Les traces que nous laissons sur Internet, les informations de nos smartphones, nos contributions aux réseaux sociaux ne sont pas seulement convoitées par les agences de renseignement : elles ravissent les publicitaires et enrichissent les géants de la Silicon Valley. Pourtant, les données personnelles ne sont pas condamnées à ce destin. Leur usage à des fins d'utilité publique exige une mobilisation politique.
Kim Dong-Kyu. – Détournement du tableau de Paul Cézanne « Les Joueurs de cartes » (entre 1890 et 1895), 2013Il s'est vendu dans le monde 1,424 milliard de smartphones en 2015 ; deux cents millions de plus que l'année précédente. Un tiers de l'humanité porte un ordinateur dans sa poche. Tripoter cet appareil si pratique relève d'une telle évidence qu'on en oublierait presque le troc qu'il nous impose et sur lequel repose toute l'économie numérique : les entreprises de la Silicon Valley offrent des applications à des utilisateurs qui, en échange, leur abandonnent leurs données personnelles. Localisation, historique de l'activité en ligne, contacts, etc., sont collectés sans vergogne (1), analysés et revendus à des annonceurs publicitaires trop heureux de cibler « les bonnes personnes en leur transmettant le bon message au bon moment », comme le claironne la régie de Facebook. « Si c'est gratuit, c'est vous le produit », annonçait déjà un adage des années 1970.
Alors que les controverses sur la surveillance se multiplient depuis les révélations de M. Edward Snowden en 2013, l'extorsion de données à visée commerciale n'est guère perçue comme une question politique, c'est-à-dire liée aux choix communs et pouvant faire l'objet d'une délibération collective. En dehors des associations spécialisées, elle ne mobilise guère. Peut-être parce qu'elle est mal connue.
Dans les années 1970, l'économiste américain Dallas Smythe s'avise que toute personne affalée devant un écran est un travailleur qui s'ignore. La télévision, explique-t-il, produit une marchandise : l'audience, composée de l'attention des téléspectateurs, que les chaînes vendent aux annonceurs. « Vous apportez votre temps de travail non rémunéré et, en échange, vous recevez les programmes et la publicité (2). » Le labeur impayé de l'internaute s'avère plus actif que celui du téléspectateur. Sur les réseaux sociaux, nous convertissons nous-mêmes nos amitiés, nos émotions, nos désirs et nos colères en données exploitables par des algorithmes. Chaque profil, chaque « J'aime », chaque tweet, chaque requête, chaque clic déverse une goutte d'information valorisable dans l'océan des serveurs réfrigérés installés par Amazon, Google et Microsoft sur tous les continents.
« Travail numérique », ou digital labor, est le nom dont on a baptisé ces tâches de mise en données du monde réalisées gratuitement. Les mastodontes de la Silicon Valley prospèrent sur ce « péché originel ». « Ce qui gît au fond de l'accumulation primitive du capital, écrivait Karl Marx en 1867 dans Le Capital, c'est l'expropriation du producteur immédiat. » Pour clôturer les pâtures communes, mettre au travail salarié les paysans affamés ou coloniser le Sud, le capital recourut à « la conquête, l'asservissement, la rapine à main armée, le règne de la force brutale ». Au XXIe siècle, l'arsenal comprend aussi des armes légères, comme les vidéos de chatons rigolos.
L'histoire économique créditera peut-être le patronat en baskets d'avoir universalisé la figure du dépouillé ravi, coproducteur consentant du service qu'il consomme. Les 75 milliards de dollars de chiffre d'affaires de Google en 2015, principalement tirés de la publicité, indiquent assez l'ampleur d'une accumulation par dépossession qui ne se cache même plus. À l'annonce des résultats de Facebook au deuxième trimestre 2016, le site Re/Code s'esbaudissait de ce que le réseau social, fort de 1,71 milliard d'inscrits, « gagne encore plus d'argent sur chaque personne, 3,82 dollars par utilisateur (3) ».
