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Updated: 3 weeks 2 days ago

Burkina / Loterie : Un technicien en bâtiment décroche plus de 33 millions de F CFA au PMU'B

Tue, 23/09/2025 - 18:18

Ce mardi 23 septembre 2025 à Ouagadougou, la Loterie nationale burkinabè (LONAB) a remis un chèque de 33 116 000 FCFA à Siaka Traoré, technicien en bâtiment résidant à Garghin. Avec une mise de seulement 300 FCFA au jeu 4+1 du PMU'B, il intègre désormais le cercle des multimillionnaires.

La cérémonie de remise s'est déroulée dans une ambiance conviviale, en présence des agents de la LONAB et des médias. Représentant le directeur général de la LONAB, Yamba Jean Zida a transmis le message du premier responsable, Ibrahim Ben Harouna Zarani, empêché. Dans son allocution, le directeur général a félicité le gagnant et salué la confiance renouvelée de la clientèle : « C'est avec une grande joie que je m'adresse à vous, à l'occasion de cette cérémonie qui consacre la remise d'un gros lot à un heureux gagnant du PMU'B. Le cercle des multimillionnaires faits par la LONAB ne cesse de s'élargir. Aujourd'hui, nous nous réjouissons de féliciter Siaka Traoré pour sa persévérance et sa confiance. »

Yamba Jean Zida, représentant le directeur général de la LONAB, a transmis un message de félicitations à l'heureux gagnant

Il a également rappelé que la LONAB ne se limite pas à l'organisation de jeux de hasard, mais demeure un partenaire fidèle de l'État dans ses efforts de développement socio-économique.

L'heureux gagnant, Siaka Traoré, n'est pas un novice du PMU'B. Il a commencé à jouer en 1998. Mais c'est la première fois que la chance lui sourit avec une telle ampleur. Ému, il a confié : « Je suis franchement dépassé. À un moment donné, je me demandais même si c'était réel. Chaque jour, on joue, et il n'y a rien. Mais cette fois-ci, avec seulement 300 FCFA, j'ai décroché plus de 33 millions. C'est la preuve que la chance peut vous sourire à tout moment. »

Siaka Traoré, ingénieur en bâtiment, gagnant du jour

S'il préfère prendre le temps de réfléchir avant de dévoiler ses projets, Siaka Traoré envisage néanmoins d'investir dans le bâtiment, son domaine de prédilection : « J'ai déjà un petit projet que je vais moderniser. Ce gain va me permettre de régler certains problèmes de matériel et d'aller plus loin dans ce que j'ai commencé. »

Pour la LONAB, ce gain illustre la fidélité des parieurs. Yamba Jean Zida, le représentant du directeur général, a insisté sur la relation de confiance qui lie la société à sa clientèle depuis sa création en 1967 : « Si les gens ne jouaient pas, nous n'aurions pas de gagnants à présenter. La confiance renouvelée de nos parieurs témoigne de la crédibilité de la LONAB. Siaka Traoré a prouvé qu'il n'est pas nécessaire de miser gros pour gagner. Avec seulement 300 francs, la chance lui a souri. »
En rappelant que la loterie n'est pas réservée aux personnes aisées, il a invité les Burkinabè à continuer de tenter leur chance, tout en soulignant que les bénéfices générés contribuent directement au développement national.

Siaka Traoré a reçu son chèque des mains du représentant du directeur général

Au-delà des jackpots et des émotions suscitées par les remises de chèques, la LONAB revendique un rôle central dans l'économie nationale. Une partie importante des bénéfices issus de ses activités est reversée au Trésor public pour financer des projets sociaux et des investissements dans divers secteurs.
Le directeur général, dans son message, a d'ailleurs insisté sur cette dimension citoyenne : « La LONAB demeure un véritable partenaire de développement, fidèle aux côtés de l'État, dans sa quête d'un mieux-être pour les populations burkinabè. » Il a également adressé une pensée particulière aux Forces de défense et de sécurité engagées sur le terrain pour ramener la paix et la stabilité dans le pays.

Photo de la famille du lauréat avec les responsables de la LONAB

Avec ce nouveau succès, le cercle des gagnants du PMU'B s'agrandit. L'exemple de Siaka Traoré illustre parfaitement la devise de la LONAB : « Les lots aux gagnants, les bénéfices au Faso. »
Pour le technicien en bâtiment, ce gain inattendu est une véritable opportunité de concrétiser ses projets et d'offrir une vie meilleure à sa famille. Pour la LONAB, il s'agit d'une nouvelle preuve de sa capacité à créer des multimillionnaires et à renforcer sa relation de confiance avec ses clients.

Anita Mireille Zongo (stagiaire)
Lefaso.net

Categories: Afrique

Burkina : Le ministre Aboubacar Nacanabo rappelle que tout appel public à l'épargne doit être autorisé

Tue, 23/09/2025 - 18:10

Dans le communiqué ci-après, le ministre de l'économie et des finances rappelle au public que les opérations d'appel public à l'épargne sont soumises au visa préalable de l'Autorité des marchés financiers.

Cette note fait suite au constat selon lequel certaines personnes s'adonnent, sans aucune autorisation, à des opérations de collecte irrégulière de fonds auprès du public, de placements financiers ou de crédit, de prises de participations, cela, avec des promesses de les fructifier à des rendements élevés allant souvent à plus de 100% de la mise initiale et où en contrepartie de l'acquisition de biens immobiliers ou mobiliers (actions, obligations).

"J'invite les promoteurs des structures concernées ou impliquées à mettre immédiatement fin à leurs activités illégales et à prendre attache avec les Autorités compétentes aux fins de se conformer à la Réglementation en vigueur sous peine de sanctions. J'interpelle également la population à plus de vigilance et de retenue face à ce phénomène et à se référer strictement aux structures agréées par les autorités compétentes.

Pour toutes informations utiles, vous pouvez vous adresser aux services compétents de la Direction générale du trésor et de la comptabilité publique, sise à Ouaga 2000", rappelle le communiqué.

Categories: Afrique

Burkina : De l'attieké « Faso Mêbo » pour les travailleurs de l'initiative

Tue, 23/09/2025 - 17:27

Ce mardi 23 septembre 2025, l'entreprise burkinabè « Faso Attiéké », spécialisée dans la production et la commercialisation de l'attieké au Burkina Faso, a marqué son passage sur le site de Faso Mêbo de Ouagadougou.

En lieu et place du ciment et du matériel de construction, Florence Bassono/Kaboré, la gérante de ladite entreprise, a choisi de nourrir les volontaires engagés sur le site. Car, selon ses dires, pour nourrir toutes ces 300 personnes engagées sur le site, les autorités déboursent chaque jour un budget. C'est pourquoi elle a voulu donner un coup de main à ce niveau.

Vue du nouveau produit de Faso Attiéké qui sera testé à Faso Mêbo

Et c'est son nouveau produit intitulé « Attiéké Faso Mêbo » en hommage à cette initiative qu'elle a choisi d'offrir afin qu'ils soient les premiers à le tester. Et c'est un total de 100 kilogrammes d'attieké Faso Mêbo qui ont été offerts pour assurer le déjeuner des 300 personnes engagées sur le site.

La gérante de l'entreprise Faso Attiéké, Florence Bassono/Kaboré, apporte son apport à Faso Mêbo

À travers ce geste, la promotrice dit vouloir encourager tous les citoyens à faire le pas, parce que l'on ne doit pas attendre d'avoir beaucoup avant de donner. Chaque geste, aussi petit soit-il, compte, dit-elle. « Cela ne coute rien, mais il y a du plaisir à nourrir les autres. Ce que l'on fait, on peut l'apporter, parce que c'est également un budget que Faso Mêbo débourse pour nourrir toutes ces personnes qui sont déployées sur le site et le faire, c'est également accompagner Faso Mêbo comme apporter du ciment et autres », foi de Mme Bassono. Les sachets d'attieké ont été accompagnés de plusieurs cartons de poissons.

Mme Bassono et son équipe posent à Faso Mêbo

À la suite de la remise de ces aliments, Mme Bassono et son équipe ont mis la main à la pâte afin de se dévouer aussi physiquement pour la cause, en attendant un partenariat officiel qui va lui permettre d'apporter à manger aux ouvriers et volontaires engagés, a-t-elle souligné.

YZ
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Categories: Afrique

Burkina : Le lieutenant Bernard Yaro, nouvel Intendant de la Présidence du Faso

Tue, 23/09/2025 - 12:50

Ce mardi 23 septembre 2025, à Ouagadougou, le Directeur de cabinet de la Présidence du Faso, capitaine Anderson Medah, a procédé à la passation de service entre Le lieutenant Bernard Yaro et le capitaine Philippe Somda, à la tête de l'intendance de la Présidence du Faso.

