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Diplomacy & Crisis News

Safe water now available for hundreds of thousands affected by Hurricane Matthew – UNICEF

UN News Centre - jeu, 05/01/2017 - 06:00
Responding to the humanitarian needs in Haiti, which witnessed massive destruction by Hurricane Matthew in early October last year, the United Nations Children&#39s Fund (UNICEF) continues to deliver aid and provide relief to those most affected by the storm.

Climate change will lead to annual coral bleaching, UN-supported study predicts

UN News Centre - jeu, 05/01/2017 - 06:00
If current trends continue and the world fails to reduce greenhouse gas emissions, nearly all of the world&#39s coral reefs will suffer severe bleaching &#8211 the gravest threat to one of the Earth&#39s most important ecosystems &#8211 on annual basis, the United Nations environment agency today reported.

Bibi’s Revenge at U.N. Risks Israel’s Bid for Security Council Seat

Foreign Policy - mer, 04/01/2017 - 23:55
Israel’s dream of a seat on the 15-nation body is dimming as Netanyahu retaliates against countries that opposed settlement expansion.

Welcoming DR Congo political accord, UN Security Council urges efforts to resolve remaining issues

UN News Centre - mer, 04/01/2017 - 23:01
The United Nations Security Council today welcomed a comprehensive political agreement in the Democratic Republic of the Congo (DRC), and called on all stakeholders to continue to exercise flexibility and compromise in their discussions to swiftly resolve all pending issues, particularly those related to the holding of elections in the country within 2017.

Barack Obama’s Shaky Legacy on Human Rights

Foreign Policy - mer, 04/01/2017 - 22:19
For all his promises — and a Nobel Peace Prize — the Obama presidency delivered more hope than change.

Aleppo’s Survivors Have Nowhere to Go

Foreign Policy - mer, 04/01/2017 - 21:45
They managed to escape a hellish warzone, but are now trapped in purgatory.

Russia Wants a Reset — but This Time With NATO

Foreign Policy - mer, 04/01/2017 - 21:42
Russia wants to rekindle its frozen NATO relationship — just as Trump readies to take office.

Boo! The Queen of Sweden Believes Her Palace Is Haunted by Ghosts.

Foreign Policy - mer, 04/01/2017 - 21:29
Sweden says it will focus on including women as the UN Security Council president. Also, its queen thinks her palace is haunted.

Britain Replaces Its EU Ambassador Who Quit With Someone a Lot Like Its EU Ambassador Who Quit

Foreign Policy - mer, 04/01/2017 - 21:19
Sometimes more of the same is your only option when it comes to change.

Top UN official in Haiti, Security Council welcome announcement of president-elect

UN News Centre - mer, 04/01/2017 - 21:00
A senior United Nations official and the Security Council today joined the international community in congratulating the next President of Haiti, whose election completes a repeatedly delayed process that took over a year.

‘Give peace a chance,’ urges UN official, reporting sense of optimism as Aleppo ceasefire holds

UN News Centre - mer, 04/01/2017 - 20:06
A senior United Nations humanitarian official reported today that though damage to Aleppo was extreme, aid workers were nonetheless inspired by signs of optimism and hope, and asked that peace be given a chance.

Trump and Xi Need a Timeout

Foreign Policy - mer, 04/01/2017 - 19:32
A mutually agreed-upon diplomatic break would allow both leaders to focus on making their countries great again.

All Aboard China’s ‘New Silk Road’ Express

Foreign Policy - mer, 04/01/2017 - 19:26
China’s railway from the Pacific to London showcases the country's turn toward Europe at a time of tension with the United States.

Cambodians Need Somebody to Speak for Their Ghosts

Foreign Policy - mer, 04/01/2017 - 19:18
The U.N. tribunal that just upheld Khmer Rouge convictions is slow, biased -- and entirely indispensable.

Um, Since When Does the Right Wing Like Julian Assange?

Foreign Policy - mer, 04/01/2017 - 18:36
Or: how partisanship trumps principle.

