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Viktor Orbán chahuté lors de la fête nationale hongroise

HU-LALA (Hongrie) - dim, 23/10/2016 - 22:31
La Hongrie célébrait aujourd’hui les soixante ans de l’insurrection de Budapest contre l’armée soviétique. Dans un climat tendu, des centaines de manifestants ont sifflé ce dimanche le discours du Premier ministre Viktor Orbán, en présence du président polonais Andrzej Duda. Devant le Parlement, quelques bagarres mineures ont éclaté dans la foule et un éminent intellectuel a reçu un coup au visage.

Budapest – L’ambiance n’étais pas à l’union nationale, alors que le pays célébrait ce dimanche le soixantième anniversaire de l’insurrection de Budapest contre l’armée soviétique. Le gouvernement avait pourtant voulu faire les choses en grand, invitant notamment le président polonais Andrzej Duda à prononcer un discours aux côtés de Viktor Orbán devant le Parlement. Mais les cérémonies officielles ont été débordées par l’actualité politique, particulièrement tendue depuis la suspension du principal journal d’opposition Népszabadság, considérée par la gauche comme une énième preuve du tournant autocratique du Fidesz au pouvoir.

Hongrie : des journalistes dénoncent un «putsch» à Népszabadság

Comme à son habitude, Viktor Orbán a fait de la tribune qui lui était donnée le moyen d’attaquer la Commission européenne, estimant que celle-ci «faisait le choix du modèle le moins coûteux, le plus dilué, le plus confortable, préférant les immigrés à ses propres enfants, préférant la spéculation au travail». Avant lui, Andrzej Duda avait rendu hommage en hongrois à l’amitié hungaro-polonaise et donné le ton de cette célébration : «C’est vrai que nous sommes éloignés de l’Occident, mais nous allons réussir à obtenir la même prospérité». Rendant hommage aux insurgés de 1956, les comparant aux grévistes de Gdansk, le chef d’État polonais a en tout cas donné du symbole au rapprochement entre les deux pays piliers du groupe de Visegrád.

«Ce ne sont pas des Hongrois ! Ce sont des communistes !»

Devant le Parlement, le petit parti d’opposition – Ensemble (Együtt) – avait rassemblé des partisans pour jouer les trouble-fêtes. Munis de sifflets, ces «agents provocateurs payés», comme les avait qualifiés un député du Fidesz quelques jours plus tôt à l’annonce de la contre-manifestation, ont créé une bronca presque continue pendant les discours d’Andrzej Duda et de Viktor Orbán. La situation a été tendue pendant une heure et demi entre les partisans et les détracteurs de Viktor Orbán. Plusieurs altercations et bagarres de faible intensité ont éclaté, rapidement étouffées par l’intervention d’autres manifestants ou d’agents de police en tenue civile. Ce qui n’a pas empêché les invectives de fuser. «Ceux qui sifflent, pour moi ce ne sont pas des Hongrois ! Ce ne sont pas des Hongrois ! Ce sont des communistes !», s’époumonait notamment un petit monsieur d’environ soixante ans venu avec son épouse et son fils (qui ont tenté de le calmer à plusieurs reprises). «De toute façon les libéraux et les communistes c’est la même chose !», renchérissait une autre femme.

«Démocratie ! Viktátor !»

De l’autre côté, un jeune quarantenaire en sweat à capuche répliquait du tac au tac à toutes les insultes, parfois énervé, parfois sur le ton de l’humour : «Ça vous dérange pas qu’ils soient en train de piller tout le pays ?!» Un vieux monsieur, cocarde tricolore sur la poitrine, veut alors lui faire entendre sa raison, scandalisé par les sifflets comme tant d’autres. L’incompréhension et la colère se lisent sur des centaines de visages. Mais chaque fois qu’une personne craque sous la nervosité et se met en tête d’aller flanquer une bonne correction à ces jeunes libéraux agitateurs qui scandent «Démocratie !» et «Viktátor !», elle est retenue par les autres. Une personne a toutefois reçu un coup et a eu l’arcade sourcilière légèrement ouverte lors d’une échauffourée. Il se trouve qu’il s’agit de l’éminent historien Krisztián Ungváry – dont la qualité des recherches scientifiques est reconnue bien au-delà des frontières de la Hongrie – qui était présent parmi les contre-manifestants sifflet à la bouche.

«Pour une révolution dans les urnes»

À quelques encablures de là, sur Blaha Lujza tér, tous les autres partis de gauche avaient décidé de tenir tribune commune en faveur de «la Hongrie dans l’Europe» et avec pour mot d’ordre «Lavons la honte». Devant une foule de 3000 ou 4000 sympathisants, le président du parti socialiste (MSzP), Gyula Molnár a estimé que le «gouvernement actuel n’était pas l’héritier d’Imre Nagy [à l’origine de l’insurrection de 1956, ndlr] mais de Rákosi [premier dirigeant communiste hongrois, fervent stalinien, ndlr]» et appelé l’opposition à s’unir pour réussir l’alternance en 2018. L’ancien Premier ministre Ferenc Gyurcsány (DK), a quant à lui critiqué la «contre-révolution» fomentée par le parti au pouvoir, ajoutant sa voix en faveur d’une «révolution dans les urnes» lors des prochains élections législatives dans deux ans. Enfin, Gergely Karácsony (Dialogue, PM) a enjoint les Hongrois de droite, ne se reconnaissant plus dans le Fidesz, à soutenir le mouvement de l’opposition. Pour ce faire, il a formulé des regrets à l’égard des émeutes de 2006, il y a dix ans jour pour jour, lorsque le gouvernement de gauche avait violemment réprimé les manifestations agitées par le Fidesz et le Jobbik en envoyant les forces de l’ordre.

Enfin, devant le cinéma Corvin, théâtre de violents affrontements il y a soixante ans, le Jobbik a aussi décidé de réunir plusieurs centaines de militants. Son président, Gábor Vona, a longuement critiqué les partis de gouvernement, coupables selon lui d’avoir tous accueilli dans leurs rangs, des anciens cadres du régime communiste. Accusant le gouvernement de Viktor Orbán de corruption, il a appelé le Premier ministre hongrois à démissionner et réclamé la tenue d’élections anticipées.

Le climat politique s’alourdit encore…

Pas d’émeutes ni de violences policières comme ce fut le cas lors du 50e anniversaire en 2006, l’année où la Hongrie a basculé, mais c’est tout de même dans une profonde division que le pays a honoré la mémoire des insurgés qui ont tenu tête avec héroïsme aux tanks soviétiques à l’automne 1956 et celle de leurs trois mille martyrs. Car le climat politique s’est encore alourdi ces dernières semaines en Hongrie. Outre l’affaire du Népszabadság, le Fidesz cherche à passer outre l’invalidité du référendum contre l’installation (sans l’accord de l’Assemblée nationale) de migrants en Hongrie en amendant la Constitution. S’appuyant sur les 3,2 millions d’électeurs qui ont voté dans le sens du gouvernement, il promeut une «nouvelle unité» qui prend les airs de pratiques héritées du système de parti unique. Le parti continue donc de resserrer son emprise sur le pays et l’opposition de gauche est aux abois.

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En 1956, les héros de Budapest

HU-LALA (Hongrie) - ven, 21/10/2016 - 12:45
Alors que la Hongrie s’apprête à commémorer le soixantième anniversaire du soulèvement anti-soviétique de l’automne 1956, nous avons rencontré les auteurs d’un livre qui célèbre vraiment les héros de l’insurrection de Budapest.

Tout est parti d’une photo. Une photo publiée dans Paris Match en novembre 56 qui montre un couple de deux jeunes insurgés : elle pansement sur la joue, lui arme à la main. Que sont devenus ces deux gavroches héroïques et romantiques des faubourgs ouvriers de Budapest ?

Eszter Balázs, historienne et Phil Casoar, journaliste, sont partis sur leurs traces. Leur enquête a été publiée au moment du cinquantième anniversaire de la révolution, il y a dix ans. Dans quelques jours sortira son édition en hongrois. A travers le destin de ces deux personnages centraux et des nombreuses ramifications, c’est la grande histoire que l’on entrevoit.

Nous avons eu le plaisir de recevoir les deux coauteurs du livre Les héros de Budapest dans notre émission « Francia Hangja », enregistrée samedi 15 octobre 2016 dans les studios de Tilos Rádió à Budapest. Ils nous racontent comment est venue l’idée et surtout l’envie de faire ce livre, les surprises qui ont jalonné leurs recherches et les difficultés à publier le livre en Hongrie.

Plutôt que de participer aux commémorations officielles qui divisent déjà le pays, pourquoi ne pas se plonger plutôt dans cette enquête passionnante ?

Nos invités :

Eszter Balázs : docteure en histoire, diplômée de l’Ecole des hautes études en sciences sociales.

Phil Casoar : journaliste passé à Libération, Fluide Glacial, auteur de documentaires…

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Le Népszabadság hébergé dans le journal…des sans-abri de Budapest !

HU-LALA (Hongrie) - jeu, 20/10/2016 - 14:38
Le journal Fedél Nélkül rend un hommage chaleureux ce jeudi à son confrère disparu.

