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Diplomacy & Crisis News

UN agency data on labour migration shows 150 million migrants in global workforce

UN News Centre - jeu, 05/01/2017 - 18:00
There are about 150 million migrant workers around the world, according a recent United Nations study, which provides useful labour migration data for policy makers as they seek to make headway on the 2030 Agenda for Sustainable Development.

Venezuela, les raisons du chaos

Le Monde Diplomatique - jeu, 05/01/2017 - 12:21

En novembre, manifestations populaires et tentatives de déstabilisation ont intensifié les convulsions politiques que connaît le Venezuela. Tout au long des années 2000, les réussites — sociales, géopolitiques et culturelles — de la « révolution bolivarienne » d'Hugo Chávez avaient pourtant suscité l'enthousiasme des progressistes par-delà les frontières. Comment expliquer la crise que traverse actuellement le pays ?

Yaneth Rivas. – « El ejemplo que Caracas dió » (L'Exemple qu'a donné Caracas), 2014 © Yaneth Rivas – Cartel de Caracas

Parfois, la mémoire est cruelle. Le 2 février 1999, à Caracas, un homme au teint mat prononce son premier discours de président. Son nom : Hugo Chávez. « Le Venezuela est blessé au cœur », assène-t-il en citant Francisco de Miranda, héros de l'indépendance. Il décrit la crise « éthique et morale » que traverse alors son pays. Ce « cancer » gangrène l'économie, de sorte que, dit-il, « nous avons commencé à entendre parler de dévaluation, d'inflation ». « Tel un volcan qui travaille de façon souterraine », ces crises économique et morale en ont généré une troisième : la crise sociale. L'ancien militaire formule une promesse : « Cette cérémonie n'est pas une passation de pouvoirs de plus. Non : elle marque une nouvelle époque. (…) Nous ne devons pas freiner le processus de changement et encore moins le dévier : il risquerait de se replier sur lui-même et nous, de nous noyer à nouveau. »

La mémoire est parfois cruelle, mais les Vénézuéliens ont appris à sourire de ses vexations. « Regarde, ça c'est moi il y a un an, nous lance Mme Betsy Flores en s'esclaffant. Je pesais dix kilos de plus ! Et sur cette photo, c'est Martha. Tu ne la reconnais pas, hein ! À vrai dire, moi non plus. À l'époque, elle avait une vraie paire de fesses. Désormais, on dirait une planche ! » Combien de fois avons-nous vécu la scène ? La quasi-totalité des personnes que nous rencontrons, une ancienne ministre comprise, confessent se contenter régulièrement d'un repas par jour. Et lorsqu'elles s'attablent, les festins demeurent rares : chacun se débrouille avec ce qu'il a pu obtenir dans les boutiques aux rayons clairsemés ou au marché noir, dont les prix reposent sur l'évolution du dollar parallèle. Entre le 11 octobre et le 11 novembre, celui-ci est passé de 1 230 à 1 880 bolivars, soit un bond de plus de 50 %. Comme en 1999, « dévaluation » et « inflation » font partie du vocabulaire quotidien des Vénézuéliens, qui formulent un même constat : leur paie, y compris lorsqu'elle dépasse le salaire minimum, fixé à 27 000 bolivars par mois (1), « ne suffit pas pour survivre ».

« Dopé à la rente, le Venezuela distribuait les uppercuts »

Il y a dix ans, la rue frémissait de politique. On y parlait de Constitution, de réduction de la pauvreté, de participation populaire. Et pas seulement à gauche. En 2016, les gens n'ont plus qu'un sujet à la bouche : la nourriture. Celle qu'ils ont réussi à glaner et, surtout, celle qui leur manque ou dont les prix s'envolent. À la mi-novembre 2016, le riz coûtait 2 500 bolivars le kilo, ce qui le renvoyait dans le domaine de l'inaccessible. Domaine où figuraient déjà le poulet, le beurre, le lait ainsi que la farine nécessaire à la confection des arepas, ces galettes de maïs blanc dont raffolent les Vénézuéliens.

Il y a dix ans, en pleine campagne présidentielle, Chávez présentait les progrès du système de santé comme « l'une de [ses] plus grandes réussites (2)  ». Aucun adversaire sérieux n'aurait songé à le lui contester. Désormais, le pays manque de médicaments. Pas seulement d'aspirine et de paracétamol, mais également d'antirétroviraux et de molécules destinées aux chimiothérapies.

Il y a dix ans, dans la foulée de dizaines d'autres programmes sociaux, naissait la « mission Negra Hipólita ». Son objectif ? Venir en aide aux sans-abri urbains. Elle fut l'une des premières victimes de la crise. Le spectacle des personnes attendant la sortie des poubelles le soir est redevenu familier, cependant que les rues de Caracas exposent aux regards les mille et un visages de la détresse infantile.

Inflation, misère et corruption : les forces telluriques que décrivait Chávez lors de sa prise de fonctions sont à nouveau à l'œuvre ; le volcan s'est réveillé. Pour la droite, les choses sont simples : le socialisme échoue toujours. À gauche, où l'on avait appris à voir le Venezuela comme un phare dans la nuit néolibérale, l'incompréhension le dispute à l'incrédulité. Et une question s'impose, celle que formulait déjà le dirigeant bolivarien quand il esquissait le bilan de ses prédécesseurs, en 1999 : comment expliquer que, en dépit de « tant de richesses », « le résultat soit aussi négatif » ?

« À cause de la guerre économique que nous livrent l'opposition et ses alliés », répond le président Nicolás Maduro, élu en avril 2013, un mois après le décès de Chávez. Les chefs d'entreprise profitent de la chute des cours du pétrole (retombé sous les 40 dollars en 2016 après avoir dépassé les 100 dollars entre 2011 et 2014) pour organiser la pénurie, souffler sur les braises de la colère populaire et préparer le renversement du pouvoir chaviste. Au prétexte d'en rendre compte, le site Dolartoday (3), sis à Miami, orchestre la flambée du dollar parallèle. Ses ambitions politiques ne s'affichent-elles pas clairement à travers un sondage présenté à sa « une » depuis plusieurs semaines ? « Si l'élection présidentielle avait lieu aujourd'hui, pour qui voteriez-vous ? » Parmi les réponses possibles : MM. Henry Ramos Allup, Leopoldo López, Henrique Capriles Radonski, Henri Falcón et Lorenzo Mendoza Giménez, ainsi que Mme María Corina Machado. Tous membres de l'opposition.

