primitive indo-européenne et de l’Urheimat qui l’accompagne, les Hongrois éprouvent quelques difficultés à se positionner dans la généalogie des langues et des nations du continent. Si la majorité des membres de l’Académie des sciences est convaincue par la filiation finno-ougrienne, Ármin Vámbéry déclenche avec ses intuitions en faveur d’une origine turcique une véritable guerre de positions. Voulant démontrer ce qu’il avance, il décide la même année de monter une expédition pour les khanats du Turkménistan et du Boukhara.

Vieil opéra de Trabzon.

Son périple démarre à Trébizonde (actuelle Trabzon), sur les côtes de la mer Noire. Déguisé en derviche sunnite sous le nom de Rachid Effendi, il traverse avec succès le Kurdistan pour gagner Téhéran en juillet 1862. De là, il effectue un aller-retour vers Shiraz, au sud de l’empire perse, en traversant Qom et Ispahan. De retour à Téhéran au début de l’année 1863, il décide de se diriger vers le Nord-Est et de faire le voyage au sein d’une caravane composée de pèlerins de retour de la Mecque. Il traverse le désert de Karakoum, les villes de Zanjan et Qasvin et arrive en juin de la même année à Khwarezm (aujourd’hui : Khiva), en Ouzbékistan. Il y est reçu en audience sous sa fausse identité par Saïd Mohammed Khan, chef de la dynastie des Koungrates et maître de la ville, qui le laisse continuer son voyage.

Lorsqu’il arrive à Samarcande, après avoir traversé le Boukhara, il est à deux doigts d’être démasqué par l’émir local, qui le soupçonne de ne pas être un vrai musulman. Ármin Vámbéry parvient toutefois à le duper et peut reprendre sa route après avoir été chargé de présents. Il quitte alors ses compagnons de voyage et intègre une caravane se rendant à Hérat, à l’Ouest de l’Afghanistan. De Hérat il passe à Mashhad, où il décide d’abandonner son rôle de derviche, et arrive aux portes de Téhéran le 19 janvier 1864. Il regagne Constantinople en mars 1864, en repassant par Trébizonde et Erzurum.

Shir Dor madrasah, Samarcande (1869-1870).

L’explorateur hongrois regagne Pest en compagnie de Mollah Sadik, professeur en religion d’Asie centrale en mai 1864.  Accueilli avec les honneurs, il est intégré à l’université de la ville comme professeur de langues orientales. Fort de son expérience et de ses observations, il étaye sa théorie turcique en montrant les similitudes lexicales entre le hongrois et de nombreuses langues altaïques. Selon Ármin Vámbéry, si la langue magyare est effectivement ougrienne, il n’est pas possible de réduire ses ressemblances avec le turc à de simples emprunts de mots, comme le font les finno-ougristes les plus radicaux tels János Hunfalvy ou József Budenz. Pour l’éminent linguiste, celles-ci relèvent également de parentés de structure – notamment la construction des cas grammaticaux par agglutination -, qui plaideraient en faveur d’une même grande famille de langues. Les études postérieures lui donneront d’ailleurs plutôt raison, dans la mesure où la linguistique contemporaine classe désormais les langues finno-ougriennes et les langues altaïques au sein du grand groupe des langues ouralo-altaïques.

Le travail d’Ármin Vámbéry est reconnu y compris en dehors des frontières d’Autriche-Hongrie, comme le montrent les nombreuses distinctions qu’il reçoit, notamment de la part de la Société britannique de Géographie, dont il devient membre d’honneur. La publication de ses Voyages à travers l’Asie centrale (1865) est d’autant plus remarquée, que l’ouvrage est le fait du premier Européen étant parvenu à voyager dans ces conditions dans cette région du monde. Au-delà de sa reconnaissance comme linguiste, sa postérité est grande chez les géographes hongrois, qui lui doivent, avec d’autres, la fondation de la Société hongroise de Géographie en 1872. Sur le plan intellectuel, son tropisme turc est à l’origine d’un renouvellement de l’orientalisme hongrois sous le nom de touranisme, lequel mouvement connait après 1920 une issue malheureuse du côté des milieux nationalistes magyars et… japonais ! Proche des dirigeants ottomans et ayant ses entrées à la Cour du Royaume-Uni, Ármin Vámbéry connaît une fin de carrière faite d’intrigues et d’affaires d’espionnage, au service notamment des Britanniques contre les intérêts russes en Asie centrale. Auteur de nombreux ouvrages sur la magyarité et de récits de voyage, il s’éteint à Budapest en 1913.

Ármin Vámbéry en 1895.
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Contre le vélo, le maire de Budapest met ses menaces à exécution

HU-LALA (Hongrie) - jeu, 23/06/2016 - 17:36
Le maire de Budapest, István Tarlós, a un sens très personnel des priorités. Alors que le bilan de la capitale est très mitigé en terme de qualité de l’air et que de plus en plus de problèmes de congestions automobiles se font sentir en ville, l’édile conservateur a décidé de frapper fort… Son objectif : entraver autant que possible la circulation à bicyclette !

István Tarlós est un homme politique à l’ancienne et il en est plutôt fier. Non content de gouverner sa ville au doigt mouillé, en revendiquant son «bon sens paysan», le voici qu’il fait de la guerre contre le «terrorisme du vélo» la mère des batailles. Selon lui, la régie des transports BKK, dirigée entre 2010 et 2014 par Dávid Vitézy, est allée trop loin dans sa politique pro-cyclistes. Que l’on songe à l’autoroute à vélo le long du Danube côté Buda, aux nombreux contre-sens cyclables dans le centre de Pest ou même aux confortables cheminements consacrés à la Petite Reine vers la banlieue, il est vrai que Budapest est devenue rapidement une ville modèle du point de vue des circulations douces. Alors que la part modale du vélo était de 2% en 2014, l’ambition du Schéma métropolitain des transports Mór Balázs était même de la porter à 10% à l’horizon 2030.

Sous l’impulsion de Dávid Vitézy, la BKK était effectivement devenue une structure particulièrement volontariste en terme de promotion des modes de transports alternatifs. Entre 2010 et 2014, Budapest lance ainsi de nombreux chantiers de rénovation et d’extension du réseau de tramway, de valorisation des transports fluviaux, d’aménagements piéton et vélo… Des projets emblématiques comme la requalification complète de l’autoroute urbaine Rákoczi út, le projet d’une nouvelle ligne de tramway sur Thököly út ou l’extension de la ligne 2 de tramway au nord de Jászai Mari tér étaient dans les cartons. Mais, patatras! En désaccord avec son directeur, István Tarlós démissionne Vitézy et renvoie tous ces beaux projets aux calendes grecques.

Ce limogeage survenu début 2015 marque un véritable tournant dans la politique des transports budapestois. Souhaitant amender les objectifs du Schéma métropolitain prévoyant une baisse de la part modale des voitures de 35 à 20%, István Tarlós estime en avril dernier qu’il faut marquer un coup d’arrêt aux mesures anti-voitures et redonner un peu de place aux automobilistes en ville. Alors que de nombreuses associations de cyclistes craignent un retour en arrière notable, la mairie évoque seulement des aménagements mineurs dans certaines rues du centre-ville.

