Le mercredi 5 septembre, le New York Times publiait une tribune inédite dans laquelle un haut responsable de l’administration Trump affirme contrecarrer de l’intérieur « les impulsions » du président. La Maison-Blanche est en émoi et cherche à connaître l’identité de la « taupe ».
La Maison-Blanche a-t-elle déjà connu de telles divisions en son sein sous un autre président ?
Pas que je sache. Il y a évidemment toujours des divergences entre les hauts responsables d’une administration, mais celles-ci ne sont pas rendues publiques comme dans le cas de la tribune publiée dans le New York Times. Il faut néanmoins rester prudent sur l’interprétation qu’on donne à cette dernière : la « résistance » évoquée par le journal provient d’une source anonyme présumée qui travaille à la Maison-Blanche. L’anonymat est ici problématique dans le sens où il est difficile d’établir l’authenticité de la source.
L’article 25 de la Constitution, qui vise à priver le président américain de ses fonctions, pourrait-il s’appliquer ?
C’est une solution peu réaliste. D’abord, cet article 25 est un outil régulièrement invoqué depuis l’élection de Donald Trump. Ensuite, il serait très difficile à mettre en place. Il entraînerait des procédures complexes et nécessiterait des preuves réelles et concrètes que le président est inapte à gouverner. Depuis qu’il est au pouvoir, Donald Trump suscite des interrogations sur sa santé mentale parce qu’il montre peu d’empathie et qu’il change tout le temps d’avis. Mais il faudrait fournir des éléments pour le prouver. L’amendement 25 est un garde-fou qui doit prévenir un président malade ou mentalement atteint de gouverner. Une telle procédure pourrait vite tourner au ridicule si elle est lancée sans preuves solides.
La publication de la tribune dans le New York Times soulève-t-elle des questions juridiques et légales au motif qu’elle mettrait en danger la présidence de Donald Trump ?
Tout dépend de qui en est l’auteur. S’il s’agit d’un conseiller proche de Donald Trump qui a rompu sa confiance en détruisant des documents, alors oui. Mais encore une fois, nous disposons de trop peu d’éléments pour savoir si la sécurité nationale est en jeu. Ce qui est sûr, c’est que Donald Trump va exploiter cette tribune en utilisant tous les éléments de langage qui lui sont propres et en exploitant la théorie du complot : seul contre tous, il est victime une nouvelle fois de l’Establishment de Washington.
C’est à double tranchant pour lui. D’un côté, cela conforte ses soutiens dans la théorie du complot et la dénonciation d’une presse libérale anti-Trump. De l’autre, cette tribune est un argument de plus pour ceux qui le critiquent, car la dénonciation est interne au parti républicain. Cela participe en tout cas à son image de président clivant.
Pour l’instant, on ne peut pas encore miser sur une opposition des leaders républicains à Donald Trump. À deux mois des élections de mi-mandat, les élus républicains qui veulent se maintenir au Congrès et le président sont dans le même bateau. Nous verrons ce qui se passera après les midterms. Quel que soit le résultat, les Républicains pourront se retourner contre lui.
Propos recueillis par Ninon Bulckaert
Un éditorialiste du quotidien de Rio de Janeiro, « Jornal do Brasil », s’étonnait le 31 août, de l’absence de toute référence internationale dans la campagne électorale. La remarque est exacte. Et sans doute injuste pour les candidats en lice, qui bataillent en effet pour leur survie et celle de leurs partis politiques comme jamais dans l’histoire politique et électorale brésilienne. Cette dimension n’a pas échappé au théologien Leonardo Boff qui vient de publier un ouvrage en pleine campagne présidentielle, intitulé, « Brésil, conclure la refondation ou prolonger la dépendance ». Roberto Mangabeira Unger, autre figure de l’intellectualité brésilienne a fait le même diagnostic, dans le même contexte électoral, « Sortir du colonialisme mental, repenser et réorganiser le Brésil ».
Débats d’intellectuels diront le café du commerce ou le café Colombo. Sans doute, mais qui ont l’immense mérite d’éclairer une voie politique pleine d’embûches et de nids de poule, réduisant la visibilité politique. Des parutions d’autant plus importantes que les grandes librairies de Rio de Janeiro comme de São Paulo ont depuis quelques mois pratiquement supprimé de leurs rayons les titres relatifs à la politique internationale. Ces derniers ont été remplacés par des publications relatives au commerce international, au droit en général et à la sociologie. De plus, les ouvrages écrits par des locaux ont également été substitués par des livres importés des États-Unis. Parallèlement, on note une inflation de titres relatifs au développement de l’initiative individuelle, souvent passant par le religieux.
