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Diplomacy & Defense Think Tank News

Bilan de la COP 22 : action ou échec ?

IRIS - Thu, 24/11/2016 - 11:10

La COP 22 a-t-elle débouché sur des avancées et des mesures concrètes en termes de lutte contre le réchauffement climatique ? Quel bilan peut-on en dresser ? A-t-elle été un succès pour le Maroc ?

Annoncé comme une COP de l’action après celle de Paris, Marrakech n’a pas été à la hauteur des attentes. Peu de décisions ont été prises, si ce n’est la fixation de l’agenda des années à venir. 2018 sera une année cruciale car les objectifs de réductions d’émissions de gaz à effet de serre (GES) pourraient être revus à la hausse par les pays développés. Certains pays comme l’Allemagne ont ainsi annoncé leur plan pour 2050 (réduction des émissions de 80 à 95% par rapport à 1990). Une plateforme des stratégies 2050 a d’ailleurs été créée. Côté financement, si la dotation de l’enveloppe de 100 milliards progresse, les discussions sur les modalités d’utilisation des fonds demeurent difficiles. Les Etats ne sont pas toujours d’accord sur les priorités à donner à l’atténuation, ce que demandent les pays développés, ou à l’adaptation, exigence des pays en développement qui, pour la plupart, affrontent déjà les conséquences des changements climatiques.
L’initiative AAA (Adaptation pour l’agriculture africaine), portée par le Maroc, a aussi été critiquée par certaines ONG (Rabat, premier producteur de phosphate est en effet suspecté de vouloir capter une partie des fonds en promouvant le recours aux engrais phosphatés). Le principal problème reste l’absence de discussion sur l’écart à combler entre les contributions nationales proposées et les efforts restant à faire pour atteindre les objectifs de limitation à 2°C – voire l’hypothétique limite de 1,5 – inscrits dans l’Accord de Paris. Le PNUE rappelait dans un rapport publié juste avant la conférence que celles-ci nous plaçaient pour l’heure sur une trajectoire d’augmentation de la température de 2,9 à 3,4°C d’ici la fin du siècle. C’est insuffisant.

Onze Etats ont profité de la COP 22 pour ratifier l’Accord de Paris, ce qui porte le nombre de ratifications à 110 en plus de celle de l’Union européenne. D’autres pays, notamment la Russie, se font attendre. Quels sont ces pays réticents à une ratification et pour quelles raisons ? Existent-ils des leviers pour les inciter à passer à l’acte ?

Le fait que l’Accord de Paris entre en vigueur quelques jours avant l’ouverture de la COP22 constitue une bonne nouvelle, et une première mais cela est bien loin de résoudre l’ensemble des problèmes.
Si la Russie ne ratifie pas, c’est parce qu’elle préfère voir venir et qu’elle n’a pas encore de contrepartie suffisamment intéressante. Rappelons que sa ratification du Protocole de Kyoto, nécessaire à son entrée en vigueur après le désistement américain, avait été obtenu contre son adhésion à l’OMC et à la condition que l’année 1990 constitue la date de référence pour l’effort de réduction (l’économie et l’Union soviétique s’étant effondrées l’année suivante, cela permettait à Moscou d’atteindre ses objectifs dès la signature). L’Accord de Paris étant entré en vigueur, il n’y a pas lieu de se presser pour la Russie qui souhaite prendre son temps pour évaluer l’impact de l’Accord de Paris – guère populaire au sein des entreprises – en Russie, dont l’économie reste largement dépendante des exportations de pétrole et de gaz. Le gouvernement souhaite ainsi élaborer une stratégie de développement bas carbone avant de ratifier le texte et peut-être voir les sanctions internationales maintenues à son encontre s’assouplir…

L’annonce de la victoire de Trump aux élections présidentielles américaines a eu cours pendant la COP22. A-t-elle impacté son bon déroulement ? Concrètement, un climato-sceptique à la tête des Etats-Unis peut-il remettre en cause les engagements du pays pris en faveur du climat ?

La victoire de Trump a surpris tout le monde, y compris le secrétariat de la Convention climat. Cela a eu un impact sur l’ambiance de la COP22 et aurait pu être un facteur de démobilisation, mais finalement, les Etats ont plutôt fait bloc pour ne pas totalement briser l’élan de l’année dernière. Ban Ki-Moon s’était montré rassurant à la tribune, les faits semblent lui donner raison puisque que le futur président américain a annoncé qu’il restait ouvert sur cette question, déclarant, au New York Times le 22 novembre, qu’il pensait qu’un lien existait entre les activités humaines et le changement climatique. Interrogé sur la sortie de l’Accord de Paris, il n’a répondu ni par l’affirmative ni par la négative, arguant qu’il « suivait la question de très près ». La nomination du climato-sceptique Myron Ebell à la tête de l’Agence pour la protection de l’environnement n’est toutefois guère encourageante. Ce « revirement » pose surtout deux questions distinctes : d’abord celle de la capacité des candidats, dits populistes, à respecter les engagements pris devant leurs électeurs et ensuite celle du poids et de la manière dont peut s’exercer la contrainte internationale. Malgré le fait que l’Accord de Paris ne soit quasiment pas contraignant, y participer demeure important. L’idée est que la contrainte est exercée par le groupe ; tout Etat qui cherche à s’y soustraire prend le risque de s’opposer à ses partenaires, de détruire le texte et de rompre la confiance engendrée jusque-là. C’est une lourde responsabilité. C’est aussi la preuve qu’il est très délicat – voire impossible – d’établir des pronostics sur le comportement de Donald Trump et sur les mesures qu’il choisira d’appliquer ou non, sur les postures qu’il prendra. Une nouvelle leçon pour les sondeurs et prévisionnistes…

Sécurité nationale : entreprises mobilisez-vous !

Institut Montaigne - Wed, 23/11/2016 - 17:23
Date: Jeudi 08 Décembre 2016Description: Si la sécurité est aujourd'hui un enjeu national, elle doit être l'affaire de tous. Aux côtés de ceux qui garantissent au quotidien notre sécurité, toutes les composantes de la société peuvent contribuer à répondre à ce défi.Comment les entreprises peuvent-elles prendre toute leur part à cet effort ?Sur la table des discussions, deux solutions concrètes : le service militaire volontaire et les réserves militaires.L’Institut Montaigne vous invite à en débattre avec les représentants des forces armées, avec des représentants d'entreprises et avec des hommes et des femmes déjà engagés dans cette démarche.PROGRAMMEIntroductionIntroduction des échanges par Nicolas Baverez, avocat et président du groupe de travail, Refonder la sécurité nationale Présentation des propositions du rapport Refonder la sécurité nationale en lien avec les thèmes évoqués durant les échanges Réserves : forces armées et entreprises un intérêt croisé bien compris Laurent de la Burgade, Group Export Compliance Deputy Director et Président du Club des réservistes, ThalèsErwan Cotard, directeur adjoint à la sûreté du groupe, EngieFadi Farah, co-fondateur, Easy VerresFrédéric Jousset, fondateur et co-président, WebhelpGénéral Gaëtan Poncelin de Raucourt, secrétaire général de la Garde nationale Service Militaire Volontaire (SMV) : un pari triplement gagnantMarie-Françoise Arrighi, chargée de projet handicap & insertion, Politiques Sociales Disney, entreprise partenaire du SMVGénéral Vianney Pillet, en charge du SMVStéphane Volant, secrétaire général de la SNCF, entreprise partenaire du SMVUn membre de l’encadrement du centre SMV Ile de FranceAdresse: 25 avenue Matignon - 75008 Paris

Preventing criminal risks linked to the sports betting market (update on the Precrimbet programme)

IRIS - Wed, 23/11/2016 - 11:49

What are the results of the Precrimbet research phase, which just ended?