Or, comme le révèle aujourd’hui Benjámin Zelki sur le blog Város és közlekedés («Ville et transport»), tout laisse à penser que les craintes des cyclistes étaient fondées. Depuis quelques jours, de nombreuses voies ont été affublées de curieux panneaux restreignant sensiblement la circulation à vélo.

Ces panneaux ont été photographiés sur des axes stratégiques car situés la plupart le long du Danube. Selon l’auteur du blog, la mairie assure que ces mesures sont provisoires, mais la pose de panneaux en dur laisse penser tout le contraire. Alors que le cycliste pestois le plus aguerri n’a de cesse d’observer l’agressivité croissante des voitures, souvent des chauffeurs de taxi, à leur égard, le voilà averti que ce n’est pas du côté des pouvoirs publics qu’il pourra chercher du soutien. Le fameux Critical Mass, «vélorution budapestoise» arrêtée sur décision de ses fondateurs en avril 2013, a peut-être tiré sa révérence un peut trop tôt.

 

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Le Fidesz plus populaire que jamais ?

HU-LALA (Hongrie) - jeu, 23/06/2016 - 14:44
Depuis avril dernier, le Fidesz a gagné quatre points dans les enquêtes de popularité. Avec 37% de soutien dans l’opinion publique, le parti de Viktor Orbán pèse plus lourd que tous les autres partis parlementaires réunis selon le sondage Medián HVG paru aujourd’hui.

Tel soutien n’a pas été enregistré depuis l’automne 2014 selon le newsmagazine hongrois. L’opposition, qu’elle soit de gauche ou d’extrême-droite apparaît ainsi plus que jamais en difficulté à mi-mandat. Si les progressistes réunissent ensemble environ 21% de soutien (MSzP : 9 ; DK : 5 ; LMP: 4 ; Együtt : 2 ; MLP : 1), c’est bien le Jobbik qui caracole en deuxième position avec 12% de popularité.

L’extrême bonne santé apparente du Fidesz ne doit pas faire oublier le score pas moins impressionnant des Hongrois ne se reconnaissant pas dans l’offre politique actuelle, lesquels atteignent 29% des sondés. Hégémonique à droite, le parti de Viktor Orbán parvient donc surtout à siphonner l’électorat du Jobbik en saturant l’espace médiatique de sorties fracassantes contre les réfugiés ou «Bruxelles», vieilles antiennes de l’électorat d’extrême-droite. Il ne parvient pas à attirer à lui le vaste groupe des électeurs orphelins de partis, déçus par la gauche mais pas prêts à soutenir le Fidesz. La fragmentation extrême des partis progressistes explique en tout cas assez facilement leur faiblesse dans ces sondages.

Avec les apparents bons résultats économiques et les récents succès footballistiques de l’équipe hongroise à l’Euro 2016, tout semble sourire au premier ministre conservateur. Mais les habitants de la vaste plaine hongroise savent sans doute mieux que quiconque, que même lorsque le Soleil est à son zénith, le vent peut tourner rapidement.

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Euro : la Hongrie déjà qualifiée avant son match contre le Portugal !

HU-LALA (Hongrie) - mer, 22/06/2016 - 14:35
L’équipe de Hongrie a officiellement validé son ticket pour les huitièmes de finale de l’Euro 2016… après la victoire de l’Allemagne sur l’Irlande du Nord (1-0) ! Le dernier match de poule des Magyars contre le Portugal déterminera la position de ces derniers dans son groupe. Une rencontre plus qu’importante qu’elle n’y paraît.

Se qualifier sans jouer. C’est désormais chose possible au sein de cet Euro, du fait de deux nouvelles règles : l’une introduisant les huitièmes de finale au sein de la compétition et l’autre qualifiant au second tour les 4 meilleurs troisièmes sur l’ensemble des 6 poules. Se qualifier sans jouer, c’est exactement ce qui est arrivé aux Hongrois hier, en tout début de soirée. Après un début de tournoi qui en a surpris plus d’un, (victoire sur l’Autriche 2-0, nul arraché in extremis contre l’Islande 1-1), la Hongrie, grâce à la victoire de l’Allemagne conjuguée à celle de l’Albanie sur la Roumanie, sait désormais qu’elle figurera dans le pire des cas,  parmi l’un des 4 meilleurs troisièmes de cet Euro 2016.

Même si l’Islande venait à battre l’Autriche, même si Cristiano Ronaldo, en méforme depuis le début du tournoi, décidait de se venger froidement sur les cages de Gábor Király, la Hongrie (4 points), qui se retrouverait alors troisième de sa poule, devancerait au nombre de point au moins 3 autres troisièmes à l’issu du premier tour (l’Albanie, l’Irlande du Nord et la Turquie qui ont chacun 3 points). Bref, la qualif’ est dans la poche pour les Magyars.

Surprises de cet euro, les coéquipiers de Balázs Dzsudzsák doivent-ils pour autant prendre la rencontre contre le Portugal à la légère? Certainement pas.

En terminant premiers de leur poules, les Hongrois éviteraient à coup sûr le terrifiant « bas de tableau » des huitièmes de finale dont font partie la France, l’Angleterre, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne. A la faveur d’un bon résultat contre les Portugais, la Hongrie pourrait s’offrir un huitième de finale « abordable » et, par la même occasion, faire rêver un peu plus des supporters davantage habitués aux désillusions pendant de longues années. Pour rappel, les Hongrois ne s’étaient pas qualifiés à une phase finale d’un Euro depuis 1972.

Les adversaires potentiels de la Hongrie en huitième de finales sont : Belgique, Suède, Irlande (en cas de première place), Angleterre (en cas  de deuxième place), Croatie ou Allemagne (en cas de troisième place).

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Euro : qui sont les Ultras hongrois coupables de salut nazi ?

HU-LALA (Hongrie) - lun, 20/06/2016 - 19:26
Les instances dirigeantes du football hongrois ont pris des mesures drastiques pour éloigner les Ultras des stades ces dernières années. Relégués à des matchs de 3e division depuis, ces derniers profitent de l’Euro 2016 en France pour prendre leur revanche et montrer leurs muscles.

Ils ne sont que quelques dizaines parmi les quelques dix mille vrais supporteurs qui ont fait le déplacement en France et qui ont assuré une atmosphère délirante dans les gradins à Bordeaux puis de Marseille. Un public «énormissime» qui a «fait résonner le Vélodrome comme rarement», écrit par exemple le site 20 minutes qui se demande même «mais qu’est ce que c’est que ces Hongrois géniaux ?».

Malgré tout, on ne peut pas ne pas voir les photos et les vidéos qui circulent sur internet depuis samedi soir, montrant des supporteurs hongrois aux prises avec les forces de l’ordre dans les gradins du Vélodrome, en marge du match Hongrie-Islande. La publication d’un cliché d’un szurkoló hongrois tout de noir vêtu, faisant le salut nazi, jette une sérieuse ombre sur la réputation du public magyar. La presse hongroise est tout aussi surprise que le reste des médias européens face à ces défilés de crânes rasés et de tatouages de croix gammées. Et pour cause, les Ultras sont personna non grata des stades du pays depuis 2014.

