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Diplomacy & Defense Think Tank News

Quelle légitimité pour le nouveau président du Pérou ?

IRIS - Fri, 10/06/2016 - 17:08

Le candidat de centre-droit Pedro Pablo Kuczynski (PKK) n’a jamais été aussi proche d’être élu président du Pérou, mais avec très faible légitimité face à sa rivale Keiko Fujimori qui a obtenu 49, 88 % des voix. Comment expliquez-vous ces résultats et une telle fracture dans le pays ?
Pour l’heure, le résultat semble effectivement donner la victoire à Pedro Pablo Kuczynski (PKK), quatre jours après l’élection. Il a donc fallu beaucoup de temps pour arriver à déterminer le gagnant de cette élection présidentielle, l’une des plus disputée de l’histoire du Pérou. En effet, la différence sur les 17 millions de votes exprimés est seulement de 40 000 voix (0,12 %).
Pourquoi un résultat aussi serré ? Certainement parce que le vote en faveur de PKK n’était pas un vote d’adhésion mais un vote d’opposition à Keiko Fujimori. Une majorité de Péruviens a exprimé son hostilité au système Fujimori, qui comprend aussi bien la fille que le père, ancien président actuellement en prison pour violation des droits de l’Homme et de la Constitution du Pérou. Les Péruviens sont nombreux, même parmi ceux qui ne partagent pas les idées de PKK, à avoir décidé de faire barrage. La candidate arrivée en troisième position au premier tour de l’élection présidentielle, Veronika Mendoza, qui avait obtenu 19 % des suffrages et avait défendu le seul programme alternatif de centre-gauche, a ainsi appelé ses électeurs à empêcher le retour du système Fujimori et donc à voter PKK.
Cela explique la victoire surprise du candidat Kuczynski, qui était loin derrière sa rivale au premier tour – 21 % contre 38 % – et qui, 10 jours avant les élections, semblait n’avoir aucune chance d’être élu. Il y a donc eu une forte mobilisation des opposants au système Fujimori, qui avait conduit le Pérou au bord d’un conflit civil. Cependant, en raison de l’écart très faible entre les deux candidats, des recours restent possibles, exigeant le recompte d’un certain nombre de bulletins.

Quel est le programme et le positionnement international du probable nouveau président du Pérou dans un pays profondément divisé ? Alors que l’élection législative donnait parallèlement la victoire au parti de sa rivale Keiko Fujimori, PKK est-il en capacité de gouverner ?
Le Pérou est certes polarisé, mais cela est un peu moins vrai si l’on regarde la politique économique privilégiée par le nouveau président, très proche de celle défendue par sa rivale Keiko Fujimori. Le Pérou est intégré et ouvert sur le monde occidental, les Etats-Unis, le Pacifique et l’Europe. C’est l’un des pays membres de l’Alliance du Pacifique. Il participe à la Coopération économique pour l’Asie Pacifique (APEC). Il a signé des accords de libre-échange avec les Etats-Unis et l’Union européenne. Ce positionnement ne fait pas l’objet de divergence entre le président élu et la candidate malheureuse. Le consensus est réel en matière de politique économique, que ce soit à propos de l’ouverture sur les marchés internationaux ou de la poursuite de la politique minière.
Seule nuance remarquable dans ses premières déclarations en tant que candidat quasiment élu, PKK a signalé que sa priorité serait asiatique et que son premier déplacement se déroulerait en Chine. Cela est tout à fait cohérent avec la situation de l’économie péruvienne qui, ces dernières années, est devenue beaucoup plus dépendante des partenaires asiatiques, en particulier de la Chine, et beaucoup moins des Etats-Unis et de l’Europe.
Il faut toutefois remarquer que le futur président ne possède que 18 députés sur 130 au Congrès, contre 73 pour sa rivale qui a donc la majorité des sièges. La gauche, dont 20 représentants ont été élus, a annoncé qu’elle serait dans l’opposition dans la mesure où son appel à voter pour PKK était seulement motivé par le rejet de Keiko Fujimori. Au-delà de la politique économique un différend supplémentaire pourrait apparaitre à propos d’une éventuelle amnistie de l’ancien président Fujimori, actuellement en prison. Cela pourrait fait l’objet d’une demande de la part de Force Populaire, le parti fujimoriste, d’autant plus qu’il existe une querelle au sein de la famille Fujimori : le frère de Keiko Fujimori, partisan du secteur le plus radical du parti, a ainsi signalé que si sa sœur était battue, il prendrait les rênes du parti pour être candidat aux prochaines élections présidentielles, notamment pour exiger l’amnistie de son père.

