Carole Gomez et Christophe Ventura, chercheurs à l’IRIS, répondent à nos questions à propos du dossier de la Revue internationale et stratégique n°111 qu’ils ont dirigé sur Les nouvelles lois de l’Amérique latine » :
– Pourquoi avoir consacré ce nouveau numéro de la RIS à l’Amérique latine ? Quelles sont les nouvelles voies que vous évoquez ?
– Quels sont les principaux enjeux du cycle électoral de 2018 et 2018 qui pourrait considérablement modifier le panorama politique de la région ?
– De nouveaux rapports de force semblent avoir lieu en Amérique latine, notamment entre la Chine, les Etats-Unis et l’Europe. Quels sont-ils ? Avec quelles conséquences ?
On 19 July 2018, the Israeli parliament passed legislation known as the nation-state law. It is highly controversial in Israel as well as internationally, although strictly speaking there is little new contained in it. Its advocates emphasise that it merely gives expression to existing realities. Critics argue that the law discriminates against minorities, runs counter to democratic values and, in particular, undermines the principle of equality. The debate reveals the social tension in Israel between its ‘Jewish’ and ‘democratic’ identity. In addition, it becomes clear that the main supporters of the law on the government side have more far-reaching intentions than its wording suggests. Their aim is to place Jewish collective rights above individual rights and freedoms. The law is, therefore, also a manifestation of current government policy aimed at leading Israel away from a more liberal democracy and towards a majoritarian democracy. In particular, this policy affects the Supreme Court as a defender of liberal principles.
The negotiations on the Brexit withdrawal agreement are heading for the endgame: An agreement is to be reached in October – at the latest in November 2018 – if the United Kingdom is to leave the EU in an orderly manner in March 2019, as planned. But the EU-27 and the British government are still a long way from reaching this agreement. Above all, British domestic policy is unpredictable: There is neither a majority for any form of Brexit, nor a substantial change of opinion against Brexit, as such. Any outcome of the Brexit negotiations threatens to trigger a political crisis in the UK, further increasing the risk of a disruptive exit.
Die Personenfreizügigkeit gilt als eine der zentralen Errungenschaften der Europäischen Union. Auch wenn das Schengener Abkommen die schwierigste Phase der Flüchtlingskrise überstanden hat, droht bei dem Thema eine neue Konfrontation. Spätestens im November 2018 wird es aufgrund der in der Schengen-Verordnung vorgesehenen Fristen kaum noch möglich sein, die seit 2015 bestehenden Binnengrenzkontrollen, die Deutschland, Frankreich, Österreich, Schweden, Dänemark und Norwegen temporär eingeführt haben, mit EU-Recht in Einklang zu bringen. Es besteht die Gefahr, dass der gemeinsame Rechtsrahmen aufgrund innenpolitischer Erwägungen zunehmend ausgehöhlt wird oder dass einzelne Länder, insbesondere Dänemark, aus dem Schengen-Regime aussteigen. Gerade im Hinblick auf die nordischen Staaten, deren Kontrollen in der europäischen Debatte bislang weniger Beachtung fanden, mutet der Bruch mit dem jahrzehntelang praktizierten Prinzip offener Grenzen drastisch an. Es ist deshalb dringend notwendig, einen Kompromiss zu finden, der die vollständige Personenfreizügigkeit im Schengen-Raum wiederherstellt, aber gleichzeitig die Sicherheitsinteressen der Mitgliedstaaten stärker berücksichtigt. Deutschland als maßgeblicher Auslöser der Grenzkontrollen hat hierbei eine zentrale Rolle zu übernehmen.
Le candidat d’extrême-droite, Jair Bolsonaro, est arrivé largement en tête des élections brésiliennes, dimanche 7 octobre. Le candidat du Parti des travailleurs, Fernando Haddad, a bien fini deuxième. Mais il a été nettement vaincu aux points : 46% pour le premier et 29% pour le second.
Le résultat a bousculé bien des certitudes. Loin du Brésil. Comment comprendre cette pole position d’un nostalgique des dictatures qui ont dévasté l’Amérique du Sud il n’y a pas si longtemps ? Comment entendre cette relégation, relative, mais réelle d’une formation, le PT, qui, il y a encore quatre ans a soulevé tant de passions positives ?
Le deuxième tour, le 27 octobre, s’annonce périlleux. Périlleux pour le candidat du PT, sans doute. Mais aussi redoutable pour le futur de la démocratie au Brésil. Et par contagion et osmose bien au-delà. Le recours à des comparaisons explicatives, tirées d’expériences françaises, voire européennes et trop souvent nord-américaines ouvre beaucoup de fausses fenêtres. La clef de ce mystère apparent se résume en un mot, enraciné dans l’histoire sociale du Brésil, « Intolérance ».