On ne compte plus les analystes proches du pouvoir qui, se rappelant le sort réservé au président chilien Salvador Allende en 1973, défendent cette explication de la situation, comme si elle était vraiment contestée dans le camp progressiste. Or la question qui divise le chavisme est d'une autre nature : l'hostilité de ceux que la « révolution bolivarienne » cherche à priver de leurs privilèges suffit-elle à expliquer le chaos actuel ?

Membre du Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV), M. Sergio Sánchez en a été exclu pour avoir refusé de soutenir un candidat au poste de gouverneur parachuté en dépit de forts soupçons de corruption. Le thème de la « guerre économique » lui évoque une image : « Dopé à la rente pétrolière, le Venezuela est monté sur le ring pour distribuer les uppercuts à la bourgeoisie et à l'empire. Désormais, les anabolisants ont disparu : le gouvernement est dans les cordes. D'un seul coup, il trouve anormal que ses adversaires poursuivent le combat. » Se revendiquant toujours du chavisme, « mais opposé au gouvernement », le militant Gonzalo Gómez formule les choses autrement : « On ne fait pas la révolution en espérant que le capitalisme ne réagira pas. » « D'ailleurs, poursuit-il, il faut distinguer deux attitudes : celle qui consiste à créer les conditions de la crise et celle qui consiste à en profiter. Bien souvent, les patrons se contentent de tirer parti des dysfonctionnements de l'économie. »

Quand les petites perturbations s'accumulent

Pour une partie de la gauche, le chaos actuel s'expliquerait par la toute-puissance d'un adversaire capable, dix-sept ans après sa défaite, de produire le déraillement de l'économie. Pour une autre, il découlerait de la trahison de dirigeants cyniques qui auraient passé l'arme à droite. Mais on peut également envisager les processus de transformation sociale comme contradictoires : leurs réussites — considérables dans le cas vénézuélien (4) — engendrent parfois des difficultés qui, faute de réponse, peuvent devenir menaçantes. La chute ne serait donc pas inscrite dans l'amorce, mais dans l'incapacité à corriger les conséquences néfastes de ses choix. C'est la leçon de la « théorie des catastrophes », que Chávez exposait à son auditoire un certain 2 février 1999 : « Selon cette théorie, les catastrophes apparaissent de manière progressive, quand, dans un système donné, se manifeste une petite perturbation qui ne rencontre aucune capacité de régulation, une toute petite perturbation qui n'appelait qu'une toute petite correction. En l'absence de capacité et de volonté d'agir, la première perturbation en rencontre une autre, tout aussi petite, qui ne trouve pas plus de réponse. Et les petites perturbations s'accumulent, jusqu'à ce que le système perde la capacité de les réguler. C'est alors que survient la catastrophe. »

Quand Chávez arrive au pouvoir, le prix du baril de pétrole est à un plancher historique, proche des 10 dollars : un désastre dont l'explication impose de plonger dans l'histoire du pays. Au début du XXe siècle, la nation caribéenne figure parmi les premiers producteurs de café et de cacao. Et puis elle découvre d'immenses réserves d'or noir… En dix ans seulement, de 1920 à 1930, le secteur pétrolier passe de 2,5 % du produit intérieur brut (PIB) à près de 40 %, l'agriculture dévissant de 39 % à 12,2 % (5). Alors que la crise des années 1930 provoque la chute des cours du café, la plupart des pays de la région dévaluent leur monnaie pour maintenir la compétitivité de leurs exportations et lancer un processus d'industrialisation reposant sur la production locale des biens autrefois importés (« substitution des importations »). Le Venezuela procède à rebours : disposant d'importantes quantités de devises grâce à la rente, il cède à la pression du lobby commercial, qui organise l'importation de tout ce que le pays consomme.

Chávez se découvre un pouvoir extraordinaire

Le raisonnement de ces épiciers en costume trois-pièces ? Plus la monnaie locale sera forte, plus les Vénézuéliens pourront consommer, et eux s'enrichir. Entre 1929 et 1938, en pleine crise internationale, Caracas élève la valeur du bolivar de 64 %. L'opération verrouille les portes du commerce international au secteur agricole ; elle lui barre également l'accès aux échoppes nationales, inondées de produits bon marché. En dépit de promesses récurrentes de sortir du modèle rentier depuis lors, le déséquilibre économique s'accroît peu à peu ; et, lorsque Chávez prend les rênes du pays, 85,8 % de la valeur des exportations provient du pétrole (6).

Avec un prix du brent au plus bas en 1999, l'économie vénézuélienne ressemble à un gros-porteur tracté par un moteur de Mobylette : elle ahane. Le nouveau président a placé la diversification de l'économie au premier rang de ses priorités, mais il mesure qu'elle prendra du temps. Or la patience ne caractérise pas une population fébrile dont les espoirs ont été aiguillonnés par la campagne électorale. La solution passe par une réactivation de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), dont aucun des membres ne respecte plus les quotas. L'opération paie : les cours repartent à la hausse. Mais elle entraîne une première perturbation : l'urgence de se libérer des affres de la disette s'estompe devant la tentation de jouir de l'abondance.

« Les premières années furent très difficiles, se remémore M. Víctor Álvarez, ancien ministre des industries de base et du secteur minier (2005-2006). La presse présentait Chávez comme un clown. Et l'opposition n'a pas choisi la voie de la contestation démocratique. » En 2002, elle organise un coup d'État (qui échouera) avec l'aide des grands médias et de Washington. Pis, poursuit M. Álvarez, « le 10 décembre 2002, le jour même où nous allions lancer un programme visant à renforcer l'industrie nationale en réorientant vers elle les contrats publics, les patrons organisent un lock-out ! ». La grève du secteur privé et des hauts dirigeants du secteur pétrolier (nationalisé) durera deux mois et amputera le PIB d'environ 10 % (7). « Notre projet fut rangé dans un tiroir, dont il n'est jamais ressorti. »

Les prix du pétrole continuent à grimper, pour atteindre une trentaine de dollars le baril en 2003. Le gouvernement bolivarien dispose des ressources lui permettant de mettre en œuvre les programmes sociaux qui consolideront sa popularité dans les milieux modestes. Incapable de chasser Chávez du pouvoir, l'oligarchie vénézuélienne décide d'exfiltrer son pécule. La fuite des capitaux atteint des montants alarmants : plus de 28 milliards de dollars entre 1999 et 2002, soit près de 30 % de l'ensemble de la richesse produite en 2002 (8). À ce niveau, on ne parle plus de ponction, mais de saignée.