Rien n'est donc plus mal nommé que la donnée : elle est non seulement produite, mais de surcroît volée. Si le travail involontaire des internautes fait l'objet de lumineuses analyses universitaires (4), la gauche politique ou syndicale n'a pas encore intégré cette dimension à son analyse — et encore moins à ses revendications. Pourtant, les formes matérielles et immatérielles de l'exploitation s'imbriquent étroitement. Le travail numérique n'est qu'un maillon d'une chaîne passée aux pieds des mineurs du Kivu contraints d'extraire le coltan requis pour la fabrication des smartphones, aux poignets des ouvrières de Foxconn à Shenzhen qui les assemblent, aux roues des chauffeurs sans statut d'Uber et des cyclistes de Deliveroo, au cou des manutentionnaires d'Amazon pilotés par des algorithmes (5).
Les fermiers se rebiffentQui produit les données ? Qui les contrôle ? Comment se répartit la richesse qu'on en tire ? Quels autres modèles envisager ? Ériger ces questions en enjeu politique urge d'autant plus que la multiplication des objets connectés et l'installation systématique de capteurs tout au long des circuits de fabrication industrielle gonflent chaque jour les flux d'informations. « Les voitures actuelles produisent une quantité massive de données, fanfaronne le président de Ford, M. Mark Fields (Las Vegas, 6 janvier 2015) : plus de 25 gigaoctets par heure », soit l'équivalent de deux saisons de la série Game of Thrones. Des trajets aux paramètres de conduite en passant par les préférences musicales et la météo, tout atterrit sur les serveurs du constructeur. Et, déjà, des consultants s'interrogent : en échange, les conducteurs ne pourraient-ils pas négocier une ristourne (6) ?
Certaines forces sociales organisées et conscientes de leurs intérêts ont choisi d'élever le chapardage des données au rang de leurs priorités politiques. Par exemple les gros fermiers américains. Depuis plusieurs années, les engins agricoles bardés de capteurs moissonnent quantité d'informations qui permettent d'ajuster au mètre près l'ensemencement, les traitements, l'arrosage, etc. Début 2014, le semencier Monsanto et le fabricant de tracteurs John Deere ont, chacun de leur côté, proposé aux agriculteurs du Midwest de transmettre directement ces paramètres à leurs serveurs afin de les traiter.
Mais l'austère Mary Kay Thatcher, responsable des relations de l'American Farm Bureau avec le Congrès, ne l'entend pas de cette oreille. « Les agriculteurs doivent savoir qui contrôle leurs données, qui peut y accéder et si ces données agrégées ou individuelles peuvent être partagées ou vendues », affirme-t-elle dans une vidéo pédagogique intitulée « Qui possède mes données ? ». Mme Thatcher redoute que ce matériel capté par les multinationales ne tombe entre les mains de spéculateurs : « Il leur suffirait de connaître les informations sur la récolte en cours quelques minutes avant tout le monde (7). » La mobilisation a porté ses fruits. En mars 2016, prestataires informatiques et représentants des fermiers s'accordaient sur des « principes de sécurité et de confidentialité pour les données agricoles », tandis qu'une organisation, la Coalition des données agricoles (Agricultural Data Coalition), mettait sur pied en juillet 2016 une ferme de serveurs coopérative pour en mutualiser le stockage.
De telles idées n'effleurent pas les dirigeants de l'Union européenne. En octobre 2015, une série de plaintes déposées par un étudiant autrichien contre Facebook pour non-respect de la vie privée a conduit à l'invalidation d'un arrangement vieux de vingt ans qui autorisait le transfert des données vers les entreprises américaines (le Safe Harbor). L'Union aurait alors pu imposer aux géants du Web de stocker les informations personnelles des Européens sur le Vieux Continent. Elle s'est au contraire empressée de signer, début 2016, un nouvel accord de transfert automatique, l'orwellien « bouclier de confidentialité » (le Privacy Shield), en échange de l'assurance par le directeur du renseignement national américain qu'aucune « surveillance de masse indiscriminée » ne serait pratiquée — promis-juré ! Il suffit ainsi d'allumer son téléphone mobile pour pratiquer l'import-export sans le savoir. Au moment où la bataille contre le grand marché transatlantique rassemble des millions d'opposants, la réaffirmation du libre-échange électronique n'a pas suscité de réaction particulière.
