Après le premier tome l’an dernier, « Géostratégix II » vient de paraître ! Cette fois-ci, avec le dessinateur Tommy, nous nous penchons sur les grands enjeux du monde contemporain. Quels sont les enjeux des changements climatiques ? La démocratie est-elle universelle ? Quels sont le poids, l’influence et le rôle respectifs de l’Europe, des États-Unis, de la Chine, de la Russie, de l’Afrique, de l’Amérique latine et de l’Asie ? Autant de questions auxquelles nous tentons de répondre dans cette nouvelle bande dessinée.
La guerre en Ukraine a accentué la dépendance de Bruxelles à l’égard de Washington. Alors que celle-ci tendait à s’émanciper de Washington et à établir une autonomie stratégique européenne, l’Union européenne (UE) n’effectue-t-elle pas un retour à la case départ ? Quel rôle reste-il à jouer à l’UE dans ce panorama stratégique ?
Federico Santopinto, directeur de recherche à l’IRIS et responsable du programme Europe, stratégie et sécurité de l’IRIS, répond à nos questions dans le cadre de son chapitre publié dans « L’Année stratégique 2024 ».
C’est le deuxième volet des pourparlers, les premiers ont eu lieu il y a un mois à Copenhague. Quel est le message que cela envoie, que ces prochaines discussions se déroulent en Arabie saoudite ?
Cela montre avant tout que le prince héritier Mohammed ben Salman veut se présenter comme un comme un « honest broker », un honnête courtier, qui permet de réunir des protagonistes en conflit. Il veut se positionner comme un médiateur, un peu comme le président [turc Recep Tayyip] Erdogan.
Par ailleurs, c’est aussi une manière de montrer qu’il est sensible aux enjeux liés à la guerre en Ukraine, qui ont des conséquences également au Moyen-Orient, on l’a vu ces derniers mois, notamment en terme énergétique et alimentaire. Il faut rappeler qu’il avait d’ailleurs invité le 19 mai dernier lors d’un précédent sommet de Jeddah le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui à cette occasion avait stigmatisé les pays arabes qui étaient supposés fermer les yeux sur la situation en Ukraine. C’est donc une manière pour le prince héritier de montrer qu’il a entendu les doléances du président Zelensky et il se présente comme un intermédiaire justement susceptible de favoriser une sortie du conflit.
Est-ce que les liens étroits de Riyad avec Pékin ont aidé aussi à ce que le lieu choisi soit en Arabie saoudite ?
La question de la participation chinoise n’est pas définitivement établie, parce que, en réalité, les 5 et 6 août prochain à Jeddah, il y a une trentaine de pays. On pourrait les qualifier de « sud global » : il y aurait l’Indonésie, l’Égypte, le Mexique, le Chili et d’autres pays. L’idée, c’est de faire participer effectivement tous ces pays dits du « sud global », dont certains ont manifesté une prudence, sinon une neutralité suspecte aux yeux de [Volodymyr] Zelensky.
La question de la participation de la Chine serait déterminante, parce que les relations entre Riyad et Pékin sont aujourd’hui très importantes. Il se trouve que la Chine est le premier client pétrolier de l’Arabie saoudite et il faut rappeler d’ailleurs que, lors de la visite [du président chinois] Xi Jinping en décembre dernier, il y a eu la formalisation d’un partenariat stratégique. Donc Mohammed ben Salman peut se prévaloir de relations privilégiées avec Pékin et se montrer particulièrement investi dans la dynamique qu’il met en œuvre.
Une trentaine de pays seront présents à Jeddah, mais la Russie n’est pourtant pas conviée à ces discussions ?
Non, elle n’est pas conviée, et c’était déjà le cas au forum de Copenhague le mois dernier. C’est très difficile pour la Russie et de toute façon, cela arrange toutes les parties d’une certaine manière, parce que, en l’état, la Russie considère qu’elle est plutôt accusée et donc elle n’a pas envie de se mettre en situation de faiblesse.
Mais cela n’empêche pas le prince héritier Mohammed ben Salman d’entretenir des relations importantes avec Vladimir Poutine, notamment dans le cadre de l’accord Opep+. Il faut rappeler qu’en octobre dernier, il y a eu la confirmation de la poursuite d’un maintien élevé des prix du pétrole. Et donc cela passe évidemment par des discussions étroites entre Moscou et Riyad.
Ce type de format n’est de toute manière jamais assuré de succès. C’est l’initiative en elle-même qui est importante, qui permet aux uns et aux autres de se positionner. C’est à porter au crédit du prince héritier qui va chercher à en tirer bénéfice. Il a été accusé notamment par les Occidentaux, et en particulier par les États-Unis, de jouer un double jeu par rapport à ces relations avec Vladimir Poutine. Mais en réalité, son initiative n’est pas pour contenter les Occidentaux, elle est vraiment pour se positionner, lui, en intermédiaire indispensable. C’est déjà le cas au Moyen-Orient et il veut élargir son assise. C’est la crédibilité qu’il veut donner au Royaume, donc il y a une logique spécifiquement saoudienne dans cette démarche.