Alors que les réserves de devises s'effondrent, le pouvoir bolivarien prend la seule mesure adaptée : en février 2003, il introduit un contrôle des changes et fixe la parité entre la monnaie nationale et le dollar (le précédent contrôle des changes avait été interrompu en 1996). À partir de ce moment, l'État se réserve la capacité d'allouer ou non les dollars que lui demande telle ou telle entreprise pour importer. « Chávez découvre qu'il dispose d'un pouvoir extraordinaire, commente M. Álvarez. Non seulement la rente permet de satisfaire les besoins de la population, mais elle offre la possibilité de punir ceux qui avaient conspiré contre le pouvoir en leur refusant les devises. » Privées de dollars, bien des entreprises mettent la clé sous la porte, à moins que leur patron ne fasse amende honorable. « Car la rente garantit enfin la loyauté des entrepreneurs opportunistes. » L'espèce n'est pas rare.

« La politique du bolivar fort a constitué une subvention à l'ensemble de l'économie, renchérit le sociologue Edgardo Lander. La rente finançait la consommation, voitures de luxe et billets d'avion compris. » Entre 2004 et 2008, le Venezuela connaît une période d'abondance. Le PIB par habitant frôle son niveau de 1977, l'apogée d'une période connue comme le « Dame dos ! » (« J'en prends deux ! »). Hier considérée comme un piège dont il fallait s'émanciper, la rente retrouve son rôle traditionnel de clé de voûte du modèle économique vénézuélien. Nouvelle perturbation, sans correction…

Le contrôle des changes ne disparaîtra plus. Conçu comme une mesure temporaire pour lutter contre la fuite des capitaux, « il en devient le principal moteur, explique M. Temir Porras, ancien chef de cabinet de M. Maduro. Pays extrêmement dépendant des importations, le Venezuela affiche une inflation structurelle d'environ 15 à 20 %. Pas le dollar. Fixer une parité avec la devise américaine implique donc de surévaluer sa monnaie. On ne connaît pas de meilleure recette pour détruire la production nationale. Non seulement il devient plus coûteux de produire localement que d'importer, mais le pays redécouvre un négoce particulièrement juteux : l'importation surfacturée, qui permet de mettre la main sur des dollars » .

L'opération est simple. Imaginons un importateur qui dispose d'un réseau lui permettant d'acheter des bouteilles d'eau à 10 centimes de dollar pièce. Il obtient de l'État des dollars pour en acheter un million qu'il déclare payer 20 centimes pièce par le biais d'une entreprise qu'il aura préalablement créée en dehors du pays. Résultat : l'entrepreneur dispose de 100 000 dollars, qu'il peut écouler sur le marché noir local ou faire sortir du pays. « La culbute est parfois réalisée avant même la distribution du produit, poursuit M. Porras. De sorte que certains importateurs abandonnent les produits dans les hangars, ne vendant que de quoi acheter de nouveaux dollars. » Entre 2002 et 2012, la valeur des importations quintuple, passant d'environ 10 milliards de dollars à 50, un bond bien plus rapide que celui de leur volume. Lucratif, le secteur de l'importation attire du monde : ceux qu'on dénommera bientôt les « bolibourgeois » et que le pouvoir présente comme des « patrons socialistes », mais également des militaires, des hauts fonctionnaires et des malfrats.

Des taux de profit taquinant les 18 000 %

Pendant ce temps, la réduction de la pauvreté — l'une des plus grandes réussites de la « révolution bolivarienne » — permet à la population de consommer davantage. Dans un contexte où le pouvoir conteste peu au secteur privé sa mainmise sur les importations, la manne pétrolière qu'il déverse sur la population pour « solder la dette sociale » ruisselle jusque dans les poches des chefs d'entreprise. De sorte qu'en dépit de ses réussites sociales et géopolitiques, le Venezuela retrouve peu à peu sa fonction première dans la division internationale du travail : celle d'exportateur non seulement de pétrole, mais surtout de devises. Selon les calculs du trimestriel Macromet, la fuite des capitaux (surfacturation des importations comprise) aurait atteint 170 milliards de dollars entre 2004 et 2012 (9), soit pratiquement 160 % du PIB de l'année 2004. Un chiffre étourdissant.

Lorsque la crise financière internationale oriente le cours du pétrole à la baisse, en 2008, la rente ne suffit plus à couvrir la facture des importations. Le pays doit s'endetter. Il tente de limiter les dépenses, notamment en introduisant un double taux de change : un premier, préférentiel, pour les importations jugées stratégiques ; un autre, plus élevé, pour le reste. L'idée n'était pas mauvaise, mais sa mise en œuvre aurait gagné à être précédée d'une analyse des « perturbations » qu'elle avait engendrées dans le passé. Car des dispositifs similaires avaient été instaurés dans les années 1980 puis 1990, avec chaque fois une même conséquence : l'essor de la corruption. Qu'on en juge. En 2016, le Venezuela affiche un taux de change préférentiel de 10 bolivars par dollar et un autre de 657. Obtenir un accès (légal ou non) à la manne du dollar préférentiel pour alimenter le marché courant assure donc un taux de profit stratosphérique de 6 500 %. Que l'on revende ses dollars sur le marché parallèle, et le taux de profit taquine les… 18 000 %. On fait naître des vocations de brigand au moyen de chiffres beaucoup moins élevés.

