Après le rejet au Parlement britannique de l’accord sur le Brexit passé entre Londres et Bruxelles, Theresa May doit présenter un “plan B” d’ici au 21 janvier. Mais en prévision d’un éventuel Brexit “dur”, le Premier ministre français, Edouard Philippe a lancé un plan d’urgence. De quoi relève-t-il ? Ces plans d’“accord sans accord” pourraient-ils se généraliser pour maintenir les relations avec le Royaume-Uni ? Avec quelles conséquences ? Le point de vue de Rémi Bourgeot, chercheur associé à l’IRIS.
Le Premier ministre français, Edouard Philippe, a annoncé, jeudi 17 janvier, à l’issue d’une réunion à Matignon, son plan d’urgence pour faire face à un Brexit sans accord. Que contient ce plan et quels sont ses objectifs ?
Ce plan prévoit en particulier d’investir dans les infrastructures portuaires et aéroportuaires pour répondre à l’accroissement des procédures douanières qu’impliquerait une sortie sans accord du Royaume-Uni fin mars, tout en prévoyant de ne pratiquer que les contrôles les plus minimaux. La période de transition, qui prévoit une continuation de l’essentiel des conditions actuelles, marquée par une extrême fluidité des échanges, ne peut s’enclencher que dans le cadre d’un accord de sortie.
Une sortie sans accord se traduirait par des échanges régis par les règles de l’OMC. Les tarifs extérieurs pratiqués par l’UE dans le cadre du système de l’OMC sont faibles sur la plupart des marchés, et ce serait également le cas de ceux que mettrait en place le Royaume-Uni. L’ordre de grandeur de ces tarifs est inférieur aux variations de change euro/sterling auxquelles sont confrontées les entreprises des deux côtés de la Manche. Cependant, ce cadre reste évidemment bien plus lourd en termes de procédures douanières et réglementaires que les échanges dans le cadre du marché unique. C’est ce qui fait craindre une situation chaotique sur le plan logistique, si près de l’échéance.
La sortie sans accord n’est pas nécessairement catastrophique en tant que telle, à condition qu’elle soit mise en place avec une certaine visibilité qui permette une préparation adéquate autant au niveau des entreprises que des États. Or, il est très tard désormais. Au-delà du chaos des négociations entre Londres et l’UE et sur la scène politique à Westminster, l’ensemble des responsables politiques au Royaume-Uni et en Europe s’accordent sur la nécessité de préserver les liens économiques et humains. Le principal ennemi aujourd’hui, commun à toutes les parties prenantes, c’est le temps qui nous sépare du 29 mars.
Constatant le caractère particulièrement épineux de la question du « backstop » irlandais (qui prévoit un statut commercial particulier pour l’Irlande du Nord en fonction de l’évolution des négociations sur la future relation avec l’UE), les deux parties auraient pu travailler à un scénario contournant les tabous liés à la conclusion d’un accord général tout en évitant une rupture commerciale.
Si proche de l’échéance du 29 mars, le plan du gouvernement Philippe répond ainsi à l’urgence logistique qui risque de paralyser une partie des infrastructures, notamment dans le nord de la France, comme ce serait également le cas en Belgique et aux Pays-Bas, pays par lesquels transite une grande partie des marchandises asiatiques destinées au Royaume-Uni.
Le plan d’urgence du gouvernement ne se limite cependant pas aux infrastructures douanières et indique une volonté plus générale de préservation des liens. Il traite aussi de la question des citoyens britanniques résidant en France, qui continueraient à bénéficier de leurs droits sociaux et disposeraient d’une année pour obtenir un titre de séjour, le tout étant conditionné à une certaine réciprocité de la part du gouvernement britannique. Par ailleurs, le plan prévoit que les entreprises britanniques puissent continuer à pratiquer le transport routier en France, mais aussi que le secteur financier britannique puisse en partie continuer à servir le marché français, en particulier en ce qui concerne les contrats d’assurance. Enfin, la coopération en termes d’équipement militaire était également couverte par ce plan d’urgence.
Ce modèle de plan d’urgence pourrait-il devenir la base d’une sorte “d’accord sans accord” généralisé à l’ensemble de l’Union européenne ?
