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B2 Le Blog de l'Europe géopolitique. Actualités. Réflexions. Reportages
Mis à jour : il y a 3 jours 19 heures

[EULEX Kosovo] Reportage hors des sentiers battus, au coeur des Balkans, au Kosovo

mar, 09/03/2021 - 15:14

B2 a passé plusieurs jours, auprès des équipes européennes d’EULEX Kosovo mi-février. En pleine période électorale. Des salles d’audience de Pristina au cimetière de Mitrovica, en passant par les prisons, la police ou l’unité médicale. Passionnant

Sur le Pont mythique de Mitrovica, par un temps bien frais (© Aurélie Pugnet / B2)

Cela faisait treize ans que B2 n’avait pas fait de reportage complet dans le pays. Le dernier, c’était avant la déclaration d’indépendance, en janvier 2008. La mission EULEX n’existait pas encore. On en était aux prémices (lire : La mission n’attend que le feu vert du Conseil pour se déployer). L’ambiance était tendue, surtout au Nord du Kosovo (lire : Nord Kosovo. Un œil vers Belgrade, l’autre vers Pristina). Les militaires français étaient déployés sur le pont de Mitrovica (lire : Sur le pont « Austerlitz », le 3e RIMA veille). Les unités européennes de la KFOR, la force de l’OTAN, étaient en patrouille (lire : Carabinieri et gendarmes de la MsU, sur le terrain). Et comme l’avait confié le général Jumelet alors patron de la KFOR, on reste optimiste même si tout peut déraper rapidement.

De près de 4000 personnes à environ 500

À son plein régime, EULEX a compté jusqu’à 3400 personnes. Il n’en reste aujourd’hui plus que 500. Elle a perdu en compétences exécutives, mais la mission est, depuis 13 ans, si impliquée et imbriquée dans les institutions kosovares, de la police à la justice, en passant par la recherche des personnes disparues, qu’il parait impossible d’imaginer un Kosovo sans EULEX. Reconnaître que la mission ne restera pas ad vitam aeternam au Kosovo et travailler en ce sens est une chose, mais être capable de partir du pays en laissant derrière soi un système qui tiendra debout face aux vents et marées de la région en est une autre.

Devenir un État prend plus de temps qu’une simple déclaration

Treize ans après sa déclaration d’indépendance, le Kosovo est passé d’ancienne province serbe sous administration internationale à un État — même s’il n’est toujours pas reconnu comme tel par cinq pays sur les 27 que compte l’Union européenne (ni par son plus proche voisin, la Serbie). Mais se revendiquer comme un État ne suppose pas d’en être un à part entière. Cela prend du temps. Cela s’apprend. Cela s’éprouve.

Le tournant politique du 14 février 2021

Quand nous arrivons, la campagne électorale bat son plein. Les élections générales, prévues le 14 février, sont un moment clé pour le pays. C’est le parti Vetëvendosje (auto-determination) qui a le vent en poupe. Sans grande surprise, il l’emporte largement face aux partis historiques de l’indépendance et de la guerre, relégués entre 13 et 17% des voix. Cette victoire est à l’image de la population du Kosovo, très jeune (environ 50% a moins de 35 ans), qui veut s’émanciper de la génération de la guerre d’indépendance. Le tout se déroule dans le calme. Le Kosovo semble vouloir faire table rase du passé, repartir à zéro, balayer certaines méthodes qui gangrènent la société. Une tâche peu aisée dans cette région des Balkans, minée par la corruption.

Victoire du parti de l’auto-détermination au Kosovo

La question d’Etat de droit, toujours aussi sensible

Aujourd’hui, la mission EULEX Kosovo est à un (nouveau) moment charnière de son existence. Son mandat a été contesté à plusieurs reprises par les responsables de Vetëvendosje. La question se pose de savoir si ceux-ci accepteront de renouveler l’invitation faite aux Européens de continuer leur travail. Et à quelles conditions ? En même temps, le respect de l’État de droit n’a jamais été aussi important. « Le problème est qu’au Kosovo, il y a trop d’interférences politiques. Ce n’est jamais facile à gérer », regrette le chef de la mission Lars-Gunnar Wigemark, dans notre entretien.

Au Kosovo, l’État de droit est une question, toujours politique, très sensible (Lars-Gunnar Wigemark, EULEX Kosovo)

Une police aux multiples facettes

Côté police, EULEX a beau avoir arrêté ses activités exécutives d’enquête et d’arrestation, cela n’est pas toujours aussi clair pour la population. Les forces européennes restent bien là, mais en retrait, en seconde ligne, pour prêter main forte à leurs collègues kosovares en cas de besoin, et en soutien aux Chambres spécialisées et au Procureur spécialisé de La Haye. Mais le quotidien de ces 95 policiers polonais est surtout rythmé d’entrainements et de patrouilles.

[Eulex Kosovo 2] Une mission de police à volets multiples

« Nous ne serons pas là pour toujours »

EULEX, c’est aujourd’hui beaucoup de formations, d’observation, de conseils, avec des yeux et des oreilles partout. Une mission d’experts, à qui il faut sans cesse demander ce qui se cache derrière les mots ‘monitoring’, ‘advising’, ‘in contact with’… « Nous ne serons pas là pour toujours » semble d’ailleurs être le vrai motto de la mission, répété par presque tous nos interlocuteurs. Une mission qui doit cependant rester parée à tout, jusqu’aux interventions d’urgences.

[Eulex Kosovo 3] Une unité médicale parée pour les formations jusqu’aux interventions d’urgence

Un rôle de « tampon »

Depuis ses débuts, la mission s’est « métamorphosée », selon la description qu’en fait son chef. Son mandat s’est adapté au fur et à mesure de l’émancipation du pays. Au début, EULEX disposait d’un mandat exécutif, avec une autorité directe sur le territoire, issu de la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies (la fameuse résolution 1244). Ses magistrats et procureurs européens étaient intégrés au schéma judiciaire kosovar et rendaient la justice en son nom. Depuis 2018, la mission a un mandat réduit, les Européens ayant passé la main aux Kosovars. Mais si EULEX est passée de la robe au costume, les Européens ne sont pas totalement absents. Ils sont impliqués dans la justice, où ils font office de « tampon » entre les parties, et de recours pour la société civile pour superviser une affaire.

[Eulex Kosovo 4] Passée de la robe au costume, EULEX reste impliquée dans la justice kosovare

La réinsertion en prison

Derrières les portes fermées des prisons kosovares se trament également des changements. Les progrès sont visibles, la qualité des prisons du Kosovo est même réputée l’une des meilleures des Balkans, témoigne EULEX. Il reste toutefois de quoi faire pour l’unité correctionnelle de la mission qui accompagne les services correctionnels kosovars, notamment en réinsertion des détenus.

[Eulex Kosovo 5] La qualité des prisons du Kosovo réputée l’une des meilleures des Balkans

Disparus : les plaies du passé

Les plaies du passé sont enterrées parfois peu profondément, comme dans le cimetière de Mitrovica-Nord. Guidés par le coordinateur des exhumations de EULEX à l’Institut de médecine légale, nous partons à leur recherche. Retrouver les personnes disparues de la guerre est douloureux. Mais également une nécessité pour faire face au deuil d’une nation et envisager une réconciliation sur le long terme avec la Serbie. Soit, un vrai pari pour l’avenir.

[Eulex Kosovo 6] Opération portés disparus à Mitrovica, où tout rappelle que le Kosovo n’est pas un pays comme les autres

Des projets de l’ombre

À Pristina, d’autres activités se déroulent un peu plus dans l’ombre, loin des regards du public, mais n’en demeurent pas moins des plus importantes. C’est le cas du travail de l’IPCU, l’International police coordination unit. Son rôle est de faire le lien pour l’échange d’informations de police entre les Kosovars et la Serbie, Interpol et Europol. Un travail qui est plus important qu’il n’en a l’air de premier abord : le Kosovo n’étant pas membre de Europol et Interpol, et non reconnu par la Serbie, sans cet intermédiaire, il serait plus difficile de lutter contre la criminalité trans-frontalière.

[EULEX Kosovo 7] Le Kosovo et la Serbie s’adorent ! Surtout pour échanger discrètement des informations policières

En photos

Un pays ce sont aussi des gens, des mouvements, des vies… L’image peut parfois capter davantage que des mots.

[A Pristina et Mitrovica] avec les EULEX et les Kosovars. Reportage photo

(Aurélie Pugnet, envoyée spéciale au Kosovo)
Relecture : Emmanuelle Stroesser, avec Nicolas Gros-Verheyde

Photos : B2-Aurélie Pugnet

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Catégories: Défense

EUNAVFOR Atalanta. La Bundeswehr revoit son dispositif dans l’Océan indien

lun, 08/03/2021 - 17:05

(B2) C’est la fin d’un engagement qui a commencé aux débuts de l’opération européenne anti-piraterie, en 2008. La marine allemande ne mettra plus à disposition un avion de patrouille maritime de type P3C Orion à Djibouti. Mais elle promet d’autres moyens

Un avion P3 Orion C allemand sur la base de Djibouti (Crédit : Bundeswehr/Jenny Bartsch – Archives B2 – mars 2015)

L’Allemagne a décidé « d’ajuster la contribution allemande à Atalanta » explique-t-on à Berlin. Une décision prise fin 2020, en même temps que l’opération européenne était reconduite pour deux années supplémentaires. L’Allemagne continuera de mettre du personnel à disposition du QG d’opération à Rota (Espagne). Elle pourrait aussi revenir sur mer, avec un navire mis à disposition temporairement. Un nouveau chapitre de l’opération Atalanta s’ouvre.

Plusieurs raisons, certaines officielles et d’autres officieuses

Cette décision a de multiples explications. Premièrement, le niveau de menace dans les eaux de la Corne de l’Afrique est actuellement à « un niveau bas » justifie la Bundeswehr. C’est la rançon du succès. Alors qu’on dénombrait « 571 attaques dans la zone entre 2008 et 2012 », cela s’est réduit singulièrement ces dernières années : dix attaques entre 2013 et 2016 (sans enlèvements), sept attaques en 2017 (dont deux avec enlèvements), trois attaques en 2018. Depuis le dernier incident de piraterie « confirmé », en avril 2019, « aucun incident de piraterie n’a été enregistré » au large de la Somalie. « Aucun navire n’est plus aux mains des pirates somaliens. »

Deuxième raison, l’éventail des tâches de l’opération est « en train de changer ». L’opération EUNAVFOR Atalanta n’a plus seulement pour objectif la lutte contre la piraterie, mais aussi la lutte contre les trafics d’armes et de drogue. L’Allemagne « soutient » cette extension à « d’autres formes de menaces maritimes qui mettent en danger la sécurité régionale ». NB : ce qui suppose de revoir le cadre juridique de l’engagement. Le mandat actuel, autorisé par le Bundestag jusqu’à mai 2021, ne comprend pas automatiquement cet objectif.

Une autre raison de ce redéploiement est plus inavouable, mais très concrète. La marine allemande n’a plus vraiment d’avions en état (lire: Un Atlantique 2 français à Irini. Les P3 Orion allemands en panne). Elle préfère les réserver pour une zone plus proche et plus importante en termes de menaces : la Méditerranée (lire : Le P3 Orion allemand … loin de la zone d’opération).