L'existence et l'ampleur de mobilisations sur ces thèmes aiguilleront l'avenir du « travail numérique » sur l'une des pistes qui déjà se dessinent. La première, celle d'une défaite sans combat, consacrerait le statut de l'usager-courtier de ses propres données. Selon ce modèle imaginé aux Etats-Unis au début des années 2010 par Jaron Lanier, informaticien et gourou de la réalité virtuelle, « dès qu'une personne contribue par quelque moyen et si peu que ce soit à une base de données, (…) elle recevra un nanopaiement proportionnel à l'ampleur de la contribution et à la valeur qui en résulte. Ces nanopaiements s'additionneront et fonderont un nouveau contrat social (8) ». Tous (nano)boutiquiers !
La deuxième voie est celle d'une reprise en main par les États. Depuis le début des années 2010 aux États-Unis et le renforcement de l'austérité, l'exaspération monte contre la grande évasion fiscale pratiquée par les entreprises de haute technologie. En marge des procédures ouvertes par le commissariat européen à la concurrence contre Google et des diverses enquêtes nationales pour fraude, l'idée a germé en France de taxer les entreprises technologiques sur la valeur générée par les données personnelles. Dans leur rapport sur la fiscalité du secteur numérique, les hauts fonctionnaires Nicolas Colin et Pierre Collin militent pour que « la France recouvre un pouvoir d'imposer les bénéfices issus du “travail gratuit” des internautes localisés sur le territoire français » selon le principe du « prédateur-payeur » (9).
S'appuyant sur cette méthode, le sociologue Antonio Casilli a proposé que cette taxe finance un revenu inconditionnel de base. Ce dernier, explique-t-il, serait envisagé à la fois « comme levier d'émancipation et comme mesure de compensation pour le digital labor (10) ». La métamorphose de la question des données personnelles en une question politique progressiste trouve ici une formulation. On peut en imaginer d'autres, qui reposeraient non plus sur la marchandisation, mais sur la socialisation.
Dans les domaines du transport, de la santé, de l'énergie, les informations de masse n'ont jusqu'ici servi qu'à mettre en musique l'austérité en réalisant des économies. Elles pourraient tout aussi bien contribuer à améliorer la circulation urbaine, le système sanitaire, l'allocation des ressources énergétiques, l'éducation. Plutôt que de migrer par défaut outre-Atlantique, elles pourraient échoir par obligation à une agence internationale des données placée sous l'égide de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco). Des droits d'accès différenciés étageraient la possibilité de consultation et d'usage : automatique pour les individus concernés ; gratuite mais anonymisée pour les collectivités locales, les organismes de recherche et de statistique publics ; possible pour les animateurs de projets d'utilité collective non commerciaux.
L'accès des acteurs privés à la précieuse matière première serait en revanche conditionné et payant : priorité au commun, et non plus au commerce. Une proposition connexe, mais envisagée à l'échelon national, dans une optique de souveraineté, a été détaillée en 2015 (11). Une agence internationale présenterait l'avantage de regrouper d'emblée autour de normes strictes un ensemble de pays sensibles aux questions de confidentialité et désireux de contester l'hégémonie américaine.