Si du moins on accepte de regarder le Brésil avec un regard critique au sens intellectuel du mot, on ne dira jamais assez que depuis 2016, le pays a brutalement rompu avec les années Lula, caractérisée par la consolidation nationale en interne comme à l’international.
De 2003 à 2016, années des présidences Lula et Rousseff, les gouvernements ont fabriqué du consensus national. Les plus pauvres sont sortis de la misère et de la malnutrition et ont accédé au logement. Ils ont également pu entrer, modestement, mais de façon significative, dans la société de consommation. Mieux, leur dignité a été restituée avec la mise à niveau de l’apport africain dans les programmes scolaires. Le socle national ainsi élargi a donné aux dirigeants brésiliens la capacité de parler plus fort dans les enceintes internationales. Il suffit ici de rappeler le rôle du Brésil dans la reconfiguration de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), et ses initiatives en direction des Sud-américains, de l’Afrique et du monde arabe, ainsi que son rôle au sein des BRICS.
De 2003 à 2016, afin de pérenniser son émergence, le Brésil avait décidé de consacrer les revenus tirés du pétrole » off-shore » de la zone maritime dite « pré-sel » à l’éducation et à la santé. Pour se faire, les différents gouvernements brésiliens se sont appuyés sur des instruments et des entreprises publiques de premier plan tels que Petrobras, Embraer, BNDES, Electrobras. En outre, son armée avait été modernisée, en particulier sa Marine avec la coopération de la France. Une Marine chargée de défendre les richesses maritimes du pays.
En 2016, Dilma Rousseff, la présidente élue, a été destituée pour un crime constitutionnel inexistant, par un parlement dont la moitié des membres, selon l’ONG Transparency international, était et est suspectée de corruption. L’ex-président Lula a fait l’objet d’un acharnement judiciaire rare : détournements de procédures, écoutes de ses conversations téléphoniques avec la présidente Rousseff, condamnation à douze ans de prison sans preuve sinon la délation d’un condamné espérant une remise de peine. Bien qu’ayant fait appel et donc en attente d’un jugement ultime, le Tribunal électoral supérieur lui a interdit, le 31 août, de participer à la votation. Par ailleurs, les débats télévisés entre candidats, organisés avant le 31 août, lui ont été proscrits, anticipant donc la décision de justice d’interdiction. Fernando Haddad, candidat à la vice-présidence a également été privé de participation, n’étant pas candidat à la présidence. Un délateur opportun, le 4 septembre, a permis à la justice de le mettre en examen. Parallèlement, le candidat d’extrême droite, soutenu par les évangélistes et les militaires nostalgiques des années de dictature, est devenu la cible de la justice et des médias. Médias qui par ailleurs, s’efforcent de vendre un discours selon lequel le Parti des Travailleurs (PT), dont font partie Lula et Haddad, sont des rebelles à une justice d’une impartialité absolue.
Ce harcèlement judiciaire et médiatique se comprend mieux quand on regarde qui sont les bénéficiaires de la rupture de 2016. Le gouvernement, de fait, issu du coup d’état parlementaire, et consolidé par l’action d’une partie de la justice et le discours de médias partisans, a immédiatement rompu avec la politique du Brésil émergent. Une politique réformiste visant à l’équilibre budgétaire a été mise en place. Les budgets sociaux ont été gelés pour 20 ans. Le code du travail a été flexibilisé. Les administrations publiques sont ouvertes à l’externalisation. Les universités publiques ont été invitées à l’austérité. La mémoire du pays a été sacrifiée. Les incendies du musée de la langue portugaise à São Paulo et de l’histoire nationale à Rio de Janeiro sont la métaphore de la rupture de 2016. Les plus pauvres ont, en conséquence, été contraints de revenir à la case départ. Ils peuplent en effet les rues de Rio de Janeiro la nuit, dans l’indifférence des pouvoirs publics. Les favelas n’ont plus de téléphériques les relayant au centre-ville, tous à l’arrêt. 13 millions de Brésiliens sont en chômage absolu. Les organisations spécialisées de l’ONU, de la FAO et de l’UNICEF ont tiré la sonnette d’alarme ; la faim a fait une réapparition brutale. La mortalité infantile est repartie à la hausse et 6 enfants sur 10 vivent sous le seuil de pauvreté. En 2017, le Brésil a connu le niveau de morts violentes le plus élevé du monde – hors pays en guerre – : plus de 60 000, en majorité pauvres, jeunes et noirs, dont 5000 victimes d’exécutions policières.