UN-backed aid plan requires $310 million for crisis-affected communities in Cameroon

UN News Centre - mer, 04/01/2017 - 18:06
A $310 million humanitarian response plan, backed by the United Nations, has been launched to provide life-saving assistance to 1.2 million people in Cameroon’s northern and eastern regions.

Two UN peacekeepers killed, two injured in ambush in Central African Republic

UN News Centre - mer, 04/01/2017 - 17:35
The United Nations peacekeeping mission in the Central African Republic (CAR) today condemned a deadly ambush on a convoy in the south-eastern part of the country which killed two blue helmets from Morocco and wounded two others.

« Marianne », service compris

Le Monde Diplomatique - mer, 04/01/2017 - 09:43

Aux lecteurs qui se demanderaient comment les barons de la presse peuvent publier tant de livres sans que jamais leurs éditeurs n'osent réfréner ces élans graphomanes, les couvertures des hebdomadaires français suggèrent une réponse rustique : leur médiatisation sera quoi qu'il arrive assurée. Par exemple, la « une » de l'hebdomadaire Marianne du 9 octobre 2015 sur « Le réquisitoire de Jacques Julliard : L'école perd ses valeurs ! » — suivie d'un dossier de seize pages — se trouve dévolue à la promotion du dernier livre de l'éditorialiste-vedette de Marianne, L'école est finie. Les copinages, eux, continuent. Dans l'édition du 10 octobre 2014, le journaliste de Marianne Eric Conan saluait un « face-à-face épistolaire constructif et réjouissant » qui « procure un plaisir rare » : un ouvrage coécrit par Jacques Julliard et Jean-Claude Michéa sur La Gauche et le Peuple.

Deux grands types de joueurs dominent les débats. Les premiers empilent les louanges sans états d'âme, comme on moule des gaufres. Par trois s'il le faut. L'éditorial du 20 octobre 2012 signé Maurice Szafran, alors directeur de Marianne, commande de « Lire Minc, Dély et Gozlan » — trois amis de l'auteur dont l'un fut directeur adjoint de l'hebdomadaire et l'autre y travaille encore. Et quand Marianne consacre sa « une » au thème « Les extraits du livre de Nicolas Domenach et Maurice Szafran », respectivement directeur adjoint de la rédaction et directeur de Marianne, leur ami Denis Jeambar, ancien directeur de L'Express, écrit en roue libre : « Plume tenue et élégante, style maîtrisé, sens de l'image et de la mise en scène sans égarements verbaux inutiles. (…) Ce livre est une vraie pochette-surprise » (5 mars 2011).

Les seconds se livrent à l'exercice parce qu'il le faut bien. Encombrés de scrupules, ils flattent à reculons. « Amis lecteurs, explique Philippe Besson en entamant dans Marianne ses deux pages règlementaires à la gloire du dernier ouvrage de Joseph Macé-Scaron, directeur adjoint de la rédaction de l'hebdomadaire, vous pourriez vous montrer soupçonneux à l'égard de l'article qui va suivre. En effet, il ne vous a pas échappé que Joseph Macé-Scaron exerce des fonctions éminentes dans le magazine que vous tenez entre les mains. Le fait, pour moi, de porter un jugement sur le roman qu'il vient de faire paraître pourrait donc relever de cette consanguinité détestable qui est le trait le plus saillant de Saint-Germain-des-Prés et fournir des preuves supplémentaires au procès en complaisance qu'on instruit (à raison) au petit monde médiatico-littéraire. Circonstances aggravante : à Joseph me lie un sentiment profond d'amitié (et je crains qu'il ne soit réciproque…). Bref, la cause semble entendue et perdue. Si je vous conseille néanmoins de ne pas passer tout de suite votre chemin, c'est parce que j'ai (hélas) la réputation de n'être pas naturellement porté à la bienveillance (on me reconnaît même une certaine malice qui m'a valu quelques déboires) et que le roman est (hélas) très bon. » Ouf !