Reste à rapatrier le matériel

La base allemande de Djibouti, qui assurait la logistique notamment, va être en partie démantelée. Le contingent allemand sur place est en passe d’être relocalisé en Allemagne (via A400M). Et les pionniers spéciaux de Husum sont « en train de vérifier » le matériel sur site pour examiner « sa transportabilité ». Le retour sera fait ensuite soit par voie maritime, soit par voie aérienne, voire (ce n’est pas précisé) tout simplement laissé sur place (ou détruit). Le volume est plutôt conséquent : on parle d’environ 50 conteneurs maritimes standardisés. Le déménagement va durer plusieurs mois et devrait être terminé d’ici le 31 mai 2021.

Une opération avec des moyens espagnols surtout

Précisons que l’opération EUNAVFOR Atalanta comprend actuellement uniquement des moyens espagnols : le navire de débarquement Castilla (L52) et un avion de patrouille P3 Orion. Elle devrait être renforcée temporairement par les navires français participant à la mission Jeanne D’arc, le porte-hélicoptères amphibie Tonnerre et la frégate Surcouf. L’Espagne a le commandement de l’opération, avec l’amiral Eugenio Díaz del Río, assurant le rôle de nation-cadre et fournissant une bonne partie des moyens. L’Italie, qui est l’un des autres contributeurs réguliers, a le commandement adjoint de l’opération, avec le contre-amiral Roberto Messina (1).

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Un poste dévolu un certain temps (par rotation), à un officier allemand, quand l’Allemagne était un des contributeurs les plus réguliers à l’opération (en termes de moyens navals).

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Catégories: Défense

Le New Moon inspecté par une frégate grecque d’Irini au large de Tobrouk

lun, 08/03/2021 - 15:05

(B2) Le cargo a été inspecté samedi (6 mars) alors qu’il se dirigeait vers Benghazi (Libye), par une équipe de visite du navire-amiral de l’opération européenne EUNAVFOR Med Irini. Rien de suspect n’a été trouvé à bord

Arrivée de l’équipe de visite grecque à bord du New Moon (crédit : EUNAVFOR Med Irini)

Une inspection

Ce cargo, battant pavillon des Comores, était parti d’Alexandrie (Égypte) le 4 mars et avait pour destination Benghazi (Libye), dans la zone contrôlée par le général Haftar. Et certains aspects justifiaient une visite. Une équipe de visite grecque du navire amiral grec HS AEGEAN est montée à bord du navire dans les eaux internationales, à environ 47 milles marins au Nord-Est du port de Tobrouk (Libye). Il s’agissait bien d’une inspection et non d’une simple interrogation. L’objectif étant de fouiller le navire à la recherche d’éventuels biens transportés en infraction de l’embargo international sur les armes édicté par les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies.

Rien de suspect

L’équipe a vérifié la documentation disponible à bord et inspecté la cargaison. « Rien de suspect n’a été trouvé et le navire a été déclaré libre de poursuivre sa route » indique le QG de l’opération à Rome dans un communiqué publié dimanche (7.03). La procédure s’est déroulée « dans une atmosphère de collaboration tant pour le capitaine que pour l’équipage ». Cette inspection est dite coopérative. Car elle a eu lieu avec l’acquiescement du capitaine du navire. Elle s’est terminée par la photo de groupe, désormais traditionnelle, entre les inspectés et les contrôleurs. Histoire de démontrer l’absence d’encombres.

(crédit : EUNAVFOR Med Irini)

2200 vérifications et 7 inspections

C’est la septième inspection depuis le début de l’opération européenne EUNAVFOR Med Irini. En 11 mois, plus de 2200 navires ont aussi été interrogés (hailing), 88 approches amicales ont été faites et un déroutement de navire opéré.

(commentaire ) Une visite qui tombe à pic

On peut noter que cette visite a aussi un aspect assez politique. Effectuée par le navire-amiral grec de l’opération, elle permet de démontrer que les contrôles et inspections européens visent tant les navires (turcs par exemple) approvisionnant l’Ouest de la Libye (où siège le gouvernement d’entente nationale de Sarraj soutenu par la communauté internationale et militairement par la Turquie et le Qatar) que ceux alimentant l’Est de la Libye (soutenu par la Russie, les Émirats et l’Égypte). L’opération européenne veut ainsi contredire ceux (Russes et Turcs) qui l’accusent de partialité (surtout quand ils font l’objet d’un contrôle).

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Que faire des femmes et enfants détenus au Kurdistan syrien ? Les rapatrier ! Le coup de gueule de Mounir Satouri

lun, 08/03/2021 - 11:00

(B2) L’eurodéputé français Mounir Satouri revient du Kurdistan irakien. En colère, il appelle, dans un entretien avec B2, la France à prendre ses responsabilités. Il faut rapatrier les familles de combattants étrangers pour les juger et protéger leurs enfants

Les quatre parlementaires patientant au point frontière de Semalka entre l’Irak et la Syrie, mercredi (crédit : M. Satouri)
  • Mounir Satouri (Verts) revient d’un déplacement de plusieurs jours (du 26 février au 3 mars) dans le Kurdistan irakien avec trois autres parlementaires : l’eurodéputée Sylvie Guillaume (S&D), les députés français Frédérique Dumas (Libertés et territoires) et Hubert Julien-Laferrière (rattaché aux Verts).

Une mission de quelques jours sur le terrain, pour comprendre

L’objectif premier de ce déplacement était « de se rendre compte de la situation et de comprendre réellement les enjeux qui expliquent que ces femmes restent là-bas » nous explique Mounir Satouri, après son retour. En territoire du Rojava — le Kurdistan syrien —, deux camps (Roj 1 et Roj 2) détiennent des femmes de combattants étrangers et leurs enfants. Parmi elles, « entre 80 et 90 femmes françaises » selon l’élu. Et leurs 200 enfants. « Ces camps sont au milieu de champs pétrolier, l’odeur du pétrole y est insoutenable, les conditions sanitaires impensables, les enfants souffrent de maladie de malnutrition » décrit l’eurodéputé.

L’accès aux camps de Rojava refusé

Mais les parlementaires ne peuvent aller plus loin que le poste frontière entre le Kurdistan d’Irak et la Syrie. « L’équivalent du ministre des Affaires étrangères du Rojava » (Abdelkarim Omar) les attendait avec camera et réception, « mais il nous a refusé l’accès aux camps, prétextant notre sécurité. Mais à force de le harceler, il nous a confié que les relations avec la France étaient trop importantes pour qu’il nous autorise à nous rendre dans les camps ».

Les enfants ne peuvent rester les invisibles de notre République

Pour ces parlementaires, la France « a fait pression » pour les empêcher « de ramener des photos ». « Le gouvernement veut que ces enfants restent des fantômes pour éviter un renversement de l’opinion publique » résume Mounir Satouri. Deux jours après leur retour, ils n’avaient pas reçu de commentaires ni du Quai d’Orsay ni du gouvernement, ni de l’Élysée. « Il est temps d’avancer sur ce sujet humanitaire et sécuritaire. Ces enfants ne peuvent rester les invisibles de notre République » reprend l’eurodéputé. Avec ses collègues, ils ont demandé au président français, Emmanuel Macron, un rendez-vous.

Une justice en suspens, une insécurité manifeste

Les avocats mandatés par l’ONG Avocats sans frontières et le bâtonnier du barreau de Paris qui les accompagnaient n’ont pas davantage pu rencontrer ces femmes. « Toutes sont judiciarisées, avec des mandats d’arrêts internationaux contre elles » et devraient être jugées en France selon l’eurodéputé. « Rojava n’est pas un territoire reconnu. Il ne peut donc y avoir de tribunal international » explique l’élu. « Si ces autorités cherchent à organiser des procès, c’est une façon d’obtenir la reconnaissance internationale qu’elles recherchent » soutient-il. De là à parler de monnaie d’échange concernant ces femmes et enfants,…

Deux tiers des enfants

« Les deux tiers des enfants ont moins de six ans. Ils sont dans ces camps depuis trois ans. Leurs souvenirs sont faits de misère, de faim, de soif. Qu’espère-t-on quand ils auront quinze ans ? » interpelle l’eurodéputé. « Quand Daesh nous attaque, c’est pour tuer, et pour attaquer nos valeurs et notre démocratie. Aujourd’hui, en ne rapatriant pas ces femmes et ces enfants, c’est aussi un bout de nos valeurs, notre démocratie et notre état de droit que nous leur concédons. »

L’accent également porté sur la situation des Yezidis

Dans le Kurdistan irakien, les parlementaires ont aussi visité le camp Shekhan, qui abrite des réfugiés de la minorité Yezidis. Notamment des femmes qui ont subi des viols et violences de la part du groupe terroriste ‘Etat islamique’ et vivent depuis, réfugiés, mais détruites psychologiquement. « Nous n’avons pas arrêté de dire que cette communauté était le symbole de la diversité religieuse et que l’on devrait être à leurs côtés, mais nous ne sommes pas à la hauteur » assure Mounir Satouri. L’eurodéputé prévoit de retourner en Irak pour défendre la cause de cette communauté.

(Emmanuelle Stroesser)

Interview réalisée par téléphone, vendredi 05 mars

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Dernières nouvelles des missions et opérations de maintien de la paix de l’UE – PSDC (février 2021)

dim, 07/03/2021 - 19:30

(B2) L’entraînement et la formation sous toutes ses formes, théorique, en face à face, à distance, voire au corps à corps et même amphibie… les missions et opérations de l’UE ont de la ressource !

Centrafrique. Sur terre et dans l’eau, la formation amphibie ! 

