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Diplomacy & Defense Think Tank News

Eine europäische »Special Relationship«

SWP - Fri, 25/11/2016 - 01:00

»Brexit heißt Brexit«, versichert die britische Regierung ihren Bürgerinnen und Bürgern, nachdem diese mehrheitlich dafür votiert haben, die Europäische Union zu verlassen. Doch vor Aufnahme der formellen Austrittsverhandlungen ist noch völlig offen, wie die künftigen Beziehungen zwischen EU und Großbritannien ausgestaltet sein werden. Zwar sprechen wirtschaftliche Interessen beider Seiten dafür, das Land möglichst vollständig in den Binnenmarkt einzubinden, sofern London dessen Konditionen akzeptiert. Doch die politische Dynamik in Großbritannien steuert auf einen »harten Brexit« zu. Modelle einer Teilintegration, wie sie die EU mit Norwegen oder der Schweiz unterhält, lehnt Premierministerin May kategorisch ab. Zur Neugestaltung der Beziehungen sollten die EU und Deutschland daher eine spezifische Lösung für Großbritannien anstreben – eine europäische »Special Relationship«. Damit bliebe das Land ein enger Partner, der jedoch außerhalb des Binnenmarkts und der EU-Institutionen steht.

A European “Special Relationship”

SWP - Fri, 25/11/2016 - 01:00

“Brexit means Brexit”, Prime Minister Theresa May promised the British, after a majority voted in June to leave the European Union. But at this point, before formal exit talks have even begun, the shape of future relations between the EU and the UK is still absolutely open. Economic interests on both sides speak for integrating the country as fully as possible into the internal market – if London could agree to accept its conditions. But the thrust of British politics is driving towards a “hard Brexit”. Theresa May categorically rejects partial integration models of the kind enjoyed by Norway and Switzerland. In the process of reshaping the relationship, Germany and the EU should therefore seek a specific solution for the British: a European “special relationship”. This would allow the UK to remain a close partner, but outside the internal market and the EU institutions.

Wahlkampf und Parteien: Neue Ausgabe von Diálogo Político erschienen

Konrad Adenauer Stiftung - Fri, 25/11/2016 - 00:00
Die neue Ausgabe des spanischsprachigen Politikmagazins Diálogo Político schaut sich die Themen Wahlkampf und Parteien aus lateinamerikanischer Sicht näher an.

Grand bond en arrière : pourquoi les prédictions d’une Chine plus démocratique à mesure qu’elle s’enrichissait se sont révélées fausses

IRIS - Thu, 24/11/2016 - 15:40

Si les Etats-Unis ont longtemps pensé que le développement économique de la Chine s’accompagnerait à terme d’une transformation de l’appareil politique, la réalité d’aujourd’hui est bien différente.

Depuis Richard Nixon, les présidents américains ont soutenu l’émergence économique de la Chine, considérant que plus la Chine deviendrait riche, plus ses pratiques se rapprocheraient de celles des pays développés et plus les relations seraient facilitées. Dans quelle mesure les réalités à l’œuvre en Chine aujourd’hui contredisent-elles ce raisonnement ? Dans quels domaines peut-on constater une tendance inverse (plus répressive) ?

Les 45 dernières années, marquées sous l’établissement de relations entre la Chine et les Etats-Unis, traduisent surtout les difficultés que les dirigeants américains ont éprouvées à définir cette relation.

Quand Nixon, après Kissinger, se rend à Pékin et y rencontre Mao, son objectif est surtout politico-stratégique. Il cherche à isoler Moscou en se rapprochant de l’autre géant communiste, qui a depuis plus d’une décennie opéré une rupture radicale avec le grand frère soviétique. C’est de la realpolitik diraient certains, du cynisme à la sauce Kissinger accuseraient d’autres : la Chine est en pleine révolution culturelle, et ses « valeurs » semblent alors aux antipodes de celles de Washington. C’est avec le libéralisme des années Reagan, qui coïncident avec la mise en place des réformes de Deng Xiaoping à Pékin, que la question du développement économique de la Chine fait son apparition. Les années 1990 sont plus confuses. D’un côté, l’administration Clinton pousse à l’entrée de la Chine dans l’OMC, ce qui sera concrétisé en novembre 2001, et au développement économique chinois. De l’autre, les évènements de la place Tian Anmen en mai-juin 1989 ouvrent une période de suspicion entre les deux pays qui n’est pas encore close. Les libéraux qui ont alors le vent en poupe à Washington ont la plus grande difficulté à définir cet objet qu’est la Chine, à la fois promise au plus bel avenir économique, mais dont le système politique ne change pas. C’est aussi à partir de cette époque qu’émergent des thèses inspirées par les travaux de Samuel Huntington sur la troisième vague démocratique et les trajectoires de Taiwan ou de la Corée du Sud, posant la question de savoir si le développement économique de la Chine conduira inévitablement à une réforme profonde de ses institutions.