Et finalement, une volonté de la part de MBS de se montrer sous son meilleur jour auprès des pays du « sud global » ?Absolument. Rappelons d’ailleurs que l’Arabie saoudite a fait acte de candidature au sein des Brics en Afrique du Sud. C’est une façon de prendre ses distances par rapport à ses parrains historiques, en l’occurrence les États-Unis. Et c’est aussi une façon de diversifier les alliances et les relations, comme on le voit à la fois avec Moscou et Pékin, et c’est ce qui lui permet de jouer sur plusieurs niveaux.
À quoi faut-il s’attendre lors de ce sommet ?
C’est très difficile de spéculer. Une chose est sûre, c’est que des choses se passent en coulisses, tout n’est pas uniquement de la communication : on l’a vu le 22 septembre dernier lorsqu’il y a eu la libération de prisonniers internationaux détenus par la Russie, notamment d’un Marocain, de cinq Britanniques, de deux Américains, un Suédois et un Croate. Cela était présenté comme un succès personnel de la diplomatie proactive du prince Mohammed ben Salman.
Mais évidemment, sur un sujet aussi complexe, le dénouement ne pourra pas se faire à l’occasion d’un tel format. C’est en tout cas une étape qui montre les repositionnements des acteurs par rapport au monde occidental et une nouvelle articulation de ces pays « du Sud ».
Propos recueillis par RFI.
De nombreux observateurs attendaient une politique plus souverainiste et protectionniste de la part de Giorgia Meloni, avec un blocage naval des frontières maritimes par exemple. Après dix mois de gouvernement, la stratégie opérée semble bien différente et la collaboration avec les pays du sud devient un point central de la politique étrangère italienne de ce quinquennat des Fratelli d’Italia.
Historiquement tournée vers le nord, l’Italie élargit ses possibilités
Le barycentre géopolitique de la péninsule italienne a changé de position au cours de l’histoire, passant du centre du monde connu lors de l’antiquité à un pays de frontière méridionale de l’Union européenne. Si ces changements pouvaient être considérés comme un déclassement (surtout pour l’Italie du Sud), le contexte actuel remet au cœur des relations internationales l’Italie, trait d’union entre deux continents, du fait de son histoire.
Au XIXe siècle, les artisans de l’unification italienne, principalement Piémontais (et francophones), avaient une préférence stratégique et culturelle pour les pays du nord de l’Europe, notamment l’Allemagne et la France, respectivement premier et deuxième partenaire commercial de l’Italie encore aujourd’hui. Une politique qui a aidé le nord de l’Italie à se développer pour obtenir le bassin de productivité septentrional que nous connaissons de nos jours. Un développement qui a cependant créé une Italie à deux vitesses, avec un drainage de la croissance vers les régions septentrionales, creusant un peu plus chaque année l’écart économique entre le nord et le sud de la péninsule.
Mais l’Italie n’a pas toujours été seulement orientée vers les partenaires commerciaux germaniques et francophones. Francesco Crispi, président du Conseil à plusieurs reprises au début du XXe siècle avait une vision totalement différente et plutôt vindicative envers la France. Cette idée avait porté l’Italie à chercher de nouveaux accords vers le sud : un commerce plus intense en Méditerranée, mais aussi le début de la politique coloniale italienne en Afrique. Cette tactique d’expansion fut aussi reprise par Mussolini durant le fascisme, même si l’objectif n’était pas uniquement d’étendre le territoire italien, mais aussi de faire partie des pays colonisateurs, comme la France ou le Royaume-Uni. Une politique vers le sud pour peser au niveau international.
La fin de l’épisode colonial italien, qui coïncidait avec la fin de la Seconde Guerre mondiale, clôturait les rapports de force avec les pays africains. Après-guerre, les liens entre l’Italie et l’Afrique changent, surtout lors du miracolo economico, les trentes glorieuses transalpines. Les investissements pétroliers de la Société de l’énergie italienne (l’ENI), guidée par Enrico Mattei, étaient principalement sur le continent africain, pour garantir aux Italiens une énergie abondante et à bas coût et maintenir au plus haut la croissance de l’Italie. Cette méthode,appelée Piano Mattei, est l’un des modèles que Giorgia Meloni veut appliquer. Elle parle d’un nouveau plan Mattei pour l’Afrique.
Le Piano Mattei remis au goût du jour par Giorgia Meloni
Giorgia Meloni multiplie les voyages diplomatiques en Afrique depuis le début de l’année : en Algérie, en Libye, en Éthiopie et plusieurs fois en Tunisie. Ces déplacements sont dans la lignée de ceux de Mario Draghi, qui avait commencé lui aussi à se rapprocher des pays du nord de l’Afrique. La guerre en Ukraine a encore plus accéléré le besoin en gaz et en pétrole pour l’Italie et l’Europe. Madame Meloni reprend donc la stratégie d’Enrico Mattei, à savoir des accords gagnant-gagnant basés sur l’exploitation des ressources naturelles contre des investissements massifs pour le développement. C’est par exemple le cas de la Libye où le plan Mattei y est vraiment appliqué à la lettre. Un accord historique d’exploitation de deux puits libyens par ENI a été signé, contre plus de 7 milliards d’investissements sur le territoire. Les rapports avec les pays voisins producteurs d’énergie sont d’autant plus importants que les pipelines qui acheminent le gaz en Europe passent aussi par la Sicile.
