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Institut de Relations Internationales et Stratégiques
Updated: 1 week 1 day ago

Retour sur la Conférence de haut niveau sur le Yémen : quelle aide prévue pour 2023 ?

Thu, 09/03/2023 - 17:59

Depuis 2014, le Yémen est le théâtre d’un conflit brutal qui oppose les forces pro-gouvernementales appuyées par une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite et les rebelles houthis soutenus par l’Iran qui contrôlent une partie du pays, entraînant une des pires crises humanitaires de ce début du XXIe siècle. Pour tenter d’y répondre et mettre en lumière ce conflit oublié, les Nations unies ont organisé à Genève une Conférence de haut niveau dédiée au Yémen, le 27 février dernier. Quels en étaient les objectifs et avec quels résultats ? Au vu de l’ampleur de la crise humanitaire, quels sont les besoins du Yémen à court et moyen terme ? Le point avec Fatou Élise Ba, chercheuse à l’IRIS, en charge du Programme Humanitaire et Développement.

Quels étaient les objectifs de cette conférence ?

Les Nations unies ont organisé la Conférence internationale des donateurs pour venir en aide au Yémen après huit ans de guerre. Le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a mis en évidence, en amont de cet évènement, des besoins humanitaires sans précédent et des populations extrêmement vulnérabilisées. Cette conférence arrive à point nommé afin d’identifier les besoins et mettre en place un plan stratégique qui permette d’offrir des réponses efficientes à une situation d’urgence et à des années de conflit. Cette conférence de haut niveau avait donc comme premier objectif de capter des fonds et d’assurer l’engagement des donateurs. Et c’est donc 1,2 milliard de dollars qui ont été captés, malgré les besoins estimés par le Plan de réponse humanitaire pour le Yémen (HPR) à 4,3 milliards de dollars pour aider 17,3 millions de personnes. Cette conférence s’inscrit dans une continuité d’actions engagées en 2022.

De la même manière, l’année passée, alors que la situation du Yémen était tout aussi  inquiétante et qu’il y avait une escalade du conflit, l’ONU avait fait un appel et organisé une conférence des donateurs pour le Yémen. Seule la moitié de la somme demandée avait été récoltée, source de questionnement pour les ONG et les organisations humanitaires dans la mesure où quasiment au même moment, la guerre en Ukraine a mobilisé et démontré une possibilité de débloquer plusieurs milliards de dollars dans des délais très courts pour répondre à des besoins urgents.

De manière plus stratégique, cette conférence avait pour objectif de sensibiliser les bailleurs de fonds, les acteurs internationaux et plus largement l’opinion publique, sur la grave crise humanitaire au Yémen et bien sûr, d’appeler à la fin du conflit. Ce qu’il se passe dans ce pays est une crise non visible, qu’on peut qualifier de « crise oubliée », dans la mesure où elle dure depuis trop longtemps, que les fonds engagés dans sa riposte ne correspondent pas totalement aux besoins réels des populations vulnérables, et que les médias internationaux ne s’emparent pas massivement de la question.

Au vu de l’ampleur de la crise humanitaire, économique et climatique, quels sont les besoins du Yémen à court et moyen terme ?

L’OCHA estime à ce jour que deux tiers de la population ont des besoins humanitaires et de services de protection. Le HPR a pour ambition de toucher en 2023 les 17,3 millions de personnes impactées par le désastre humanitaire. On estime que 80 % de la population a des difficultés d’accès à de la nourriture de base, à l’eau potable et à des services de santé. Le Yémen, c’est également plus de 4 millions de déplacés internes selon l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Cette crise est, à l’heure actuelle, une des plus grandes crises humanitaires au monde et l’escalade de la violence entre 2021 et 2022 a accentué la vulnérabilité des populations. Par ailleurs, la situation humanitaire se détériore malgré la négociation d’une trêve entre avril et octobre 2022. Femmes et enfants souffrent de manière plus accrue et les violences basées sur le genre sont exacerbées selon le Fonds des Nations unies pour les populations (UNFPA). De surcroît , le pays est fortement menacé par les catastrophes naturelles. La sécheresse s’intensifie de plus en plus, tout comme l’insécurité alimentaire, ce qui rend la zone plus sujette aux situations de conflits et de crises. Le Yémen est l’un des pays les plus pauvres au monde, avec un fort niveau d’endettement et une économie très dépendante de l’aide internationale. Cette crise est multifactorielle et doit être abordée de manière pluridimensionnelle.