Toute cela pour quoi ? Le Brésil, signalent les pages économiques des quotidiens du pays, traverse sa période la plus sombre depuis un siècle. La croissance est proche de zéro. Le déficit industriel a été multiplié par 7 en 2017. Le système bancaire, comme les agro-exportateurs, n’ont jamais fait autant de profit, tout comme les grandes entreprises étrangères qui font leurs courses sans entraves. Boeing a pris le contrôle de l’avionneur Embraer. Les champs pétroliers off-shore ont été ouverts aux multinationales du pétrole. Electrobras est en cours de privatisation. La base spatiale d’Alcantara, proche de la Guyane française, pourrait être ouverte aux États-Unis. Tout cela sur fond de leçons démocratiques données aux autorités vénézuéliennes par un président sans légitimité morale, politique ni constitutionnelle.
José Serra, premier ministre des affaires étrangères du président de fait, Michel Temer, faisait l’objet de poursuites pour corruption. Ces dernières ont été suspendues le 28 août par une justice conciliante en raison de son âge, 70 ans. Lula en a 72, et est en tête des intentions de vote, malgré son emprisonnement et son interdiction d’élections. Le Comité des droits de l’homme des Nations unies a signalé sa préoccupation le 17 août. Le président Temer a tiré de ces événements une conclusion cohérente, avec l’esprit de son mandat de fait. Il a donné son accord à l’augmentation de salaire demandée par les juges, +16,3%. Pour autant, en dépit de cette convergence anti PT et anti émergence, le candidat des milieux financiers, Geraldo Alckmin stagne à 8% des intentions de vote.
Recent months have witnessed a warming of relations between Russia and Israel. One indicator of the trend is the frequency of high-level meetings, culminating in Prime Minister Netanyahu’s participation – as the only Western state guest – in the military parade on Red square on 9 May. Alongside existing social ties and economic cooper¬ation, the prospect of a recalibration of Russian policy in Syria to take greater account of Israeli security interests has been another important driver. Nevertheless, the Russian-Israeli relationship remains constrained and volatile. For Moscow it is just one element of a multivectoral Middle East policy.
Le professeur Johan Martinsson explique, dans une tribune au « Monde », que le décalage entre l’opinion publique et les responsables politiques suédois sur la question des réfugiés a largement contribué au succès du parti nationaliste. Johan Martinsson est l’auteur de l’étude « Les “ Démocrates de Suède ” : un vote anti-immigration », publiée par la Fondation pour […]
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Le Venezuela connaît une grave crise économique depuis 2014. Hyperinflation, pénuries, instabilité politique… Face à ces difficultés, des milliers de Vénézuéliens quittent chaque jour le pays. En quatre ans, entre 1,6 et 2,3 millions de personnes ont ainsi choisi l’exil, soit 7 % de la population du pays. Selon l’agence des Nations unies pour les réfugiés, c’est l’un des mouvements de population les plus massifs de l’histoire de l’Amérique latine. Le point sur la situation avec Christophe Ventura, chercheur à l’IRIS.
Pour quelles raisons la situation vénézuélienne a-t-elle à ce point dérapé ? Quelles sont les raisons de la crise ?
La crise vénézuélienne est multifactorielle. Plusieurs dimensions au départ dissociées se sont progressivement combinées pour atteindre aujourd’hui leur climax. Tout d’abord, il faut se souvenir qu’au Venezuela, la première élection du président Nicolás Maduro en 2013 s’est déroulée dans des conditions particulières puisque non prévues. En effet, à la suite de la mort du président Hugo Chávez (5 mars 2013), Nicolás Maduro devint président de la République par intérim, puis remporta l’élection présidentielle anticipée avec 50,6 % des voix face à Henrique Capriles. Dès le soir même de son élection, une partie de l’opposition ne va pas reconnaître cette victoire et se radicaliser pensant qu’elle peut enfin obtenir la chute du chavisme du fait d’un leadership qu’elle considère affaibli après la mort du Chávez et fragile à la sortie d’un résultat si serré. Ceci va jouer un rôle important dans la suite des événements. Au même moment, l’onde de choc provoquée par la crise mondiale de 2008 frappe l’Amérique latine de plein fouet. Au Venezuela, cela s’est traduit avant toute chose par le fait de faire face très rapidement et sans anticipation à l’effondrement des exportations et des cours du pétrole, dont le pays dépend très largement, et même exclusivement.
Ainsi, d’un côté, nous avons le nouveau cours que prend l’affrontement politique entre le chavisme et l’opposition – les deux courants s’opposent frontalement depuis 1998- avec l’élection que Nicolás Maduro. Et d’un autre côté, nous voyons le Venezuela entrer dans une crise économique qui va devenir sociale et alimenter, pour l’intensifier, la crise politique. L’opposition va voir dans ces difficultés économiques la confirmation de l’affaiblissement politique du gouvernement et la possibilité pour elle d’avancer. Cette période de crise se traduit par l’effondrement des ressources de l’État vénézuélien, notamment celles nécessaires aux financements des programmes sociaux et aux importations des produits de consommation. Cette situation est d’autant plus grave pour le Venezuela, car la population consomme largement plus ce qu’elle importe que ce qu’elle produit. L’Etat va manquer de ressources pour importer. Sur cette situation vont se greffer de multiples phénomènes de spéculation, de sabotages intentionnels et de corruption qui vont produire les séquences de pénuries à partir de 2016. C’est donc ce qui crée la première strate de la crise vénézuélienne.