The goal of this research phase was to analyse the nature and extent of criminal risks linked to the sports betting market and underline the responsibilities of betting operators, regulators and law enforcement with regards to risk management and mitigation. The objective was also to identify and promote good practices and existing solutions which have already been implemented at national and international levels.

We used different sources of information. The first one is a series of interviews conducted in various countries such as France, Italy, Belgium, Estonia, Greece and Singapore. We also sent questionnaires to a number of regulators and betting operators who informed us about their regulations and policies, as well as their opinions on sensitive matters.

An important lesson is that the subject of criminal risks in sports betting has become a critical issue. Many public authorities expressed their concern. We are not only talking about match fixing, which is already being addressed within the EU, but about money laundering, criminal infiltration within the betting industry, illegal betting or cybercrime. We see that high divergences exist between the evolution of criminal behaviour in general, expanding through globalisation and the Internet, and the capacities of law-enforcement against contemporary crimes. In this sense, national situations are very diverse. Some countries have more knowledge and expertise, especially on subjects such as cybercrime or money laundering, than others.

The betting sector is vulnerable because it is highly liquid (around 500 billion euros bet each year worldwide), has a strong virtual dimension, and is transnational. Many operators are based offshore, and around 70-80% of the bets are placed by consumers from jurisdictions where the concerned betting operators do not have an authorization to accept the bets. That represents a major problem because it means that many potential criminal risks are not rightly monitored and addressed by national regulators.

We conducted a risk assessment of betting market at the EU level and we set a number of priorities. One of the most important risks today regards the potential criminal infiltration of the betting industry, as revealed in 2015 through a major case involving Italian mafia and Maltese-based websites. Controlling betting operators allows criminal networks to easyly launder money and raise profits making through the provision of illegal betting, especially if these betting networks combine retail and online activity. The risk-based approach must be adapted to each national context, depending notably on the level of organized crime infiltration and the size of the illegal betting market.

During the research phase, Dr Ingo Fiedler conducted a “mystery benchmarking” of 19 betting operators in order to check if they respect national legislations of several countries such as Belgium, Italy Germany, France and Spain. It proved that most of the tested operators were indeed compliant and law-abiding. It further shows that fighting illegal betting bears results.

At last, we propose 14 recommendations to the national and to the European level which regards mostly public authorities. Those recommendations are ambitious and level the challenges of the fight against this modern criminal threat. We naturally promote the existing tools at national levels, but also international instruments, such as the Convention of the Council of Europe on the manipulation of sports competitions or the implementation of the 4th EU Anti-Money Laundering Directive.

The first Precrimbet seminar took place last week in France. What were the objectives of this event?

The first Precrimbet seminar took place at the premises of the French betting regulator, the “Autorité de régulation des jeux en ligne” (ARJEL), which demonstrated a real interest in hosting it. The participants were the representatives of the entities that compose the French national platform against match fixing, built in anticipation of the entry into force of the Council of Europe Convention.
The French betting regulation (2010) is rather restrictive. In particular, ARJEL issues a list of authorized competitions (in cooperation with sport organisations), pay-out rates are limited and a strong emphasis is put on the fight against illegal betting (retail betting is controlled by a monopolistic operator, FDJ). In terms of control, ARJEL implements a quite unique technical system which gives it the possibility to control all the betting transactions placed online on the licensed operators. This frontal system can automatically detect suspicious sports events.

During this seminar, we presented to the participants the Precrimbet preliminary results, which were confirmed by law-enforcement.
We also gained information from ARJEL on their specific risk-management approach, and how it is shared within the national platform.

A specific session dwelled upon the exchange of information and cooperation. The goal was to analyse how an information or an alert linked to match-fixing is managed by the platform. At last, we had a session on the implementation of the anti-money laundering directive, as some provisions of this implementation are still under discussion.

What next for the Precrimbet programme? What are your priorities?

In total, 12 seminars will be organized among EU Member states. The seminars agendas and official dates will be updated on the Precrimbet programme webpage on the IRIS website. Greece (15 of December) and UK (24 of January) are the two next countries we will visit, and they will again be organised in collaboration with the national betting regulators.

The subject of criminal risks linked to betting is as critical as it is new for the public authorities of many States, that’s surely why we had a positive response from the betting regulators we contacted and to whom we proposed to organize those events. The current priorities for the Precrimbet programme is to adapt our research findings to national needs, because each country has a different vision, different available tools and experiences in addressing this type of criminal risks.

Also, the goals are to disseminate knowledge and expertise and good practices. Many States are currently building their national platform against match fixing, as required by the Convention of the Council of Europe, even though this Convention has not entered into force yet.

The objective of the national seminars is moreover to test our preliminary findings and collect additional information regarding the national frameworks and experiences. In June 2017, two months after having organized the last seminar, we will publish a comprehensive White book which will be sent to all relevant national and international authorities in the EU. It will draw all the conclusions of our research and seminar phases. The publication will also be an opportunity to present our work to the European Commission, which funds our program. The EU commission is in a strong position to favour transnational cooperation, exchange of information and assist Member States in their apprehension of the criminal risks.

More about PreCrimBet Programme.

« Du sexisme dans le sport » – 3 questions à Béatrice Barbusse

IRIS - Wed, 23/11/2016 - 11:46

Noblesse de calendrier aurait dit Léo Ferré. Alors que je venais de lire le matin dans l’avion qui me ramenait de Beyrouth le livre de Béatrice Barbusse, Du sexisme dans le sport, paru aux éditions Anamosa, l’après-midi, Nathalie Boy de la Tour était élue présidente de la Ligue de football professionnel (LFP). Béatrice Barbusse, ancienne sportive de haut niveau, est sociologue et maître de conférences à l’université Paris-Est Créteil. Elle a été la seule femme à présider en France un club professionnel masculin d’handball tous sports collectifs confondus, l’US Ivry Handball, de 2008 à 2012. Elle préside le Conseil d’administration du centre national pour le développement du sport.

Vous préconisez le développement d’une « conscience de genre » – à l’instar d’une conscience de classe – pour lutter contre les discriminations. Pouvez-vous expliquer ?

Pour lutter contre les discriminations, il faut dans un premier temps que les groupes discriminés soient conscients d’appartenir à un tel groupe social. Autrement dit, à l’instar de la conscience de classe, il faut que les membres appartenant au genre féminin aient conscience de constituer un « genre en soi » mais aussi un « genre pour soi ». Ici, le genre féminin existe bien objectivement en tant que catégorie sociale discriminée. Il existe de nombreux indicateurs pour le démontrer. En l’occurrence, les statistiques avancées dans le livre et dans de nombreux rapports montrent bien que dans le sport la place des femmes est marginale. Nous faisons ainsi face à un « genre en soi ». Mais pour que le genre constitue une catégorie non pas seulement objective mais aussi subjective, il faut que les femmes aient conscience d’appartenir à une catégorie à part et en particulier discriminée. Il faut qu’elles aient le sentiment de faire partie d’un « genre pour soi ».