Une colère qui se trompe d'objetL'élan nécessaire pour populariser une propriété et un usage socialisés des données se heurte encore au sentiment d'infériorité technique qui conjugue le « C'est trop complexe » au « On n'y peut rien ». Mais, malgré sa sophistication et son lexique emberlificoté, le domaine numérique n'est pas détaché du reste de la société, ni placé en apesanteur politique. « Nombre de concepteurs d'Internet déplorent le devenir de leur créature, mais leur colère se trompe d'objet, observe le critique Evgeny Morozov : la faute n'incombe pas à cette entité amorphe, mais à la gauche, qui s'est montrée incapable de proposer des politiques solides en matière de technologie, des politiques susceptibles de contrecarrer l'innovation, le “bouleversement”, la privatisation promus par la Silicon Valley (12). »
La question n'est plus de savoir si un débat émergera autour du contrôle des ressources numériques, mais si des forces progressistes prendront part à cet affrontement. Des revendications comme la réappropriation démocratique des moyens de communication en ligne, l'émancipation du travail numérique, la propriété et l'usage socialisés des données prolongent logiquement un combat vieux de deux siècles. Et déjouent le fatalisme qui situe inéluctablement l'avenir au croisement de l'État-surveillant et du marché prédateur.
(1) Bruce Schneier, Data and Goliath. The Hidden Battles to Collect Your Data and Control Your World, W. W. Norton and Company, New York, 2015.
(2) Dallas W. Smythe, « On the audience commodity and its work », dans In Dependency Road : Communications, Capitalism, Consciousness, and Canada, Ablex, Norwood (États-Unis), 1981.
(3) Kurt Wagner, « You're more valuable to Facebook than ever before », Re/Code, 27 juillet 2016.
(4) Cf. notamment la revue en ligne Triple C.
(5) Trebor Scholz (sous la dir. de), Digital Labor. The Internet as Playground and Factory, Routledge, New York, 2012.
(6) Chuck Tannert, « Could your personal data subsidize the cost of a new car ? », The Drive.com, 18 juillet 2016.
(7) Dan Charles, « Should farmers give John Deere and Monsanto their data ? », NPR.org, 22 janvier 2014.
(8) Jaron Lanier, Who Owns the Future ?, Simon & Schuster, New York, 2013.
(9) Nicolas Colin et Pierre Collin, Mission d'expertise sur la fiscalité de l'économie numérique, La Documentation française, Paris, 2013.
(10) Dominique Cardon et Antonio A. Casilli, Qu'est-ce que le Digital Labor ?, INA Éditions, Paris, 2015. Lire Mona Chollet, « Le revenu garanti et ses faux amis », Le Monde diplomatique, juillet 2016.
(11) Pierre Bellanger, « Les données personnelles : une question de souveraineté », Le Débat, no 183, Paris, janvier-février 2015.
(12) Evgeny Morozov, Le Mirage numérique. Pour une politique du Big Data, Les Prairies ordinaires, Paris, 2015. Lire aussi Thomas Frank, « Les démocrates américains envoûtés par la Silicon Valley », Le Monde diplomatique, mars 2016.
The third meeting of the EU−Ukraine Association Council will take place on 19 December 2016 in Brussels.
The meeting will be chaired by High Representative for Foreign Affairs and Security Policy Federica Mogherini, on behalf of the European Union. Ukraine will be represented by its Prime Minister Volodymyr Groysman.
A press conference will take place after the meeting, on Monday 19 December at 11.30 in the Justus Lipsius building (main press room). A specific accreditation is needed to attend the press conference and all media opportunities.
The Association Council will discuss relations between the EU and Ukraine, specifically on:
The EU High Representative and the Prime Minister of Ukraine will also discuss more specifically developments related to Ukraine's sovereignty and territorial integrity, as well as the EU global strategy and regional issues.
Programme - including media opportunities and information on media accreditationJournalists holding a 6-month badge (30.06.2016 - 31.12.2016) or a European Council badge (15.12.16) do not need to register. 6-month badges and European Council badges can be collected at the accreditation centre of the LEX building (14/12 from 9.30 to 13.00 and 14.00 to 19.00 - 15/12 from 8.00 to 20.00).
Other journalists must register by e-mail before Friday 16 December 13.00 to : press.centre@consilium.europa.eu, including copy of their ID and valid press card or assignment letter.
