La défiance entre Madrid et Barcelone semble aujourd’hui à son apogée. Cette tension, entre l’Etat et une région indépendantiste constitue-t-elle un fait inédit en Espagne ?
Non. Au XIXe siècle, l’Espagne était déjà émaillée de conflits opposant le Pays basque et la Catalogne à Madrid, puis pendant la République espagnole et la guerre civile. Le rétablissement de la démocratie, après la mort de Franco, ainsi que la nouvelle Constitution, laissaient penser qu’un équilibre avait été trouvé, ce n’est pas le cas. Depuis quelques années, des tentatives de réajustement ont été effectuées, notamment par la rédaction d’un nouveau statut d’autonomie pour la Catalogne. Celle-ci n’a cependant pas été achevée. Le Parti populaire (PP) est parvenu à bloquer le processus d’élaboration d’un nouveau statut d’autonomie, en saisissant le tribunal constitutionnel. Aujourd’hui, le dialogue a tourné à l’autisme, et Madrid, depuis l’arrivée du PP au pouvoir, refuse tout dialogue avec les autorités de Barcelone.
En conséquent, les partis de Barcelone initialement autonomistes, sont devenus indépendantistes.
Par le passé, d’autres régions comme le Pays basque ont connu des revendications indépendantistes. Ces revendications ont-elles permis d’aboutir à la création d’un nouveau statut pour ces régions ?
Il y a une dizaine d’années, l’exécutif du Pays basque alors présidé par M. Ibarretxe, avait tenté d’effectuer un référendum pour l’indépendance, mais l’initiative a été bloquée par la cour constitutionnelle. Suite à cet échec, la cote de popularité des partis indépendantistes a baissé au profit du PP et du PSOE. Après une période de crise, le parti nationaliste basque revenu au pouvoir a opté pour un discours plus modéré. Il considère la démarche indépendantiste comme obsolète et revendique désormais un élargissement de son statut d’autonomie. Ce qui devrait lui permettre d’avoir plus facilement accès aux institutions européennes. Ce discours s’est avéré payant. Aujourd’hui, le parti nationaliste a retrouvé sa vitalité électorale.
Le Parlement catalan s’est prononcé, jeudi 6 octobre, pour la tenue d’un référendum d’ici septembre 2017. Que peut espérer le gouvernement catalan, deux ans après le vote -non reconnu – sur l’indépendance de 2014, à travers ce nouveau référendum ?
Les autorités barcelonaises sont en train d’opérer une fuite en avant institutionnelle. Les partis nationalistes ont conscience que ce genre d’initiative est contraire à la Constitution. Le tribunal constitutionnel a d’ailleurs déjà sanctionné la décision prise par le Parlement catalan le 29 juillet dernier, d’accepter la procédure d’organisation d’un référendum d’indépendance. Le tribunal constitutionnel menace aujourd’hui la présidente du Parlement catalan de poursuites pour violation de la Constitution. Les juges suprêmes ont également menacé de poursuivre d’autres responsables de Catalogne s’ils continuaient dans cette voie.
En conséquent, il est difficile d’imaginer comment ce référendum pourrait être organisé dans la légalité. Jusqu’à présent, le gouvernement catalan cherchait à négocier, à l’instar des Ecossais avec Londres, la possibilité d’organiser une consultation avec l’accord des autorités de Madrid. Les conditions actuelles et l’absence de gouvernement à Madrid, rendent cependant l’option inenvisageable. En l’absence de réponse du gouvernement espagnol, qui s’explique aussi par la crise politique, les Catalans ont décidé d’effectuer un saut dans le vide, tout en sachant que ce saut est inconstitutionnel et qu’il ne sera pas reconnu par les autorités judiciaires espagnoles. Barcelone a donc pris la responsabilité d’un conflit avec Madrid.
Le Parti des socialistes de Catalogne (PSC) propose quant à lui la solution d’une Espagne plurinationale. Cette solution pourrait-elle constituer une troisième voie susceptible de mettre d’accord Madrid et Barcelone ?
Par cette proposition, le Parti socialiste de Catalogne a pris le risque d’affronter son frère, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE). La direction du PSOE s’est opposée à cette proposition. Si le PSOE défend une solution de fédéralisation de l’Espagne, la proposition des socialistes catalans va beaucoup plus loin. Elle souhaite que l’Espagne soit reconnue comme un Etat plurinational et que la Catalogne, au même titre que d’autres régions, soit considérée comme une nation. Cette proposition a été soumise au Parlement catalan. Elle a été rejetée. Elle aurait être acceptée il y a une dizaine d’années car les indépendantistes d’aujourd’hui ne l’étaient pas hier. Ils étaient plus ouverts à un compromis. Madrid n’a pas voulu. La proposition arrive donc trop tard.
La 2e session nationale « Enjeux et stratégies maritimes » de l’IHEDN a effectué sa rentrée lors du séminaire d’ouverture, qui s’est dérouléles 30 septembre et 1er octobre derniers à l’École militaire de Paris.
On Thursday, October 13th at 1:15pm EST, IPI together with the US Holocaust Memorial Museum are cohosting a panel discussion on the continuing challenge of preventing mass atrocities in an era of global transition.
IPI Live Event FeedThe next secretary-general of the United Nations will take office at a time when mass killings of civilians are increasing. Global patterns of mass atrocities are also changing, as non-state actors like the self-proclaimed Islamic State and Boko Haram perpetrate large-scale violence against civilians. It is essential that the new secretary-general create a clear agenda for preventing and responding to such atrocities that can gain the support of both the UN system and its member states.
The event will provide a forum to discuss these new trends and the evolving challenge of preventive action.
Speakers will focus on new trends in mass atrocities worldwide, recent developments in global policy efforts to prevent them, and the challenge ahead for new leaders in the United States, at the United Nations, and elsewhere. The following key questions will be addressed:
Speakers:
Jeanne d’Arc Byaje, Deputy Permanent Representative, Permanent Mission of the Republic of Rwanda to the United Nations
Naomi Kikoler, Deputy Director, Simon-Skjodt Center for the Prevention of Genocide, US Holocaust Memorial Museum
Scott Straus, Professor of Political Science and International Studies, University of Wisconsin, Madison
Moderator:
Adam Lupel, Vice President, International Peace Institute
Pascal Boniface, directeur de l’IRIS, présente dans cette vidéo son ouvrage « Atlas des crises et des conflits » (Armand Colin/Fayard, 2016) co-écrit avec Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères.