La campagne en faveur du Brexit a si bien résisté, qu’elle est à égalité avec le camp du maintien dans l’UE. Pourquoi ?
D’abord parce que le camp du Brexit a joué sur le mythe de la grandeur du Royaume-Uni. Même si le petit-fils de Churchill appelle à voter pour le maintien de la Grande-Bretagne dans l’UE, ceux qui ont la nostalgie de l’époque de son grand-père, les personnes âgées, modestes, les gens les moins éduqués ont tendance à se mobiliser pour voter, contrairement aux jeunes et aux électeurs des milieux favorisés. Ensuite, parce que, comme en 2005 en France, les électeurs veulent profiter de ce référendum pour protester contre le leadership de David Cameron. Enfin, parce que la presse europhobe est majoritaire en Grande-Bretagne et qu’elle est lue par des millions de gens qui jouissent davantage d’un sentiment de supériorité en Afrique ou en Asie, là où l’ex-empire rayonnait, plutôt qu’en Europe où ils n’aiment pas être sur un pied d’égalité.
N’est-ce pas aussi parce que David Cameron a fait une mauvaise campagne ?
Après avoir fait un mauvais choix, celui d’organiser ce référendum, il a fait une très mauvaise campagne. Entre la nostalgie de l’empire que j’évoque, les rivalités de politique intérieure et les vrais enjeux de l’avenir de l’Union européenne, il aurait dû comprendre qu’à toutes ces interrogations on ne peut pas répondre par oui ou par non. En outre, après avoir négocié avec Bruxelles un mini-Brexit en cas de maintien dans l’UE, il a littéralement pataugé pour convaincre des conséquences néfastes d’un maxi-Brexit.
Ne craignez-vous pas qu’en cas de victoire du Brexit il y ait un effet domino dans les autres pays tentés par une sortie de l’Europe ?
Non, le risque est davantage celui d’un détricotage de l’UE et la France y a sa part de responsabilité. Elle a été le moteur de l’Europe depuis le 9 mai 1950 et la déclaration Schuman, mais elle a cessé de l’être après la victoire du non au référendum de 2005. Si à l’époque elle avait relancé une Europe à deux vitesses, le référendum britannique n’aurait peut-être pas été initié. Aujourd’hui, c’est à la France de refonder ces deux cercles : l’un autour de la zone euro vers plus d’intégration économique et politique, mais sans laisser tomber le second. Pour ceux qui ne peuvent ni ne veulent entrer dans le noyau dur de l’UE, il faudrait parfaire le marché unique et embellir le projet sur les valeurs afin que chacun se sente plus à l’aise dans la grande famille européenne.
Propos recueillis par François Clémenceau
On Wednesday, June 15th at 6:20pm EST, IPI is hosting a Distinguished Author Series event featuring Agnia Grigas, author of Beyond Crimea: The New Russian Empire.
IPI Live Event Feed
How will a newly assertive Russia seek to redraw post-Soviet borders, and what are the consequences across the peripheries of Russia and beyond? And how should the European Union and NATO respond to this expansionist zeal? In her book, author and political risk expert Agnia Grigas illustrates the way Moscow has quietly leveraged the populations of ethnic Russians and Russian speakers in bordering nations to pursue its territorial goals. Demonstrating how this policy has been implemented in Crimea, Eastern Ukraine, and Georgia, she provides up-to-date analysis of the nature of Vladimir Putin’s foreign policy ambitions in Europe and Asia, and Russia’s strategy of justifying its moves as “compatriot protection” to warn that the Baltic States, Moldova, Kazakhstan, and others are also at risk.
The conversation will be moderated by IPI Senior Adviser for External Relations, Warren Hoge.
IPI’s Distinguished Author Series brings critically acclaimed writers to IPI to present on international issues and to engage in a lively discussion with experts from the permanent missions to the UN and other members of the foreign affairs community in New York.