Visit, Board, Search and Seizure (Visite, embarquement, perquisition et saisie), c’est l’intitulé explicite de la formation VBSS (la deuxième) organisée par la mission de formation de l’armée centrafricaine (EUTM RCA), avec le bataillon amphibie. Celle-ci dure trois semaines. Instructions théoriques et exercices de combat au corps à corps précédèrent une période de formation plus pratique avec les bateaux pour ces soldats destinés, entre autres, à contrôler la frontière fluviale ou escorter des cargaisons sensibles pendant leur navigation. Détails ici

(crédit : EUTM RCA)

Somalie. Apprendre à repérer les engins explosifs improvisés (IED)

La lutte contre les IED fait partie des cours fondamentaux. Une formation suivie en février par la brigade du 14 octobre des SNAF (Somali National Armed Forces), assurée par les équipes de la mission de formation de l’armée somalienne (EUTM Somalia), en partenariat avec les SNAF (Somali National Armed Forces) et la SPF (Somali Police Force). Détails ici

(crédit : EUTM Somalia)

Pristina (Kosovo). Initier aussi aux gestes qui sauvent

À Pristina, ni armes, ni corps à corps. Le respirateur et l’huile de coude (pour les massages cardiaques) sont les outils de l’équipe médicale de la mission sur l’État de droit (EULEX Kosovo) lorsqu’elle assure sa formation — en ligne — sur les soins de santé de base (BLS), comme encore début février, à un groupe de 47 travailleurs de la santé. Détails ici

(crédit : capture d’écran B2)

Garowe (Somalie). Training pour lutter contre la corruption

Comment collecter des preuves dans les crimes liés à la corruption ? Ou de quelle façon enquêter sur le blanchiment d’argent ? Quid de la corruption et des pots-de-vin dans le droit islamique et le code pénal ? Ce sont quelques-unes des questions et techniques partagées par la mission de renforcement des capacités de l’UE en Somalie (EUCAP Somalie) avec des agents de la police d’État du Puntland (CID), du bureau du procureur général du Puntland et du défenseur des droits de l’homme. Détails ici

(crédit : EUCAP Somalia)

Kiev (Ukraine). Soutien dans la mise en oeuvre de la réforme de la gestion des frontières

La création d’un système de gestion intégrée des frontières (IBM) est un objectif du contrat d’association de l’Ukraine avec l’UE. Cela passe par une plus forte coopération entre les agences, notamment le Service national des migrations et celui des douanes. Ceux-ci participaient justement, pour la première fois, à une réunion co-présidée par la mission de conseil pour la sécurité intérieure (EUAM Ukraine) et le Service national des gardes-frontières de l’Ukraine (State Border Guard Service of Ukraine – SBGS), fin février. Détails ici 

(crédit : EUAM Ukraine)

Birni N’Konni (Niger). Renfort logistique pour le contrôle aux frontières

Au Niger, la mission de soutien aux capacités de sécurité intérieure et des frontières (EUCAP Sahel Niger) a livré plusieurs matériels à la  Compagnie mobile de contrôle des frontières de Birni N’Konni. Notamment pour assurer et faciliter les transmissions (postes radios et batteries, antennes, relais et station de base). Détails ici

(crédit : EUCAP Sahel Niger)

Golfe d’Aden. Focus sur les moyens aériens de l’opération

Les avions de patrouille maritime de reconnaissance (MPRA), les hélicoptères et les drones (UAV). Ce sont les moyens aériens utiles à l’opération de lutte contre la piraterie maritime au large de la Somalie (EUNAVFOR Atalanta). Complémentaires, ils offrent « des capacités opérationnelles uniques qui ne peuvent être obtenues par d’autres moyens ». Détails ici

(crédit : EUNAVFOR Atalanta)

Bamako, Koulikoro, Gao, Sévaré (Mali). Inspection générale !

La visite du directeur général de l’état-major de l’UE, le vice amiral Hervé Bléjean, fin février, est l’occasion de parcourir à notre tour, à distance mais photos à l’appui, les différents lieux et activités de la mission de formation de l’armée malienne (EUTM Mali), de son QG à Bamako au camp d’entraînement de Koulikoro, en passant par l’école de sous-officiers de Banankoro, Gao ou le camp de Sevare. Détails ici

(crédit : EUTM Mali)

(informations recueillies par Emmanuelle Stroesser)

NB : Pour tout connaitre ou réviser, n’hésitez pas à vous procurer notre ouvrage sur la PSDC

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[A Pristina et Mitrovica] avec les EULEX et les Kosovars. Reportage photo

sam, 06/03/2021 - 15:46

(B2 à Pristina et Mitrovica) Durant une semaine, j’étais au Kosovo à la fois pour un reportage sur la mission européenne pour l’État de droit (EULEX Kosovo), mais aussi prendre le pouls du pays à l’heure des élections législatives

B2 au Kosovo

Le 14 février 2021, le parti anti-corruption Vetëvendosje a remporté les élections au Kosovo, avec 49% des voix Dans les rue du centre ville de Pristina, les drapeaux Albanais (le drapeau « national » du Kosovo) étaient nombreux et parfois accompagnés de drapeaux américains. Peu de supporters aux drapeaux européens en vue… Rencontre avec la Formed police unit (FPU), à Mitrovica. Les 95 policiers polonais qui la composent vivent, mangent, dorment, s’entrainent sur leur enceinte, à la frontière avec la région nord du pays. De passage à Mitrovica, B2 s’est rendu sur le le pont de la discorde reliant le sud et le nord du Kosovo. Le traverser est désormais normal… Pour autant, de part et d’autre du pont sont toujours présents les Italiens des Carabinieri de la KFOR, la force de l’OTAN au Kosovo, chargés d’assurer la sécurité sur le pont. Des barrières et des plots pour empêcher le passage des voitures ont aussi été installés. Une fois le pont passé, la première chose que l’on remarque c’est la différence dans les drapeaux accrochés aux lampadaires, aux poteaux électriques… Au nord, ils sont serbes, comme au sud ils sont albanais ou kosovars. En cette période d’élections législatives, les posters de la Liste serbe sont placardés partout — aucune opposition en vue. A Mitrovica Nord, dans le cimetière musulman, EULEX a participé, avec l’Institut de médecine légale auquel elle est associée, à retrouver des tombeaux et fosses communes de personnes disparues pendant la guerre. À ce jour, il reste au moins 1640 personnes retrouver. De retour plus au sud, à Gračanica, une commune à majorité serbe près de Pristina, la capitale, le sentiment d’identité serbe est de nouveau partout. À Pristina, B2 fait escale au café. Celui-ci se félicite de payer des impôts. Hashim Thaci et Kadri Veseli posent pour la campagne de l’Armée de libération du Kosovo (UČK). On y lit : « Héros de la guerre et de la paix ». Ici, visible depuis une grande avenue dans le centre de Pristina. Hashim Thaci, ancien président du Kosovo, éminent membre de l’UČK, pose à côté d’une statue de Mère Teresa, dans le centre ville de Pristina Notre reportage se termine le 17 février, le jour de l’indépendance au Kosovo. Pour l’occasion, les drapeaux du Kosovo sont de sortie dans les rues de Pristina. Les drapeaux albanais (le drapeau « national » du Kosovo) se font un peu plus rares. Tous les ans, pour l’anniversaire de la déclaration d’indépendance,, le monument NEWBORN est redécoré. Cette année, c’est avec des empreintes de main, aux couleurs de treillis. Le jour de l’indépendance, les drapeaux albanais, kosovars et américains sont de sortie. On voit également quelques drapeaux, casquettes, masques sanitaires aux couleurs de l’UČK. Les drapeaux des Européens sont rares. On aperçoit quelques britanniques ou allemands, ici ou là.

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Le Berlin en route pour rejoindre Irini

jeu, 04/03/2021 - 16:45

(B2) Le navire de soutien Berlin (A1411) va quitter son port d’attache, Wilhemshaven ce vendredi : direction la Méditerranée centrale. Il rejoint l’opération européenne de lutte contre les trafics au large de la Libye (EUNAVFOR Med Irini)

Le Berlin en mer Egée en 2020 (crédit : Bundeswehr/Dr. Volker Hartmann)

Les deux hélicoptères : les yeux d’Irini au loin

Deux hélicoptères de type ‘Sea Lynx‘ sont du voyage. Une première, précise la marine allemande (NB : d’ordinaire c’est plutôt un seul hélicoptère). Outre les tâches habituelles de logistique (navettes de personnel et de matériel entre la terre et la mer), ces hélicoptères seront les « yeux volants » d’Irini, indique le commandement du navire, le capitaine de frégate Stefan Klatt. Ils vont permettre d’augmenter la portée de la zone de surveillance du navire, comme de déposer sur les navires à contrôler, les équipes de visite. Le détachement aérien comprendra 18 militaires du 5e escadron d’aviation navale (Marinefliegergeschwader) de Nordholz, pour assurer les opérations aériennes, la maintenance et la réparation.

90% du personnel vaccinés contre le coronavirus

En plus des opérations, un des premiers défis à bord sera « la santé de l’équipage. C’est-à-dire en particulier la protection contre le Covid-19 », indique le commandant du navire. Cette année, la situation est un peu plus favorable que l’année dernière. En effet, plus de 90 % de l’équipage a été vacciné. Ce qui évitera les alertes inutiles et les tests PCR en urgence (comme en 2020 lorsque le navire était en opération en mer Egée). Pour limiter au maximum tout risque de contamination, les permissions à terre ne seront pas autorisées…

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Le Setúbal portugais et le Dixmude français, de concert, dans le Golfe de Guinée

mar, 02/03/2021 - 16:30

(B2) Le patrouilleur océanique de la marine portugaise Setúbal, parti début mars, rejoint le porte-hélicoptères français Dixmude déjà sur place. La première illustration du projet pilote décidé par l’Union européenne dans une zone où les attaques pirates sont nombreuses

Le patrouilleur de haute mer portugais Setubal à son départ de Lisbonne (crédit : Joao Bico / MinDéf Portugal)

Des patrouilles dans le Golfe de Guinée

Durant trois mois, le patrouilleur de haute mer portugais (P-363), commandé par le capitaine de frégate Dias Marques, avec un effectif de 58 militaires, va participer à des exercices, des actions de coopération et patrouillera dans tout le Golfe entre l’Angola, le Cap-Vert, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée-Bissau, le Nigeria et São Tomé e Príncipe. Le porte-hélicoptères amphibie français Dixmude (L9015) est déjà présent sur zone, pour une durée de quatre mois au total. L’objectif commun pour les deux navires : assurer une présence maritime, déjouer les attaques pirates, venir en aide aux navires attaqués, renforcer les marines locales par des exercices et des entrainements en commun.

Une première action dans le cadre des présences maritimes coordonnées

Cette mission est la première dans le cadre du projet pilote des présences maritimes coordonnées décidé par l’Union européenne en janvier dernier (1). Ce concept assez original vise à coordonner les différentes présences maritimes européennes, sans avoir le format complet d’une opération au titre de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) (lire : La présence maritime coordonnée. Un nouveau concept européen ? Explications). Ainsi, durant tous les mois de l’année, entre un à trois navires européens seront présents dans la zone en permanence, venant essentiellement d’Espagne, d’Italie, du Portugal et de France (1). Les planifications ont été harmonisées et ajustées pour éviter d’avoir des ‘trous’.

Un concept plus souple que des opérations

Ce concept a un avantage sur les opérations. Il est plus souple, permettant de garder à chaque pays membre son autonomie d’action, son propre calendrier. Et surtout, il ne prive pas les pays riverains de leurs responsabilités premières, en leur donnant l’impression d’une force militaire qui se superpose à leurs propres forces (2). Rien n’interdit d’évoluer d’ailleurs vers une opération en bonne et due forme.

Des présences anciennes

La marine portugaise a une présence régulière dans une zone historiquement locale. Mise au point depuis 2008, l’Initiative Mar Aberto promeut ainsi les missions de coopération en matière de défense avec la communauté des pays de langue portugaise (CPLP). Du côté français, l’opération Corymbe existe depuis 1990. Mise en place d’abord pour assurer la sécurité des populations françaises présentes dans les différents pays du pourtour du Golfe de Guinée (Côte d’Ivoire notamment) et pouvoir intervenir en évacuation, en cas de tension locale, elle est, peu à peu, montée en puissance et s’est diversifiée, avec de nombreuses interactions avec les pays de la zone.

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Deux navires de chaque pays (Italie, Espagne, Portugal) s’y relaieront, trois ou quatre navires pour la France.
  2. Malgré les apparences, la situation n’est pas tout à fait comparable à celle de la Somalie. D’une part, les actes des pirates se déroulent aussi régulièrement dans les ports ou eaux territoriales (et non en haute mer). D’autre part, il n’y a pas dans le Golfe de Guinée de résolution du Conseil de sécurité des Nations unies autorisant à pénétrer dans les eaux territoriales (comme pour la Somalie).