Cette conscience de genre est indispensable afin de lutter contre les discriminations pour plusieurs raisons. La première est qu’une femme qui a tout à fait conscience d’appartenir à un genre discriminé saura davantage faire preuve de réflexivité à l’égard de son propre comportement qu’une femme qui a juste conscience d’être une femme. Dès lors, celle qui a cette conscience peut éviter de reproduire des comportements qui favorisent sa propre infériorisation et celle de toute la gent féminine. De l’autre côté, celle qui la nie en adoptant le comportement classique de la selfmade woman (« J’y suis bien arrivée, moi ! ») accepte au fond de fait la situation inégalitaire et s’y adapte tant bien que mal sans jamais la remettre en cause. Alors que, et c’est la deuxième raison, lorsque l’on est consciente d’appartenir à une catégorie discriminée, infériorisée, on a plus de chance de se mobiliser pour lutter contre et donc de se rebeller. Voilà pourquoi la conscience de genre est si importante. Sans son développement, le sexisme dans le sport a encore de beaux jours hélas. Pour dire les choses plus simplement, si les femmes de sport, et les sportives en premier, n’ont pas pleinement conscience d’appartenir à une classe discriminée, alors elles ont toutes les chances d’y rester.

Le plafond de verre en matière de sport est-il en train d’être remis en cause ou paraît-il toujours solide ?

Le plafond de verre se fissure de plus en plus ces dernières années. On le voit bien dans le football avec l’arrivée à des fonctions inimaginables encore il y a quelques années de Corinne Diacre à Clermont, de Nathalie Iannetta à l’UEFA et de Nathalie Boy de la Tour à la tête de la Ligue de football professionnel (LFP) ou de Stéphanie Frappart à l’arbitrage. Mais il reste encore solide. Les fissures qui apparaissent ne sont pas suffisamment importantes pour que le plafond s’écroule totalement. Il faudra encore du temps pour que les choses s’équilibrent réellement.

Il faudra surtout continuer à mesurer les évolutions, à les scruter, et surtout à les provoquer. À cet égard, il est intéressant de suivre en ce moment les résultats des élections fédérales pour voir si les fédérations respectent la loi du 4 août 2014 ou si elles vont plus loin. Et oui pourquoi pas ? Prenons le cas d’une fédération où la proportion des femmes licenciées est inférieure à 25% : elle n’a donc pas l’obligation d’avoir 40% de femmes au moins à son conseil d’administration. Pour autant, elle peut volontairement aller au-delà de la stricte proportionnalité et aller vers les 40%. C’est comparable avec la responsabilité sociale des entreprises. Elle les oblige à respecter les règles et les minima imposés par le droit du travail et le droit social mais rien ne les empêche de les dépasser. Hélas, la quasi-totalité des fédérations n’iront pas au-delà de ce que la loi leur impose, ce qui démontre bien que le sexisme ne disparaitra pas tout seul…

Y-a-t-il des sports plus rétifs que d’autres à l’égalité homme/femme ?

Dans les sports dits « masculins », c’est-à-dire ceux où le nombre de licenciés masculins est très élevé, il est plus difficile de faire accepter l’égalité homme/femme, mais en même temps c’est au sein de ces sports que les évolutions seront de fait plus significatives. On le voit aujourd’hui avec la boxe et le football. Certes, les mentalités sont peut-être plus rétives en raison de la prégnance d’une culture patriarcale, mais lorsqu’il y a un volontarisme politique affiché et assumé comme dans le football français, les évolutions sont bien là. Lorsque des boxeuses comme Estelle Mossely ou Sarah Ourahmoune réalisent des performances sportives – comme aux derniers Jeux olympiques (JO) de Rio – cela réveille les consciences et peut accélérer les évolutions.

En sens inverse, dans les sports où les femmes sont davantage pratiquantes, comme le handball, le basket, l’équitation, elles n’atteignent pas pour autant des postes de responsabilité (entraineur, arbitre, dirigeant). Comme me le faisait remarquer le professeur Pierre Parlebas la semaine dernière lors de mon intervention au laboratoire de recherche de Paris V, le sport en général (et en particulier les sports olympiques) est sexiste, alors que la plupart des pratiques corporelles notamment des jeux sportifs traditionnels ne le sont pas…

Primaire à droite : les projets de Fillon et Juppé en 30 vidéos

Fondapol / Général - Wed, 23/11/2016 - 11:01

MÉDIATHÈQUE. Depuis plusieurs mois, les candidats de la primaire à droite se sont prêtés au jeu de «Demandez le programme», notre rendez-vous politique taillé pour ausculter les programmes en profondeur. Il n’en reste que deux : découvrez les propositions d’Alain Juppé et François Fillon en 30 vidéos. Derniers jours pour faire un choix. Dimanche soir, […]

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Le duel Fillon/Juppé sur les questions internationales

IRIS - Wed, 23/11/2016 - 10:27

Le point de vue Pascal Boniface, directeur de l’IRIS.

Tourism Actors Discuss Thandaunggyi’s Community Tourism Development

Hanns-Seidel-Stiftung - Wed, 23/11/2016 - 05:17
Tourism Actors Discuss Thandaunggyi’s Community Tourism Development

Ungarn: „Europa braucht mehr Politiker wie Hans-Gert Pöttering.“

Konrad Adenauer Stiftung - Wed, 23/11/2016 - 00:00
In Budapest ist die ungarische Übersetzung der Autobiographie des Vorsitzenden der Konrad-Adenauer-Stiftung, Dr. Hans-Gert Pöttering, vorgestellt worden.

Kolumbiens zweiter Frieden 2016

SWP - Tue, 22/11/2016 - 17:18

Am 2. Oktober 2016 hat die Bevölkerung Kolumbiens in einem Referendum das zwischen Regierung und FARC-Rebellen ausgehandelte Friedensabkommen abgelehnt. Nur 41 Tage später präsentierte Präsident Juan Manuel Santos am 12. November einen zweiten Text, der auf Grundlage der Änderungsvorschläge der Opposition neu verhandelt worden ist. Dabei konnte nur ein Teil der Wünsche des in sich heterogenen Lagers der Kritiker des Abkommens berücksichtigt werden, zumal die FARC-Rebellen nicht bereit waren, bestimmte Positionen aufzugeben. Ob sich die Opposition mit dem Verhandlungsergebnis zufriedengibt, ist fraglich. Allerdings sind die Chancen dafür gestiegen, dass der Frieden in Kolumbien auf einen breiteren gesellschaftlichen Konsens gegründet und eine politische Blockade des Verhandlungsprozesses vermieden wird, der seit mehr als vier Jahren andauert. Auf diese Weise wird verhindert, dass der Frieden in der Schwebe bleibt und die Bereitschaft der FARC-Kämpfer zu einer Demobilisierung schwindet bzw. ihre internen Kommandostrukturen aufgeweicht werden. Das angestrebte Ziel einer baldigen Umsetzung des Abkommens rückt wieder in greifbare Nähe, sofern das Parlament rasch zustimmt. Damit könnte die fragile Situation des bis 31. Dezember 2016 befristeten Waffenstillstands überwunden werden.

La politique arabe de François Hollande

IRIS - Tue, 22/11/2016 - 16:05

François Hollande connaissait mal le monde arabe à son arrivée à l’Élysée et assumait un tropisme affiché envers Israël [1]. L’ironie du sort fit coïncider son élection avec l’avènement de plusieurs bouleversements majeurs : les printemps arabes, la guerre en Syrie et l’essor fulgurant de Daech.

En 2012, le candidat Hollande avait promis un désengagement des troupes françaises d’Afghanistan et semblait s’inscrire sur une ligne de rupture par rapport à l’interventionnisme armé de son prédécesseur. Cette ligne de campagne faisait écho à l’image désirée et entretenue d’un socialisme pacifique et non-interventionniste. La réalité fut tout autre.