Quels sont les défis que le Pérou devra relever à l’avenir ?
Le défi du Pérou est celui de tous les pays d’Amérique latine qui ont centré leur développement économique sur l’exportation de matières premières brutes, minérales, énergétiques, agricoles, etc. Le Pérou, qui a fait le pari de ne pas simplement s’orienter vers un ou deux partenaires, a mieux résisté que ses voisins équatorien, chilien et brésilien, et peut donc se targuer d’avoir un taux de développement relativement honorable.
Cependant, deux problèmes se posent au Pérou. Le défi des inégalités et la capacité de former un consensus quant au développement des activités minières qui se font souvent au détriment de zones naturelles protégées, ou dans des régions habitées par des communautés indigènes qui ne sont pas toujours consultées par les autorités. On assiste d’ailleurs depuis une dizaine d’années à des affrontements violents – certains ayant causé plusieurs dizaines de morts – entre la police et les autorités gouvernementales favorables aux exploitations minières, et les communautés indigènes qui entendent à la fois protéger leur milieu naturel et éventuellement profiter de la manne financière des ressources minières qui leur échappent pour l’essentiel.

Euro 2016 : les enjeux pour la France

IRIS - Fri, 10/06/2016 - 16:24

L’Euro 2016 s’ouvre aujourd’hui. Les enjeux sont multiples et la réussite – ou l’échec – de cette compétition, que ce soit en termes sportifs ou organisationnels, aura nécessairement un impact sur le rayonnement de la France.

Le premier enjeu est d’abord sportif ; il ne faudrait pas l’oublier. L’Euro est avant tout une compétition sportive. L’équipe de France et les Français souhaitent donc que les Bleus aillent le plus loin dans la compétition, et pourquoi pas la gagner même si, bien sûr, on ne le dit pas – encore – ouvertement. Cet espoir est cependant très perceptible. On sent également un souffle nouveau dans cette équipe. Tout cela se traduit par un fort soutien populaire ; cela n’avait plus été le cas depuis longtemps. Le tournant date de la victoire spectaculaire de la France face à l’Ukraine en novembre 2013, ainsi que du bon parcours des Français au Brésil en 2014, qui ont perdu de justesse face au vainqueur de la Coupe du monde. Le nouveau sourire de cette équipe de France, qui a retrouvé un lien très fort avec les Français, fait plaisir à voir, et on ne demande qu’à ce qu’il s’élargisse.  Et à recréer des moments de joie collective qui manquent cruellement.

Le deuxième enjeu est sécuritaire. Des dispositifs draconiens sont adoptés dans un contexte de menace terroriste, qui n’est d’ailleurs pas propre à la France. Même le Brésil, dont la situation stratégique est très différente de celle de la France, va déployer un dispositif pour les Jeux olympiques (JO) de Rio qui n’est pas loin d’égaler le dispositif français à l’échelle nationale, et ce pour une seule et unique ville ! Bien entendu, des menaces spécifiques pèsent sur la France. Cette dernière a pris toutes les mesures nécessaires et possibles. Mais aujourd’hui, tout évènement sportif mondialisé attire les terroristes, dont le but premier est de communiquer, attirer les médias pour frapper les esprits. Ces grands évènements ultra-médiatisés sont donc des occasions rêvées. En même temps, on peut s’interroger sur leur place accordée dans les médias : cela ne contribue-t-il pas à créer un climat anxiogène ? Y-a-t-il des risques ? Oui. Mais il y en a également quand on prend sa voiture ou l’avion ou dès que l’on sort de chez soi. Les risques ne doivent pas nous empêcher de vivre : c’est ce que recherchent nos ennemis.

Le troisième enjeu concerne l’image de la France dans le monde. Il est important d’envoyer un message positif : oui, la France peut accueillir un évènement qui rassemble des millions de visiteurs. Sur 2,5 millions de billets, 1,5 million ont été vendus à des étrangers, qui n’ont pas annulé leur participation suite aux attentats du 13 novembre 2015. Il y a donc un enjeu touristique considérable. Évidemment, il faudra que les touristes étrangers soient bien reçus, dans des conditions dignes de ce nom.

Le quatrième enjeu interroge l’équipe de France, en tant que reflet de la société. La question de l’intégration a soulevé beaucoup de questions. La non-sélection de Benzema et de Ben Arfa a fait débat : beaucoup ont avancé que leurs origines maghrébines avaient justifié cette décision et certains ont même mis en cause personnellement le sélectionneur, Didier Deschamps, pour cela. Le mythe « black-blanc-beur » serait ainsi ruiné. Je crois qu’il faut resituer cet ensemble de questions dans un contexte plus général. Dire qu’il y a du racisme en France et que de nombreuses voix – pour des motivations racistes – se sont élevées pour que Benzema ne soit pas retenu est une réalité. Ce n’est pas pour cela que D. Deschamps, qui a prouvé tout au long de sa carrière qu’il était hermétique voire hostile au racisme, n’a pas sélectionné Benzema. Il a souhaité offrir un équilibre au sein des 23 et préparer une bonne ligne d’attaque.  Il est donc injuste de l’accuser de racisme. Les responsables politiques qui ont vivement applaudi à cela n’ont pas rendu service à l’équipe de France, pas plus que K. Benzema qui ne s’était jamais signalé auparavant dans la lutte antiraciste, contrairement à des joueurs comme Lilian Thuram lorsqu’il était en activité. Est-ce que cela vient casser l’intégration ? On voit bien que non. L’équipe de France est diverse. Il faut d’ailleurs se rappeler à propos du mythe « black-blanc-beur » que seul Zidane était parmi les « beurs ». Au sein des 22 sélectionnés de 1998, il y avait beaucoup de blancs et de blacks et un seul « beur » : Zidane. Aujourd’hui, il y a Rami, rappelé en doublant plusieurs arrières sur la ligne. Il est bien la preuve que D. Deschamps n’est pas raciste.