La situation est tristement ironique. Les journalistes du quotidien de centre-gauche mis au chômage technique par leur direction ont trouvé un hébergement provisoire…dans les colonnes de Fedél Nélkül, le journal vendu par les sans-abri dans les rues de la capitale hongroise.

Un cahier supplément d’une douzaine de pages a été incrusté dans le journal habituel, comportant les contributions de journalistes extérieurs (les journalistes du Népszabadság n’ont pas eu le droit d’y signer d’articles pour des raisons contractuelles), d’écrivains et d’artistes. Douze mille exemplaires ont été mis en vente, un tirage exceptionnel. Et tous les bénéfices seront reversés à des associations d’aide aux sans-abri.

Le dernier exemplaire du journal date du vendredi 7 octobre. La situation est toujours bloquée entre la direction du groupe propriétaire Mediaworks et les salariés du journal. Ceux-ci demeurent convaincus que le journal a été mis à mort par le gouvernement hongrois et que les treize journaux régionaux édités par le groupe seront revendus à une personne liée au Fidesz.

Hongrie : des journalistes dénoncent un «putsch» à Népszabadság

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Endettés en devises : le gouvernement arrête les frais à Ócsa

HU-LALA (Hongrie) - mer, 19/10/2016 - 20:36
Afin de pallier les effets désastreux de la crise des emprunts en devises étrangères survenue à la fin du mandat de Gordon Bajnai, le gouvernement mené par Viktor Orbán avait lancé en 2011 la construction de 500 logements à loyer modéré à Ócsa, une petite commune au sud-est de Budapest.

Le projet d’Ócsa était à l’arrêt depuis plusieurs années et rapidement après son lancement, il s’était avéré qu’il n’irait jamais à son terme. À l’origine, il était destiné à héberger des familles qui s’étaient trouvé surendettées après avoir contracté des prêts pourris en franc suisse, en yen ou en euro, puis expulsées de chez elles.

Le gouvernement a finalement révoqué son décret de 2011 sur la construction de maisons, écrit le journal officiel hongrois (magyar közlöny). 80 maisonnettes ont tout de même poussé de terre. Le projet avait été très critiqué, son coût étant démesuré au regard du prix du mètre carré. L’Ordre de Malte, l’organisation de charité qui pilotait la réinsertion sociale des habitants du nouveau lotissement, avait d’ailleurs cessé son activité dès le printemps dernier.

Ces Hongrois hypothéqués par les banques

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En Hongrie, résultats contrastés en matière de pauvreté

HU-LALA (Hongrie) - mar, 18/10/2016 - 15:17
Eurostat, l’agence de production de statistiques de l’Union européenne a publié son rapport annuel lundi, à l’occasion de la Journée internationale des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté. La situation en Hongrie reste contrastée.

Au niveau de l’Union européenne, de l’Europe centrale et de de la Hongrie, le taux de personnes en «risque de pauvreté ou d’exclusion sociale» enregistré par Eurostat est revenu à ce qu’il était en 2008, avant la crise financière et économique mondiale. En Hongrie, 28,2 % de la population était touchée en 2015 contre 33 % deux ans plus tôt, soit 2 300 000 personnes. Ces chiffres ne sont pas forcément une bonne nouvelle pour les Hongrois, dans la mesure où cet indicateur n’est pas une mesure de richesse ni des inégalités, mais se contente de comptabiliser «les  personnes qui étaient affectées par au moins une des trois conditions suivantes: en risque de pauvreté après transferts sociaux (…), en situation de privation matérielle sévère ou vivant dans des ménages à très faible intensité de travail».

Des indicateurs dans le rouge, sauf sur le front de l’emploi des plus pauvres

Si l’on regarde les chiffres dans le détail, en Hongrie, la part des personnes présentant un risque de pauvreté après transferts sociaux (ce que l’on appelle la «pauvreté monétaire») est passée de 12,4% à 14,9% entre 2008 et 2015 contre 16,5% et 17,3% pour l’ensemble de l’Union européenne. Selon la définition d’Eurostat, cette mesure permet «d’offrir un point de comparaison des bas revenus par rapport aux revenus des autres habitants d’un pays donné». Ce taux est calculé de façon relative : il comptabilise la part des ménages ayant un revenu disponible (c’est-à-dire prêt à être dépensé. En ce qui nous concerne, après versement des minima sociaux) inférieur au seuil de risque de pauvreté, fixé à 60 % du revenu disponible équivalent médian national après transferts sociaux. Comme le rappelle l’Observatoire des inégalités, les mesures relatives de la pauvreté ou du risque de pauvreté ne tiennent pas compte de l’évolution du niveau de vie ou du revenu médian, ce qui signifie que les taux mesurés peuvent être perçus comme en baisse lorsqu’une société, dans son ensemble, s’appauvrit.

La société hongroise, une poire pourrie !

Concernant la privation matérielle sévère, l’on observe un net décrochage de la Hongrie par rapport à l’ensemble des pays européens. Entre 2008 et 2015, le taux de personnes appartenant à cette catégorie est passé de 17,9% à 19,4%, contre 8,5% à 8,1% pour l’ensemble de l’Union européenne. À titre de comparaison, ce taux est passé de 17,7% à 8,1% en Pologne, de 11,8% à 9,0% en Slovaquie et de 6,8% à 5,6% en Tchéquie voisines. Les résultats sont au contraire particulièrement favorables à la Hongrie en ce qui concerne le taux de ménages en faible intensité de travail, avec une évolution de 12,0% à 9,4% entre 2008 et 2015, contre 9,2% et 10,5% pour l’ensemble des pays européens.

La «société du travail» du Fidesz mise en cause

Ces résultats contrastés traduisent bien la politique hétérodoxe menée par le gouvernement de Viktor Orbán sur le front du développement économique et de l’emploi. Si le pays affiche de bons taux de croissance, l’on observe les limites de la «société du travail» promue par le Fidesz, dans la mesure où elle produit une dégradation nette des conditions de vie des plus pauvres. Le durcissement du cadre de versement des prestations chômage, notamment la limitation de la période d’indemnisation à 3 mois ou encore l’obligation de travailler pour un service d’intérêt général afin de toucher un taux plein, semblent être les principaux responsables des résultats observés. Sans compter pour les basses franges de la classe moyenne et les classes populaires les effets de la dégradation des services publics de la santé et de l’école.

Le petit parti parlementaire de gauche Párbeszéd (Dialogue) a organisé un flashmob lundi sur Kossuth tér, devant le parlement, étalant 400 cuillères sur le sol pour attirer l’attention sur la pauvreté infantile. La coprésidente du parti, Tímea Szabó, a déclaré aux journalistes que plus de quatre millions de personnes vivent avec moins de 90 000 forint par mois en Hongrie (300 euros). Selon elle, le nombre d’enfants vivant dans la pauvreté a augmenté de 38 % à 42 % de 2010 à 2014 et plus d’un demi million de personnes vit dans des maisons sans toilettes. La députée en a profité pour décocher une flèche contre le gouvernement : «[et pendant ce temps là] nous devenons le pays des voleurs avec des gens comme Antal Rogán, János Lázár, Andy Vajna et György Matolcsy».

Zsuzsa Ferge, sociologue, hongroise et bourdieusienne

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À Budapest, la rue se fait entendre contre Viktor Orbán

HU-LALA (Hongrie) - dim, 16/10/2016 - 23:46
Plusieurs milliers de Hongrois ont défilé ce dimanche à Budapest contre leur gouvernement. Dans un contexte politique tendu, marqué par la suspension du Népszabadság, principal quotidien d’opposition, les manifestants s’en sont pris à la «corruption généralisée» à la tête du pays et réclamé à plusieurs reprises le départ du Premier ministre Viktor Orbán.

Lancé comme un événement Facebook, le rassemblement organisé par les partis de gauche Ensemble (Együtt), PM et LMP s’est transformé dimanche après-midi en manifestation d’ampleur contre le gouvernement de Viktor Orbán. Une dizaine de milliers de Hongrois se sont massés entre Ferenciek tere et le pont Erzsébet à Budapest, pour protester contre la «liberté volée» en Hongrie et faire entendre leur voix face à un pouvoir de plus en plus hermétique à la contestation. Selon le texte accompagnant l’événement Facebook, cette démonstration de force est là pour montrer que les Hongrois «en ont marre que Viktor Orbán et sa bande mettent à sac le pays».

De nombreux participants ont manifesté avec dans leurs mains, un exemplaire du Népszabadság, quotidien de centre-gauche dont la suspension il y a une semaine est devenue le symbole du climat de tension qui règne dans le pays. De ce point de vue, cette manifestation amplifie sensiblement le rassemblement spontané qui s’est tenu samedi 8 octobre dernier pour protester contre la décision de «chômage technique» prise par le propriétaire du titre, le groupe autrichien Mediaworks. Beaucoup voient derrière cette opération Lőrinc Mészáros et Gábor Liszkay, deux très proches de Viktor Orbán accusés de vouloir mettre la main sur une institution du paysage médiatique hongrois, mais surtout s’accaparer plusieurs titres de la presse quotidienne régionale.