Vingt ans plus tard, la question reste en suspens, mais il semble cependant que la montée en puissance économique de la Chine, à laquelle l’Etat-parti est profondément associé, ne se traduise pas par une transformation de l’appareil politique, qui se contente d’une adaptation (objet de nombreux débats d’ailleurs entre plusieurs écoles de pensée) et s’inquiète de changements trop radicaux et porteurs d’incertitudes. Bref, contrairement à ce qui était, et est toujours, souhaité à Washington, la Chine évolue mais ne change pas. On constate même, depuis l’arrivée au pouvoir du tandem Xi Jinping – Li Keqiang, un renforcement de l’autorité du pouvoir central, alimenté par une campagne de lutte contre la corruption qui est aussi l’occasion d’éliminer des factions concurrentes, nourri par un sentiment de fierté nationale retrouvée, et qui se traduit par une affirmation plus décomplexée de la puissance, tournant définitivement la page des recommandations de Deng Xiaoping à faire preuve de retenue, notamment sur la scène internationale. De même, en faisant entrer la Chine à l’OMC, les Etats-Unis pensaient pouvoir la contenir, la contrôler, mais ils ont finalement fait entrer le loup dans la bergerie, et la Chine déstabilise aujourd’hui toutes les institutions internationales qualifiées par des économistes comme Joseph Stiglitz de « consensus de Washington », véritables fondements de la puissance américaine depuis 1945. Les ambitions de Xi Jinping, avec le projet One Belt, One Road, l’élargissement de l’Organisation de coopération de Shanghai avec l’adhésion de l’Inde et du Pakistan ou encore la création de la Banque asiatique d’investissements dans les infrastructures (AIIB), projets multiples sur lesquels les Etats-Unis sont totalement absents, quand ils ne se sont pas eux-mêmes exclus, ne font que confirmer cette nouvelle donne. Avec l’émergence d’un modèle chinois et le ralliement de nombreux pays à Pékin, dans les régions en développement en particulier, c’est à la constitution d’un véritable bloc à laquelle nous pourrions assister, certains observateurs n’hésitant pas à faire mention d’un « consensus de Pékin », en opposition au « consensus de Washington ». La Chine se refuse pour l’heure à un tel pronostic, et réfute le principe de l’émergence d’un consensus de Pékin. Mais la capacité d’attraction de ce pays pourrait changer la donne, et imposer de facto un véritable modèle, tant en matière de développement que de gouvernance.

On constate ainsi que la montée en puissance de la Chine, multiforme, ne s’est pas passée comme les Américains l’avaient prévu, mais c’est surtout parce qu’ils n’ont finalement rien prévu du tout. Il n’y a pas de cohérence dans la politique chinoise des Etats-Unis depuis 45 ans. Au-delà de l’opportunisme, la question de savoir pourquoi se rapprocher de la Chine n’a jamais été posée, de même que celle de savoir avec « quelle » Chine les Etats-Unis voulaient traiter. En ce sens, la relation avec la Chine ne fait qu’illustrer les hésitations, errements même, de la politique étrangère américaine, en particulier depuis la fin de la Guerre froide. Le dernier exemple en date est l’échec de la stratégie du pivot de l’administration Obama, disputée par l’opportunisme des dirigeants philippins et malaisiens, qui préfèrent céder aux sirènes des investissements chinois, et que l’administration Trump va définitivement enterrer, notamment en revenant sur l’accord de libre-échange transpacifique (TPP) que le nouveau président élu rejette avec force. A la place, Washington proposera des accords de libre-échange bilatéraux, ce qui existe déjà avec certains pays, et ce qui confirme surtout des ambitions revues à la baisse.

Comment expliquer les erreurs d’interprétation de la montée de la Chine qui ont été faites dans le monde occidental ?

Tentons d’identifier quelles sont ces erreurs d’interprétation afin d’y répondre. La croissance économique chinoise a d’abord été longtemps sous-estimée, voire même niée. Dans les années 2000, les cercles économiques et les think tanks évaluaient ainsi autour de 2050 la date à laquelle le PIB chinois dépasserait celui des Etats-Unis. Puis cette date est passée à 2030, et enfin 2020, ce qui semble assez juste. Ce rétrécissement du temps, en une décennie, est étonnant. Faut-il y voir une sorte de méthode Coué, visant à minimiser la croissance chinoise en espérant que cette dernière ralentisse ? Sans doute. S’ajoute à cela une incapacité à anticiper les adaptations de la Chine à une économie mondiale en mutation, et dont elle est progressivement devenue le pivot. Au niveau diplomatique ensuite, et plus précisément l’image de Pékin dans le monde. La Chine reste assez mal perçue dans le monde occidental, mais la réalité est différente dans les pays en développement, où les investissements chinois sont très bien accueillis, et pour cause. Les pays occidentaux continuent de fantasmer sur le fait que parce qu’ils n’aiment pas la Chine et le régime chinois, le reste du monde pensera comme eux. Il est temps d’ouvrir les yeux sur le fait que la Chine est acceptée partout dans le monde comme une puissance de premier plan, qu’on s’en réjouisse ou non. Au niveau culturel également, domaine dans lequel la Chine est parvenue, à force de moyens considérables et d’une stratégie de soft power savamment construite, à se faire reconnaître comme un pôle de puissance atemporel (en mettant notamment l’accent sur le fait que les 150 dernières années ne furent qu’une parenthèse douloureuse dans une histoire plurimillénaire). Là aussi, et sous l’influence des Etats-Unis, les pays occidentaux ont tardé à prendre la mesure du sens de l’histoire, proposant une grille de lecture trop limitée, comme si la chronologie des relations internationales commençait en 1945. Au niveau politico-stratégique enfin, les Etats-Unis n’ont jamais cherché à comprendre les motivations chinoises justifiant sa montée en puissance militaire, et son affirmation de puissance dans son environnement régional, se contentant d’y voir une menace pour la stabilité et de chercher à la contrer.