Étant donnée l’expression d’un fond de panique à Londres et de par le continent, on ne peut que constater le souhait unanime de maintenir les relations. Le « backstop irlandais » a été conçu, au cours de ces longues négociations, comme une contrepartie à l’idée d’un cadre commercial éventuel n’incluant rien de ce qui se rapprocherait de l’idée d’union douanière. Cette approche est à la fois de nature politique, avec l’idée de préserver le projet européen en accroissant le coût politique d’une sortie, mais en sous-estimant le rejet massif de la part des députés britanniques, et suit une lecture qui se veut mathématique des différents types de relations commerciales. Les accords commerciaux dans le monde et en Europe suivent en réalité une logique plus complexe, qui inclut d’inévitables contradictions, qu’il s’agisse de la Norvège (qui participe au marché unique sans même être en union douanière avec l’UE, et qui n’a pas pour autant de frontière dure avec la Suède), la Suisse (avec sa multitude d’accords particuliers avec l’UE, dont l’accès des citoyens au marché du travail suisse a été remis en cause ces dernières années), la Turquie (dont les termes de l’union douanière avec l’UE excluent d’importants marchés), le Canada ou l’Ukraine…
Les accords commerciaux se rattachent à de larges notions, voire à des idéaux comme le libre-échange. Derrière ces objectifs, un accord commercial, quel que soit le nom qu’on lui donne, reste souvent la somme d’une multitude d’accords sur des marchés très variés.
Theresa May a travaillé à la conclusion de ce qu’elle pensait être le meilleur accord de sortie atteignable avec l’UE, comprenant une condition sur l’Irlande du Nord qui est jugée inacceptable à Westminster. Des idées circulent aujourd’hui pour s’orienter vers un cadre encore plus général qui règle à la fois la sortie et la relation future sous la forme d’une union douanière ou du marché unique, voire même un nouveau référendum qui pourrait consacrer l’annulation du Brexit. Il s’agirait naturellement d’une rupture avec l’interprétation du vote du Brexit qu’avait proposée la Première ministre dans les semaines qui avaient suivi le vote.
Si l’on se met d’accord sur un ensemble de règles pour maintenir les liens économiques, on se rapproche en réalité d’une forme d’accord, tout en évitant les tabous et des concessions politiques inacceptables de part et d’autre. Un « accord sans accord » aurait un caractère labyrinthique sur le plan politique, mais l’UE n’a plus à démontrer son excellence dans ce domaine. Derrière des artifices potentiellement complexes sur le plan politique, l’important serait avant toute chose que, à l’échelle des entreprises et des individus concernés, la situation reste simple et prévisible.
Que signifie un Brexit dur en matière économique tant pour le Royaume-Uni que pour l’Union européenne ? Quid de la frontière nord-irlandaise ?
Un Brexit sans accord, mais surtout dans la précipitation, signifie de l’incertitude sur les opérations commerciales entre le Royaume-Uni et les pays de l’UE dans un premier temps. Les plans d’urgence que vont adopter les divers pays concernés devraient permettre de neutraliser un certain nombre de risques, mais on restera confronté à certaines inconnues, notamment en ce qui concerne les opérations financières complexes, Londres étant la capitale financière de l’UE et même de la zone euro en particulier, si l’on considère le volume de contrats financiers en euros. D’un côté l’urgence force les diverses parties à affirmer plus concrètement leur souhait de maintenir les relations commerciales ; ce qui indique en fait un fond de convergence entre les capitales européennes et Londres et pourrait conduire à une nouvelle base pour une entente plus discrète. De l’autre, l’imminence du Brexit pose un ensemble de problèmes très concrets, qui amènent à réfléchir à l’idée de repousser la sortie formelle pour en préparer les conditions.
En ce qui concerne la frontière nord-irlandaise, Dublin souhaite naturellement préserver les liens économiques considérables avec l’Irlande du Nord, et avec l’ensemble du Royaume-Uni plus généralement. Au-delà des aspects tactiques des échanges en cours, on peut s’attendre à ce que le gouvernement irlandais mette en place un vaste plan d’urgence pour fluidifier autant que possible les échanges, en l’absence d’accord de sortie le 29 mars.