Dans un article publié ce lundi, nos confrères de 444.hu reviennent sur l’histoire indissociable du football hongrois et de ces hooligans, comme le rappelle l’existence des Fradi-Szív du Ferencváros TC dès 1899. Noyés dans les supporteurs d’un football magyar à son Zénith dans les années 1960, les ultras ont gagné en visibilité avec la désertion du public qui a accompagné le long déclin du ballon rond dans le pays. A tel point qu’il ne restait plus au début des années 2000 qu’un noyau dur de supporteurs, plus ou moins proches des milieux d’extrême-droite. Face à des débordements répétés mais aussi sans doute à la pression du Fidesz (le parti au pouvoir) de purger les milieux nationalistes, la Ligue hongroise de football (MLSz) décide en 2014 de conditionner l’octroi des licences aux seuls club capables de gérer leur public, ce qui aboutit à une mise à l’écart des éléments les plus radicaux. Non sans résistance de ces derniers, comme l’illustre la vidéo ci-dessous.

Exclus des stades, réduits à ne pouvoir assister qu’aux matchs de troisième division, beaucoup de ces ultras se détournent même du football. Après plus de 40 ans d’absence du championnat européen, le retour de la Hongrie dans une compétition internationale en cet Euro 2016 est alors l’occasion rêvée pour nombre d’entre eux de réapparaître sur le devant de la scène. Galvanisés par la couverture médiatique de ces matchs de poule et surtout très vexés de ne plus pouvoir se montrer à domicile, nombre d’entre eux ont décidé de faire le voyage jusqu’en France…

Crédit photo : Népszava.hu

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Invitation à des ateliers d’auto-réparation à Cargonomia

HU-LALA (Hongrie) - lun, 20/06/2016 - 12:43
Communiqué de l’équipe organisatrice de la Conférence Internationale sur la Décroissance à Budapest – Nous vous invitons à venir réparer, recoudre, bricoler,…, vos objets abîmés à l’atelier  Cargonomia, à Budapest, ce jeudi 23 juin.

De 16h à 20h, plusieurs ateliers se tiendront à Cargonomia (Dembinszki utca. 32, 7e arrondissement de Budapest) et rassembleront les partenaires du festival Budapest Degrowth Week – événement à venir du 30 août au 3 septembre dans la capitale hongroise.

Vous pouvez venir nous rencontrer autour des activités suivantes :
  • Une distribution hebdomadaire de légumes bios, pain, huile d’olive extra vierge et vins biodynamiques par vélocargos
  • Varronomia et son atelier de couture
  • Repair Café : bricolage et réparation d’appareils ménagers en autonomie
  • Un atelier de réparation de vélos

Surprise : à 18h, nous aurons le plaisir d’accueillir le musicien László Kollár-Klemencz pour une performance particulière…en vélocargo.

Rejoignez-nous et n’hésitez pas à amener quelques outils, vos objets défectueux, ainsi que des biens qui ne vous servent plus. Et bien sûr pour déguster les produits de nos partenaires !

Cet événement est organisé dans le cadre de la 5ème Conférence Internationale sur la Décroissance et du festival Degrowth Week, et sera ouvert à la venue de journalistes.

Source : Communiqué de l’équipe organisatrice de la Conférence Internationale sur la Décroissance à Budapest.

Pour plus d’informations : facebook et Budapest Degrowth.

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Viktor Orbán s’immisce dans la campagne contre le Brexit

HU-LALA (Hongrie) - lun, 20/06/2016 - 02:42
Alors que les Britanniques sont convoqués jeudi prochain aux urnes pour se prononcer pour ou contre le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a décidé de s’impliquer directement dans la campagne référendaire. Ce d’une curieuse façon.

L’information a été confirmée par Zoltán Kovács, porte-parole du gouvernement hongrois lors d’une conférence de presse dimanche 19 juin à l’agence MTI. Le premier ministre Viktor Orbán a décidé de faire campagne pour le maintien du Royaume-Uni au sein de l’Union européenne par le biais d’une publicité dans les journaux britanniques.

Selon nos confrères d’Index, Budapest estime que sans Londres, le projet de construction d’une Europe puissante et influente s’affaiblirait. Zoltán Kovács a profité de sa déclaration aux journalistes pour rappeler que, malgré les désaccords – nombreux – entre la Hongrie et ses partenaires quant à l’avenir de l’Union, les succès de l’Europe étaient «importants» dans de nombreux domaines. Il a déclaré qu’une campagne publicitaire financée par le gouvernement hongrois devrait être lancée ce lundi dans la presse du royaume, bien qu’elle devait débuter dès samedi. Le différé ayant été décidé suite au meurtre de la parlementaire pro-Remain Jo Cox jeudi dernier.

Voici l’annonce, publiée dimanche soir par le Bild (traduction : «La décision vous appartient, mais j’aimerais que vous sachiez que la Hongrie est fière de se compter avec vous comme membre de l’Union européenne») :

Comme le rappelle Marianne Meunier dans La Croix, la Hongrie perdrait avec le Brexit un allié de poids au sein du Conseil européen, notamment dans son combat contre la «technocratie bruxelloise». Elle perdrait également un des plus gros contributeurs au budget européen, lequel profite allègrement au financement des lourds investissements menés par Budapest. Par ailleurs, à l’heure où les «immigrés de l’Est» suscitent les plus vives crispations du côté des eurosceptiques britanniques, il n’est pas sûr que telle initiative bénéficie au camps du Remain.

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Hongrie à l’Euro 2016 : prémices d’un renouveau ?

HU-LALA (Hongrie) - sam, 18/06/2016 - 14:07
Videoton en finale de la Coupe de l’UEFA, fin du communisme et arrivée de la IIIe République, création du Sziget puis du Balaton Sound, ascension du Fidesz dans les urnes, Puskás s’en va, sept titres pour Ferencváros et autant pour Debrecen, fondation du Szimpla Kert, les lignes 3 et 4 du métro de Budapest, ouverture puis fermeture puis ré-ouverture puis re-fermeture puis ré-réouverture de l’Aéroport Hévíz-Balaton, naissance de Roland Juhász, et plus encore. Il s’est passé tellement de choses depuis la dernière qualification de la Hongrie au championnat d’Europe des Nations qu’il est compliqué de toutes les énoncer. 44 ans, c’est long, très long, encore plus long que les Rhapsodies de Liszt. Alors comment expliquer cette qualification à l’Euro 2016, qui plus est plutôt poussive ? Article publié le 7 juin 2016 dans Footballski Un Euro à 24 et des barrages enfin atteints

La première réponse est sans doute l’élargissement de l’Euro à 24 équipes. Pour ou contre, chacun à son avis, mais le fait est que cet article n’existerait sans doute pas sans cet élargissement. Bien qu’un Euro à 32 ou 48 équipes seraient souhaitables pour permettre à l’équipe nationale moldave de participer à la grande fête du football européen, convenons-en, la Hongrie profite donc pleinement de cette nouvelle mouture, tout en rappelant qu’elle a gagné sa place sur le terrain comme les 22 des 23 autres équipes. Dans un groupe homogène où la Grèce s’est pissée dessus et l’Irlande du Nord a, non sans surprise, dominé les débats, la Hongrie a même failli ne pas passer par la case barrages puisque sans la victoire du Kazakhstan en Lettonie lors du dernier match, elle aurait chipé la place de meilleure troisième à la Turquie.