A noter que la zone de ‘chalandise’ des pirates s’est récemment étendue, les pirates ayant pris le large. Lire : Les pirates adorent le Golfe de Guinée. La zone la plus dangereuse.

Lire aussi :

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Task-force Takuba. Les Italiens arrivent

mer, 17/02/2021 - 08:35

(B2) Le contingent italien pour la task-force Takuba devrait arriver au cours de la deuxième semaine de mars

(crédit : 9e régiment Col Moschin – armée italienne)

L’information est donnée par le quotidien Il Foglio. Une première équipe de reconnaissance partie sur le terrain est revenue en Italie, donnant en quelque sorte le feu vert final au déploiement.

20 véhicules et huit hélicoptères

Le contingent devrait être composé d’une bonne centaine d’hommes, venus en grande partie des forces spéciales. Ils seront équipés avec vingt véhicules et huit hélicoptères : quatre appareils d’attaque de type AW-129D Mangusta et quatre hélicoptères de transport NH-90, selon Difesa on Line. Cette contribution s’inscrit dans l’autorisation donnée par le Parlement italien, à l’été 2020, d’envoi d’une force de 200 hommes (lire : Les Italiens entrent dans la task-force Takuba au Mali). (1)

Des forces spéciales

Les effectifs pourraient être fournis, par rotation, par le 9e régiment d’assaut parachutiste Col Moschin, du GOI (Gruppo Operativo Incursori) de la marine, du GIS (Gruppo di Intervento Speciale) des Carabinieri et du 17e Stormo Incursori de l’armée de l’air, indique le site Difesa on Line qui se base sur le format similaire engagé par l’armée italienne en Irak et en Afghanistan. Des personnels de ces unités ont également été déployés en Libye. Des équipes issues du 4e régiment alpin de parachutistes de Monte Cervino et du 185e RRO Folgore (le Régiment de reconnaissance pour l’acquisition d’objectifs ou Reggimento Ricognizione Acquisizione Obiettivi) pourraient aussi être déployées.

Le premier déploiement du gouvernement Draghi

Dans tous les cas, ce sera la première opération extérieure déployée par le nouveau gouvernement italien dirigé par Mario Draghi regroupant une large coalition (de la Ligue du Nord à droite au parti démocrate, à gauche, en passant par le Mouvement 5 Etoiles et le parti Italia Viva de l’ancien Premier ministre Matteo Renzi).

Commentaire : Un contingent apprécié

Le contingent italien devrait particulièrement être apprécié sur place. D’une part par son importance — Rome envoie un contingent similaire aux Suédois — ; d’autre part, par sa qualité. Les Italiens ont une certaine habitude de l’Afrique (Libye, Centrafrique…), des déploiements difficiles, et une proximité linguistique (le manque de francophones dans le détachement suédois rend plus difficile les contacts avec les Maliens). La présence de huit hélicoptères (si elle est confirmée) est un apport aussi notable.

(NGV)

  1. Le chiffre de 200 correspond au maximum autorisé, non pas automatiquement à l’effectif engagé.

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La Royale revient dans l’opération Irini. Le Premier maitre l’Her sur place

mar, 16/02/2021 - 20:36

(B2) Le patrouilleur de haute mer a intégré l’opération européenne de lutte contre les trafics au large de la Libye, EUNAVFOR Med Irini

Parti de Brest, son port d’attache, le 5 février, le patrouilleur de haute mer, est entré dans la zone d’opération le 11 février et est opérationnel selon le QG de l’opération européenne (EUNAVFOR Med Irini). Il devrait rester engagé pour « une durée de deux mois environ » selon l’état-major (français) des armées.

Une équipe de visite de sept fusiliers marins

Mission principale : surveiller « l’embargo sur les armes à destination de la Libye imposé par le conseil de sécurité des Nations unies ». Un élément de défense et d’intervention maritime (EDIM), composé de sept fusiliers marins, est d’ailleurs à bord, afin d’effectuer les opérations de visite et d’inspection.

Plusieurs fois en Méditerranée

Cet aviso de la classe Estienne d’Orves a été engagé à plusieurs reprises en Méditerranée, notamment au titre de l’opération Sophia en 2016 (lire : Contrôle des armes au large de la Libye : le Jacoubet relaie le Premier maître L’Her) puis en 2017 (lire : Le Premier maitre L’Her embarque dans Sophia). Il est commandé par le capitaine de corvette Fabien Antoine, qui vient d’en prendre le commandement en janvier.

Trois navires et trois ou quatre avions

Le Premier Maître l’Her (F-792) rejoint la frégate grecque HS Aegeon (F-460), qui est le navire amiral de l’opération, et le patrouilleur de haute mer italien Comandante Borsini (P-491). Côté aérien, l’opération dispose de trois ou quatre avions (luxembourgeois, polonais et allemand), selon les moments et la bienveillance mécanique, ainsi que d’un drone Predator italien.

Un avion français Falcon 50 est ainsi détaché, venant relayer un Atlantique 2, qui a permis de compenser les défaillances mécaniques du P3 Orion C allemand (lire : Un Atlantique 2 français à Irini. Les P3 Orion allemands en panne).

(NGV)

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Victoire du parti de l’auto-détermination au Kosovo

lun, 15/02/2021 - 17:31

(B2 à Pristina) Avec 48% des voix selon les premières estimations, Vetëvendosje (« autodétermination ») remporte les élections législatives de dimanche (14 février). Une victoire nette pour ce parti de gauche qui, juste 13 ans après la déclaration d’indépendance, entend tourner la page des anciens combattants de la guerre et lutter énergiquement contre la corruption qui gangrène le pays.

Dimanche soir, des Kosovars se sont rassemblés dans le centre de Pristina, la capitale, ici sous le regard de l’ancien président Ibrahim Rugova (LDK) (Aurélie Pugnet/B2)

Dimanche soir, à 19 heures, les bureaux de votes ont fermé au Kosovo. Peu après, les premiers résultats sont tombés et le centre ville de la capitale, Pristina, s’est animé à coups de klaxons et de défilés de drapeaux albanais (1).

Victoire pour la gauche

Les partisans du parti Vetëvendosje (« auto-détermination ») ont fait entendre leurs cris de joie dans les rues piétonnes de Pristina. Des enfants de trois ans tenant à peine debout dans la neige, aux vieux messieurs, en passant par les troupes d’étudiants, tous chantaient les noms de ‘Vetëvendosje’ et ‘Albin Kurti’, le leader de ce parti de gauche. La victoire était attendue. Et elle est sans équivoque pour ce parti anti-corruption et anti-establishment. Pour Albin Kurti, cette élection « s’est transformée en un référendum », s’est-il félicité sur son fil twitter. À droite, le PDK (parti démocratique/ECR)— historiquement parti des héros de la guerre et la « libération » du Kosovo du joug serbe —, réunit environ 17% des voix. L’autre parti historique du pays, la LDK (ligue démocratique/PPE), doit se contenter d’environ 13%.

Dans le nord du Kosovo et dans les différentes ‘enclaves’ à communauté majoritairement serbe, c’est la Liste serbe (Srpska lista) qui a récupéré la quasi-totalité des voix — plus de 80% dans les trois régions du nord. Là encore, aucune surprise. Au milieu des drapeaux de la Serbie, les posters de la Liste Serbe ne rencontrent aucune opposition.

À Mitrovica Nord, la Liste Serbe est omniprésente (Aurélie Pugnet/B2)

Les discussions à venir avec les Européens

Ces élections interviennent alors que la révision stratégique de la mission de l’Union européenne pour le soutien de l’état de droit au Kosovo (EULEX Kosovo) est en cours, et le dialogue entre Pristina (Kosovo) et Belgrade (Serbie) à peine relancé. Celui qui devrait devenir premier ministre, Albin Kurti, a déjà annoncé que la relance du Dialogue avec Belgrade figure en « cinquième ou sixième » position de ses priorités, rapporte la Deutsche Welle. Par ailleurs, il est connu pour sa position très critique envers la mission des Nations Unies (UNMIK) au Kosovo et la mission européenne EULEX. Vis-à-vis de EULEX, « les critiques datent d’il y a plus de deux ans », note le chef de la mission, Lars-Gunnar Wigemark. Il a depuis rencontré Albin Kurti au cours de sa brève expérience de premier ministre, début 2020 (2). Notamment, il précise, « nous avons discuté de certaines questions opérationnelles très spécifiques, par exemple il nous a demandé de l’aide sur la question des personnes disparues ».

(Aurélie Pugnet, envoyée spéciale à Pristina)

  1. Le drapeau albanais est le drapeau ‘national’ du pays, affiché par la majorité albanaise. Alors que le drapeau bleu, avec la forme du pays, est le drapeau officiel de l’État du Kosovo.
  2. Albin Kurti a été premier ministre de février à juin 2020, avant que son gouvernement soit renversé par une motion de censure déposée par la LDK, membre de sa majorité parlementaire. Cette motion est intervenue après le renvoi par A. Kurti d’un ministre de la LDK qui avait soutenu la mise en place de l’état d’urgence du président H. Thaci.

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Le pilier militaire du G5 Sahel monte en puissance, Takuba aussi. Le GISM ennemi numéro 1 (v2)

sam, 13/02/2021 - 11:05

(B2) A la veille du sommet de N’Djamena sur le Sahel, il n’est pas inutile de revenir sur le pilier militaire de l’effort entrepris par la France et les alliés européens. Un pilier qui a bien progressé en un an, si on écoute les officiels français

Task force Takuba (crédit : DICOD / EMA)

La montée en puissance des forces sahéliennes

Du côté français, on l’assure : « beaucoup de choses ont été faites ».

Une fragilité mais des progrès

Certes, les armées sahéliennes restent « encore fragiles » en général, mais leur engagement est « indéniablement accru ». Elles ont « progressé ». La force conjointe du G5 Sahel aligne désormais sept bataillons et « peut-être huit avec la perspective du déploiement d’un bataillon tchadien ». Donc 5000 hommes. Ces armées connaissent « encore des difficultés » reconnait un militaire. Il ne faut pas « l’éluder ». Mais nous cherchons à les « atténuer ».

Une capacité d’opération et de résilience

La force a pu mener notamment des opérations : Samar 1 et Samar 2, planifiées « en étroite coordination avec Barkhane » et les forces internationales (Minusma). Aujourd’hui, « elles sont capables de défendre leurs positions, elles l’ont montré à plusieurs reprises au cours des mois passés. Elles sont capables de réagir à leurs propres niveaux. Elles savent se coordonner entre elles, et se coordonner avec les forces internationales ». Bref « leur autonomisation » — objectif fixé par la France et les Européens au G5 Sahel —, « progresse ». Un PC interarmées de théâtre à Bamako a été monté sous l’impulsion du général Namata, depuis un an et demi.