« La droite veut mettre le peuple à genoux »

Or le Venezuela entretient une relation particulière avec la corruption. Ici, l'accumulation capitaliste ne repose pas sur la production de richesse, mais sur la capacité à butiner les ressources qu'administre l'État. Redistribution, clientélisme, népotisme, favoritisme, renvoi d'ascenseur ou simple illégalité, les frontières entre les formes de captation des dollars du pétrole s'avèrent d'autant plus ténues que beaucoup les franchissent plusieurs fois par jour.

« En 2012, Chávez prend enfin conscience du problème économique, notamment celui lié au taux de change, nous raconte M. Porras, qui a œuvré pour l'éclairer sur la question. Nous avions réussi à le convaincre d'agir. Et… il est tombé malade. » L'instabilité politique provoque un décollage soudain du dollar et de l'inflation, alors que les cours du pétrole recommencent à plonger fin 2014. Le pays redécouvre les pénuries, liées à l'atrophie d'une production locale étouffée par la survalorisation du bolivar et à la chute des importations, étranglées par le manque de devises. « Or, observe M. Álvarez, la pénurie offre le bouillon de culture idéal pour la spéculation et le marché noir. »

« Brinquebalant, l'édifice tenait grâce à deux clés de voûte, résume Lander : Chávez et la rente pétrolière. » Avec l'annonce officielle du décès du premier, on constate la mort clinique de la seconde. Le modèle socio-économique chaviste s'effondre d'autant plus vite que plus personne, pas même le nouveau président Maduro, n'est en mesure d'opérer la moindre modification d'azimut : la cohésion précaire du camp chaviste ne repose plus que sur la résolution commune à défendre l'héritage du comandante, le meilleur moyen de préserver les équilibres internes — et les prébendes. Il était urgent de changer de stratégie ; chacun s'employa à maintenir le cap. Quitte à mettre en péril certaines conquêtes de la période glorieuse du chavisme.

L'urgence de « diversifier » l'économie s'incarne désormais dans les projets tels que l'« arc minier de l'Orénoque » : une zone de 111 800 kilomètres carrés (près de quatre fois la superficie de la Belgique) où l'État vient d'autoriser diverses multinationales à extraire or, coltan, diamants, fer, etc., en jouissant d'exonérations fiscales et de dérogations à la réglementation du travail. De la rente pétrolière à la rente minière ? On a connu diversification plus bigarrée.

En dépit de ses dénonciations récurrentes des méfaits de l'oligarchie importatrice, le pouvoir en préserve la tranquillité. Il ne manque pas de créativité, en revanche, pour imaginer des bricolages tactiques « qui finissent par jeter de l'huile sur le feu de la spéculation », comme nous l'explique M. Álvarez. En 2011, le gouvernement fait passer une loi organique de « prix justes », pour tenter d'imposer un plafond aux prix de produits de base. « Mais ils sont bien souvent inférieurs aux coûts de production, si bien que les gens ont arrêté de produire. » Caracas subventionne par ailleurs certaines importations qu'il met à disposition de communautés organisées, à travers les comités locaux d'approvisionnement et de production (CLAP). Le 11 novembre dernier, dans le quartier de La Pastora, à Caracas, on pouvait ainsi se procurer un gros panier d'aliments (quatre kilos de farine de maïs, deux kilos de riz, deux paquets de pâtes, deux pots de beurre, un litre d'huile, un sachet de lait en poudre et un kilo de sucre) pour 2 660 bolivars. Un prix aussi bas offre la perspective de gains importants sur le marché noir… où finit donc une partie des produits.

Sur le plan économique, la chute du pouvoir d'achat est telle que l'ajustement structurel a en quelque sorte déjà eu lieu. Rendu plus acceptable par la rhétorique de la « guerre économique », il touche en particulier les personnes qui se conçoivent comme les membres de la classe moyenne : celles-là ne bénéficient pas des programmes sociaux et n'ont pas le temps de faire la queue des heures devant les supermarchés. Elles se trouvent donc plongées dans les « eaux glacées » du marché noir, ce qui finit par aiguiser leur colère contre les plus pauvres qu'eux : ceux qui profiteraient du système, avec lesquels l'État se montrerait « trop généreux »…

Quid de l'autre grande réussite chaviste, l'approfondissement de la démocratie ? Militant du mouvement social « depuis toujours », M. Andrés Antillano estime que celle-ci « n'était pas seulement un étendard pour Chávez. Elle a toujours été un moyen de mobiliser, de politiser la population ». « Je n'avais jamais vraiment cru aux vertus des élections, confesse-t-il. Mais ici, elles étaient devenues un outil subversif, une force révolutionnaire. » « Étaient » ?

En 2016, l'opposition parvient à dépasser ses (innombrables) divisions pour demander l'organisation d'un référendum révocatoire, permise par la Constitution de 1999. Bien que se rendant coupable de nombreuses fraudes, elle réussit à recueillir suffisamment de signatures valides pour lancer le processus et obtient le feu vert du Conseil national électoral (CNE). Mais depuis, gouvernement et pouvoir judiciaire — ce dernier ne se caractérisant pas par sa propension à s'opposer à l'exécutif — jonchent le parcours d'obstacles frisant parfois le ridicule. Menace à peine voilée : le 4 mai 2016, M. Diosdado Cabello, l'une des principales figures du chavisme, estimait que « les fonctionnaires chargés d'institutions publiques qui se prononcent en faveur du référendum révocatoire ne devraient pas conserver leur poste ». En procédant de la sorte, « Maduro ne prive pas uniquement l'opposition de référendum, observe M. Antillano. Il nous ôte, à nous la gauche, l'un des instruments-clés du chavisme : la démocratie ».

« Le référendum, c'est le combat de la droite, pas le mien », rétorque Mme Atenea Jimenez Lemon, du Red de comuneros, une puissante organisation qui regroupe plus de cinq cents communes à travers le pays. Ces structures qui maillent le territoire national (surtout la campagne) ont constitué le fer de lance du « nouvel État socialiste », reposant sur la participation, qu'imaginait Chávez (lire la recension ci-dessous). « Je sais qu'à bien des égards on peut décrire le gouvernement comme contre-révolutionnaire. Mais, pour moi, la gauche critique qui appelle au référendum fait le jeu de la droite. Car si l'opposition gagne, qu'est-ce qu'on fait ? Est-ce que les gens se rendent compte de ce qu'ils nous préparent ? »

Privatisations en masse, recul de l'État, austérité violente : ici, nul ne se fait d'illusions sur le programme des partis d'opposition. D'ailleurs, rares sont ceux qui souhaitent les voir arriver au pouvoir. En dépit des efforts de certains de ses représentants pour mâtiner de social leurs discours, le principal objectif de la droite consiste à « mettre le peuple à genoux pour nous donner une bonne leçon », analyse Mme Flores. Une sorte de contre-révolution dans la contre-révolution.