En septembre 2012, Marianne annonçait en « une » le « livre événement » de Julliard sur les gauches françaises, un ouvrage qui « renouvelle en profondeur notre vision de la politique française » au point que Michel Onfray lui-même se sentit obligé de saluer cette « somme », une « merveilleuse histoire de France » écrite d'une « plume épique, (…) un stylet bien taillé, fin comme la pointe d'un poignard florentin » (22 septembre 2012). Un mois plus tôt, le même Julliard déplorait dans ces mêmes colonnes (25 août 2012) la dégénérescence de la critique littéraire : « Elle n'est plus, à quelques exceptions près — j'ai envie de conserver quelques amis —, qu'un exercice de copinage et de désinvolture. »

La vérité scientifique et le saut du tigre

Le Monde Diplomatique - mer, 04/01/2017 - 09:13

Les théories scientifiques ne sont-elles que des croyances parmi d'autres ? Leur vérité est-elle relative ou rendent-elles compte de la réalité ? Autant de questions cruciales, car la détermination du champ de la recherche et la valeur accordée à ses résultats ont des conséquences sur l'ensemble de la société.

Aaron Beebe. – « Manuel », 2014 « Vous êtes, patatras ! tombée assise à terre ; la loi de la pesanteur est dure, mais c'est la loi. »

Georges Brassens, Vénus Callipyge

Selon le juriste Alain Supiot (1), aucune société ne peut subsister durablement sans des croyances communes, qui sont placées au-dessus des individus et cimentent le corps social. Ainsi, c'est au nom de droits humains proclamés sacrés que la République française est censée « assujettir le bon plaisir des plus forts à quelque chose de plus fort qu'eux, qui s'impose à tous et évite que la société des hommes ne se transforme en jungle ». Au cours de l'histoire, ce sont les rites, les religions ou — grande invention de la Rome antique — un ordre juridique autonome qui ont rempli ce rôle.

La modernité est marquée par la place grandissante accordée aux sciences, même si elles n'ont bien évidemment pas les mêmes fondements. Le temps présent se caractérise, comme le souligne un livre collectif dirigé par Dominique Pestre (2), par « la mise en œuvre, à une large échelle, de manières de gérer les hommes ou les choses qui se donnent comme inéluctables parce que scientifiquement fondées ». Or ce « fondement scientifique » peut servir plusieurs discours. Une même personne pourra, pour étayer ses convictions, s'appuyer sur des résultats scientifiques ou au contraire les relativiser — recourir, par exemple, aux sciences du climat pour attaquer le puissant lobby pétrolier et, dans le même élan, s'élever contre certains dangers des organismes génétiquement modifiés (OGM), au mépris de l'avis de nombreux biologistes.

Comment justifier l'autorité des sciences ? Les chercheurs utilisent volontiers une épistémologie réaliste très classique : la science découvrirait le monde extérieur, qui est ce qu'il est quoi que puissent en penser des individus ou des cultures différentes. On retrouve cette vision dans l'ouvrage récent (3) de deux physiciens qui opposent les atomes « imaginés » au cours de l'histoire au véritable atome, enfin « découvert » par les scientifiques au début du XXe siècle, notamment grâce aux travaux de Jean Perrin (4). Pour eux, la victoire finale de l'atomisme s'explique par le fait que les atomes « étaient bien là, tout simplement », comme peuvent l'être une chaise ou une montagne.

La science pure ne se discute pas. Elle ne fait que découvrir le monde ; elle est neutre. Seules les applications qui en sont faites peuvent prêter le flanc à la critique. Les gènes sont là, qu'on le veuille ou non, mais on peut contester les OGM, applications particulières de ce savoir neutre qu'est la génétique. Une solution simple et sans doute confortable pour les chercheurs, car elle légitime leur savoir tout en leur permettant de s'exonérer des mauvaises « applications ».

