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Diplomacy & Crisis News

UN agency spotlights role of Governments in preventing child exploitation in tourism

UN News Centre - Fri, 10/03/2017 - 18:37
The United Nations-backed meeting on tourism has spotlighted the leading role of Governments in preventing all forms of child exploitation in the leisure travel industry.

As fresh violence in Yemen sends thousands fleeing their homes, UN agency urges support

UN News Centre - Fri, 10/03/2017 - 18:26
With tens of thousands of civilians forced to flee their homes following a spike in fighting across western and central Yemen, the United Nations refugee agency today appealed for more international support, as well as unrestricted access within the country so that it can reach those now facing “abysmal conditions.”

« Révolution des bougies » à Séoul

Le Monde Diplomatique - Fri, 10/03/2017 - 17:48

Bravant des températures inférieures à 0°C, plus d'un million de Sud-Coréens ont manifesté chaque semaine pendant plus de deux mois. Du jamais-vu depuis la chute de la dictature, en 1987. Ils ont obtenu la mise à l'écart de la présidente Park Geun-hye, accusée de corruption et de faiblesse — le tout sur fond de chamanisme. Désormais, ils se battent pour des changements plus profonds.

Hyejin Park. – « Mur-mure », 2016

Des cris de joie ont éclaté, ce 9 décembre 2016, quand les dizaines de milliers de Sud-Coréens rassemblés devant l'Assemblée nationale ont appris que la présidente de la République, Mme Park Geun-hye, était destituée. Les députés ont approuvé la motion de censure par 234 voix contre 65 — bien au-delà, donc, des partis d'opposition. La même liesse s'est emparée des participants aux veillées à la bougie organisées dans la plupart des grandes villes, comme Kwangju, Sunchon, Inchon, Pusan ou Cheju.

Chaque samedi, pendant près de deux mois, des millions de personnes ont manifesté dans tout le pays, chandelle à la main, pour réclamer la démission immédiate de Mme Park. Celle-ci est accusée d'avoir mené les affaires publiques sous l'emprise d'une gourou mi-chamane, mi-prédicatrice ; d'avoir reçu de l'argent des grands groupes industriels (chaebol) ; d'avoir réprimé des opposants… La liste est longue.

« Je regrette sincèrement d'avoir créé ce chaos par ma négligence alors que notre pays rencontre déjà tant de difficultés en matière de sécurité et d'économie, a déclaré Mme Park. Je répondrai avec calme aux questions de la Cour constitutionnelle et du procureur indépendant, dans le respect des procédures définies par la Constitution et par la loi. » Elle est remplacée par le premier ministre, mais elle conserve son titre jusqu'à ce que les neuf juges de la Cour constitutionnelle délibèrent sur la légitimité de sa destitution. Ils ont cent quatre-vingts jours pour rendre leur verdict, qui doit être adopté par au moins six d'entre eux.

Ce délai n'entame ni la détermination ni l'enthousiasme des manifestants. Parmi eux, M. Kim Hye-young, 35 ans, qui habite Pusan, dans le sud du pays, et qui a rejoint les rassemblements dans la capitale : « Je me réjouis de la destitution de Park. J'ai honte de l'avoir soutenue autrefois. Saenuri [le parti conservateur au pouvoir] doit être démantelé. »

Sans aller jusque-là, le maire de Séoul, M. Park Won-soon, s'est adressé à la foule dès le verdict connu : « Le peuple a gagné. Nous avons gagné. Comme lors du soulèvement de juin 1987 [qui a mis fin à la dictature], nous avons ouvert une nouvelle page de l'histoire de la démocratie coréenne. Park Geun-hye devrait démissionner immédiatement, sans attendre la décision de la Cour constitutionnelle. » Quelques jours plus tôt, il s'était déjà exprimé : « Nous ne pourrons pas avancer tant que nous n'aurons pas chassé les démons du passé, de la famille Park (1). (…) Il faut en finir avec la présidence impériale, procéder à une réforme générale des chaebol, de la politique, et poursuivre en justice le gouvernement de Mme Park, qui représente les 1 % les plus riches de la population (2).  »

Selon la commission d'enquête parlementaire, composée d'élus du Minju (le principal parti d'opposition), du Parti du peuple, du Parti de la justice et de députés indépendants, Mme Park a violé la Constitution de multiples façons (3). Tout a commencé avec l'arrestation pour corruption de son amie Choi Soon-sil, censée détenir des pouvoirs chamaniques et lui avoir servi de guide spirituelle. Mais cette affaire de croyances ancestrales et de manipulations a pris une tout autre tournure quand les enquêteurs ont découvert qu'elle avait eu accès à des documents confidentiels et qu'elle serait même intervenue dans l'attribution de postes ministériels. Elle aurait aussi bénéficié de l'aide directe de Mme Park pour contraindre les grandes entreprises à verser de l'argent à sa fille (pour acheter un cheval) et à ses fondations, Mir et K-Sports.

Un parti d'opposition dissous

Samsung aurait payé 20 milliards de wons sud-coréens (16 millions d'euros), mais Hyundai (numéro un national de l'automobile), LG (téléphonie et électroménager), SK Group (télécoms et pétrole), Lotte (agroalimentaire et hôtellerie), etc., auraient également été mis à contribution. Au total, une cinquantaine de sociétés auraient versé plus de 80 milliards de wons (soit 62 millions d'euros environ). Pour quelles contreparties ? Nul ne le sait pour l'instant. Convoqués par la commission d'enquête parlementaire, les neuf patrons des plus grands groupes (4) sont restés muets.