Des hauts fonctionnaires rétifs au changement

« Tout n'est pas écrit, renchérit Mme Jimenez Lemon. Les communes offrent un moyen d'approfondir la démocratie, de débureaucratiser l'État et de développer la production. » Plaidoyer pro domo ? Non. À gauche, on imagine rarement une sortie positive de la crise actuelle sans renforcement de ce dispositif, créé par Chávez à la fin de sa vie. Seulement voilà : l'ancien président « était comme un révolutionnaire au sein de son propre gouvernement, explique l'ancienne ministre Oly Millán Campos. Il pouvait prendre des décisions allant à l'encontre des intérêts de l'appareil d'État. Sans lui, les communes se heurtent à la résistance des hauts fonctionnaires : pourquoi renforceraient-ils des structures imaginées dans l'optique de les affaiblir, puis de les remplacer ? ».

Une guerre intestine qui ravit l'opposition

En 2004, Chávez avait décidé d'organiser le référendum révocatoire qu'exigeait l'opposition en dépit de fraudes avérées. Procéder de la sorte aujourd'hui imposerait-il au chavisme une cure d'opposition ? Pas nécessairement. Une défaite lors d'un référendum organisé en 2016 aurait conduit à de nouvelles élections. En d'autres termes, elle aurait pu offrir à la gauche vénézuélienne ce dont elle semble avoir le plus besoin : une période d'autocritique permettant de sortir des raisonnements tactiques pour penser à nouveau en termes stratégiques. Cette période aurait peut-être permis au chavisme critique de faire entendre sa voix.

Mais encore eût-il fallu que le pouvoir accepte de prêter l'oreille. À la fin de l'année 2015, l'organisation chaviste Marea socialista a souhaité procéder à son inscription au registre des partis politiques du pays. Fin de non-recevoir du CNE, qui a estimé, sans rire, que le nom de la formation « ne faisait pas » parti politique. De son côté, un procureur a jugé qu'elle ne pouvait pas se réclamer du socialisme… puisqu'elle critiquait le gouvernement. « Le gouvernement discute actuellement avec l'opposition, avec le Vatican et avec l'ambassade américaine, mais avec nous, la gauche critique, il refuse le dialogue », s'amuse un militant de Marea socialista.

Dans les rangs du chavisme, la bataille fait donc rage, dans un vacarme d'autant plus stérile qu'il n'existe plus de lieu de discussion structuré. D'un côté, les partisans du pouvoir sont de plus en plus discrets. D'un autre, un courant ancré dans la population critique les dirigeants actuels, mais considère que la lutte ne peut avoir lieu en dehors du PSUV, sauf à remettre les clés du pouvoir à la droite. Enfin, un dernier courant, dépourvu de véritable base sociale, regroupe de nombreux anciens ministres, très actifs sur les réseaux sociaux. Ils estiment avec M. Gómez que l'actuelle bureaucratie « constitue une nouvelle bourgeoisie, tout aussi rapace que la précédente et désormais en concurrence avec elle ».

Cette guerre intestine ravit la droite, qui souhaite détruire l'espoir auquel Chávez avait donné naissance. Elle enchante également les nouveaux oligarques en chemise rouge, lesquels rêvent de transformer la lutte de classes qui les a portés au pouvoir en vulgaire lutte de camps. S'ils devaient l'emporter, les innombrables « perturbations » auxquelles le chavisme n'a pas su répondre auraient assurément enfanté la catastrophe.

(1) Environ 38 euros sur la base du taux de change officiel. Près de trois fois moins dans une économie dont les prix suivent l'évolution du dollar parallèle.

(2) Elizabeth Nunez, « Chavez touts health care ahead of vote », The Washington Post, 24 novembre 2006.

(3) https://dolartoday.com

(4) Lire « Ce que Chávez a rappelé à la gauche », Le Monde diplomatique, avril 2013.

(5) Chiffres tirés de Steve Ellner (sous la dir. de), Latin America's Radical Left. Challenges and Complexities of Political Power in the Twenty-First Century, Rowman & Littlefield, Lanham, 2014.

(6) Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (Cepalc), 2008.

(7) Lire Maurice Lemoine, « L'opposition vénézuélienne joue son va-tout », Le Monde diplomatique, avril 2004.

(8) Daniela García, « Fuga de capitales : Sello revolucionario », La Verdad, Maracaibo, 1er juillet 2013.

(9) Miguel Ángel Santos, « Venezuela : de la represión financiera a la posibilidad de default » (PDF), Macromet, vol. 1, no 3, Caracas, novembre 2014.

Peter Navarro and the Coming China Trade Wars

Foreign Policy Blogs - jeu, 05/01/2017 - 08:39

With the selection of Peter Navarro, a harsh critic of China, as the head of the White House National Trade Council, some economic and geopolitical analysts are alarmed over the potential for a U.S. trade war with China. Navarro, a professor of economics and public policy at the University of California, Irvine, was selected to direct the activities of the newly-created council which will advise President-elect Donald Trump on trade issues. The 67-year-old Navarro was one of the most vocal on Trump’s economic advisory team, despite having four unsuccessful tries for public office in California as a Democrat.

Navarro, who holds a Ph.D. in economics from Harvard University, has written a number of books critical of China, and has directed a documentary called Death By China: How America Lost Its Manufacturing Base, parts of which I watched on YouTube. His last three books were The Coming China Wars, Crouching Tiger: What China’s Militarism Means for the World, and Death by China, which I read a few years back after it was published in 2011. From what I remember, the facts were mostly correct but I was struck by the acerbic tone and one-sided arguments.