Les raisons expliquant ces erreurs de jugement sont multiples. D’abord une inadaptation stratégique aux équilibres post-Guerre froide. La plupart des décideurs et des analystes américains ont été formés pendant la période de rivalité avec Moscou, et ont parfois du mal à sortir de ces schémas de pensée. Ensuite, ce que le politologue américain Christopher Fettweis a récemment qualifié dans un ouvrage éponyme et passionnant de « pathologies de la puissance », que sont la peur, l’honneur, la gloire et l’hubris, pour ne pas dire globalement l’arrogance. La politique étrangère américaine s’est, de manière étonnante, montrée assez médiocre dans sa capacité à s’adapter à un nouvel environnement international. C’est le cas au niveau sécuritaire (où sont passées les guerres que Washington remportait), mais aussi économique et diplomatique. Résultat, et la Chine n’en est qu’un exemple, Washington ne pèse plus sur la scène internationale de manière aussi décisive que dans les années 1990, quand Bill Clinton faisait mention de la « nation indispensable ». Enfin, l’incapacité à définir ce que les Etats-Unis souhaitent faire en Asie. Endigagement de Bush fils, stratégie du pivot d’Obama (portée par Hillary Clinton)… des slogans souvent vides de sens que se renvoient Républicains et Démocrates, et qui se traduisent au final par des résultats médiocres. Car la réalité est là, même si elle reste niée : les Etats-Unis ne pèsent plus sur les affaires asiatiques avec la même force qu’au début du millénaire, et la montée en puissance de la Chine en est la raison.

Reste la question, très prégnante dans les cercles stratégiques américains, du China bashing comme grille d’analyse simpliste, sorte de prêt-à-penser pour stratèges peu au fait des réalités du monde actuel (et qui devraient sortir de leurs cercles) et dirigeants politiques élus sur des programmes de politique intérieure (c’est-à-dire tous les présidents américains depuis Bush père), et n’ayant aucune connaissance des dossiers de politique étrangère (sans parler d’une absence de vision sur ces questions, à l’exception notable, mais non aboutie, de Barack Obama). Sur ce point, Républicains et Démocrates se rejoignent, et il est parfois sidérant de constater à quel point l’analyse de la Chine est réductrice, parti-pris, et surtout négative par essence dans les cercles stratégiques américains. Crainte de la montée en puissance militaire, satisfaction à peine dissimulée quand la croissance chinoise est au ralenti, incapacité à saisir la complexité de la relation entre Pékin et ses voisins… Les experts de l’Asie en général, et de la Chine en particulier, aux Etats-Unis ont une solide connaissance des dossiers, mais une interprétation qui laisse souvent pantois.

Alors que la politique chinoise des États-Unis a été relativement stable depuis 40 ans (intensification des liens, encouragement de la croissance et de la modernisation de la Chine), peut-on s’attendre à ce que les Américains, sous le mandat de Donald Trump, modifient leur approche et posent les bases d’une nouvelle relation ?

Cette « stabilité » reste discutable, si on s’arrête sur quelques évènements qui complexifièrent la relation entre les deux pays, comme les évènements de la place Tian Anmen ou le bombardement de l’ambassade de Chine à Belgrade en 1999. Mais il est certain que globalement, et en dépit d’une rivalité à peine voilée, les deux pays se sont progressivement imposés comme des partenaires, au point que certains analystes ont, de manière sans doute réductrice compte-tenu de cette rivalité maintenue, fait état d’un G2 entre Pékin et Washington.

Il est également certain que les différentes administrations américaines ont soutenu le développement de la Chine – ce qui ne les a pas empêchées de s’en inquiéter – et des réformes à Pékin – souvent ignorées par les dirigeants chinois. Disons pour simplifier et en caricaturant à peine que la définition donnée à la « modernisation » de la Chine n’est pas la même à Washington et à Pékin.

L’administration Trump apportera-t-elle son lot d’ajustements dans la politique chinoise de Washington ? Sans aucun doute, et l’annulation programmée du TPP en est la première manifestation. Mais reste à savoir quelle direction exacte sera prise, et donc s’il s’agira d’une rupture profonde, pour le meilleur comme pour le pire. Depuis quelques années, en marge de la stratégie du pivot de l’administration Obama, de nombreux experts américains se sont interrogés sur la pertinence d’un « grand bargain » (que nous traduirons par grand marchandage) avec la Chine, en vue de maintenir une présence américaine en Asie, et de garantir la stabilité de cette région, pour ne pas dire du monde. Ce marchandage part de l’idée selon laquelle la montée en puissance chinoise est désormais inexorable et que, plutôt que de chercher à la contenir inutilement, il serait préférable de s’y associer, afin de maintenir des acquis. Au passage, notons que c’est l’attitude qu’adoptent aujourd’hui d’autres acteurs internationaux vis-à-vis de la Chine, à commencer par les puissances européennes qui se sont par exemple ralliées à l’AIIB dès sa création. Dans les faits, ce marchandage suppose d’accepter le rôle accru de la Chine dans les affaires asiatiques, mais aussi de lâcher du lest sur certains dossiers sensibles, comme Taiwan (ce marchandage est ainsi présenté par certains experts comme une remise en question des accords stratégiques avec Taipei). Reste à savoir où se situerait le niveau de ce marchandage, et dans quelle mesure il ne placerait pas de facto la Chine en position de force (sans mauvais esprit, les Chinois sont passés maîtres dans l’art du marchandage, ce qui n’est pas le cas des Américains). Une approche risquée donc, et qui serait une immense victoire pour Pékin, mais que pourrait cependant privilégier l’administration Trump. A-t-elle d’autres options sur la table compte-tenu des déboires de la politique étrangère américaine et des avancées de la Chine ? Pas sûr. Entre déterminisme et réalisme défensif, la politique chinoise de Trump pourrait ainsi poser les jalons de ce grand marchandage. Sans doute une bonne nouvelle pour la stabilité et la paix, une moins bonne pour l’idée que certains se font de la politique étrangère américaine, et d’un messianisme devant nécessairement l’accompagner.