"La gestion que j'entends instaurer sera placée sous le signe de la collaboration, du don de soi et de la disponibilité de chacun, afin que l'Intendance de la Présidence du Faso puisse continuer à jouer son rôle de soutien essentiel au Chef de l'État, le Capitaine Ibrahim TRAORÉ, dans sa noble mission pour un Burkina Faso libre, uni et prospère" a-t-il promis.

Comme conseil à l'intendant entrant, le capitaine Philippe Somda évoque la loyauté. "Mon lieutenant, ne vous trompez jamais sur le fait que votre première mission c'est de suivre les orientations de son excellence le chef de l'État" a-t-il conseillé, tout en souhaitant plein succès à son successeur.

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Source : Présidence du Faso

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ENAM : Avis de recrutement d'enseignants vacataires

Tue, 23/09/2025 - 12:30
Categories: Afrique

In memoria : GUIGUEMDE née KIELWASSER Imogène Laure Cécile Awa

Tue, 23/09/2025 - 12:00

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c'est la présence des absents dans la mémoire des vivants. » Jean d'Ormesson

26 septembre 2020 - 26 septembre 2025

5ᵉ anniversaire du rappel à Dieu de GUIGUEMDE née KIELWASSER Imogène Laure Cécile Awa, précédemment Senior Manager, E-banking Sales à Bank of Africa Kenya.

Le 26 septembre 2020, tu nous quittais laissant derrière toi un exemple de foi, de combativité, d'humilité et d'amour.

A l'occasion de ce triste anniversaire, les familles GUIGUEMDE et KIELWASSER, les familles alliées et amies, renouvellent leur profonde gratitude à toutes les personnes qui, depuis son départ, continuent de leur témoigner affection et soutiens multiformes.

Elles invitent tous ceux et celles qui l'ont connu et aimé à avoir une pensée pieuse pour elle.

Repose en paix, chère fille, sœur, cousine, amie, tante, épouse, mère.

Tu as vécu utile en partageant autour de toi gaieté, joie et amour.

Ton souvenir demeure vivant et ardant dans nos cœurs.

Rest In Eternal Peace until we meet again

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Avis à manifestation d'intérêt MSF espagne

Tue, 23/09/2025 - 10:30
Categories: Afrique

Burkina : Le programme BenkadiBaara lance un appel à projets pour former et insérer les jeunes dans les métiers agrosylvopastoraux

Tue, 23/09/2025 - 10:00

Appel à projets : insertion des jeunes par la formation dans les métiers agrosylvopastoraux dans les régions du Kadiogo (ex Centre), du Nando (ex-Centre-Ouest) et du Guiriko (ex Hauts-Bassins)

La jeunesse burkinabè est une force essentielle pour l'avenir du pays. Pourtant, de nombreux jeunes peinent encore à accéder à des emplois décents, faute de qualifications adaptées aux besoins du marché.

Pour combler ce fossé, le programme BenkadiBaara, financé par l'Union européenne et mis en œuvre par l'agence luxembourgeoise pour la Coopération au développement (LuxDev), lance un nouvel appel à projets offrant aux jeunes des formations qualifiantes directement reliées à des opportunités d'insertion professionnelle.

Cet appel cible spécifiquement les métiers agrosylvopastoraux, considérés comme stratégiques pour renforcer la résilience économique et environnementale du Burkina Faso, notamment dans les régions du Kadiogo, du Nando et du Guiriko.

Acteurs éligibles

Peuvent soumettre des projets :
• les faîtières, unions et réseaux d'entreprises du secteur agrosylvopastoral, ainsi que les organisations professionnelles de base qui leur sont affiliées, seuls ou en consortium, dès lors que ces structures disposent d'une capacité démontrée à proposer, au profit de leurs membres, des parcours de formation et d'insertion d'ampleur significative ;

• les entreprises privées opérant dans le secteur agrosylvopastoral, seules ou en consortium, dès lors qu'elles démontrent une réelle capacité à former et insérer des jeunes, en priorité pour répondre à leurs propres besoins en main-d'œuvre qualifiée ;

• les organisations non gouvernementales (ONG), associations et structures de la société civile légalement constituées et actives dans les domaines ciblés, uniquement lorsqu'elles présentent un projet en consortium avec une ou plusieurs entreprises du secteur productif.

NB : Les centres de formation privés agréés ne sont pas éligibles à soumettre directement des projets. Il est toutefois fortement recommandé aux acteurs éligibles listés ci-dessus de s'associer avec un ou plusieurs centres de formation pour garantir la qualité pédagogique et technique du processus de formation-insertion.

Secteurs visés

Les projets doivent porter sur les métiers agrosylvopastoraux à fort potentiel de l'économie verte notamment :

• agriculture écologique : agroécologie, production maraîchère biologique, production d'intrants maraîchers, développement de fermes agroécologiques, installation et maintenance de systèmes d'irrigation, entretien et réparation d'engins agricoles, etc. ;

• élevage : production animale, transformation du lait et de ses dérivés, fabrication d'aliments pour bétail, etc. ;

• sylviculture : production de plants (pépinières), apiculture, valorisation durable des ressources forestières, etc.

Les candidatures sont ouvertes en ligne via la plateforme Good Grants du 23 septembre au 14 octobre 2025 pour les métiers de l'agriculture biologique et du 23 septembre au 26 octobre 2025 pour les métiers de l'élevage et de la sylviculture en respectant les critères de sélection établis.

Lien de la plateforme de soumission : https://benkadibaara.grantplatform.com/

La sélection des projets se fera sur la base de leur pertinence, de l'expérience, de la capacité technique du porteur, du budget ainsi que de la stratégie d'accompagnement et d'insertion proposés.

Pour toute demande de clarification, les candidats peuvent s'adresser à l'équipe du programme via ces contacts :

• Région du Kadiogo (ex-Centre) : Email : joel.balima@luxdev.lu en gardant en copie mahamadi.compaore@luxdev.lu ; Tel : 01301410

• Région du Nando (ex-Centre-Ouest) : Email : adama.nacanabo@luxdev.lu en gardant en copie : drissa.fayama@luxdev.lu , Tel : 03484191

• Région du Guiriko (ex Hauts-Bassins) : Email : mariam.sidibe@luxdev.lu en gardant en copie : samba.biba@luxdev.lu, Tel : 03428204

Les dossiers de candidature doivent être enregistrés sur la plateforme au plus tard le 14 octobre 2025 pour les métiers de l'agriculture biologique et le 26 octobre 2025 pour les métiers de l'élevage et de la sylviculture.

Pour plus d'informations : www.luxdev.lu

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Tue, 23/09/2025 - 10:00

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Tue, 23/09/2025 - 10:00

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Cour des comptes du Burkina : « Nos assistants de vérification sont en train de partir ; parce qu'ils n'ont pas de statut, de régime juridique clair », regrette le Premier président, Latin Poda

Tue, 23/09/2025 - 00:12

Sur initiative d'International Budget Partnership (IBP), Bureau Afrique francophone, en partenariat avec l'UEMOA et le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD), Ouagadougou a abrité, les 11 et 12 septembre 2025, le 1ᵉʳ Forum ouest-africain sur la gestion des finances publiques francophones. Le Premier président de la Cour des comptes du Burkina, Latin Poda, a suivi de bout en bout ces deux jours de réflexions sur cette question à enjeu fondamental qu'est la gestion des finances publiques. À l'issue de ce premier forum, le premier responsable de la Cour des comptes, Latin Poda, a bien voulu répondre à nos questions, notamment, et sans langue de bois, sur la vie de cette juridiction supérieure de contrôle des finances publiques du Burkina.

Lefaso.net : Au terme des deux jours de réflexions sur la gestion des finances publiques, dont vous avez présidé le déroulement, que peut-on retenir d'essentiel ?

Latin Poda : Il faut retenir que l'objectif est atteint, à savoir sensibiliser les acteurs impliqués dans les questions budgétaires aux défis et perspectives dans la gestion des finances publiques dans notre sous-région UEMOA. Et comme je l'ai dit dans mon discours de clôture, tous les acteurs ont joué le jeu, les débats ont été francs, ouverts et très riches. Nous avons beaucoup appris. Les défis ont été identifiés, les solutions proposées et les perspectives envisagées. Il appartient maintenant aux décideurs de prendre les mesures qu'il faut, pour rectifier les choses afin que les questions budgétaires puissent être mieux appréciées dans notre espace UEMOA ; que les huit directives qui ont été adoptées puissent être appliquées comme il faut, pour la bonne gouvernance financière de nos États.

Les discussions ont montré qu'il y a des difficultés qui sont partagées par l'ensemble des pays. Comment se présentent-elles ?