Spécialiste des chaebol, le professeur Law Cho-kook, de l'Université nationale de Séoul, résume ce que pensent nombre de Sud-Coréens : « Ces chaebol qui se sont montrés impitoyables envers leurs salariés et les petites entreprises, mais généreux à l'égard de Choi Soon-sil et de sa fille, méritent des sanctions. » Mme Choi, ou la « Raspoutine coréenne », comme on l'appelle, a été mise en examen pour abus de pouvoir, trafic d'influence et corruption. Le procureur soupçonne la présidente de complicité, mais il ne peut engager de poursuites tant que la Cour constitutionnelle ne s'est pas prononcée et que son immunité n'est pas levée.

Ces scandales n'auraient pas pris une telle ampleur si un sentiment d'injustice ne grandissait pas dans la société depuis plusieurs années. Il s'accompagne, notamment chez les jeunes, du rejet des dirigeants politiques et des fameux chaebol. Signe de cette défiance, les Sud-Coréens reprochent à Mme Park de ne pas avoir su gérer le naufrage du ferry Sewol, en avril 2014, qui a coûté la vie à 304 passagers, essentiellement des lycéens. Elle ne s'est jamais expliquée sur le silence qu'elle avait gardé durant sept heures, alors que des centaines d'adolescents se retrouvaient piégés dans le bateau qui prenait l'eau. Les rumeurs les plus folles circulent à ce sujet. La motion de destitution reprend l'accusation au nom de l'article 10 de la Constitution, selon lequel le chef de l'État se doit de protéger la vie de ses citoyens.

Les Sud-Coréens estiment également qu'elle et sa majorité n'ont rien fait contre l'évasion fiscale pratiquée à grande échelle par les dirigeants des chaebol et qu'ils ont fermé les yeux sur leur financement occulte des partis et des journaux. En 2015, étudiants et enseignants s'étaient mobilisés contre l'utilisation obligatoire de manuels d'histoire approuvés par le gouvernement qui célébraient la dictature et les penchants projaponais de Park Chung-hee, le père de la présidente (5). Sans succès, ce qui leur a laissé un goût amer.

Au fur et à mesure que le mécontentement montait, Mme Park s'est montrée de plus en plus autoritaire, rappelant les sombres heures de la dictature. Pour la première fois depuis cette période, elle a fait interdire, avec l'aide de la Cour constitutionnelle, un parti d'opposition. Accusé d'avoir lancé un « appel à l'insurrection pour tenter d'instaurer le communisme comme en Corée du Nord », le Parti progressiste unifié (PPU) a été dissous et ses treize députés ont perdu leur siège à l'Assemblée ; certains ont même été emprisonnés. Une liste noire de journalistes, d'intellectuels, d'artistes et de célébrités jugés trop critiques a même été dressée afin de leur interdire l'accès aux grands journaux et de limiter leurs activités. Et Mme Park a encouragé les médias favorables au pouvoir — financés par les chaebol à grand renfort de pages de publicité — à faire passer les autres forces d'opposition pour des partisans de la Corée du Nord.

Sa politique diplomatique n'a guère été plus reluisante. Sans même consulter les survivantes et leurs familles, qui ont vigoureusement protesté, elle a négocié seule l'accord avec le Japon sur les « femmes de réconfort » (esclaves sexuelles de l'armée d'occupation nippone durant la seconde guerre mondiale). Elle a également décidé de suspendre tout échange avec la Corée du Nord et de fermer le complexe industriel intercoréen de Kaesong, suscitant des remous jusque dans les rangs de son parti.

Enfin, le système américain de missiles antibalistiques (Terminal High Altitude Area Defense, Thaad) a été déployé dans le pays grâce à son feu vert, ce qui a donné lieu à d'importantes manifestations, en particulier sur les lieux de son implantation. Et l'accord d'échange d'informations militaires qu'elle a signé avec le Japon (General Security of Military Information Agreement, Gsomia) est lui aussi critiqué de toute part (6).

Si tout le monde ou presque se réjouit de sa mise à l'écart, son premier ministre devenu président par intérim, M. Hwang Kyo-ahn, ne rassure pas pour autant. Lorsqu'il était ministre de la justice (de mars 2013 à juin 2015) puis premier ministre, il avait réclamé et obtenu que le président de la Confédération des syndicats coréens, M. Han Sang-gyun, soit jeté en prison pour huit ans — une peine ensuite ramenée à trois ans — pour avoir organisé la protestation à partir d'avril 2015, jusqu'au grand rassemblement du 14 novembre 2015. Le 22 décembre de la même année, des milliers de policiers armés de gaz lacrymogènes avaient fait une descente dans les locaux de la confédération pour mettre fin à la grève contre la privatisation de la compagnie ferroviaire Korean Railway. M. Han est toujours sous les verrous.