François Hollande s’inscrivit pleinement dans la lignée de François Mitterrand ou de Guy Mollet. De son prédécesseur socialiste à l’Élysée, il semble avoir gardé un pragmatisme réaliste éloigné de tout idéologie. Il hérita également du côté interventionniste du président du Conseil de la IVème République. En 1956, le dirigeant de la SFIO avait projeté l’armée française en Egypte contre la nationalisation du canal de Suez. La propagation du nationalisme nassérien à d’autres pays arabes faisait à l’époque très peur à Guy Mollet qui lança également une politique de répression sans précédent en Algérie. François Hollande repris à son compte cette realpolitik si présente dans la pratique du pouvoir socialiste de la seconde moitié du XXème siècle.

Il est indéniable que François Hollande se forgea, consciemment ou non, un statut de chef de guerre. Dans cette évolution, il est difficile de savoir quelle est la part liée à cet héritage socialiste, celle induite par ce contexte géopolitique particulièrement instable et celle due à l’influence des courants néoconservateurs actuellement actifs au sein de l’appareil d’Etat.

En effet, il semble qu’il y eut durant ce quinquennat une certaine prégnance des mouvements néoconservateurs au sein de l’Élysée, du ministère des Affaires étrangères ou de celui de la Défense.

Le général Benoît Puga, chef d’Etat-major particulier du président, catholique traditionaliste de droite, inspirateur de la politique de Nicolas Sarkozy, n’avait aucune raison d’être maintenu à ce poste à l’arrivée des socialistes à l’Élysée. Il fut pourtant jusqu’au 6 juillet 2016, date de son remplacement par l’amiral Bernard Rogel, un conseiller très écouté et omniprésent dans toutes les négociations menées par le président en matière d’opérations extérieures.

De même, Jacques Audibert, souvent présenté comme néo-conservateur et qui fut d’abord directeur des affaires politiques au quai d’Orsay puis conseiller diplomatique du président de la République, joua un rôle prépondérant dans l’intransigeance française sur le dossier du nucléaire iranien. Certains parlaient alors de l’influence des « faucons » du quai d’Orsay.

De son côté, Jean-Yves Le Drian, accompagné d’un directeur de cabinet – Cédric Lewandowski – également catalogué comme « faucon », assuma totalement les guerres décomplexées de l’armée française.

Pour autant, contrairement à ce qu’avancent de nombreuses critiques, François Hollande ne poursuivit pas le tournant atlantiste opéré par Nicolas Sarkozy. De par ses nombreuses opérations extérieures unilatérales et ses positionnements souvent en porte-à-faux envers les Etats-Unis, François Hollande fit siens les concepts gaullo-mitterrandistes d’indépendance, de souveraineté et de « grandeur » de la France.

Néanmoins, une certaine homogénéité semble faire défaut au bilan de la politique arabe de François Hollande. Jean-Paul Chagnollaud souligne ce manque de cohérence globale qui viendrait du fait qu’elle ne fut pas pensée dans les mêmes ministères selon les zones géographiques où elle s’appliquait : Laurent Fabius aux Affaires étrangères déterminant prioritairement le positionnement de la France en Iran, en Syrie, en Israël et en Palestine alors que la politique française dans la péninsule arabique ou sur le continent africain était d’abord décidée par Jean-Yves Le Drian à la Défense [2].

Un point commun notable relia tout de même ces deux ministères lors de ce quinquennat : la priorité donnée au commerce extérieur. Sous la présidence de François Hollande, la diplomatie fut perçue comme un outil au service du commerce extérieur français. En 2014, le quai d’Orsay se para officiellement du titre de ministère des Affaires étrangères et du développement international et ouvrit une Direction des entreprises et de l’économie internationale. Les chiffres du commerce extérieur devinrent un des baromètres de l’efficacité du ministère et la diplomatie économique une priorité affichée.

De son côté, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian se présenta lui-même comme « le ministre de l’export d’armement » [3]. Il mit en place à l’hôtel de Brienne un comité d’exportation de défense afin d’harmoniser les positions stratégiques du gouvernement et la vision commerciale des industriels. Accouplée à de nombreux déplacements ministériels à l’étranger, cette méthode se révéla très efficace et aboutit à une explosion des ventes de matériel militaire dans les pays arabes (Rafales au Qatar et en Egypte, Mistral en Egypte, hélicoptères au Koweït…).

Au-delà de ses grandes lignes transversales – à l’heure où la campagne présidentielle de 2017 est déjà lancée – faisons donc un bilan détaillé du positionnement français dans le monde arabe sur ces quatre dernières années.

Un équilibre difficile à trouver en Afrique du Nord

Les relations conflictuelles latentes entre l’Algérie et le Maroc à propos du Sahara occidental n’ont jamais facilité le travail de la diplomatie française dans cette région.

Dans un souci d’équilibre et malgré quelques incidents diplomatiques souvent indépendants du pouvoir politique, le gouvernement socialiste tenta à tout prix de maintenir des relations cordiales avec ces deux partenaires historiques. Il fut difficile de déceler dans la politique de François Hollande une volonté d’avantager l’un par rapport à l’autre. Il semble au contraire que tout fut mis en œuvre pour ne froisser personne et maintenir un Etat d’équilibre au sein de ce triangle diplomatique instable.

Concernant la Tunisie, de nombreuses voix plaidèrent pour l’établissement d’un plan Marshall suite à la chute de Ben Ali. Pourtant, c’est seulement en janvier 2016 que François Hollande annonça un soutien financier d’1 milliard d’euros pour aider Tunis à sortir de la crise économique et sécuritaire dans laquelle elle se trouvait. En effet, depuis le printemps arabe de 2011, les avancées démocratiques n’ont toujours pas été suivies du décollage économique tant attendu par la population. De plus, le pays est aujourd’hui la cible régulière des terroristes de Daech. D’aucuns, comme Hervé Morin, estiment que François Hollande a sous-estimé cette menace qui pourrait aujourd’hui faire imploser la seule transition démocratique des printemps arabes [4].

De même, la France n’a entrepris que peu d’initiatives pour essayer de rétablir un Etat de droit en Libye. C’est pourtant suite à l’intervention militaire franco-anglaise qui aboutit à la mort de Mouammar Kadhafi que ce pays s’effondra dans une guerre civile.

En Egypte, lors de l’été 2013, Laurent Fabius demanda la libération du président Mohamed Morsi qui venait d’être renversé et il condamna la répression contre les Frères musulmans. Pourtant la diplomatie française comprit qu’elle avait plus d’intérêt à supporter Abdel Fattah al-Sissi arrivé officiellement à la tête de l’Etat en mai 2014 qu’à défendre les Frères musulmans pourtant démocratiquement élus. Le maréchal fut perçu comme un allié de poids dans la lutte contre le terrorisme et l’expansion des mouvements islamistes radicaux.

Dans un contexte de désengagement des Etats-Unis, les diplomates du quai d’Orsay perçurent les opportunités que pouvaient apporter ce rapprochement. Grâce à l’aide saoudienne, l’Egypte devint ainsi un partenaire économique de premier ordre achetant à la France pas moins de 24 rafales, une frégate ainsi que les deux mistrals non vendus à la Russie.

Pourtant, l’affichage répété du président François Hollande auprès du maréchal al-Sissi pourrait mettre la France en porte-à-faux face au soulèvement possible d’une population subissant une dictature terrible. La realpolitik est affaire de finesse et tous ces critères ne doivent pas être sous-estimés dans l’entretien des relations bilatérales françaises.