La première difficulté sur les questions budgétaires qui a été relevée, c'est l'indisponibilité de l'information financière. C'est vrai qu'il faut aller chercher l'information, mais en même temps, où la chercher ? Où la trouver ? Et est-ce qu'on la trouve là où on devrait la trouver ? L'autre difficulté, est que les questions budgétaires et financières ne sont pas à la portée de tout le monde ; il faut avoir une certaine expertise pour pouvoir lire un budget, l'apprécier, l'analyser et faire des critiques. Ensuite, l'autre difficulté, ce sont les rapports entre les acteurs du contrôle budgétaire (contrôle parlementaire, contrôle juridictionnel, voire le contrôle administratif qui se fait avant) et la société civile. Ce sont toutes ces interactions entre les acteurs des questions budgétaires qui ont été abordées, et des pistes de solutions ont été proposées. Je pense que les résultats de ce forum, s'ils sont exploités comme il faut, pourraient permettre de réduire quelques difficultés que nous connaissons.

La question de la volonté politique semble également se poser avec acuité...

Effectivement, j'ai parlé de la volonté politique par rapport à la Cour des comptes du Burkina, qui existe depuis 2000, mais qui, jusqu'à aujourd'hui, n'a pas la capacité normale de croisière pour avancer. La Cour des comptes du Burkina Faso est la deuxième à avoir été créée au sein de l'espace UEMOA, après celle du Sénégal. Les Cours des comptes de la Côte d'Ivoire et du Bénin sont relativement récentes ; elles ont vu le jour respectivement en 2018 et en 2023. Mais aujourd'hui, allez-y voir dans ces pays ; leurs Cours des comptes ont un siège digne de ce nom, leur budget leur est octroyé directement par l'Assemblée nationale et elles ont pratiquement une autonomie financière et de gestion dans leurs activités. Chez nous ici, depuis la création de la Cour des comptes en 2000, son budget annuel n'a jamais dépassé 500 millions FCFA.

Le Premier président de la Cour, Latin Poda, recevant, en signe de reconnaissance, un trophée des mains de Dr Thomas Ouédraogo, directeur exécutif du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD), partenaire au forum.

... Pourtant elle est appelée à contrôler toutes les institutions nationales, et même au-delà !

Justement ! La Cour des comptes a des compétences étendues qui s'exercent aussi bien en matière juridictionnelle, non-juridictionnelle et d'assistance. Sans être exhaustif, je peux dire de manière plus précise que la Cour des comptes a pour mission de juger les comptes de gestion des comptables publics, de contrôler la légalité, la régularité et la gestion des opérations de l'État, des établissements publics de l'État, des collectivités territoriales, des entreprises publiques, des organismes bénéficiaires de subventions de l'État et des projets et programmes de développement. Elle a une mission d'assistance à l'Exécutif et au Parlement. La loi organique n°073-2015/CNT du 06 novembre 2015 relative aux lois de finances lui confère en outre une mission d'évaluation des politiques publiques, de certification des comptes de l'État, d'émission d'avis sur les dispositifs de contrôle interne et de contrôle de gestion, sur la qualité des procédures comptables et des comptes ainsi que sur les rapports annuels de performance.

Je vous laisse apprécier l'ampleur de ces attributions. Pendant nos travaux, quelqu'un a parlé ici de l'ASCE-LC (Autorité supérieure de contrôle d'État et de la Lutte contre la corruption). Mais ce n'est pas comparable en termes de budget ! L'ASCE-LC avait un budget de près de trois milliards FCFA par an. Comparé au budget alloué à la Cour des comptes, c'est le jour et la nuit. Voilà pourquoi, je dis que l'efficacité de la Cour des comptes est une question de volonté politique. Si nos autorités veulent de la Cour des comptes, elles lui donneront les moyens pour fonctionner pleinement.

La Cour des comptes et l'ASCE-LC ne semblent-elles pas faire doublon, et n'est-ce pas là une des explications possibles ?

À cette question, je ne peux pas répondre. Il appartient aux autorités de faire une analyse, un diagnostic et de se prononcer sur la question. C'est d'ailleurs ce que le Premier ministre avait annoncé devant les députés, lorsqu'il a déclaré qu'une réflexion est menée pour faire le bilan de la plus-value des organes de contrôle en vue d'une réforme globale de leurs missions et modes opératoires. C'est donc une question de volonté politique, et il appartient au politique de décider.

Il est ressorti qu'au Sénégal par exemple, aller à la Cour des comptes est un prestige, au regard des attributions même de l'institution. Quelle est la situation de la ressource humaine de la Cour des comptes du Burkina ?

Justement, au Sénégal, les membres de la Cour des comptes ont un statut bien clair, avec des avantages très précis ; ce qui fait que la Cour est devenue attractive. Au Burkina, ce n'est pas le cas. Je prends le cas de nos assistants de vérification, ils sont en train de partir, parce qu'ils n'ont pas de statut, de régime juridique clair.

C'est dire que la Cour des comptes n'a pas un personnel fixe, à même de capitaliser les expériences ?

Non, malheureusement. Le dernier qui est venu me voir, c'est une dame ; elle a eu mieux ailleurs, elle va partir. C'est une préoccupation que nous avons posée depuis longtemps aux autorités. Nous avons attiré leur attention sur le sujet. Nous avons expliqué qu'il faut que cette question soit résolue, pour permettre à la Cour de préserver son personnel, d'avoir une stabilité dans son personnel. Malheureusement ! Et même notre loi qui est en révision depuis des années, aujourd'hui, elle est au niveau du cabinet du ministre en charge de la Justice, attendant la suite. Je ne sais même pas si d'ici à la fin de l'année, nous aurons cette loi révisée. Ce sont autant de questions qu'il faut résoudre, et qui me font dire que c'est une question de volonté politique pour le renforcement de capacités de la Cour des comptes.

N'y-a-t-il pas lieu de faire un état des lieux de la Cour, pour réajuster ce qui mérite de l'être, puis avancer ?

Oui, si les autorités veulent. Il y a des évaluations qui ont été faites sur la Cour des comptes. Nous-mêmes, venons de faire une évaluation sur la Cour sous la direction de l'Institut de développement de l'INTOSAI (IDI). C'est une évaluation qui a été faite sur des critères bien précis ; le diagnostic est là, les forces et les faiblesses de la Cour. Sur la base de ce diagnostic, on peut ajuster pour atteindre le bon fonctionnement. Donc, toutes les données sont-là, il ne reste plus qu'à les exploiter.

Pourtant, le Burkina semblait quand même inspirer tant de pays en la matière également !

Bien-sûr ! Dans l'espace UEMOA, la Cour des comptes du Burkina est la deuxième (le Sénégal en 1999 et le Burkina en 2000). Les autres pays sont venus après. Le Mali est le dernier pays dans l'espace UEMOA à avoir adopté la Cour des comptes dans sa Constitution, mais elle n'est pas encore effective. Au Niger, la Cour des comptes existait, elle avait été supprimée suite aux évènements de juillet 2023, mais elle a été restaurée. C'est dire donc qu'elle est nécessaire. Et plusieurs fois, notre Cour des comptes a été sollicitée pour apporter son expertise dans la sous-région. C'est dire tout le potentiel dont elle regorge, en termes de ressources humaines qualifiées.

Dans un contexte international où la ressource financière se fait de plus en plus rare, et au moment où la politique nationale consiste à compter davantage sur ses propres forces, avec en face des besoins énormes du fait de la situation sécuritaire, n'est-ce pas un moment qui exige de miser sur ces institutions de contrôle, notamment la Cour des comptes, au regard de ses missions ?

Tout à fait ! C'est une institution de contrôle, il faut lui donner les moyens de bien contrôler l'utilisation des ressources publiques, pour s'assurer qu'elles sont bien utilisées et qu'il n'y a pas de perditions. Dans ce contexte précis, je pense effectivement qu'il y a lieu de donner plus de moyens aux organes de contrôle des finances publiques pour faire leur travail, puisque la ressource est rare, il faut une bonne gestion de celle-ci.

Interview réalisée par Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net

Categories: Afrique

Cour pénale internationale : Les trois pays de l'AES se retirent du Statut de Rome avec « effet immédiat »

Tue, 23/09/2025 - 00:10

Dans un communiqué conjoint, les trois pays de l'Alliance des États du Sahel (AES) à savoir le Burkina Faso, le Mali et le Niger, annoncent leur retrait immédiat du Statut de Rome portant création de la Cour pénale internationale (CPI).

Au Burkina Faso, c'est le ministre de la communication, porte-parole du gouvernement, Pingdwendé Gilbert Ouédraogo qui a porté l'information au public dans la soirée de ce lundi 22 septembre 2025, dans une déclaration lue au journal de 20h de la Télévision nationale.