L’armée malienne en recomposition

Point de satisfaction pour les Français : l’armée malienne (les FAMA). « Le haut commandement s’est remobilisé. Les unités se sont renforcées et les unités ont pu se renforcer. » Ce malgré la suspension d’EUTM pour cause de Covid-19 et de coup d’état. Si personne n’ose le dire, l’effet coup d’état parait effacé (voire même positif)… On voit « la montée en puissance des unités légères de reconnaissance et d’investigation » : l’ULRI 1 à Gossi, une à Ménaka, une troisième à Gao. Ces ULRI « ont mené des opérations, dans un cadre national ou multinational voire avec les unités européennes de la Task Force Takuba » (NB : celle de Ménaka). Les forces maliennes qui avaient dû abandonner en 2019 certains postes « reviennent ». A Labbezanga, le poste militaire a pu être bâti. « D’autres projets arrivent » : à Indelimane, Anderaboukane. L’aérien n’est pas oublié. Les Maliens « font intervenir leur aviation quand un poste est attaqué ».

Forces nigériennes en formation

Les forces armées nigériennes, elles « poursuivent la formation des bataillons spéciaux d’intervention ». La France forme un bataillon à Dosso. L’Allemagne et la Belgique travaille aussi sur les forces spéciales.

La coordination des forces mieux assurée

C’est un point acquis important depuis le sommet de Pau selon les autorités françaises. Un mécanisme de commandement conjoint s’est installé à Niamey à proximité du PC du fuseau centre de la force conjointe. Mécanisme « régulièrement » utilisé pour coordonner les différentes opérations, nationales, de la force conjointe ou de Barkhane. Il est épaulé par une cellule de fusion de renseignement « par laquelle les différentes armées échangent des informations sur l’adversaire ». Essentiel selon les militaires.

L’arrivée des Européens au sein de la Task Force Takuba

Le concept de Takuba est le bon

La force européenne monte aussi lentement en puissance dans la zone de Trois frontières. Outre les Estoniens, les Tchèques, les Suédois, les Italiens doivent « commencer à se déployer à partir de mars 2021 ». Le rythme est « progressif, certes ». Un euphémisme pour dire lent. Mais le concept, qui repose non sur le combat direct, mais l’accompagnement (mentoring) des Maliens dans le Liptako est « le bon ». Il « attire des partenaires européens ».

Huit pays supplémentaires à terme

D’autres contingents pourraient arriver dans les mois (ou années qui viennent). Le Danemark, le Portugal, la Belgique, les Pays-Bas devraient venir « en soutien », avec des contingents « moindres » sans doute. Mais ils « vont venir », affirme-t-on d’un ton sûr à l’Élysée. D’autres pays européens ont « annoncé leur intérêt et leur volonté de s’engager dans cette opération ». Une contribution annoncée de manière « plus ou moins ferme » par les chefs d’État ou Premiers ministres de quatre pays : la Grèce (2), la Hongrie, la Serbie (3), même l’Ukraine. Chaque contribution pourrait alors se monter « à quelques dizaines, voire à près d’une centaine » de personnels.

8000 militaires engagés

C’est le nouveau chiffre défendu publiquement. Il y a 8000 Européens engagés au Sahel, affirme-t-on à Paris. Ce chiffre comprend les 5100 militaires français de Barkhane et environ 3000 Européens investis dans quatre missions (MINUSMA, EUTM Mali, Barkhane et Takuba ou actions bilatérales). Soit un tiers de l’effectif (lire : Combien de soldats européens sont présents au Sahel ? Combien sont dans Barkhane ? (v3)).

  • NB : un chiffre qui a un double intérêt : montrer que ce n’est pas la France, qui intervient, à titre historique, mais toute l’Europe, au nom d’un intérêt commun. Ensuite, permettre des évolutions plus souples de la France, pour éviter une image de désengagement. Quel que soit le recadrage, il restera ainsi un chiffre public de 8000 personnels.

Un réajustement de Barkhane : pour plus tard ?

La réflexion sur le réajustement de Barkhane est « en cours », précise-t-on du côté de l’Elysée. Mais elle pourrait ne pas être annoncée lors du sommet, mais plus tard. Les modalités seront discutées « au cours des prochaines semaines [ou] des prochains mois ». Les partenaires européens et sahéliens seront associés « étroitement ».

Un tournant tactique

A Pau, en janvier 2020, était affirmé la volonté de concentrer les efforts militaires contre l’État islamique au Grand Sahara, dans la zone des trois frontières. Aujourd’hui, l’objectif est de cibler davantage un autre groupe armé, le Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans (dénommé RVIM ou GSIM ou JNIM en arabe), dirigé par Iyad Ag-Gahli et affilié à Al Qaida.

Un objectif : le RVIM

C’est « la menace principale, la plus forte ». Dans une zone en particulier : « le Gourma », où il « a mené des actions ces dernières semaines ». Une région à cheval sur plusieurs frontières (Mali, Burkina Faso) qui signifie littéralement  » la rive droite du fleuve Niger ». Mais le RVIM est aussi actif « dans l’extrême nord du Mali » ou surtout « dans le centre, avec la Katiba Macina ».

L’Etat islamique, en perte de vitesse

Explication, venant d’un militaire : l’EIGS « est en perte de vitesse notoire ». Il « ne mène plus d’actions contre les forces sahéliennes. Du moins, plus d’actions majeures. Il n’y a plus d’attaques majeures de postes militaires. Ces groupes sont dispersés et n’agissent plus que par très petits éléments ». Ils pratiquent plutôt « une stratégie d’évitement » comme cela a pu être observé « depuis le mois de janvier 2020 ». Les luttes fratricides avec les autres groupes armés, notamment le RVIM l’ont affaibli (4).

La lutte contre la Katiba Macina dans le centre du Mali

Il faut renforcer « la pression sur le groupe dit ‘Katiba Macina’ », dont la principale zone d’activité est le centre du Mali. C’est le troisième volet de la stratégie qui devrait être définie à N’Djamena (avec la consolidation de l’action dans les Trois Frontières et le RVIM). Cette pression sera renforcée avec l’opérationnalisation progressive du ‘fuseau ouest’ de la force conjointe du G5 Sahel. Un volet que « jusqu’à présent, nous n’avons pas réussi à mettre en œuvre », reconnait-on à l’Élysée.

… avec le renforcement du fuseau ‘Ouest’

La « réactivation du dialogue militaire entre la Mauritanie et le Mali » permet d’espérer un changement. Ce sera aux forces maliennes et mauritaniennes d’agir. Le PC de ce fuseau est en Mauritanie. Il n’est pas ainsi prévu que les troupes de Barkhane se déploient dans cette région. L’opération Barkhane pourra juste fournir « un appui général » par des moyens en amont ou d’autres moyens par exemples aériens.

Le désarmement des milices

Quant au désarmement des milices d’autodéfense dans le centre du Mali, objectif du sommet de Pau, « on est effectivement loin du compte » aujourd’hui reconnait notre interlocuteur. D’où l’importance d’avoir un retour de l’État dans cette région.

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Témoins de cet engagement, deux opérations. L’opération Bourrasque, fin d’année 2020, en octobre surtout, qui a mobilisé 3000 militaires, dont près de la moitié (1400) fournis par le Niger et le Mali. L’opération Eclipse en janvier avec à peu près autant d’hommes (3000), dont 1000 Maliens, Nigériens et Burkinabés.
  2. Quelques dizaines pas plus selon nos informations, en soutien ou logistique.
  3. Il s’agit sans doute d’un soutien médical selon nos informations.
  4. L’EIGS avait une composition « plus homogène », plus organisée, avec « différentes katibas ou différents groupes ». Ce qui lui a apparemment porté tort à côté d’un RVIM, à l’organisation plus ‘plastique’. Ce groupe a une certaine « diversité » et est « géographiquement beaucoup plus étendu ».

(mis à jour) Complément apporté sur l’action dans le fuseau Ouest

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Journalistes qui avez écrit sur l’Europe. Candidatez au Prix Louise Weiss !

sam, 13/02/2021 - 09:40

(B2) Vous avez réalisé des productions journalistiques ayant trait aux affaires européennes et à l’Europe en général durant l’année 2020 (janvier à décembre) ? Nous serions ravis de vous compter parmi nos candidats !

(crédit : Parlement européen)

Créé en 2005, le Prix Louise Weiss récompense les journalistes qui traitent en langue française les sujets européens de la manière la plus systématique, pédagogique et originale, quel que soit le support (écrit, audio, vidéo, web). Il est organisé par l’Association des Journalistes Européens,, organisée (avec le soutien du ministère des Affaires étrangères et de la fondation Hippocrène.

Trois prix seront décernés

Vous pouvez donc concourir dans une des trois catégories suivantes :

  • Prix Reportage : 1500 euros
  • Prix Décryptage : 1500 euros
  • Prix jeune journaliste (destiné aux moins de 25 ans, étudiants en école et stagiaires) : 1000 euro

Le concours est ouvert à toute personne issue d’un pays de l’Union européenne (nationalité ou résident dans un pays de l’UE) dont l’activité professionnelle est le journalisme. L’important est d’avoir un bon papier !

Les candidats seront sélectionnés par un jury composé de journalistes professionnels. Le Prix sera décerné lors d’une cérémonie au Quai d’Orsay fin juin 2021. 

La candaidature doit s’accompagner des éléments suivants : 

  • Formulaire d’inscription rempli
  • Preuve de publication du document
  • Une photocopie de pièce d’identité

NB : Toute information, ainsi que les précédents lauréats et reportages primés, se trouvent sur www.prixlouiseweiss.com.

(Nicolas Gros-Verheyde)
vice-président de l’AJE-France

Règlement du prix Louise WeissTélécharger

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Combien de soldats européens sont présents au Sahel ? Combien sont dans Barkhane ? (v3)

mer, 10/02/2021 - 23:24

(B2) Entre le ministère de la défense et le Canard Enchainé, la guerre des chiffres fait rage sur l’engagement européen au Sahel

Un Chinook britannique ‘baladant’ un container en soutien à Barkhane- Camp Roberts, Gao, Mali (crédit : Royal Air Force)

2500 Européens nous aident au Sahel (Parly)

Tout est parti d’une déclaration de Florence Parly sur la base d’Orléans le 1er février… Suivant le motto de l’Élysée ‘nous ne sommes pas seuls au Sahel, les Européens nous aident’, la ministre des Armées déclare : « Aujourd’hui au Sahel, il y a toujours 5100 Français, comme vous le savez ; mais, et c’est moins connu, il y a aussi près de 2500 Européens. » Et plus loin elle ajoute : « Nos alliés européens sont également à nos côtés au sein de la force Barkhane ».

Parly et ses Européens fantômes ! (Le Canard)

Dans le Canard Enchainé paru ce mercredi (10.02), les collègues du ‘plumitif’ partent à l’assaut, baïonnette au canon, allumant « Parly et ses Européens fantômes ». Ils recollent les deux bouts de phrase sur la présence de « au sein de la Force Barkhane » et le chiffre de « près de 2500 Européens sur place. » Même en « additionnant les instructeurs européens auprès des armées locales, les Casques bleus européens et le contingent d’une trentaine d’Estoniens de la force Takuba, on est loin des élucubrations chiffrées de Parly » assènent notre confrère, avec la verve qu’on lui connait.