Le football reste un facteur d’intégration. Bien sûr, dans la mesure où nous avons des problèmes, il est attaqué, et notamment par ceux qui sont hostiles à l’intégration et au vivre ensemble car, comparé à d’autres secteurs de la vie sociale, ce sport est bien plus mélangé. Il n’y a qu’à regarder le profil de l’équipe de France et le profil des rédactions dans les médias qui parlent d’intégration pour voir qu’il y en a un qui a réussi là où l’autre a encore du chemin à parcourir. Sans parler de la vie politique française…

L’Euro 2016 constitue enfin une répétition pour la candidature de Paris aux JO de 2024. Un Euro et des conditions d’accueil réussis viendront crédibiliser et renforcer le dossier de candidature pour les héberger. Donner l’image d’un pays bloqué par les problèmes sociaux desservirait la France. Le Gouvernement et la Confédération générale du travail (CGT) espèrent chacun faire plier l’autre du fait de l’Euro. Contrairement à un match de football, il n’y aurait, en cas de blocage prolongé, que des perdants.

« L’Euro peut raviver la flamme collective »

IRIS - Fri, 10/06/2016 - 15:26

Les autorités françaises déclarent qu’il n’a jamais été question d’annuler l’Euro, mais le fait même de le dire est significatif, non ?
Certains affirment que nous sommes en guerre. Or, la France va accueillir un événement sportif majeur. C’est que nous ne sommes pas tout à fait en guerre. Vous avez souffert, nous avons souffert, quantité d’autres pays aussi. Les attentats peuvent survenir partout mais ils ne doivent pas fixer le calendrier. L’Euro est une façon de dire que nous sommes un pays normal… Les deux tiers des 500 000 billets achetés l’ont été par des étrangers. Or, le comité organisateur s’attendait à un partage moitié-moitié. Les stades seront plein et les fans zones maintenues : ce sera une joie collective. La France n’est pas un pays qui a peur, en dépit de la menace terroriste. Si elle avait renoncé à l’Euro, elle pouvait aussi renoncer à sa candidature pour les Jeux olympiques de 2024 à Paris, parce que c’est un test grandeur nature. Dans un pays à l’humeur morose, un événement de ce type peut être mobilisateur et raviver une flamme collective qui nous manque pour le moment.

Peut-il jouer un rôle positif pour une Europe en pleine crise existentielle ?
Il y a une fatigue de l’Europe, les gens se déplacent de moins en moins pour voter, seul un Européen sur deux a choisi ses élus pour le Parlement européen alors que celui-ci n’a jamais eu autant de pouvoirs. Et parmi cette moitié, il y a une moitié qui vote pour des partis hostiles à l’actuelle construction européenne. Mais l’Euro accueille aussi des pays qui ne sont pas membres de l’Union européenne : une ouverture rappelant que le monde est divers, qu’il n’est pas cantonné à ses frontières.

Peut-on dire que la construction du football européen précède la construction politique ?
Historiquement, c’est le cas. Les premiers contacts est-ouest ont eu lieu à travers la Coupe d’Europe des clubs champions, comme on l’appelait à l’époque. C’était une époque, dans les années 1950, où il n’y avait pas de déplacements est-ouest. La première ouverture sur l’autre a eu lieu par les compétitions sportives. Le football reste un moyen de diplomatie.

L’UEFA est d’ailleurs née trois ans avant le Traité de Rome. Un signe ?
Elle a effectivement eu un rôle de pionnier, en affirmant que le sport pouvait s’affranchir des oukases politique. Sa création fut un événement avant-coureur de l’Union à venir.

Les crises se multiplient dans la gouvernance de ce sport…
Une série de personnes ont failli et ont profité du système. Il y a davantage d’argent qui circule et ça n’a pas été accompagné d’une réforme de la gouvernance à la hauteur des sommes engagées. Il faut réformer le football mondial, c’est évident. Aucun empire ne se maintient en géostratégie sans se remettre en question. Si le football veut rester le sport numéro un, il doit tenir compte des critiques.

L’Europe demeure la plaque tournante du ballon rond. Mais d’autres puissances, comme la Chine, commencent à investir massivement dans le football…
Elle le fait parce que son président aime le football et qu’il perçoit combien c’est un élément de rayonnement pour le pays. Les Chinois ont été très amers de ne voir leur équipe nationale qualifiée que pour une seule Coupe du monde, en 2002, à l’issue de laquelle elle a été éliminée au premier tour sans avoir marqué un point. Ils ne veulent plus être ridicules et je ne serais pas étonné qu’ils soient candidats à l’organisation de la Coupe du monde 2026 ou 2030.