Dans la poudrière du croissant fertile

Dès son arrivée au pouvoir, le gouvernement socialiste reprit à son compte le positionnement intransigeant du gouvernement précédent envers le régime syrien. Le quai d’Orsay coupa tout lien diplomatique avec la Syrie, mais ceci sans approfondir ses relations avec la Russie ou l’Iran, seuls pays qui auraient pu peser sur un départ éventuel de Bachar el-Assad.

Les raisons stratégiques de ce positionnement furent multiples : d’une part, isoler l’Iran en faisant tomber son principal allié dans la région, d’autre part, contenter des alliés sunnites dont la France s’était grandement rapprochée.

Dès le printemps 2013, la France fournit à l’Armée syrienne libre une aide matérielle discrète. Cette dernière était alors la principale opposition au pouvoir en place et fut perçue comme la digne représentante des mouvements démocratiques issus du printemps arabe.

Au fur et à mesure que le conflit avançait, la diplomatie française se durcit et commença à se positionner éthiquement. Les termes de « punition », de « responsabilité » ou de « morale » furent fréquemment employés. Paris mit alors en avant l’utilisation d’armes chimiques pour justifier la nécessité de frappes aériennes sur Damas. Pour David Revault d’Allonnes reprenant les termes de François Hollande, cette intervention militaire en Syrie devint au fil du temps « presque une question d’honneur pour la France, sa diplomatie et son armée » [5].

L’opération aurait dû avoir lieu entre le 30 août et le 2 septembre 2013. Elle avait été limitée au tir de 16 missiles Scalp dans la région de Damas et, contrairement à ses engagements de campagne, François Hollande avait décidé de ne pas consulter le Parlement afin de profiter de l’effet de surprise des frappes.

La décision d’Obama de ne pas intervenir aux côtés de la France fut prise seulement 30 à 40 minutes avant le décollage des avions français. François Hollande se retrouva du jour au lendemain complètement esseulé. Politiquement, la France ne pouvait plus se permettre d’intervenir unilatéralement en Syrie, mais il lui était également difficile de s’aligner sur Barack Obama sans paraître comme une puissance aux ordres de Washington. Ainsi, le quai d’Orsay n’eut pas d’autres choix que de maintenir un discours extrémiste pour se démarquer clairement de celui des Etats-Unis. Le gouvernement français estime que ce fut le tournant manqué de la guerre en Syrie qui permit à la fois le renforcement du régime et de Daech qui accueillit de nombreux rebelles déçus.

C’est finalement contre Daech, que le 19 septembre 2014, François Hollande lança une campagne aérienne « Chammal » au sein de la coalition arabo-occidentale. D’aucuns, comme Pascal Boniface, pensent que la pression de la société civile est la raison première de l’intervention française supplantant les intérêts stratégiques et économiques [6]. D’autres spécialistes estiment que cette opération est d’abord le signe de l’influence néo-conservatrice du quai d’Orsay.

La France décida donc d’intervenir militairement en Irak mais – contrairement aux Etats-Unis – refusa dans un premier temps de frapper la Syrie. La logique du ministère des Affaires étrangères était alors celle du « ni Daech, ni Assad ». Parallèlement à cette campagne aérienne, une aide matérielle et humaine fut dispensée aux Kurdes en tant que composante terrestre de la lutte contre l’organisation terroriste.

Un an plus tard, l’afflux de plus en plus important de migrants vers l’Europe et la progression territoriale de Daech en Syrie poussèrent finalement le président à intervenir dans ce pays. Afin de justifier cette nouvelle opération, Jean-Yves Le Drian invoqua la légitime défense mentionnée par l’article 51 de la Charte des Nations unies et le fait que des combattants étrangers étaient formés en Syrie pour venir frapper le territoire français.

Cette évolution fut un tournant majeur de la politique de François Hollande qui décréta dès lors que la lutte contre Daech devenait son objectif numéro un, devant la chute du régime alaouite. Paris fut contraint de délaisser sa position jusqu’au-boutiste envers Damas pour pouvoir agir efficacement contre l’organisation du calife autoproclamé Abou Bakr al-Baghdadi.

L’électrochoc du 13 novembre 2015 confirma cette évolution du positionnement français. Ce qui fut une politique d’endiguement de Daech devint une politique d’extermination : « Il ne s’agit donc pas de contenir, mais de détruire cette organisation » annonça ainsi François Hollande devant le Parlement réuni en Congrès le 16 novembre 2015 [7].

Pourtant, malgré cette rhétorique extrêmement agressive, la France ne mena une campagne aérienne qu’en demi-teinte, correspondant à moins de 10 % des frappes de la coalition. Cet interventionnisme sporadique et modéré pose question. Bruno Le Maire, soulignait juste après les attentats que « 10 mois [avaient été] perdus » et réclamait l’envoi de troupes au sol [8]. Selon le général Jean-Bernard Pinatel, les frappes françaises – n’étant pas en appui d’une attaque terrestre – ne furent que peu efficaces et auraient absolument nécessité une coordination avec les troupes syriennes ou les forces spéciales russes [9].

Plus qu’une nécessité stratégique, il semble que ces frappes contre Daech furent d’abord un impératif politique et moral.

Des liens étroits avec les monarchies sunnites de la péninsule arabique

Le rapprochement entre l’Arabie saoudite et la France s’intensifia dès août 2013 lorsque les Etats-Unis – malgré l’influence de Riyad – refusèrent de bombarder la Syrie suite à la découverte de l’utilisation d’armes chimiques par le régime de Bachar el-Assad. L’Arabie saoudite, perdant confiance envers son proche allié américain, trouva dans la position intransigeante de la France un appui de poids pour contester le renouveau iranien sur la scène internationale. Laurent Fabius se rendit pas moins de trois fois à Riyad et le 5 mai 2015, François Hollande fut le premier chef d’Etat occidental à participer à un sommet du Conseil de coopération du Golfe.

Ce rapprochement permit ainsi à Paris d’entrevoir de nouvelles opportunités commerciales. En contrepartie, depuis 2012, la politique élyséenne s’est toujours adaptée à celle de Riyad. La France soutint la coalition menée par l’Arabie saoudite au Yémen et ceci malgré les nombreuses atteintes au droit international humanitaire. Ce positionnement émana directement de l’Élysée qui aurait donné l’ordre à la Direction du renseignement militaire et à la Direction générale de la sécurité extérieure de soutenir à tout prix l’offensive de Riyad. François Hollande craignait un effondrement des institutions Etatiques et un renforcement des groupes djihadistes au Yémen. Ces derniers auraient pu potentiellement contrôler le détroit stratégique de Bab-el-Mandeb qui mène au canal de Suez.

Pourtant, l’Arabie saoudite est souvent montrée du doigt quant à l’essor de ces mêmes courants djihadistes. En effet, pour Riyad, le financement international d’un islamisme sunnite rigoureux – souvent décrit comme l’antichambre du djihadisme – fut toujours un moyen de contrer l’éternel rival iranien, première puissance chiite. De la même façon, le Qatar participa au financement d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest, du Front al-Nosra en Syrie ou des Frères musulmans en Egypte. Toutes ces organisations sont considérées, à différents degrés et selon les pays, comme des organisations terroristes.

Il fut ainsi souvent fait critique à François Hollande de vouloir combattre Daech tout en soutenant des monarchies du golfe perçues comme le symbole d’un salafisme prosélyte. Néanmoins, ces financements étrangers sont à relativiser, ils ne représentent aujourd’hui pas plus de 5 % des fonds de Daech et sont issus principalement de fortunes privées.