La vague de contestation actuelle suffira-t-elle pour construire une forme de démocratie radicalement nouvelle en Corée du Sud ? Les forces conservatrices qui ont soutenu Mme Park lors de la dernière élection présidentielle et qui ont cautionné sa politique de régression démocratique espèrent tirer leur épingle du jeu. Usant de leur influence dans les arènes politique, économique et médiatique, elles se sont mises en quête d'une nouvelle figure de proue. Mais il leur faut du temps. Le pire serait pour elles que les partis d'opposition et les Sud-Coréens qui continuent à se rassembler chaque samedi obtiennent la démission immédiate de la présidente et des élections anticipées. Les candidats de l'opposition seraient en effet en position de force, notamment M. Moon Jae-in, ancien chef du parti Minju, en tête des intentions de vote dans les sondages, ou encore le maire de la ville de Songnam, M. Lee Jae-myung, dont la cote a grimpé ces derniers mois.

À l'inverse, le parti Saenuri a tout intérêt à retarder les échéances. Il attend beaucoup du retour au pays de M. Ban Ki-moon, qui a quitté son poste de secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU) fin décembre et qui fait figure de favori. M. Ban a certes commencé sa carrière comme ministre des affaires étrangères du président progressiste Roh Moo-hyun ; mais, de sensibilité conservatrice, il a noué des liens étroits avec la présidente. Interrogé sur ses intentions par un journaliste d'Al-Jazira, il a répondu : « Je mettrai tout en œuvre pour faire entendre ma voix en tant que citoyen et pour aider l'ONU, tout en cherchant le meilleur moyen d'être utile à mon pays. » Et la chaîne qatarie de titrer aussitôt sur son site : « Ban Ki-moon, prochain président de la Corée du Sud ? » (3 décembre 2016). Cependant, le parti conservateur a aussi d'autres candidats en vue, notamment M. Won Hee-ryong, le gouverneur de la province de Cheju (7), et M. Yoo Seung-min, l'ancien chef du parti Saenuri, que l'autocratique présidente a tenus à l'écart.

Les quotidiens progressistes, comme Hankyoreh et Kyunghyang Shinmun, prônent des réformes de fond pour lutter contre les injustices sociales et l'inefficacité politique. Les trois grands journaux conservateurs, surnommés « Cho-Joong-Dong » (contraction de Chosun Ilbo, JoongAng Ilbo et Dong-A Ilbo), les chaînes d'information et les magazines d'économie des mêmes groupes, ainsi que les chaînes gérées par l'État, ont, eux, déjà repris l'offensive. Ils insistent sur les conséquences des manifestations, auxquelles ils attribuent le ralentissement économique et la baisse des exportations. Ils s'inquiètent bruyamment des relations avec les États-Unis au moment où l'élection de M. Donald Trump rend l'avenir plus incertain. Prenant le train en marche, ils dénoncent les failles du gouvernement, mais c'est pour mieux préserver leurs privilèges.

Il n'est pas sûr que les millions de Sud-Coréens descendus dans la rue malgré le froid pour protester contre le comportement de leur présidente se laissent faire. Tout plaide pour le changement : le système politique, qui a connu depuis la fin de la dictature quatre présidents accusés de corruption au cours de leur mandat (MM. Kim Young-sam, Kim Dae-jung et Lee Myung-bak, ainsi que Roh Moo-hyun, qui a fini par se suicider) ; l'économie, totalement dépendante des chaebol, qui sont régulièrement convaincus de fraude fiscale ou de versement de pots-de-vin, tels Hanbo dans les années 1990 ou Lotte actuellement (il fait l'objet d'enquêtes depuis près d'un an, et son vice-président s'est suicidé en août 2016) ; la croissance, qui marque le pas et ne permet plus aux jeunes diplômés de trouver un emploi qualifié et correctement rémunéré. « La rapidité de la détérioration des inégalités de revenu en Corée du Sud au cours des vingt dernières années a été la cinquième plus importante sur vingt-huit pays asiatiques », selon un rapport de la Banque asiatique de développement (8). Le miracle sud-coréen tourne à « l'enfer », comme le clament les manifestants.

Jeunes et vieux, femmes et hommes, salariés et sans-emploi n'entendent pas se faire voler la victoire. Ils occupent toujours la place Gwanghwamun, près de la Maison Bleue (le palais présidentiel), en appelant à une réforme des structures politiques, économiques et sociales, ainsi qu'à l'éradication des injustices, des inégalités et de la corruption qui rongent la société sud-coréenne.

(1) Park Chung-hee, qui a pris le pouvoir lors du coup d'État militaire du 16 mai 1961, a été assassiné le 26 octobre 1979.

(2) Déclarations du 5 décembre 2016, lors d'un forum coorganisé par soixante-dix députés du Minju.

(3) News1, Séoul, 2 décembre 2016.

(4) Étaient aussi convoqués les représentants des groupes Hanwha (pétrochimie, hôtellerie…), Hanjin (armateur), CJ (distribution, pharmacie), CS Engineering (construction).

(5) Lire « Virage autoritaire à Séoul », Le Monde diplomatique, janvier 2016.

(6) « Despite criticism, South Korea signs Gsomia with Japan », The Hankyoreh, Séoul, 23 novembre 2016.

(7) Lire Frédéric Ojardias, « Sur “l'île de la paix”, un village sud-coréen menacé », Le Monde diplomatique, novembre 2014.

(8) Agence de presse Yonhap, 10 mars 2014.

PE 1/2017 en librairie !