Les accords avec la Tunisie regardent plus la crise migratoire : le soutien de l’Union européenne à l’économie tunisienne évite une vague migratoire importante sur les côtes italiennes, tout du moins pour l’instant. Madame Meloni a pris part au dernier voyage d’Ursula Von der Leyen à Tunis, de manière à montrer aussi à son électorat qu’elle travaille pour limiter les arrivées de migrants.
Dans le contexte actuel, l’Italie est aussi bien l’exploitant, le transporteur et l’intermédiaire d’une partie importante de l’énergie vers l’Union européenne. On peut comprendre l’intérêt croissant du gouvernement italien à travailler dans cette zone : les régions du sud de l’Italie, qui jusqu’hier était un problème, pourraient devenir le levier des ressources énergétiques pour l’Europe.
L’Égypte, une amélioration des rapports à la suite de la libération de Patrick Zaki
Après trois ans d’incarcération, l’activiste égyptien et étudiant de l’université de Bologne, Patrick Zaki, a été gracié par le président Al-Sisi. Un geste qui rapproche les deux pays et qui représente une victoire diplomatique pour l’Italie. Le pays a réussi, contre toute attente, à faire libérer le jeune étudiant qui est rentré en Italie il y a quelques jours.
Personne n’est dupe, la libération de Patrick Zaki n’est pas uniquement un acte de bonté du président égyptien. Un accord avec l’Italie a très certainement été signé (tout du moins de manière officieuse), car il reste un autre contentieux plus épineux et tragique : l’assassinat de l’étudiant romain Giulio Regeni au Caire, en 2016. Les premières enquêtes italiennes indiquent que Giulio Regeni aurait été abattu par des membres du contre-espionnage égyptien. La collaboration égyptienne dans l’enquête n’a pas été totale, car les autorités égyptiennes n’ont jamais accepté d’extrader les militaires incriminés, se contentant d’un interrogatoire au Caire où ces mêmes soldats ont réfuté les accusations. Ce statu quo entre les deux pays dans l’affaire Regeni pourrait donc évoluer grâce à (ou à cause de) la libération de Patrick Zaki : il ne serait pas étonnant de voir les instances de Rome abandonner leurs recherches sur l’homicide du jeune chercheur italien, comme l’indiquait le journal Left.
Aucune preuve de cet accord pour l’instant, l’unique certitude est que l’Égypte et l’Italie se parlent de nouveau après des années de tensions palpables entre les deux nations. Un renouveau diplomatique qui élargit les perspectives italiennes, à présent en bon terme avec tous ses voisins de la méditerranée méridionale.
Que peut-on attendre de cette nouvelle stratégie italienne ?
Il est évident que la politique internationale appliquée par l’actuel gouvernement n’est pas exactement en phase avec le programme électoral pour lequel Giorgia Meloni a été élue. Le blocage naval revendiqué en septembre dernier semble bien loin, et la politique étrangère italienne moins défensive que l’on pouvait l’attendre. Les rapports positifs avec Bruxelles et la position géographique de l’Italie lui donnent l’opportunité d’être un acteur du monde méditerranéen et un vrai trait d’union entre les deux continents. Le statut de l’Italie et son rapport commercial en Méditerranée (sans oublier pour autant son passé colonial) offrent des perspectives plus positives avec le continent africain. La crise migratoire touche principalement l’Italie, qui a tout intérêt à être un protagoniste actif : ce positionnement a le double avantage de tenter de trouver une solution au problème migratoire, mais aussi de remettre en avant l’Italie sur la scène européenne et devenir un acteur des politiques du Sud.
Reste à savoir si le gouvernement Meloni pourra tenir cette ligne sans pour autant provoquer une certaine colère de son électorat : le leader de Forza Nuova (extrême-droite) Roberto Fiore a déjà fait savoir dans les médias sa déception quant aux politiques appliquées par le gouvernement. L’équilibre entre les promesses électorales aux Italiens et les réalités internationales risquent de se télescoper. Dans tous les cas, il faudra que les résultats soient là, surtout dans le cas de la crise migratoire, car les statistiques actuelles ne vont pas dans ce sens : depuis le début de l’année, plus de 90 000 personnes sont arrivées sur les côtes italiennes. Un chiffre impressionnant qui oblige même les garde-côtes à collaborer avec les ONG, pourtant tant critiquées par le gouvernement.
Les alliés de Giorgia Meloni acceptent cette nouvelle ligne plus européenne, pour l’instant. Mais si le vent électoral tourne, il ne serait pas surprenant de voir des dissidences dans la majorité. Matteo Salvini, dans l’ombre de Giorgia Meloni depuis des mois, attend très certainement une occasion de revenir au premier plan, tandis que l’actuelle opposition pourrait prendre de l’ampleur en cas d’alliance (possible) entre le Mouvement 5 Étoiles et le Parti démocrate.