Quelle forme pourrait prendre la relation sino-américaine en vue de garantir la stabilité mondiale ? Que devraient changer ces deux pays dans leur approche pour éviter de tomber dans le « piège de Thucydide » (concept formulé par l’historien Graham Allison qui désigne l’antagonisme qui oppose la puissance établie, ici les Etats-Unis, et la puissance ascendante, ici la Chine à tel ou tel moment de l’histoire, la montée en puissance de la seconde, la crainte qu’elle suscite chez la première, et le risque de guerre qui en résulte) ?

Cette question est à mon sens au cœur des relations internationales contemporaines, et sera structurante dans les prochaines années. Le « piège de Thucydide », qui suppose qu’une transition de puissance s’accompagne nécessairement d’une situation conflictuelle, a de son côté alimenté toutes les thèses (certaines intéressantes et appuyées sur les travaux de Robert Gilpin ou de Dale Copeland, d’autres beaucoup moins) sur l’inévitabilité d’un conflit entre la Chine et les Etats-Unis. On peut cependant assez facilement objecter à cette démonstration assez simpliste qui se base le plus souvent sur une répétition discutable de l’histoire. D’une part, rien n’indique que ce passage de relais doit nécessairement engendrer un conflit. Il n’y a pas de règle en la matière, juste des exemples. De nombreuses études sérieuses se sont penchées sur la question, et en concluent que s’il existe un risque important, on ne peut parler de relation automatique et déterminée de cause à effet. D’autre part, ce n’est pas toujours à la suite de conflits que des puissances ont émergé pour devenir « première puissance mondiale », si on donne un sens économique à cette définition (que la mise en avant des PIB et le classement qui l’accompagne semble confirmer). On pourrait ainsi mentionner le cas des Etats-Unis, qui se sont imposés dans la première moitié du XXème siècle, mais sans vaincre le Royaume-Uni, alors première puissance mondiale, ce pays étant même leur principal allié dans deux conflits successifs. La guerre a affaibli Londres et renforcé Washington, c’est une certitude, mais tous deux étaient dans le même camp, celui des vainqueurs a fortiori. En suivant cette logique, on peut même considérer que c’est en gagnant une guerre que le Royaume-Uni a cédé sa place de première puissance mondiale… Ce qui remet en question la thèse de la défaite et de la victoire comme accélérateur du passage de relais d’une puissance à une autre. En clair, la guerre comme transition de puissance est une possibilité et, dans certains cas une forte probabilité, mais certainement pas une fatalité. Les chances se réduisent même dès lors qu’aucun des potentiels belligérants n’a d’intérêt manifeste à précipiter un conflit.

Plus près de nous, la Guerre froide entre les Etats-Unis et l’Union soviétique n’a pas dégénéré en conflit armé à grande échelle, et s’est malgré tout soldée par la victoire totale de l’un des deux camps. Washington n’a pas ainsi eu besoin de combattre son principal adversaire pour s’imposer comme l’unique superpuissance et marquer l’entrée dans un monde unipolaire. C’est même à partir du moment où les dirigeants soviétiques ont reconnu leur incapacité à poursuivre la rivalité que la Guerre froide s’est achevée. Dès lors que Mikhaïl Gorbatchev prit les commandes de l’Union soviétique en 1985, et une fois les réformes engagées, le renoncement au bras de fer avec les Etats-Unis et, par voie de conséquence, la reconnaissance de la « défaite », s’imposait comme une évidence pour un pays au bord de la banqueroute.

Mais que nous enseigne cette « fin » de la Guerre froide entre les Etats-Unis et l’Union soviétique si on l’applique à la relation Washington-Pékin ? D’une part, et il n’est pas inutile de le rappeler, que la Guerre froide était une perception partagée des deux côtés du rideau de fer. Or, dans le cas présent, la question de savoir si dirigeants américains et chinois sont « d’accord pour ne pas être d’accord » mérite clairement d’être posée, mais elle reste en suspens. D’autre part, la Guerre froide était, il convient également de le rappeler, un combat idéologique.

Et sur ce point, la relation Washington-Pékin ne semble pas aussi nettement opposer deux idéologies rivales que l’Est et l’Ouest pendant plus de quatre décennies. Enfin, la Guerre froide n’a pris fin que dès lors que l’un des deux belligérants – l’Union soviétique – s’est avoué vaincu. Or, dans la situation actuelle, on imagine difficilement les Etats-Unis reconnaître une défaite (d’autant que la nature de cette dernière resterait à définir) et on imagine encore moins la puissance émergeante qu’est la Chine, promise au plus bel avenir, courber l’échine comme l’a fait Moscou à la fin des années 1980. Certes, la situation est susceptible d’évoluer, et évoluera probablement dans la durée, mais dans le rapport de force actuel entre les deux pays, et la permanence de leur statut de puissances de premier plan, semble exclure le scénario d’un « aveu d’échec ».

Il reste donc à définir, ou redéfinir, ce qu’est la relation entre les Etats-Unis et la Chine, et dans quelle catégorie, si catégorie il y a, elle doit être rangée. S’agit-il d’une nouvelle forme de relation, entre deux puissances qui s’observent à distance et évitent les sujets qui fâchent, mais ne peuvent éviter de se retrouver sur de multiples dossiers ? S’agit-il d’une situation transitoire, une sorte de passage de relais qui se fait sans heurts, mais dans lequel tous les coups sont cependant permis ? S’agit-il d’une « guerre » d’un genre nouveau, dont les contours autant que les aboutissements restent imprécis ?  Sans doute un peu de tout cela à la fois. Parce qu’elle est plus complexe que toutes les relations qui ont concerné les grandes puissances par le passé, parce qu’elle est à la fois d’une grande proximité et emprunte d’une méfiance réciproque qui invite nécessairement à la prudence, à Pékin comme à Washington, parce qu’elle est parfois d’une grande violence mais évitera tant que possible de basculer en conflit armé, la relation entre les Etats-Unis et la Chine est ce que j’ai qualifié dans l’un de mes ouvrages publié en 2014 de « guerre pacifique », qui impose de nouvelles grilles de réflexion.