Le football est-il devenu un enjeu géostratégique majeur ?
C’est une perception relativement nouvelle. En 1997, avant la Coupe du monde en France, j’avais proposé à deux éditeurs de publier un livre sur le football et les relations internationales. Les deux m’avaient ri au nez en affirmant que c’était deux choses distinctes : « On sait que tu aimes le football, mais ce n’est pas la peine de faire un lien qui n’existe pas. » Plus personne aujourd’hui ne pourrait nier qu’il y a des relations entre les deux sujets.

Il y a eu une prise de conscience ?
De son impact, oui. Si le Qatar a racheté le Paris Saint-Germain, ce n’est pas par hasard, c’est aussi parce qu’ils pouvaient obtenir, pour une somme modique, le club d’une capitale emblématique. Le Qatar n’était connu que pour l’énergie. Maintenant, en France, tout le monde le connaît. Pour eux, ce fut un investissement judicieux. Et ça a toujours été le cas. Quand Peugeot investit sur Sochaux dans les années 1930, on a prétendu que le championnat était faussé. Dans les années 1970, en France, ce fut au tour des municipalités de subventionner les clubs. Jacques Médecin, maire de Nice, avait donné un gros montant à l’OGC pour rivaliser avec Marseille. Ces sommes étaient énormes pour l’époque et permettaient d’acheter l’une ou l’autre vedette. Nous sommes aujourd’hui dans une autre dimension. Cela fausse-t-il les compétitions ? Oui, car on voit que les clubs les plus riches l’emportent plus facilement et le PSG a actuellement un monopole en France. Mais ce sont des phases, tout cela, car d’autres investisseurs viendront faire concurrence. La période actuelle n’est pas aussi révolutionnaire qu’on veut bien le dire.

Que penseriez-vous d’une finale France-Belgique ?
Ce serait formidable parce que nous sommes deux pays frères, proches culturellement et sociologiquement. L’Allemagne est notre premier partenaire commercial et politique, mais en football, il n’y a pas la même proximité. Cela dit, ces trois formations sont très proches : elles sont toutes multiculturelles. Ce sont les effets de la globalisation, mais ces équipes restent de puissants vecteurs d’identité nationale. Nul ne soupçonne le Diables Rouges de ne pas représenter la Belgique, c’est d’ailleurs l’un des derniers ciments d’unité nationale, plus que la monarchie et que le système politique ou la Constitution. Cela démontre encore que l’identité nationale se nourrit de multiples origines.

PSDC : propositions institutionnelles et scénarios

RMES - Fri, 10/06/2016 - 14:58
André Dumoulin, La Politique européenne de sécurité et de défense ;: propositions institutionnelles, Sécurité & Stratégie n°122/1, Institut royal supérieur de défense, Bruxelles, mai 2016, 47 pages. André Dumoulin, Scénarios pour la Politique européenne de sécurité et de défense (PSDC), Sécurité &Stratégie n°122/2, Institut royal supérieur de défense, Bruxelles, mai 2016, 80 pages.

Brexit et défense européenne

RMES - Fri, 10/06/2016 - 14:54
André Dumoulin, Brexit et défense européenne. Décryptage, e-Note 20, Institut royal supérieur de défense (IRSD), Bruxelles, 8 juin 2016.

La imagen de España en la prensa internacional: segundo semestre de 2015

Real Instituto Elcano - Fri, 10/06/2016 - 12:50
DT 8/2016 - 10/6/2016
Elena Sotos Olmo y Juan Antonio Sánchez Giménez
Uno de los principales factores que afectan a la marca país es la imagen que se proyecta desde los medios de comunicación internacionales sobre ese país y el sentimiento que esta imagen genera en la opinión pública internacional.

Aussöhnung und Gesellschaft

SWP - Fri, 10/06/2016 - 11:42

Menschliche Gemeinschaften bemühen sich in sehr unterschiedlicher Weise darum, die kollektive Erinnerung an Leid zu bewältigen, das ihnen von anderen zugefügt wurde oder das sie selbst anderen angetan haben. Die vorliegende Studie behandelt wesentliche Aspekte verschiedener Beispielfälle, in denen dieses Unterfangen gelungen oder gescheitert ist. Versucht wird, die jeweils wirksame Dynamik auf gesellschaftlicher wie politischer Ebene zu identifizieren und mit den Erfahrungen anderer Gemeinschaften zu vergleichen. Dabei gelangt die Studie zum Ergebnis, dass zivilisatorischer Fortschritt bei der Bewältigung kollektiv erlebten Leids von der Fähigkeit abhängt, einen gesellschaftlichen Konsens über Aussöhnung als Teil einer neuen kollektiven Erinnerungskonstellation zu entwickeln. Solch ein Konsens kann aus den Zukunftshoffnungen jener Generation erwachsen, die das Leid selbst erlebt hat und nicht wiederholt sehen möchte. Er kann sich aus neuen Narrativen ergeben, die unter veränderten politisch-sozialen Rahmenbedingungen entstehen. Er kann ebenso Ergebnis geschickter politischer Führung sein – mitunter zielt diese aber auch darauf, erlebtes Leid nicht zu bewältigen, sondern zu verschweigen.