President-elect Donald Trump also read one of his books years ago, and commented on the book’s documentary saying “ Death by China’ is right on. This important documentary depicts our problem with China with facts, figures and insight. I urge you to see it.” Trump has also declared he “was impressed by the clarity of his arguments and thoroughness of his research,” and believes Navarro “has presciently documented the harms inflicted by globalism on American workers, and laid out a path forward to restore our middle class.” Indeed, Navarro seems a logical pick for the president-elect, who has threatened to impose punitive tariffs of up to 45% on imported goods from China for unfair trade practices.

Navarro considers Beijing to be a currency manipulator and an unfair trade partner, and claims, “The epiphany for me was when I began to notice in the early 2000s a lot of my fully employed [former] MBA students [at UCI business school] were becoming fully unemployed. And it was like, ‘What’s going on here?’ And as I began to look more deeply into it, all roads led to Beijing.” 

But if we look into that statement more deeply, it seems difficult to reconcile fully employed MBA students losing their jobs with lower-wage manufacturing jobs shifting to China. MBA students typically command higher-level management positions less susceptible to attrition, and many of those MBAs on Wall Street who lost their jobs during that decade cannot complain their jobs in finance relocated to Shanghai.

Trump’s top economic cheerleader also has a ways to go in explaining how the next president will “bring American jobs and factories home” from the planet’s most efficient assassin”, which can “pick off American industries, job by job.” Many of these jobs have not been lost to foreign competitors like China and Mexico, but to automation, according to one study last year by Ball State University’s Center for Business and Economic Research. The study revealed that trade accounted for just 13% of America’s lost factory jobs, with some 88% of lost jobs taken by robots and other homegrown factors. Whether or or not Trump and Navarro can reverse this dependence on robotics and automation will prove to be one of their major challenges.

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Japan Outpaces U.S. in Race to Enlist Russia to Balance China

Foreign Policy Blogs - jeu, 05/01/2017 - 08:25

Russian President Vladimir Putin meeting with Japanese Prime Minister Shinzo Abe.

The last week of 2016 saw the passage of three seemingly unrelated events. These were: 1) Japanese Prime Minister Shinzo Abe’s historic visit to Pearl Harbor, 2) the U.S. expulsion of Russian diplomats in response to allegations of Russian interference in the recent U.S. Presidential election, and 3) the Chinese aircraft carrier Liaoning’s debut into blue water territory.

The first two events juxtapose the current U.S. administration’s willingness to treat a former enemy as a friend in the form of Japan, while treating a former enemy as a present and future enemy based on unsubstantiated allegations in the form of Russia. When combined with recent Russo-Japanese diplomacy, it is clear that Japan’s strategy to recruit Russia to better balance China (typified by the Liaoning’s maneuvers) at the very least is less likely to fail than comparable U.S. efforts to do the same.

Diplomats Are Not Mere Pawns on the Chessboard

Shinzo Abe made headlines last week with his historic visit to Pearl Harbor, widely seen as reciprocating U.S. President Obama’s visit to Hiroshima earlier last year. While condolences, but not apologies, were expressed by the leaders at both events, the picture is much broader. Abe was the first foreign leader to actually meet and congratulate President-elect Donald Trump in person, even before the latter’s being formally sworn in to office. Abe’s Trump visit reflected Japanese uncertainty with the new incoming U.S. administration’s stated ambivalence with supporting Japan militarily in Asia. With Abe’s Pearl Harbor visit, however, the Prime Minister is trying to start off Japan’s relationship with the new U.S. administration on the best foot possible, despite the uncertainty. This is critical to overall Japanese strategy in balancing China.

In contrast, the current U.S. administration has recently expelled several Russian diplomats in response to allegations of Russian interference in the 2016 Presidential election. This move, coming on the heels of extended sanctions against Russia for its role in Crimea, eastern Ukraine, and Syria, symbolizes the U.S.’ determination to not let Russia out of the “enemy” camp anytime soon, unlike Japan. While diplomatic expulsion may be considered only symbolic by some, it’s critical to have as many avenues of communication remain open, not closed, between Russia and the U.S. currently.

Lest anyone underestimate the role of diplomats in international relations, the recent Russian Ambassador to Turkey’s assassination threatened to derail Russo-Turkish communications regarding the Syrian Crisis. Luckily, this did not occur as Russia, Turkey, and Iran, are all currently brokering a deal to resolve the crisis. Equally luckily, Russia has, as of yet, not reciprocated by expelling U.S. diplomats, most likely a nod to improving ties with the next U.S. administration.

U.S. accusations of Russian interference in elections are apparently not only limited to U.S. territory, however. There are currently U.S. claims that Russia may try to influence upcoming European elections in 2017 as well. While there are several European states where Euroscepticism is taking root, concerning the U.S., upcoming French presidential elections clearly garner more attention. This is because Front National’s Marine Le Pen has threatened not only EU withdrawal (“Frexit”) if elected President, but possible NATO withdrawal as well.

Russia will be a factor in the French presidential election, but not in the way articulated by the U.S.. France, like all EU states, has to make a decision regarding not only its own place within the EU, but also the EU’s place as a whole within global politics. Because Russia trades more with Europe than with the U.S., continued anti-Russian sanctions have had and will continue to have a disproportionate effect on Europe’s economy, not the U.S.’. As a Le Pen victory may be even more possible in the wake of the unforeseen Brexit and Trump victory, Russian election interference accusations by the U.S. are meant to preempt even this remote possibility. France, like all of Europe, will have a major decision to make regarding how far it is willing to let its own economy continue to suffer, as with the failed Mistral carrier deal, in order to tow the geopolitical line with the U.S..

The Student Has Become The Master

Unlike Europe, Japan is clearly making more moves independent of the U.S. in strengthening its own strategy to balance China. Similar to the U.S.’ “Diamond of Democracies” to balance China (Japan, Australia, and India), Japan is developing its own stable of powers to serve this very same purpose. In addition to its historical treaty ally, the U.S., and India, Japan is looking to promulgate better relations with Russia in order to create strategic uncertainty on China’s northern and western borders. Japan is doing this despite U.S. reservations due to U.S.-Russian hostilities.