A l’occasion de la parution de son dernier ouvrage Requiem pour le monde occidental aux éditions Eyrolles, Pascal Boniface publie une série d’articles d’analyse portant sur l’hégémonie libérale et la politique extérieure de Donald Trump.
La critique de l’hégémonie libérale par Trump est bienvenue mais les solutions alternatives qu’il propose sont aussi, voire encore plus, néfastes que cette hégémonie.
Trump pose les bonnes questions, mais apporte les mauvaises réponses.
La méthode tout d’abord, tans sur le retrait de Syrie annoncé que sur les autres décisions : aucune consultation avec aucun autre allié. Trump décide seul à partir d’un agenda qui lui est propre et sans tenir aucunement compte des effets collatéraux directs ou indirects sur la situation stratégique. Trump n’a pas non plus de réflexion globale sur les intérêts américains ni sur les conséquences régionales (qui pourtant ne peuvent pas n’avoir aucun effet en retour sur les États-Unis). Il s’agit plutôt d’une réaction épidermique de nature à satisfaire les soifs émotionnelles, apparemment prise sans réflexion globale.
Retrait de Syrie ? Pourquoi pas. Mais ne faut-il pas dans ce cas le programmer et ne pas le précipiter ? La décision sur l’Afghanistan est plus compréhensible. Depuis des années, l’État-major réclame sans cesse des effectifs supplémentaires pour un « dernier effort » dans ce qui est devenu la plus longue guerre jamais menée par les États-Unis. Obama a été le premier à accepter le « surge », l’augmentation des troupes américaines après une forte réduction. Or, malgré les milliers de vies perdues, les centaines de milliards de dollars dépensées, en 2018, les Talibans sont toujours aux portes du pouvoir en Afghanistan et la présence militaire américaine toujours indispensable pour les empêcher de s’en emparer.
Mais plus encore, Trump veut en fait poursuivre, par d’autres moyens, la politique hégémonique libérale américaine. Il veut substituer une hégémonie illibérale à l’hégémonie libérale. Car la fin de l’hégémonie libérale ne débouche pas sur une politique multilatéraliste. Trump veut rationaliser l’impérialisme américain, en réduisant les coûts et maximisant les profits.
Personne ne peut avoir l’illusion d’une politique prenant en compte l’existence ou les intérêts des autres Nations. Pour Trump, les États-Unis doivent diriger le monde. Ils n’ont ni alliés ni amis, ils n’ont que des vassaux. Kim Jong-un est mieux traité qu’Angela Merkel parce que Trump a abandonné la politique des droits de l’homme pour satisfaire les besoins de sa propre diplomatie. Mais était-ce mieux avant ? Non. Les apparences étaient plus douces, mais les États-Unis ont toujours, dans leurs dénonciations des violations des droits de l’homme, fait prévaloir le niveau d’alliance sur la réalité du respect des droits de l’homme. La définition des États « voyous », dans les années 1990, censés ne pas respecter les règles de vie commune dans la société internationale, se concentrait sur les adversaires géopolitiques des États-Unis, pas sur le niveau de respect des droits humains.
Trump veut réduire la facture militaire et baser la domination stratégique américaine sur la menace de cette dernière (en tout dernier recours). Mais surtout, il veut profiter de ce qu’il reste encore de la suprématie économique américaine pour faire plier les autres pays, mettant dans un même panier ses alliés, ses rivaux. Il exacerbe les menaces des conséquences des lois extraterritoriales pour faire plier ceux qui naturellement n’auraient pas suivi la voie de Washington.
Le 13 janvier 2019, Trump a menacé de « détruire économiquement la Turquie », si celle-ci s’en prenait aux Kurdes syriens. Il ne s’embarrasse donc même pas d’une justification de non-respect d’une norme internationale. Il s’agit simplement du bon vouloir des États-Unis.