Intolérance des nantis à l’égard des plus pauvres d’abord. C’est la plus solidement enracinée dans un passé construit sur quatre siècles d’esclavage. Ceux que le sociologue Jesse Souza, a qualifié dans l’un de ses derniers ouvrages, « d’élites du passé », placés devant le dilemme démocratie ou perpétuation des privilèges ont choisi. Plutôt l’extrême-droite que le retour d’un parti, le PT qui a fait le choix de la démocratie sociale. D’un PT qui a tant, trop donné aux plus pauvres de 2003 à 2016.
Le vote pour Jair Bolsonaro est cohérent avec la destitution inconstitutionnelle en 2016 de la présidente élue en 2014, Dilma Rousseff (PT). Elle est cohérente avec la condamnation sans preuve à 12 ans de prison de l’ex-président Lula (PT). Elle est cohérente avec les pressions exercées sur les juges par le Commandant en chef des forces armées pour empêcher la libération de Lula. Elle est cohérente avec l’action combinée d’élus sans foi ni loi démocratiques et des grands médias destinée à construire l’image d’un PT, bouc émissaire des crises brésiliennes. Juges, députés et sénateurs ont coordonné leurs initiatives de 2016 à 2018 pour préserver l’immunité de nombreux présumés corrompus, le président de fait Michel Temer (PMDB), le sénateur Aecio Neves (PSDB), José Serra (PSDB), ex-ministre des Affaires étrangères, par exemple.
Intolérance religieuse ensuite. Le Brésil est un pays imbibé d’émotions transcendantales. Depuis toujours les plus démunis ont cherché dans l’au-delà et dans ses démiurges la voie de la consolation. Ce segment est aujourd’hui de plus en plus capté par les églises évangélistes pentecôtistes. Qui prêchent, aux perdants, aux plus pauvres, le salut individuel pour accéder à la bénédiction divine et à la richesse qui iraient de pair. Ces églises partagent les « valeurs » du libéralisme le plus radical. Elles ont ouvertement appelé leurs fidèles, partagés entre leur solidarité avec le parti des pauvres et leurs croyances à faire le choix de Jair Bolsonaro. Non pas pour défendre un système qui les opprime. Mais pour dénoncer le PT et son candidat comme les créatures d’un démon ayant pour noms, communisme, socialisme, et débauche morale et sexuelle.
Jair Bolsonaro, porté par la bourse, les banques, les agro-exportateurs, les pasteurs évangélistes, les forces armées, et les grands médias, a surfé sur la vague. Et limité sa campagne au minimum permis par le caractère lacunaire des moyens modernes de communication, Whatsapp, Twitter, Facebook et chaîne de télévision de l’Église universelle du Royaume de Dieu. Victimisé par le déséquilibré qui a tenté de le tuer le 6 septembre, mais sorti vivant de l’épreuve, il a ajouté un côté surnaturel à une « campagne » électorale sans argumentation, ni programme.
Seul le nord-est du Brésil (la région du Nordeste), le Brésil pauvre, noir et métis, le Brésil victime de la corruption d’une société pornographiquement inégalitaire a résisté à la vague. Le deuxième tour, le 27 octobre, va-t-il confirmer le premier ? Une certitude en tous les cas. Tous ceux qui soutiennent sans pudeur le discours xénophobe, anti-pauvre, raciste, et de réaction sociale brutale de Jair Bolsonaro vont appuyer sur l’accélérateur entre les deux tours. La voiture démocratique brésilienne va-t-elle résister aux prévisibles embardées de ces trois semaines de « campagne » ?
Bérangère Taxil est professeur de droit international public à l’Université d’Angers, pilote du projet ARRECO Alliance Europa sur l’accueil des réfugiés en Europe, et juge-assesseur à la Cour nationale du droit d’asile. Elle répond à nos questions à l’occasion de sa participation au colloque organisé par l’IRIS avec le soutien de la Commission européenne, sur « Sport et réfugié(e)s : une solution pour l’inclusion sociale ? » le 25 septembre 2018 :
– Quelles sont les différences entre « migrants », « demandeurs d’asile » et « réfugiés » ?
– En quoi est-ce important de différencier ces dénominations ?
Laurent Thieule, président de Sport et Citoyenneté, répond à nos questions à l’occasion du colloque organisé par l’IRIS avec le soutien de la Commission européenne, sur « Sport et réfugié(e)s : une solution pour l’inclusion sociale ? » le 25 septembre 2018, dont son organisation est partenaire :
– Pourquoi est-il important pour Sport et Citoyenneté d’être partenaire de cet événement ?
– Quel regard portez-vous sur les initiatives alliant sport et inclusion sociale ? Quels en sont les principaux enjeux ?