Die Studie kommt überdies zum Schluss, dass praktische Politik sich der Erkenntnisse bedienen kann, die aus der Analyse erfolgreicher bzw. erfolgloser Aussöhnungsprozesse resultieren. Politisches Handeln kann dazu beitragen, dass einer Gesellschaft der Schritt gelingt, Konsens über die Notwendigkeit von Aussöhnung zwischen Opfern und Tätern herzustellen. Europa, mit seiner Geschichte erfolgreicher Aussöhnungsanstrengungen, und Deutschland, das im Zentrum der meisten dieser Bemühungen steht, tragen hier vielleicht sogar eine moralische Verantwortung. Äußerste Vorsicht ist allerdings geboten, wenn sich ein Staat in Fragen anderer Gesellschaften zu Wort meldet, die diese in der Tiefe ihrer Identität berühren.

Sicherheitspolitik Westafrika: Dialog mit Europa ist entscheidend

Konrad Adenauer Stiftung - Fri, 10/06/2016 - 00:00
Die Herausforderungen Afrikas sind längst zu einer europäischen Angelegenheit geworden. Lage.Bericht, unterwegs in Mali, Niger und der Elfenbeinküste.

Remise du prix Albert Thibaudet 2016

Centre Thucydide - Thu, 09/06/2016 - 19:02

Le prix Albert Thibaudet a été attribué cette année à l'ouvrage de Olivier Zajec, "Nicholas John Spykman, l'invention de la géopolitique américaine : Un itinéraire intellectuel aux origines paradoxales de la théorie réaliste des relations internationales " PU Paris-Sorbonne, mars 2016.

Ont également obtenu des voix : Christophe Bellon, "Aristide Briand ", Editions du CNRS, mars 2016 ; Guillemette Crouzet, "Genèses du Moyen Orient : Le Golfe persique à l'âge des impérialismes (1800-1914)", Champ Vallon, Paris, octobre 2015.

Le Jury souligne la qualité d'ensemble des ouvrages en compétition cette année. Leur liste figure sur le site "afri-ct.org". Les notes de lecture établies au sujet des quatorze ouvrages initialement retenus seront publiées dans l'AFRI 2017.

Le prix Thibaudet sera remis le 21 juin 2016 à 18 h, à l'appartement décanal du Centre Panthéon, par Antoine Compagnon, président du Jury, dans le cadre de la réception de sortie de l'AFRI 2016.

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Euro 2016 : les enjeux pour la France

IRIS - Thu, 09/06/2016 - 17:10

Pascal Boniface, directeur de l’IRIS, revient sur les enjeux de l’Euro 2016 pour la France et sur ce que révèle la polémique autour de la sélection de l’équipe de France soulevée par Karim Benzema.

L’Abkhazie tente d’attirer l’attention de la Communauté internationale

IRIS - Thu, 09/06/2016 - 14:01

La Coupe du Monde de Football des Etats non-reconnus s’est tenue la semaine dernière à Soukhoumi, capitale de la région sécessionniste géorgienne d’Abkhazie. A cette occasion, les équipes de douze pays non-reconnus par la Communauté internationale se sont affrontées pendant une semaine dans cette capitale de facto aux confins de la mer Noire et aux allures de riviera soviétique déchue. L’équipe de chercheurs Caucasus Without Borders*, de retour d’une enquête de terrain, propose un état des lieux de la situation dans cette région indépendantiste de Géorgie largement russifiée et stratégique pour l’avenir des relations entre la Russie, le Sud Caucase et l’Union européenne.

Territoire caucasien de la taille d’un département français, l’Abkhazie abrite aujourd’hui une population d’environ 240 000 habitants [1]. Depuis la guerre de sécession avec la Géorgie de 1992-1993 qui a fait 10 000 morts et plus de 300 000 réfugiés dans laquelle les Abkhazes ont défendu leur “foyer national”, cette république autonome de Géorgie sous l’ère soviétique a fonctionné comme un Etat de facto indépendant. Officiellement reconnue par la Russie à l’issue de la guerre des 5 jours de 2008, elle est aujourd’hui considérée comme partie intégrante de la Géorgie par la communauté internationale, exception faite de la Russie. L’implication russe est loin de se limiter à la reconnaissance officielle d’un statut indépendant. En 2014, en raison des difficultés économiques croissantes dans la région, l’Abkhazie a signé un « partenariat d’alliance stratégique » avec le Kremlin destiné à favoriser une coordination croissante à tous les niveaux. Ce dernier a été dénoncé par Tbilissi comme une tentative d’annexion de la part de Moscou, et les experts y ont vu une réponse à l’accord d’association conclu entre la Géorgie et l’Union européenne. Ainsi, ce petit territoire au bord de la mer Noire serait-il devenu le théâtre d’un affrontement entre grandes puissances, souvent au détriment de la question de l’identité abkhaze elle-même, et dont la Géorgie se ferait les coulisses ?