Il y a environ 2900 Européens réplique Balard

A l’Hotel de Brienne (le siège du ministère français de la Défense), comme à Balard (le siège du ministère), le sang ne fait qu’un tour, et on réplique, calculette à la main. Il y en réalité « environ 2900 militaires européens » au Sahel (hors France) explique le porte-parole Hervé Grandjean dans un message envoyé à la presse de défense (dont B2):

  • « 1500 à la MINUSMA, (Allemands et Britanniques principalement)
  • « 600 actuellement à EUTM, (ils seront 1070 à l’été 2021)
  • « 425 au sein de Barkhane (Suédois, Estoniens, Tchèques, Britanniques)
  • « 320 dans des missions bilatérales (exemple : mission de formation d’un bataillon nigérien conduite par 200 militaires allemands. Italiens, Belges mènent aussi des formations pour le Niger, en format bilatéral). »

La bataille des chiffres

Soyons nets : y voir clair n’est pas toujours évident, tant avoir tous les chiffres n’est pas facile.

Pan sur le bec !

Mais, il semble un fait certain : le Canard Enchainé (qu’on a connu plus exact) s’est littéralement vautré. Est-ce que nos confrères se sont reposés sur des chiffres anciens, ou se sont-ils tombés dans le pêché mignon de taper à la fois sur l’armée, Florence Parly et les Européens, en ajoutant le plaisir de faire un bon mot ? Toujours est-il que l’exactitude… D’une part, la ministre a bien séparé l’aspect Takuba (« Les Européens sont désormais au rendez-vous ») se gardant de donner un chiffre qui aurait été un peu ridicule. Et ce n’est que sur la présence au Sahel qu’elle assène le chiffre de ‘près de 2500’.

Soyons fous, soyons flous !

Le ministère des armées adore ainsi jouer avec les mots et les chiffres. On peut s’y laisser prendre si on n’y prend pas garde. Ainsi il a tendance à compter à la fois le présent et le futur (les Allemands de la mission Gazelle sont ainsi comptés une fois dans le bilatéral et une fois dans le futur d’EUTM Mali… mais ce sont les mêmes qui changent de casquettes). A B2 nous avons aussi appris à nous méfier de ces rigueurs approximatives, notamment du côté des politiques. Ainsi mardi (9.02), Florence Parly, devant le Sénat, affirme que les Allemands, « deuxième contributeur à cette formation [= EUTM Mali] ! fournissent 800 soldats, et il y en aura 250 de plus fin 2021. » Un peu osé ! Dans EUTM aujourd’hui, les Allemands sont une centaine. Mais c’est vrai que si on cumule EUTM + MINUSMA, le compte est bon…

Les effectifs reconstitués

il faut donc être prudent. Car, même en vérifiant d’un côté et de l’autre, il est difficile d’avoir des chiffres collant à la réalité du jour. Mais voici ce que j’ai dans mes tablettes.

Du côté de la task-force Takuba (intégrée à Barkhane), contrairement à ce que dit Le Canard, il n’y a pas que des Estoniens (une bonne trentaine), on trouve des Tchèques (environ 35 + 20 de soutien ?) et des Suédois qui arrivent (bientôt 150). (Lire aussi : Force Takuba : qui participe, observe ou simplement soutient ?)

Coté Barkhane, on trouve aussi une centaine de Britanniques (opération Newcombe) avec leurs trois hélicoptères Chinook (du 27e Squadron de la RAF basé à Odiham) qui apportent un soutien inestimable (même si Outre-Manche on estime qu’ils pourraient être plus utiles à l’ONU). Il ne faut pas oublier le détachement espagnol (‘Marfil’), basé au Sénégal, qui effectue des rotations régulières de transport (pour Barkhane comme EUTM Mali ou la Minusma), avec un effectif de 66 personnels et deux Casa C-295 (du 35e wing de Getafe). Un soutien très utile. Un officier confiait il y a quelque temps que cela représentait 15% des transports ! Enfin, on a une petite cinquantaine d’Estoniens qui continuent à participer à l’opération Barkhane (force protection d’après mes informations).

Coté EUTM Mali (la mission de formation de l’armée malienne), on est effectivement aujourd’hui (11.02) au-dessus de la jauge des 600 soldats. Très exactement on approche les 800 militaires déployés : un peu moins de 170 au QG et 24 à l’aéroport, un peu moins de 600 sur le camp de formation de Koulikoro . Et effectivement on devrait arriver à un effectif de 1077 (très exactement) d’ici l’été 2021. Du moins c’est l’effectif inscrit dans le mandat, avec l’intégration de l’équie de formation allemande actuellement au Niger. (lire : EUTM Mali reprend le collier. Nouvelles bases, sorties dans tout le Mali, Gazelle intégrée. En attendant le Burkina et le Niger).

Coté Minusma (la mission de l’ONU), j’ai effectivement de mon côté 930 Allemands et 300 Britanniques (250 dans le task group et 50 en soutien à Gao) venus du Light Dragoons et Royal Anglian Regiment ). Chiffres confirmés à B2 à Londres et Berlin. Il y a aussi environ 250 soldats d’autres pays européens (60 Portugais, 95 Belges, Norvégiens, Danois, Irlandais)… et une vingtaine de Français. On arrive ainsi à l’effectif mentionné des 1500 personnels du ministère.

  • NB : l’effectif allemand a nettement augmenté depuis le début de l’année (le dernier bilan de la Minusma, datant de décembre, indique toujours 425 personnels). L’effectif autorisé (théorique) par le Bundestag est de 1100 personnels. La relève venant de la 12e Panzerbrigade appuyée par la 2e brigade d’infanterie de montagne se prépare

Du côté bilatéral, le chiffre donné de 300 semble correct avec notamment une petite centaine de Belges dans la mission de formation ‘Nero’ au Niger (atteinte récemment par le Covid-19), et un peu moins de 200 Allemands dans la mission de formation ‘Gazelle’ (qui vont être intégrés dans la mission EUTM Mali).

Conclusion : Parly 1, Canard 0

Au final, si on additionne le tout (environ 400 Barkhane-Takuba + 800 Eutm + 1500 Minusma + 300 bilatéral), on arrive largement au-dessus du chiffre des 2500 cité par la ministre Florence Parly. Et dans la zone des 2900 personnels donnés par le ministère (même légèrement au-dessus). Et, encore, on n’a pas compté les effectifs de soutien aux forces de sécurité intérieure, présents dans les deux missions européennes EUCAP au Mali et au Niger, souvent composés de personnels policiers ou gendarmerie aguerris. Si on les prend en compte, on dépasse largement le chiffre de 3000. Ce n’est pas négligeable du tout !

Si on reste sur la dimension Takuba, on est loin du compte. Avec un peu plus de 200 hommes aujourd’hui en fait, on est très loin de l’objectif de 600 personnels (si mes souvenirs sont bons) affiché au début de la réflexion sur la mise en place d’une task-force de forces spéciales européennes par l’état-major des armées).

Un engagement de seconde ligne, non sans risques

Les Européens s’engagent au Sahel, c’est un fait, et de façon assez notable. Mais ils restent sur des missions de seconde ligne (formation, logistique, transport, sécurisation). Peu s’engagent de fait en première ligne (moins de 10%). Mais cet engagement n’est pas à négliger. S’engager au Sahel n’est pas de tout repos. Les forces sont toutes exposées à un risque. Des diplomates européens l’ont payé de leur vie à Bamako. Ce n’est pas identique à déployer des forces en Bosnie-Herzégovine ou au Kosovo, qui ressemble (soyons honnêtes) à une promenade de santé.

Un dossier délicat pour Paris

La France se retrouve cependant au Sahel dans la même position que les Américains en Afghanistan, obligée, régulièrement, d’aller sonner les cloches de ses alliés pour leur demander du personnel et des moyens. Sauf que Paris n’a pas les moyens de Washingon, il faut user de persuasion, d’échanges de bons procédés (tu viens au Sahel, je t’aide sur telle ou telle mission). La communication publique est donc essentielle, surtout au plan européen. D’où la grande sensibilité (soudaine) du ministère dès qu’on prononce le mot Européen. Sensibilité qui va aller s’accentuant. Car au 1er semestre 2022, c’est-à-dire rapidement, viendra la présidence française de l’Union. Où le gouvernement entend briller de mille feux (mantra européen de E. Macron… mais surtout échéance électorale présidentielle obligent).

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi :

(mis à jour) Article mis à jour et corrigé avec les derniers chiffres fournis par la Bundeswehr et EUTM Mali (à jour au 11.02). Commentaires revus en conséquence.

Cet article Combien de soldats européens sont présents au Sahel ? Combien sont dans Barkhane ? (v3) est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.

Catégories: Défense

La menace terroriste se déplace vers le Golfe de Guinée

mar, 09/02/2021 - 08:23

(B2) Pour Bernard Emié, le chef de la DGSE, le chef du renseignement extérieur français, on n’en a pas fini avec le terrorisme en Afrique. À partir du Sahel, les groupes terroristes essaiment et étendent leur influence vers le Sud et l’Ouest de l’Afrique

Le général François Lecointre (Chef d’état-major des armes) et Bernard Emié (directeur de la DGSE), aux côtés de la ministre des Armées, Florence Parly (crédit : DICOD France)

Au sahel : l’objectif désorganiser les groupes armés

Le propos de Bernard Emié se veut volontairement offensif, reprenant le propos du président de la république : « Avec les terroristes, on ne discute pas. On combat. ». L’action menée a permis « d’affaiblir durablement nos ennemis », notamment en Iraq ou sur le plan intérieur. Au Sahel, aussi, elle a permis « de désorganiser les groupes terroristes et d’entraver la plupart de leurs chefs ». Une bonne partie du travail est ainsi d’identifier les chefs, afin de les éliminer.

A l’image du jeu de carte distribué par les Américains au moment de l’intervention en Iraq contre Saddam Hussein, la DGSE affiche clairement les ‘neutralisations’ (= ‘élimination’) de certains chefs d’Al Qaida (source image : DGSE)

En expansion vers l’Ouest de l’Afrique, voire l’Europe

Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) développe actuellement un « projet d’expansion » vers le golfe de Guinée, en particulier la Côte d’Ivoire et le Bénin. Depuis le Mali, les terroristes « réfléchissent à des attaques dans la région et en Europe » a lâché le directeur général du renseignement extérieur français (DGSE), Bernard Emié, lors d’un déplacement de la ministre sur la base aérienne des forces spéciales à Orléans, pour un comité exécutif anti-terroriste lundi (1.02).

Les deux réseaux terroristes. L’un descendu plutôt des ‘poches’ rebelles du Nord Mali, proche frontière Algérienne, l’autre (Daesh) plus endogène, qui a pris sa croissance dans le Liptako, dans la zone des trois frontières entre Mali, Niger et Burkina Faso (Source Carte : DGSE)

Pris en étau, les réseaux s’étendent

En plus de « financer déjà des hommes qui se disséminent » dans ces deux pays, « des combattants ont été envoyés aux confins du Nigéria, du Niger, du Tchad, où plusieurs groupes issus de Boko Haram continuent de tisser leur toile et d’assassiner », a-t-il décrit. « Ces pays sont désormais une cible » pour les terroristes. La raison ? Selon lui, les terroristes sont en fait « pris en étau » et donc « s’étendent vers le Sud ».