Les trois pays reprochent à la CPI de s'être transformée en "instrument de répression néocoloniale aux mains de l'impérialisme, devenant ainsi l'exemple mondial d'une Justice sélective".

Une décision qui s'inscrit dans la volonté affichée des Etats membres de l'AES d'affirmer pleinement leur souveraineté, selon le communiqué conjoint.

Le communiqué précise que les Etats membres de l'AES décident de recourir à des mécanismes endogènes pour la consolidation de la paix et de la Justice tout en réaffirmant leur volonté d'assurer la promotion et la protection des droits de l'Homme en adéquation avec leurs valeurs sociétales et de lutter contre toute forme d'impunité.

Ci-après, l'intégralité du communiqué conjoint des trois pays de l'AES.

"Le Burkina Faso, la République du Mali et la République du Niger ont souverainement ratifié le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI) respectivement le 16 avril 2004, le 16 août 2000 et le 11 avril 2002.

Depuis leur adhésion au Statut de Rome, les trois pays ont coopéré avec la CPI non seulement sur le fondement des dispositions pertinentes du Statut, mais également sur la base des accords et protocoles d'accord concernant les conditions d'installation et de travail de la CPI sur leurs territoires.

Cependant, à l'épreuve du temps, il leur a été donné de constater que cette juridiction s'est transformée en instrument de répression néocoloniale aux mains de l'impérialisme, devenant ainsi l'exemple mondial d'une Justice sélective. En effet, la CPI s'est montrée incapable de prendre en charge et de juger des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité, des crimes de génocide et des crimes d'agression avérés. Pendant qu'elle a observé un mutisme inexplicable, déroutant et complaisant à l'égard des auteurs de tels crimes, elle s'acharne contre certains acteurs ne relevant pas du cercle fermé des bénéficiaires de l'impunité internationale institutionnalisée, y compris en violation de son Statut.

Au regard de cette situation, les Gouvernements du Burkina Faso, de la République du Mali et de la République du Niger, formant la Confédération des Etats du Sahel (AES), portent à la connaissance de l'opinion publique confédérale et de la communauté internationale, leur décision souveraine de se retirer du Statut de Rome de la Cour pénale internationale avec effet immédiat. Cette décision s'inscrit dans la volonté affichée des Etats membres de l'AES d'affirmer pleinement leur souveraineté.

Les Etats membres de l'AES décident de recourir à des mécanismes endogènes pour la consolidation de la paix et de la Justice tout en réaffirmant leur volonté d'assurer la promotion et la protection des droits de l'Homme en adéquation avec leurs valeurs sociétales et de lutter contre toute forme d'impunité.

Les Etats de la Confédération AES, tout en exprimant leur gratitude à l'Organisation des Nations Unies et aux États membres, rassurent de leur engagement à continuer à coopérer dans d'autres cadres appropriés à la promotion et à la protection des droits de l'Homme et au respect de la souveraineté des Etats".

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Bobo-Dioulasso : L'ONC-AC lance une campagne de sensibilisation contre l'occupation des voies publiques

Tue, 23/09/2025 - 00:05

L'Office national du contrôle des aménagements et des constructions (ONC-AC) a lancé, ce lundi 22 septembre 2025 à Bobo-Dioulasso, une campagne de sensibilisation des usagers occupant les abords des voies publiques. Cette première phase (pour ONC-AC) a concerné le boulevard de l'Indépendance, avec l'appui des autorités municipales.

Le boulevard de l'Indépendance, habituellement animé par des commerçants et des usagers, a accueilli ce lundi une mission particulière. L'Office national du contrôle des aménagements et des constructions y a mené une campagne de sensibilisation auprès des occupants des abords des voies publiques. L'objectif de cette campagne est de rappeler les dangers liés à l'occupation anarchique des emprises routières et inviter également les populations au respect des normes en vigueur.

L'ONC-AC lance une campagne de sensibilisation contre l'occupation des voies publiques

« Nous sommes à Bobo pour une mission de sensibilisation sur l'occupation des emprises des voies, surtout des voies primaires », a expliqué Atta Séraphin Somé, directeur du contrôle de l'ONC-AC. Aux côtés des équipes techniques et des représentants de la mairie, il a insisté sur le fait que ces installations anarchiques constituent un danger sécuritaire pour les usagers, et environnemental, car elles bouchent les caniveaux et empêchent l'écoulement normal des eaux de pluie.

Atta Séraphin Somé, le directeur du contrôle de l'ONC-AC, a insisté sur le fait que ces installations anarchiques constituent un danger sécuritaire pour les usagers

Cette opération s'inscrit dans la continuité des actions de la mairie, qui avait déjà engagé des déguerpissements avant de les suspendre. Première d'une série prévue sur plusieurs grands axes de la ville (RN7, RN9, RN10, boulevard de l'Indépendance), elle vise à prévenir ainsi le retour des occupations après ces premières vagues de déguerpissements initiées par la mairie.

La démarche de l'ONC-AC se veut avant tout pédagogique. Car malgré les premières actions de déguerpissement, certains commerçants reviennent occuper les lieux. L'Office entend donc maintenir la pression, en multipliant les campagnes pour rappeler que le respect des emprises est une question de sécurité collective. Dans les jours à venir, les équipes poursuivront leur mission sur les autres artères principales de la ville, dans l'espoir d'asseoir une discipline durable et de concilier sécurité routière, fluidité de la circulation et cadre de vie.

L'équipe de l'ONC-AC félicite les acteurs qui ont respecté les recommandations

Des commerçants partagés entre incompréhension et résignation

Si certains occupants accueillent favorablement la démarche de sensibilisation, d'autres par contre expriment leurs frustrations face aux exigences changeantes des autorités. « Au départ, on nous a demandé de laisser deux mètres du goudron, on l'a fait. Après, ils ont exigé six mètres, nous avons reculé. Aujourd'hui encore, ils veulent que nous allions derrière les poteaux. Nous ne savons plus quoi faire », a dit Alassane Ouédraogo, vendeur de téléphones.

Alassane Ouédraogo, vendeur de téléphones se plaint face aux exigences changeantes des autorités

À quelques mètres, Zépherin Kaboré, petit commerçant, se montre plus nuancé. « C'est une bonne manière de commencer. Avant, on voyait les déguerpissements violents avec les chars qui rasaient tout. Là, ils nous sensibilisent d'abord. C'est à nous de prendre nos dispositions », a-t-il salué. Du côté de Salifou Ouédraogo, la mesure est perçue comme une nécessité. C'est pourquoi, il a salué l'initiative. « Avant le dégagement de la voie, il ne se passait pas une semaine sans qu'il y ait un accident mortel sur cette voie. Aujourd'hui, la circulation est plus fluide et les risques ont diminué. Cela profite à toute la population », a-t-il souligné.

Du côté de Salifou Ouédraogo, la mesure est perçue comme une nécessité

L'ONC-AC entend poursuivre la sensibilisation sur l'ensemble des grands axes de la ville. L'objectif est de concilier la sécurité routière, l'assainissement du cadre de vie et la justice sociale pour éviter des sentiments d'inégalité entre ceux qui ont libéré les lieux et ceux qui persistent à occuper les emprises. Cette campagne marque ainsi une étape transitoire avant de nouvelles mesures de déguerpissement, conformément aux directives du ministère de l'Urbanisme et de la Construction.

La sensibilisation a concerné aujourd'hui le boulevard de l'Indépendance

Romuald Dofini
Lefaso.net

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Burkina/7e art : Serge Armel Sawadogo, deux décennies de parcours cinématographique et une riche filmographie

Tue, 23/09/2025 - 00:00

Serge Armel Sawadogo appartient à une génération de cinéastes burkinabè qui refusent de se contenter de l'héritage. Réalisateur, scénariste, producteur et enseignant, il s'est imposé à travers ses scénarios et ses idées. Pour lui, le cinéma n'est pas qu'un divertissement, mais c'est une école, une mémoire, une arme douce mais puissante.

Serge Armel Sawadogo a grandit dans un environnement où l'image n'est pas encore une évidence mais déjà une fascination. « Il y avait juste le désir de faire des films », confie-t-il. Ce désir l'amène en 2003 au PROFIS, le Programme de relance de la formation aux métiers de l'image et du son, précurseur de l'ISIS/SE. Deux ans plus tard, il décroche un BTS audiovisuel à Ouagadougou, avant de poursuivre ses études à l'université de Toulouse, où il obtient un master en réalisation cinématographique. C'est là qu'il découvre les grands noms du cinéma africain et mondial comme le Sénégalais Djibril Diop Mambéty. Plus tard, il reconnaîtra aussi l'empreinte des maîtres burkinabè Gaston Kaboré et Idrissa Ouédraogo, dont la rigueur et la profondeur influenceront sa démarche artistique.