Brigitte Curmi, chercheuse au Centre d’analyse de prévention et de stratégie du ministère des Affaires étrangères, écrivit dans une note interne au ministère que la « vision rétrograde de l’islam [n’était] pas sans rapport avec l’explosion actuelle du terrorisme djihadiste » et que c’est justement pour cette raison qu’il fallait « saisir l’occasion de la menace de Daech pour entamer [avec l’Arabie Saoudite] un dialogue exigeant et discret sur la parenté entre wahhabisme et extrémisme »10.

La politique arabe de la France en creux

La politique arabe de la France ne se limite pas aux seuls pays de la Ligue arabe. En l’occurrence, l’étude des relations bilatérales de Paris avec ces trois pays que sont l’Iran, Israël et la Turquie est primordiale pour comprendre et avoir une vue d’ensemble de la politique française au Moyen-Orient.

Le livre blanc de 2013 parlait sans équivoque de « la menace de l’Iran » [11]. Ainsi, Laurent Fabius fut le représentant d’une ligne dure se battant à tout prix pour que l’ancienne Perse n’accède pas à l’arme nucléaire. Lors des négociations entre Téhéran et le P5+1, la diplomatie française se détacha clairement de Washington pour défendre un accord robuste ou le compromis n’avait que peu de place. Cette intransigeance, souvent perçue comme un excès de zèle, permit néanmoins de signer un accord bien plus sûr qu’il ne l’aurait été si la France s’était alignée sur Washington.

Ainsi, la politique arabe de François Hollande fut clairement déséquilibrée en faveur des puissances sunnites. L’Arabie saoudite – en tant que pays le plus riche de la région – et l’Egypte – en tant que nation la plus peuplée – furent considérés par le quai d’Orsay comme les acteurs primordiaux de cet espace. À l’inverse, la République iranienne chiite et perse ne fut pas perçue comme puissance stabilisatrice au sein d’un Moyen-Orient peuplé majoritairement de sunnites.

Cependant, une fois l’accord du 14 juillet 2015 sur le nucléaire iranien signé, Laurent Fabius se rendit rapidement en Iran le 29 du même mois pour relancer des relations diplomatiques et économiques sereines avec Téhéran. François Hollande invita ensuite Hassan Rohani pour une visite officielle à Paris dès janvier 2016. D’ailleurs, les relations diplomatiques ayant reprises sur de bonnes bases avec Téhéran, la France pourrait jouer un rôle d’intermédiaire primordial entre les monarchies sunnites et la république chiite.

L’Iran, pays de 77 millions d’habitants, reste une puissance régionale incontestable. Elle est également un marché énorme prêt à s’ouvrir aux investisseurs dont la France veut absolument faire partie. De plus, aujourd’hui, ce sont les gardiens de la révolution iranienne qui luttent sur le terrain contre Daech. Riyad n’a pour l’instant aucune volonté d’intervenir au sol en Irak et en Syrie alors que ses hommes sont déployés à la frontière yéménite. L’Arabie saoudite déploya 15 avions en Irak contre une centaine au Yémen. Les priorités saoudiennes sont claires : l’Iran est une menace plus importante que Daech et Riyad veut absolument prouver à son rival sa détermination.

Au centre de ce monde arabe en pleine ébullition, le conflit israélo-palestinien porte toujours une charge symbolique extrêmement élevée. Ainsi, toute politique arabe est en soi une politique israélienne en creux et inversement.

Fin 2012, lors du vote pour la reconnaissance de la Palestine comme Etat observateur à l’ONU, les intentions de la France restèrent floues pendant un long moment. Ce n’est qu’au dernier moment que François Hollande, tout juste arrivé à l’Élysée, décida de voter pour. Ce sentiment d’hésitation donna l’impression que le nouveau locataire de l’Élysée n’avait pas de positionnement clair et arrêté sur le conflit israélo-palestinien.

De même, l’orientation politique du gouvernement lors de la guerre de Gaza en 2014 fut pour le moins fluctuante. Le chef de l’Etat opta pour des propos résolument atlantistes en exprimant la solidarité de la France à Israël lors des premiers tirs de roquettes sur l’Etat hébreux. Pourtant, au fur et à mesure que le conflit avançait, le discours de Paris évolua vers une condamnation de plus en plus sévère des ripostes israéliennes.

Presque un an plus tard, les initiatives menées par Washington se trouvant dans l’impasse, Laurent Fabius essaya de relancer un nouveau cycle de négociations avec un nombre élargi de participants. Devant les réticences d’Israël et des Etats-Unis, il affirma même que, faute de bonne volonté de part et d’autre, la France se verrait dans l’obligation de reconnaître l’Etat palestinien. Cette déclaration faite en janvier 2016 est pourtant à relativiser. En effet, Laurent Fabius savait qu’il partirait bientôt du quai d’Orsay pour présider le Conseil constitutionnel et qu’il n’aurait pas à porter les conséquences de ces propos. Jean-Marc Ayrault, son successeur, annonça d’ailleurs rapidement que cette option n’était plus d’actualité.

La diplomatie française, de par tous ces positionnements, ne donna pas l’impression d’avoir une vision stratégique claire pour Israël et les Territoires palestiniens. D’ailleurs, le conflit israélo-palestinien sembla devenir secondaire par rapport à la menace que fit peser Daech sur l’ensemble de la région.

D’ailleurs, l’une des conséquences de l’essor du groupe terroriste fut également de replacer Ankara au centre de la scène géostratégique régionale. La Turquie, interface entre le Moyen-Orient et l’Europe, est une des puissances du pourtour méditerranéen. À ce titre, bien que sa population soit majoritairement d’origine turque et non arabe, elle pèse directement sur la politique arabe française.

Un des objectifs du gouvernement français fut donc d’apaiser les tensions avec la Turquie. Pourtant, en 2015, le déplacement de François Hollande à Erevan pour les cérémonies du centenaire du génocide arménien ne facilita pas les relations diplomatiques entre Ankara et Paris. Il en fut de même lorsqu’en janvier 2016 le président relança le processus pour la création d’une loi pénalisant la négation de ce génocide.

Parallèlement, la politique de Recep Tayyip Erdogan glissa de plus en plus vers l’autoritarisme et l’imprévisibilité. L’homme fort du pays, tour à tour Premier ministre et président, joua du statut de territoire de transit de la Turquie concernant les flux financiers, matériels et humains de Daech pour imposer ses choix politiques aux pays européens. Il put ainsi relancer les discussions sur le processus d’adhésion à l’Union européenne en contrepartie d’une aide dans la gestion des migrants en partance pour l’Europe.

La diplomatie française se retrouva coincée entre la volonté de ne pas trop s’afficher aux côtés d’un régime de plus en plus autoritaire et la nécessité de collaborer avec ce pays clés dans la lutte contre Daech.

L’influence de la politique arabe de la France sur la menace terroriste

Les liens entre la France et les pays arabes sous la mandature de François Hollande restèrent donc intenses et nombreux. De manière générale, si l’on fait exception de la Syrie, la France est encore un pays écouté et respecté par les chancelleries du monde arabe.

Pourtant, ces bonnes relations diplomatiques dénotent avec l’effondrement de l’image de la France au sein des populations de ces pays. Le discours de Dominique de Villepin au Conseil de sécurité de l’ONU en 2003 contre une intervention militaire en Irak fut rapidement oublié. Depuis, le statut de la France dans les sociétés arabes est passée de celui « d’avocat du monde musulman » à celui de « pays islamophobe » [12].