À court terme, il y a un véritable  enjeu en matière de résolution de conflit, les civils  étant les premières victimes. Il est nécessaire pour les instances internationales d’apporter une réponse cohérente avec un plan de financement associé qui ne soit pas minimisé. L’organisation Care a notamment pointé du doigt l’incohérence de la part de certains États occidentaux, notamment la France, qui ont vendu des armes aux belligérants, mais contestent la perpétuation du conflit. En outre, les fonds récoltés pour financer le HPR pour le Yémen restent insuffisants si l’on veut pouvoir riposter de manière efficiente aux causalités structurelles de la crise et aux réelles causes de la pauvreté chronique. Sur le long terme, il y a des besoins concernant plus largement le développement économique du pays,  la consolidation de la paix, la mise en place d’un processus de justice transitionnelle, la gestion des risques liés aux catastrophes naturelles, etc. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a également souligné que le manque de fonds risque d’aggraver la crise humanitaire. On peut donc craindre de faire face à un constat similaire lors de la prochaine Conférence de haut niveau en 2024…

En avril 2022, l’ONU avait réussi à obtenir une trêve, renouvelée à plusieurs reprises, entre les rebelles houthis et le gouvernement. Celle-ci n’est plus en vigueur depuis le mois d’octobre dernier. Quel est l’impact d’une reprise des combats sur l’aide humanitaire ? Que peut mettre en place l’ONU avec les différents acteurs locaux et régionaux pour parvenir à une nouvelle trêve ?

Effectivement, dès novembre 2022, l’ONU s’est inquiétée de la non-prolongation de l’accord de trêve. Durant la période de trêve, les acteurs humanitaires avaient pourtant noté une forte baisse des pertes civiles. La fin 2022 a notamment été le moment, pour les instances internationales et les ONG, de renouveler leur appel de fin de conflit. On estime qu’il n’y aurait pas de véritable reprise du conflit, en tout cas, tel que le Yémen l’a connu les huit années précédentes. Cependant, plusieurs incidents impliquant les forces gouvernementales et les Houthis, notamment des bombardements, ont été notifiés par le Bureau des droits de l’homme des Nations unies. Mais ce n’est pas parce qu’il y a une baisse du conflit que la situation du Yémen s’arrange dans la mesure où la pauvreté devient d’autant plus chronique, les besoins humanitaires sont toujours alarmants et les réponses restent trop faibles pour entrevoir une accalmie réelle. La crise économique continue aussi de s’accentuer et la situation sécuritaire des civils n’est toujours pas garantie.

Les efforts de la part des acteurs de l’aide, ONG et instances internationales, doivent être concentrés dans l’appui aux acteurs locaux et aux organisations de la société civile. Au Yémen, dans ce cadre de déstructuration des institutions étatiques et d’instabilité, ces acteurs  ont un rôle de soutien d’urgence de la population et pallient le rôle de l’État à travers la distribution de kits alimentaires, l’accès à des services de santé de base, etc. Par ailleurs, la sécurité des personnels humanitaire mériterait d’être améliorée sur le terrain, je fais notamment référence à la disparition et la détention de plusieurs membres du personnel humanitaire. Les femmes travailleuses humanitaires yéménites subissent par ailleurs des contraintes d’actions, étant dans l’obligation de rester sous la tutelle d’un homme, ce qui, de fait, freine la bonne mise en place des programmes et les empêche de mener à bien leurs missions, selon Amnesty International. Et ceci particulièrement dans les programmes de santé générale, de santé reproductive et plus largement pour l’aide apportée aux femmes et aux filles sur place. Cette règle du marham dans les zones contrôlées par les Houthis aurait entrainé, selon OCHA, plusieurs annulations de déplacement et de livraisons d’aide humanitaire. Face à la ségrégation entre les sexes, la situation des femmes et des filles semble très inquiétante. Les prochaines grandes discussions de médiation devront aborder la résolution de la crise et spécifiquement la condition des femmes et filles qui ne démontre pas, pour l’instant, une amélioration.

Ukraine : le Brésil se mobilise

Wed, 08/03/2023 - 18:07

Christophe Ventura, directeur de recherche à l’IRIS et responsable du Programme Amérique latine/Caraïbe, vous donne régulièrement rendez-vous pour ses “Chroniques de l’Amérique latine”. En direct de Brasilia, et suite à sa rencontre avec le conseiller spécial du président Lula pour les questions internationales, Celso Amorim, il nous partage les propositions du gouvernement brésilien en faveur de la paix en Ukraine.