«On ne peut plus parler de gouvernement, mais de crime organisé»

Se succédant à la tribune, les leaders des partis organisateurs ont rivalisé dans leur dénonciation de l’orbanisme au pouvoir. Benedek Jávor (PM) a critiqué le premier «une corruption et un vol organisés au plus haut sommet de l’État», appelant la société civile et les médias à tenir bon. Ákos Hadházy, co-président du LMP a quant à lui menacé directement le gouvernement d’une insurrection populaire, si jamais il s’avérait que les institutions démocratiques ne fonctionnaient plus normalement, précisant toutefois «ne pas souhaiter en arriver là». Enfin, Péter Juhász, président du parti Ensemble (Együtt) a ciblé la confiscation des moyens de l’État par un petit groupe massé autour de Viktor Orbán, estimant à ce sujet «qu’on ne [pouvait] plus parler de gouvernement, mais de crime organisé». Péter Juhász a conclu son intervention en appelant tous les Hongrois à siffler leur Premier ministre dans tous ses déplacements à venir dans le pays.

Hongrie : des journalistes dénoncent un «putsch» à Népszabadság

Directement mis en cause par les organisateurs, le Fidesz de Viktor Orbán a réagi par voie de presse au moment où les manifestants se rassemblaient dans les rues de Budapest. Le porte-parole du parti, Gergely Gulyás s’est ainsi demandé «contre qui s’orientait ce rassemblement commun au “nom de la liberté de la presse”», rejetant en bloc les accusations d’ingérence du pouvoir dans la suspension du Népszabadság. La semaine dernière, le propriétaire de Mediaworks, Heinrich Pecina, a volé au secours du gouvernement hongrois en combattant formellement la dimension politique qu’a prise l’affaire, sans pour autant donner d’explication sur la méthode employée, brutale et sans préavis.

Si l’affaire du Népszabadság semble jouer un rôle de catalyseur, la tension qui règne en Hongrie s’explique surtout par l’onde de choc causée par l’invalidation du référendum sur les quotas de réfugiés le 4 octobre dernier. Véritable camouflet personnel pour Viktor Orbán, les résultats du scrutin ont surtout montré l’existence de deux Hongrie dont les antagonismes ont été électrisés par une campagne référendaire particulièrement virulente. Par ailleurs, le pays s’apprête à célébrer à la fin du mois d’octobre le soixantième anniversaire de l’insurrection de 1956, dont l’héritage et le symbole sont âprement disputés par la gauche et la droite. Depuis l’arrivée au pouvoir de Viktor Orbán en 2010, les manifestations antigouvernementales se sont toujours soldées par des échecs, en raison à la fois de l’habileté tactique du Premier ministre, prompte à démobiliser son opposition, mais aussi de la fragmentation des partis de gauche jusqu’à présent incapables de formuler une réponse commune à la colère sourde qui traverse le pays.

La Hongrie est divisée comme jamais elle ne l’a été

Sources : 24.hu, 444.hu

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Après Népszabadság, le journal Népszava en danger

HU-LALA (Hongrie) - ven, 14/10/2016 - 16:19
Après des mois de tractations, TGD Intermedia SA a cédé les droits d’édition du journal de gauche Népszava à un autre groupe suisse, Marquard Média. Le premier avait la réputation d’être proche des socialistes, le second est quant à lui connu pour publier en Hongrie des magazines tels que Joy, Playboy ou encore Éva magazin.

La direction de Marquard Media a indiqué qu’elle comptait informer prochainement les cinquante salariés de Népszava («la parole du peuple») sur le futur de leur journal et de leur emploi. Le nombre de collaborateurs du journal à baissé au cours des dernières années, la direction ayant mis en place des mesures d’économies drastiques.

Marquard Média entretient des liens étroits avec la Hongrie. Le groupe avait acheté le Magyar Hírlap en 2006 avant de le revendre en 2008. Son propriétaire, Jürg Marquard, est lui-même Consul général honoraire de Hongrie en Suisse depuis 1995.

Selon les informations du quotidien hongrois Magyar Nemzet, de futurs licenciements sont à craindre et une disparition pure et simple du titre n’est pas inenvisageable.

Si la disparition de Népszava venait à arriver, c’est tout simplement le plus ancien et le dernier journal quotidien national de gauche qui disparaîtrait, après le Népszabadság dont la parution est suspendue depuis le vendredi 7 octobre.

Hongrie : des journalistes dénoncent un «putsch» à Népszabadság

Sources : Index.hu, MNO.hu

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Andrzej Wajda en huit films

HU-LALA (Hongrie) - lun, 10/10/2016 - 19:37
S’il paraît impossible de résumer la longue et riche carrière du réalisateur polonais en une poignée de films, ces quelques extraits ou bande-annonces (en VOST), qui ont marqué le cinéma au cours des dernières décennies, permettent de se souvenir (ou de découvrir) l’oeuvre de celui que ses compatriotes appelaient respectueusement «Maître». Kanał (Ils aimaient la vie), 1957

C’est le deuxième film du jeune Andrzej Wajda, récemment sorti de l’école de cinéma de Łódź. Il raconte l’envie de vivre et la peur de mourir d’un groupe de soldats qui, encerclés par les Allemands lors de l’insurrection de Varsovie en 1944, fuient par les égouts pour rejoindre le centre-ville.

Popiół i diament (Cendres et diamant), 1958

«Andrzej Wajda reprend un thème douloureux : le déchirement de la Pologne au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Cette œuvre brillante, pleine d’émotion, parfois même de tendresse, aux images d’une beauté insolite, est essentiellement dramatique et tragique.[…] Le titre même du film est extrait d’un poème évoquant les diamants de l’amour qui scintillent parmi les cendres froides de la guerre.» (Répertoire général des films 1960, édition Penser-Vrai, 1960)

Człowiek z marmuru (L’homme de marbre), 1976

Une jeune réalisatrice enquête sur un maçon devenu héros national dans les années 50 puis tombé dans l’oubli. Pour déjouer la censure, le film est présenté par «surprise» au festival de Cannes, comme l’a raconté son ancien président, Gilles Jacob, à l’AFP : «Un jour, l’exploitant Tony Molière, ami de Wajda, me montre la copie arrivée par des voies mystérieuses. Je communique avec Andrzej par sa femme Krystina qui est francophone, et nous décidons de présenter le film à Cannes sans la présence de Wajda. (…) Pour conserver le secret absolu, j’ai l’idée d’un “film surprise”. Il est transporté dans des bobines, cachées dans un appartement, porteuses d’un faux titre : J’irai cracher sur vos tombes». Lors de la projection, le succès est immédiat. «Pour la première fois, un film européen a été analysé à la rubrique politique dans The New York Times».

Człowiek z żelaza (L’homme de fer), 1981

«Je suis arrivé à Gdansk en juillet 1980 en tant que représentant de l’Association des cinéastes. Nous nous battions à l’époque pour avoir le droit de filmer les événements politiques au moment où ils survenaient. Ce n’était pas facile. Néanmoins, nous avons eu l’autorisation de poser nos caméras dans les chantiers à la condition de ne pas garder nos rushs. Nous nous sommes engagés à les rendre aux autorités. À cette époque, j’avais déjà tourné L’Homme de marbre, une histoire des répressions sanglantes contre des grévistes des chantiers navals en 1970.
Dix ans plus tard, un ouvrier me conduisait à travers les chantiers à nouveau en grève. Il avait un brassard rouge et blanc. Il me frayait un chemin dans la foule depuis le portail jusqu’à la salle des réunions. Soudain, il m’a dit: «Monsieur Andrzej, faites un film sur nous.» «Quel film?», ai-je demandé. «Eh bien, vous avez fait L’Homme de marbre, faites maintenant L’Homme de fer.» Je n’ai jamais réalisé de film sur commande, mais celle-ci venait d’un simple ouvrier et je me suis dit que j’allais le faire. Il fallait profiter au plus vite de ce moment de liberté. Le tournage a commencé fin 1980.»

(Propos recueillis par Maya Szymanowska pour Le Figaro, en 2014, à l’occasion de la sortie de L’homme du peuple)

Danton (1983)

Beaucoup ont vu dans cette adaptation d’une pièce de théâtre évoquant le printemps de la Terreur de 1794 une métaphore de la Pologne de 1982. À travers l’affrontement de Danton, joué fiévreusement par un Depardieu à son zénith, et Robespierre, les critiques ont reconnu le syndicaliste Lech Wałęsa faisant face à Wojciech Jaruzelski, l’homme fort de la Pologne communiste. Wajda niera la correspondance entre les deux époques politiques, attaché à dépeindre le dilemme universel de tout révolutionnaire : après la victoire, faut-il s’arrêter et faire la paix avec ses ennemis ou bien aller jusqu’au bout du processus, quitte à sombrer dans la dictature? Wadja recevra le prix Louis-Delluc et le césar du meilleur réalisateur en France, ainsi que le Batfa du meilleur film étranger au Royaume-Uni. Le gouvernement socialiste français, depuis peu au pouvoir, aurait en revanche peu goûté une vision si noire de la Révolution française…

Katyń (2007)

Au printemps 1940, 22 500 officiers et intellectuels polonais sont assassinés par la police politique de l’Union soviétique, et enterrés dans la forêt de Katyń, près de la frontière biélorusse. La vérité ne sera connue qu’en 1990. Parmi les victimes se trouve le père d’Andrej Wajda, qui choisit de raconter cet épisode douloureux de l’histoire polonaise du point de vue de ceux qui cherchent la vérité.