La seconde strate de cette crise est constituée, dans ce contexte de crise économique que le gouvernement n’inverse pas, par l’intensification de la polarisation politique. La dynamique d’affrontements s’aiguise entre l’opposition et le gouvernement de Nicolás Maduro dès 2014 et va prendre de multiples formes. L’aile dur au sein de l’opposition va s’imposer et opter, dès 2014 puis à partir de sa victoire aux élections législatives de décembre 2015, pour une « sortie » rapide du président par tous les moyens (politiques, institutionnels, mais aussi insurrectionnels et violents, et en cherchant des appuis extérieurs, notamment auprès des Etats-Unis et des nouveaux gouvernements de droite en Amérique latine). De son côté, Nicolás Maduro va répondre avec tous les moyens – y compris répressifs – du pouvoir d’Etat et va marginaliser l’opposition dans l’appareil d’Etat. En fin de compte, sans résolution politique et institutionnelle de toutes ces tensions accumulées, la situation est passée à un autre niveau, celle des violences politiques. Et ce, sur fond de crises sociale et économique toujours plus dégradées et non réglées.
Il faut aussi ajouter que l’opposition n’a cessé de se diviser pendant cette période entre durs rejetant toute reconnaissance du président et du gouvernement, ainsi que toute possibilité de dialogue, et secteurs prônant la voie légaliste et électorale. Les violences de 2014 et de 2017 (très médiatisées dans le monde entier) ont largement décrédibilisé l’opposition au sein de la population, qui pouvait tout aussi bien être critique dans le même temps contre le gouvernement. L’opposition est apparue incapable de proposer un leadership unifié, une stratégie en mesure de répondre aux problèmes concrets des Vénézuéliens et un projet autre que celui de l’affrontement. Cette situation explique en partie les victoires électorales du chavisme – qui s’est de son côté remobilisé – dans les mois qui ont suivi.
Désormais, le Venezuela est également soumis aux sanctions financières et commerciales qui lui sont imposées depuis mars 2015 par les Etats-Unis (Barack Obama puis Donald Trump). Celles-ci pèsent sur la non-résolution des problèmes économiques et sociaux – dont la question migratoire actuelle est une illustration – et politiques- les sanctions renforcent les dynamiques de radicalisation internes – que traverse le pays. C’est donc la troisième strate de la crise vénézuélienne.
Enfin, le dernier développement de cette crise est donc l’enjeu migratoire qui fait aujourd’hui l’actualité médiatique. Cette question n’est en réalité pas nouvelle, puisqu’elle existe depuis 2014. Mais elle a pris aujourd’hui des proportions importantes qui viennent s’ajouter à cette crise vénézuélienne et qui en révèlent la dimension régionale et non plus seulement nationale.
Quelles sont les conséquences régionales de la crise vénézuélienne ?
La crise vénézuélienne est au cœur des recompositions des alliances régionales, au niveau latino-américain et surtout sud-américain. La situation au Venezuela s’accompagne d’un autre mouvement en Amérique latine : le basculement politique vers des choix d’alternance, plutôt à droite entre 2015 et 2018, mais aussi au centre gauche comme au Mexique. Le centre droit et la droite ont repris le pouvoir depuis 2015 en Argentine (par les urnes), au Brésil sous la forme d’un coup de force parlementaro-judiciaire, et dans d’autres pays sud-américains. Dans tous ces pays, le Venezuela est une question de politique intérieure et anime les clivages lors des campagnes électorales. La crise vénézuélienne cristallise aujourd’hui l’affrontement entre ces nouveaux gouvernements de centre-droit et de droite, et ce qui reste des gouvernements de la vague dite progressiste des années 2000.
Le cas vénézuélien ne trouve aucun consensus dans la région et reconfigure les alliances stratégiques. Les pays de droite ou de centre-droit sont désormais alliés au sein du groupe de Lima, qui rassemble les pays américains opposés au gouvernement de Nicolás Maduro et qui appuient l’opposition vénézuélienne et ses positions (non reconnaissance du gouvernement, qualification de « dictature », etc.). Néanmoins, de l’autre côté, la Bolivie, le Nicaragua et Cuba restent solidaires du Venezuela.