Quels pourraient être les grands domaines de coopération entre ces deux pays ?

Dans son célèbre Paix et guerre entre les nations, et critiquant au passage l’approche à son sens trop limitée des relations internationales offerte par les auteurs réalistes (en particulier, et déjà, par les auteurs américains), Raymond Aron distingue des systèmes dits homogènes et hétérogènes, expliquant : « j’appelle systèmes homogènes ceux dans lesquels les Etats appartiennent au même type, obéissent à la même conception du politique. J’appelle hétérogènes, au contraire, les systèmes dans lesquels les Etats sont organisés selon des principes autres et se réclament de valeurs contradictoires ». Voilà une parfaite définition d’une multipolarité dans laquelle la Chine aurait une place centrale, et voilà une définition encore plus exacte d’un système dans lequel les Etats-Unis et la Chine rivalisent, mais cohabitent et coopèrent malgré tout. C’est l’acception de l’altérité (François Jullien parlerait « d’écarts culturels ») qui est ici en jeu. Les différences entre les deux pays sont en effet innombrables, et portent sur tous les sujets, ce qui impose une grande prudence dans la manière avec laquelle nous devons appréhender et tenter de décrypter la relation Chine – Etats-Unis. C’est avec le souci de mettre en avant ces systèmes hétérogènes, qui permettent de mieux comprendre les décalages fréquents entre la posture et les stratégies de Washington et celles de Pékin, que les deux pays seront en mesure de coopérer sur la scène internationale, et d’imposer une multipolarité polyphone, c’est-à-dire définie par des acteurs aux sensibilités très différentes, mais pas nécessairement ennemis. A partir de ce constat, les domaines de coopération sont multiples, je dirais même sans limite, à condition qu’ils s’établissent dans un climat de confiance et de respect mutuel. Les Américains doivent accepter la nouvelle réalité d’une Chine superpuissance, et les Chinois doivent de leur côté lutter contre la tentation de l’arrogance, pathologie qui gangrène souvent les puissances ascendantes et qui se sentent pousser des ailes. Si les dirigeants américains et chinois font preuve de sagesse et parviennent à surmonter ces écueils, tout en restant à l’écoute des autres acteurs et en assumant leurs responsabilités, la coopération peut être très productive.

Nichts für Demokraten

SWP - Thu, 24/11/2016 - 14:04
Die G20 zeigt, welche Probleme durch informelles Regieren entstehen

Nichts für Demokraten

SWP - Thu, 24/11/2016 - 14:04
Die G20 zeigt, welche Probleme durch informelles Regieren entstehen

Bilan de la COP 22 : action ou échec ?

IRIS - Thu, 24/11/2016 - 11:10

La COP 22 a-t-elle débouché sur des avancées et des mesures concrètes en termes de lutte contre le réchauffement climatique ? Quel bilan peut-on en dresser ? A-t-elle été un succès pour le Maroc ?

Annoncé comme une COP de l’action après celle de Paris, Marrakech n’a pas été à la hauteur des attentes. Peu de décisions ont été prises, si ce n’est la fixation de l’agenda des années à venir. 2018 sera une année cruciale car les objectifs de réductions d’émissions de gaz à effet de serre (GES) pourraient être revus à la hausse par les pays développés. Certains pays comme l’Allemagne ont ainsi annoncé leur plan pour 2050 (réduction des émissions de 80 à 95% par rapport à 1990). Une plateforme des stratégies 2050 a d’ailleurs été créée. Côté financement, si la dotation de l’enveloppe de 100 milliards progresse, les discussions sur les modalités d’utilisation des fonds demeurent difficiles. Les Etats ne sont pas toujours d’accord sur les priorités à donner à l’atténuation, ce que demandent les pays développés, ou à l’adaptation, exigence des pays en développement qui, pour la plupart, affrontent déjà les conséquences des changements climatiques.
L’initiative AAA (Adaptation pour l’agriculture africaine), portée par le Maroc, a aussi été critiquée par certaines ONG (Rabat, premier producteur de phosphate est en effet suspecté de vouloir capter une partie des fonds en promouvant le recours aux engrais phosphatés). Le principal problème reste l’absence de discussion sur l’écart à combler entre les contributions nationales proposées et les efforts restant à faire pour atteindre les objectifs de limitation à 2°C – voire l’hypothétique limite de 1,5 – inscrits dans l’Accord de Paris. Le PNUE rappelait dans un rapport publié juste avant la conférence que celles-ci nous plaçaient pour l’heure sur une trajectoire d’augmentation de la température de 2,9 à 3,4°C d’ici la fin du siècle. C’est insuffisant.

Onze Etats ont profité de la COP 22 pour ratifier l’Accord de Paris, ce qui porte le nombre de ratifications à 110 en plus de celle de l’Union européenne. D’autres pays, notamment la Russie, se font attendre. Quels sont ces pays réticents à une ratification et pour quelles raisons ? Existent-ils des leviers pour les inciter à passer à l’acte ?