Wałęsa (L’homme du peuple), 2013

Il s’agit d’un «biopic» consacré à l’ancien leader de Solidarność et ex-président de la République polonaise Lech Wałęsa, proche du réalisateur. L’amitié des deux hommes remonte aux années 1970, quand Wałęsa n’était encore qu’un simple électricien. Après visionnage, Wałęsa renâcle un peu devant le portrait qui est fait de lui : «Je n’ai pas été un tel bouffon, un homme aussi arrogant», tout en donnant sa bénédiction à l’oeuvre : «Je n’aurais pas grand-chose à changer à part quelques petits détails», soulignant qu’il n’a à aucun moment cherché à interférer dans le travail du réalisateur. Il faut dire que Wajda avait entrepris le tournage du film pour défendre Wałęsa, alors cible des conservateurs qui l’accusent encore aujourd’hui d’avoir collaboré avec les autorités communistes. «Quand nos amis font l’objet de calomnies, il faut bien les défendre. Ce rôle m’incombe», avait déclaré Wajda.

Powidoki (Après-image), 2016

C’est le dernier film du réalisateur, une biographie du peintre d’avant-garde Władysław Strzemiński, considérée par la presse polonaise comme une critique de l’actuel gouvernement ultraconservateur. «Avec ce film, je voulais mettre en garde contre toute intervention de l’Etat dans les affaires de l’Art», a-t-il déclaré lors de sa présentation au festival de cinéma de Gdnyia, fin septembre. Il ne sortira qu’en janvier 2017.

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Hongrie : le mouvement 4K! arrête la politique active

HU-LALA (Hongrie) - lun, 10/10/2016 - 18:55
Réuni en congrès ce week-end, le mouvement «Quatrième République !» (4K!) a annoncé arrêter la politique active et cesser son existence en tant que parti. L’organisation de gauche déclare vouloir consacrer son énergie à lutter contre Viktor Orbán et le «régime d’entente nationale» (NER) que ce dernier cherche à imposer en Hongrie.

Dans un communiqué publié dimanche 9 octobre sur son site Internet, le mouvement 4K! déclare s’autodissoudre afin de pouvoir s’investir là où c’est utile, afin de lutter contre le «régime d’entente nationale» (NER) voulu par le Premier ministre hongrois Viktor Orbán. Le NER est l’acronyme choisi par l’exécutif suite aux élections législatives de 2010 pour qualifier l’avènement d’une nouvelle ère politique incarnée par le Fidesz, fondée entre autres sur la recherche de la cohésion nationale et le rejet des formes contemporaines de démocratie libérale.

Selon 4K!, «cela ne sert à rien de rester statique dans la sous-démocratie que Viktor Orbán a installé dans le pays», estimant qu’en Hongrie,  «un régime autoritaire se met en place, lequel, à l’instar de ce qui se passe en Russie ou en Turquie, semble respecter les institutions démocratiques, alors que dans le même temps, il abolit la véritable compétition démocratique ainsi que l’indépendance de toutes les branches du pouvoir». Partant de là, le mouvement ne souhaite plus concourir aux élections, considérant que cela participe de la légitimation du système.

L’organisation de gauche, connue pour un positionnement original entre radicalité politique et attachement au modèle scandinave, appelle les partis d’opposition à ne plus siéger à l’Assemblée hongroise, l’unique chambre du Parlement. Coïncidence, lundi matin, la Coalition démocratique (DK) de l’ancien Premier ministre socialiste Ferenc Gyurcsány a en tout cas décidé de boycotter les travaux parlementaires pour une durée indéterminée.

La Coalition démocratique de Gyurcsány boycotte le Parlement

Fondé en avril 2012, le mouvement «Quatrième République !» est l’un des débouchés politiques des manifestations pour la liberté de la presse – «Milla» – du mois de mars de la même année. Coordonné entre autres par András Istvánffy, le parti qui se dit «patriote de gauche» n’est pas parvenu à présenter de liste nationale aux élections législatives de 2014, seulement quelques candidatures dans les circonscriptions en partenariat avec LMP (Une autre politique est possible).

La République selon 4K!

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Etele Plaza : encore un complexe commercial colossal pour Budapest

HU-LALA (Hongrie) - lun, 10/10/2016 - 14:29
Depuis la construction du métro 4 de Budapest, la valorisation du foncier aux abords de la ligne se poursuit à pas de géants. À Újbuda, à proximité du terminus sud et de la gare ferroviaire de Kelenföld, l’Etele Plaza, un colossal complexe commercial devrait sortir de terre à l’horizon 2019.

Újbuda et les abords de la gare de Kelenföld poursuivent leur développement. Avec l’arrivée du terminus du métro 4, presque en quai à quai avec les trains et à quelques dizaines de mètres d’arrêts de bus urbains et de cars régionaux, le secteur est devenu un véritable hub, un pôle intermodal au sud-ouest de Budapest. Par ailleurs, la proximité immédiate du carrefour autoroutier de Sasadi út et la construction d’un parking relais pour les habitants de la première couronne l’ont transformé en véritable entrée de ville pour tous ceux qui viennent de l’Ouest. Cette fonction devrait être confortée avec l’érection prochaine d’un gigantesque complexe commercial promu par Futureal, responsable notamment du très clinquant quartier Corvin dans le 8e arrondissement.

Annoncé lors de l’EXPO REAL de Munich par son promoteur, le chantier devrait s’écouler sur deux ans et ouvrir ses portes en 2019. L’Etele Plaza est conçu pour s’étendre sur 3 niveaux, disposer de 53000 m² de surface commerciale et compter en ses murs un grand cinéma multiplexe, à l’instar des monstres de béton dispersés un peu partout dans l’agglomération, que l’on songe à l’Arena Plaza près de la gare Keleti, au Mammut dans le 2e arrondissement ou encore au fameux WestEnd près de la gare Nyugati. L’accessibilité du complexe devrait être assurée par la construction d’un parking de 2400 places mais aussi, outre les transports en commun déjà existants, le prolongement de la ligne 1 du tramway au sud de Buda. Futureal table sur 40000 visiteurs journaliers.

(Source : Index)

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En Tchéquie, les sociaux-démocrates en recul aux régionales

HU-LALA (Hongrie) - lun, 10/10/2016 - 13:40
Les élections régionales se sont tenues ce week-end en Tchéquie. Le parti de centre-droit ANO, mené par le ministre des finances Andrej Babiš s’est imposé dans neuf régions sur treize. Les sociaux-démocrates du ČSSD enregistrent d’importantes pertes, mais devraient se maintenir au sein des exécutifs comme partenaires de coalition. Article publié le 10 octobre 2016 dans Radio Prague

Les sociaux-démocrates ont une réelle chance de faire partie des coalitions dans la plupart des régions de République tchèque, et cela malgré les résultats des élections régionales qui se sont tenues le week-end écoulé. C’est du moins ce qu’a annoncé le Premier ministre et leader du parti social démocrate (ČSSD), après une réunion des principaux représentants de la formation dimanche soir. Bohuslav Sobotka a également répété qu’avant les législatives de 2017, le parti doit adopter certains changements pour être plus «éligible». Le ČSSD, la principale formation gouvernementale, a défendu sa position forte seulement dans deux régions, contre neuf victoires en 2012. C’est son partenaire au sein de la coalition, le mouvement ANO, qui a remporté les régionales avec sa victoire dans neuf régions du pays.

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La Coalition démocratique de Gyurcsány boycotte le Parlement

HU-LALA (Hongrie) - lun, 10/10/2016 - 10:07
En Hongrie, les quatre députés de la Coalition démocratique (DK), dont l’ancien Premier ministre socialiste Ferenc Gyurcsány, ont décidé lundi de ne plus siéger dans l’hémicycle en riposte à la suspension du journal d’opposition Népszabadság.

Budapest – Il s’agit de la première riposte parlementaire d’un parti d’opposition suite à la suspension brutale du plus grand quotidien hongrois, Népszabadság, par son propriétaire la société Mediaworks. Les quatre députés de la Coalition démocratique (DK), élus en 2014 à la faveur d’une alliance progressiste avec le MSzP, PM, Együtt 2014, MLP et MoMa, ont décidé ce lundi de ne plus siéger jusqu’à nouvel ordre à l’Assemblée hongroise et de ne plus participer au travail parlementaire. Le boycott ne s’appliquera pas aux votes requérant les deux tiers de la représentation nationale, de façon à bloquer notamment des modifications de la Loi fondamentale, comme l’envisage notamment Viktor Orbán au sujet des quotas européens de réfugiés.

Le boycott de l’Assemblée peut être sanctionné par des mesures de rétorsion financière à l’encontre des députés «absentéistes». Plus risqué encore, la possibilité d’une exclusion pure et simple du Parlement en cas d’absentéisme prolongé, excédent un an. Les députés DK ont déclaré à ce sujet prévoir participer à au moins un vote sans grand intérêt à intervalle régulier de façon à ne pas perdre leur siège.