Une issue à la crise vénézuélienne vous semble-t-elle possible ? Quelles pourraient en être les solutions ?
Avant de discuter des solutions, il faut parler des conditions dans lesquelles elles pourraient voir le jour, afin de trouver une réponse d’ensemble cohérente pour le Venezuela. Sans quoi, ce pays pourrait connaître une véritable déflagration qui pourrait prendre la forme soit d’une guerre civile, soit de déstabilisations politiques et sécuritaires sans solutions alternatives et porteuses de conséquences régionales inflammables. Cela passe d’abord par la préservation maximale de ponts et de connexions pour qu’un dialogue minimal perdure entre le gouvernement chaviste et son opposition.
Afin que ce dialogue puisse exister, il est nécessaire que le Venezuela s’émancipe des sanctions imposées par Washington et, secondairement, l’Union européenne, qui, encore une fois, aggravent la situation politique et économique en renforçant les problèmes qu’elles sont censées régler.
Il faut aussi qu’un tel dialogue, comme tout dialogue de ce type, soit perçu comme porteur de plus d’intérêts pour les acteurs que la situation actuelle en termes de perspectives, de sécurité et de garanties politiques et juridiques, etc.
Ainsi, les conditions pour des solutions possibles sont de deux ordres. Tout d’abord, la résolution des problèmes économiques. Il faut que ce pays puisse recouvrir le chemin de la stabilité. Et sur le plan politique, il doit être libéré des interférences extérieures et miser sur la consultation du peuple.
Dominique Vidal, journaliste et historien, dirige avec Bertrand Badie, expert en relations internationales, professeur des universités à Sciences Po, « L’État du monde ». Il répond à mes questions à l’occasion de la parution du nouvel ouvrage, « Le retour des populismes », aux éditions La Découverte.
Pour cette édition de L’État du monde 2019, vous avez opté pour le thème : « Le retour des populismes ». Comment définissez-vous ce concept, qui n’a pas le même sens partout ?
Commençons par le commencement : le populisme est devenu une des tendances majeures du monde contemporain. Coup sur coup, nous avons vécu la victoire-surprise du Brexit, puis l’élection de Donald Trump et le tremblement de terre italien. En Hongrie, le Fidesz et Jobbik ont totalisé plus de 68 % des voix, renforçant ainsi l’« arc populiste » Budapest-Varsovie-Bratislava, rejoint l’an dernier par la République tchèque. Sans oublier l’Autriche, où le FPÖ fondé par Jorg Haider participe au gouvernement et a même failli décrocher la présidence.
Les résultats cumulés des populistes de droite et des extrêmes droites dépassent 10 % des voix dans quinze pays européens et 20 % dans huit pays, avec, outre la Hongrie, des records en Suisse (29 %) et en République tchèque (40 %). Et le populisme ne progresse pas qu’en Occident : il suffit, pour s’en convaincre, de citer Poutine, Erdogan, Dutertre, Modi, Sissi, Kagame…
Cet inventaire à la Prévert, en bien plus triste, l’indique : le terme « populisme » se comprend mieux au pluriel qu’au singulier. Selon les périodes historiques durant lesquelles il apparaît, des narodniki du XIXe siècle au nazisme des années 1930-1940 et au nassérisme des années 1950-1960, selon qu’il se développe au Nord ou au Sud, selon qu’il est de droite ou de gauche, il présente des caractéristiques sensiblement différentes.
Mais, ces spécificités n’empêchent pas certains points communs. Ainsi le culte du chef, dont le mouvement porte même souvent le nom, du péronisme au lepénisme. De même la prétention de dépasser le clivage gauche/droite. N’oublions pas aussi l’exaltation du peuple et de la nation, menacés ou humiliés par les élites mondialisées, au point de constituer de nouveaux « ethno-nationalismes ». Tous ou presque partagent en outre un certain mépris de la démocratie, dont Benedetto Croce disait : « C’est le néant ! C’est le troupeau conduisant le berger, c’est le monde renversé, c’est le désordre, l’inanité et l’imbécillité organisée. » Autre trait commun : une religion de la souveraineté, face aux organismes supranationaux, Union européenne (UE) en tête.
Bref, le populisme représente moins une doctrine cohérente qu’un ensemble de discours et de pratiques politiques.
Les exemples nationaux que vous citez sont nombreux et impressionnants. Quelles sont les origines et causes de ces puissantes vagues ?
Ce qui unit ces discours et ces pratiques, c’est avant tout un contexte. Leur terreau, c’est notamment la quintuple crise dont nombre de pays et de peuples font les frais :
Comment lutter efficacement contre ce phénomène ?