Le fait que l’Accord de Paris entre en vigueur quelques jours avant l’ouverture de la COP22 constitue une bonne nouvelle, et une première mais cela est bien loin de résoudre l’ensemble des problèmes.
Si la Russie ne ratifie pas, c’est parce qu’elle préfère voir venir et qu’elle n’a pas encore de contrepartie suffisamment intéressante. Rappelons que sa ratification du Protocole de Kyoto, nécessaire à son entrée en vigueur après le désistement américain, avait été obtenu contre son adhésion à l’OMC et à la condition que l’année 1990 constitue la date de référence pour l’effort de réduction (l’économie et l’Union soviétique s’étant effondrées l’année suivante, cela permettait à Moscou d’atteindre ses objectifs dès la signature). L’Accord de Paris étant entré en vigueur, il n’y a pas lieu de se presser pour la Russie qui souhaite prendre son temps pour évaluer l’impact de l’Accord de Paris – guère populaire au sein des entreprises – en Russie, dont l’économie reste largement dépendante des exportations de pétrole et de gaz. Le gouvernement souhaite ainsi élaborer une stratégie de développement bas carbone avant de ratifier le texte et peut-être voir les sanctions internationales maintenues à son encontre s’assouplir…

L’annonce de la victoire de Trump aux élections présidentielles américaines a eu cours pendant la COP22. A-t-elle impacté son bon déroulement ? Concrètement, un climato-sceptique à la tête des Etats-Unis peut-il remettre en cause les engagements du pays pris en faveur du climat ?

La victoire de Trump a surpris tout le monde, y compris le secrétariat de la Convention climat. Cela a eu un impact sur l’ambiance de la COP22 et aurait pu être un facteur de démobilisation, mais finalement, les Etats ont plutôt fait bloc pour ne pas totalement briser l’élan de l’année dernière. Ban Ki-Moon s’était montré rassurant à la tribune, les faits semblent lui donner raison puisque que le futur président américain a annoncé qu’il restait ouvert sur cette question, déclarant, au New York Times le 22 novembre, qu’il pensait qu’un lien existait entre les activités humaines et le changement climatique. Interrogé sur la sortie de l’Accord de Paris, il n’a répondu ni par l’affirmative ni par la négative, arguant qu’il « suivait la question de très près ». La nomination du climato-sceptique Myron Ebell à la tête de l’Agence pour la protection de l’environnement n’est toutefois guère encourageante. Ce « revirement » pose surtout deux questions distinctes : d’abord celle de la capacité des candidats, dits populistes, à respecter les engagements pris devant leurs électeurs et ensuite celle du poids et de la manière dont peut s’exercer la contrainte internationale. Malgré le fait que l’Accord de Paris ne soit quasiment pas contraignant, y participer demeure important. L’idée est que la contrainte est exercée par le groupe ; tout Etat qui cherche à s’y soustraire prend le risque de s’opposer à ses partenaires, de détruire le texte et de rompre la confiance engendrée jusque-là. C’est une lourde responsabilité. C’est aussi la preuve qu’il est très délicat – voire impossible – d’établir des pronostics sur le comportement de Donald Trump et sur les mesures qu’il choisira d’appliquer ou non, sur les postures qu’il prendra. Une nouvelle leçon pour les sondeurs et prévisionnistes…

Sécurité nationale : entreprises mobilisez-vous !

Institut Montaigne - Wed, 23/11/2016 - 17:23
Date: Jeudi 08 Décembre 2016Description: Si la sécurité est aujourd'hui un enjeu national, elle doit être l'affaire de tous. Aux côtés de ceux qui garantissent au quotidien notre sécurité, toutes les composantes de la société peuvent contribuer à répondre à ce défi.Comment les entreprises peuvent-elles prendre toute leur part à cet effort ?Sur la table des discussions, deux solutions concrètes : le service militaire volontaire et les réserves militaires.L’Institut Montaigne vous invite à en débattre avec les représentants des forces armées, avec des représentants d'entreprises et avec des hommes et des femmes déjà engagés dans cette démarche.PROGRAMMEIntroductionIntroduction des échanges par Nicolas Baverez, avocat et président du groupe de travail, Refonder la sécurité nationale Présentation des propositions du rapport Refonder la sécurité nationale en lien avec les thèmes évoqués durant les échanges Réserves : forces armées et entreprises un intérêt croisé bien compris Laurent de la Burgade, Group Export Compliance Deputy Director et Président du Club des réservistes, ThalèsErwan Cotard, directeur adjoint à la sûreté du groupe, EngieFadi Farah, co-fondateur, Easy VerresFrédéric Jousset, fondateur et co-président, WebhelpGénéral Gaëtan Poncelin de Raucourt, secrétaire général de la Garde nationale Service Militaire Volontaire (SMV) : un pari triplement gagnantMarie-Françoise Arrighi, chargée de projet handicap & insertion, Politiques Sociales Disney, entreprise partenaire du SMVGénéral Vianney Pillet, en charge du SMVStéphane Volant, secrétaire général de la SNCF, entreprise partenaire du SMVUn membre de l’encadrement du centre SMV Ile de FranceAdresse: 25 avenue Matignon - 75008 Paris

Preventing criminal risks linked to the sports betting market (update on the Precrimbet programme)

IRIS - Wed, 23/11/2016 - 11:49

What are the results of the Precrimbet research phase, which just ended?

The goal of this research phase was to analyse the nature and extent of criminal risks linked to the sports betting market and underline the responsibilities of betting operators, regulators and law enforcement with regards to risk management and mitigation. The objective was also to identify and promote good practices and existing solutions which have already been implemented at national and international levels.

We used different sources of information. The first one is a series of interviews conducted in various countries such as France, Italy, Belgium, Estonia, Greece and Singapore. We also sent questionnaires to a number of regulators and betting operators who informed us about their regulations and policies, as well as their opinions on sensitive matters.