Les philosophes ont depuis longtemps montré l'insuffisance de cette vision des choses (5). En effet, comment réconcilier l'idée selon laquelle les objets des sciences qui font consensus à un moment donné sont « simplement là » avec les changements de cadre théorique, ou avec le fait que des théories postulant des entités très différentes prédisent les mêmes phénomènes ? Le physicien Niels Bohr, fondateur de la mécanique quantique et passionné par les difficultés épistémologiques, soulignait pour sa part qu'on ne peut dissocier le phénomène observé de l'instrument d'observation. Tel instrument nous fait percevoir la lumière comme des ondes, tel autre comme des particules... Les travaux des historiens et des sociologues des sciences ont montré « les intrications profondes, depuis cinq siècles, des sciences et des univers techniques, productifs, militaires, politiques et impériaux », pour citer l'ouvrage de Pestre. Non seulement le praticien des sciences n'est pas un pur sujet — il a été modelé par une certaine culture, un certain milieu —, mais, de surcroît, on ne peut séparer le conceptuel ou l'instrumental du technique et du politique (6). Ainsi le surgissement de travaux sur les séries numériques, à la fin du XVIIIe siècle, est-il lié à des choix sociaux, induits notamment par les besoins de nombreux groupes, comme les compagnies d'assurances, les banquiers ou l'Etat.

Mais faire le deuil de la prétention des chercheurs à obtenir une « vue de nulle part » sur le monde, c'est-à-dire une représentation impeccablement objective, n'implique-t-il pas de renoncer à une vérité scientifique immuable, intrinsèque et définitive ?

La vérité scientifique passe par la construction d'un fait scientifique dans un laboratoire ; ce qui, si l'on accepte l'analogie, ressemble à la transformation d'un tigre sauvage bondissant dans la forêt en un tigre captif observé derrière une grille et sous des projecteurs qui peuvent modifier son comportement. Par la « capture », autrement dit par un investissement lourd en temps, en équipements et en institution, on ne prélève que quelques sauts sur la multitude possible de ceux du tigre sauvage, et on les rend reproductibles. Cette image rend justice à l'inventivité du travail des chercheurs, qui ne font pas que découvrir l'agencement du monde : ils doivent le transformer profondément pour l'apprivoiser, c'est-à-dire pour pouvoir l'observer et le caractériser à partir du type d'outils, tant conceptuels que techniques, qu'ils mettent en œuvre.

Il y a donc continuité et altérité entre le monde extérieur et les résultats scientifiques. Continuité, car c'est bien le tigre qui saute dans sa cage, et non un être inventé qu'on pourrait manipuler comme on veut — les faits scientifiques ne peuvent être réduits à des constructions sociales où la nature ne jouerait aucun rôle. Altérité, car on ne fera jamais sauter un tigre sauvage sous les lumières d'un cirque... On pourra toujours affirmer qu'il était dans la nature du tigre de se laisser capturer de la façon dont on l'a fait (7), mais à titre rétrospectif, et sans certitude : le tigre, souvent, rêve de retourner sauter dans la jungle...

L'erreur de l'épistémologie réaliste est de croire que la stabilité, l'objectivité tout à fait réelle des faits scientifiques témoignent de la saisie de ce monde extérieur, qui serait permise par l'émancipation de tout intermédiaire déformant. Pour qui prête attention au quotidien des chercheurs, l'objectivité résulte au contraire d'un énorme travail de domptage du monde dans les laboratoires (8). En domptant le tigre d'une certaine façon, on aboutit à l'un des mondes possibles, dont on devrait se sentir responsable — si on le dompte pour le rendre plus agressif, par exemple.

Ainsi, des historiens (9) ont montré que la vision génétique procédait d'une observation particulière du vivant, encouragée dans les années 1940 par la fondation Rockefeller, qui finance de nombreux centres de recherche dans le domaine de la santé et sera soupçonnée de promouvoir l'eugénisme. Les processus biologiques sont perçus comme contrôlés par les gènes, qui deviennent autant de leviers de contrôle potentiels par des techniques d'ingénierie. Ce parti pris a joué un rôle crucial dans les orientations de la recherche sur le vivant, au détriment de l'étude d'autres facteurs plus diffus, comme le régime alimentaire ou les influences environnementales. Mais ce choix d'« experts » découle de partis pris techniques, sociaux et politiques plus ou moins implicites.