Le combat contre les populismes suppose évidemment une lutte contre leurs différentes thèses, et a fortiori contre leur mise en œuvre lorsque leurs tenants arrivent au pouvoir. Il ne s’agit évidemment pas là d’une bataille sur le seul plan moral. Ce qui sera capital, c’est la capacité à proposer des solutions différentes et cohérentes, mieux à même de répondre aux nouvelles attentes populaires dans tous les domaines.
Au-delà, la question décisive est celle de la reconstruction d’alternatives crédibles, aux plans national, mais aussi européen et, à certains égards, mondial. Ce changement radical de perspective est seul de nature à faire refluer les illusions populistes.
Car c’est dans l’absence d’alternative qu’elles s’enracinent. Si les Le Pen n’ont cessé de progresser, n’est-ce pas du fait des échecs de la droite et de la gauche françaises dans le cadre de politiques similaires ? Si le Mouvement des Cinq étoiles et la Ligue ont rassemblé la majorité des suffrages exprimés, n’est-ce pas en raison de l’épuisement des coalitions incarnées par Silvio Berlusconi et Matteo Renzi ? Si Viktor Orban, Jaroslaw Kaczynski, Andrej Babis et Peter Pellegrini dominent le groupe dit « de Visegrad », n’est-ce pas parce que le communisme, puis le postcommunisme ont trahi successivement leurs promesses dans leurs pays ?
C’est ce cercle vicieux qu’il convient de rompre en rouvrant une perspective.
[1] Petites et moyennes entreprises.
La démocratie libérale est…
Norvège, États-Unis, Danemark, Nigeria, Irlande, Australie, etc. La liste est longue… Depuis 2015, ces équipes nationales féminines de football dénoncent leurs conditions de travail et se mobilisent pour être mieux considérées par leurs fédérations. Les principales revendications concernent les salaires, les conditions d’entrainement, le traitement médiatique spécifique au sport féminin mais, plus globalement, les joueuses condamnent la différence de traitement de la part des fédérations entre les équipes masculines et féminines.
Le mouvement a réellement pris de l’ampleur à partir de 2016, avec la mobilisation des joueuses américaines et la plainte que cinq d’entre elles ont déposée contre l’US Soccer, leur fédération, pour discrimination salariale[1]. Leur mobilisation a eu un écho retentissant, car il s’agit de l’équipe la plus titrée en Coupe du Monde (1991, 1999, 2015), ainsi qu’aux Jeux olympiques (1996, 2004, 2008, 2012). De plus, les recettes de billetterie qu’elles génèrent rapportent plus d’argent à la fédération américaine que celles des hommes : 5 millions de dollars de gain pour les femmes contre 1 million de perte pour les hommes, selon les joueuses[2]. Et pourtant, les salaires sont loin d’être égaux. Selon un article du New York Times, alors que les joueuses de l’équipe féminine nationale reçoivent un bonus de 1 350$ en cas de victoire (et aucun bonus en cas de défaite), les joueurs, eux, perçoivent 5 000$ pour une défaite en match amical et jusqu’à 17 625$ en cas de succès contre une grande équipe [3].
Face à autant d’injustice, les Américaines ont décidé de se mobiliser, de dénoncer les choix de la fédération et de négocier à la hausse leurs salaires et leurs conditions de travail. Elles n’ont pas fait le choix de la grève comme les Danoises ou les Australiennes, ou du sit-in comme les Nigérianes, mais ont mis en place une démarche inscrite dans la durée. Elles ont fait de cette revendication un combat du quotidien : négociant dans l’avion, à l’hôtel, par SMS, par mail avec la fédération américaine. Mais surtout, elles ont cherché à définir clairement leurs priorités, en discutant entre elles et organisant des sondages anonymes, pour être sûres de présenter des revendications communes face à leur fédération. En d’autres termes, cette démarche a été celle d’un groupe, d’une équipe. Cette méthode a été payante : un accord valable jusqu’en 2021 a été signé avec leur fédération après plusieurs mois de négociations, dont les joueuses semblent satisfaites.
Par leur travail et leur engagement, les joueuses américaines sont devenues une source de motivation et d’inspiration pour les autres équipes et, plus généralement, pour les athlètes féminines. Elles ont notamment été contactées par les joueuses canadiennes de l’équipe nationale de football, par l’équipe américaine de basketball et par une joueuse américaine de hockey féminin, qui souhaitaient notamment échanger sur les sujets suivants : les clauses de maternité dans les contrats, les méthodes de négociation pour obtenir les meilleures conditions d’hôtel lors des déplacements ou pour des conseils concernant le recrutement d’un consultant marketing[4]. Ce mouvement ne concerne pas que le football, mais les sportives en général, et les footballeuses américaines l’ont très bien compris.