An important lesson is that the subject of criminal risks in sports betting has become a critical issue. Many public authorities expressed their concern. We are not only talking about match fixing, which is already being addressed within the EU, but about money laundering, criminal infiltration within the betting industry, illegal betting or cybercrime. We see that high divergences exist between the evolution of criminal behaviour in general, expanding through globalisation and the Internet, and the capacities of law-enforcement against contemporary crimes. In this sense, national situations are very diverse. Some countries have more knowledge and expertise, especially on subjects such as cybercrime or money laundering, than others.

The betting sector is vulnerable because it is highly liquid (around 500 billion euros bet each year worldwide), has a strong virtual dimension, and is transnational. Many operators are based offshore, and around 70-80% of the bets are placed by consumers from jurisdictions where the concerned betting operators do not have an authorization to accept the bets. That represents a major problem because it means that many potential criminal risks are not rightly monitored and addressed by national regulators.

We conducted a risk assessment of betting market at the EU level and we set a number of priorities. One of the most important risks today regards the potential criminal infiltration of the betting industry, as revealed in 2015 through a major case involving Italian mafia and Maltese-based websites. Controlling betting operators allows criminal networks to easyly launder money and raise profits making through the provision of illegal betting, especially if these betting networks combine retail and online activity. The risk-based approach must be adapted to each national context, depending notably on the level of organized crime infiltration and the size of the illegal betting market.

During the research phase, Dr Ingo Fiedler conducted a “mystery benchmarking” of 19 betting operators in order to check if they respect national legislations of several countries such as Belgium, Italy Germany, France and Spain. It proved that most of the tested operators were indeed compliant and law-abiding. It further shows that fighting illegal betting bears results.

At last, we propose 14 recommendations to the national and to the European level which regards mostly public authorities. Those recommendations are ambitious and level the challenges of the fight against this modern criminal threat. We naturally promote the existing tools at national levels, but also international instruments, such as the Convention of the Council of Europe on the manipulation of sports competitions or the implementation of the 4th EU Anti-Money Laundering Directive.

The first Precrimbet seminar took place last week in France. What were the objectives of this event?

The first Precrimbet seminar took place at the premises of the French betting regulator, the “Autorité de régulation des jeux en ligne” (ARJEL), which demonstrated a real interest in hosting it. The participants were the representatives of the entities that compose the French national platform against match fixing, built in anticipation of the entry into force of the Council of Europe Convention.
The French betting regulation (2010) is rather restrictive. In particular, ARJEL issues a list of authorized competitions (in cooperation with sport organisations), pay-out rates are limited and a strong emphasis is put on the fight against illegal betting (retail betting is controlled by a monopolistic operator, FDJ). In terms of control, ARJEL implements a quite unique technical system which gives it the possibility to control all the betting transactions placed online on the licensed operators. This frontal system can automatically detect suspicious sports events.

During this seminar, we presented to the participants the Precrimbet preliminary results, which were confirmed by law-enforcement.
We also gained information from ARJEL on their specific risk-management approach, and how it is shared within the national platform.

A specific session dwelled upon the exchange of information and cooperation. The goal was to analyse how an information or an alert linked to match-fixing is managed by the platform. At last, we had a session on the implementation of the anti-money laundering directive, as some provisions of this implementation are still under discussion.

What next for the Precrimbet programme? What are your priorities?

In total, 12 seminars will be organized among EU Member states. The seminars agendas and official dates will be updated on the Precrimbet programme webpage on the IRIS website. Greece (15 of December) and UK (24 of January) are the two next countries we will visit, and they will again be organised in collaboration with the national betting regulators.

The subject of criminal risks linked to betting is as critical as it is new for the public authorities of many States, that’s surely why we had a positive response from the betting regulators we contacted and to whom we proposed to organize those events. The current priorities for the Precrimbet programme is to adapt our research findings to national needs, because each country has a different vision, different available tools and experiences in addressing this type of criminal risks.

Also, the goals are to disseminate knowledge and expertise and good practices. Many States are currently building their national platform against match fixing, as required by the Convention of the Council of Europe, even though this Convention has not entered into force yet.

The objective of the national seminars is moreover to test our preliminary findings and collect additional information regarding the national frameworks and experiences. In June 2017, two months after having organized the last seminar, we will publish a comprehensive White book which will be sent to all relevant national and international authorities in the EU. It will draw all the conclusions of our research and seminar phases. The publication will also be an opportunity to present our work to the European Commission, which funds our program. The EU commission is in a strong position to favour transnational cooperation, exchange of information and assist Member States in their apprehension of the criminal risks.

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« Du sexisme dans le sport » – 3 questions à Béatrice Barbusse

IRIS - Wed, 23/11/2016 - 11:46

Noblesse de calendrier aurait dit Léo Ferré. Alors que je venais de lire le matin dans l’avion qui me ramenait de Beyrouth le livre de Béatrice Barbusse, Du sexisme dans le sport, paru aux éditions Anamosa, l’après-midi, Nathalie Boy de la Tour était élue présidente de la Ligue de football professionnel (LFP). Béatrice Barbusse, ancienne sportive de haut niveau, est sociologue et maître de conférences à l’université Paris-Est Créteil. Elle a été la seule femme à présider en France un club professionnel masculin d’handball tous sports collectifs confondus, l’US Ivry Handball, de 2008 à 2012. Elle préside le Conseil d’administration du centre national pour le développement du sport.

Vous préconisez le développement d’une « conscience de genre » – à l’instar d’une conscience de classe – pour lutter contre les discriminations. Pouvez-vous expliquer ?