➡️ Retrouvez tous les épisodes des « Chroniques de l’Amérique latine » sur la chaîne YouTube de l’IRIS : https://youtube.com/playlist?list=PL3c38cSa3wcDZJsQpzOJLqZzxFCWqJTPj
📽️ « L’Europe et le Brésil : un nouveau départ ? » : https://www.youtube.com/watch?v=fCdNevML38A
📽️ « Discours d’investiture de Lula : des engagements et des défis » : https://youtu.be/od9SpixUkUo
📽️ Podcast Comprendre le monde – « Le Brésil et l’Amérique latine face à la guerre en Ukraine », Christophe Ventura invité de Pascal Boniface : https://youtu.be/NGyoxFmmyac
📄 Les notes du programme « Amérique latine/Caraïbe » de l’IRIS : https://www.iris-france.org/programmes/amerique-latine-caraibe/
📕 Pour se procurer son ouvrage « Géopolitique de l’Amérique latine », Eyrolles (2022) : https://www.iris-france-boutique.org/collection-geopolitique-eyrollesiris/252-geopolitique-de-l-amerique-latine.html

« Le mirage sahélien » – 4 questions à Remi Carayol

Thu, 23/02/2023 - 12:27

Journaliste indépendant, couvrant l’actualité du Sahel depuis dix ans, Rémi Carayol coordonne le comité éditorial du site d’information Afrique XXI et écrit régulièrement dans Mediapart, Le Monde diplomatique et Orient XXI. Il répond à mes questions à l’occasion de la parution de son ouvrage « Le mirage sahélien » aux éditions La Découverte.

 

On a trop souvent réduit les groupes djihadistes à des motivations religieuses alors qu’elles sont très diverses… 

On peut même affirmer que les motivations religieuses sont secondaires, du moins en ce qui concerne la plupart des femmes et des hommes (des adolescents aussi) qui rejoignent ces groupes. Certes, le JNIM et l’EIGS, les deux principaux groupes djihadistes sahéliens, sont liés respectivement à Al Qaïda et à l’État islamique. Mais leurs combattants n’épousent pas forcément leur idéologie, et ce n’est d’ailleurs pas sur cet aspect que ces groupes recrutent. Plusieurs études de chercheurs, de think tanks mais aussi d’agences internationales telles que le PNUD l’ont démontré. Pour certains, c’est un moyen de renverser l’ordre établi – celui fixé par les autorités étatiques ou celui qui règne au sein de leur communauté, avec des strates et des hiérarchies quasiment indépassables. Pour d’autres, c’est un moyen de gagner sa vie : ce sont des personnes qui n’ont pas forcément de travail et à qui on promet un peu d’argent. Cela peut être aussi un enjeu de survie dans un contexte de très forte insécurité : pour protéger sa famille, on rejoint un groupe qui pourra nous défendre. Il y a également des trajectoires relevant de la vengeance : certains combattants ont rejoint les rangs djihadistes parce qu’un membre de leur famille avait été tué par l’armée nationale de leur pays ou par une milice.  Et il y a tous ceux, nombreux, qui se sont retrouvés là après un choix irréfléchi ou une mauvaise rencontre. Certains de ceux avec qui j’ai discuté – qui avaient rejoint le JNIM à l’âge de 15-16 ans – l’ont fait parce qu’ils pensaient avoir une opportunité, l’un pour poursuivre des études dans un pays arabe, l’autre pour avoir une chance de rejoindre l’Europe…

Vous évoquez le déclin du Quai d’Orsay et la militarisation de notre politique au Sahel…

J’emploie le terme de « marginalisation ». Celle-ci a été manifeste quelques semaines seulement après le déclenchement de l’opération Serval en janvier 2013. Très vite, le ministère de la Défense a pris le « lead » sur les questions sahéliennes, au détriment des diplomates, et a imposé son propre agenda : sur le plan militaire bien sûr (en scellant des alliances avec des groupes contre l’avis des diplomates), mais aussi sur le plan politique et diplomatique. Le Quai d’Orsay, puis l’Agence française de développement (AFD), qui centralise l’aide au développement de la France, ont été priés de s’adapter aux priorités de l’armée, et de collaborer avec elle.