El Hadj Souleymane Gassama, dit Elgas, est journaliste, écrivain, docteur en sociologie, et chercheur associé à l’IRIS. Il répond aux questions de Pascal Boniface à l’occasion de la parution de son ouvrage Les bons ressentiments. Essai sur le malaise post colonial aux éditions Riveneuve.
Vous écrivez que les héros africains sont plus jugés à leur capacité à tenir tête à l’Occident qu’à construire une alternative en s’adressant aux Africains…
Il faut invoquer l’histoire longue pour comprendre dans quelle mesure ce réflexe convenu est entretenu à dessein à partir d’une légitimité incontestable. Tous les héros africains tués par la mécanique coloniale, toutes les figures de la résistance qui se sont élevés contre l’injustice et incarnent ainsi un imaginaire courageux, ont laissé un fort héritage, modèle s’il en est pour la jeunesse, entre autres. Qu’il s’agisse de Lumumba ou Sankara, se dresser contre l’Occident était l’essence d’un combat qui n’était nullement dans une posture. Ce qui s’est produit, c’est qu’au fur et à mesure, cela est devenu une bouée facile de pouvoirs faillis et de dirigeants sans scrupule qui pillent cet héritage glorieux. Les acteurs politiques ne sont plus comptables de la transformation de leur pays, mais négocient leur sursis par cette opposition factice avec l’Occident, avec lequel souvent ils sous-traitent en coulisse. Le déplacement de la logique populaire du siège de l’action positivement collective au ministère du discours performatif destiné à manipuler les affects et s’attribuer les retombées des gloires passées est le glissement majeur. Il annonce cette défausse épidémique dans le continent de dirigeants qui abdiquent les chantiers nationaux pour s’en prendre à un ennemi commode et fédérateur, ne faisant ainsi que différer les explosions de colères dues essentiellement à des défaillances de l’appareil d’État à régler les problèmes.
Senghor, reconnu en France, serait peut-être pour cela déconsidéré en Afrique ?
La causalité est un peu hâtive je dirais. Senghor a été reconnu pas qu’en France il n’a été rien de moins que le président sénégalais, dont l’héritage vit encore avec vigueur au Sénégal à bien des égards. Ce qui se passe avec les transformations postcoloniales actuelles, c’est une forme d’ascendant que prennent ses rivaux intellectuels en matière d’influence sur les jeunesses africaines. Si Senghor a une actualité riche en France (biographies, expositions, colloques…), il est évident qu’au Sénégal c’est plus confidentiel, même si nombre de chercheurs locaux sont au cœur de cet intérêt. Il n’a pas une immense aura et est particulièrement contesté. Cette impopularité en partie est tributaire en effet d’un lien avec la France qu’il trainera aux yeux de beaucoup comme une tare incurable. Mais les offres de lectures de son œuvre récemment publiées permettent d’aller au-delà des manichéismes pour rendre justice à un parcours avec ses forces et faiblesses.
Vous reprochez à certains intellectuels africains de refuser de penser contre soi, le préalable de l’introspection au profit de ce que vous qualifie de « fureur accusatrice »
Je rappelle, à l’aide d’exemples récents et historiques, comment la pluralité des idées, des opinions, la richesse de la controverse intellectuelle, ont été victime d’une forme de censure au cœur identitaire. Il fallait pour vivre les joies de la quiétude et être bien perçu par la « communauté » produire sous une certaine dictée d’une optique unique. S’émanciper des canons arbitrairement établis du « Nous » équivalait à vivre au ban, considéré comme un traitre. Il ne fallait pas trahir un front contre l’Occident, au prix de renoncements à des lessives internes, d’accointances avec des logiques conservatrices, de tolérances de discours intérieurs violents et traditionalistes, au seul motif d’un particularisme et d’une chronologie qui le légitimaient. Cet impensé persistant a dévoyé une part de l’énergie dans ce face à face réactif avec la tentation de la diaspora de tomber dans une idéalisation fantasmée d’un continent où la disqualification est devenue une épuration intellectuelle admise. Réinstituer ce goût du dialogue, l’introspection, l’autoscopie, la capacité à être intransigeant avec nous-mêmes et les autres est un principe essentiel pour ne pas nourrir cette nécrose des idées et faire du statut de victime une condition éternelle.