La gestion de l’accord nucléaire iranien est emblématique. Non seulement contre l’avis des cosignataires (alliés comme le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France, ou rivaux comme la Russie et la Chine) et l’avis de la quasi-totalité des autres États (à l’exception d’Israël et de l’Arabie saoudite), Trump a rompu l’accord. Mais surtout, il a décidé de sanctionner les sociétés étrangères qui continueraient à commercer avec l’Iran. Quel que soit l’avis du gouvernement français, Total, Air France, Peugeot et d’autres se sont retirés du marché iranien. Parce qu’aussi prometteur que soit ce marché, il ne peut pas valoir le risque de se voir interdire l’accès au marché américain. Mais si Trump pousse à l’extrême la menace de l’extraterritorialité, il ne l’a pas inventée. C’est entre autres exemples sous Obama que la BNP Paribas (accusé d’avoir contourné l’embargo sur le Soudan et l’Iran) a été condamnée à 9 milliards de dollars d’amende par le département de la justice américaine. Et c’est sur la base de cette législation qu’Alstom est passé sous contrôle américain.
À partir d’une législation d’abord adoptée pour lutter contre la corruption (à la suite du scandale de l’affaire Lockheed dans les années 1970) d’abord à l’encontre des sociétés américaines, il y eut un glissement vers les entreprises étrangères pour des motifs de non-distorsion de la concurrence, on est parvenu à donner au département de la Justice américaine un pouvoir de niveau international. Les États-Unis refusent la justice internationale, à l’image de la CPI, mais ils veulent que leur justice nationale puisse s’exercer à l’échelle mondiale. Mais cet impérialisme économique n’est pas né avec Trump. L’affaire Alstom – General Electric ou le cas de la BNP Paribas sont là pour le prouver.
L’Institut Montaigne publie, en coopération avec Ethik IA, une note intitulée IA et emploi en santé, quoi de neuf docteur ? dont l’objectif est de mesurer l’impact de l’IA sur l’emploi en santé, et de proposer une stratégie d’accompagnement et de transformation des métiers du secteur. Elle vise à contribuer à une prise de conscience quant à la…
Jeudi 19 janvier, un débat était organisé autour de Thierry Millon (Kantar TNS), Emmanuel Rivière (Kantar Public France) et Laurent Bigorgne (Institut Montaigne) pour un briefing de rentrée animé par Isabelle Gounin-Levy (journaliste LCI). Ils ont pu échanger sur les événements qui ont animés les Français au cours de l’année 2018 et sur les perspectives politiques et économiques de 2019.
Ancien ambassadeur de France au Tchad, en Irak, en Tunisie et en Italie, Yves Aubin de la Messuzière répond à mes questions à l’occasion de la parution de son ouvrage « Profession diplomate – Un ambassadeur dans la tourmente » aux éditions Plon.
Vous avez écrit ce livre notamment parce que vous estimez que l’action diplomatique est caricaturée et ignorée, pourquoi un tel constat ?
Les préjugés sur la diplomatie et les diplomates peuplent la littérature et sont parfois relayés par les politiques et même la publicité. Dans « A la recherche du temps perdu » de Proust, le personnage du marquis de Norpois « ambassadeur au langage suranné, déversant une provision de sottises », alimente encore cette image préconçue, tandis que la publicité de Ferrero Rocher véhicule une image de luxe et de sensualité de la confiserie, supposée préférée des diplomates. Le mythe des dorures et de la tasse de thé a la vie dure. L’idée maîtresse de mon livre consiste à montrer, à travers une partie de mon parcours, notamment au Tchad et en Irak, la diversité et la complexité de l’action diplomatique, plus particulièrement dans les zones de crise. Le métier diplomatique a beaucoup évolué dans ce monde hyper connecté et il s’est encore davantage complexifié. A l’heure des réseaux sociaux et des « fake news », l’ambassadeur doit être un décrypteur des situations complexes, dont les analyses permettent d’anticiper les crises. La compétition économique mondiale lui impose de s’engager encore davantage dans la défense des intérêts commerciaux de notre pays, tandis que la multiplication des crises et des actions terroristes en fait un protecteur des communautés françaises expatriées.
Au moment où l’unilatéralisme de Trump est largement critiqué, vous qui étiez ambassadeur en Irak à la fin des années 1990, vous rappelez que la politique de Clinton et Albright à propos de l’Irak n’avait rien de multilatéraliste, pour quelles raisons ?