“I think right now there’s really a women’s coming-together movement, and it’s happening in sport and outside of sport,” Christen Press, joueuse de l’équipe nationale de Football américaine.
Cependant, toutes les équipes féminines qui ont voulu amorcer ce processus de discussion et revendiquer de meilleures conditions de travail n’ont pas connu les mêmes succès. D’ailleurs, bien que les joueuses de l’équipe norvégienne de football aient obtenu l’égalité salariale à partir de 2018, elles sont la seule équipe dans ce cas, parmi les 177 équipes féminines recensées au classement de la Fédération internationale de football association (FIFA)Et certaines revendications ont provoqué de vives réponses de la part de l’encadrement.
C’est notamment le cas de l’équipe féminine de Guingamp en D1 française, qui a mené une grève le 8 février 2018 à l’occasion de la visite de la sélectionneuse de l’équipe de France, Corinne Diacre, à Guingamp, à quelques jours de leur huitième de finale de la coupe de France, dénonçant le manque de considérations pour la section féminine.[5] Parmi les revendications, les joueuses demandaient le remplacement de Gilbert Castelélégué à la section féminine, (ce qui n’avait pas été le cas après son départ) et la mise à disposition d’un personnel médical propre à l’équipe. Selon un proche, les joueuses auraient essayé d’en parler avec la direction à plusieurs reprises, sans succès. Suite à cette grève, les joueuses ont été suspendues jusqu’à nouvel ordre par Bertrand Desplat, président du club, qui a décidé de faire jouer les U19 à leurs places pour disputer le huitième de finale. Le Président Desplat, visiblement énervé, a même menacé les joueuses de sanctions disciplinaires en cas de « comportements inacceptables et irrespectueux envers l’institution d’En Avant ».[6] Comment comprendre cette réaction de la part de l’encadrement alors que les joueuses cherchaient tout simplement à attirer l’attention des dirigeants sur leurs conditions de travail afin d’amorcer un débat, une discussion ?
Le traitement de l’encadrement de l’En Avant Guingamp (EAG) concernant les joueuses est symptomatique d’un mal plus grand. Car bien que les questions salariales soient au cœur de leurs revendications, c’est bien le manque de considération que ces femmes dénoncent. C’est le sentiment d’abandon, d’être sous-considérées (« comme des citoyens de secondes classes » selon Carli Lloyd, capitaine de l’équipe américaine en 2015[7]) qui semble le plus affecter les athlètes féminines. Ce sentiment est d’autant plus fort que leurs homologues masculins reçoivent honneur et considération quand elles sont ignorées, qu’ils voyagent en classe business quand elles voyagent en classe économique[8], bénéficient de véritables infrastructures quand les Irlandaises se changent dans les toilettes de l’aéroport[9]. C’est ici que réside le cœur du problème : comment, au sein d’une même fédération, censée permettre à des athlètes de représenter leurs pays de la meilleure des manières, peut-il exister des différences de traitement aussi grandes ? Quelle image les choix de ces fédérations nationales renvoient-ils de nos sociétés ? Ces femmes demandent simplement à être considérées comme des athlètes nationales devraient l’être, avec des conditions décentes d’entrainement et que leur sexe ne soit pas prétexte à un traitement différencié.
Mais les différences de traitement ne se limitent pas qu’à l’enceinte du terrain ; on les retrouve également sur la scène médiatique… Par exemple, lorsque des journalistes, qui n’ont suivi que très peu de matchs (pour ne pas dire aucun match) de la saison régulière de D1 posent des questions peu pertinentes par rapport à la réalité du jeu. Dans le cadre d’une interview donnée à l’IRIS, Dounia Mesli, journaliste et co-fondatrice du média spécialisé Cœur de Foot, expliquait ainsi que lors des matchs de l’équipe de France féminine en France, seules les Bleues étaient interviewées à la fin des matchs par les journalistes français. Il est bien entendu compréhensible que plus de temps soit accordé aux joueuses du pays après le match, mais nous imaginerions mal qu’un journaliste ne cherche pas à obtenir les réactions d’un joueur de l’équipe adverse lors d’un match masculin. Toutes les raisons possibles et imaginables peuvent être évoquées (joueuses moins connues, moins de journalistes au bord des terrains, etc.), mais il s’agit avant tout d’une question de respect.
Or, aujourd’hui, c’est précisément ce respect et cette considération qui manquent dans le football féminin, affectant grandement le mental des joueuses et leurs performances. A l’inverse, on voit quelles peuvent être les conséquences d’une trop grande attention sur certains joueurs, qui perdent parfois vite pied avec la réalité. Les filles ont de la marge, donc n’utilisons pas cette excuse pour ne pas leur donner le traitement qu’elles méritent.