Un territoire russifié

A peine passée la frontière abkhaze qui ne figure qu’en pointillés sur les cartes occidentales et géorgiennes, l’omniprésence russe dans ce territoire disputé est palpable. Les peacekeepers russes veillent conjointement avec les forces abkhazes au contrôle des postes frontières et peuplent les nombreuses bases militaires qui jalonnent le territoire. Ils occupent également l’aéroport de Soukhoumi, malgré les demandes constantes du gouvernement abkhaze pour le transformer en aéroport civil. En 2013, l’International Crisis Group [2] rapportait qu’officiellement, le personnel militaire russe stationné en Abkhazie était de plus de 3500 militaires, auxquels il fallait ajouter 1500 agents du Service fédéral de sécurité (FSB) et les gardes frontières. Entre 2009 et 2013, Moscou a ainsi consacré 465 millions de dollars pour le développement d’infrastructures essentiellement militaires en Abkhazie, notamment pour la rénovation de l’aéroport, et la mise à niveau des bases navales et des axes routiers. Cet investissement a été perçu par la Géorgie comme illustrant l’intention russe de s’installer de manière durable dans la région plutôt que de renforcer l’autonomie de l’armée abkhaze, et des évolutions plus récentes vont effectivement dans ce sens. Dans le cadre du Partenariat stratégique signé en 2014, Russes et Abkhazes se sont accordés pour la mise en place d’un groupe militaire conjoint, cet accord devant permettre aux Abkhazes d’optimiser leurs investissements, de maintenir à niveau les troupes et de moderniser les équipements qui remontent essentiellement à l’époque soviétique. En mai 2015, geste hautement symbolique, le président abkhaze de facto a nommé un général russe retraité à la tête de l’armée. Pour le conseiller des affaires militaires du président géorgien [3], rencontré fin avril à Tbilissi, la politique russe en Abkhazie a consisté en un « chaos organisé » destiné à garder ce territoire dans sa zone d’influence. La politique russe a effectivement eu pour vertu de contenir les ambitions de la Géorgie vis-à-vis de l’OTAN. A l’heure actuelle, il est peu probable que l’OTAN ou l’UE ne s’accordent sur l’intégration de la Géorgie, notamment en raison de l’attitude va-t-en-guerre des Géorgiens qui ne sont prêts à aucune concession et dont on ignore quelles seront les conséquences pour le peuple abkhaze en cas de reprise du territoire.

En Abkhazie, on parle russe dans les lieux publics, on paie en roubles, et on se divertit dans des bâtiments culturels flambant neufs nés d’investissements russes. Le russe joue encore le rôle de langue de communication inter-ethnique comme à l’époque soviétique, et le ministère de l’Économie abkhaze n’envisage toujours pas d’avoir sa propre devise comme en Transnistrie, ce malgré la chute du rouble russe. Cette russification grandissante s’est progressivement transformée en dépendance pour les Abkhazes, l’accès facilité à la nationalité russe et la délivrance subséquente d’un passeport faisant notamment de la Russie leur seule fenêtre vers l’international. Sous embargo économique de la communauté internationale depuis 1999 (date à laquelle l’Abkhazie s’est formellement autoproclamée indépendante), elle dépend aujourd’hui financièrement de son voisin russe qui a largement investi localement. Les perspectives d’exportation vers l’international demeurent un problème majeur, la Géorgie bloquant l’accès des produits abkhazes au reste du Caucase et vers la Turquie. Au centre de cette dépendance économique se trouve le tourisme avec plus de 6 millions de Russes qui visitent la région chaque année, chiffre en forte croissance pour 2016, notamment en raison de la chute du rouble mais aussi de la promotion touristique de l’Abkhazie lors des JO de Sotchi. Alors que les financements russes ont baissé consécutivement à la crise du rouble, en Abkhazie, on se félicite d’avoir tenu bon. Dans ce contexte, les Abkhazes affichent un soutien pragmatique à la Russie, qu’ils perçoivent comme un moindre mal sur le chemin de la paix et comme leur seule option pour endiguer une nouvelle guerre avec la Géorgie.