Politique étrangère (IFRI) - Fri, 10/03/2017 - 10:39

Le nouveau numéro de Politique étrangère (1/2017) vient de paraître ! Il consacre un dossier complet aux crises de la démocratie, tandis que le « Contrechamps » propose et oppose deux visions de la réalité russe : vivre avec la Russie ou lui faire face ? Enfin, comme à chaque numéro, de nombreux articles viennent éclairer l’actualité, comme Trump et l’avenir de la politique commerciale européenne ou encore l’espace eurasiatique tel qu’envisagé par la Chine.

De l’élection de Donald Trump aux dérives politiques de plusieurs régimes d’Europe de l’Est, en passant par les débats de Nuit debout et les critiques du déficit démocratique européen : les régimes démocratiques paraissent aujourd’hui moins légitimes, leur pérennité moins assurée. La juste mesure des crises de la démocratie est essentielle : un nouveau monde idéologique s’ébauche, une hiérarchie des puissances inédite se dessine, et les représentations du monde qui ont prévalu depuis 20 ans s’épuisent. Le dossier de Politique étrangère fait écho aux débats très actuels sur les forces et faiblesses des démocraties.

Les relations avec la Russie posent justement question à la fois dans le champ diplomatico-stratégique et dans le champ idéologique. Moscou est-elle une nouvelle puissance dominante ? Est-elle La Mecque des opposants à la démocratie libérale ? Bref, ses nombreuses faiblesses limitent-elles l’efficacité russe, ou la poussent-elles à privilégier la logique de force face à des démocraties affaiblies ? La rubrique « Contrechamps » propose deux visions de la réalité russe et des stratégies imaginables pour demain : vivre avec la Russie, ou lui faire face ?

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Turkey: UN report details allegations of serious rights violations in country's southeast

UN News Centre - Fri, 10/03/2017 - 06:00
The UN human rights office today published a report detailing allegations of massive destruction, killings and numerous other serious human rights violations committed between July 2015 and December 2016 in southeast Turkey.

Colombian fighting displaced more than 900 families since January - UN agency

UN News Centre - Fri, 10/03/2017 - 06:00
Despite a peace agreement, ongoing fighting in the Colombian Pacific Coast has displaced more than 3,500 people so far this year &#8211 many of them from the Afro-Colombian or indigenous communities, the United Nations refugee agency today announced.

With fighting near industrial sites, UN expert warns Ukrainians of chemical disaster risk

UN News Centre - Fri, 10/03/2017 - 06:00
Unless the fighting in eastern Ukraine is stopped and precautions are taken to secure industrial facilities in the area, the armed conflict could lead to a catastrophic chemical disaster, an independent United Nations human rights expert today warned.

Xénophobie réelle, immigrés fantômes

Le Monde Diplomatique - Thu, 09/03/2017 - 17:42

Au cours de la campagne électorale de l'automne dernier, le parti Droit et justice (Prawo i Sprawiedliwość, PiS) a profité de la crise migratoire européenne pour attiser la xénophobie. « Regardez la Suède ou la France : il y a des zones où règne la charia et où des patrouilles veillent à son application ! Voulez-vous que ces phénomènes apparaissent chez nous ? », a lancé le président du PiS, M. Jarosław Kaczyński, le 16 septembre 2015. Au cours d'un meeting, le 12 octobre, il a même accusé les migrants d'être « porteurs du choléra et de parasites ». « Les Polonais voyagent et voient à quoi mène l'immigration, assure Aleksańdra Rybinska, journaliste à l'hebdomadaire wSieci, proche du PiS. Le multiculturalisme ne fonctionne pas, alors ils ne veulent pas de cela ici. Le gouvernement précédent avait dû accepter sept mille migrants. C'est déjà trop. »

Tunisien, M. Aziz W. réside à Varsovie depuis six ans. Cuisinier, il a le visage glabre, parle polonais, trinque avec ses amis polonais, mais se sent malgré tout rejeté par sa terre d'accueil. « C'est très dur, confie-t-il. Des regards de travers ; des jeunes qui, à l'arrêt de bus, me disent : “Rentre chez toi, terroriste musulman !” Plusieurs fois, je me suis fait agresser. »

Né au Sénégal, M. Mamadou Diouf vit en Pologne depuis plus de trente ans. « En 2007, j'ai demandé et obtenu la nationalité polonaise. Le PiS était alors au pouvoir ; je craignais qu'il ne m'expulse. » Animateur d'une fondation sur l'Afrique (Afryka.org), M. Diouf participe à des débats dans les médias et intervient dans des écoles. « Difficile de lutter contre les préjugés, déplore-t-il. Le mot “nègre”, murzyn , est couramment employé. De vieux romans et poèmes racistes sont connus de tous les écoliers. Alors, j'explique que la biologie humaine est contre l'homogénéité, que la Grèce et la Rome antiques ont bénéficié des contacts avec leurs voisins... Sincèrement, comment un Polonais peut-il être fasciste, compte tenu de l'histoire de ce pays et de l'importance de sa diaspora à travers le monde ? »