Mais pas que. Alors que depuis 1991, la Hongrie n’a pas vraiment eu voix au chapitre lorsqu’il s’agissait de se qualifier pour une compétition internationale (hormis un barrage en 1997, où elle fut corrigée par la Yougoslavie, 1-7 à domicile puis 5-0 à Belgrade), on peut remarquer une lente mais réelle progression depuis une dizaine d’années. Ainsi, après le fiasco des qualifications pour l’Euro 2008, la Hongrie s’était bien défendue dans un groupe difficile (Suède, Portugal, Danemark) en vue de la Coupe du Monde 2010.

Lors des deux campagnes suivantes, la Hongrie se rapproche d’une place de barragiste qui lui file d’ailleurs sous le nez à l’automne 2013, avec une défaite face à la Roumanie puis une débâcle chez des Néerlandais déjà qualifiés (8-1) qui permet au voisin honni d’accéder aux playoffs, qu’ils perdront face à la Grèce.

Vient alors la campagne victorieuse, avec un petit coup de pouce du destin : un groupe pas franchement folichon, surtout lorsque la tête de série grecque se plante dans les grandes largeurs. La Hongrie débute mal avec une défaite en Irlande du Nord, qui scelle le sort d’Attila Pinter à la tête de la sélection et l’arrivée de Pál Dárdai pour redresser la barre. La Hongrie parvient à arracher le nul en Roumanie grâce à un coup-franc splendide de Dzsudzsák, puis à remporter trois de ses quatre matchs suivants, en partageant les points contre la Grèce.

Dardai, entre-temps, prend également les commandes du Hertha sur base intérimaire en février 2015 pour signer un contrat définitif à la fin de la saison, pour la suite heureuse que l’on connaît. Le voyant est alors à l’orange pour le sprint final de ces qualifications. C’est à Bernd Storck, alors directeur sportif à la Fédération, qu’il convient de poursuivre la mission qualification lorsqu’il est nommé sélectionneur en juillet 2015. Il nomme par la suite Andreas Möller en tant qu’assistant et la Hongrie parvient à sécuriser une troisième place qualificative pour les barrages.

La Norvège, dépassée sur le fil par la Croatie dans son groupe, se dresse face aux Hongrois, qui ont l’avantage de recevoir au retour, pour un barrage à priori équilibré. Mais un but rapide de Kleinheisler à Oslo va pousser la Norvège à bafouiller son football en tentant de revenir au score, malgré une domination assez équivoque. Une victoire très précieuse que les Magyars vont confirmer au retour. Dès la 14e minute. Tamás Kádár balance un long ballon vers Tamás Priskin, qui est alors touché par la grâce : passement de jambes, crochet, et cachou dans la lucarne opposée. La Norvège aura beau pousser, le grand Király sauvera tous les ballons et la Hongrie aggravera même le score en fin de match, par un but contre son camp d’Henriksen – le même qui réduira l’écart à quelques minutes du terme pour la Norvège.

 

Storck aura réussi son pari et ses joueurs de fêter dignement une qualification pour un tournoi majeur. 44 ans depuis le dernier Euro, 30 depuis la dernière Coupe du Monde, le football hongrois retrouve l’exposition qu’il mérite cet été !

Investissements massifs en amont

Mais cette qualification, qui semble tombée du ciel au bout d’une campagne poussive où trois sélectionneurs se sont succédé sur le banc de touche de l’équipe nationale, montrent les racines d’un renouveau, ou plutôt d’un prémisse de renouveau.

Le football comme arme de propagande politique, ce n’est pas une nouveauté. La qualification de la Hongrie est une aubaine pour le Premier Ministre Orbán, lui permettant de justifier ses efforts colossaux pour redresser le football hongrois. Fan du ballon rond devant l’éternel, certains lui reprocheront d’avoir profité de son statut pour faire bénéficier les copains à coup de rénovations ou constructions de nouveaux stades et d’amitiés dans pas mal de clubs de l’élite. Le projet le plus célèbre du Premier Ministre reste la construction de la Pancho Arena, une arène flambant neuve de plus de 3.000 places pour un village de 2.000 habitants : à Felcsút, situé à une trentaine de kilomètres de la capitale, la Puskás Academy avait même été propulsée dans l’élite, jusqu’à sa relégation au second échelon cette année.

Pour autant, même cette Puskás Academy, surnommé le « club du Premier Ministre » et probablement le meilleur centre de formation du pays, commence à avoir des résultats puisqu’en provient le jeune László Kleinheisler, héros du match aller des barrages en Norvège lors duquel il marque l’unique but pour sa première sélection. Transféré cet hiver au Werder et devenu titulaire dans l’équipe de Storck, il sera l’un des joueurs à suivre cet été chez les Magyars. De la Puskás Academy, notons également qu’Attila Fiola fait partie du voyage en France et devrait débuter au poste de latéral droit, tandis que Gergő Kocsis et Roland Sallai faisaient partie de la présélection.

Cependant, ces investissements font grincer des dents. Car si cela permet d’avoir une Groupama Arena bouillante lors des matchs de l’équipe nationale, l’affluence moyenne des matchs de championnat hongrois reste famélique (moins de 3.000 personnes) et une bonne partie de la population aimerait que l’argent public soit redirigé vers d’autres domaines que des stades de football. Toujours est-il que l’UEFA entretient la machine en attribuant quatre matchs de l’Euro 2020 à Budapest, dans une nouvelle Ferenc Puskás Arena qui devrait voir le jour d’ici 2019 – la démolition ayant débuté cette année.

Un engouement et une jeunesse intéressante

Malgré la situation assez difficile dans laquelle se trouve le football de clubs en Hongrie, c’est bien tout un pays qui supportera les siens en France. Depuis la victoire à Oslo, trop inattendue pour être vraie, un élan d’optimisme s’est emparé du public, qui a d’abord fêté la qualification comme il se doit lors du match retour à Budapest (vidéo), aidée par la grâce de l’avant-centre du Slovan Bratislava, Tamás Priskin, et qui espère désormais que la Hongrie puisse faire un coup.

«Près de 45 000 Hongrois feront le voyage pour encourager les leurs»

Conscients des limites et de l’inexpérience du groupe hongrois, d’un match pas comme les autres face au voisin autrichien, d’une Islande aussi inexpérimentée et d’un Portugal que la Hongrie joue en troisième match, une qualification pour les huitièmes de finale ravirait tout un peuple, si par bonheur les astres s’alignaient et la chance tombait du coté magyar. D’après les administrateurs de l’excellent TrollFoci, « près de 45 000 Hongrois feront le voyage pour encourager les leurs, les Hongrois sont dans la fièvre de l’Euro pour l’instant ».