Cette évolution survint bien avant la présidence de François Hollande. Néanmoins, de nombreux facteurs, directement liés ou non à sa politique, continuèrent à alimenter ces critiques envers la France. Ce fut, pêle-mêle, les interventions militaires dans les pays arabes, le recul de l’Élysée sur la reconnaissance de la Palestine, les caricatures répétées du prophète ou la pénalisation du boycott des produits israéliens. Ces événements, bien que disparates, participèrent tous à ce ressentiment des populations civiles arabes envers la France.

Le pays des Lumières, de par ce qu’il représente dans l’imaginaire collectif universel était déjà une cible symbolique de choix pour les mouvements djihadistes. Mais tous ces événements vinrent encore se superposer au mythe de la France des droits de l’homme et facilitèrent ce discours djihadiste hostile à l’hexagone.

C’est justement sur ce point du terrorisme djihadiste que le bilan de François Hollande est peut-être le plus négatif. En effet, les différentes opérations militaires extérieures n’ont jamais été en mesure de stopper les attentats, que ce soit en Afrique du Nord, en Afrique subsaharienne, au Moyen-Orient ou en France. De plus, d’un point de vue national, un lien direct de cause à effet s’instaura insidieusement entre le terrorisme et la population française d’origine arabe. François Hollande fut incapable de restaurer un climat serein autour du sujet de l’identité nationale. Aujourd’hui, au sein de l’arène médiatique et politique, la question de l’islam de France semble être la seule pertinente dans la lutte contre le terrorisme. À l’inverse, les soubassements géopolitiques du terrorisme ont été évincés du débat public et ne semblent plus pouvoir apporter de solution au problème des attentats sur le territoire français.

Il est intéressant de noter ce glissement dans la perception du terrorisme par la société française, et plus particulièrement par sa classe politique. La lutte contre le terrorisme djihadiste fut en premier lieu surtout perçue comme une question de défense et de relation internationales. Pourtant, plus les attentats se multiplièrent et plus cette problématique se déplaça sur le terrain de la sécurité intérieure. Les solutions présentées par la classe politique furent de plus en plus orientées vers des réformes issues de la place Beauvau plutôt que du quai d’Orsay ou de l’hôtel de Brienne. Ce glissement n’est pas anodin. La sécurité à court terme de la population française dépend bien du ministre de l’Intérieur, mais l’éradication du terrorisme djihadiste est d’abord une question de politique étrangère nécessitant du temps. Il est impossible de lutter efficacement le terrorisme sur le territoire français en se focalisant uniquement sur des thématiques nationales. La violence islamiste est avant tout la conséquence des « séismes géopolitiques que représentent la période coloniale et l’ingérence des forces occidentales dans le monde musulman » [13].

En ce sens, il semble que la différenciation des multiples courants islamiques ne fut pas assez pris en considération par l’Etat français. C’est pourtant un facteur de premier ordre dans la lutte contre le terrorisme. Il est indispensable de distinguer les djihadistes à proprement dit, les courants salafistes ou l’islamisme modéré jouant le jeu de la démocratie et de la non-violence.

François Hollande soutint par exemple le parti islamiste modéré Ennhada en Tunisie, mais abandonna les Frères musulmans égyptiens. Il choisit ouvertement le camp du maréchal al-Sissi contre ces derniers pourtant démocratiquement élus. On peut dès lors se demander si ce choix ne fut pas le meilleur moyen d’augmenter le nombre de candidats au djihad en Egypte, alors même que la motivation première de François Hollande était de stabiliser la région contre la menace terroriste. De même, un appui plus prononcé au gouvernement islamiste modéré en Tunisie aurait pu être un message fort pour contrer la propagande djihadiste et le concept de guerre de civilisation.

De la même façon, il semble que le soutien nécessaire de Paris à certains pays arabes empêtrés dans des crises internes graves fut sous-estimé par François Hollande. Ce fut le cas en Tunisie, au Liban ou en Libye, trois pays en situation délicate où l’aide française diplomatique, financière ou technique ne fut pas à la hauteur des enjeux. Il apparaît pourtant évident que l’aggravation de ces multiples foyers de tension dans le monde arabe fait le jeu des groupes terroristes djihadistes.

Il est cependant difficile de critiquer vertement la politique arabe de François Hollande dans un contexte aussi trouble que celui des printemps arabes, de la guerre civile en Syrie et de l’essor de Daech. Dans un environnement aussi instable, il peut paraître difficile d’avoir une vision sur le long terme permettant une politique cohérente.

Néanmoins, comme le précise Didier Billion s’exprimant sur les discours de François Hollande lors des traditionnelles semaines des ambassadeurs, ceux-ci manquent « singulièrement de priorités et [constituent] en réalité plus une suite d’observations et de remarques générales sur l’Etat du monde qu’une véritable feuille de route pour les diplomates français » [14]. Or, la tenue d’une ligne claire et convaincante dans un cadre si instable que le monde arabe d’aujourd’hui est d’autant plus difficile que les choix politiques stratégiques n’ont pas été décidés en amont.

Dans moins d’un an, il est peu probable que le nouveau président ne suive une politique arabe plus lisible. Néanmoins, quel qu’il soit, sa priorité restera la lutte contre le terrorisme djihadiste. Cette dernière pourrait justement être l’occasion d’initier une vraie Politique de sécurité et de défense commune en Europe. Il sera également intéressant de voir si cette lutte contre le terrorisme deviendra un vecteur de collaboration ou une source de tension entre la France et les différents pays arabes.

[1] Dalle Ignace, « Les relations entre la France et le monde arabe », Confluences Méditerranée, 2016/1, n°96.
[2] Chagnollaud Jean-Paul, « Une politique à l’épreuve de ses contradictions », Confluences Méditerranée, 2016/1, n°96, p.9-12.
[3] Revault d’Allonnes David, op.cit., p.128.
[4] Morin Hervé, in La Tribune, « Hervé Morin : « Il faut un plan Marshall pour la Tunisie et le Maghreb ! » », le 11 juillet 2015.
[5] Hollande François, cité in Revault d’Allonnes David, Les guerres du Président, Seuil, Paris, 2015, p. 62.
[6] Boniface Pascal, Conférence d’IRIS Sup’, le 23 novembre 2015.
[7] Hollande François, Discours du président de la République devant le Parlement réuni en Congrès, le 16 novembre 2015.
[8] « Après les attentats à Paris, Sarkozy marque sa différence avec Hollande », in Les Échos, le 15 novembre 2015.
[9] Pinatel Jean-Bernard, in Atlantico, « Les bombardements français en Syrie obtiennent-ils des résultats autres que symboliques ? », le 21 novembre 2015.
[10] Curmi Brigitte, cité in Jauvert Vincent, op.cit., p.289.
[11] Ministère de la Défense, Livre blanc Défense et sécurité nationale – 2013.
[12] Boniface Pascal, « Comment et pourquoi l’image de la France s’est dégradée dans le monde musulman entre 2003 et maintenant ? », Conférence de l’IRIS, le 17 décembre 2015.
[13] Nabli Béligh, Géopolitique de la Méditerranée, Armand Colin, Paris, 2015, p.195.
[14] Billion Didier, « France – Turquie : entre tensions et normalisations… », Confluences Méditerranée, 2016/1, n°96, p.71-83.