Sous le mandat de Clinton, la stratégie américaine consistait à contenir le régime de Saddam Hussein et non pas à le renverser. « We let him in his box », proclamait Madeleine Albright. Tout était fait pour empêcher la levée des sanctions et la commission chargée de découvrir les armes de destruction massive était instrumentalisée par Washington, qui n’avait de cesse de contourner l’ONU et son conseil de sécurité. Je raconte dans mon livre comment l’administration démocrate avait monté de toutes pièces des preuves de reprise d’un programme d’armements chimiques dans un palais présidentiel. J’ai contribué à démonter ce mensonge en visitant ce palais. L’initiative de Jacques Chirac de convaincre Kofi Annan de se rendre à Bagdad, en février 1998, pour convaincre Saddam Hussein d’ouvrir ses palais aux inspecteurs s’est heurtée, dans un premier temps, à l’hostilité des Américains. C’est en vain qu’ils ont fait pression sur le Secrétaire général de l’ONU pour qu’il ne signe pas le « Memorandum of understanding » qui a permis de résoudre la crise des Palais présidentiels.
Vous avez également été ambassadeur en Tunisie. Vous vous êtes depuis élevé contre l’idée selon laquelle la diplomatie française n’avait rien vu venir de la révolution de 2011. En quoi cette critique n’est-elle pas recevable ?
Effectivement, au lendemain du renversement de Ben Ali et de Moubarak, Nicolas Sarkozy s’en est pris « aux diplomates qui n’ont rien vu venir ». Critique gratuite, qui m’a amené à écrire un livre « Mes années Ben Ali » dans lequel j’ai publié, avec l’autorisation du Quai d’Orsay, plusieurs télégrammes diplomatiques analysant les risques encourus par le régime tunisien. L’un d’entre eux, adressé en mai 2003, s’intitulait « Réflexion prospective sur la Tunisie en 2010 ». Bien sûr, nous n’avions pas anticipé le scénario tel qu’il s’est déroulé en 2011, mais nos correspondances soulignaient les dérives du régime, son système de prédation de l’économie et surtout le mal-être de la jeunesse. Ils prévoyaient que l’alternance, le moment venu, serait islamiste. D’autres postes diplomatiques dans les pays arabes ont exercé leurs capacités d’analyse et d’anticipation qui forment le cœur du métier diplomatique. Le plus souvent, le problème vient des politiques installés dans leurs certitudes et ne prenant pas en compte les correspondances des ambassades.
Comme un peu partout dans le monde, l’économie américaine a ralenti à la fin de 2018, après trois trimestres de forte croissance (3,2 % en moyenne du premier au troisième trimestre 2018). Malgré la fermeture de beaucoup de services fédéraux imposée par le Président, malgré les alarmes lancées par des économistes réputés comme Carmen Reinhart, malgré la sévère correction des marchés financiers du mois de décembre, les fondamentaux de l’économie américaine restent…
El reto ahora es trasladar la política panhispánica del ámbito estrictamente lingüístico al de la acción cultural, delimitando un espacio institucional de coordinación de todos los países hispanohablantes que permita diseñar e implementar estrategias multilaterales.
President Trump wants to terminate the Intermediate-Range Nuclear Forces (INF) Treaty signed in 1987. Its aim was to end the nuclear deployment race between the US and the then Soviet Union in Europe. Trump justified his intention by accusing Russia of violating the Treaty. Moscow denies this and also accuses Washington of being in breach of the Treaty. Trump has argued that China’s INF potential is also jeopardising the US’s strategic position. However, this unilateral move by Washington contradicts NATO’s recent positions. If the US were to withdraw from the INF Treaty, another cornerstone of the European security order and the global nuclear order would collapse. Unpredictability and destabilisation would increase. Europe must resolutely oppose the threat of a new nuclear arms race. It should insist on verifying the accusations from both sides under transparent and cooperative conditions and, if necessary, agree on additional stabilisation measures in order to preserve the Treaty or limit the consequences of a US withdrawal.