Autre exemple : les statistiques du chômage, analysées par Alain Desrosières, qui « contribuent à faire de la réalité et non pas simplement à la “refléter”. Cette idée n'est pas relativiste, en ce qu'elle ne nie pas l'existence du chômage. Mais elle attire l'attention sur le fait que le chômage peut être pensé, exprimé, défini et quantifié de multiples façons ; et que les différences entre ces façons de faire ne sont pas de simples détails techniques, mais ont toujours une signification historique, politique, sociologique (10) ».

Pour donner aux sciences leur juste place dans le débat public, il importe donc d'étayer nos décisions en nous appuyant sur leurs connaissances robustes, tout en réclamant la discussion démocratique des priorités de recherche en amont et non en réaction aux applications (11). Les questions politiques importantes comportent toujours des dimensions autres que scientifiques, et il serait contre-productif de faire reposer sur les sciences tout le poids des décisions, car elles sont vulnérables à l'amplification dogmatique du doute, doute qui est constitutif de la recherche. Ce sera indûment que l'on justifiera au nom de la science le recours aux semences améliorées plutôt qu'à des réformes agraires pour lutter contre la faim dans le monde. Mais la réduction de nos émissions de carbone se justifie par la réduction de l'empreinte environnementale et de la consommation, la justice sociale...

Comme le souligne Luc Boltanski, la distinction entre le « monde » et une « réalité » construite grâce à des formatages qui permettent de le stabiliser représente un élément critique essentiel dans le régime de domination caractéristique des démocraties capitalistes, fondé sur l'expertise : « Etre ce qu'il est et qui ne peut être autrement est bien la caractéristique du monde. Mais à cette différence essentielle près, par laquelle il se distingue précisément de la réalité, que le monde, on ne le connaît pas et qu'on ne peut prétendre le connaître, dans la perspective d'une totalisation. Or, dans la métaphysique politique sous-jacente à cette forme de domination, le monde est précisément ce que l'on peut maintenant connaître, par les pouvoirs de la science, c'est-à-dire, indissociablement, des sciences naturelles et des sciences humaines ou sociales (12). » La « réalité » commune ne se réduit pas à ce qui peut être découvert par une élite dans les laboratoires de sciences ou d'économie. Elle est à composer, péniblement, par tous (13).

(1) Alain Supiot, La Gouvernance par les nombres, Fayard, Paris, 2015.

(2) Dominique Pestre, Le Gouvernement des technosciences, La Découverte, Paris, 2014.

(3) Hubert Krivine et Annie Grosman, De l'atome imaginé à l'atome découvert. Contre le relativisme, De Boeck, Paris, 2015.

(4) Jean Perrin, Les Atomes, Flammarion, coll. « Champs sciences », Paris, 2014 (1re éd. : 1913).

(5) Cf. Alan F. Chalmers, Qu'est-ce que la science ?, Le Livre de poche, Paris, 1990, et Michel Bitbol, Mécanique quantique. Une introduction philosophique, Flammarion, coll. « Champs sciences », 2008.

(6) Cf. aussi Dominique Pestre, « Pour une histoire sociale et culturelle des sciences. Nouvelles définitions, nouveaux objets, nouvelles pratiques », Annales HSS, n° 3, vol. 50, 1995, et (sous la dir. de), Histoire des sciences et des savoirs (3 vol.), Seuil, Paris, 2015.

(7) Cf. Didier Debaise, L'Appât des possibles, Les Presses du réel, Paris, 2015, et Bruno Latour, Enquête sur les modes d'existence, La Découverte, 2012, ainsi que le site associé : modesofexistence.org

(8) Cf. Bruno Latour, La Science en action, La Découverte, 2005. Pour le cas du climat, cf. Paul N. Edwards, A Vast machine, MIT Press, Cambridge (Etats-Unis), 2010.

(9) Lily E. Kay, The Molecular Vision of Life, Oxford University Press, 1993.

(10) Alain Desrosières, « La statistique, outil de libération ou de pouvoir ? », Statactivisme. Comment lutter avec des nombres, Zones, Paris, 2014.

(11) Brian Wynne, postface à Matthew Kearnes, Phil Macnaghten et James Wilsdon, « Governing at the Nanoscale. People, policies and emerging technologies », Demos Foundation, Londres, 2006.

(12) Luc Boltanski, De la critique, Gallimard, Paris, 2009.