In circumstances that are sensitive politically, economically, socially and with regard to safety, relations between the EU and Niger are mainly expressed through development cooperation. Budgetary support is a major link in the cooperation between the EU and Niger. Governed by the European Development Fund, it has supported the macro-economic reform programme implemented by Niger’s government, reforms to the management of public finances and the implementation of the Socio-Economic Development Plan since 2013.
One of the few Afghans convicted of war crimes has been released from a British jail and deported to Afghanistan. Faryadi Sarwar Zardad, a Hezb-e Islami commander, was convicted in 2005 of hostage-taking and torture. He preyed on people fleeing the civil war in Kabul in the mid-1990s, infamously keeping a ‘human dog’, a man who would attack people with his teeth. As AAN’s Kate Clark reports, despite the threat Zardad poses to the witnesses who testified against him, at least some were not informed by the UK government that he was coming back to Afghanistan; nor have any measures been put in place to protect them.
Zardad was released from jail just over half-way through his sentence, AAN understands, for ‘good behaviour’ and has now been deported from the UK to Afghanistan. He was due to arrive in Kabul today, 14 December 2016. Supporters were pictured putting up banners at Kabul International airport naming him a hero and welcoming him home; they included at least one non-uniformed, armed man (see here). The men had gathered just outside the terminal building, past the major security checks and beyond where normal people can go to welcome passengers. Some official authorisation must have been obtained. Pahjwok reported that hundreds of people had “thronged the airport” to welcome the convicted war criminal and “around 50 vehicles with tinted glasses and Zardad photographs left the airport at around 11am.” It was not clear if Zardad was transferred to the convoy or if, as the journalist Bilal Sarwary reported, he was taken into NDS custody at the airport. Whether that was for investigation or for his own protection was also not clear.
The crimes
Zardad’s crimes date back to the mid-1990s, when during a time of extreme brutality, he managed to become one of the most infamous commanders of the Afghan civil war. His rise to power came after the fall of the communist government in 1992. Fighting as a Hezb-e Islami commander, he captured positions outside the town of Sarobi on the main Kabul-Jalalabad road. In Kabul, there was vicious fighting between the mujahedin factions in Kabul and elsewhere in the country, with intense bombardments of the capital and the kidnapping, rape and murder of civilians; it prompted waves of people to flee the capital (for detail, see reports by the United Nations and the Afghanistan Justice Project’s. Zardad’s main activity at his Sarobi base during this period was preying on those trying to escape the conflict and find sanctuary, as well as traders trying to get supplies in to the capital.
When Hezb-e Islami positions fell to the Taleban, Zardad fled, arriving eventually in London on a false passport and claiming asylum. A BBC team tracked him down to a house in a south London suburb in 2000 and he came under police investigation. He was arrested in 2003 and put on trial at the Central Criminal Court (the Old Bailey) in London in 2004. Jurors were unable to reach a verdict and a second trial was ordered for the following year.
The Trial
Zardad was not British and his crimes had not been committed on British soil, but under the UN Convention Against Torture, Britain viewed itself as obliged to investigate and prosecute a suspected torturer who had come within its jurisdiction. This was a landmark trial and the attorney general himself, Lord Goldsmith, lead the prosecution. Zardad’s crimes were so “merciless” and such “an affront to justice”, he said, that they could be tried in any country.
At his second trial, Zardad was found guilty of conspiracy to torture and take hostages and sentenced to two prison terms, each of 20 years, to be served concurrently. As I reported at the time:
He and his men would carry out beatings and torture in order to extort money from people or imprison them until their relatives paid ransoms. One witness said he was held for four months and beaten so frequently that his family failed to recognise him. Travellers on the Sarobi road have recalled being terrorised by one of Zardad’s men who was named Zardad’s Dog: he would attack people with his teeth and hands, clawing and biting their ears, nose or testicles, if ordered to do so. Another threat was to be forced to kiss a corpse which had been allowed to decompose, swell up and blacken over a period of days. (1)
The Guardian also reported on the verdict:
[Witnesses] told how they had been imprisoned in containers for months on end, chained up and repeatedly beaten. Zardad himself allegedly executed one driver and a witness told how, aged seven, he witnessed his father’s ear being cut off by Zardad’s men. His father died of a heart attack three days later. Another witness… said [Zardad’s human] “dog” was set upon the occupant of a fruit lorry after it was stopped at the checkpoint. Ordered to hand out the fruit to Zardad’s soldiers the victim was too slow and was bitten by the long-haired man known as the “dog”. “I saw it with my own eyes,” the witness said.