Although a formal peace treaty between Japan and Russia has, as of yet, not been signed, this has not deterred either party from mutual diplomatic outreach. As with Japan, Russia is also looking for outside powers to better balance China’s rising military capabilities. To date, a major sticking point on the Russian side is uncertainty as to whether Japan would actually allow U.S. forces to create a base on any of the islands turned over to Japan in a potential deal. This mirrors Russian concerns in the Black Sea regarding a possible NATO presence on the Crimean peninsula in the worst case scenario.

If China is indeed the longer-term threat to overall U.S. interests according to some, it is highly illogical of the U.S. to continue to antagonize Russia. Even though Western colonialism left its legacy on China, culminating in the Opium Wars, China has historically been focused on threats from its mainland Eurasian neighbors, with the Mongols and Manchus as examples. Because of this, China decided that if it were to achieve its full economic and military potential, it needed to have peace with its many land neighbors. These diplomatic efforts have enabled China to refocus its economic and military energies towards the maritime domain.

This refocused energy has recently borne fruit as China’s sole operational aircraft carrier, the Liaoning, recently made its maiden voyage into the Western Pacific Ocean on a training mission. This symbolizes China’s desire and ambition to no longer be content with only coastal water defense capabilities (“green water”), but to expand its naval capacity onto the high seas (“blue water”). If the U.S. is serious about containing Chinese naval capabilities to the First Island Chain, of course it will need to have strong military ties to Japan, Taiwan, and the Philippines, all of whom form the strongest part of the chain. However, mainland partners such as Russia will also be critical to this effort because of the historical issues outlined above.

It’s been speculated that the incoming U.S. administration is looking to foster better relations with Russia in order to better balance China over the long haul. However, if this is the case, the U.S. has its work cut out for it as it not only needs to work with Russia in order to address the immediate regional concerns outlined above, but will in all likelihood have to also truly treat Russia as a respected world power with legitimate security interests and concerns going back to the end of the Cold War, if not earlier.

Unfortunately, even if the U.S. starts to do all this now, there is no guarantee that its efforts would eventually be successful as it would need to be clearly demonstrated (to Russia) that overall Russian interests would benefit. Additionally, China has a long history of playing outside powers against one another (“Use Barbarians To Fight Barbarians”). U.S.-Russian hostilities only make this easier. Because of this, Japan’s farsightedness currently places it ahead of the U.S. and its nearsightedness in the race to enlist Russia to help balance China.

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How Hawkish is Gen. James Mattis?

Foreign Policy Blogs - jeu, 05/01/2017 - 08:19

The year-end foreign policy analyses that routinely rank the threats America faces are unique in 2016. An unexpected U.S. President-elect creates a host of unanswerable questions. Each analysis is incomplete unless it mentions the “uncharted waters” in which we find ourselves, or how “we simply don’t know” what President-elect Trump’s unique approach, his lack of political experience, and his penchant for improvisation will yield in the foreign policy arena.

America’s foreign policy leaders are used to mapping out the looming uncertainties America faces. They are less accustomed to an environment where, in many ways, America’s incoming leader is that looming uncertainty.

The standard scrutiny of a president-elect’s nominations is sharper for President-elect Trump. Two of his top nominations in the foreign policy arena—National Security Advisor-designate Gen. Michael Flynn and attorney David Friedman to be Ambassador to Israel—have bred new worries with their controversial views. Flynn has endorsed suspicion of Muslims; Friedman would upend any effort at a two-state solution between Israelis and Palestinians.

In this atmosphere, President-elect Trump’s nomination of retired Marine Gen. James Mattis, formerly Commander of U.S. Central Command, to be secretary of defense, is critical. Secretaries of defense, of course, always are. However, serving a president-elect with no military or political background, Gen. Mattis’ own outlook and temperament will likely be scrutinized at his confirmation hearing, and they are of interest to those anticipating what changes to expect in U.S. military policy.

Mattis is on record criticizing President Obama’s Syria policy. Obama’s reticence to commit ground forces after the turmoil of the Iraq War is interpreted alternately as prudent caution based on U.S. experience in Iraq, or as a lack of American leadership and assertiveness. Mattis believes the latter. Trump has praised him as “a general’s general”, compared him favorably to Gen. Patton, and sees him as the point person for a muscular U.S. foreign policy. Does Gen. Mattis’ own rhetoric fit Trump’s casting call?

Reviewing two of Gen. Mattis’ major public statements over the past two years—testimony before the Senate Armed Services Committee in 2015 and an appearance at the Center for Strategic and International Studies (CSIS) in April 2016—reveals four key ways in which Mattis’ outlook differs from Trump’s.

1) Mattis talks about strategy. One predominant fear about President-elect Trump is his impulsiveness and unwillingness to discuss strategy. Pressed by NBC’s Matt Lauer during a televised candidate’s forum, Trump refused to articulate any elements of the plan to defeat ISIS he claimed to have formulated. During the campaign, Trump expressed a willingness—to some, an eagerness—to “bomb the hell out of ISIS.”

By contrast, Mattis’s Senate testimony centered on strategy. He addressed the fitness of the U.S. intelligence community to respond to emerging threats, including cyber, at a time when President-elect Trump has been dismissive of intelligence institutions. He identified the national debt as perhaps the biggest security threat facing the U.S., after the debt was absent as a presidential campaign topic. Writing in the New York Times, author Thomas Ricks described Mattis as “far more disciplined than Patten was, and a far more strategic thinker.”

2) Mattis talks about international institutions. Trump made campaign headlines undermining international institutions and alliance relationships. He criticized America’s role in NATO, and accused long-term U.S. allies like South Korea of ‘free-riding’ on America’s protection. Mattis’ rhetoric (again, prior to his nomination) contradicted Trump directly.

Mattis began his 2015 Senate testimony addressing the UN, NATO, and the Bretton Woods institutions as “elements we take for granted.” The post-World War II international order, Mattis argued, “reflected the wisdom of those who recognized no nation lived as an island and we needed new ways to deal with challenges that for better or worse impacted all nations.” This is a clear rebuttal of the “America First” rhetoric of Trump’s campaign. Mattis’ contradiction of Trump’s rhetoric on U.S. allies was equally direct. “I would just say that for a sitting president to see our allies as freeloaders is nuts”, Mattis said at CSIS. This direct pushback suggests Mattis might work to preserve and enhance America’s relationships abroad.