Des premiers films qui ouvrent des portes

En 2004, son premier court-métrage, « La moto rouge », attire l'attention et plutard, il poursuit ses études en France. Trois ans plus tard, « À la recherche de son eau » l'installe véritablement sur la scène internationale. « Ce film m'a amené au Japon, aux États-Unis, en Italie, en France… C'est lui qui a ouvert mes premières portes », raconte-t-il. Avec son association Sermel Film, créée à Toulouse, il expérimente et forge sa vision. Son cinéma s'affirme progressivement : un mélange d'exigence formelle, de profondeur sociale et de narration accessible. En 2008, il réalise « Timpoko », puis « Bénéré » en 2009, film couronné par deux prix spéciaux au FESPACO 2011.

Serge Armel Sawadogo a à son actif neuf films. Il est également l'auteur du livre d'analyse du scénario du film Wend Kuuni de Gaston J. M KABORE "

Vingt ans après ses débuts, Serge Armel Sawadogo a signé des œuvres marquantes qui interrogent la société burkinabè et africaine. De « Une partie de ma vie » (2014) à « La fille de sa mère » en 2015, co-réalisé avec Carine Bado, de la série « Honorables députés » en 2021 au film « Le gang des élèves » en 2023, il pose un regard critique sur la politique, l'éducation, les rapports sociaux et le pouvoir. Sa prochaine serie, « Une femme à Kossyam », sortira en 2026. Le serie s'attaque à un sujet inédit avec l'accession d'une femme à la présidence du Burkina Faso dans un contexte de découverte pétrolière. « J'ai voulu mettre une femme au pouvoir parce que c'était plus juste, plus neuf et plus challengeant. Et parce que j'ai grandi auprès d'une mère engagée, dont j'ai vu la force et l'impact », explique-t-il.

L'éternel défi des ressources pour la réalisation

Au cours de sa carrière, Serge Armel Sawadogo a reçu plusieurs prix, au Burkina et à l'international. Mais pour lui, la plus grande récompense reste l'aboutissement de chaque film. « Arriver à faire un film, c'est déjà un prix en soi. Parce que ce n'est pas facile. Et quand un jury décide de récompenser ce travail, cela donne de la force pour continuer », insiste-t-il.

Les prix, parfois accompagnés d'une aide financière ou d'un voyage, soutiennent selon lui la création. Ils offrent aussi une reconnaissance essentielle dans un secteur où les défis restent immenses, en particulier celui du financement. Mais comme beaucoup de cinéastes, Serge Armel Sawadogo connaît la difficulté d'obtenir des financements. Pour y remédier, il s'inscrit dans le circuit des laboratoires et des résidences de développement de projets. « C'est là que les bailleurs découvrent ton film. Ensuite, en post-production, on peut encore soumettre le projet à d'autres structures. C'est ce qui permet aux films de voyager », explique-t-il. Mais il garde espoir que le fonds national récemment annoncé par le Burkina viendra combler un vide crucial et donner une bouffée d'air aux créateurs locaux.

Une exigence artistique et un recours aux aînés

Dans son approche, Serge Armel Sawadogo ne laisse rien au hasard. Il revendique un cinéma exigeant, où chaque détail compte. « Quand je pose une caméra, l'image doit raconter quelque chose. Ce n'est pas juste filmer un dialogue. Les couleurs, les mouvements, les angles… chaque élément doit être artistiquement justifié », précise-t-il. Cette recherche de précision lui vaut d'être considéré comme un cinéaste rigoureux, soucieux de livrer des œuvres qui dépassent l'anecdote et s'inscrivent dans une démarche esthétique forte.

Au-delà de sa propre carrière, Serge Armel Sawadogo cultive la reconnaissance des aînés. C'est ainsi qu'il a initié une série d'hommages aux doyens du cinéma burkinabè. « La loi de la reconnaissance et de l'honneur est une loi qui t'accompagne. Si tu n'honores pas tes aînés, tu risques de répéter leurs erreurs. Mais en les respectant, tu gagnes en sagesse », affirme-t-il. Cette démarche traduit aussi une volonté de transmission pour rappeler aux jeunes générations que le cinéma burkinabè s'est bâti sur les épaules de pionniers, et qu'il appartient à chacun de préserver cet héritage.

Serge Armel Sawadogo lors de la cérémonie d'hommage à Sékou Ouédraogo, un doyen de la réalisation au Burkina.

Réalisateur, mais aussi pédagogue, Serge Armel Sawadogo enseigne à l'Institut supérieur de l'image et du son (ISIS). Il y transmet sa passion et son savoir-faire à des étudiants qui rêvent eux aussi de caméras et de projecteurs. Son conseil aux jeunes est de se former. « L'école peut être formelle ou informelle, mais il faut apprendre. On ne peut pas se lancer sans se former. Même en regardant des tutos, en écoutant des témoignages, c'est une école. Mais il faut aller vers l'apprentissage », insiste-t-il.

Chrétien assumé, Serge Armel Sawadogo reconnaît que sa foi nourrit sa vision et ses projets. Elle l'a inspiré dans des scénarios multiples, mais aussi dans son rapport au métier. Car pour lui, faire du cinéma, c'est autant un acte artistique qu'un acte de foi et de résilience. Vingt ans après son premier plateau, il garde intacte la passion du débutant et la rigueur de l'artisan qui sait que chaque film est une bataille. Son ambition est de continuer à écrire des histoires qui résonnent, à défendre un cinéma africain exigeant et à former une relève capable de porter ce flambeau.

Farida Thiombiano
Lefaso.net

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Marcel Ahondo : « La photographie n'est pas qu'une question de matériel, mais de regard »

Mon, 22/09/2025 - 23:55

Né au Togo, Marcel Ahondo a trouvé au Burkina Faso un espace d'expression où sa passion pour l'image s'épanouit. Photographe entre réalisme poétique et surréalisme visuel, il multiplie les expositions, concours et distinctions, tout en partageant sa vision d'une photographie africaine créative et porteuse de mémoire. Lauréat de plusieurs prix nationaux et internationaux, il s'impose comme l'une des voix émergentes de la photographie contemporaine au Burkina Faso. À travers son parcours, il invite les jeunes à dépasser le matériel pour cultiver le regard, la curiosité et la patience, véritables clés de l'art photographique.

Lefaso.net : Comment avez-vous découvert le Burkina Faso ?

M. A. : J'ai découvert le Burkina Faso par le biais d'une famille burkinabè que j'ai rencontrée à Lomé, au Togo. À travers eux, j'ai commencé à m'intéresser à ce pays, à sa culture et à ses valeurs, avant même d'y mettre les pieds.

Pouvez-vous nous raconter comment votre passion pour l'image a commencé ?

Ma passion pour l'image est née très tôt. Enfant, j'étais fasciné par tout ce qui était visuel et esthétique. Je collectionnais les posters des stars que je voyais dans les magazines comme Planète Jeunes ou Planète Enfants. Plus tard, mes études en communication d'entreprise m'ont permis de mieux comprendre l'univers de l'image : son langage, sa technique, son pouvoir dans la publicité et la société. C'est là que j'ai réalisé que l'image pouvait être bien plus qu'un simple décor, mais un véritable outil d'expression et de réflexion.

Comment a réagi votre entourage quand vous vous êtes lancé dans cette aventure ?

Mon entourage proche n'a pas été surpris. Mes amis savaient déjà que j'étais passionné par l'image. Beaucoup d'entre eux avaient aussi des aspirations artistiques, donc tout était naturel. J'étais souvent celui qui avait le téléphone ou l'appareil pour faire des photos, capturer les moments. Petit à petit, cela s'est transformé en une véritable vocation.

Comment décririez-vous votre style photographique ?

Mon style photographique oscille entre réalisme poétique et surréalisme visuel. Je pars souvent du réel c'est-à-dire la nature, les espaces urbains, les traces de l'histoire ou les visages pour en saisir la beauté brute et spontanée. Mais je cherche aussi à dépasser ce réel en introduisant des éléments symboliques, des décalages visuels ou une atmosphère onirique.
Ce contraste me permet de transformer une scène ordinaire en une image qui intrigue, qui questionne, et qui ouvre une porte vers l'imaginaire.

Quels thèmes ou sujets vous inspirent le plus dans vos créations ?

Mes œuvres sont nourries par la mémoire, l'histoire et les émotions humaines. Mais dans mes créations surréalistes, je vais plus loin. Elles portent souvent une dimension spirituelle, comme un espace de questionnement, de réponse ou parfois simplement un avis sur une vérité. J'aime que mes images ouvrent un dialogue intérieur avec le spectateur, qu'elles évoquent des réalités visibles mais aussi invisibles, comme si elles se situaient entre le monde concret et celui des symboles.

