Informelle ou formelle, l'école est le lieu où l'être humain venu au monde reçoit son être-au-monde, apprend son être-au-monde. Lieu crucial s'il en est. Revisiter donc l'histoire de l'Afrique par rapport à ce lieu. Pour savoir, en 2021, où le bât blesse, où l'Afrique a achoppé pour être encore et toujours à la traîne. Les jeunes Africains ont besoin de le savoir pour quitter le champ des miroirs aux alouettes. Les pères doivent s'expliquer avec les enfants pour leur éviter de tomber demain de Charybde en Scylla, plus bas que leurs pères.
Le tour de la question fait et refait, le centre sismique du mal et du malheur africains, c'est son école. Son école déconnectée d'elle et la projetant dans un ailleurs où elle se retrouve constamment servante et non actrice dans un rôle qui lui appartienne en propre et lui permette d'apporter au monde un supplément singulier, son supplément à elle. En 1961, au chapitre 3 de son récit L'Aventure ambigüe, Cheikh Hamidou Kane a posé sans détour le problème de « l'école nouvelle », nouvelle par rapport à la coranique, ancienne et locale. La Grande Royale, à qui il laissa le mot de la fin, y alla d'une réponse, en apparence la meilleure des trouvailles stratégiques et pédagogiques : « Il faut aller apprendre chez eux l'art de vaincre sans avoir raison. » Or c'est un leurre. La vérité eût été : « Il faut apprendre chez soi l'art de vaincre en ayant raison. » Vérité exigeante et morale, faisant du bon droit, comme les Algériens l'ont montré au péril de leur vie, le mobile du combat et de la victoire sur l'ennemi forcé à négocier et à renoncer. Car si « La raison du plus fort est toujours la meilleure », au sens de celle qui s'impose au bon droit, l'humanité se transforme en jungle.
Au demeurant, le « chez eux » de la Grande Royale s'était transposé « chez nous », en Afrique, depuis des lustres. A telle enseigne que, après avoir visité l'Afrique en 1948, le philosophe Emmanuel Mounier avait trouvé juste et bon d'écrire : « Le Dahomey est le quartier latin de l'Afrique. » Et ce n'est pas une mince ironie de l'histoire que le livre qui dit cette transposition soit intitulé L'Eveil de l'Afrique et non pas L'absorption de l'Afrique, ce qui eût été la pure vérité. Vérité confirmée par la métamorphose, en apparence réussie, d'Africains-phares que les Africains admirent au titre de ladite absorption. Un Sénégalais à l'Académie Française. Un Béninois tout à côté du Pape au sein du gouvernement de l'Eglise. Une ressortissante de la Teranga au sein du gouvernement français. Un Nigérian prix Nobel de Littérature anglaise. Car l'Africain absorbé et réduit à l'autre ne produira en haoussa ou en swahili aucune littérature digne de ce nom. D'ailleurs, bien que le profil de Senghor soit en tout point pareil à celui de Jose-Maria de Heredia, les magnifiques sonnets du Cubain naturalisé Français sont dits littérature française, ce qui tombe sous le sens, cependant que la très belle poésie du Sénégalais naturalisé français sont dits littérature africaine. Car dans l'Afrique absorbée, ce qui détermine l'identité de la littérature n'est plus la langue dans laquelle elle est écrite, mais un autre critère qui ne tombe sous aucun sens. Et de jeunes Africains, formés en Afrique, sont curés de paroisses catholiques en Europe. Absorption.
Au sujet de cette absorption, dont les Africains dilués tirent grande fierté, Aimé Césaire, Africain au tréfonds de lui, a dit, dès 1933, le seul mot qui convienne : « Je refuse de me donner mes boursouflures pour d'authentiques gloires. » Car il n'y a pas d'authenticité à être un vrai faux à l'aune de « l'école nouvelle » de l'absorption. Cela tombe sous le sens. Il est donc urgent pour l'Afrique de refonder son école. Les Africains n'ont pas vocation à être des vessies. Ils ont devoir d'homme d'être des lanternes pour apporter à l'humanité leur part de lumière spécifique. Tomber les masques. Douleur de les tomber pour l'être-soi utile au monde. Le seul destin qui vaille. S'y atteler. Grandeur de la tâche. S'y atteler.
*#JISTNA2021* :
Une programmation fournie et très riche. Un rendez-vous de l'histoire. L'histoire africaine pour être précis. Ouidah célèbre une nouvelle fois la Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition. Ouidah, depuis quelques années honore la mémoire de nos Daaagbo, déportés chez les Yovos. Dans cette ville, le mois d'août est un mois de recueillement, de fête, et d'éducation à l'histoire africaine. Ceci grâce à des fils et filles de la cité des Kpa -Sê parmi lesquels je cité en lettre d'or Christophe Chodaton . Cet homme, je ne connais rien de lui. Absolument rien. Toutefois, je reconnais la main sur le cœur qu'il est épris de l'histoire africaine, de notre histoire. Un autre comme lui, un mordu de notre passé commun, un afro - descendant, non, un digne fils d'Afrique. Il s'appelle Emmanuel Gordien , son histoire personnelle fera tomber sur vous une pluie d'émotion.
Le cachet de la célébration cette année est l'implication du CCRI John Smith. Fidèle à sa ligne, le centre dirigé par Janvier Nougloï reçoit une série d'activités dans le cadre de la JISTNA 2021. Les manifestations démarrent ce vendredi 20 août par le spectacle Main dans la main de Fidèle Anato .
Le Samedi 21 août à 15h00, le public aura droit à une conférence sur Les avancées des recherches sur la tragédie de la traite négrière et de l'esclavage. Pourquoi le livre La mémoire silencieuse de Rachida de Souza.
Et ainsi, jusqu'au 23 août, Ouidah donne à manger et à boire à notre mémoire.
Par Esckil AGBO ©️ BENINLIVRES
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