Pour lutter contre les discriminations, il faut dans un premier temps que les groupes discriminés soient conscients d’appartenir à un tel groupe social. Autrement dit, à l’instar de la conscience de classe, il faut que les membres appartenant au genre féminin aient conscience de constituer un « genre en soi » mais aussi un « genre pour soi ». Ici, le genre féminin existe bien objectivement en tant que catégorie sociale discriminée. Il existe de nombreux indicateurs pour le démontrer. En l’occurrence, les statistiques avancées dans le livre et dans de nombreux rapports montrent bien que dans le sport la place des femmes est marginale. Nous faisons ainsi face à un « genre en soi ». Mais pour que le genre constitue une catégorie non pas seulement objective mais aussi subjective, il faut que les femmes aient conscience d’appartenir à une catégorie à part et en particulier discriminée. Il faut qu’elles aient le sentiment de faire partie d’un « genre pour soi ».

Cette conscience de genre est indispensable afin de lutter contre les discriminations pour plusieurs raisons. La première est qu’une femme qui a tout à fait conscience d’appartenir à un genre discriminé saura davantage faire preuve de réflexivité à l’égard de son propre comportement qu’une femme qui a juste conscience d’être une femme. Dès lors, celle qui a cette conscience peut éviter de reproduire des comportements qui favorisent sa propre infériorisation et celle de toute la gent féminine. De l’autre côté, celle qui la nie en adoptant le comportement classique de la selfmade woman (« J’y suis bien arrivée, moi ! ») accepte au fond de fait la situation inégalitaire et s’y adapte tant bien que mal sans jamais la remettre en cause. Alors que, et c’est la deuxième raison, lorsque l’on est consciente d’appartenir à une catégorie discriminée, infériorisée, on a plus de chance de se mobiliser pour lutter contre et donc de se rebeller. Voilà pourquoi la conscience de genre est si importante. Sans son développement, le sexisme dans le sport a encore de beaux jours hélas. Pour dire les choses plus simplement, si les femmes de sport, et les sportives en premier, n’ont pas pleinement conscience d’appartenir à une classe discriminée, alors elles ont toutes les chances d’y rester.

Le plafond de verre en matière de sport est-il en train d’être remis en cause ou paraît-il toujours solide ?

Le plafond de verre se fissure de plus en plus ces dernières années. On le voit bien dans le football avec l’arrivée à des fonctions inimaginables encore il y a quelques années de Corinne Diacre à Clermont, de Nathalie Iannetta à l’UEFA et de Nathalie Boy de la Tour à la tête de la Ligue de football professionnel (LFP) ou de Stéphanie Frappart à l’arbitrage. Mais il reste encore solide. Les fissures qui apparaissent ne sont pas suffisamment importantes pour que le plafond s’écroule totalement. Il faudra encore du temps pour que les choses s’équilibrent réellement.

Il faudra surtout continuer à mesurer les évolutions, à les scruter, et surtout à les provoquer. À cet égard, il est intéressant de suivre en ce moment les résultats des élections fédérales pour voir si les fédérations respectent la loi du 4 août 2014 ou si elles vont plus loin. Et oui pourquoi pas ? Prenons le cas d’une fédération où la proportion des femmes licenciées est inférieure à 25% : elle n’a donc pas l’obligation d’avoir 40% de femmes au moins à son conseil d’administration. Pour autant, elle peut volontairement aller au-delà de la stricte proportionnalité et aller vers les 40%. C’est comparable avec la responsabilité sociale des entreprises. Elle les oblige à respecter les règles et les minima imposés par le droit du travail et le droit social mais rien ne les empêche de les dépasser. Hélas, la quasi-totalité des fédérations n’iront pas au-delà de ce que la loi leur impose, ce qui démontre bien que le sexisme ne disparaitra pas tout seul…

Y-a-t-il des sports plus rétifs que d’autres à l’égalité homme/femme ?

Dans les sports dits « masculins », c’est-à-dire ceux où le nombre de licenciés masculins est très élevé, il est plus difficile de faire accepter l’égalité homme/femme, mais en même temps c’est au sein de ces sports que les évolutions seront de fait plus significatives. On le voit aujourd’hui avec la boxe et le football. Certes, les mentalités sont peut-être plus rétives en raison de la prégnance d’une culture patriarcale, mais lorsqu’il y a un volontarisme politique affiché et assumé comme dans le football français, les évolutions sont bien là. Lorsque des boxeuses comme Estelle Mossely ou Sarah Ourahmoune réalisent des performances sportives – comme aux derniers Jeux olympiques (JO) de Rio – cela réveille les consciences et peut accélérer les évolutions.

En sens inverse, dans les sports où les femmes sont davantage pratiquantes, comme le handball, le basket, l’équitation, elles n’atteignent pas pour autant des postes de responsabilité (entraineur, arbitre, dirigeant). Comme me le faisait remarquer le professeur Pierre Parlebas la semaine dernière lors de mon intervention au laboratoire de recherche de Paris V, le sport en général (et en particulier les sports olympiques) est sexiste, alors que la plupart des pratiques corporelles notamment des jeux sportifs traditionnels ne le sont pas…

Primaire à droite : les projets de Fillon et Juppé en 30 vidéos

Fondapol / Général - Wed, 23/11/2016 - 11:01

MÉDIATHÈQUE. Depuis plusieurs mois, les candidats de la primaire à droite se sont prêtés au jeu de «Demandez le programme», notre rendez-vous politique taillé pour ausculter les programmes en profondeur. Il n’en reste que deux : découvrez les propositions d’Alain Juppé et François Fillon en 30 vidéos. Derniers jours pour faire un choix. Dimanche soir, […]

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Le duel Fillon/Juppé sur les questions internationales

IRIS - Wed, 23/11/2016 - 10:27

Le point de vue Pascal Boniface, directeur de l’IRIS.

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