(13) Cf. John Dewey, Le Public et ses problèmes, Gallimard, coll. « Folio Essais », 2010, et l'introduction lumineuse de Joëlle Zask ; Bruno Latour, « Il n'y a pas de monde commun : il faut le composer », Multitudes, n° 45, Paris, 2011.

Lire aussi le [courrier des lecteurs] dans notre édition de janvier 2016.

Le crépuscule fossile

Politique étrangère (IFRI) - mer, 04/01/2017 - 08:00

Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver de Politique étrangère (n°4/2016). Carole Mathieu, chercheur au Centre Energie de l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage de Geneviève Férone-Creuzet, Le crépuscule fossile  (Stock, 2016, 256  pages).

Trop souvent résumée à une question d’ordre technique ou de simple passage d’un schéma d’approvisionnement à un autre, la transition énergétique est abordée ici dans sa dimension civilisationnelle. L’auteur s’est investi de longue date dans l’économie du développement durable et a notamment créé la première agence française de notation sociale et environnementale. Dans cet ouvrage, il met à profit sa connaissance des cercles de pouvoirs pour pointer le primat absolu des énergies fossiles, leur domination industrielle et leur poids dans l’histoire, la géopolitique et l’organisation des sociétés. En rompant avec la dépendance fossile, la transition vers des énergies alternatives marquerait l’avènement d’une nouvelle civilisation, que l’auteur appelle sobrement « post-fossile », en attendant de pouvoir mieux en cerner les contours.

Les trois premières parties de l’ouvrage retracent l’histoire de la dernière civilisation, depuis la ruée vers l’or noir et l’émergence d’une industrie pétrolière mondialisée, jusqu’à l’ivresse d’une consommation sans limite et la crainte d’un dérèglement incontrôlable du climat qui imposera de laisser sous terre une partie des ressources. Dans ce récit condensé, l’auteur souligne à juste titre notre rapport ambivalent aux énergies fossiles : adulées pour leur facilité d’extraction, la multiplicité de leurs usages et leur contribution indéniable au développement économique, elles sont aussi décriées pour les logiques de captation des ressources et les dommages environnementaux qu’elles produisent. Les énergies fossiles ne sont ni bonnes, ni mauvaises, elles sont ce que les hommes en ont fait, à savoir le socle de leur civilisation.

Les lecteurs peu familiers des enjeux énergétiques trouveront dans cet ouvrage de précieuses mises au point sur des concepts devenus incontournables comme le peak oil, les gisements non conventionnels, l’anthropocène, ou encore le risque carbone. Les autres auront plus grand plaisir à lire les quatrième et cinquième parties, qui engagent une réflexion prospective. En écho aux travaux d’Edgar Morin, l’auteur ne prône ni la foi dans le progrès technique ni la décroissance, mais plutôt l’éveil des consciences. En somme, taxer le carbone ou encourager des programmes d’efficacité énergétique ne demanderait rien d’autre qu’un sursaut de courage politique. Certes convaincante, cette conclusion tend aussi à déplacer la discussion : outre les leviers financiers et juridiques suggérés par l’auteur, comment s’assurer que l’entrée en responsabilité se produira en temps voulu ?

Si cet ouvrage n’avance pas de pistes réellement novatrices pour accélérer le crépuscule fossile, il pose la question fondamentale du monde qui vient. Avec la production d’énergie décentralisée pourraient émerger de nouvelles formes d’organisation sociale, fondées non plus sur l’intérêt de l’individu mais sur celui de la communauté. L’auteur entrevoit ainsi la possibilité de nouveaux modèles de création autour du partage de la connaissance et des biens communs. Puis il émet l’hypothèse moins réjouissante d’un remplacement des monopoles fossiles par de nouveaux empires numériques qui tireraient cette fois-ci leur puissance de l’exploitation des données. On pourra regretter que Geneviève Férone-Creuzet ne nous guide pas davantage dans ce nouveau champ des possibles, mais son propos est avant tout une mise en garde, un appel à penser la civilisation post-fossile et à s’y préparer.

Carole Mathieu

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