 

Quand bien même la Hongrie n’y arriverait pas, le groupe profiterait là d’une expérience unique au plus haut niveau pour se perfectionner en vue des campagnes futures. Au tournant d’une génération où les Gera, Király et Juhász sont proches de la retraite et où Dzsudzsák doit encore retrouver son meilleur football, les remplaçants sont déjà tout désignés : Dénes Dibusz dans les cages, Ádám Lang en défense et Ádám Nagy au milieu, ainsi que le susnommé László Kleinheisler derrière l’attaque. Sans oublier les Máté Vida, Roland Sallai, Krizstián Tamás ou encore Bence Mervo qui faisaient partie de l’aventure néo-zélandaise de la Coupe du Monde U20.

Un pilotage allemand

Si Bernd Storck et Andreas Möller forment le tandem aux commandes de la sélection hongroise, c’est bien parce que les liens footballistiques entre le pays de Ferenc Puskás et celui de Fritz Walter ne se limitent pas à cette – malheureuse, heureuse, c’est selon – finale de 1954, et c’est aussi un peu dû à la chance. Ainsi, aux débuts de la Bundesliga, pas moins de cinq entraîneurs hongrois avaient officié dans les clubs allemands. Gyula Lóránt a débarqué en Allemagne dès 1965, à Kaiserslautern, pour y rester une quinzaine d’années – si on excepte sa pige victorieuse au PAOK Salonique en 1976. Pál Csernai prit sa relève au Bayern Munich en 1978, devenant champion d’Allemagne et atteignant la finale de la C1 perdue face à Aston Villa.

Ces temps-ci, outre les succès de Thomas Doll avec Ferencváros, Pál Dárdai fait les beaux jours du championnat allemand et sert de liant entre les deux pays. C’est un certain Bernd Storck qui l’a scouté et amené au Hertha Berlin il y a une vingtaine d’années. Dárdai, sélectionneur de la Hongrie pendant un temps, recommanda à son tour Storck en tant que coordinateur des jeunes, pour la suite que l’on connaît.

La Fédération avait déjà fait du pied à Storck pour ses compétences de formation, en lui commanditant une stratégie pour améliorer le football hongrois. « La décennie du renouveau », du nom de sa publication, planche sur le développement des académies dans chaque région, avec pour objectif but la qualification pour l’Euro 2020.

Dans cette mission de professionnalisation et de formation de la nouvelle génération du football hongrois, Bernd Storck a donc pris un peu d’avance avec cette qualification pour l’Euro 2016, qui a convaincu la fédération de prolonger son contrat jusqu’en 2018. Prudent mais confiant, il était en tout cas satisfait du dernier match de préparation de son équipe, joué face à… l’Allemagne, bien sûr : « Je ne suis pas insatisfait par notre performance. Nous avons bien défendu et nous avons évité que notre adversaire ne se crée beaucoup d’occasions. Nous avons aussi essayé d’attaquer ; nous avions des opportunités et nous aurions dû en profiter. Nous avons jouer avec courage et c’est quelque chose qui sera important face à l’Autriche ». Rendez-vous le 14 juin.

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Illycaffè, une histoire austro-hongroise

HU-LALA (Hongrie) - sam, 18/06/2016 - 14:07
Bien sûr, tout le monde sait bien que l’Illetta, la fameuse machine à expresso brevetée en 1935 par Francesco Illy nous vient tout droit d’Italie, tout comme la célèbre marque de café éponyme. Or, Francesco est né Ferenc et non pas près de la Méditerranée, mais à  Temesvár, d’une famille magyaro-saxonne de Transylvanie. Fondée en 1933 à Trieste, l’entreprise de torréfaction Illy est avant tout une histoire austro-hongroise. En 1900.

Ferenc Illy naît le 7 octobre 1892 à Temesvár (actuelle Timișoara) dans une famille catholique, d’un père hongrois – János  – et d’une mère saxonne – Aloisa Rössler. Il grandit dans le quartier de Józsefváros puis fréquente le lycée piariste de la ville. Au début de la Première guerre mondiale, il est enrôlé à 22 ans dans les rangs de l’armée austro-hongroise. Envoyé d’abord sur le front polonais (Kraśnik), il est ensuite mobilisé sur le front italien et prend part aux batailles de l’Isonzo pour défendre Trieste convoitée par Rome. La ville adriatique était alors le plus grand port d’Autriche-Hongrie, d’où embarquaient vers les Amériques les migrants originaires d’Europe centrale.

Trieste en 1921.

Après le conflit, Ferenc Illy décide de s’installer dans la cité portuaire, laquelle est annexée à l’Italie en 1921. Il y épouse une professeure de piano italienne et commence à travailler dans le commerce du café et du chocolat. Embauché au sein de la compagnie de torréfaction Hausbrandt, il en devient rapidement l’associé. Au point que celle-ci change de nom pour devenir Hausbrandt & Illy. Mais cette alliance est de courte durée et le désormais dénommé Francesco décide en 1933 de voler de ses propres ailes. Pour ne pas fâcher ses anciens compagnons, il leur laisse le marché triestin et tente sa chance hors la ville.

Ferenc Illy en 1930.

Francesco Illy est vite confronté à la difficulté de conserver l’arôme du café torréfié durant le temps du transport. Ce qui aurait pu lui coûter sa carrière se révèle à l’origine d’une trouvaille qui fera une partie de sa renommée. Il remplace dans les paquets de café torréfié le dioxygène par du diazote, technique pionnière du conditionnement sous atmosphère protectrice. Cette innovation majeure permet à son entreprise de se développer très rapidement et sur un territoire de plus en plus étendu.

Le commerçant, homme d’affaires et génial inventeur ne s’arrête pourtant pas en si bon chemin. Il met ainsi au point en 1935 l‘Illetta, la première machine à expresso du monde, dont de nombreux cafés de la péninsule se dotent très rapidement. Au cours du XXe siècle, l’entreprise familiale devient une firme italienne de dimension mondiale, faisant passer le café pour un produit de luxe, jouant ainsi sur le même registre que les marques milanaises de haute-couture. Curieuse destinée pour le plus italien des Hungaricum.

Affiche publicitaire, 1935.

Bien qu’en Hongrie, les success stories des László Biró (stylo bille), Ernő Rubik (Rubicube), Ányos Jedlik (dynamo), etc. fassent souvent partie du récit national, la vie et l’œuvre de Ferenc «Francesco» Illy restent assez peu connus. A  Timișoara, sa ville de naissance, il n’a été honoré de façon posthume comme citoyen d’honneur que très récemment, en avril 2013, soit 57 ans après sa mort.