Seit Beginn der russischen Militärintervention in der Ukraine Anfang 2014 befinden sich die Regierungen der Vereinigten Staaten und der Russischen Föderation in einer geopolitischen Auseinandersetzung, die überwiegend mit wirtschaftlichen Mitteln ausgetragen wird. Neben unilateralen Wirtschaftssanktionen setzt die US-Regierung dabei auf den Export von verflüssigtem Erdgas (liquified natural gas, LNG). Damit will sie neben den russischen Staatseinnahmen auch die europäische Abhängigkeit von russischen Energieimporten verringern. Ins Fadenkreuz gerät in diesem Kontext vor allem die deutsche Bundesregierung, die von Präsident Donald J. Trump als »Gefangener Russlands« bezeichnet worden ist. Je stärker der europäisch-russische Energiehandel in den Konflikt zwischen Washington und Moskau hineingezogen wird, desto schwerwiegender dürften die Folgen für die europäische Energieversorgung sein.
A l’occasion de la parution de son dernier ouvrage Requiem pour le monde occidental aux éditions Eyrolles, Pascal Boniface publie une série d’articles d’analyse portant sur l’hégémonie libérale et la politique extérieure de Donald Trump.
En annonçant le 26 décembre 2018 que les États-Unis ne pouvaient plus être les gendarmes du monde – déclaration accompagnant l’annonce du retrait des forces spéciales américaines de Syrie et la diminution du contingent américain en Afghanistan – Donald Trump a créé un choc dépassant en ampleur les habituelles secousses telluriques faisant suite à ses déclarations.
Les alliés – européens, asiatiques et golfiques – ont de nouveau été atteints du syndrome de l’abandon. Comment allaient-ils assurer leur sécurité si le protecteur traditionnel et omniprésent faisait subitement défaut ? Était-il, de surcroit, moral et pertinent d’abandonner les Kurdes, qui avaient joué un rôle important dans la lutte contre Daesh, à leur propre sort ? N’était-il pas prématuré de se retirer de Syrie avant que Daesh soit définitivement et complètement vaincu ?
Il y eut une tempête de protestations. Le secrétaire à la Défense Jim Mattis (il est vrai donné sortant depuis déjà quelque temps) annonçait sa démission le 1er janvier 2019. S’en suivit une succession d’annonces contradictoires sur l’ampleur et le calendrier du retrait.
Les propos de Trump sont-ils scandaleux ou infondés ? Obama avait déjà fait le même constat, en ne voulant pas être entraîné dans une intervention militaire en Syrie, en ayant résisté au maximum à être entraîné dans celle en Libye, et ne l’avoir fait qu’à la suite d’une pression maximale d’Hillary Clinton. Il devra d’ailleurs par la suite regretter d’avoir cédé. De même, les États-Unis sont intervenus de façon très minimale au Sahel, en se limitant à un soutien logistique à la force internationale. Mais si Obama avait déclaré que les États-Unis ne pouvaient plus être le gendarme du monde comme vient de le faire Trump, il aurait été immédiatement dénoncé pour défaitisme et accusé d’affaiblir le leadership américain. Trump, en prenant pour slogan de campagne « Make America Great Again » n’avouait-il pas implicitement que les États-Unis n’avaient plus les moyens d’être comme auparavant le gendarme du monde, rejoignant ainsi le constat d’Obama ?
La communauté stratégique américaine[1] a quasi unanimement critiqué cette déclaration de Trump. Pourtant, son argumentation ne vaut-elle pas d’être prise en considération quand Trump déclare que les interventions militaires américaines du XXIe siècle (Afghanistan, Irak, Libye) avaient été des catastrophes ? Celles-ci ont effectivement été extrêmement coûteuses sur le plan économique pour les États-Unis, sans apporter aucune victoire stratégique, et de surcroit, elles ont augmenté et non pas diminué l’hostilité à l’égard des États-Unis dans les régions concernées.
Bref, les vies des soldats américains avaient initialement été perdues pour aider des peuples ingrats qui n’en tiraient aucune reconnaissance pour les États-Unis. C’est en négligeant les besoins intérieurs américains (sociaux, infrastructures, etc.) que Washington avait dilapidé des fortunes pour des contrées lointaines, où il n’y avait pas d’intérêts stratégiques majeurs.
Les alliés avaient déjà paniqué lors de l’élection d’un président qui avait annoncé haut et fort sa fatigue des alliances et des coûts qu’elles représentaient pour les États-Unis et sa volonté de normaliser les relations avec la Russie. Heureusement à leurs yeux, la relation Washington-Moscou ne s’est pas améliorée depuis 2016, malgré la volonté de Trump. Au contraire, des sanctions additionnelles ont été adoptées et Trump, satisfait de l’engagement de dépenses militaires (et de l’achat d’armes américaines) des différents alliés, ne remettait plus en cause le système existant.