Plusieurs facteurs expliquent cette évolution. Il y a tout d’abord une forme de logique : quand 5 000 soldats français se battent dans un pays, l’état-major a forcément son mot à dire sur les choix politiques. En l’espace de quelques années, avec l’opération Barkhane qui a succédé à Serval en août 2014, le nombre de bases militaires et de soldats français a quintuplé au Sahel. Dans un tel contexte, où la force prime sur le dialogue, le poids des diplomates ne peut que s’étioler. Il y a aussi le désintérêt du ministre des Affaires étrangères de l’époque, Laurent Fabius, pour l’Afrique ; et a contrario le très fort intérêt du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, pour ce continent. Enfin, comme l’explique l’ancien diplomate Laurent Bigot, « les militaires ne font qu’occuper la place laissée vacante par les diplomates ». Il était évident que les coupes budgétaires qui ont affecté le ministère des Affaires étrangères (et tout particulièrement en Afrique) ces dernières années allaient aboutir à une perte de qualité en compétences, et à un assèchement de la prospective. A contrario, les militaires, du fait de leur présence sur le terrain, ont été source d’analyses et de propositions. Des analyses biaisées parfois, voire à côté de la plaque. Mais des analyses qui avaient l’avantage d’offrir des solutions clés en mains aux dirigeants politiques.

Jean-Yves Le Drian et son entourage étaient selon vous persuadés de livrer une guerre de civilisation…

Pour eux, la guerre que mène la France au Sahel est celle du « Bien » contre le « Mal ». C’est donc non seulement une guerre juste, mais en plus une guerre vitale contre un ennemi à « détruire » (c’est le mot d’ordre que François Hollande lance aux militaires en 2013). Si les dirigeants français prennent soin de ne jamais employer l’expression, il s’agit pour eux d’une véritable « guerre de civilisation ». Cette vision néoconservatrice d’inspiration « bushienne » prédomine pendant plusieurs années dans les cabinets de Jean-Yves Le Drian et de Florence Parly. Le problème, quand on voit le monde en noir et en blanc, c’est que les subtilités locales vous échappent. L’exécutif français n’a pas vu – ou n’a pas voulu voir – que les groupes armés qui se battent au Mali, au Burkina et au Niger ne sont pas seulement des appendices du djihad global, qu’ils portent en eux les germes d’une insurrection, et qu’il faudra donc un jour en passer par des discussions d’ordre politique. Cette vision binaire a conduit la France à torpiller toutes les tentatives locales d’ouvrir un dialogue avec les djihadistes.

Le succès des djihadistes est-il surtout dû à l’effondrement des États ?

C’est ce qui leur permet en tout cas de gagner non seulement des combattants, mais aussi des sympathisants, en dépit de la terreur qu’ils inspirent et de leur  gouvernance particulièrement violente, basée sur la menace et la contrainte. Jamais ces groupes n’auraient pu gagner autant de territoires – et ensuite en garder le contrôle -, sans un appui d’une partie des populations. Jamais ils n’auraient pu en chasser les représentants de l’État (militaires, préfets, magistrats…) si ces derniers n’avaient été perçus par nombre de citoyens comme des acteurs de la prédation en cours depuis des décennies. Les succès des djihadistes sont donc essentiellement le fruit des échecs des politiques publiques menées depuis plusieurs décennies, marquées par l’injustice et la corruption. Mais ils sont aussi le résultat de la faillite de la lutte antiterroriste menée par la France et la « communauté internationale » depuis plusieurs années. En voulant à tout prix réduire les djihadistes à de simples « terroristes », on a ignoré la nature politique de leur combat. On ne répond pas à des insurrections par des stratégies antiterroristes.

Guerre en Ukraine, 1 an après : quel bilan géopolitique ?

Wed, 22/02/2023 - 14:50

Un an après l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022, quel bilan peut-on dresser de cette guerre ? L’IRIS vous propose une série d’analyses en vidéo pour évaluer les conséquences du conflit dans différents secteurs d’activité et aires régionales. Pour ce premier épisode, Pascal Boniface, directeur de l’IRIS, vous présente cette série de vidéos et revient sur le bilan géopolitique du conflit russo-ukrainien.

 

➡️ CONSULTER LA PLAYLIST « GUERRE RUSSIE-UKRAINE »

 

 

Guerre en Ukraine, 1 an après : les Occidentaux sont-ils devenus la base arrière de Kiev ?