Certains satrapes africains embrassent un tournant de colonial, parfois islamistes pour se refaire une virginité…
Oui, c’est la recette facile du rachat de virginité à peu de frais. Idriss Déby, Denis Sassou Nguesso, Laurent Gbagbo pour ne citer qu’eux, ont tous, d’une certaine manière, flirté avec ce discours pour se voir décerner leurs galons de panafricaniste. Ils braconnent ainsi sur des terres intellectuelles longuement ensemencées de cette idée décoloniale devenue à bien des égards, loin de la rigueur de la pensée du même nom, un argument de prolongation de mandat sur la base d’un chantage affectif et historique. On se retrouve dans une alliance objective et contre nature entre discours religieux sur l’Occident décadent sur lesquels prospèrent les récits et lexiques djihadistes, mais aussi la tentation des hommes au pouvoir de s’affranchir des règles constitutionnelles subitement affiliées à la colonisation. C’est un bal hélas tragique de défausse qui fait du tort à des initiatives de recherches d’alternatives sérieuses. C’est le temps dans lequel semble entrer pleinement le continent. Le fruit d’une longue démission et d’un maniement d’un discours identitaire avec l’entrée en scène d’acteurs et d’héritiers plus radicaux dans une séquence mondiale marquée par le ressentiment et sa propension au nihilisme.
Une semaine après le lancement de la 9e édition de la coupe du monde féminine de football organisée en Australie et en Nouvelle Zélande, cette première édition post-pandémie nous apporte une nouvelle fois la preuve que les questions politiques et sociétales prennent place au sein même des compétitions sportives. Que ce soit à l’initiative ou non des différents acteurs de la scène internationales – comme cela a pu être le cas avec le mondial masculin qui s’est tenu au Qatar en décembre dernier – la reconnaissance des peuples, le port du hijab ou encore la défense des droits des femmes et LGBTQIA+ sont autant de sujets qui ont déjà émergé durant cet événement. Lukas Aubin, directeur de recherche à l’IRIS et responsable du Programme sport et géopolitique répond à nos questions.
Le mondial de football féminin a démarré. Quel état des lieux peut-on dresser d’un point de vue géopolitique ?
Si l’on s’intéresse à ce qui fait en premier lieu la géopolitique, à savoir la géographie, c’est la première fois qu’un mondial féminin de football se déroule, d’une part, dans deux pays différents – Australie et Nouvelle-Zélande – et, d’autre part, en Océanie. Jusqu’à présent, trois continents avaient eu l’opportunité d’accueillir un mondial féminin : l’Europe, l’Asie et l’Amérique. Désormais, quatre continents auront accueilli cette compétition internationale. Le Mondial féminin semble donc suivre les traces de l’expansion du Mondial masculin, en s’exportant et en s’internationalisant à son tour. C’est un signe de bonne santé et de progression dans l’imaginaire global que les observateurs et observatrices portent sur le « football féminin ».
Pour la première fois, 32 équipes participent à la Coupe du monde, ce qui, évidemment, représente autant de pays différents et donc a un impact à l’échelle internationale plus important que les précédentes éditions. Parmi ces participants, on retrouve notamment quatre pays africains, dont le Maroc. Il est intéressant de noter que ce dernier développe, par l’intermédiaire du roi Mohammed VI, une stratégie politico-économico-sportive qui se concentre sur le développement du football de haut-niveau, aussi bien « masculin » que « féminin ». La participation du Maroc s’inscrit donc dans une stratégie plus large : faire rayonner le Maroc à l’international.
Autre élément important à l’échelle internationale et non des moindres, les drapeaux aborigène et maori flottent en Australie et en Nouvelle-Zélande durant chaque match pour représenter respectivement les peuples autochtones des deux pays. Depuis octobre 2022 et la création d’un comité aborigène et maori féminin pour conseiller les organisateurs de l’événement, la FIFA s’inscrit dans un travail de mémoire et reconnaissance réalisé par ces deux pays. La carte du monde selon la FIFA n’est pas la même que la cartographie des nations reconnues par l’ONU. En effet, la FIFA reconnaît 211 associations, alors que l’ONU reconnaît 193 pays. De fait, cela donne lieu à des situations inédites concernant la reconnaissance des peuples et nations et leur légitimation par les acteurs internationaux.
L’expansion du Mondial se traduit également à travers un record d’affluence annoncé par le président Gianni Infantino avec plus de 1.5 million de billets vendus. L’événement semble d’une certaine manière, refléter l’entrée du football « féminin » de haut niveau dans une nouvelle ère. Pour autant, cela ne signifie pas que les stades seront remplis. L’appel formulé par la FIFA pour inciter les supporters à se rendre dans les stades néo-zélandais afin d’assister aux rencontres rappelle le chemin qu’il reste à parcourir pour valoriser la pratique. Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions, mais de ce point de vue là, cette édition pourrait malgré tout être une réussite.
Par ailleurs, le match des Bleues qui a eu lieu le week-end dernier, a réuni 3.5 millions de téléspectateurs et téléspectatrices. Pour un match d’ouverture de l’équipe de France programmé un dimanche à midi, c’est une très bonne audience qui fait taire ou ravive – au choix – les débats autour de la diffusion des matchs et de l’intérêt pour la pratique. Des sujets qui posaient encore un problème aux diffuseurs un mois avant le début de la compétition. Bien qu’une solution ait été trouvée in extremis, cela rappelle une nouvelle fois qu’il y a encore du travail à faire sur la médiatisation du football « féminin ».