Pays sans passé colonial, où les frontières fluctuantes et les meurtrissures de l'histoire ont contribué à confondre polonité, blancheur de peau et catholicisme, la Pologne ignore le multiculturalisme. Il existe bien quelques minorités (germanophones, Ukrainiens, Juifs, Tatars musulmans), mais peu d'immigrés extra-européens : des commerçants vietnamiens arrivés dans les années 1970, environ cinq mille ressortissants africains et, désormais, des migrants acceptés au compte-gouttes. La plupart des Polonais entendent préserver cette homogénéité : seuls 4 % estiment que leur pays devrait accueillir des migrants, selon un sondage réalisé en janvier par l'institut CBOS. Les attentats de Paris et les agressions sexuelles de Cologne ont pu conforter cette xénophobie. « L'Allemagne va devenir une république islamique », nous déclare spontanément un militant du PiS. Les graffitis antisémites, les croix celtiques fascistes, souvent tracés par des groupes de supporteurs de football, sont courants sur les murs des villes. « Il existait déjà de l'antisémitisme, alors qu'il n'y a quasiment plus de Juifs depuis la Shoah, déplore Mme Marta Tycner, militante du parti de gauche Ensemble (Razem). Voici maintenant la xénophobie sans immigrés ! »

Le carburant social de la droite polonaise

Le Monde Diplomatique - Thu, 09/03/2017 - 17:42

Vainqueur des élections d'octobre 2015, le parti conservateur polonais Droit et justice (PiS) multiplie les démonstrations d'autoritarisme. La Commission européenne a lancé en janvier une « procédure de sauvegarde de l'Etat de droit ».

Mineurs au musée de Silésie à Katowice (scénographie) Les photographies qui illustrent ce reportage sont de Cédric Gouverneur.

A la permanence Solidarność de la mine Pokąj (« paix »), à Ruda Sląska, en Silésie, M. Adam Kalabis, 46 ans, physique de catcheur et cheveux ras, nous propose un thé. Ses énormes pognes sont encore un peu noires de charbon : voilà une demi-heure, il se trouvait encore à huit cents mètres sous terre. « Ici, il y a quatre mille salariés, dont une moitié de mineurs, détaille-t-il. J'y travaille depuis l'âge de 18 ans. J'ai commencé par porter des sacs de charbon. Là, je suis à la maintenance. » Ce géant se dit « usé par la mine » : « J'espère ne pas finir comme mon père : retraité à 45 ans, décédé un an plus tard. » La retraite, M. Kalabis, lui, n'est pas près de la voir : « Dans son calcul, le gouvernement précédent a invalidé les jours de congé maladie et ceux où je donnais mon sang. » Certains mineurs ont pris l'habitude de donner leur sang afin de se voir octroyer une journée de repos... « Les libéraux ont même cessé d'inclure les années passées sous les drapeaux des gars qui avaient fait leur service militaire du temps des communistes ! »

M. Kalabis travaille pour la compagnie publique KW « sept heures et demie par jour, cinq jours par semaine, pour 2 900 złotys », soit moins de 700 euros. « Mon salaire a augmenté de 150 złotys [34 euros] en quinze ans. Et encore, je ne suis pas à plaindre. La veuve d'un ami, tué par le coup de grisou de Halemba [23 morts en novembre 2006], a touché six mois d'indemnités, et puis plus rien ! » Il serre ses poings de lutteur : « Dans ma famille, tout le monde était mineur, depuis des générations. Mais je suis le dernier. Ma femme nettoie les WC publics. Un “contrat-poubelle”, 800 złotys [180 euros] par mois à plein temps ! » Les « contrats flexibles » sont en effet surnommés « contrats-poubelle » par ceux qui les subissent.

Contre « un monde de cyclistes et de végétariens »

« C'est dur de trouver un travail fixe, soupire le mineur. Voilà pourquoi les jeunes filent à l'étranger. » Depuis l'entrée du pays dans l'Union européenne, en 2004, au moins deux millions de Polonais ont émigré, notamment au Royaume-Uni. « Mon fils et ma fille rêvent de vivre en Angleterre. Le capitalisme, c'est bien pour ceux qui savent faire du business, pas pour les autres », conclut M. Kalabis en haussant les épaules. Une décoration hétéroclite est punaisée au mur du local syndical : la bannière de Solidarność, les armoiries de la Pologne — un aigle blanc couronné sur fond rouge —, l'inévitable portrait du pape Jean Paul II, la photographie — dédicacée — d'un champion de boxe local et... le calendrier 2016 du parti Droit et justice (Prawo i Sprawiedliwość, PiS).

Affiche de Solidarność pour les élections du 4 juin 1989

Mineur et délégué syndical Solidarność, M. Kalabis milite aussi pour ce parti situé à la droite de la droite. D'ailleurs, Solidarność a appelé à voter pour le candidat du PiS, M. Andrzej Duda, à l'élection présidentielle de mai 2015. Lors des élections parlementaires qui ont suivi, le syndicat n'a pas donné de consigne, mais tout le monde a compris le message... « Je suis catholique, mais ce n'est pas la raison de mon engagement. Le PiS, ce sont les seuls qui nous soutiennent, ils sont proches des gens. Après le coup de grisou de Halemba, le président Kaczyński (1) était venu nous voir ; ça m'avait touché. » A l'inverse, M. Kalabis exècre les libéraux de la Plate-forme civique (Platforma Obywatelska, PO), parti de centre droit au pouvoir de 2007 à 2015. Le mineur dit avoir été « choqué » par la présence du président Bronisław Komorowski aux funérailles du général Wojciech Jaruzelski, le dirigeant communiste de la République (1981-1989) qui avait réprimé Solidarność. Et il n'a pas digéré que le gouvernement PO envisage sans concertation, en janvier 2015, la fermeture de mines : « J'ai appris la fin prochaine de mon puits à la télévision ! », enrage-t-il. Il en est persuadé : l'ancien premier ministre PO Donald Tusk, devenu président du Conseil européen, « veut fermer toutes les mines, alors que le PiS a juré de les préserver ». « La plupart des collègues votent pour le PiS », conclut-il.