Les émissaires américains et leurs relais en Europe, voulant étouffer toute perspective d’autonomie européenne, allaient répéter dans les différentes capitales du vieux continent qu’une telle perspective serait dangereuse, car elle accélérerait un éventuel découplage de la sécurité de l’Europe et des États-Unis, au moment même où Trump s’était rallié à cette idée. Ils argumentaient aussi sur le fait que s’il y avait, du fait des déclarations du président américain, des turbulences dans l’alliance atlantique, l’OTAN, la structure civilo-militaire nécessitait, elle, une base solide et pérenne.
Le début de l’année 2019 a été marqué par la démission, au 1er janvier, du secrétaire américain à la Défense, Jim Mattis, « l’adulte dans la pièce », celui qui rassurait les alliés européens justement parce qu’il était conscient de la nécessité des alliances et du respect des engagements par les États-Unis.
Il apparaissait comme un rempart contre l’unilatéralisme de Trump. Mais de quel rempart s’agissait-il ? Mattis était tout simplement partisan de la politique de l’hégémonie libérale. Il était en faveur de l’Alliance atlantique, parce qu’il avait compris qu’elle était non pas un cadeau fait par les Américains aux Européens, mais le moyen de maintenir l’impérialisme de Washington sur l’Europe et d’empêcher l’émergence d’une quelconque volonté d’autonomie.
Certes, Mattis avait plaidé pour le respect de l’accord nucléaire iranien. Mais il voulait augmenter encore le budget militaire américain pour le faire passer de 717 à 760 milliards de dollars. Trump, qui lors des deux premières années de son mandat avait augmenté le budget de 120 milliards, voulait, lui, marquer une pause. Mattis estimait que cela était dangereux face à la menace de la montée des crédits militaires russes et chinois, qui pourtant, avec respectivement 61 et 170 milliards de dollars en 2017, sont loin de flirter avec les sommets du Pentagone.
Si la communauté stratégique américaine, néo-conservateurs et libéraux réunis, a quasi unanimement fustigé les propos de Trump, l’opinion publique, elle, est plus en phase avec l’argumentation du président américain. Toutes les enquêtes d’opinion le prouvent, les élites américaines sont plus « interventionnistes » et le peuple américain plus « isolationniste ». Trump remet frontalement en cause l’hégémonie libérale qui est l’alpha et l’oméga de la diplomatie américaine depuis la fin de la guerre froide. Or cette théorie est également remise en cause, non dans une série de tweets ou de déclaration à l’emporte-pièce, mais dans un livre solidement documenté et magistralement argumenté par un universitaire américain, Stephen Walt. J’y reviendrais.
[1] Les journalistes, experts des think tanks, analystes du département d’État et du Pentagone, généraux à la retraite, etc.
Mardi 16 janvier, l’accord entre le Royaume-Uni et l’Union européenne présenté par Theresa May à la Chambre des communes a été rejeté massivement par les députés, à raison de 432 voix contre 202. Le lendemain, ce même Parlement a pourtant rejeté la motion de censure déposée contre le Premier ministre. Comment comprendre ce dernier vote qui peut paraître contradictoire ? Mais surtout, comment le Royaume-Uni peut-il sortir de l’impasse actuelle ? Georgina Wright…
Le président de la République a donné le coup d’envoi, ce mardi 15 janvier, du grand débat national. Lancée en réponse à la contestation du mouvement des Gilets jaunes, cette consultation regroupe quatre thèmes : la fiscalité et les dépenses publiques, l’organisation de l’Etat et des services publics, la transition écologique, la démocratie et la citoyenneté. Que peut-on en attendre ? Olivier Duhamel, président de la FNSP (SciencesPo) et contributeur sur les…
Christophe Ventura, directeur de recherche à l’IRIS, répond à nos questions :
– Que peut-on attendre du nouveau gouvernement brésilien ?
– Quelles devraient être les premières mesures du gouvernement brésilien ?
– Qu’attendre du Brésil de Jair Bolsonaro sur la scène géopolitique ?