La FIFA n’hésite pas à prendre position notamment sur un sujet politique tel que celui de la reconnaissance des peuples autochtones. Existe-t-il un autre cas de figure pour lequel elle s’oppose à des politiques nationales menées par ses pays membres ?
Oui, il existe au moins un autre cas de figure, celui du port du hijab. Dans certains sports il est autorisé, mais dans le cas du football il fait l’objet de débat. En France par exemple, le 29 juin dernier, le Conseil d’État a maintenu l’interdiction du port du hijab dans le cadre des compétitions footballistiques nationales alors que paradoxalement, la Fédération internationale de football l’autorise depuis 2014 dans le but de lutter contre les discriminations. Cela s’explique notamment par le fait que la FIFA par son rôle d’instance internationale prend en compte de nombreux partis différents à l’échelle internationale, notamment celui des pays musulmans ou non musulmans (Royaume-Uni, Finlande, États-Unis …) qui autorisent le port du hijab et participent au rayonnement du football, là où les conseillers d’État français, dans une problématique nationale, choisissent de l’interdire. Ainsi, le 24 juillet dernier, la joueuse marocaine Nouhaila Benzina était-elle la première joueuse à pouvoir jouer en portant un hijab lors d’un match de Coupe du monde. Elle ne devrait pas être la seule femme concernée puisque l’arbitre palestinienne Heba Saadieh devrait également officier en portant – comme elle le fait habituellement – un hijab.
Megan Rapinoe, Marta, Ada Hegerberg, Alex Morgan… Le football féminin semble disposer de nombreuses figures militantes majeures. Comment expliquer cela ?
Il y a plusieurs façons de répondre à cette question. La façon la plus logique finalement, c’est de bien se rendre compte qu’évidemment, les femmes représentent à l’échelle mondiale environ 50 % de la population. La plupart des sociétés, qu’elles soient occidentales ou non occidentales, sont des sociétés patriarcales dans lesquelles de nombreux sports restent des bastions de la masculinité. On le sait notamment par l’intermédiaire de Pierre de Coubertin qui en 1894, en créant le CIO, puis en 1896 la première édition des Jeux olympiques modernes à Athènes, a décidé d’interdire la participation des femmes à la compétition. Selon lui, les femmes ne pouvaient pas pratiquer un sport de haut niveau parce que c’était inesthétique, parce que ce n’était pas féminin et parce que ça allait les enlaidir. Encore à ce jour, le regard porté sur la pratique sportive des femmes est sexiste, même si l’on tend lentement vers la reconnaissance des performances et l’égalité.
Beaucoup de personnes à l’échelle du monde pensent de cette façon et sont encore très étonnées de constater que le football peut être pratiqué par les femmes, alors que le football est le sport le plus pratiqué à l’échelle planétaire. Ça n’a donc évidemment rien d’illogique, d’autant plus qu’il n’y a pas de sport sexué ou genré par essence. En fait, cette différence de rapport entre les hommes et les femmes est représentative de cette différence de regard et de représentation que l’on porte sur les hommes et les femmes à l’égard de la pratique du sport de haut niveau. Ceci explique justement cette montée en puissance de nombreuses figures de contestation et de revendication dans le football féminin. Il y a cette idée qu’il faut défendre à la fois les droits des femmes, il faut les augmenter, évidemment, à l’échelle internationale, à travers le football. Dans une perspective intersectionnelle, il y a également la défense des droits des LGBTQIA+. Sur ce sujet encore largement tabou, le football « féminin » a d’une certaine manière pris de l’avance grâce aux actes militants de joueuses emblématiques alors que dans le football « masculin » il est plutôt invisibilisé et reste un sujet tabou. Il existe un écart abyssal entre les joueuses “outées” (95 joueuses selon le média Outsports[1]) et/ou se revendiquant queers et les joueurs “outés” et/ou queers (aucun lors du mondial au Qatar).
Néanmoins, paradoxalement, la FIFA a réitéré son positionnement par rapport à la Coupe du Monde au Qatar concernant le refus du port du brassard aux couleurs LGBTQIA+. En effet, l’instance doit composer avec énormément de pays dont les législations sont encore ouvertement homophobes. On le voit de nouveau, la FIFA dispose de ses propres géographies et de ses propres logiques géopolitiques. Cela n’empêche pas les joueuses de passer le message de manière originale. Comme l’ont déjà fait Ali Riley, joueuse et capitaine australienne qui s’est vernie les ongles aux couleurs LGBTQIA+ ou encore Thembi Kgatlana, joueuse sud-africaine qui s’est teint un arc-en-ciel dans les cheveux. Plusieurs équipes nationales étant particulièrement engagées sur la question, il faut probablement s’attendre à d’autres événements de ce type durant la compétition.
En réalité, le football, et plus largement le sport, est le reflet de l’évolution des sociétés. Cette Coupe du monde n’a pas encore révélé tous ses secrets.
[1] Outsports. « At Least 94 out LGBTQ Athletes in the 2023 Women’s World Cup » . Outsports, 25 juillet 2023. https://www.outsports.com/2023/7/11/23787885/world-cup-women-gay-lesbian-lgbtq-usa-australia-brazil.