Y a-t-il des photographes burkinabè, togolais ou africains que vous admirez et qui influencent votre travail ?

Pas vraiment, puisqu'honnêtement je n'ai pas assez consommé l'univers photographique, du coup je n'ai pas un photographe repère qui inspire mon travail. Par contre au Burkina Faso, je respecte beaucoup des photographes comme Warren Sarré et Vivien Sawadogo, qui principalement ont un œil sur mon travail. J'ai particulièrement découvert Nyaba Léon Ouédraogo dans mes recherches, un photographe burkinabè qui n'est pas aussi loin de mon univers surréaliste. Je n'ai pas encore la chance de le voir en tout cas.

Quel conseil donneriez-vous à des jeunes qui rêvent de se lancer dans la photographie ?

Je leur dirai que la photographie n'est pas qu'une question de matériel, mais avant tout de regard. Puisque dans mon cas, je me concentrais plus sur le regard que ce avec quoi je fais la photo. Tout ce qui comporte une caméra pourrais faire pour moi une belle photo. Tout dépend de mon regard et de mon traitement. L'appareil ne reflète que la projection de l'esprit de celui qui le tient. Il faut observer le monde, cultiver sa curiosité, expérimenter. Ensuite, il faut être patient, car c'est un chemin qui demande du temps, de la discipline et une véritable passion.

La photographie nourrit-elle son homme ?

Humm ! Oui et non. Oui, parce que c'est un métier qui peut générer des revenus si on sait diversifier ses activités : portraits, mariages, projets artistiques, commandes publicitaires… Mais Non, si on le prend comme une passion pure sans organisation. La photographie nourrit, mais il faut la professionnaliser.

Quels sont les prix et distinctions que vous avez déjà remportés ?

Au fil des années, j'ai eu la chance de voir mon travail reconnu à travers plusieurs distinctions. En juillet 2022, j'ai participé au concours thématique « Portrait émotionnel » du 35AWARDS en Russie, où je me suis classé dans le top 25 des photographes de portraits émotionnels et le top 19 dans la même catégorie.
En août 2023, j'ai été lauréat du concours Wiki Loves Earth Burkina Faso, organisé par Wikimédia Commons, avec quatre de mes œuvres primées et classées 4ᵉ, 5ᵉ, 11ᵉ et 15ᵉ.

En décembre 2023, j'ai de nouveau été distingué au 35AWARDS, cette fois dans la catégorie « Portrait émotionnel d'enfants », où je me suis classé dans le top 21 et vu quatre de mes œuvres retenues parmi les meilleures.

En février 2024, j'ai participé à l'exposition collective de la 5ᵉ édition de la Rencontre internationale d'art plastique de Ouagadougou (RIPO OFF). Quelques mois plus tard, en septembre, j'ai été classé dans le top 29 du concours « Surréalisme » du 35AWARDS.
Puis, en octobre, j'ai de nouveau été lauréat du concours Wiki Loves Earth Burkina Faso, avec deux de mes photos classées 5ᵉ et 12ᵉ.
En novembre 2024, j'ai eu l'honneur d'exposer au WEKRE 5, Marché international d'art contemporain de Ouagadougou.

L'année 2025 a marqué une ouverture encore plus internationale pour moi. En février, j'ai participé au Festival SEGOU'ART, sur le Niger, au Mali, dans une exposition collective avec la délégation burkinabè et le collectif WEKRE. En mai, j'ai pris part à la 10ᵉ édition du Festival international Art'Dougou à Bobo-Dioulasso.
Enfin, en juillet 2025, j'ai remporté la 3ᵉ place au concours national photographique des sites et attraits touristiques du Burkina Faso, organisé par Faso Tourisme.

Avez-vous des projets, expositions, formations en vue ?

Oui, je travaille actuellement sur plusieurs séries, notamment Old Way ; Connexion et Méditation. Je prépare également deux expositions Old Way et Méditation courant octobre à décembre de cette année avec l'appui du Bureau burkinabè du droit d'auteur (BBDA) par le Fonds de promotion culturelle (FPC) pour partager ces projets au public.

Les réseaux sociaux et les smartphones compromettent la valeur de la photographie, puisque la photographie c'est une écriture physique avec la lumière. Du coup, c'est important d'avoir des mémoires physiques. Je réfléchis à mettre en place une galerie personnelle dédiée à mes œuvres et à mon univers.
J'ai déjà animé une ou deux formations en photographie, la transmission est importante et très intéressante. Donc, j'en ferai davantage pour initier des jeunes à la photographie comme moyen d'expression.

Quelle est votre vision de l'évolution de la photographie au Togo et au Burkina ?

Je crois que la photographie a un bel avenir dans nos pays. Les jeunes sont très créatifs et ont soif de montrer ce qu'ils savent faire. Notre génération pense juste que la photographie est juste une question d'avoir un bon iPhone pouvant assurer la visibilité sur les réseaux sociaux, … mais il est important d'aller au-delà, de penser à la photographie comme un patrimoine et un outil de mémoire.
Au Burkina comme au Togo, il y a un potentiel immense pour développer des festivals, des formations, et valoriser les photographes à l'international.

Entretien réalisé par Fredo Bassolé
Lefaso.net

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80e AG des Nations Unies : Le Premier ministre exhorte les représentants burkinabè à défendre la vision de souveraineté portée par le Président du Faso

Mon, 22/09/2025 - 23:50

Selon les informations rapportées par la direction de la communication et des relations publiques de la Primature, en prélude aux travaux de la 80ᵉ session de l'Assemblée générale des Nations Unies, le Premier ministre, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, a présidé, ce dimanche 21 septembre 2025, à la Représentation permanente du Burkina Faso à New York, une rencontre préparatoire avec les membres de la délégation burkinabè.

Au cours de cette réunion, le Représentant permanent du Burkina Faso auprès des Nations Unies, Son Excellence l'Ambassadeur Oumarou Ganou, a présenté les grandes lignes du programme ainsi que les enjeux de cette semaine de haut niveau. Le Chef du Gouvernement burkinabè a, pour sa part, exhorté les experts et représentants nationaux à défendre avec constance la vision de souveraineté portée par le Capitaine Ibrahim Traoré, Président du Faso. Il a rappelé que la participation du Burkina Faso à cette tribune internationale doit se faire dans un esprit de dignité, de fierté et de responsabilité.

« Nous sommes ici pour affirmer haut et fort la vision et les choix assumés du Burkina Faso », a martelé le Premier ministre, invitant les membres de la délégation à faire preuve de discipline et d'esprit d'équipe afin que triomphe, à cette tribune, l'intérêt suprême du peuple burkinabè.

Le Chef du Gouvernement a également insisté sur l'importance de saisir toutes les opportunités offertes par cette 80ᵉ session pour faire entendre, sans détours, la position du Burkina Faso sur les grands défis mondiaux.

Forts de ces orientations claires, les membres de la délégation entameront, dès ce lundi 22 septembre, les rencontres de haut niveau avec une contribution forte et cohérente, traduisant la volonté du pays de défendre sa souveraineté et de faire résonner sa voix dans le concert des Nations.

Lefaso.net
Source : DCRP Primature

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Journée mondiale sans voiture : Quelle leçon pour le Burkina Faso ?

Mon, 22/09/2025 - 23:45

Chaque 22 septembre, le monde célèbre la Journée mondiale sans voiture. Un événement né en Europe dans les années 1990 pour inviter les citoyens à repenser leurs modes de déplacement, et réduire leur dépendance aux véhicules motorisés. Cette initiative, inscrite dans la Semaine européenne de la mobilité, symbolise un appel à des villes plus respirables, moins polluées, davantage ouvertes à la marche, au vélo, et aux transports collectifs.

Si dans de nombreuses métropoles du Nord, le débat se concentre sur la place de la voiture dans les centres urbains, le contexte africain, et plus particulièrement celui du Burkina Faso, mérite un éclairage particulier. Ici, la voiture n'est pas le premier symbole de mobilité individuelle. Ce rôle est largement tenu par la moto, devenue l'outil quasi incontournable du déplacement quotidien. Dans les rues de Ouagadougou comme dans celles de Bobo-Dioulasso, les deux-roues forment un flot continu qui illustre à la fois le besoin des citoyens face à un transport public insuffisant, et la dépendance accrue à un mode de transport qui n'est pas sans conséquences.

La Journée mondiale sans voiture pourrait donc être, pour le Burkina Faso, une invitation à réfléchir à une mobilité plus diversifiée, au profit de solutions collectives et durables.