3) Mattis talks about Congress’ foreign policy leadership. Fears that President-elect Trump will be “trigger happy” are founded in the fact that military power has concentrated in the presidency under both Republican and Democratic administrations. Tellingly, Mattis spoke about the need for Congress to reassert its role in crafting and overseeing U.S. foreign policy. In particular, he challenged Congress to expand the range of U.S. options to confront an aggressive Iran. In his Senate testimony, Mattis said: “When the decision is made to employ our forces in combat, Congress should ask if the military is being employed with the proper authority.” As he re-enters the Pentagon, Mattis will be reminded of this view, and his inclusion of Congress in constructing foreign policy as a check on an over-active executive is now timelier than ever.

4) Mattis talks about nuclear proliferation. Trump has also raised alarms with statements that seem to welcome nuclear arms races in Asia and the Middle East. On this point, Mattis’ experience will be key. Again before the Armed Services Committee, Mattis asserted that the nuclear deterrent must be maintained. However—and crucially—he discussed ways to reduce the threat of nuclear weapons use by suggesting whether land-based nuclear missiles are in fact obsolete, and should be dismantled. In any event, he called for clarity in nuclear policy in a way that would help to curb proliferation fears instead of fostering them.

It is too low a bar to praise Mattis simply for not adopting the xenophobic and bellicose rhetoric of his colleagues. However, his outlook towards engaging the Islamic world appears to be based on America’s Cold War-approach to the citizens of communist countries. “I too think Radio Farsi has to be dusted off and we need to get back at it,” Mattis said at CSIS. “The Iranian people need to know right up front every day: we have no problem with you.” It is tough to imagine a more effective antidote to the Trump campaign’s indulgence in rhetoric targeting Islam.

Given his views on the Obama Administration, it is safe to assume Mattis will bring a more hawkish outlook to the Pentagon than his predecessor. However, he is steeped in an experience of foreign affairs and military command that the incoming administration otherwise lacks. That is welcome.

Taking Mattis at his word last April, change seems inevitable. “The bottom line on the American situation, though, I think is quite clear,” Mattis said at CSIS; “The next president is going to inherit a mess. That’s probably the most diplomatic word you can use for it.”

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Safe water now available for hundreds of thousands affected by Hurricane Matthew – UNICEF

UN News Centre - jeu, 05/01/2017 - 06:00
Responding to the humanitarian needs in Haiti, which witnessed massive destruction by Hurricane Matthew in early October last year, the United Nations Children&#39s Fund (UNICEF) continues to deliver aid and provide relief to those most affected by the storm.

Climate change will lead to annual coral bleaching, UN-supported study predicts

UN News Centre - jeu, 05/01/2017 - 06:00
If current trends continue and the world fails to reduce greenhouse gas emissions, nearly all of the world&#39s coral reefs will suffer severe bleaching &#8211 the gravest threat to one of the Earth&#39s most important ecosystems &#8211 on annual basis, the United Nations environment agency today reported.

Bibi’s Revenge at U.N. Risks Israel’s Bid for Security Council Seat

Foreign Policy - mer, 04/01/2017 - 23:55
Israel’s dream of a seat on the 15-nation body is dimming as Netanyahu retaliates against countries that opposed settlement expansion.

Welcoming DR Congo political accord, UN Security Council urges efforts to resolve remaining issues

UN News Centre - mer, 04/01/2017 - 23:01
The United Nations Security Council today welcomed a comprehensive political agreement in the Democratic Republic of the Congo (DRC), and called on all stakeholders to continue to exercise flexibility and compromise in their discussions to swiftly resolve all pending issues, particularly those related to the holding of elections in the country within 2017.

Barack Obama’s Shaky Legacy on Human Rights

Foreign Policy - mer, 04/01/2017 - 22:19
For all his promises — and a Nobel Peace Prize — the Obama presidency delivered more hope than change.

Aleppo’s Survivors Have Nowhere to Go

Foreign Policy - mer, 04/01/2017 - 21:45
They managed to escape a hellish warzone, but are now trapped in purgatory.

Russia Wants a Reset — but This Time With NATO

Foreign Policy - mer, 04/01/2017 - 21:42
Russia wants to rekindle its frozen NATO relationship — just as Trump readies to take office.

Boo! The Queen of Sweden Believes Her Palace Is Haunted by Ghosts.

Foreign Policy - mer, 04/01/2017 - 21:29
Sweden says it will focus on including women as the UN Security Council president. Also, its queen thinks her palace is haunted.

Britain Replaces Its EU Ambassador Who Quit With Someone a Lot Like Its EU Ambassador Who Quit

Foreign Policy - mer, 04/01/2017 - 21:19
Sometimes more of the same is your only option when it comes to change.

Top UN official in Haiti, Security Council welcome announcement of president-elect

UN News Centre - mer, 04/01/2017 - 21:00
A senior United Nations official and the Security Council today joined the international community in congratulating the next President of Haiti, whose election completes a repeatedly delayed process that took over a year.

‘Give peace a chance,’ urges UN official, reporting sense of optimism as Aleppo ceasefire holds

UN News Centre - mer, 04/01/2017 - 20:06
A senior United Nations humanitarian official reported today that though damage to Aleppo was extreme, aid workers were nonetheless inspired by signs of optimism and hope, and asked that peace be given a chance.

Trump and Xi Need a Timeout

Foreign Policy - mer, 04/01/2017 - 19:32
A mutually agreed-upon diplomatic break would allow both leaders to focus on making their countries great again.

All Aboard China’s ‘New Silk Road’ Express

Foreign Policy - mer, 04/01/2017 - 19:26
China’s railway from the Pacific to London showcases the country's turn toward Europe at a time of tension with the United States.

Cambodians Need Somebody to Speak for Their Ghosts

Foreign Policy - mer, 04/01/2017 - 19:18
The U.N. tribunal that just upheld Khmer Rouge convictions is slow, biased -- and entirely indispensable.

Um, Since When Does the Right Wing Like Julian Assange?

Foreign Policy - mer, 04/01/2017 - 18:36
Or: how partisanship trumps principle.

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