Le 25 octobre 2015, le PiS remportait les élections parlementaires (Diète et Sénat) avec 37,6 % des suffrages, contre 24,1 % pour les libéraux et 8,8 % pour les populistes de Kukiz'15. N'ayant pas franchi les seuils requis (5 % pour un parti, 8 % pour une coalition), le camp progressiste n'a eu aucun élu (2). La gauche, divisée entre Gauche unie et Ensemble (Razem), mais aussi victime du phagocytage de ses idées sociales par la droite réactionnaire, est absente du Parlement. Quelques mois auparavant, en mai 2015, l'élection présidentielle avait donné un avant-goût de cette lame de fond conservatrice : le président sortant, le libéral Komorowski, avait été battu au second tour par M. Duda, un quasi-inconnu.

Malgré nos demandes répétées, aucun responsable du PiS n'a accepté de nous rencontrer (3). Un savoureux entretien avec le ministre des affaires étrangères Witold Waszczykowski paru dans le tabloïd allemand Bild (3 janvier 2016) donne cependant un aperçu de l'idéologie de ce parti : « Comme si le monde devait évoluer, selon un modèle marxiste, dans une seule direction : vers un mélange des cultures et des races ; un monde de cyclistes et de végétariens, qui n'aurait recours qu'à des énergies renouvelables et combattrait toute forme de religion. Tout cela n'a rien de commun avec les valeurs traditionnelles polonaises. Cela va à l'encontre de ce que la plupart des Polonais ont à cœur : tradition, conscience historique, amour de leur pays, foi en Dieu et vie de famille normale, avec un homme et une femme (4). »

Le choix entre un emploi précaire et l'émigration

Cependant, le conservatisme n'est pas la seule motivation des électeurs du PiS. Ils se recrutent dans la Pologne du déclassement et de la précarité, celle qui se cache derrière les bons indices macro-économiques (voir les « Repères »). La Pologne des petites gens qui, comme M. Kalabis et sa famille, ont pâti des réformes ultralibérales et n'ont souvent de choix qu'entre un « contrat-poubelle » à 200 euros et l'émigration. La Pologne spécialisée dans la sous-traitance de produits bas de gamme pour les grands groupes européens, notamment allemands. La Pologne des retraites à moins de 300 euros par mois. Nationaliste, clérical, protectionniste et xénophobe (lire « Xénophobie réelle, immigrés fantômes »), le PiS a su attirer tous ces déçus par un ambitieux programme social : une allocation mensuelle de 500 złotys (115 euros) par enfant, financée par la taxation des banques et des grandes surfaces ; un salaire minimum horaire ; et même le retour à la retraite à 60 ans pour les femmes et à 65 ans pour les hommes, alors que les libéraux comptaient la porter à 67 ans.

Politiste, professeur à l'université de Varsovie, Radosław Markowski a étudié l'évolution du PiS : « Lorsqu'ils étaient au pouvoir entre 2005 et 2007, ils étaient conservateurs, mais libéraux sur le plan économique. Ils sont devenus de plus en plus populistes, xénophobes et eurosceptiques ; un nationalisme catholique, agrémenté d'un programme socialisant. » Il range les électeurs du parti en trois catégories : « D'abord, ceux que j'appelle “la secte de Smolensk” : des gens convaincus que le crash d'avril 2010 (5) était le fruit d'un complot de Donald Tusk et de Vladimir Poutine. Ensuite, les catholiques pratiquants, dont la connaissance du monde se résume souvent à ce que leur raconte le curé — un tiers des Polonais pratiquants ont fait l'expérience de la propagande politique à l'église. » Et enfin, les gens modestes attirés par le programme social du parti : « Le PiS a su déceler les attentes des ouvriers, des paysans... » L'abstention — près de 50 % — a fait le reste.

Manifestation en faveur de la démocratie, Gdańsk, janvier 2016

Sociologue au think tank de gauche Krytyka Polityczna (« La critique politique »), Jakub Majmurek analyse les facteurs qui ont conduit au rejet des libéraux : « La PO est restée aux commandes huit ans. C'est long pour une jeune démocratie. La première ministre Ewa Kopacz, qui a succédé en 2014 à Donald Tusk, parti pour Bruxelles, manquait de charisme. » Surtout, les libéraux ne se sont jamais relevés de l'« affaire des écoutes ». En juin 2014, l'hebdomadaire conservateur Wprost publie des conversations privées de proches du pouvoir enregistrées par des serveurs d'un grand restaurant de Varsovie. Le vocabulaire graveleux des convives, leur connivence et leur suffisance ont anéanti l'image de la supposée plate-forme « civique » : « Après cela, ils ont été perçus comme des élites coupées des réalités », raconte Majmurek.