Charlotte Thionois travaille à Sportis (Sport international solidaire) qui porte le projet « Paris-SPORT-Réfugiés » co-piloté par la FSGT 75 et Sportis. Elle répond à nos questions à l’occasion de sa participation au colloque organisé par l’IRIS avec le soutien de la Commission européenne, sur « Sport et réfugié(e)s : une solution pour l’inclusion sociale ? » le 25 septembre 2018 :
– Quelle est l’action du comité 75 FSGT en matière d’inclusion sociale ?
– Pouvez-vous nous présenter le projet « Paris-SPORT-Réfugié(e)s » ?
Comment doit-on interpréter le bon score de Jair Bolsonaro ?
Le score du candidat d’extrême droite au premier tour de l’élection présidentielle (46,3% des voix, NDLR) traduit la montée d’une vague conservatrice très forte. Jair Bolsonaro semble être parvenu à faire converger à lui plusieurs courants, en défendant une vision conservatrice sur la question de la famille, sur celle du droit des minorités, de la moralisation de la vie politique ou encore en matière de religion. Rappelons à ce titre que sa candidature est soutenue par les mouvements évangéliques, très puissants dans le pays. Enfin, sur le plan économique, son programme se traduit par une accélération de l’agenda ultralibéral. D’ailleurs, hier soir, la présence de son conseiller économique, Paulo Guedes, à ses côtés dans une vidéo sur Facebook était sans doute un message adressé aux opérateurs financiers.
Qualifié pour le second tour, le candidat du Parti des travailleurs (PT) peut-il refaire son retard ?
Après l’annonce des résultats, Fernando Haddad a déjà enregistré plusieurs soutiens en sa faveur, notamment celle du candidat de centre gauche, Ciro Gomes, arrivé troisième de ce scrutin, et celle de l’écologiste Marina Silva, même si le score de cette dernière s’avère décevant. Mais la véritable clé de cet entre-deux-tours se trouve dans l’attitude que va observer le centre droit, convoité par les deux camps. Dans tous les cas, l’incertitude reste de mise. La campagne électorale a déjà connu plusieurs rebondissements entre le meurtre en mars dernier de Marielle Franco à Rio, la tentative d’assassinat visant Jair Bolsonaro, qui a depuis mené campagne sans sortir de chez lui, ou l’invalidation de la candidature de Lula. Ce scénario, qui sort de la normalité, traduit au passage une crise démocratique très profonde.
Qui est le grand perdant de cette élection?
La droite brésilienne, que ce soit le PSDB de Geraldo Alckmin ou le candidat soutenu par le président sortant, Henrique Mereilles, qui connaissent une véritable déroute. Leur électorat a été littéralement aspiré par Jair Bolsonaro. Le Parti des Travailleurs prend lui aussi une claque. Mais il reste le parti le mieux implanté sur le territoire notamment dans son fief du Nordeste. Plus généralement, ce premier tour traduit une forme de jacquerie électorale qui vient sanctionner les sortants de tous bords politiques. Une sorte de dégagisme à la brésilienne. Jair Bolsonaro a su capter cette vague anti-PT très puissante parmi la classe moyenne. Celle-ci nourrit un sentiment de déclassement avec la crise économique et considère que ses intérêts ont été reniés pendant 15 ans.
Eric Lombard, directeur général de la Caisse des Dépôts et des Consignations (CDC), a été accueilli ce mardi 2 octobre afin de présenter le rôle de la CDC et ses filiales, son engagement pour le développement économique local et ses investissements dans les innovations d'avenir.
Philippe Knoche, directeur général d'Orano, était présent afin de présenter l'état actuel et futur du nucléaire en France et dans le monde. Il a eu l'occasion d'aborder la question de la place d'Orano dans cette filière, de l'importance du nucléaire dans la transition écologique et des avancées technologiques.
Les Etats-Unis sont frappés par une dégénérescence des moeurs politiques démultipliée par une révolution de l'information qui fournit une aide précieuse au parti de l'émotion. Trump n'en est pas à l'origine, mais il accentue cette pente dangereuse.
"Washington s'enfonce lentement dans les eaux boueuses du Potomac" La formule est excessive, sans doute, mais son ton shakespearien traduit le désarroi, sinon le…
Antoine Glaser est journaliste et spécialiste de l’Afrique. Thomas Hofnung est journaliste à The Conversation-France et spécialiste de l’Afrique et des questions de défense. Ils répondent à mes questions à l’occasion de la parution de l’ouvrage « Nos chers espions en Afrique », aux éditions Fayard.
Les services français, autrefois inégalés en Afrique, ont-ils désormais affaire à une rude concurrence ?