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«Si le Brexit gagne et qu’on doit partir, ils auront des problèmes»

HU-LALA (Hongrie) - ven, 17/06/2016 - 16:48
Ils s’appellent Géza, Maria, Dóra, Nas, Balázs et Sebastian. Ils sont originaires de Hongrie, de Roumanie, de Pologne ou de Bulgarie. Ils vivent à Londres depuis 3, 5 ou 10 ans. Ils aiment Londres, malgré ses prix scandaleux, son métro bondé et sa taille qui isole parfois. Le 23 juin, ce pays dans lequel ils résident pourrait décider de quitter l’Union Européenne, faisant naître doutes et questionnements quant au futur des résidents qui ne possèdent pas de passeport britannique.

Sont-ils préoccupés, inquiets ou indifférents face à ce que les médias anglais qualifient de « vote d’une génération » ? S’ils n’ont pas le droit de voter à ce scrutin, ils ont quand même des choses à dire. A la question de ce qu’ils pensent du référendum, peu ont vraiment d’avis. Par désintérêt ou manque d’information, le référendum ne passionne pas nos six protagonistes et ne les inquiète pas non plus. Même si certains n’envisagent pas de rester à Londres de façon permanente, tous aimeraient poursuivre leur expérience anglaise pour encore quelques années.

Balázs, hongrois, 32 ans, ingénieur logiciel dans une banque d’investissement, trouve irresponsable de remettre une décision si importante entre les mains de gens ordinaires qui, pour la plupart, ne savent pas de quoi il s’agit vraiment. Pour lui, ce n’est qu’un moyen de gagner les élections à venir.

Dóra, la trentaine, hongroise et chef de projet, pense que cette campagne est largement empreinte de désinformation. « Je pense que ceux en faveur du Brexit utilisent l’immigration comme un outil pour obtenir ce qu’ils veulent. Une sortie de l’Union européenne serait une décision complètement irrationnelle, surtout que notre présence (les immigrés) a un impact positif sur l’économie et non l’inverse ».

« Je ne vais pas rester ici pour toujours. Ma famille me manque, je rentrerai en Pologne un jour »

En cas de Brexit, personne ne fera rien. Comme le dit Balázs, « cela prendra des années avant que les changements se mettent en place, si changement il y a ». Et puis, peu d’entre eux se voient s’installer à Londres sur le long terme, à l’image de Sebastian, 36 ans, coiffeur et londonien d’adoption depuis 10 ans : « Je ne vais pas rester ici pour toujours. Ma famille me manque, je rentrerai en Pologne un jour. J’adore Londres, c’est une ville où il se passe toujours quelque chose et je rencontre sans cesse des gens intéressants mais c’est aussi très grand. Ce n’est pas facile de voir ses amis aussi souvent qu’on voudrait, tout le monde habite dans des endroits différents de Londres ».

Maria a 25 ans. Elle vient de Roumanie, est comptable pour une institution financière  et vit à Londres depuis 6 ans. Elle a étudié dans cette ville qu’elle ne compte pas quitter de sitôt. « Je voudrais obtenir la nationalité britannique, comme ça je serai tranquille si jamais la Grande-Bretagne sort de l’Union européenne ». Sur l’impact d’un potentiel Brexit sur les immigrés, Maria est confiante. Elle n’imagine pas les banques se séparer de tous leurs employés européens, car ces employés dit-elle, sont nécessaires au business. Tout comme Balázs, elle pense qu’un quelconque changement prendra des années à se mettre en place et plus encore, cela prendrait des années de transférer le statut de capitale financière européenne de Londres à une autre ville européenne.

A 30 ans, Géza vit à Londres depuis décembre 2014. Il rentre souvent en Hongrie, pour voir sa famille et ses amis. Le Brexit n’a pas changé ses plans pour le futur : continuer sa carrière de designer d’expérience utilisateur à Londres. Il n’est pas certain de savoir ce que le Brexit changerait concrètement dans sa vie.

« Je veux un passeport britannique parce que tu peux aller partout dans le monde avec un passeport britannique »

Si la majorité d’entre eux ne prévoit pas de s’installer durablement en Angleterre, l’obtention de la nationalité britannique reste un objectif affiché. Sebastian pourrait dès à présent en faire la demande mais il n’en voit pas l’intérêt. Balázs, à l’inverse, le fera dès que possible « pour avoir la possibilité de rendre sa nationalité hongroise si besoin ». Géza et Maria veulent également demander la nationalité. Nas, barman bulgare de 23 ans, partage cette ambition. « Je veux un passeport britannique parce que tu peux aller partout dans le monde avec un passeport britannique ». Lui non plus ne se voit pas s’installer en Grande-Bretagne. « Je vais prendre tout ce que je peux ici et puis je partirai. Ça ne fait pas bon genre de dire ça, n’est ce pas ? »

Il sourit, un peu embarrassé par cette spontanéité. Puis il se ravise, expliquant qu’eux (les expatriés de l’Est) occupent les postes que les Britanniques ne veulent pas. « On n’a pas peur de commencer en bas de l’échelle et de monter pas à pas. Les Britanniques eux, veulent commencer en haut directement. Si le Brexit gagne et qu’on doit partir, ils auront des problèmes. Plein de postes seront vacants. Les Britanniques ne veulent pas nettoyer les rues ou faire le boulot que je fais. » Malgré cette assurance affichée, Nas espère que ‘Remain’ sera victorieux en ce 23 juin. Le résultat inverse serait préoccupant pour la Grande-Bretagne et pour ses relations avec les autres pays.

« Le pire ici, ce sont les légumes »

Maria confesse que les légumes texture plastique, c’est bien ce qui l’embête le plus à Londres. Pour Géza, c’est plutôt le métro aux heures de pointe. Nas aime tout de Londres. Balázs, lui, a un penchant pour les grands parcs londoniens … et les écureuils. Le sentiment d’être dans une ville où tout se passe, où tout est possible, est présent. C’est peut-être ce qui fait que, malgré un climat pré-référendaire tendu, aucun n’est prêt à quitter Londres.

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A Budapest, énième crépuscule d’un quartier populaire ?

HU-LALA (Hongrie) - jeu, 16/06/2016 - 14:15
La mise en chantier de la réhabilitation du quartier Orczy, situé dans le huitième arrondissement de Budapest, n’est plus qu’une affaire de mois. Tenu à l’écart des grands projets urbains qui ont radicalement changé le visage de cet arrondissement populaire, cet ancien faubourg va lui aussi connaître une mue impressionnante. Alors que les partisans du programme – municipalité en tête – pointent du doigt l’insalubrité des logements, les risques de mise à l’écart des populations les plus vulnérables restent assez importants.

L’annonce a fait peu de bruit car très peu relayée dans les médias. Dans un entretien publié hier sur le site du huitième arrondissement de Budapest, l’adjoint au maire Botond Sára a annoncé le déblocage de 2 milliards de forint pour la mise en chantier de la première phase du plan de développement du quartier Orczy. Budget plutôt modeste au regard des moyens mobilisés pour réhabiliter le quartier voisin Magdolna (plus de 4 milliards en tout), d’autres investissements devraient suivre assure l’élu, avec en tête les précieuses aides de la Commission européenne en faveur des quartiers en difficulté.