La menace venue du Moyen-Orient et d’Afghanistan se répand en Afrique (Source Carte : DGSE)

Direction l’Afrique de l’Est et australe, voire l’Europe

Toutefois, la dispersion des forces terroristes ne s’arrête pas aux frontières sahéliennes. Et ne doit pas être prise à la légère. Le chef de la DGSE est formel : « La situation en Afrique orientale, depuis les Shebabs de Somalie [Al Qaïda NDLR] jusqu’aux infiltrations récentes de l’État islamique au Mozambique », deux pays sur la côte Est du continent africain « nous préoccupent également beaucoup ».

Des chefs d’AQMI pris sur le fait

Le clou de la conférence est la présentation d’une vidéo. On peut y voir un groupe d’hommes réunis sous la tente pour discuter de leurs opérations futures. Sont là les principaux chefs d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, notamment Lyad ag-Ghali, le chef du GSIM (Groupe de soutien de l’islam et des musulmans) la filiale ‘Sahel’ d’AQMI (avec le turban rouge), le chef de la Katiba Macina, Amadou Kouffa (considéré comme le numéro 2 d’Al Qaida au Sahel) (avec le turban noir), Abdelmalek Droukdel, le chef dAQMI (avec le turban, tué par les forces Barkhane le 3 juin 2020).

Commentaire : une action de com’ stratégique avant tout

Cette sortie publique d’un directeur du renseignement, qui reste traditionnellement dans l’ombre, est loin d’être anodine, d’autant qu’elle n’a rien d’improvisé.

Sur le plan des informations, il n’y a pas grand chose de concret à glaner, à part cette vidéo. Et encore, elle ne prouve pas grand chose, à part le fait que des chefs de bandes armées se rencontrent pour coordonner leur action. Ce qui est la base d’un mouvement armé. On a cependant la confirmation que c’est surtout Al Qaida et ses filiales au Sahel qui est visé, et moins l’Etat islamique (Daesh) et qu’ne partie de l’action du renseignement a pour objectif l’élimination (‘neutralisation’ dans la terminologie officielle) des différents chefs des mouvements. Une stratégie plutôt limitée si on en juge par les résultats sur le terrain.

Sur le plan des menaces, on sait déjà que la Somalie n’est pas un havre de paix et qu’il y a un risque terroriste au Mozambique, comme en Afrique de l’Ouest. « Il y a toujours des risques majeurs de développement de djihadistes dans la zone qui va de la Corne de l’Afrique à la Guinée-Bissau » disait déjà Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense, en juillet 2014, lors de la transformation de l’opération Serval en opération Barkhane, évoquant déjà un risque pour l’Europe.

« Le but de cette présence, c’est d’empêcher que [le nord des cinq pays du Sahel] ne devienne une filière, un lieu de passage permanent de reconstitution des groupes djihadistes entre la Libye et l’océan Atlantique, ce qui entraînerait ensuite des conséquences graves pour notre sécurité ». Effectivement quand un directeur du renseignement le dit face caméras, cela peut avoir plus de poids qu’un responsable politique, qu’on pourrait soupçonner d’arrières pensées.

Comment l’analyser alors ? Le premier message est à but interne. Il s’agit d’indiquer que la menace n’est pas vaincue, mais qu’elle est suivie. Cela permet de contrer les quelques critiques sur l’utilité de Barkhane, comme les tentations d’en réduire le spectre ou de négocier avec les groupes armés. Des ‘ennemis’, des ‘terroristes’, le vocable est on ne peut plus guerrier. Le deuxième objectif est à usage externe, vis-à-vis des Européens comme des Américains. Un petit rappel de l’importance de l’opération française, et de son efficacité, au moment où l’administration Biden révise tous ses objectifs de présence militaire, y compris en Afrique, n’est pas inutile. Idem pour les Européens — des Britanniques aux Espagnols, en passant par les Allemands ou Italiens — qui peinent à s’engager de manière plus prononcée.

(Nicolas Gros-Verheyde, avec Aurélie Pugnet)

Le discours de Bernard Emié à OrléansTélécharger

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Un Atlantique 2 français à Irini. Les P3 Orion allemands en panne

lun, 08/02/2021 - 14:33

(B2) Un avion de patrouille maritime Atlantique 2 de la marine française prête son concours actuellement à l’opération EUNAVFOR Med Irini. L’ATL2 opère à partir de la base aérienne de la La Sude en Grèce.

Un moyen associé

L’appareil a été déployé depuis la fin de la semaine dernière annonce l’état-major des armées, le 6 février. Il s’agit de ce qu’on appelle « un moyen associé ». C’est-à-dire que l’avion effectue des missions de façon ponctuelle, mais n’est pas soumis de façon permanente au commandement et contrôle de l’opération.

Le P3 Orion de la marine allemande en panne

Cet apport est cependant très utile. La France vient suppléer ainsi un passage à vide allemand. La marine allemande a dû en effet suspendre sa participation à l’opération en janvier car son avion de patrouille P3 Orion C a a subi une panne, comme nous l’a appris notre collègue d’Augengeradeaus. Ce n’est pas un cas isolé.

Des P3 Orion allemands au bout du rouleau

Comme le raconte notre collègue allemand, Thomas Wiegold, la flotte des avions de surveillance maritime est au bout du rouleau. Sur les huit appareils P3 Orion, quatre ne sont plus réparables et ont pratiquement été mis hors service. Deux machines sont en processus de grande révision (avec de nouvelles ailes) : la première devrait être disponible avant la fin février. Pour la seconde, aucune date n’est précisée, ce sera plus tard. Le septième avion n’est pas non plus disponible : revenu de l’opération anti-piraterie de l’UE (EUNAVFOR Atalanta) il est en inspection ‘600 heures’. La dernière machine opérationnelle, engagée dans l’opération EUNAVFOR MED Irini, a été mise hors service le 8 janvier, avec une défaillance dans le système d’alimentation en carburant !

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Au départ, cette modernisation devait concerner tous les appareils, mais elle a été arrêtée en juin de l’année dernière, et n’ira à son terme que pour les deux machines dont le processus a déjà commencé.

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Pour Josep Borrell, le divorce est consommé entre Russes et Européens. Il faut en tirer les conséquences

dim, 07/02/2021 - 23:33

(B2) Dans un message posté sur son blog, ce dimanche (7.02) le chef de la diplomatie européenne revient sur sa visite à Moscou. Non sans panache

  • Ce message a un triple intérêt. Il révèle la teneur de certains échanges, vigoureux, le constat d’un divorce profond entre Russie et Europe et appelle à prendre résolument la mesure de cette attitude agressive. Au passage, il vient défendre son rôle de diplomate fustigeant les critiques trop faciles.

Le refus du dialogue

Venu avec l’esprit du diplomate, prêt à résoudre les différends, Josep Borrell a trouvé face à lui une direction russe refusant d’avoir « un dialogue plus constructif ». Entre une conférence de presse « organisée de manière agressive » (lire : Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell piégé à Moscou) et l’expulsion de trois diplomates européens annoncée par surprise (lire : Avec Moscou, les relations diplomatiques se compliquent). Pour le chef de la diplomatie européenne, c’est clair.

Le divorce est consommé

« L’Europe et la Russie se séparent. […] la Russie se déconnecte progressivement de l’Europe et considère les valeurs démocratiques comme une menace existentielle ». Les relations entre l’Union européenne et la Russie étaient déjà « au plus bas » depuis un certain nombre d’années. Elles se sont encore « détériorées après les récents développements liés à l’empoisonnement, l’arrestation et la condamnation d’Alexei Navalny ». Les autorités russes n’ont pas voulu saisir cette « opportunité ». « C’est regrettable et nous devrons en tirer les conséquences. ».

L’Heure du choix

Aujourd’hui, l’Europe est à donc un tournant dans ses relations avec Moscou. En tant qu’Union européenne, « nous devrons réfléchir attentivement à la direction que nous voulons donner à nos relations avec la Russie et agir de manière unie avec détermination », y compris par des sanctions, indique-t-il. NB : Ce devrait être à l’ordre du jour de la prochaine réunion des ministres des Affaires étrangères, lundi (22.02), comme du sommet européen des Chefs en mars.

Un aggiornamento diplomatique

Ce choix n’est pas juste un choix tactique ou conjoncturel, il s’agit d’un « choix stratégique » ! Un choix qui va déterminer « la dynamique internationale du pouvoir au XXIe siècle ». Les Européens veulent-ils avancer « vers des modèles plus coopératifs ou plus polarisés », basés sur « des sociétés fermées ou plus libres » ? Et sont-ils prêts à « influencer ces évolutions » ?

En clair, il s’agit de déterminer une politique. Dans ce cas, cela « nécessite une vision et des objectifs clairs, un engagement diplomatique intense, et de nos nombreux moyens d’action extérieure et de projection d’influence ». Trois éléments qui semblent bien manquer aujourd’hui.

Le rôle d’un diplomate c’est de prendre des risques

Au passage, Josep Borrell ironise sur ceux qui bien à l’abri « derrière des murs » sécurisés, hurlent avec les loups. « Appeler les autres à partir de la sécurité de cette position n’apportera pas une plus grande sécurité à l’UE. Et ce n’est pas de cette façon que je considère mon rôle comme le premier diplomate de l’UE ».

Il préconise une diplomatie d’action plutôt qu’une diplomatie de la rancoeur. « Nous devons […] rencontrer les autres sur leur propre territoire, juste au moment où des événements négatifs se déroulent. […] Je préfère cela à devoir réagir [après coup] et attendre que les choses se passent. » Et d’assumer ce choix : « Si nous voulons un monde plus sûr pour demain, nous devons […] être prêts à prendre des risques. »

(Nicolas Gros-Verheyde)

Traduction libre par nos soins

Une expulsion annoncée par surprise. La discussion avec Serguei Lavrov « a atteint des niveaux élevés de tension » surtout quand le Haut représentant de l'UE a abordé la question des droits de l'Homme et « demandé la libération immédiate et inconditionnelle de M. Navalny, ainsi que l’ouverture d’une enquête complète et impartiale sur sa tentative d’assassinat ». Les autres nombreux points de « désaccord » ((Ukraine, Biélorussie, Géorgie, Haut Karabagh, crises syriennes et libyenne) ont été abordés. Inutile de préciser que l'ambiance n'était donc très chaleureuse. Mais les Russes réservaient une surprise à leur visiteur. Ce n'est qu'« à la toute fin de notre réunion » que les Européens ont appris « par le biais des médias sociaux », l'expulsion de trois diplomates européens sur la base « d'allégations non fondées (lire : Avec Moscou, les relations diplomatiques se compliquent. Trois diplomates européens expulsés). La goutte d'eau qui a fait déborder le vase pour J. Borrell en même temps qu'une conférence de presse qui s'est révélée un vrai traquenard. My visit to Moscow and the future of EU-Russia relationsTélécharger

LIre à suivre : Le cas Navalny : un cas d’école pour la liste Magnitski à l’Européenne ? Mais pas suffisant pour bloquer le gaz russe et notre fiche sur le régime de sanctions des droits de l’Homme

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Takuba. Les Suédois sur place au Mali

dim, 07/02/2021 - 19:45

(B2) La majeure partie des forces spéciales multinationales suédoises de la Task Force Takuba est désormais en place au Mali. C’est ce qu’affirme le général de brigade Anders Löfberg, chef du commandement des forces spéciales

Le C-130 Hercules suédois (crédit : MOD Suède)

Un engagement important

L’engagement suédois est aujourd’hui un des plus importants engagements européens sur le terrain, avec 150 militaires, certains issus des forces spéciales, d’autres de forces conventionnelles. Les Suédois vont constituer ainsi un task-groupe avec les Français pour former une UERI malienne. Leur tâche : « assister, conseiller et accompagner les forces de sécurité maliennes ». Il peut, au besoin, être renforcé de 100 personnels supplémentaires, selon l’autorisation donnée par le Parlement.