Les députés DK sont Ágnes Vadai, László Varjú, Lajos Oláh et l’ancien Premier ministre socialiste Ferenc Gyurcsány. Ce dernier a appelé tous les partis d’opposition au boycott de l’Assemblée lors de la manifestation de samedi soir sur Kossuth tér.

(source : Index)

Hongrie : des journalistes dénoncent un «putsch» à Népszabadság

 

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Jobbik se pose en challenger du Fidesz pour les élections 2018

HU-LALA (Hongrie) - lun, 10/10/2016 - 10:00
Le parti d’extrême-droite se pose en  principal challenger de la coalition Fidesz-KDNP et entame une «consultation nationale» en vue des élections législatives du printemps 2018, a annoncé son président Gábor Vona lors d’une conférence de presse vendredi à Gyöngyös.

Le Jobbik se définit comme la principale force d’opposition au gouvernement de Viktor Orbán et a l’intention d’occuper les terrains délaissés par le Fidesz trop absorbé par sa campagne anti-migrants. Le parti qui espère être le réceptacle de l’électorat déçu par le Fidesz dans les mois à venir a définit trois axes majeurs : santé, éducation et corruption.

Le Jobbik enverra des questionnaires aux ménages hongrois dans les jours à venir concernant ces trois thèmes sur lesquels le Fidesz est le plus critiqué, que ce soit par son opposition à gauche et à droite.

Selon des analystes, le concept de «nouvelle unité» martelé par le Premier ministre Viktor Orbán depuis le référendum du 2 octobre cacherait sa volonté de phagocyter l’électorat du Jobbik.

Sources : alfahír / jobbik.hu

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L’Affaire Népszabadság

HU-LALA (Hongrie) - dim, 09/10/2016 - 19:57
Une partie des lecteurs débattent sur Internet de quel journal était le Népszabadság. J’ai lu aussi dans un commentaire, que «népszabadság» («liberté du peuple») était un mot bolchévique, une vue de l’esprit un peu artificielle qui remonte pourtant à 1848. Petőfi, mais aussi Mihály Táncsics l’utilisaient. Tribune publiée le 9 octobre 2016 dans Kettős Mérce. Traduit du hongrois par Ludovic Lepeltier-Kutasi.

Peu importe. La plupart d’entre eux écrivent que le Népszabadság n’est plus un journal de gauche depuis des dizaines d’années. C’est vrai (tout comme c’est vrai que l’opposition «de gauche» n’est pas de gauche. C’est vrai. Dans le langage journalistique actuel, est de gauche celui qui s’oppose à Orbán. Bref, ce sont là des enfantillages). Tout ça n’a pas grand chose à voir avec le problème auquel nous sommes confrontés. Le préjudice ne concerne pas uniquement les médias de gauche ou les revues culturelles, mais atteint plus largement tous les espaces où l’on sent encore un peu de vivacité.

«Le cœur du problème, c’est que la droite au pouvoir détricote méthodiquement toute institution indépendante»

Le cœur du problème, c’est que la droite au pouvoir détricote méthodiquement – ou laisse détruire – toute institution indépendante. Et elle met à mal le petit souffle d’optimisme qui est né avec ou en même temps que la chute du communisme, et qu’elle avait jusqu’à présent épargné.

Ici il ne s’agit pas vraiment de la question démocratique. La démocratie, ça implique – et tout le monde l’aura oublié ou passé sous silence dans un quart de siècle -, que l’on se demande si la part relative des «basses franges des classes populaires» augmente au sein de la société, si celles-ci arrivent à se sortir d’une situation économiquement et politiquement dépendante, si leur bien-être progresse, si leurs niveau et condition de vie s’améliorent, si leur santé va mieux, si elles parviennent à ne pas être méprisées, si elles profitent des bienfaits de l’ascension sociale, si elles sont plus cultivées qu’avant, si les plus riches, les plus puissants, les mieux informés sont capables de reconnaître chez elles leurs aspirations et leurs envies, si elles peuvent prendre leur part dans la conduite des affaires publiques, si elles ont leur propre vision de la politique et du monde. Et si à toutes ces questions (et à plein d’autres interrogations similaires), la réponse est oui, alors on pourra seulement commencer à discuter de démocratie.

La liberté de la presse n’est pas une question de démocratie, mais une question liée aux conditions préalables à la démocratie. Dans la presse écrite et les autres médias, ce n’est pas le peuple qui débat, pas plus d’ailleurs que dans les médias interactifs ou participatifs, ni même vraiment dans la blogosphère autonome. Ce n’est pas le peuple, mais les journalistes, les chroniqueurs, les militants, les gens qui consacrent leur temps à ça, les excentriques qui ont le temps pour ça, qui partagent leur point de vue sur leur propre style de vie, ainsi que sur les singularités et les préjugés qui en découlent. La plupart des médias ne sont que des entreprises commerciales qui mettent à mal le bien commun.

La presse qui vit dans un environnement favorable à la liberté des médias – si l’on prend la peine de retenir ici l’approche libérale – ne fait que semblant de participer à la vie de la cité. La vie de la cité devrait trouver à s’épanouir auprès de tous nos concitoyen (de la majorité laïque du moins). Mais ce que l’on a ici, ce n’est pas la vie de la cité, ça n’est vraiment pas la vie démocratique de la cité. C’est dans le meilleur des cas une imitation un peu théâtrale de la vie de la cité, ou bien seulement une sorte d’aperçu incomplet. Mais au moins, elle donne du corps à cette idée abstraite selon laquelle il existe une infinie diversité d’opinions et d’interprétations.

Parmi celles-ci – peu importe si elles sont partielles ou éloignées des aspirations et des intérêts du peuple – il y a cette idée que l’autorité et la violence ne peuvent pas dicter leur loi.

C’est la condition minimale (au moins minimale ; le minimum ça reste peu) et essentielle pour jeter les bases de la souveraineté et de la liberté du peuple.

«La vie de la cité exige que l’État soit le garant de l’intérêt général»

La vie de la cité d’inspiration démocratique ainsi que la morale publique (même si dans le contexte actuel, il s’agit d’une utopie au niveau mondial, mais ça n’est pas grave) exigent que l’État soit le garant de l’intérêt général, non pas de l’intérêt individuel, et encore moins de l’intérêt spécifique d’une poignée de gens. L’intérêt du peuple (c’est-à-dire de tout le monde, sauf des riches et des puissants, en définitive de la grande majorité des gens) est plus proche de l’intérêt général que l’addition des intérêts particuliers de quelques groupes privilégiés. Dans leur compétition, les professionnels d’une vie pas vraiment authentiquement publique ne défendent du coup pas uniquement les intérêts d’un seul groupe privilégié, mais de plusieurs, et parfois ceux des groupes «en difficulté». Ça arrive.

Si ça aussi ça disparaît, alors la discussion, le développement, l’élaboration et la défense des objectifs démocratiques – pardon, en tout cas le combat permanent en leur faveur – ne seront plus possibles. Encore moins que jusqu’à présent. C’est pourquoi il faut que les gens de gauche défendent la liberté de la presse, qui est soit la liberté de tous (tous les types de médias, toutes les tendances politiques), soit celle de personne (c’est la liberté des tyrans).

Il ne fait aucun doute que ceux qui sont responsables de la suppression du Népszabadság sont de mauvaise foi. Même si ce journal – le meilleur quotidien de langue hongroise – n’était pas vraiment parfait, n’étant moi-même pas d’accord avec son orientation politique dominante (au-delà du fait qu’il ait galamment publié de temps en temps mes écrits, lesquels heurtaient souvent la vision du monde et le goût de la rédaction). C’est vraiment dommageable, et ce serait tout autant dommageable s’il s’agissait de Magyar Hírlap [proche du Fidesz] ou de kuruc.infó [proche du Jobbik]. Je regrette vraiment que lors de la manifestation de samedi soir, certains aient brûlé un exemplaire de Magyar Idők [proche du Fidesz]. Les démocrates n’ont pas à brûler des journaux et des livres. Pas parce que nos adversaires politiques ne seraient pas nos adversaires, mais parce qu’une des conditions de la démocratie c’est aussi la liberté d’expression de l’opposition démocratique. C’est un lieu commun, mais un lieu commun juste et vrai.

Ce n’est pas la liberté des partisans de la suppression des journaux avec lesquels ils ne sont pas d’accord qu’il faut limiter. Il faut plutôt lutter pour que les conditions préalables à la liberté, la souveraineté et la grandeur du peuple soient remplies, dont parmi les préconditions (les conditions préalables aux conditions préalables) figurent le débat médiatique libre et la pluralité des institutions de la vie publique. Bien sûr, la vie publique institutionnelle, c’est celle de la bourgeoisie. Dans la société bourgeoise – telle qu’on la trouve dans la Hongrie d’Orbán, comprenez bien, pas la bourgeoisie sophistiquée de Thomas Mann, Proust et Márai, mais bien la bourgeoisie possédante et capitaliste – ça reste inévitable, d’autant plus lorsqu’il n’y a pas (et il n’y a pas) de mouvements de classes qui lui font face.