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Le quartier Orczy est sans doute l’un des derniers faubourgs très populaires situés à proximité du centre-ville de Budapest. Les maisons basses, noircies par le temps, souvent décharnées, abritent souvent des familles en grande détresse sociale, en raison d’une concentration rare de logements publics à loyers très abordables. Ces derniers, vestiges de la période communiste, sont en réalité des logements sociaux «de faits», que la municipalité d’arrondissement a laissé se dégrader depuis plus de vingt ans. D’ailleurs, le quartier voisin de Corvin-Szigony avait été entièrement rasé au tournant des années 2000 pour des raisons d’insalubrité avancée. Le quartier Orczy ne devrait pourtant pas connaître le même sort, mais plutôt bénéficier d’un ravalement de façade très similaire à celui du quartier Magdolna, situé également à proximité.

Immeuble dégradé de Dioszeghi utca. Une réhabilitation qui n’aurait de sociale que le nom ?

Le vocable mobilisé – «réhabilitation sociale», «développement communautaire» – devrait autant rassurer que l’objectif affiché de conservation dans le giron de la municipalité, des logements remis à neuf. Dans la mesure où de nombreux logements ne disposent même pas de salle d’eau, leur agrandissement nécessaire s’accompagnera logiquement d’une baisse du stock d’appartements publics disponibles. Si l’on regarde la façon dont les relogements ont été opérés dans le cadre de programmes similaires à Budapest, il est très probable que de nombreux locataires se voient contraints de déménager dans la grande banlieue de la capitale, notamment Kőbánya ou Csepel. S’ils acceptent un dédommagement financier, la baisse votée l’année dernière de la base de son calcul par le conseil d’arrondissement ne leur permettra pas pour autant de se maintenir à telle proximité du centre. Enfin, l’augmentation mécanique des charges – due à la recatégorisation des logements après rénovation – alourdira la contrainte financière pour les ménages, dont de nombreuses ont été mises à la rue dans les secteurs déjà réhabilités.

Dans le quartier Magdolna, de nombreuses expulsions ont défrayé la chronique l’an passé.

L’ambition du maire d’arrondissement, le très conservateur Máté Kocsis, semble de plus en plus claire concernant sa stratégie de résorption de la pauvreté. Son annonce très récente de conditionner les aides municipales pour le recouvrement des arriérés à la «bonne volonté» des familles, confirme par ailleurs ce que nous avions déjà écrit sur les enjeux de telle conception morale de la question sociale. Considéré comme un quartier dangereux, en raison de nombreux drogtanya («fermes de drogue»), beaucoup de résidents sont de toutes façons déjà condamnés à ses yeux pour leur «déviance» (sic). Ayant décidé de rehausser les critères d’attribution des logements vacants, avec notamment l’idée d’un salaire palier et une limite d’âge, l’édile du Fidesz cherche très clairement à attirer les jeunes ménages ayant une situation professionnelle stable et un comportement conforme à ses desiderata.

Un quartier touché par des grands projets métropolitains Projets de complexes de bureaux entre le quartier Corvin et Orczy.

Comme le rappelle Botond Sára dans son entretien, il ne faut pas non plus oublier la connexion de la réhabilitation du quartier Orczy avec d’autres projets urbains menés à proximité. Qu’il s’agisse de la rutilante nouvelle Université nationale d’administration publique («l’ENA à la hongroise») sur le campus Ludovica ou encore du Parc scientifique construit dans le prolongement de la promenade Corvin, l’équipe municipale aimerait faire advenir un quartier conforme à la stratégie métropolitaine du maire Budapest István Tarlós. L’opération est également intéressante du point de vue électoral, dans la mesure où les étudiants qui devraient trouver leur logement dans le futur quartier Orczy, aspirent à devenir hauts fonctionnaires, policiers ou militaires, secteurs professionnels considérés comme plutôt acquis à la droite.

Elèves de l’Université nationale d’administration en tenue d’apparat.

Il est vrai que lorsque le promeneur voit l’état des logements de ce quartier, notamment sur Diószeghi Sámuel utca, pareilles craintes ne semblent pas tenir face à la nécessité d’agir. Pour autant, telle politique urbaine – connue sous le terme d’urbanisme de projet – se préoccupe très rarement des questions d’exclusion sociale, dans la mesure où ce genre de problèmes se résout plutôt par des mesures structurelles – fiscalité redistributrice, État providence, lutte contre le chômage. Sans vouloir être trouble-fête, il est fort à parier que si le quartier Orczy retrouve effectivement des belles couleurs et qu’il sort du marasme social dans lequel il est, cela se fera très certainement sans ses actuels occupants.

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Brexit : «La Hongrie et la Pologne soutiennent le “moins d’Europe”»

HU-LALA (Hongrie) - mer, 15/06/2016 - 12:06
Pour Edit Zgut, du think tank Political Capital, un Brexit aurait forcément des conséquences sur la perception de l’Union européenne en Europe centrale, mais un « Hunxit » n’est pas à l’ordre du jour. Edit Zgut – Political Capital.

Hulala : Y a-t-il une position commune des pays du groupe de Visegrád (Pologne, Hongrie, Tchéquie, Slovaquie : V4) sur la question du référendum britannique ?

Edit Zgut : Les pays du V4 ont récemment déclaré qu’ils aimeraient voir la Grande-Bretagne rester au sein de l’Union européenne et qu’ils ne soutenaient pas l’idée d’un Brexit. Le Ministre hongrois des Finances, Mihály Varga, a annoncé que le Brexit aurait un impact estimé de 0,3-0,4 % sur la croissance économique hongroise et pourrait avoir un impact aussi sur le système de cofinancement européen, étant donné que la Grande-Bretagne est un contributeur net au budget de l’Union européenne.

On dit que les pays d’Europe centrale partagent la vision britannique d’une Union européenne marché plus qu’espace d’intégration politique.

La Hongrie et la Pologne ont ouvertement soutenu la position britannique du « moins d’Europe » et une plus grande souveraineté pour les États membres. Mais quand on vient à un autre point crucial, comme la libéralisation des services, la Hongrie et la Grande-Bretagne ne peuvent pas être sur la même position. En ce qui concerne le deal britannique (qui serait mise en œuvre si la Grande-Bretagne reste dans l’UE), le Fidesz, le Jobbik et le LMP ont soutenu la majeure partie du plan de réforme de Cameron contre la centralisation de Bruxelles et pour le moins d’Europe, ne s’opposant qu’à une seule chose : la discrimination contre les travailleurs étrangers. L’ironie, c’est que cela pourrait ouvrir la boîte de Pandore et resserrer l’accès aux autres marchés du travail des pays comme l’Allemagne et l’Autriche pour les travailleurs est-européens.

En cas de Brexit, tout dépendra de la direction que va prendre l’UE. Comme il y a un certain manque d’appétit pour une Europe fédérale – même parmi les pays fondateurs comme la France ou l’Allemagne – les pays du V4 pourraient avoir la chance de ne pas se retrouver exclus d’une Europe approfondie.

Un Brexit pourrait-il donner des idées à d’autres pays de l’Europe centrale ?

Le gouvernement tchèque a déjà annoncé que, dans le cas d’un Brexit, Prague se réservait le droit de mettre sur la table le sujet d’un référendum, mais il y a eu un manque de volonté politique des députés au Parlement tchèque.