L’identité abkhaze revendiquée

Cette omniprésence russe sur le plan militaire et touristique n’empêche pas les Abkhazes de se revendiquer d’une identité propre, invoquée à l’appui de leur quête de reconnaissance internationale. Cette ambiguïté n’a pas manqué d’être saisie par les représentants géorgiens, qui nient l’existence d’une culture abkhaze spécifique et y voient le fruit d’un lavage de cerveau opéré par la Russie pour faire naître un sentiment pro-indépendantiste en Abkhazie. Et pourtant, les Abkhazes, qui se surnommaient pendant la période soviétique « Les Français du Caucase » n’aspirent qu’à une chose : qu’on les laisse exister. La langue est au cœur même de l’affirmation identitaire, la majorité de la culture abkhaze ayant été détruite pendant la période de russification intensive à l’époque soviétique. Bien que l’on parle russe dans la vie quotidienne et les lieux publics, les 62 sons qui composent l’alphabet abkhaze sont enseignés à l’école, où le géorgien est également instruit, mais comme langue étrangère… Pour illustrer ce caractère unique et spécial de l’identité abkhaze, le directeur du Centre d’études stratégiques rattaché à la présidence abkhaze, qui nous reçoit entre les portraits de Marx et Einstein, est affirmatif : les Abkhazes sont « différents et séparés de la Russie et de la Géorgie ». Leur rapport spécifique à la terre et à l’environnement est notamment invoqué pour illustrer leur attachement à ce territoire, le seul qui n’ait jamais été le leur.

Les Abkhazes qui pratiquent la religion de leurs ancêtres non-orthodoxes se font rares, pour ne pas dire inexistants. On retrouve cependant une architecture singulière qui se détache du style géorgien, et ce notamment en raison du climat plus humide de la région. La nourriture y est également différente, avec plus de fruits comme les oranges ou encore l’usage du thé, conséquence une nouvelle fois du climat. L’héritage abkhaze persiste ainsi à travers des détails singuliers, comme la pratique culturelle qui consiste à tuer un coq dans une forge à l’arrière de sa maison le 31 janvier, tradition qui a résisté à l’influence de l’église orthodoxe. Sur un plan identitaire, les Abkhazes se jugent eux-mêmes “paresseux”, un élément qui les distingue et ne semble pas les gêner. Ils entretiennent également un rapport à l’argent plus discret que les Géorgiens ou les Russes. Si celui-ci est une nécessité, ces derniers n’en font pas une priorité, ce qui a des conséquences sur le tourisme avec l’absence de casino alors même que ces derniers abondent dans toutes les stations balnéaires de l’espace post-soviétique, notamment en Géorgie. Ce fort sentiment identitaire s’accompagne d’un profond ressentiment vis-à-vis des voisins géorgiens qui le leur rendent bien en véhiculant des préjugés sur la population qui compose cette région.

Une politique de repeuplement hautement stratégique

Dans ce contexte, l’équilibre ethnique et la composition démographique du territoire sont essentiels. Alors que l’Abkhazie était majoritairement peuplée de Géorgiens au moment de l’éclatement de l’URSS (la population d’origine abkhaze ne représentant alors qu’un cinquième de la population totale), conséquence de la politique stalinienne pour mélanger les minorités ethniques antagonistes, les Abkhazes constituent aujourd’hui plus de la moitié de la population locale. Si la classe politique est presque intégralement abkhaze, la seconde moitié de la population réunit Arméniens, Géorgiens et Russes. Pour repeupler l’Abkhazie, vidée de la moitié de sa population pendant la guerre de 1992-1993 à la suite de ce que les Géorgiens ont appelé un nettoyage ethnique, le gouvernement de facto incite la diaspora à venir s’y installer.

Les autorités locales se félicitaient ainsi en mars 2014 d’avoir accueilli plus de 490 Syriens d’origine abkhaze depuis 2012 [4]. Alors qu’un « fond pour le rapatriement” avait été mis en place, les programmes pour l’intégration des Syriens sont toujours d’actualité et se multiplient sur place. En parallèle, le gouvernement de facto encourage le retour des Abkhazes résidant en Turquie et qui représentent aujourd’hui entre 750 000 et 1 million de personnes. Ces derniers sont toutefois perçus comme un obstacle pour l’ingérence russe en Abkhazie au vu de l’opposition courante des Turcs à la politique du Kremlin dans le Caucase Sud. En conséquence, le Kremlin exerce un ensemble de pressions sur Soukhoumi pour endiguer le retour des Abkhazes de Turquie, et souhaite à l’inverse stimuler le retour des Abkhazes de Syrie, autrement plus pro-russes. Le Kremlin a ainsi développé un ensemble de stratégies médiatiques en ce sens, en jouant notamment sur les noms de famille. Moscou souhaite également éviter un retour trop rapide de la diaspora abkhaze, ce qui illustre l’attitude ambiguë du Kremlin vis-à-vis de la culture abkhaze. Ce n’est pas sans rappeler les mesures de Staline pour acculturer et russifier, tout en mettant en avant la singularité des ethnies pour déstabiliser les gouvernements régionaux.