«La suppression du Népszabadság est une crapulerie»

Ainsi, la suppression du Népszabadság – ou en tout cas sa mise à mal, si la droite décide de reculer face à l’indignation collective – est une crapulerie, même si, comme je l’ai dit au début de mon allocution lors de la manifestation, je ne me fais pas vraiment d’illusions sur la presse bourgeoise et libérale. Je ne m’en fais pas plus lorsque nous écrivons dans ses colonnes, bien que cela puisse avoir une influence (qu’on le veuille ou non) sur notre propre style politique. L’homme de gauche plébéien et démocrate qui ne s’oppose pas à la suppression du Népszabadság, à la limitation de la liberté de la presse, à la réduction de la liberté académique, à l’effilochage de la liberté de création, et toutes choses de cet ordre, est un sot qui court à sa propre perte.

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Hongrie : des journalistes dénoncent un «putsch» à Népszabadság

HU-LALA (Hongrie) - sam, 08/10/2016 - 11:59
Depuis samedi matin, la parution du titre et le site internet du Népszabadság, principal journal de gauche en Hongrie, sont suspendus, les journalistes n’ont plus accès à leurs bureaux ni à leur messagerie électronique. Cette nouvelle suscite de très vives inquiétudes en Hongrie. Plusieurs milliers de personnes ont manifesté hier soir à Budapest devant le Parlement.

Article continuellement mis à jour. Pour voir les dernières informations, rendez-vous tout en bas de la page.

Budapest – Un journaliste, qui a quitté Népszabadság il y a quelques mois, témoigne pour Hulala : «Les journalistes ne savent pas ce qui est en train de se passer. Ils ont été informés par courrier samedi matin que leur travail est suspendu jusqu’à nouvel ordre mais que leur salaire continue à être versé. Le déménagement de la rédaction devait avoir lieu ce week-end, tout était dans les cartons prêt à être déménagé.» Une fête devait même être organisée ce dimanche par les journalistes afin de célébrer l’événement, selon Index. Un mensonge de la direction pour évacuer en douce les anciens locaux de la rédaction : depuis samedi matin, ceux-ci ne sont plus accessible par les membres du personnels. Les journalistes n’ont également plus accès à leur messagerie professionnelle.

Sur la page Facebook du Népszabadság sur laquelle ils ont encore la main, les journalistes écrivent : «Chers abonnés, la rédaction de Népszabadság a été informée en même temps que le grand public de la fermeture sans délai de notre titre. Notre première analyse est qu’il s’agit d’un putsch. Nous vous tenons rapidement informés».

«On a vu toutes sortes de scandales sur le marché de la presse ces dernières années, mais ce qui se passe maintenant, l’abolition du premier journal d’opposition, c’est sans précédent, du jamais vu en Hongrie, reprend le journaliste que nous avons interrogé. Et maintenant nous n’avons aucune idée de ce qu’il va se passer. Selon les journalistes, c’est l’assassinat du journal. On essaie de tuer le journal de façon brutale et sournoise.»

«Selon les journalistes, c’est l’assassinat du journal»

Des rachats en série pour un titre en difficulté

Fondé en 1956, Népszabadság est l’ancien organe officiel du Parti socialiste ouvrier hongrois (MSzMP) de János Kádár, le dirigeant de la République populaire de Hongrie. Après la transition démocratique, le journal a été rapidement racheté par le groupe de médias allemand Bertelsmann AG. puis en 2003 par le suisse Ringier et enfin en 2014 par l’homme d’affaire autrichien Heinrich Pecina. Le Parti socialiste hongrois (MSzP), dont il a toujours été proche, a vendu ses parts du capital (27,65%) en juin 2015.

Le journaliste que nous avons interrogé revient sur l’atmosphère qui régnait ces dernières années : «On était dans l’expectative depuis que Mediaworks avait repris le journal il y a quelques années, car son propriétaire, Heinrich Pecina, n’a aucun intérêt pour la presse en Hongrie et passe pour être un homme de paille. Il y avait des suspicions, des théories de complot, mais nous n’avons vu aucuns signes avant-coureurs de ce qu’il s’est passé ce samedi matin, ce qu’on ne peut appeler autrement qu’un “coup”.»

Derrière le putsch, de fortes inquiétudes sur l’indépendance de la presse quotidienne régionale

Faut-il voir derrière ce «putsch» une volonté du gouvernement conservateur de tuer un journal d’opposition, de prendre son contrôle, ou cela relève-t-il d’une stratégie purement économique ? Des sources proches du Fidesz avaient affirmé mi-septembre au site d’actualités Index que le nouveau propriétaire de Mediaworks, proche du gouvernement hongrois, avait racheté la société éditrice du journal non pas par volonté d’en prendre possession mais pour prendre le contrôle de 13 titres de la Presse quotidienne régionale

Ce samedi,  la page internet du site indisponible affiche un communiqué de presse de Mediaworks, en hongrois et en anglais, selon lequel la société avait acquis le 30 septembre la société Pannon Lapok, «de façon à devenir un véritable éditeur de presse régionale, avec également une forte présence sur le marché de la presse sportive et les magazines“.

Le communiqué précise que : «Le tirage de Népszabadság a chuté de 74% ces dix dernières années, soit une baisse de 100 000 exemplaires, ce qui fait que depuis 2007, le titre a dû essuyer une perte de 5 milliards de forint, une situation qui s’est prolongé jusqu’à maintenant». L’objectif de l’éditeur serait «d’élaborer un nouveau modèle pour Népszabadság, qui soit mieux adapté aux tendances de l’industrie de la presse».

Des réactions de solidarité

Depuis l’annonce de la nouvelle, des marques de solidarité ont été exprimées de la part de plusieurs titres de la presse hongroise. Proche politiquement de Népszabadság, le quotidien social-démocrate Népszava a relayé les inquiétudes de collusion entre Mediaworks et le gouvernement dirigé par Viktor Orbán et appelé ses lecteurs à manifester à 18h devant le Parlement, sur Kossuth Lajos tér. D’autres titres marqués gauche ont exprimé la même grave préoccupation. Ainsi pour András Jámbor (Kettős mérce), le gouvernement a décidé «de liquider l’un des plus vieux titres de presse du pays».

Le Magyar Nemzet, classé à droite, a également exprimé sa vive inquiétude estimant que «la façon dont Mediaworks procédait avec les journalistes était inacceptable». Dans un communiqué officiel de sa rédaction, le journal conservateur a pris position contre un choix brutal, «que le grave déficit financier ne permet pas à lui-seul d’expliquer», prenant toutefois avec précaution les accusations d’une ingérence par le pouvoir. Le site d’information conservateur Mandiner a également publié un communiqué dans lequel il rappelait son attachement à la diversité de la presse d’opinion.

Du côté des partis politiques, le Parti socialiste hongrois (MSzP), ancien actionnaire historique du titre, évoque le 8 octobre comme le «jour noir» de la liberté de la presse en Hongrie et exprime sa plus grande solidarité avec les journalistes du Népszabadság. L’ancien Premier ministre de gauche, désormais chef de la Coalition démocratique (DK), Ferenc Gyurcsány a violemment critiqué le «plus grand crime jamais commis par Viktor Orbán» et a appelé tous ses militants et électeurs à se mobiliser de toutes les façons pour soutenir la démocratie en Hongrie. Même son de cloche du côté d’Együtt et de Dialogue pour la Hongrie (PM). Une autre politique est possible (LMP) demande de son côté au Fidesz, le parti au pouvoir, de démontrer qu’il n’est pas impliqué dans l’affaire.

Le Fidesz a également réagi samedi après-midi en exprimant ne pas vouloir se mêler de la secousse qui atteint Népszabadság, estimant que c’est prendre position «qui serait une atteinte à la liberté de la presse» (source : Blikk)

En continu

Plusieurs manifestation ont été prévues : l’une samedi à 17h30 à l’appel des socialistes (MSzP), devant le siège de Mediaworks (Futó utca, dans le 8e) et l’autre, plus large, à 18h devant le Parlement (lien vers l’évènement Facebook).

17h00 : Information Hulala (émission Tilos Rádió) | Les journalistes de Népszabadság ont décidé de se rendre à leurs bureaux demain afin de faire comme si la publication de leur journal n’était pas suspendue.

18h05 : Information Népszava | Le journal de gauche évoque de nombreuses rumeurs selon lesquelles une société aurait été créée par deux très proches de Viktor Orbán afin de racheter plusieurs titres de presse détenus par Mediaworks. Selon une information non confirmée, il pourrait s’agir de Gábor Liszkai, rédacteur-en-chef de Magyar Idők et de Lőrinc Mészáros, maire Fidesz de Felcsút, le village d’enfance du Premier ministre hongrois.

19h30 : Le direct de Kettős Mérce

9h00 : Le maire MSzP de Salgótarján, Máté Huszár, a annoncé la rupture du contrat qui liait la municipalité à Mediaworks dans la diffusion du journal local Salgótarján Ma en solidarité avec les salariés du Népszabadság.

10h :

#Hongrie #Népszabadság Les journalistes se rendront aujourd'hui à 14h à leurs bureaux pour essayer d'y entrer et travailler normalement https://t.co/PxH2uVcoUn

— Hulala (@Hulala_org) 9 octobre 2016

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Le conseiller politique de Viktor Orbán au chevet de Sarkozy ?