Le gouvernement hongrois a annoncé qu’il n’y aurait pas de « Hunxit », aucun des partis hongrois ne soutenant officiellement la sortie de la Hongrie (ni de la Grande-Bretagne) de l’Union européenne. Bien que Jobbik (ndlr : extrême-droite) réclame depuis longtemps un référendum sur l’UE et que le parti a déjà brûlé le drapeau européen publiquement.

Viktor Orbán a utilisé l’expression « Il y a une vie en dehors de l’UE » pour la première fois en 2002 et il a eu recours à cette rhétorique eurosceptique de temps à autre, comme un jeu politique, dans le cadre de sa « lutte pour la liberté » face à l’Occident. Mais du point de vue économique, Orbán est conscient que l’isolement aurait peu de sens pour la Hongrie qui, en raison de sa situation économique et géographique, réalise la majorité de ces échanges commerciaux avec les autres marchés de l’UE. Il ne faut pas publier non plus les fonds de cohésion de l’Union européenne, qui facilitent le développement économique et social : 97% des projets de développement réalisés en Hongrie ont été cofinancés par l’Union européenne (il reste à voir comment la Hongrie va se comporter après 2020, lorsque ces fonds auront été sévèrement réduits ou si le « gâteau sera plus petit » avec le budget-cadre des sept prochaines années).

Mais un Brexit pourrait sans aucun doute devenir un élément du processus de désintégration de l’Union européenne. Il pourrait avoir un impact sur l’opinion publique hongroise et la confiance dans une Europe affaiblie pourrait chuter encore plus.

Photo : David HOLT / creative commons

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10+2 raisons pour lesquelles la Hongrie va gagner l’Euro 2016

HU-LALA (Hongrie) - mar, 14/06/2016 - 21:58
Ce soir, la Hongrie affronte l’Autriche à Bordeaux et vous en avez entendu parler partout ce mardi matin. Mais plutôt que de nous attarder sur une anthologie du ballon rond danubien (et de toute façon, on a plus le temps), nous vous donnons la preuve par dix que les Magyars vont tout défoncer en France.

1. Parce que l’honneur de Viktor Orbán en dépend

« Écoutez les gars : j’ai pas dilapidé le budget de l’État dans des stades clinquants et dans ma précieuse Puskás Akadémia de Felcsút pour que vous fassiez les margoulins dans un hôtel à 500 balles la chambre par nuit avec golf mitoyen à côté de Nice. Bottez le cul de vos adversaires et rendez-moi fier, bordel ». (dialogue fictif, bien entendu).

2. Parce qu’elle a failli le faire en 1964

Vaincus par les Ibériques en demi-finale de l’Euro, les Magyars extirpent les Danois du podium (3-1) après prolongations. La bande à Bene (Ferenc) conquiert la médaille de bronze derrière l’URSS et l’Espagne. Flórián Álbert figure parmi le Onze de rêve du tournoi. Pourquoi pas rêver aussi en 2016 ?

3. Parce qu’elle a aussi failli le faire en 1972

L’équipe magyare la plus salace de l’histoire avec son portier Géczi (ressemble à geci, qui signifie «foutre») et son milieu Kű (Lajos de son prénom), échoue aux portes de la finale face à la Belgique coachée par Raymond Goethals. Celui qui amènera à l’OM la seule Ligue des Champions française. Nino Ferrer dirait que c’est le destin.

4. Parce que les ultras magyars ont du coffre

Ces messieurs réveillent Bordeaux avec des « Magyarország ! » et leur single actuel lancé en Gironde est un tube en puissance : « Qui est cette putain de Conchita Wurst de mes deux ? ». Déjà n°1 dans les bacs.

5. Parce qu’un invité-surprise peut triompher

Et en l’occurrence, cet événement inattendu s’est produit lorsque le Danemark a remplacé la Yougoslavie au pied levé en 1992 à cause du conflit régional l’ayant empêchée de concourir en Suède. Peter Schmiechel and co surprennent l’Allemagne championne du Monde 2-0 et s’adjugent le trophée.

6. Parce que Gábor Király est un dieu-vivant

Non content d’avoir explosé le record de sélections détenu jusqu’alors par le milieu défensif de l’Equipe d’Or József Bozsik (103 VS 101), le gardien en jogging quadragénaire du Haladás va officiellement devenir le doyen historique de l’Euro au nez et à la barbe de Lothar Matthaüs. Respect.

7. Parce que les barrages lui ont souri

En tirant la Norvège, le « Nemzeti 11 » était loin de respirer la sérénité. Une victoire 1-0 à l’extérieur grâce au jeune talent rouquin László Kleinheisler et une lucarne de Priskin parachevant un succès 2-1 à domicile plus tard, Budapest s’est sentie invincible deux soirées de novembre. Pourvu que ça dure.

8. Parce que le purgatoire a trop duré

Quarante-quatre ans sans Euro, trente sans Mondial. La dernière fois qu’on a vu les Magyars se confronter à l’élite internationale, c’était en 1986 sous le cagnard du Mexique. Trois matchs plantés dont une défaite 3-0 face aux Bleus de Platini ont eu raison des modestes Hongrois éliminés d’entrée.

9. Parce que les huitièmes sont accessibles

Lorsqu’il dirigeait l’UEFA, Michel Platini souhaitait élargir l’Euro 2016 à 24 équipes. Hommage lui soit rendu. Changement de donne concret ? Six groupes contre quatre et seize places qualificatives contre huit. Donc une deuxième phase où la Hongrie pourrait se retrouver si elle s’arrache. Merci « Platoche ».

10. Parce que le contentieux avec l’Autriche doit être réglé

Certes, les deux nations ont passé un Compromis Historique (1867) fondateur de la Double-Monarchie. Certes, les Rot-Weiss-Roten et les Magyars ont joué 136 matchs en dépit des bisbilles diplomatiques. Certes, Sindelar et Puskás ont chacun marqué le foot de leur empreinte dans leurs pays respectifs. Certes, la Hongrie a gagné le dernier duel d’août 2006. Mais pour ce 137ème, pas question de flancher.

11. Parce qu’elle a le meilleur arbitre du globe

Viktor Kassai a le rouge moins facile que Clément Turpin, mais un CV béton d’arbitre international. Demi-finale du Mondial 2010, finale de la Champions League 2011, match inaugural de l’Euro 2016. Plus Italie-Suède vendredi. Le «meilleur produit d’exportation du foot hongrois», dixit Népszabadság.

12. Parce qu’elle fait ami-ami avec ses “ennemis”

«Hé mec, c’est pas parce que t’es Autrichien qu’on va te détester toi et toute ta descendance. On a ruiné nos PEL toi et moi (moi plus que toi, mais peu importe) pour voir ce match de Bordeaux. Et en plus, on a gagné au final, donc je suis d’humeur joyeuse. Allez viens, on va se descendre une pálinka ensemble». Il est vrai que l’ambiance a été belle mardi à Bordeaux !

Hajrá Magyarország !

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