Le second sommet Russie-Afrique s’ouvre aujourd’hui à Saint-Pétersbourg, après le premier qui avait eu lieu à Sotchi en 2019. S’il y a beaucoup moins de participants lors de cette édition, la Russie compte sur un tel évènement pour montrer que, dans le contexte de la guerre en Ukraine, si elle est coupée du monde occidentale, elle ne l’est pas du reste du monde. Ce sommet a par ailleurs lieu dans le contexte de la récente annulation de l’accord sur l’exportation de céréales ukrainiennes, un enjeu majeur pour les États africains. Mon analyse.
Nicolas REGAUD, conseiller climat du Major général des armées répond à nos questions sur la stratégie Climat & Défense du ministère des Armées :
La semaine dernière, le bassin méditerranéen a été touché par des températures historiques. Un grand nombre de villes en Espagne, France, Italie, Grèce, Turquie et du Maghreb ont vu leurs températures de l’air non seulement dépasser les normales de saison, mais aussi les records de températures maximales. En France, les 40°C ont notamment été dépassés en Corse, dans les Pyrénées-Orientales et dans le Var. Plus inquiétant : la barre des 45°C a été dépassée pour la première fois en Catalogne, à dix kilomètres de la frontière française. On a également atteint les 45-46 °C en Sardaigne et en Sicile, et l’on s’est dangereusement approché des 50°C en Grèce, en Tunisie et en Algérie. Les territoires ne sont pas les seuls à être touchés : la mer Méditerranée a elle aussi atteint des records, avec des températures allant jusqu’à 28-30°C. Ces températures sont dues à la présence d’un dôme de chaleur : des masses d’air chaud stagnent en un même endroit à cause de la présence d’un anticyclone de blocage. Si les changements climatiques n’augmentent pas la fréquence de ces dômes de chaleur, ils sont directement responsables de leur intensité hors norme. Il faut rappeler que chacune des quatre dernières décennies a été plus chaude que toutes les décennies qui l’ont précédée depuis 1850, et que la température à la surface du globe est actuellement supérieure de 1,2 degré à celle observée sur la période 1850-1900.
Ces températures présentent de réels risques pour la sécurité des populations, au premier chef desquels des risques de coups de chaud et de déshydratation. En 2022, durant l’été le plus chaud jamais relevé en Europe, on avait déjà déploré plus de 60 000 décès sur le continent à cause des canicules. La sécurité des populations est aussi menacée par la multiplication des incendies, eux-mêmes favorisés par l’assèchement des sols, et induisant d’importants problèmes respiratoires. Dans l’archipel espagnol des Canaries, où les températures sont montées à 40°C, 4 000 hectares sont partis en flammes. Les Alpes suisses ont également été frappées par un important incendie de forêt dans la région du Haut-Valais, et plus d’une centaine d’incendies se sont déclarés en Grèce depuis lundi dernier, ce qui a entraîné l’activation du mécanisme européen de la Protection civile avec l’envoi de forces de soutien françaises et italiennes. Dans ce contexte, un feu de forêt frappant l’île de Rhodes depuis près d’une semaine a notamment conduit à l’évacuation par bateau de 2000 personnes, et à la relocalisation de 30 000 personnes sur l’île. Enfin, à moyen terme, les dégâts causés sur les cultures par de telles chaleurs plongent une partie de la population dans l’insécurité alimentaire et dans la précarité financière. Les températures ont en effet dépassé la limite de viabilité d’une large part des espèces méditerranéennes, menaçant notamment les cultures d’olives et les vignes, et entraînant des souffrances extrêmes pour les animaux d’élevage. Il faut rappeler par ailleurs que ce stress thermique s’ajoute à une situation de stress hydrique installée depuis plusieurs mois dans certaines régions. L’Espagne a connu, dès le printemps, une grave crise agricole ayant entraîné la perte de 5 millions d’hectares de céréales.
Face à ces températures qui valident l’état de la recherche scientifique sur les changements climatiques et leurs impacts sur l’habitabilité des territoires, une vague de désinformation s’abat sur l’Europe. La meilleure illustration en est sans doute la vague de tweets publiés avec le hashtag #caniculemoncul qui est apparu dans les tendances françaises avec, notamment, plus de 1000 tweets le 18 juillet. Dans ces tweets, il s’agit de dénoncer la « propagande » qui serait diffusée par les instituts scientifiques officiels et les médias, dans le cadre des prévisions et relevés météorologiques comme des reportages menés dans les régions frappées par la canicule. Selon les auteurs de ces tweets, les températures observées seraient tout à fait dans les normales de saison, mais les médias chercheraient à faire croire à la population qu’elles sont hors-norme, par l’utilisation d’une terminologie – « dômes de chaleur », « canicule » – et de couleurs effrayantes – l’usage du rouge écarlate et du violet sur les cartes météo. L’objectif de cette propagande serait, à terme, de légitimer la mise en place par le gouvernement d’un pass climatique – analogue au pass sanitaire. Cette crainte d’un pass climatique témoigne en ce sens d’un transfert de la défiance systémique de la question sanitaire à la question climatique, mettant en évidence le rejet de toute politique liée à des impératifs environnementaux. À cet égard, la fondation Jean Jaurès précise d’ailleurs que les théories liées au pass climatique sont presque exclusivement portées par les mouvements antivaccinaux sur les réseaux sociaux.