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[1] https://www.courrierinternational.com/article/etats-unis-cinq-professionnelles-du-foot-reclament-legalite-salariale
[2] https://www.lci.fr/football/football-les-joueuses-americaines-pretes-a-faire-greve-pour-avoir-le-meme-salaire-que-les-hommes-2013569.html
[3] https://www.nytimes.com/2016/04/01/sports/soccer/uswnt-us-women-carli-lloyd-alex-morgan-hope-solo-complain.html?hp&action=click&pgtype=Homepage&clickSource=story-heading&module=first-column-region®ion=top-news&WT.nav=top-news
[4] https://www.nytimes.com/2018/03/04/sports/soccer/us-womens-soccer-equality.html
[5] https://www.letelegramme.fr/football/d1f-les-raisons-de-la-colere-13-02-2018-11849733.php
[6] https://www.ouest-france.fr/sport/football/ea-guingamp/ea-guingamp-feminines-un-vent-de-fronde-et-les-u19-alignees-5557362
[7] https://www.lci.fr/football/football-les-joueuses-americaines-pretes-a-faire-greve-pour-avoir-le-meme-salaire-que-les-hommes-2013569.html
[8] https://www.bbc.co.uk/news/world-europe-44965630
[9] https://www.independent.ie/sport/soccer/international-soccer/sharing-tracksuits-and-changing-in-toilets-irish-womens-team-hit-out-at-treatment-as-fai-respond-with-statement-35592523.html
Pour un Sursaut des démocraties libérales : une nouvelle alliance transatlantique ? Rendez-vous jeudi 13 septembre 2018 à la mairie du 4ème arrondissement de Paris. Inscription gratuite et obligatoire : https://www.weezevent.com/sursaut PROGRAMME Journée animée par Laure Mandeville, grand reporter au Figaro, Alexis Lacroix, directeur délégué de l’Express et Brice Couturier, éditorialiste à France Culture. 10h00 […]
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Im Vergleich zu den großen Kernwaffenmächten USA und Russland hat China ein bescheidenes nukleares Abschreckungsdispositiv. Peking strebt keine Fähigkeit zur nuklearen Kriegsführung an, sondern sucht auf geringem Niveau mit einer gesicherten Zweitschlagsfähigkeit vor einer Aggression abzuschrecken. Anders als im Falle der rapiden konventionellen Aufrüstung hat China seine Atomwaffensysteme in der Vergangenheit nur langsam und in kleinen Stückzahlen modernisiert. Dies legt die Vermutung nahe, dass Peking prinzipiell keine Gleichrangigkeit mit der Nuklearwaffenkapazität der USA oder Russlands anstrebt und einen symmetrischen Rüstungswettlauf vermeiden will. Allerdings betreibt die chinesische Führung in jüngster Zeit eine immer ambitioniertere asymmetrische Nuklearrüstung. So werden mittlerweile auch Unterseeboote mit strategischen Nuklearwaffen ausgerüstet.
Die Stationierung von Nuklearwaffen auf Unterseebooten ist mit einem großen Aufwand, komplexen Herausforderungen und hohen Kosten verbunden. Warum hat sich China für diese Lösung entschieden und welche weiteren Folgen sind damit verbunden? Stellt sie unter Umständen eine Zäsur in der chinesischen Nuklearstrategie dar? Wie kann China insbesondere unter den Bedingungen der Verwundbarkeit strategischer Systeme an der Politik des Nichtersteinsatzes von Kernwaffen festhalten? Da die strategischen, mit ballistischen Langstreckenraketen bestückten Unterseeboote im Südchinesischen Meer stationiert sind, erhält der international ausgetragene Streit um den chinesischen Besitzanspruch auf dieses pazifische Randmeer zusätzliche politische Brisanz.
Dimanche prochain, les électeurs suédois voteront, comme tous les quatre ans, pour élire les 349 membres du Riksdag, parlement à une seule chambre. C’est l’un des scrutins importants qui se tient avant les élections européennes de mai 2019 et il aura, comme beaucoup d’autres élections nationales, valeur de test… avec toujours la même question : les forces populistes, d’extrême droite et anti-européennes vont-elles l’emporter ? Et avec quelles conséquences…
L’assurance-chômage, on le sait, est un sujet techniquement et politiquement redoutable. Ce dossier comporte un invariant : tout bon débat politique sur ce thème commence par la question de l’indemnisation des salariés à haut salaire. Cette rentrée ne fait pas exception à cette règle, avec…
La cooperación tecnológica es hoy día básica en las relaciones entre España y China, que se ha convertido en una potencia tecnológica de primer orden. Las relaciones en este ámbito han de potenciarse, lo que requiere medidas específicas, con complementariedad y reciprocidad.