Il souligne aussi l'« autosatisfaction » des libéraux : « Les leaders de la PO sont relativement âgés ; ils ont vécu le communisme, les pénuries. Leur discours récurrent était : “Regardez quel bond a fait la Pologne !” Un discours inaudible pour les jeunes : ils n'ont pas connu cette époque. Et lorsqu'ils vont travailler en Europe de l'Ouest, ils constatent que les salaires y sont bien meilleurs. A Berlin, les loyers sont un peu plus élevés qu'à Varsovie, mais les gens gagnent trois fois plus. Les aspirations de la jeunesse polonaise sont très fortes. » Et ses frustrations, à l'avenant.

Chef d'entreprise âgé de 34 ans, M. Paweł Michalski nous reçoit à Bytom, une ville de Silésie sinistrée depuis la fermeture des puits de mine. Rideaux de fer baissés, retraitées qui font la manche... « Ici, il y a 20 % de chômage », soupire le jeune entrepreneur. Il milite au mouvement Kukiz'15, un parti iconoclaste, populiste, « antisystème », fondé sur son nom par M. Paweł Kukiz, un ancien rocker, et infiltré par l'extrême droite ultranationaliste. M. Kukiz a réuni pas moins de 20 % des électeurs au premier tour de l'élection présidentielle de mai 2015, et son mouvement constitue désormais la troisième force politique du pays, devant la gauche. Candidat de Kukiz'15 aux législatives, M. Michalski a récolté 15 % des voix à Bytom. « Les jeunes émigrent, soupire-t-il. En Angleterre ou en Allemagne, c'est facile de travailler. Ici, une amie infirmière gagnait 1 700 złotys [moins de 400 euros] par mois : impossible de vivre avec ça ! C'est une honte. Alors, elle est partie en Allemagne. » M. Michalski se dit « favorable au libre marché », mais soutient le projet du PiS d'octroyer 500 złotys par enfant : « Les gens sont trop pauvres, il faut les aider. » Quant à la présence d'ultranationalistes au sein de son parti, il préfère la minorer  : « Vous savez, il y a de tout, à Kukiz... »

Grand ménage à la tête des médias publics

M. Robert Piaty, 33 ans, a beau avoir étudié la science politique, il enchaîne les « contrats-poubelle ». Actuellement, il travaille à Katowice dans un centre d'appels pour 1 400 złotys par mois, soit 320 euros. « La moitié de mes amis sont partis en Angleterre. Moi-même, j'y ai vécu six mois ; je gagnais 1 200 euros par mois. » Il appartient au syndicat Sierpien 80 (« Août 1980 », en référence à la grève de Solidarność) et vote pour le parti de gauche Ensemble (3,6 % des suffrages), qui se veut le Podemos polonais. Mais il comprend que de jeunes précaires votent pour le PiS, dans l'espoir de bénéficier de son programme social : « Ils ont promis un salaire minimum horaire dès juillet 2016. » En attendant de tenir ses promesses sociales, le PiS donne un tour de vis aux institutions : entre Noël et la Saint-Sylvestre, le nouveau gouvernement a nommé cinq juges au sein de la plus haute instance judiciaire, le Tribunal constitutionnel, fait voter une loi modifiant son fonctionnement et licencié les directions des médias publics. Ce n'est pas tout : en mars, une loi devrait faire du ministre de la justice le nouveau procureur général. Depuis la mi-décembre 2015, plusieurs dizaines de milliers de Polonais ont manifesté à l'appel du Comité de défense de la démocratie (KOD). Et, fait sans précédent dans l'histoire de l'Union européenne, la Commission de Bruxelles a lancé le 13 janvier à l'encontre de Varsovie une « procédure de sauvegarde de l'Etat de droit » : une enquête préliminaire afin de déterminer si la Pologne contrevient aux principes démocratiques.

« La démocratie polonaise se porte très bien », estime Aleksańdra Rybinska, journaliste à wSieci. A la mi-janvier, la couverture de cet hebdomadaire de droite présentait sous le titre « Conspiration contre la Pologne » un photomontage associant la chancelière Angela Merkel et le président du Parlement européen Martin Schulz au partage de la Pologne en 1772. Rybinska justifie la politique du PiS : « La PO avait nommé ses propres juges peu avant de perdre les élections. Le PiS n'aurait donc pu passer aucune loi. Quant aux nominations dans les médias, c'est l'usage ici : en 2008, des confrères de droite ont été licenciés sur ordre de la PO. Cela n'avait alors pas offusqué les Occidentaux... La vérité, c'est que le PiS représente tout ce que les soixante-huitards au pouvoir en Europe détestent. L'Occident pensait que la Hongrie de Viktor Orbán serait une exception ; et maintenant, c'est à la Pologne de se tourner vers les valeurs traditionnelles. Bruxelles a peur des forces conservatrices. »

Peu de jeunes parmi les défenseurs de la démocratie

« Les partisans du PiS estiment qu'ils ont été méprisés, persécutés par les élites libérales, analyse Majmurek. Leurs leaders étaient un peu plus jeunes que les libéraux, alors ils ont été moqués, surnommés “les Pampers” ! D'où leur ressentiment envers la classe politique. Après leur traversée du désert, ils estiment que leur temps est venu. Ils veulent leur revanche. »