Plus concrètement, l’essor de ces théories sur les réseaux sociaux se traduit par des menaces verbales croissantes à l’égard des scientifiques du climat, notamment les météorologues, professionnels comme amateurs. Alors que la communauté scientifique s’engage sur les réseaux sociaux à communiquer des informations accessibles sur l’évolution des données climatiques et météorologiques, elle s’expose à d’abondantes insultes et menaces personnelles. Ce phénomène n’est pas l’exclusivité de la France : dès le mois de mai, alors que l’Espagne était en pleine période de sécheresse, l’agence météorologique nationale avait reçu une vague de messages de haine sur les réseaux sociaux, mais aussi par mail et par téléphone. Ces messages, qui faisaient suite aux prévisions publiées par l’agence relativement à la vague de chaleur anormale qui touchait le pays, avaient notamment été condamnés par la ministre de la Transition écologique, Teresa Ribera. Il faut noter par ailleurs que le déni climatique n’est pas réservé aux cercles conspirationnistes et antisystèmes. En France, il infuse toutes les sphères de la société française sous une forme plus discrète et banalisée, jusqu’au gouvernement – le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, ayant lui-même affirmé sur France Inter que les températures observées étaient « assez normales », ce au lendemain de l’attribution de la Légion d’honneur à Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, et quelques semaines après la dissolution des Soulèvements de la Terre.
De telles prises de position mettent en évidence plusieurs formes de déni de l’information scientifique liée au climat : un déni des savoirs climatologiques sur les manifestations physiques concrètes des changements climatiques ; un déni des savoirs en sciences humaines et sociales sur les activités économiques et industrielles qui sont à la source des modifications anthropiques de l’atmosphère ; et plus généralement, un déni de l’urgence qui caractérise la situation climatique, relevant d’une réelle menace existentielle pour les sociétés humaines. Or, avançant des faits scientifiques qui traduisent l’inadéquation des modes de production et de consommation contemporains vis-à-vis des contraintes et limites physiques de notre planète, les discours scientifiques sur le climat et l’environnement sont souvent ignorés, ou décrédibilisés par une sphère dirigeante qui les assimile à des discours militants. En outre, si les cercles conspirationnistes esquissent le portrait d’une presse relayant de manière excessive la préoccupation climatique, une très large partie des médias participe, en réalité, de la marginalisation du discours scientifique sur le climat. Malgré une progression du traitement médiatique des canicules et une mise en lien avec les changements climatiques de plus en plus fréquente, Franceinfo note qu’un article consacré à la canicule sur trois reste associés à des images connotées positivement, comme des personnes profitant d’une glace ou d’une fontaine. Quota Climat et l’institut Rousseau sont d’ailleurs à l’origine de la création d’un groupe de travail transpartisan sur le traitement médiatique de l’urgence climatique à l’Assemblée nationale, mettant en évidence la nécessité de redoubler d’effort quant à la visibilité de la question dans les productions médiatiques. Pourtant, s’il semble essentiel que les journalistes, comme les scientifiques, poursuivent leurs efforts dans la diffusion de l’information climatique, la question de leur sécurité, tandis qu’ils sont exposés à des violences et menaces de plus en plus fortes, doit être posée.
C’est désormais officiel, Vladimir Poutine ne participera pas au sommet des BRICS qui se tiendra fin août en Afrique du Sud. Il s’agit là d’un revers diplomatique majeur pour Vladimir Poutine. L’Afrique du Sud est un pays proche de la Russie, qui n’a pas condamné l’agression russe contre l’Ukraine, mais qui semble là avoir cédé aux pressions pour mettre au ban le président russe, ce qu’elle n’avait pas fait à l’époque avec Omar el Bechir, lui aussi alors poursuivi par la Cour pénale internationale. Quel impact aura cette décision, aussi bien d’un point de vue international que s’agissant de la crédibilité interne de Vladimir Poutine ?
Les 17 et 18 juillet 2023, les dirigeants de l’Union européenne (UE) et de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (Celac) se sont réunis à Bruxelles. Malgré les divergences des pays européens et latino-américains sur les dossiers évoqués, ce sommet a permis aux États présents d’aboutir à une déclaration commune, évoquant notamment la question de la guerre en Ukraine ou encore celle des droits humains. Une déclaration à laquelle seul le Nicaragua a refusé d’apporter sa signature.
Christophe Ventura, directeur de recherche à l’IRIS et responsable du Programme Amérique latine/Caraïbe, revient sur les enjeux de ce sommet dans le cadre de ses “Chroniques de l’Amérique latine”.