Aux Pays-Bas, encore appelés Nederland ou Hollande

L'exemple des Pays-Bas

Aux Pays-Bas, la mobilité douce est une réalité quotidienne. Le pays a développé un vaste réseau de pistes cyclables sécurisées, y compris des « autoroutes à vélo » reliant les villes aux banlieues. Le gouvernement soutient activement l'usage du vélo à travers des incitations fiscales, des parkings sécurisés, et des infrastructures de qualité. Résultat, le vélo est devenu le mode de transport privilégié pour de nombreux trajets, réduisant la pollution, et améliorant la qualité de vie urbaine.

L'exemple de la Chine

Capitale mondiale du vélo partagé, Pékin, à l'instar de Shanghai, Hangzhou, et d'autres grandes villes chinoises, a massivement développé le “bike-sharing”. Hangzhou a par exemple lancé l'un des plus grands systèmes de vélos en libre-service au monde dès 2008, aussi appelé “vélos partagés”. Ce qui contribue à transformer la mobilité urbaine, en réduisant la place de la voiture dans les centres-villes.

Shenzhen, quant à elle, est la première ville au monde à avoir converti 100 % de sa flotte de bus thermiques en électriques (plus de 16 000 bus). Beaucoup d'autres métropoles suivent la même voie avec taxis et véhicules de livraison électriques. Dans plusieurs grandes villes, les autorités limitent l'immatriculation de nouvelles voitures thermiques avec pour objectif de freiner la congestion et la pollution.

La Chine est aujourd'hui le plus grand marché mondial de la voiture électrique. Elle subventionne massivement l'achat de véhicules propres, développe un vaste réseau de bornes de recharge, encourage aussi la production et l'usage de motos et scooters électriques, qui remplacent progressivement les modèles thermiques.

L'exemple du Rwanda

En Afrique, le Rwanda est pionnier dans la dynamique. À Kigali, deux dimanches par mois sont consacrés aux journées sans voiture. Les habitants sont invités à marcher, courir, pédaler, tout en participant à des activités de santé et de sensibilisation environnementale. Cette régularité a permis d'instaurer une culture de mobilité plus saine et de montrer qu'une ville africaine peut se réinventer en réduisant la place des véhicules motorisés.

L'exemple du Kenya

Le Kenya, de son côté, mise sur l'innovation et la mobilité électrique. Le pays développe un cadre national pour encourager les motos et véhicules électriques, avec des incitations fiscales et la mise en place de hubs de recharge, parfois alimentés à l'énergie solaire. Ces initiatives visent à réduire la dépendance aux carburants fossiles, tout en offrant des solutions adaptées aux réalités locales, notamment en zones urbaines et rurales.

Quelle voie pour le Burkina Faso ?

Le Burkina Faso pourrait s'inspirer de ces modèles pour imaginer une mobilité durable adaptée à ses réalités. Cela, à travers le développement des transports collectifs, l'encouragement du vélo et de la marche, tout en explorant l'opportunité des motos électriques.

Certes, la moto a offert liberté et accessibilité à des milliers de familles, mais elle soulève aujourd'hui des défis de taille : pollution atmosphérique, insécurité routière et encombrement urbain. À l'image de ce que la Journée mondiale sans voiture signifie pour les pays industrialisés, le Burkina Faso pourrait saisir cette date comme une occasion de réflexion collective : comment diversifier nos moyens de transport et réduire l'emprise des deux-roues motorisés sur l'espace public ?

La marche, le vélo, mais aussi un investissement accru dans des transports collectifs fiables et abordables pourraient ouvrir de nouvelles perspectives. Car au-delà de la symbolique, cette journée interpelle : voulons-nous que nos villes continuent de s'étendre sous la domination des motos, ou préférons-nous imaginer des espaces de circulation plus sûrs, plus verts et plus humains ?

La Journée mondiale sans voiture n'est pas une injonction à abandonner nos moyens de déplacement du jour au lendemain. Elle est plutôt un temps de pause et de questionnement, une invitation à explorer des alternatives plus durables. Au Burkina Faso, elle pourrait devenir le tremplin d'une réflexion nationale sur la mobilité de demain.

Pour rappel, selon les Nations unies, 99 % de la population mondiale respirent un air pollué, ce qui entraîne plusieurs millions de décès prématurés chaque année.
La Journée mondiale sans voiture, lundi, est une occasion d'agir pour le climat et de montrer à quoi ressemblent les villes sans voiture.

Hamed Nanéma
Lefaso.net
Crédit photos : 360 Afrique / aviewfromthecyclepath.com / journee-mondiale.eu

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Burkina/Technologie : Halt, l'hébergement à portée de clic

Mon, 22/09/2025 - 23:30

Lancée en octobre 2024, Halt est une application innovante qui permet de réserver facilement des maisons meublées et des hôtels depuis son téléphone. Alliant praticité, sécurité et diversité d'offres, elle entend révolutionner l'expérience des voyageurs locaux et internationaux à travers une interface simple et un service adapté aux réalités du Burkina Faso. Dans cette interview réalisée le jeudi 18 septembre 2025, Moussa Ouédraogo, fondateur de la start-up Halt, nous donne plus de détails sur son application.

Lefaso.net : Présentez-vous à nos lecteurs s'il vous plaît

Moussa Ouédraogo : je suis Abdoul Moussa Ouédraogo, à l'état civil. Je suis maintenancier de formation, et je suis aussi le promoteur et fondateur de la start-up Halt, dédiée à l'hébergement en ligne.

Vous avez lancé une application pour la réservation des maisons meublées et hôtels. Dites-nous quelle problématique spécifique vous avez voulu résoudre avec votre application de réservation ?

Je suis parti du constat que nous tous, lorsqu'on essaie de se loger, nous sommes obligés de passer par les moyens traditionnels. On passe par un démarcheur et souvent on s'est confronté à beaucoup de problèmes. On doit payer des frais de visite de 2 000 francs CFA, juste pour qu'il nous fasse visiter. Et souvent c'est de l'arnaque même. Aussi, il n'y a pas de transparence sur le prix car chaque acteur qui a eu vent du marché ajoute un surplus sur le montant initial. C'est au regard de tous ces problèmes que je me suis assis un jour, j'ai réfléchi. J'ai dit, mais pourquoi ne pas mettre une start-up sur place, une application pour que les gens puissent réserver un logement sans intermédiaire.

Votre application est téléchargeable sur quelle plateforme et comment fonctionne-t-elle ?

Halt se trouve sur App Store et Play Store. Une fois téléchargé, le client s'inscrit avec les détails comme son numéro de téléphone, son e-mail, etc. Il choisit un mot de passe. Une fois qu'il a accès à l'application, différentes catégories de produits se présentent : hôtels, résidences, meubles, location de véhicules, vente de terrain. Ainsi, il fait son choix et fait sa réservation. Puis, il clique pour voir les détails, c'est-à-dire toutes les commodités qu'offre l'hébergeur. Lorsque la réservation est faite, il a accès à un calendrier pour marquer la durée de son séjour. Lorsque cela est fait, il valide la réservation. Nous recevons cela sur notre tableau de bord en instantané. Puis, nous validons.

À ce stade, combien d'hébergements sont disponibles sur votre plateforme ? Et quelles sont les localités concernées ?

Disons que depuis octobre 2024, nous avons décidé de lancer notre premier prototype pour tester le marché, voir l'engouement qui était autour du projet, si les hôtels, les résidences, les propriétaires des parcs de véhicules seront intéressés. On a commencé la prospection sur le terrain. Et je peux dire qu'à ce jour, nous avons au moins cinquante et un services disponibles, répartis entre hôtels, résidences, véhicules de location, plus la vente de terrains. Cependant, au titre des hôtels, nous avons environ 12 hôtels disponibles. Pour les résidences, nous comptons au moins une trentaine qui se sont enregistrées. Quant aux parcs de véhicules, nous avons un nombre qui frise la dizaine. Toutes les localités du Burkina sont concernées. Parce que dans notre programmation, nous avons tenu compte de toutes les villes. À la base, le projet a été initié pour que tous ceux qui ont besoin de résidence au Burkina puissent le trouver en instantané. Donc toutes les villes sont concernées, mais comme les moyens sont limités, nous commençons d'abord par Ouagadougou, ensuite nous attaquerons Bobo-Dioulasso. Et là même, nous pouvons dire qu'à Bobo, nous avons déjà commencé à entrer en contact avec des résidences sur place. Il y a déjà une résidence qui s'est déjà enregistrée au niveau de Bobo et d'autres aussi ont commencé à envoyer leurs images.

Qu'est-ce qui différencie votre application des autres plateformes de réservation déjà connues comme Booking par exemple ?