« On nous impose une identité majoritaire, blanche et chrétienne »

IRIS - Tue, 22/11/2016 - 15:04

Depuis quelques mois, et surtout depuis les attentats de 2015, on n’a que le mot « République » à la bouche. Que révèle, selon vous, cette obsession de la République ?

Cela révèle l’absence de réponse aux problèmes actuels. Plutôt que de se lancer dans des discours complexes, les politiques optent pour une réponse a priori facile et consensuelle. Dès lors, le discours « républicain » tente de combler un double déficit en termes d’offre et de résultats politiques.

Tout le monde est républicain mais il existe des visions conflictuelles de la République et de la Nation…

La notion de « République » revêt divers sens : elle renvoie à la fois à la chose publique (Res publica) et à l’Etat, à une forme de gouvernement (opposée à la monarchie) et à un système de valeurs. Le débat actuel porte essentiellement sur sa dimension axiologique : les responsables politiques invoquent les valeurs républicaines comme si elles allaient de soi. Or la crise actuelle est une crise de valeurs communes. Il suffit d’interroger la devise de la République.
•Quel est le sens de « la liberté » au moment l’état d’urgence devient un « état normal » ?
•Que signifie « l’égalité » dans une société d’inégalités sociales et territoriales ?
•Que signifie « la fraternité » dans une société où l’individualisme prime et dans laquelle la solidarité avec les réfugiés se manifeste a minima.
•Que signifie la « laïcité », lorsque ce principe fondamental défini par la Loi libérale de 1905 est détourné de son sens profond pour être instrumentalisé ?

D’un côté, on aurait cet idéal républicain comme projet porté par la devise « liberté/égalité/fraternité », de l’autre certains ne se considèrent comme membres de la République alors qu’ils sont français. Est-ce un problème de transmission de ces valeurs, notamment à l’école ?

L’école française, » institution reine » de la République est devenue une machine d’ « autoreproduction sociale », une machine à creuser les inégalités (voir les rapports successifs de l’OCDE). Soit exactement le contraire de sa vocation première dans l’idéal républicain.

Le cœur de la défiance se situe dans cette promesse de mobilité sociale de moins en moins tenue. Difficile, dans ces conditions, de croire encore dans la méritocratie républicaine. Surtout que dans une société, qui une fois sortie de l’école, l’héritage (ou le capital économique, social et culturel) continue de primer sur le travail.

Vous pointez une autre question : les enjeux de la vie de la cité sont appréhendés sous l’angle de l’identité. En quoi est-ce un problème ?

Dans le monde politique comme médiatique, on souligne les identités des uns et des autres. D’une part, il s’agit d’une grille de lecture anti-républicaine puisque la République ne reconnaît pas les origines. D’autre part, cette vison tend à se substituer à une grille de lecture sociale, par classes sociales.

On assiste à une « identitarisation » de la société française qui renvoie à une vision communautariste de la société que l’on est censé combattre. Ce discours est porté par des intellectuels et éditorialistes comme Alain Finkelkraut ou Elisabeth Lévy mais aussi par nombre de responsables politiques, nationaux et locaux, de droite comme de gauche.

Une dérive que l’on constate y compris de la part des agents de l’Etat comme l’atteste la dernière « alerte enlèvement » lancée dans la soirée du mardi 18 octobre, dans laquelle le ravisseur présumé (le père d’un bébé recherché) a été décrit – avant que la formulation ne soit rectifiée par les services du ministère de la Justice – comme un individu de «race noire».

Durant l’été dernier, dans l’affaire de la « rixe de Sisco », le procureur de la République de Bastia a présenté les protagonistes comme étant d’un côté des « villageois » et de l’autre une « famille maghrébine ».

Comment la République qui se voulait porteuse des idées de progrès ou d’émancipation est devenue identitaire ?

Cette dérive identitaire n’est pas propre à la droite ou à l’extrême droite. Une partie de la gauche adopte cette grille de lecture identitaire, à travers la « laïcité de combat ». La Laïcité est un principe juridique de séparation de l’Etat et des religions (nul ne doit s’immiscer dans les affaires de l’autre), qui garanti notamment la neutralité religieuse de l’Etat (c’est-à-dire de ses agents) et la liberté de conscience (croire ou ne pas croire). Cette conception a été consacrée par la grande loi de 1905.

Or, on constate à gauche l’affirmation et le développement d’une conception plus intrusive de la laïcité : la neutralité religieuse devrait également s’imposer aux individus dans l’espace public. Un discours qui rejoint, in fine, une construction discursive née à l’extrême droite et qui fait de l’arabo-musulman (même citoyen Français) un ennemi intime de la France, et aujourd’hui celui de la République laïque.

La question de l’identité ne doit donc pas être posée ?

La question de l’identité de doit pas être tabou dès qu’il s’agit de définir les valeurs communes d’une nation.
Mais, aujourd’hui, le débat n’a rien de constructif puisqu’il revient à imposer une identité majoritaire, blanche et chrétienne pour aller vite, à l’ensemble des Français.

C’est la « tyrannie de la majorité » pour paraphraser Alexis de Tocqueville. La République est « une et indivisible », mais la société française est multiculturelle, il n’y a pas forcément de contradiction dès lors que l’on accepte l’idée de citoyens aux identités multiples mais qui s’identifient tous à des valeurs et lois communes.

Les vagues d’immigration ont changé le visage de la France mais il semble difficile de reconnaître cette société multiculturelle.

On est dans une situation de déni de la société multiculturelle. Le phénomène est aujourd’hui décrié alors que, dans les années 80, on le valorisait.

On confond la reconnaissance d’un phénomène social avec la doctrine multiculturaliste qui n’est pas dans notre tradition républicaine.

Pour moi, la cause de ce déni tient au refoulé colonial. L’affaire du burkini montre très bien qu’en France, pour un certain nombre de personnes, il faut se vêtir dans l’espace public suivant des normes sociales non définies par la loi de la république, mais par une vision déformée de l’ordre public et de la laïcité. Il a fallu attendre la décision du Conseil d’Etat pour que l’Etat de droit soit rétabli; mais la bataille idéologique, elle, continue…

Comment articuler une société de plus en plus multiculturelle et une République « une et indivisible » qui ne reconnaît pas d’appartenance particulière ?

Tout d’abord, en étant honnête historiquement. C’est une offense à l’histoire nationale de vouloir la résumer à « nos ancêtres les Gaulois ». Notre histoire nationale est plus riche et complexe. De même que l’histoire de la République. Elle est l’héritière des Lumières et de la révolution de 1789. Mais elle a aussi développé un discours racialiste et colonialiste. ce n’est dans l’intérêt de personne de taire cet héritage complexe.

Lorsque François Hollande place son quinquennat sous les hospices de Jules Ferry, il revendique l’héritage du bâtisseur de l’école publique mais il semble ignorer que Jules Ferry est aussi celui qui a prôné la colonisation et la mission civilisatrice de la France au nom des valeurs de la République.

Ensuite, comme je l’ai déjà dit, il faut donner du sens au valeurs de la République. C’est un projet à réaliser, non un acquis.

Staatspräsident Michel Aoun: Neue Hoffnung für den Libanon?

Hanns-Seidel-Stiftung - Tue, 22/11/2016 - 13:23
Wenn man die Vita Michel Aouns Revue passieren lässt, kommt man nicht umhin, ihn einerseits als umstrittene Person zu bezeichnen, andererseits aber auch festzustellen, dass er bei vielen Libanesen großes Ansehen genießt. Letzteres hängt nicht zuletzt mit seiner Rolle während des libanesischen Bürgerkriegs zusammen.

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