Hélicoptères à Menaka, C-130 à Niamey

Les Suédois forment aussi une force d’intervention rapide héliportée, basée à Ménaka, dans le nord-est du Mali, bien utile pour réagir en cas d’incident. Avec trois hélicoptères UH-60 Black Hawk. Tandis qu’un avion de transport, de type C-130 Hercules, sera basé à Niamey, au Niger, pour assurer les transports tactiques, voire stratégiques.

Capables d’intervenir au Mali comme au Niger

Ces militaires pourront opérer au Mali, comme au Niger. Ce qui est le principe de la task-force Takuba qui opère dans la zone des Trois frontières. Le Parlement suédois a autorisé cette double intervention (1). Durée de leur engagement : jusqu’au 31 décembre 2021.

Un bastion de la violence

Le pays est devenu un « bastion pour les groupes islamistes pro-violence, y compris les groupes liés à Daech et Al-Qaïda ». La population malienne est « gravement affectée par des groupes terroristes criminels et islamistes ». Et ces dernières années, on a noté « une augmentation des activités criminelles telles que le commerce illégal d’armes, de drogues et de personnes, les enlèvements et les actes terroristes ». Les forces spéciales sont la seule « ressource possible dans la lutte contre les groupes terroristes car elles peuvent être déployées rapidement dans différentes parties du pays et empêcher ainsi l’escalade des conflits et la propagation du terrorisme », indique Anders Löfberg selon le site de l’armée suédoise.

Une présence dans la Minusma également et un peu dans EUTM Mali

Ce n’est pas le seul engagement de la Suède dans la région. La Suède fournit également des troupes à la mission de l’ONU Minusma, avec 215 soldats, et la mission de formation de l’UE (EUTM Mali) avec 8 militaires.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi : Force Takuba : qui participe, observe ou simplement soutient ? (v3)

  1. On peut remarquer un absent, de taille, le Burkina-Faso, qui n’a pas encore autorisé une telle opération sur son sol. Ouagadougou a toujours été réticent à ce type d’intervention.

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En Russie, la répression ne fait que se durcir, les autorités osent (presque) tout

dim, 07/02/2021 - 09:05

(B2) C’est bien ce que l’on retient des témoignages de Denis Shedov et de Sacha Koulaeva, lors d’un échange d’une heure, à distance, avec des eurodéputés, ce vendredi (5.02)

Capture d’écran de la page d’accueil du site OVD-Info, plateforme d’information créée il y a dix ans pour surveiller les arrestations de masse en Russie

Denis est analyste juridique de la plateforme OVD-Info, lancée au moment des manifestations de 2011. Il s’agissait alors de suivre les arrestations de masses pratiquées par les autorités russes. Ce qu’il décrit aujourd’hui est pire. Les persécutions massives sont d’une ampleur « sans précédent ».

En prison pour avoir manifestés

Depuis le 23 janvier, « plusieurs milliers de personnes ont été détenues pour avoir participer à des rassemblements en soutien » de l’opposant Alexeï Navalny, de retour en Russie au terme de sa convalescence en Allemagne, après une tentative d’assassinat par empoisonnement. La détention peut durer « de quelques heures à quelques jours ». Les témoignages font état de « recours injustifiés à la force pendant l’arrestation » et de « maltraitantes physiques de la police ».

Qu’importe le prétexte légal

Tous les prétextes sont bons pour justifier de poursuites pénales : de la désormais classique « violation des règles sanitaires dans le cadre de la pandémie », à la plus originale « implication de mineurs dans des activités illégales », jusqu’à la plus inouïe « violation de droits de l’Homme » ! Comme en Biélorussie, les journalistes sont directement visés, « poursuivis pour avoir couvert des protestations ». De même que les avocats, empêchés de se rendre dans les commissariats. Certes, il n’y a « rien de nouveau », sourit presque Denys. Sauf que, « cette tendance ne fait qu’empirer ».

Une répression sans complexe

Sacha enseigne comme maître de conférences en droits de l’homme, à l’École des affaires internationales de Paris, Sciences Po. Elle a dirigé le bureau Europe de l’Est pour la FIDH (la fédération internationale des droits de l’Homme). Pour elle aussi, les pratiques russes n’ont finalement rien de surprenant. Sauf que « le pouvoir n’essaye même plus de se cacher derrière une procédure légale ».

Encore plus violente

Elle évoque des cas « de tortures pour récupérer le mot de passe d’un téléphone ». De « parents menacés de perdre leurs droits parentaux ». Les pressions s’exercent au travail, avec des employeurs « menaçant leurs salariés » au cas où ils iraient manifester, et même à l’école. « On est arrêté pour avoir tweeté ou simplement retweeté ». L’État ne cherche même « pas à justifier cette répression aveugle ni convaincre de sa légalité ». Son message est d’autant plus clair : « toute opposition sera passible de répression ». Et « le niveau de violence augmente d’un jour à l’autre, voire d’une heure à l’autre ».

(Emmanuelle Stroesser)

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Le Royaume-Uni ne veut pas élever la délégation de l’UE au rang d’ambassade. Inamical ! (v2)

mer, 27/01/2021 - 22:10

(B2) Le refus du gouvernement britannique de reconnaître tous ses droits à la délégation de l’UE à Londres provoque l’ire européenne

(crédit : PE)

L’encre du traité sur la sortie du Royaume-Uni (conclu juste avant Noël) n’est pas encore sèche que déjà Londres sème le trouble. Le gouvernement de Boris Johnson n’accepte pas, en effet, de donner à la délégation de l’UE à Londres le rang qui lui est dû, notamment les privilèges et immunités diplomatiques habituels et en particulier le rang d’ambassadeur pour son chef. Cela suscite la fureur des Européens.

La rupture d’une pratique ancienne

Le Haut représentant de l’UE (le chef de la diplomatie européenne) Josep Borrell n’a pas caché son incompréhension face à la presse, lundi (25.01). « Nous ne demandons pas quelque chose de nouveau. Nous ne demandons pas un traitement spécial. Le statut extérieur de l’Union européenne est reconnu par les pays et les organisations internes du monde entier. Nous avons 143 délégations dans le monde entier. Sans une seule exception, tous les États hôtes ont accepté d’accorder à ces délégations et à leur personnel un statut équivalent à celui des missions diplomatiques des États en vertu de la Convention de Vienne. »

Un signal peu amical

« Nous attendons du Royaume-Uni qu’il traite la délégation de l’Union européenne en conséquence et sans délai. » Et d’ajouter : « Nous n’accepterons [donc] pas que le Royaume-Uni soit le seul pays dans le monde à ne pas reconnaitre l’UE comme une délégation et ne pas lui accorder des facilités diplomatiques. […] Ce n’est pas un signal amical. Si les choses doivent continuer ainsi, ce n’est pas de bon augure. »

Inacceptable pour le Parlement

Réaction identique au Parlement européen. « C’est inacceptable » a lancé Nathalie Loiseau, présidente de la sous-commission sécurité et défense, lors d’une audition ce mardi (26.01) avec le secrétaire général du service diplomatique européen (SEAE), Stefano Sannino. « J’espère que vous n’arriverez pas à un compromis boiteux sur cette question » a-t-elle lancé.

Le grand amour Europe-Royaume-Uni

De façon plus diplomatique, mais tout en fine ironie, le ministre portugais des Affaires étrangères, Antonio Santos Silva, nous confiait hier, au sortir d’un long entretien : « Tous les grands amours sont complexes. Et nous avons un grand amour avec le Royaume-Uni ».

Explications : une position britannique ancrée dans le temps

Dans la capitale britannique, de tous temps, la Commission européenne avait un bureau, une représentation, chargée d’être le relais de la politique décidée à Bruxelles dans le pays (et de faire remonter des informations du pays vers la Commission européenne). Classique. C’est ainsi dans tous les États membres. Mais le Brexit a changé la donne. D’État membre, le Royaume-Uni est devenu pays tiers. Exit donc la représentation de la Commission. À la place, vient une délégation de l’Union européenne, véritable ambassade, dirigée par un ambassadeur et plusieurs services, plutôt classiques dans une ambassade (politique, économique, culturel, et au besoin sécurité intérieure et/ou défense). La gestion des relations avec le Royaume-Uni a d’ailleurs migré en bonne partie. Elle est devenue un sujet de ‘relations extérieures’…

En refusant d’acter ce changement, et par ricochet, d’élever le chef de la délégation de l’UE (*) au rang d’ambassadeur, Londres refuse d’acter le divorce. Un geste où l’on pourra trouver des ressorts au niveau de la psychologie. Mais cette décision est avant tout politique. Et pour celui qui suit la politique britannique dans l’UE, ce n’est pas franchement une surprise. De tous temps, les Britanniques ont refusé de reconnaître un quelconque rôle à l’Union européenne au niveau de la politique étrangère ou de la défense, ou à ce qui pourrait s’apparenter à une petite once d’Union politique. En 2011 (à la création du SEAE), ils avaient ainsi bataillé ferme, durant des mois, pour refuser de reconnaître à l’UE de faire des déclarations au nom des Européens aux Nations unies. Tant qu’ils étaient présents, ils ont bloqué l’établissement d’un QG militaire permanent pour l’UE. Enfin, ils ont refusé d’incorporer la politique étrangère dans le traité de sortie de l’UE. Alors que tous les éléments étaient là pour un accord (lire : Brexmas. La politique étrangère et la défense, deux orphelines de l’accord).

(Nicolas Gros-Verheyde)

L'accréditation de l'ambassadeur britannique à Bruxelles retardée La première rencontre entre le nouvel ambassadeur britannique auprès de l'UE à Bruxelles, Lindsay Croisdale-Appleby, et le chef de cabinet du président du Conseil européen, Frédéric Bernard, prévue jeudi (28.01), a été reportée. Sine die. Un geste d'humeur vis-à-vis du refus britannique de rehausser la délégation de l’UE à Londres au niveau diplomatique. C'est « une mesure de réciprocité ».  confirme à B2 un officiel européen. NB : cette rencontre normalement formelle permet à un nouvel ambassadeur de prendre contact, mais surtout de remettre sa lettre de créance et d'enclencher le processus d'accréditation auprès de l'UE.

(*) Cette délégation n’est pas dirigée par n’importe qui. On retrouve à sa tête le Portugais Joao Vale de Almeida, qui a été l’ambassadeur de l’UE à Washington de 2010 à 2014 puis à New-York auprès de l’ONU jusqu’en 2019, et auparavant porte-parole adjoint (sous Santer) et chef de cabinet du président de la Commission (sous Barroso). Bref un homme chevronné.

Lire aussi : Comment associer le Royaume-Uni à la politique étrangère et de défense ? La réflexion reprend (v2)

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