La différence est que nous avons pensé à nos réalités africaines. Nous avons des cours communes, des maisons, et nous pouvons louer une maison dans une cour familiale si possible, qui sont des spécificités appartenant à l'Afrique. Ensuite, il faut dire que Booking est un standard. Par exemple, lorsque tu as un problème et que tu appelles sur Booking, c'est une IA qui répond et non une personne, donc il y a cet échange humain qui n'existe plus sur Booking ou Airbnb. En plus, il y a l'ancrage local. On va dire que nous nous sommes ancrés localement. C'est-à-dire que Booking, eux, ils sont en Hollande. Ils n'ont pas les moyens de voir une résidence par exemple à Tanghin Dassouri. Nous par contre, nous sommes ici et nous avons les moyens de nous rendre à Tanghin-Dassouri, enregistrer la résidence qui s'y trouve pour qu'une tierce personne qui veut, puisse accéder facilement. Il y a aussi les moyens de paiement. Sur Booking, c'est généralement par carte Visa, etc. Et pourtant ici, la majorité de la population n'a même pas accès à ces cartes-là. Donc nous, nous avons intégré le mobile money pour que les gens puissent faire les transactions tranquillement.

Avez-vous déjà testé votre solution sur le terrain ? Si oui, quels retours avez-vous reçus des utilisateurs ?

La solution Halt a été déjà testée. On l'a lancée en octobre 2024. Donc c'était pour tester le marché, voir si le marché allait réagir positivement à une telle application. On va dire qu'au début, ce n'était pas facile de communiquer avec les gens sur les nouvelles solutions. Mais une fois que les gens ont compris que c'est pour faciliter la réservation et la recherche, les gens ont commencé à adopter.

Les hôtels, on est allé les voir et parce qu'ils savaient déjà que des applications comme ça existaient sur le marché, mais ils n'avaient pas une application locale pour ça. Mais dès qu'on leur a expliqué que c'est local, ils ont accepté. Ils nous ont ouvert leurs hôtels, nous ont donné accès, on a pris des photos, et on les a enregistrés. Pour les résidences aussi, c'est pareil. Là-bas, il y a eu plus d'engouement.

Est-ce que les retours des clients vous ont amenés à perfectionner davantage votre solution ? Si oui, comment ?

Oui. Sur notre premier prototype, on n'avait pas encore intégré le paiement par mobile money. On a simplifié pour que ça aille un peu plus vite, pour plus de facilité. Mais quand on a lancé, des clients sont généralement revenus sur la question de paiement. Et nous avons décidé d'apporter plusieurs améliorations à la plateforme. Il fallait donc réfléchir à intégrer un moyen de paiement. Comme Orange Money, Yenega Pay. Nous avons déjà commencé la démarche dans ce sens-là pour les intégrer. Aussi, il y a la question de la visite. Certains clients nous ont demandé s'il y avait la possibilité de voir la chambre à 360° pour annuler l'histoire d'aller voir sur place. Nous avons déjà commencé à travailler avec des partenaires qui font des vidéos 360° pour faire les montages pour les intégrer à la prochaine mise à jour.

Depuis son lancement sur le marché, combien de réservations avez-vous déjà enregistrées côté clients ?

Depuis la mise sur le marché à aujourd'hui, nous avons 45 réservations qui ont été confirmées à travers l'application, qui sont passées à travers l'application pour gérer. Disons que j'étais déjà dans le domaine des résidences meublées. Et quand quelqu'un me contactait pour une autre résidence, pour pouvoir faire la publicité de mon application, je disais : « Télécharge l'application, fais une réservation et on va réagir rapidement. » Je les amenais à télécharger ça en même temps. C'était un moyen pour moi aussi de favoriser le téléchargement. Donc je faisais ça au fur et à mesure. Et j'ai eu quelques téléchargements, quelques téléchargements, quelques confirmations.

Comment avez-vous intégré la question de la sécurité, aussi bien pour les clients que pour les hébergeurs ?

Pour les questions sécuritaires, on va dire que pour le premier prototype, nous avons simplifié l'inscription pour que les gens puissent s'enregistrer facilement. Comme il s'agissait d'aller vite pour tester le marché, on a un peu simplifié l'inscription, nous nous sommes contentés des e-mails et des numéros de téléphone. Mais dans la nouvelle version, quand nous ferons la mise à jour, nous avons décidé de mettre un kawaii-c léger. Kawaii-c, c'est-à-dire une identification, où l'hébergeur met sa carte d'identité qui prouve que ses infos sont déjà enregistrées et sont aussi validées. Sans cela, ça ne passera pas. Ça c'est pour les hébergeurs. Maintenant pour le client. Le client vient pour faire son inscription aussi. Ça sera toujours le même principe, seulement que ça sera plus poussé aussi. Il va devoir faire une identification plus poussée avec sa pièce d'identité aussi pour les raisons de sécurité.

Abdoul Moussa Ouédraogo, fondateur de la start-up Halt

Quelles difficultés avez-vous rencontrées dans la mise en place de l'application ?

La difficulté majeure, ce n'est pas une difficulté en tant que telle. Parce que dès qu'on a fini le premier prototype, on a approché le ministère en charge du tourisme, pour essayer de lui présenter le projet. Certes nous n'avons pas eu l'accompagnement que nous voulions, mais il nous a encouragés à aller dans le sens du travail afin qu'il puisse voir les résultats. Et, aussi, sur le terrain, quand on approche par exemple les hébergeurs, ceux qui ont des maisons en location ou des résidences, au début ils sont assez réticents face à ces genres de nouvelles solutions. Il faut expliquer longtemps pour qu'ils comprennent que ce n'est pas une arnaque, mais juste un moyen pour faciliter les réservations et puis leur apporter plus de trafic.

Quel est votre modèle économique ?

Nous avons trois modèles économiques. Il faut dire que sur Halt, nous fonctionnons d'abord à la commission. C'est-à-dire entre hôtels, résidences meublées, vente de terrain, nous récoltons entre 5 à 15 % de commission.

Maintenant, nous avons aussi intégré de la publicité ciblée pour nos différents partenaires. Ceux qui vont bien vouloir nous accompagner. Nous avons mis une bannière publicitaire au niveau de l'application, pour faire la publicité de leurs produits. Enfin, nous travaillons déjà à mettre en place un système d'abonnement premium pour les hébergeurs. Une fois qu'ils font l'abonnement premium, ils auront accès à d'autres fonctionnalités que ceux qui n'ont pas fait l'abonnement premium n'auront pas.

Quelles améliorations ou nouvelles fonctionnalités prévoyez-vous pour l'application dans les prochains mois ?

Dans les prochains mois, nous prévoyons d'inclure presque tous les services qui sont liés à l'hébergement et à l'hôtellerie, notamment les SPA, la réservation du billet d'avion, mais ça c'est sans API de paiement intégré, on va seulement inclure pour qu'on puisse réserver les billets à travers l'application. On aura aussi la billetterie pour les différents événements, cela va permettre à la population de réserver facilement ses tickets dans les événements comme le SIAO, le FESPACO, etc. Nous allons aussi intégrer la visite 360° pour éviter les déplacements, les frais de visites, etc.

Où voyez-vous votre projet dans 5 ans, et quel rêve souhaitez-vous concrétiser grâce à lui ?

Dans 5 ans, j'aimerais que Halt soit la référence en matière d'hébergement temporaire en Afrique francophone et en Afrique même en général. Et aussi au niveau du tourisme, je veux que Halt soit un modèle, soit un outil de promotion de la culture et du tourisme burkinabé.

Quel message avez-vous à l'endroit des jeunes qui ont des projets ?

Moi je dirais que c'est de s'entêter. Parce qu'au moment où moi je pensais à Halt, j'étais en entreprise, je travaillais pour quelqu'un. Mais ça ne m'a pas privé de le faire. Quand j'ai vu la somme qu'il allait me falloir pour concevoir d'abord le premier prototype, ça aurait pu me freiner. Mais je ne me suis pas arrêté là, je me suis dit : Je le fais pour quelque chose, j'ai une idée, c'est ce que je veux faire demain. Donc j'ai cru en ça, j'ai cru en mon rêve et je suis allé. Je me suis jeté. Je n'ai pas regardé à gauche, je n'ai pas regardé les difficultés. Je me suis contenté d'avancer.

Avez-vous un dernier mot ?

J'aimerais d'abord remercier Lefaso.net parce que c'est une occasion pour une petite entreprise comme la mienne de se faire voir et de se faire connaître. C'est une visibilité unique qu'on m'offre. Et ensuite, j'aimerais vraiment que les institutions qui sont concernées par ça, surtout l'habitat, le tourisme, qu'ils tournent le regard vers nous les startups pour qu'on puisse vraiment déployer notre plein potentiel.

Muriel Dominique Ouédraogo (stagiaire)
Lefaso.net

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