Wed, 22/02/2023 - 14:49

Un an après l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022, quel bilan peut-on dresser de cette guerre ? L’IRIS vous propose une série d’analyses en vidéo pour évaluer les conséquences du conflit dans différents secteurs d’activité et aires régionales.

Jean-Pierre Maulny, directeur adjoint de l’IRIS, analyse le soutien militaire occidental à l’Ukraine.

 

➡️ CONSULTER LA PLAYLIST « GUERRE RUSSIE-UKRAINE »

Guerre en Ukraine, 1 an après : quelles conséquences économiques ?

Wed, 22/02/2023 - 14:49

Un an après l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022, quel bilan peut-on dresser de cette guerre ? L’IRIS vous propose une série d’analyses en vidéo pour évaluer les conséquences du conflit dans différents secteurs d’activité et aires régionales. Sylvie Matelly, directrice adjointe de l’IRIS, revient sur les conséquences économique de la guerre en Ukraine.

➡️ CONSULTER LA PLAYLIST « GUERRE RUSSIE-UKRAINE »

Guerre en Ukraine, 1 an après : quelles implications sur les budgets de défense européens et les acquisitions ?

Wed, 22/02/2023 - 14:48

Un an après l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022, quel bilan peut-on dresser de cette guerre ? L’IRIS vous propose une série d’analyses en vidéo pour évaluer les conséquences du conflit dans différents secteurs d’activité et aires régionales.

Gaspard Schnitzler, chercheur à l’IRIS, revient sur conséquences du conflit ukrainien sur les budgets de défense européens et leur acquisitions.

➡️ CONSULTER LA PLAYLIST « GUERRE RUSSIE-UKRAINE »

Guerre en Ukraine, 1 an après : quels enjeux stratégiques et de communication derrière les transferts d’armes ?

Wed, 22/02/2023 - 14:47

Un an après l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022, quel bilan peut-on dresser de cette guerre ? L’IRIS vous propose une série d’analyses en vidéo pour évaluer les conséquences du conflit dans différents secteurs d’activité et aires régionales.

Federico Santopinto, directeur de recherche à l’IRIS, revient sur les enjeux stratégiques et de communication en Europe derrière les transferts d’armes.

➡️ CONSULTER LA PLAYLIST « GUERRE RUSSIE-UKRAINE »

Guerre en Ukraine, 1 an après : quelles conséquences sur le secteur énergétique européen ?

Wed, 22/02/2023 - 14:46

Un an après l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022, quel bilan peut-on dresser de cette guerre ? L’IRIS vous propose une série d’analyses en vidéo pour évaluer les conséquences du conflit dans différents secteurs d’activité et aires régionales.

Sami Ramdani, chercheur à l’IRIS, analyse les conséquences du conflit sur le secteur énergétique européen.

➡️ CONSULTER LA PLAYLIST « GUERRE RUSSIE-UKRAINE »

Guerre en Ukraine, 1 an après : le blé comme arme géopolitique

Wed, 22/02/2023 - 14:45

Un an après l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022, quel bilan peut-on dresser de cette guerre ? L’IRIS vous propose une série d’analyses en vidéo pour évaluer les conséquences du conflit dans différents secteurs d’activité et aires régionales.

Sébastien Abis, chercheur associé à l’IRIS, revient sur l’utilisation du blé et des céréales comme arme géopolitique dans le cadre de ce conflit.

➡️ CONSULTER LA PLAYLIST « GUERRE RUSSIE-UKRAINE »

Union européenne : quelle réponse face au protectionnisme américain ?

Fri, 10/02/2023 - 16:16

Sylvie Matelly, directrice adjointe de l’IRIS, vous donne régulièrement rendez-vous pour ses “Chroniques géoéconomiques”.

À l’occasion de la visite du ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Bruno Le Maire, et son homologue allemand aux États-Unis, elle revient sur les potentielles réponses européennes à apporter au protectionnisme américain :
– Quelle est actuellement la situation économique mondiale ?
– Que sont partis négocier Bruno Le Maire et son homologue allemand à Washington ce 7 février ?
– Que peut mettre en place l’Union européenne pour faire face au protectionnisme américain ?

➡️ Retrouvez tous les épisodes des « Chroniques géoéconomiques » sur la chaîne YouTube de l’IRIS.

➡️ Pour aller plus loin, retrouvez les notes du programme « Géopolitique et Entreprises » de l’IRIS.

Suite à l’impair de Make Sunsets, le Mexique en tête de la lutte contre la géo-ingénierie solaire ?