At his sentencing, the judge, Justice Tready, told Zardad that for a period of over three years, “as a powerful warlord, [you] presided over a brutal regime of terror in areas under your control. You represented the only real form of authority, law and government in the areas under your control and you grossly abused your power.”
The Witnesses
Zardad’s conviction (see the legal details of the case here) “hinged on credible and coherent witness testimony” (see AAN report here). 16 Afghans gave evidence, mostly by video link, but three in person. Humanitarian aid officials who were working in Afghanistan at the time also gave evidence, providing a clear description of Zardad’s base and helping to establish the fact that Zardad had controlled it, thereby corroborating the testimony of the torture victims.
British police, reported The Guardian, had “travelled to Afghanistan under armed guard to interview victims, many of whom were in fear of their lives after receiving threats to stop them giving evidence.” It also quoted Peter Clarke, head of Scotland Yard’s anti-terrorist branch, who lead the investigation, saying, “We had to find witnesses in remote parts of Afghanistan and give them the confidence to come forward to give evidence in a British court,” he said. The verdict shows what can be achieved, and that the UK is not a safe haven for people like Zardad.”
Some witnesses were not informed of Zardad’s release and imminent arrival and, as far as AAN knows, no measures have been put in place to protect them. AAN understands the British police had tried to contact all witnesses, spoken directly to some but failed to locate others. A British Embassy spokesperson told AAN it was “usual police process is to notify all witnesses before the release of any convicted criminals.”
Given Zardad’s record of violent abuses and the fact that he continues to have friends and relatives in high places, the threat that he will try to revenge himself on witnesses and their families is credible. Human Rights Watch’s Afghanistan researcher, Patricia Gossman, told AAN:
Zardad’s trial and conviction in the UK was seen as a signal case for universal jurisdiction and a very rare case of justice in the long history of war crimes and human rights abuse in Afghanistan. In cutting his sentence in half and – most importantly – failing to take into consideration the security of witnesses who bravely testified at the trial and to whom Zardad poses a credible threat, the UK has set back justice in Afghanistan and betrayed Zardad’s victims. One has to wonder why any Afghan would give statements to the ICC [International Criminal Court] or speak up for human rights when this is the support they get. (2)
AAN put in calls to the Ministry of Interior, NDS and the Presidential Palace but could get no comment on government plans. However, it seems top-level meetings were taking place today to decide what to do with Zardad. He is not without influential friends and some tribal backing from among Ahmadzais who will be pushing for his release. Whether or not the government plans to establish mechanisms to ensure he cannot harm witnesses is also not apparent.
The conviction of Zardad was a landmark case, helping to establish that the most severe crimes can be prosecuted anywhere. If witnesses cannot be assured that they will be protected from reprisal, however, it will become impossible to get this sort of justice in the future.
(1) Published by Middle East International (not available online).
(2) In November 2016, the International Criminal Court, said it would be taking a decision “imminently” on whether or not to investigate alleged war crimes and crimes against humanity which allegedly have taken place on Afghan soil since 2003, perpetrated by the Taleban, Afghan government forces and the United States military and CIA. For more detail, see AAN reporting here.
Après plusieurs occupations de locaux publics depuis début 2015, trois collectifs de sans-papiers et l’intersyndicale CGT-SUD-SNU de l’inspection du travail organisent ce soir, à Paris, un meeting « contre le travail au noir ».