L’époque où ils détenaient une sorte de monopole, sinon une forme de suprématie, dans ce que l’on a appelé le « pré carré » francophone, autrement dit les anciennes colonies françaises, est bien révolue. L’Afrique s’est mondialisée depuis la fin de la fin de la guerre froide, et dans leurs anciennes chasses gardées, les services hexagonaux doivent compter avec des concurrents de plus en plus actifs sur le continent. Les Britanniques, Histoire oblige, ont toujours été dans le paysage. Les Américains, qui sont de plus en plus présents militairement, quoi que de manière discrète, ont également besoin de renforcer leurs services de renseignement.
Jusqu’à récemment, les Chinois s’occupaient avant tout de conquérir des parts de marché, en jouant sur la carte de la neutralité politique. Mais lors de la chute de Robert Mugabe au Zimbabwe, on a bien vu qu’ils faisaient de la politique, donc du renseignement. D’ailleurs, comme nous le racontons dans le livre, la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) veille à ce que ses alliés sur le continent n’achètent pas du matériel d’écoute chinois, qui – outre l’aspect business – permettrait à Pékin d’être directement renseignée à la source…
On assiste aussi, notamment en Centrafrique, au grand retour des Russes qui, comme chacun sait, disposent de services de renseignement très performants, et très entreprenants. Et puis n’oublions pas les Israéliens, qui détiennent quelques places fortes en Afrique, en particulier au Cameroun, où certains de leurs ex-officiers encadrent la garde présidentielle. La coopération est si forte que les officiers supérieurs locaux ont appris l’hébreu pour mieux communiquer !
Existe-t-il toujours une rivalité néfaste entre les services, notamment en ce qui concerne le partage d’informations ?
Cette rivalité est inscrite dans la nature même des services de renseignement. Leur raison d’être, c’est d’obtenir et de garder pour soi des informations que les autres n’ont pas, y compris leurs collègues sur le territoire national. En France, les missions de renseignement sont principalement réparties entre la DGSE (service extérieur), la DGSI (ex-DST, renseignement intérieur) et la DRM (la Direction du renseignement militaire). Ces trois services sont censés coopérer, notamment dans la lutte contre la menace djihadiste. Les attentats perpétrés sur le sol national, depuis début 2015, ont ainsi conduit les autorités à accélérer dans ce domaine, en obligeant les uns et les autres à se parler davantage. Mais, dans les faits, chacun reste très jaloux de ses prérogatives et partage au compte-gouttes ses renseignements. Ainsi dans le Sahel, la DRM a demandé à prendre le lead du recueil de renseignements dans la lutte contre les groupes armés djihadistes. La DGSE devait, en quelque sorte, se mettre à son service. Tout en coopérant, celle-ci a néanmoins veillé à préserver ses sources sur le terrain, comme nous le racontons dans notre ouvrage. Résultat, les militaires se plaignent, à mots couverts, d’un manque de coopération des espions dans les sables du Sahel. Même si l’impact de cette rivalité larvée est difficile à mesurer, elle a sans doute freiné la lutte contre les djihadistes, notamment les efforts menés pour « neutraliser » les têtes.
Entre les espions, qui opèrent en civil et qui peuvent recourir à tous les moyens (ou presque) pour obtenir l’information recherchée, et les soldats en uniforme, qui fondent leur action sur un code d’honneur et des valeurs traditionnelles, ce sont deux mondes fondamentalement étrangers qui sont censés s’entendre. Et cela crée des frictions. Sans même évoquer les interférences de tous les anciens agents des services qui ont créé leurs propres sociétés dans le secteur privé. Officiellement ou officieusement, ils sont toujours en relation avec leurs camarades des services d’État.
Devrait-il être interdit aux anciens patrons des services d’écrire leurs mémoires ?
Il est vrai que, depuis quelques années, ce type de mémoires se multiplient, sans doute du fait de l’appétence de nos concitoyens pour ce monde secret qui fascine, surtout au moment où – à travers les réseaux sociaux, notamment –, tout s’étale sur la place publique. Fondamentalement, tout dépend de l’étendue de leurs révélations ! Et, dans ce domaine, on peut penser qu’il existe des mécanismes de régulation, ou d’autorégulation. Il est difficile d’imaginer, en effet, que, dans les bureaux du boulevard Mortier (siège de la DGSE à Paris), personne ne lit avant publication ces mémoires. On peut aussi penser que ces anciens pontes du renseignement savent jusqu’où ils peuvent aller. Mais notez que, même si ce type de témoignage était banni, resterait le travail d’enquête mené par les journalistes. Notre livre est, en quelque sorte, l’illustration de cette réalité. Dans une société ouverte comme la nôtre, même le monde secret des espions ne peut échapper totalement à la curiosité du monde extérieur. Et, quelque part, c’est rassurant.