HU-LALA (Hongrie) - jeu, 06/10/2016 - 15:20
Árpád Habony, éminence grise du Premier ministre hongrois Viktor Orbán, viendrait de s’engager auprès de Nicolas Sarkozy dans sa course à la présidentielle, rapportent de nombreux médias en Hongrie.

D’après les informations du journal Figyelő, la société de communication d’Árpád Habony, spin doctor de Viktor Orbán, Danube Business Consulting Ltd., aurait obtenu des contrats dans l’entourage proche du candidat français à la présidence de la République, Nicolas Sarkozy. L’équipe de communication de Sarkozy a démenti ces informations au journal. Pourtant, écrit Figyelő, des sources concordantes tendent à renforcer cette information et le partenariat aurait même obtenu l’aval du Premier ministre hongrois en personne.

Ce nom, que l’équipe de M. Sarkozy dit ignorer, n’est pourtant pas tout à fait inconnu au sein de la droite française. Le quotidien hongrois Népszabadság (centre-gauche) a ainsi révélé au printemps de l’année dernière que le jeune conseiller hongrois – probable responsable de la campagne gouvernementale contre les réfugiés – entretenait des liens de longue date avec des cadres de LR (Les Républicains) et de l’ancienne UMP. Le quotidien affirme également que la stratégie de communication du Fidesz, caractérisée par un emprunt systématique des thèmes de ses adversaires (triangulation), s’inspirait directement de la campagne qui a porté Nicolas Sarkozy à l’Elysée en 2007.

«Le saviez-vous ? L’attentat de Paris a été commis par des migrants»

Toujours selon Népszabadság, le lien entre Árpád Habony et la droite française serait Alexandre Basdereff, fondateur d’Optimus, une agence de conseil en communication spécialisée dans les levées de fonds pour ONG et établissements publics, et ancien responsable de la cellule de communication de la campagne de Jacques Chirac, puis désigné chef du service d’information et de diffusion par le président en 1995 (Les Echos). M. Basdereff serait même l’un des trois propriétaires d’une agence de communication cofondée au milieu des années 2000 par Habony «Europtimus Tanácsadó Marketing Rt.», qui deviendra plus tard «Nézőpont Elemző és Kutató Intézet». Contacté par Hulala l’année dernière, Alexandre Basdereff indiquait toutefois ne pas avoir eu de liens avec Árpád Habony depuis 2008.

Un activisme au service de la frange la plus droitière du PPE

Árpád Habony et ses associés semblent entretenir des connexions fortes avec plusieurs partis européens, comptant parmi la frange la plus droitière du Parti populaire européen. Selon plusieurs sources concordantes citées par Figyelő, Árpád Habony aurait ainsi participé à redorer l’image du parti conservateur croate HDZ, revenu au pouvoir en 2015 sur une ligne proche de celle de Viktor Orbán.

Concernant l’ancien président français, le site Index.hu estime qu’«un succès de Sarkozy ferait les affaire d’Orbán, car un allié comme le président français, aux vues très proches des siennes, le renforcerait au sein de la famille européenne». En avril, lors de sa tournée européenne pour plaider une politique d’immigration restrictive et un renforcement des frontières extérieures de l’espace Schengen, les deux leaders conservateurs s’étaient même rencontrés en France. Une rencontre mentionnée par le service de communication du Premier ministre hongrois, mais que l’équipe de l’ancien président français s’était gardé de rendre publique. A l’automne 2015, M. Orbán s’était défendu d’être un extrémiste, arguant que Nicolas Sarkozy avait les mêmes vues que lui sur l’immigration.

Des connexions avec les droites américaine et israélienne

La société Danube Business Consulting Ltd., créée en 2015, aujourd’hui dirigée par Tamás Lánczi, a été cofondée par Árpád Habony et Arthur J. Finkelstein, un spin doctor de longue date des droites américaine et israélienne. Le lobbyiste new-yorkais, connu pour avoir ringardisé le mot «libéral» chez les Républicains, a compté parmi ses clients Richard Nixon, Ronald Reagan, Ariel Sharon, Benjamin Netanyahou, ainsi que nombre de dirigeants en Europe centrale et du Sud-Est.

La connexion entre Arthur J. Finkelstein et Viktor Orbán permettrait de mieux comprendre la nature de la polémique qui avait opposé le Premier ministre hongrois à un autre lobbyiste américain, le philanthrope George Soros. Proche des démocrates, un des principaux soutiens financiers de la campagne de Hillary Clinton à la présidentielle américaine, le milliardaire d’origine hongroise est souvent considéré comme une des bêtes noires des Républicains. En avril dernier, Viktor Orbán l’avait accusé de lever en sous-main une «armée de l’ombre» contre lui.

Le Fidesz cible George Soros, son «premier opposant»

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Comprendre la révolution conservatrice en Pologne

HU-LALA (Hongrie) - jeu, 06/10/2016 - 00:29
Entretien avec Anna Pacześniak, politologue (Université de Wrocław), codirectrice de l’ouvrage Comprendre la Pologne (avec Jean-Michel De Waele), 2016, L’Harmattan. (c) Hulala. Réalisé à Vienne, mai 2016. Entretien et réalisation : Ludovic Lepeltier-Kutasi, Montage : Paul Saïsset
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Décortiquer les peurs et les préjugés d’un laissé-pour-compte européen

HU-LALA (Hongrie) - mer, 05/10/2016 - 12:33
Les vagues de l’immigration affluant vers l’Europe ont réveillé les vieux démons aux quatre coins du vieux continent. Le nouveau repli nationaliste nourri par la peur de l’Étranger n’a pas encore trouvé d’écho en littérature qui manque de recul par rapport à l’histoire, toujours en cours. Cependant, il y a quelques exceptions ; parmi les plus réussies, on pourrait citer le roman Avenue Nationale du Tchèque Jaroslav Rudiš (Miroboles Éditions).

Le récit, écrit à la première personne, met en scène un antihéros presque «parfait». Ce quadragénaire pragois, peintre en bâtiment, a connu la drogue, la prison et, aujourd’hui, il habite seul un studio dans une tour en béton de la banlieue nord de Prague. Ce laissé-pour-compte du jeune capitalisme tchèque passe ses soirées dans un bar de quartier où il s’ennuie joyeusement en compagnie de ses pairs.

Quels sont ses dadas ? À part un amour pour la bière – alliance pas très exclusive, chez un Tchèque – ainsi que pour la Myslivec, une liqueur locale bas de gamme, il aime faire des pompes et étudie l’histoire militaire. Il s’identifie à tel point à son modèle, l’acteur belge Jean-Claude Van Damme, qu’il en a emprunté le nom (en utilisant sa transcription phonétique tchèque – Vandam). D’ailleurs, tout comme son idole aux muscles d’acier, il adore cogner. Il rejette le système politique actuel, il ne croit pas en l’homme. Il répète inlassablement que «la paix n’est qu’une pause entre deux guerres» ; xénophobe de la première heure, il est «tout naturellement» attiré par l’idéologie d’extrême droite.

Rudiš, apôtre de la marginalité

Il est à noter qu’une immense majorité des héros de Rudiš sont les parias dont les monologues à la première personne sont mis en valeur par un emploi magistral de l’argot. Les œuvres de cet écrivain, saluées aussi bien par les lecteurs que par la critique, ont été traduites dans une dizaine de langues. Sa première traduction française (La Fin des punks à Helsinki, Books 2012), un roman – comme son nom l’indique – « punk », un peu à l’image de l’auteur, a rencontré un accueil favorable dans l’Hexagone.

Pour ce qui est de la trame de ses récits, Rudiš sait tenir ses lecteurs en haleine en prolongeant le suspens. Ainsi, dans Avenue Nationale, au tout début, le héros se gausse d’avoir été celui qui a donné « le premier coup » de la Révolution de Velours née dans un rassemblement populaire sur l’avenue Nationale à Prague, le 17 novembre 1989 ; on comprendra plus tard que c’est légèrement plus compliqué que ça…

Dans une interview publiée à l’occasion de la sortie de la traduction allemande de ce roman, Jaroslav Rudiš a dit : « Je trouve ça triste de voir que, de nos jours, on se barricade derrière l’idée que “ceci est ton opinion, et cela est la mienne” – ceux qui sont d’accord avec toi sont les gentils, et les autres, les méchants. C’est étouffant. Je dirais plutôt : Davantage de tables rondes pour l’Europe ! »

Avant qu’une première table ronde «rudisienne» ne se mette en place, vous pouvez vous y préparer en lisant cette étude psychologique d’un jeune Européen frustré, une étude qui n’en est pas moins de la véritable littérature.

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Miloš Zeman veut déporter les migrants économiques

HU-LALA (Hongrie) - mar, 04/10/2016 - 19:45
Miloš Zeman suggère de déporter les migrants économiques dans les « zones vides » en Afrique du Nord ou sur les îles grecques inhabitées. Article publié le 3 octobre 2016 dans Radio Prague

C’est ce qu’a déclaré le président tchèque dans un entretien accordé au quotidien britannique Financial Times, lors de sa visite, en fin de semaine dernière, sur l’île de Rhodes, où il a participé au « Dialogue des civilisations », un forum organisé par Vladimir Yakounine, un proche de Vladimir Poutine. De son côté, le chef de la diplomatie, Lubomír Zaorálek, a protesté contre cette proposition, en affirmant qu’il ne s’agissait là en aucun cas de la position officielle du gouvernement.