Fri, 10/02/2023 - 12:34

En décembre dernier, les opérations de géo-ingénierie solaire menées au Mexique par la start-up américaine Make Sunsets ont été médiatisées, suscitant de vives critiques de la part des milieux scientifiques et des ONG environnementales. Le gouvernement mexicain, qui n’avait pas été consulté au préalable, a immédiatement condamné ces opérations, et annoncé qu’elles seraient interdites sur son territoire. Le point avec Marine de Guglielmo Weber, chercheuse au sein du programme Climat, Énergie et Sécurité de l’IRIS.

En quoi consistent les opérations menées par la start-up Make Sunsets ? 

Il s’agit d’opérations de géo-ingénierie solaire, qui consistent à diffuser des aérosols dans la stratosphère afin de réfléchir une partie du rayonnement solaire entrant. Il s’agit, en d’autres termes, de diminuer la température planétaire par la diffusion de particules réfléchissantes, ce afin de compenser le réchauffement climatique sans toucher à sa cause première, la quantité de dioxyde de carbone présent dans l’atmosphère. Les recherches scientifiques dans le domaine sont encore très peu avancées. Les projets de géo-ingénierie solaire sont encore, pour la plupart, au stade de la modélisation numérique, et n’ont pas franchi le cap des expérimentations sur le terrain du fait de risques considérés comme trop élevés, et trop mal connus. Des incertitudes pèsent notamment sur les conséquences sanitaires des substances diffusées, sur les conséquences d’une réduction du rayonnement solaire sur la santé des écosystèmes, et sur l’éventuelle irréversibilité d’un déploiement de la géo-ingénierie solaire au regard du risque de « choc de terminaison » : le réchauffement brutal qui résulterait d’un arrêt des déploiements.

C’est la raison pour laquelle le secteur était extrêmement surpris de voir une société commercialiser ces techniques de manière prématurée, ce sous la forme de « crédits de refroidissement » correspondant aux particules libérées dans l’air. En décembre dernier, la start-up américaine Make Sunsets a en effet annoncé avoir procédé à des opérations mineures d’injection d’aérosols dans la stratosphère par lancement de ballons, non pas sur le sol américain, mais au Mexique, sans consultation du gouvernement.

Quelle a été la réaction du gouvernement mexicain ? 

Le 13 janvier, le gouvernement mexicain a réagi publiquement, tout d’abord en notifiant que les injections d’aérosols stratosphériques effectuées par Make Sunsets avaient été effectuées sans aucune autorisation ni consultation préalable. Il a en outre annoncé qu’il allait interdire toute expérimentation de géo-ingénierie solaire sur son territoire, au regard de l’absence d’accords internationaux sur le sujet, et en vertu de la nécessité de protéger les communautés locales et l’environnement. La géo-ingénierie solaire va ainsi faire l’objet d’une action coordonnée entre le ministère mexicain de l’Environnement et des Ressources naturelles, chargé de mettre en place une stratégie pour l’interdiction et/ou l’arrêt des pratiques, et le Conseil national pour la science et de la technologie, qui va étudier la littérature scientifique existante sur les techniques en développement pour en étudier les risques.

Le Mexique est ainsi le premier État à annoncer une interdiction totale et explicite des expériences de géo-ingénierie solaire. Il est, plus globalement, l’un des premiers États à prendre publiquement position sur le sujet, un an après la décision prise, par les États-Unis, d’encourager et de coordonner la recherche en géo-ingénierie sur son territoire.

Quelles sont les conséquences de la prise de position mexicaine ? 

En premier lieu, les opérations de Make Sunsets ont été suspendues jusqu’à nouvel ordre suite à la réaction du Mexique. Cette affaire a plus largement mis en évidence le risque d’un déploiement unilatéral de la géo-ingénierie solaire, ce qui doit inciter les gouvernements à communiquer et à se positionner sur le sujet. C’est en ce sens que le Center for International Environmental Law a salué l’interdiction des expérimentations par le Mexique, et a invité tous les gouvernements à faire de même. Ainsi, l’impair commis par cette société pourrait relancer les discussions internationales sur d’éventuels encadrements et/ou restrictions des recherches sur le sujet, discussions avortées en 2019, lors du refus de la proposition, déposée auprès du programme des Nations unies pour l’environnement par la Suisse et neuf autres pays, d’évaluer les options de géo-ingénierie. Par ailleurs, la réaction du gouvernement mexicain est susceptible d’exercer un effet dissuasif sur d’autres sociétés qui seraient, elles aussi, tentées de profiter du vide juridique qui entoure la géo-ingénierie pour commercialiser de telles techniques.

