Donald Trump n’aime pas l’Europe et le dit tout Haut. Tout Haut l’Europe dit qu’elle n’aime pas Donald Trump ! (suite) . Dans le précédent article nous avions souligné que par la voix de Merkel et Hollande l’Europe avait répondu aux propos tonitruants de Donald Trump et ainsi bien marqué les lignes rouges, propos peu remarqués et peu commentés par les médias. Tous les deux viennent de récidiver à Berlin le 27 janvier dernier. Le contenu diffère peu, mais l’intention institutionnelle est évidente ; ils s’adressent à leurs partenaires de l’UE en vue des prochaines rencontres déjà programmées.
Dans un paysage bouleversé par l’élection du président américain, ils renouvellent leur vision commune. Pour le sommet e Malte de début février, ils veulent convaincre tous les Etats membres, y compris ceux de l’est et du groupe de Visegrad, de la nécessité quasi vitale pour l’Europe de prendre en commun les décisions qui s’imposent et de les mettre en œuvre. Est visé également la déclaration qui sera prononcée à Rome le 25 mars pour le soixantième anniversaire de la signature du Traité fondateur, le traité de Rome. Cette déclaration doit confirmer et consolider les orientations déjà définies à Bratislava puis au Conseil européen de décembre dernier en matière notamment de défense et de croissance économique.
La déclaration de Berlin de Merkel et Hollande se laisse résumer en peu de mots, mais chacun a son importance (pour le texte intégral, cf. « Pour en savoir plus ).
« Face aux nombreux défis internes et externes, nous avons besoin d’un engagement commun clair en faveur de l’Union européenne (…) et des valeurs de nos démocratie »a dit Angela Merkel lors de la déclaration commune aux côtés de François Hollande. A Rome les européens devront répondre au défi « d’une Europe nouvelle dans un monde incertain »a déclaré François Hollande, jugeant « « qu’aujourd’hui plus que jamais , l’Europe doit être politique. Parlons très franchement, il y a le défi que pose la nouvelle administration américaine, par rapport aux règles commerciales, par rapport aussi à ce que doit être notre position pour régler les conflits dans le monde ».3 Nous devons bien sûr parler à Donald Trump (…) mais nous devons aussi le faire avec une conviction européenne et la promotion de nos intérêts et de nos valeurs, c’est pourquoi il est si important de non seulement nous concerter, mais aussi de nous rapprocher, c’est ce que nous avons à faire à Malte et à Rome » rapprocher.
Depuis notre dernier article, une nouvelle perception concernant l’élection du président américain fait son chemin : c’est un risque mais c’est aussi une chance. C’est cette compréhension de la situation qu’ a exprimée l’Institut Jacques Delors, nous l’avons vu. Cette fois ci il convient de citer le professeur Michaël Foessel dans un article publié dans libération du 27 janvier « un ennemi qui tombe à pic. Avec Trump, l’Union européenne a trouvé ce qui lui a si cruellement manqué dans son histoire récente : une idéologie extérieure à combattre. »
-. Point de presse et déclaration commune à l’issue de la rencontre http://www.elysee.fr/http://www.elysee.fr/
-. Un ennemi qui tombe à pic pour l’Europe http://www.liberation.fr/debats/2017/01/26/un-ennemi-qui-tombe-a-pic-pour-l-europe_1544247
Le 25 Janvier, le nouveau Président des États-Unis, Donald Trump, a signé un ordre exécutif pour la construction d’un mur sur la frontière avec le Mexique, respectant ainsi la promesse faite pendant sa campagne. Le document prévoit également la mise en place de plusieurs zones de détention tout au long de la frontière. Un second décret prévoit l’arrêt de la politique d’Obama sur le financement des villes à la frontière qui protégeaient les migrants entrés illégalement, ainsi qu’une politique plus sévère concernant les rapatriements.
Dans une interview pour ABC, M. Trump a déclaré que la construction du mur avec le Mexique allait commencer « dès que possible, dans quelques mois », alors que le début de la planification doit débuter « immédiatement ». Trump a également expliqué que les coûts de la construction du mur incomberont aux Américains, qui seront ensuite entièrement remboursés par l’Etat mexicain, qui devrait donc in fine régler la facture – selon M. Trump.
La réponse du Mexique ne s’est pas fait attendre : le Président Enrique Pena Nieto a immédiatement annulé son voyage à Washington, prévu pour le 31 Janvier, informant que le Mexique n’avait pas l’intention de soutenir ce projet et encore moins de le payer. Donc, au cours des dernières heures, le Président des États-Unis a trouvé une autre façon de reporter sur les Mexicains les coûts de la construction du mur.
Tout d’abord, Donald Trump a demandé la démission de Mark Morgan, chef de la police des frontières: il a ainsi dû quitter son poste dès que le Président des États-Unis a ordonné la construction du mur. En deuxième lieu, une nouvelle d’une taxe de 20% sur les importations en provenance du Mexique a été présentée: pour couvrir les coûts de construction du mur, M. Trump a en effet proposé une taxe sur les importations en provenance du Mexique, taxe que le porte-parole de la Maison blanche, Sean Spicer, a confirmée : 10 milliards de dollars par an sont espérés, et dans ce cas cet argent semble pourrait suffire à financer ce fameux mur.
Le Mexique conçoit ce mur (long de 2.000 miles selon les projections de M. Trump) comme un affront symbolique, et dans le cadre de l’ensemble des politiques annoncées par Trump, des pertes économiques graves sont attendues, en parallèle d’autres mesures républicaines, dont une répression envers les immigrés entrés illégalement aux États-Unis, et la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain, l’ALENA (Etats-Unis, Canada et Mexique).
Chaque jour, des marchandises d’une valeur de 1,4 milliard de dollars traversent la frontière des deux pays, et des millions d’emplois sont liés au commerce transfrontaliers. Le Mexique est le deuxième client mondial des Etats-Unis en ce qui concerne les produits fabriqués en Amérique, et 80% des exportations mexicaines (voitures, téléviseurs à écran plat) sont vendues aux États-Unis. La construction de ce mur pourrait par conséquent amener à des pertes importantes pour les deux pays.
En savoir Plus :
Site du Washington Post, White House says Mexico border wall might be funded by tax on imports : https://www.washingtonpost.com/world/the_americas/mexican-president-cancels-visit-to-washington-as-tensions-with-trump-administration-intensify/2017/01/26/ececc3da-e3d9-11e6-a419-eefe8eff0835_story.html?utm_term=.2bb1aeebeeea
Site de Le Monde, L’intransigeance de Trump sur le mur précipite une crise avec le Mexique : www.lemonde.fr/donald-trump/article/2017/01/27/l-intransigeance-de-trump-sur-le-mur-precipite-une-crise-avec-le-mexique_5069868_4853715.html