[1] Bureau des Statistiques du Gouvernement de facto, 2014
[2] International Crisis Group, “Abkhazia: The Long Road to Reconciliation”, Europe Report n°224, 10 Avril 2013
[3 ]Entretien avec M. Akia Barbaqadze à Tbilissi le 26 avril 2016
[4] Paul Rimple, “Syrian Refugees Grapple with Adapting to Life in Abkhazia”, Eurasianet.org, 26 mars 2014

*Lancé en avril 2016, le projet “Caucasus Without Borders” regroupe plusieurs experts en management des conflits, guerre hybride, droit international des conflits armés et crises migratoires qui reviennent d’un séjour de recherche en Géorgie, Arménie, Abkhazie et Haut-Karabagh. L’équipe propose un ensemble d’analyses qui portent sur les mutations dans le Caucase Sud, région singulière où s’affrontent les grandes puissances mondiales et où se concentrent un ensemble de problématiques souvent méconnues en Europe de l’Ouest et Amérique du Nord.
Michael E. Lambert est doctorant en Relations internationales à Sorbonne Université (France) et à l’Université de Tampere (Finlande), ses recherches pour l’IRSEM – Ministère de la Défense française portent sur les stratégies de mise en place du soft power et le processus de Guerre hybride dans l’espace post-soviétique.
Sophie Deyon est analyste en Relations internationales et Affaires européennes, spécialisée sur les questions migratoires et d’asile. Ancienne stagiaire à l’IRIS, elle est diplômée de la LSE, Columbia University et Paris IV Sorbonne. Après avoir travaillé à la Commission Européenne, elle a récemment exercé comme Rapporteure à la Cour Nationale du Droit d’Asile.
Sophie Clamadieu est chercheuse en Droit International Public, spécialisée sur les conflits armés. Après un double Master/LLM à l’Université d’Aix-Marseille et l’Université d’Ottawa, elle a travaillé comme stagiaire en recherche juridique pour le Tribunal spécial pour le Liban à La Haye

Las elecciones pendientes de la cooperación española

Real Instituto Elcano - Thu, 09/06/2016 - 13:33
DT 2/2016 (en papel) - 9/6/2016
Iliana Olivié y Aitor Pérez (coords.)
Recopilación de los diversos análisis presentados y debatidos en un grupo de trabajo promovido por el Real Instituto Elcano y la Fundación Bill y Melinda Gates. Todos ellos vinculan desde una perspectiva política los retos de la cooperación española —esto es, las elecciones y decisiones pendientes de adoptar— con el papel de España en el mundo.

L’Otan a besoin de faire valoir une menace

IRIS - Thu, 09/06/2016 - 12:00

Le sommet de l’Organisation du traité l’Atlantique Nord (Otan) se tiendra à Varsovie les 8 et 9 juillet, sur fond de débats sur la résurgence de la menace russe. II sera décidé de mettre en place quatre bataillons de combat de1000 soldats, aux frontières de la Russie Le secrétaire général de l’organisation, Jens Stoltenberg, se félicite que la politique russe, jugée agressive, ait poussé les Etats européens membres de l’Otan à cesser de réduire leurs budgets militaires, conformément à une demande ancienne de Washington. Les alliés européens vont au global augmenter cette année leurs dépenses militaires, même si Washington regrette de ne pas arriver aux 2% du PIB comme le demandent les directives de l’Otan.

On peut à la fois s’interroger sur la rationalité de telles décisions et pointer les contradictions de l’Otan. L’annexion de la Crimée par la Russie est certes illégale sur le plan international, mais la guerre du Kosovo de 1999 menée par l’Otan l’était également. S’il y a en effet une crispation de Moscou ne faut-il pas réfléchir à ses causes et non se contenter de se focaliser sur ses effets ? L’extension de l’Otan aux frontières de la Russie, contrairement aux engagements pris après la réunification allemande, n’y a-t-elle pas contribué ?

L’Otan est le seul exemple historique d’une alliance militaire qui a survécu à la disparition de la menace qui avait suscité sa création. La mise en place d’un système de défense antimissiles, inutile et coûteux, perçu par les Russes comme remettant en cause l’équilibre nucléaire avec les Etats Unis et longtemps justifié par une menace balistique et nucléaire iranienne peut-elle se poursuivre après la signature d’un accord nucléaire avec l’Iran ? II y a en réalité une dérive fonctionnelle de l’Otan : pour justifier son existence, elle a besoin de faire valoir une menace. Croit-on sérieusement que la Russie pourrait se lancer dans une guerre contre la Pologne ou tenter de reconquérir les Etats baltes ? Est-il vraiment nécessaire d’élargir l’Otan à un nouvel Etat membre, le Monténégro, au moment où on affirme qu’on a besoin du soutien de la Russie contre Daech ? Déployer 4000 hommes supplémentaires, présentés comme indispensables pour la défense des pays de l’Otan, ne voudrait-il pas dire que la dissuasion nucléaire ne fonctionne plus ?

Après la fin du clivage Est-Ouest, l’Otan s’est retrouvée dans la situation d’un industriel dont le produit ne trouvait plus preneur sur le marché. Elle pouvait fermer son usine, diversifier sa production ou tenter de regagner des parts de marché sur ses concurrents. L’Otan n’a pas choisi de disparaitre parallèlement à la disparition du pacte de Varsovie, elle a plutôt cherché à prendre des parts de marché à ses concurrents : l’Union de l’Europe occidentale (seul organe purement européen de défense) n’existe plus et l’OSCE n’a pas eu le développement que l’on pouvait en attendre. L’Otan a multiplié ses missions et joue les pompiers pyromanes.

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