Le risque d’une intervention sur la stratosphère éprouve enfin le concept de souveraineté étatique, en tant qu’il s’agit d’une intervention sur un bien commun (commons-based geoengineering ou CBG). Les biens communs mondiaux, à l’instar de l’atmosphère et de la haute mer, ne sont que partiellement ou indirectement régis par le droit international, et ne font pas l’objet d’une réelle gouvernance démocratique. Ce point est d’autant plus problématique que toute modification du climat planétaire menace la sécurité nationale et la souveraineté territoriale de tous les États, incapables de protéger leur territoire des actions d’un autre État. Dans le cas précis des lancements de l’entreprise Make Sunsets, la question de la souveraineté étatique est encore plus brûlante, puisqu’il s’agit de technologies aspirant à avoir une portée planétaire, développées par une entreprise américaine, et déployées sur le territoire d’un autre État. La réaction du Mexique révèle ainsi toutes les tensions induites par les liens entre souveraineté étatique et sécurité climatique internationale, et manifeste une volonté de sécuriser un territoire national de plus en plus exposé aux déstabilisations anthropiques et délibérées de l’atmosphère.

« L’armée romaine, première armée moderne » – 4 questions à Nicolas Richoux

Fri, 10/02/2023 - 10:20

Général en deuxième section du corps des officiers généraux et consultant défense sur LCI, Nicolas Richoux répond aux questions de Pascal Boniface autour de son ouvrage « L’armée romaine, première armée moderne », paru aux éditions Pierre de Taillac.

 

Les Romains avaient intégré l’importance du fait urbain dans leurs objectifs stratégiques. Est-ce toujours un facteur décisif ?

Dans l’Antiquité, les villes contribuaient déjà au maillage territorial. Là étaient hébergés les garnisons militaires et les éléments de police chargés du maintien de l’ordre. On y trouvait les bases logistiques pourvoyeuses d’argent, de moyens et de renforts. C’était généralement là que se situaient les organes du pouvoir local ou national. Elles constituaient des symboles visibles de l’autorité de l’État ou du chef. Elles étaient à la fois foyer culturel et religieux, de même que centre économique et donc lieu de concentration de richesses. Elles constituaient en temps de guerre ou de trouble un refuge pour les biens et les personnes. Elles devaient donc être saisies.

Aujourd’hui la ville reste un objectif central des opérations, surtout dans nos civilisations modernes caractérisées par la densité urbaine. Même les facteurs religieux, qui paraissent aujourd’hui moins importants en Occident notamment, peuvent rester des abcès de fixation importants. Aussi, les motifs qui sous-tendent sa saisie restent-ils pérennes, surtout lorsqu’il s’agit d’une capitale. Si elle avait réussi, la prise de Kiev par les forces russes en février/mars 2022, avec la saisie des lieux de pouvoir (palais présidentiel, Parlement, sièges des principaux médias etc.), aurait certainement porté un coup décisif à la résistance ukrainienne. Elle aurait notablement renforcé le prestige de Vladimir Poutine, qui aurait alors été célébré comme réunificateur moderne de la « Russie éternelle » et de l’Orthodoxie.

Un autre de leurs principes était la concentration des efforts, ce que n’a pas fait l’armée russe en Ukraine

La concentration des efforts, premier des principes de Foch, était déjà connue, même de manière empirique, par les Romains. En 70, lors de la campagne de Judée contre les Juifs révoltés, Titus avait établi avec raison que le centre de gravité de sa campagne devait être impérativement Jérusalem, capitale politique, économique, spirituelle de la Judée et siège des insurgés. Il fit donc converger vers la ville les quatre légions dont il disposait, et attaqua en un point précis (rempart ouest) avec trois d’entre elles. Il emporta la ville, mais il lui fallut quand même 139 jours !