Dans le Financial Times, Miloš Zeman, qui est connu pour ses propos anti-migrants et islamophobes, estime qu’il existe un « lien fort » entre l’afflux de migrants et la « vague de djihadistes » en Europe. Pour le chef de l’Etat tchèque, il se trouve parmi les réfugiés des extrémistes qui pourraient radicaliser les « musulmans modérés » de la même manière que les nazis ont radicalisé l’Allemagne dans les années 1930. Bien qu’il ne dénie pas l’atrocité de la guerre civile en Syrie ou en Irak, Miloš Zeman affirme également être persuadé que les personnes qui fuient la guerre ne représentent qu’un tiers des réfugiés. Les autres sont, toujours d’après lui, des « migrants économiques dont l’UE devrait se débarrasser ». Et ce notamment parce que la culture musulmane est incompatible avec la société européenne.

Mais le président tchèque ne s’est pas arrêté là. Il a proposé également une solution : la Grèce possède de nombreuses îles inhabitées où elle pourrait installer des « hotspots ». Cela lui permettrait de rembourser ainsi une partie de sa grande dette vis-à-vis de l’UE.

La proposition de Miloš Zeman a toutefois été refusée par le ministre des Affaires étrangères. Dans une émission diffusée à la Télévision tchèque dimanche, Lubomír Zaorálek a souligné qu’il ne s’agissait pas là de la position officielle de la politique étrangère tchèque : « On ne peut pas dicter aux Grecs qui placer sur leurs îles. De plus, beaucoup d’entre elles sont déjà surchargées. Nous n’allons donc pas recommander à quelqu’un d’accueillir des migrants. Ceci dit, il est vrai que l’Europe ne pourra pas accueillir un nombre illimité de réfugiés économiques. Aucun pays n’est en mesure d’absorber des quantités de migrants excessives, comme un million de réfugiés en Allemagne. »

Une opinion que partage aussi le Premier ministre, Bohuslav Sobotka, qui voit la solution plutôt dans des accords de renvoi de réfugiés semblables à celui que l’UE a conclu avec la Turquie : « Quel que soit l’endroit où on voudrait installer des camps, il convient d’avoir l’accord du pays concerné. Il ne peut certainement pas s’agir d’une décision unilatérale. »

Miloš Zeman a néanmoins dû faire face à d’autres critiques encore, dont celle de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Karel Schwarzenberg. Celui-ci reproche au président d’avoir choisi de participer à la conférence de Vladimir Yakounine, qui est inscrit sur la liste des sanctions du gouvernement américain, liées à l’annexion russe de la Crimée, plutôt que de se rendre, avec les chefs du gouvernement et de la diplomatie, aux funérailles de l’ancien président israélien Shimon Peres : « En participant à cette conférence, Miloš Zeman a négligé ses devoirs de président de la République, dont notamment la représentation du pays à l’étranger. Quand un homme d’Etat aussi important que Shimon Peres meurt, la République tchèque se doit d’être représentée par son chef d’Etat. Cela ne témoigne pas de l’état de notre politique étrangère de laquelle le président s’est complétement détaché, mais de l’état du Château de Prague où l’influence russe est plus forte que les intérêts de l’Etat. »

Par ailleurs, ces événements ont donné l’occasion à Lubomír Zaorálek de répéter ses récentes critiques reprochant au chef d’Etat son ingérence dans les affaires intérieures d’autres pays. Le ministre a fait référence au soutien que Miloš Zeman a exprimé au candidat d’extrême-droite à la présidence autrichienne, Norbert Hofer, ou encore au candidat à la présidence américaine, Donald Trump : « Je ne crois pas que notre rôle soit de recommander aux Américains qui élire ou non comme président. C’est leur propre affaire et on doit le respecter. »

Le chef de la diplomatie a également ajouté que le comportement du président Zeman va à l’encontre de toute conduite stratégique du pays, car si la République tchèque veut maintenir de bonnes relations avec les Etats en question, elle sera prochainement tenue de négocier avec leurs présidents, et ce quels qu’ils soient.

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La Hongrie est divisée comme jamais elle ne l’a été

HU-LALA (Hongrie) - mar, 04/10/2016 - 13:51
Après la nuit de dimanche, deux réalités parallèles sont apparues en Hongrie. Dans l’une, le Fidesz perdait, parce que le référendum a été invalidé en dépit de la campagne électorale la plus dure de l’histoire politique hongroise. Dans l’autre, les opposants aux migrants gagnaient dans les urnes, parce que plus de 3 millions d’électeurs ont voté «non». Le problème n’est pas qu’il y ait plusieurs interprétations possibles, le problème c’est que ces deux interprétations ne peuvent pas cohabiter ensemble. Article publié le 3 octobre 2016 dans Kettős Mérce. Traduit du hongrois par Ludovic Lepeltier-Kutasi.

Le Fidesz a créé une no go zone politique où n’entre pas toute interprétation de la loi et de la réalité qui ne soit pas en faveur du gouvernement. Sur la page d’accueil d’Origo lundi matin ne figurait aucune déclaration de l’opposition. Dans l’émission de dimanche sur la M1, il ne fut fait aucune allusion à l’invalidité du scrutin après l’annonce des résultats. Viktor Orbán n’en a pas parlé, et tous les journaux pro-Fidesz ont passé sous silence le simple fait que si le référendum a échoué, c’est du fait de son invalidité et qu’il n’ait mobilisé comme escompté. Ce qui est quand même un peu l’enjeu de ce type de scrutin.

Cette no go zone a aidé le Fidesz à mobiliser 3,2 millions de personnes en faveur du «non». Pour ces gens, qui sont nos compatriotes, nos amis, les membres de notre famille, nos voisins, ç’a été un choix important et utile, et ce quoi qu’on pense de la teneur de ces vérités, de la réalité qui a dicté leurs choix. Ce sont des individus réels, faits de chair et de sang, qui ont pris cette décision, qui se sont déterminés rationnellement en fonction des informations qui sont parvenues jusqu’à eux.

Le problème, ça n’est donc pas que les gens seraient bêtes et crédules, mais le fait qu’ils aient accès à une information complètement différente. Une information par laquelle la réalité n’est rendue accessible que par un prisme pro-gouvernemental (soyons clair, selon eux, c’est moi qui ne voit pas la réalité), mais que les gens tiennent pour comptant, et dont dérivent ensuite leurs choix.

Ce dont il faut aussi se rendre compte, à la suite de ce référendum, c’est que ces gens ne sont pas tous pro-Fidesz et les «pro-Fidesz» n’ont pas forcément tous voté en faveur du parti gouvernemental. Le Fidesz a provoqué ce référendum sur le seul thème qui lui était favorable, et il serait assez improbable que la majorité des gens vote en sa faveur sur des questions comme le système de santé, l’éducation, la pauvreté (c’est ce qui ressort en tout cas des enquêtes d’opinion sur ces thématiques).

Ce qui est sûr également, c’est que l’on ne peut pas ne pas prêter attention à l’expression d’un bloc de 3 millions de personnes, tout comme on ne peut pas ignorer le caractère invalide du scrutin. Dans le vrai monde, ces deux réalités cohabitent.  Ce qui s’est effectivement passé, c’est qu’une partie significative des Hongrois a exprimé son refus d’accueillir des réfugiés dans le pays, mais que dans le même temps, le Fidesz n’est pas parvenu à atteindre l’objectif qu’il s’était lui-même fixé. Il n’est pas parvenu à rendre valide le référendum, en dépit d’un budget de 15 milliards (de forint) pour la campagne, en dépit des mensonges et en dépit des triches relatées avant la tenue du scrutin (campagnes financées par les collectivités locales, mobilisation de salariés de l’État, corruption des électeurs avec de l’argent et de la nourriture).

Dès lors, la question est de savoir s’il est possible d’unifier le pays et ces deux réalités. A celle-ci, la mauvaise réponse serait à coup sûr d’ignorer la volonté de 3 millions de personnes, d’un tiers du pays, tout autant qu’elle serait de traiter de traîtres à la patrie, de réduire au silence tous ceux qui dans l’espace politique n’auraient pas voté selon les desiderata du Fidesz.

Ces deux opinions ne font qu’exacerber ces réalités parallèles, que renforcer la situation d’une Hongrie coupée en deux. Quel que soit le vote ou le non vote des gens, personne qui vit dans ce pays n’est un traître à la patrie, un mouton, un ignorant, quelqu’un qui souhaiterait la défaite de la nation, ou bien un agent de l’étranger. Dans les faits, en Hongrie nous sommes amis, voisins, compagnons de route… Et ce pays ne peut bien fonctionner que si nous agissons en conséquence.

Respectons le vote des uns et des autres, essayons de briser ce no go zone politique, de comprendre les motivations de chacun et de vivre les uns aux côtés des autres avec des orientations politiques qui permettront de réunifier le pays. Il n’y a pas d’autre voie. Toute autre route conduirait la Hongrie dans le mur.

Référendum en Hongrie : le pays a basculé il y a dix ans

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