En 2022, les Russes, persuadés d’entamer une « promenade militaire » semblable à celle de la conquête de la Crimée en 2014, semblent avoir royalement ignoré ces deux questions centrales du centre de gravité et de la concentration des efforts, pourtant théorisées depuis de nombreuses années et enseignées dans les académies militaires modernes. Ceci les a amenés à attaquer de manière omnidirectionnelle sur toute l’étendue du front, territoire pourtant gigantesque au regard des effectifs engagés notoirement insuffisants. Or, quand on veut être partout, on n’est nulle part. Incapables d’appliquer un quelconque effort ni d’établir un rapport de forces favorable (l’offensive exige un rapport de trois contre un minimum), ils furent petit à petit repoussés de leurs trop nombreux objectifs : Kiev, Kharkiv et Odessa… Un mois après l’invasion, la campagne était d’ores et déjà un échec.

La liberté d’action reste également un principe d’actualité…

La dispersion des efforts produit un effet induit majeur : il force le général à engager toutes ses troupes, sans possibilité de conserver à la main une réserve opérationnelle conséquente. À partir de cet instant, il ne lui est plus possible de faire face aux situations non conformes, ni de varianter ses efforts en fonction de l’évolution de la situation. La perte de l’initiative qui en découle signifie la perte de sa liberté d’action et, dès lors, le général n’impose plus mais il subit.

On le voit nettement en 2022 à la suite des échecs devant Kiev et Kharkiv. Dès avril, les Russes avaient perdu environ la moitié du corps blindé mécanisé engagé en février et ils s’avérèrent dès lors incapables de reformer une réserve convenable, ni de créer les conditions d’une supériorité numérique indiscutable qui leur aurait permis de reprendre l’offensive et de percer. Pire, leur entêtement provoqua une attrition irrémédiable de leur corps de bataille. Ils subirent ensuite assez logiquement la contre-attaque ukrainienne de septembre, en perdant en quelques jours le terrain gagné en plusieurs mois et en subissant de lourdes pertes supplémentaires. La réponse vint avec une mobilisation trop tardive et sans doute trop partielle. À ce jour, les Russes n’ont toujours pas retrouvé la capacité de manœuvre susceptible de restaurer leur liberté d’action et de créer les conditions du succès.

Ils avaient notamment, à l’image de Jules César, insisté sur l’importance de la logistique…

De tous les écrivains antiques, c’est vraisemblablement Jules César qui s’attarde le plus sur la fonction logistique. Dans ses relations de la Guerre des Gaules et de la Guerre civile qui s’ensuivit, il est frappant de voir comment il justifie à de multiples reprises ses choix par la nécessité d’assurer les approvisionnements de son armée. Il insiste sur les nombreuses difficultés et défis logistiques auxquels il doit constamment faire face, décrit leur incidence sur les opérations en cours et n’hésite pas à modifier son plan de campagne le cas échéant. Dans la Guerre des Gaules par exemple, il interrompt la poursuite des Helvètes en marche vers l’ouest (58 avant J.-C.) pour assurer le ravitaillement de son armée qui n’a plus que deux jours de vivres. On le voit par ailleurs réclamer en permanence du blé à ses alliés gaulois. Assurer ses approvisionnements et sécuriser ses lignes logistiques sont de toute évidence pour lui un problème dépassant largement le cadre tactique pour devenir une préoccupation résolument stratégique, surtout quand l’urgence impose son tempo.

En 2022, la certitude d’une campagne courte, liée à des pratiques de corruption bien ancrées dans la société russe expliquent sans doute la faillite logistique russe en début de campagne. « L’opération militaire spéciale », pensée comme courte, misant sur l’écroulement de l’armée ukrainienne et le ralliement spontané de la population, a négligé de mettre en place tout ce qui lui aurait permis de s’inscrire dans la durée. Par ailleurs, aucun des besoins liés à l’économie de guerre, à la réserve ou aux renforts notamment, n’a été véritablement pensé ou mis en place.

Aider l’Ukraine : jusqu’où ?

Thu, 09/02/2023 - 18:15

Volodymyr Zelensky, après son déplacement aux États-Unis il y a quelques semaines, réalise actuellement une tournée européenne entamée à Londres, son principal soutien en Europe, avant de se rendre à Paris et Bruxelles. Partout, il a reçu un accueil chaleureux. A Bruxelles, aussi bien Charles Michel que la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, ont déclaré que Zelensky était ici chez lui, en référence notamment à la candidature de Kiev pour intégrer l’UE. Si le soutien à l’Ukraine est essentiel, elle n’est pour autant pas prête à intégrer l’UE, d’autant que la vision stratégique ukrainienne ne s’aligne pas tout à fait sur les intérêts des membres, notamment occidentaux, de l’Union. L’analyse de Pascal Boniface.

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