Veste mauve, boucles d'oreilles et catogan, le décontracté Mateusz Kijowski, 47 ans, personnifie tout ce que le PiS rejette. Ce spécialiste des technologies de l'information a fondé le KOD sur le réseau social Facebook, en novembre dernier. « En quelques jours, nous étions 55 000 inscrits », dit-il en souriant. Il revient de Strasbourg, où, raconte-t-il, la délégation du KOD a reçu « un très bon accueil des eurodéputés libéraux, socialistes et Verts ». En cette mi-janvier, il s'apprête à organiser une seconde vague de manifestations « dans 46 villes, et auprès de la diaspora polonaise en Europe ». Nous lui montrons une vidéo d'extrême droite circulant sur Internet qui accuse le KOD d'être financé par le milliardaire américain George Soros : « Malheureusement, non ! s'esclaffe-t-il. Sérieusement, personne ne s'attendait à ces atteintes aux libertés. Au cours de la campagne, le PiS n'en a pas parlé. Il agit comme si un mandat lui donnait tous les droits, comme si la démocratie signifiait le pouvoir absolu de la majorité électorale. Il s'en prend au principe fondamental de l'Union européenne qu'est la séparation des pouvoirs. Nous voulons défendre nos libertés. »

Le samedi suivant, à Gdańsk, environ deux mille sympathisants du KOD se sont rassemblés place Solidarność, devant les chantiers navals. Ils piétinent dans la neige pour se réchauffer. Leurs pancartes appellent à la défense de la démocratie. Une caricature compare le nouveau patron de la télévision publique TVP, M. Jacek Kurski — un natif de Gdańsk, surnommé « le pitbull du PiS » —, à M. Jerzy Urban, porte-parole honni de l'ancien régime communiste. Les manifestants agitent des drapeaux polonais, européens et même quelques étendards LGBT (6) arc-en-ciel. Certains arborent le masque blanc adopté par les Anonymous. Un drone survole la place et filme les manifestants. Narquoise, la foule salue le mouchard volant.

« C'est notre devoir d'être ici, expliquent deux retraitées alors que le cortège se dirige vers le centre-ville. On a manifesté en 1980 ; on ne veut plus de dictature ! Nous sommes venus pour les jeunes, qui ignorent ce qu'ils peuvent perdre. » En effet, la moyenne d'âge de cette manifestation est élevée : la plupart des participants ont plus de 40 ans. « Je suis ici de ma propre initiative, se moque cette jeune fille, je ne suis pas payée par George Soros. » Comment explique-t-elle que les jeunes se mobilisent si peu ? « Ils sont apathiques, ils n'ont pas de conscience politique et ne se sentent pas concernés. Mon petit frère, qui a 18 ans, voulait voter Kukiz ; j'ai réussi à le convaincre de voter PO. » Arrivés rue Dluga, dans la vieille ville, les manifestants scandent « Nous voulons être nous-mêmes », un slogan de Solidarność en 1980. M. Alexander Hall, ancien dissident, s'empare du mégaphone et dénonce le fait que le chef du PiS, M. Kaczyński, soit le véritable homme fort du pays, sans assumer de fonction officielle. Une banderole le montre d'ailleurs en marionnettiste manipulant à sa guise le président Duda et la première ministre Beata Szydło. A 13 h 30, après avoir chanté l'hymne national et écouté l'hymne européen, les manifestants se dispersent, ignorant les quelques jeunes qui les traitent de « porcs sortis de leur mangeoire », insulte des partisans du PiS à l'encontre de ceux de la PO.

« Que l'Europe s'occupe de son million de migrants ! »

Le KOD a cependant un autre souci que l'apathie des jeunes ou leur vote en faveur de la droite et des populistes : sa difficulté à séduire hors des milieux libéraux. Aucun des électeurs de gauche rencontrés ne souhaite participer à ses manifestations. « Les libéraux sont des gens aisés, la partie de la société qui a bénéficié des réformes économiques », raille M. Piaty, le jeune précaire de Katowice. Militante féministe de Varsovie, Mme Ania Zawadzka bat le pavé lors de la Gay Pride et de la contre-manifestation antifasciste qui, chaque 11 novembre, s'oppose à la marche des ultranationalistes. Pourtant, elle refuse de rallier le KOD : « L'intelligentsia libérale est responsable de la situation, tranche-t-elle. Ils ont refusé d'assouplir le droit à l'avortement pour ne pas froisser l'Eglise (7). Ils ont fait de la Pologne un pays ultralibéral, multiplié les lois contre les travailleurs, méprisé et marginalisé les pauvres. A cause d'eux, le peuple a basculé à droite. »

M. Karol Guzikiewicz avait 16 ans lorsque, apprenti mécanicien, il a participé à la grève historique de Gdańsk aux côtés de Lech Wałęsa en 1980. Devenu vice-président de Solidarność aux chantiers navals, il milite désormais au PiS : « Les chantiers sont en friche : une centaine d'hectares en 1990, vingt aujourd'hui », résume-t-il en nous faisant traverser les ateliers où s'affairent les soudeurs. « Dix-sept mille ouvriers en 1990, un millier aujourd'hui. Désormais, on fabrique surtout des éoliennes. » Il assène : « Tout cela, c'est la faute de Donald Tusk et de l'Europe. A cause des libéraux, les lois du travail en Pologne sont les pires d'Europe. Alors, oui, je milite au PiS depuis 2008. J'ai rejoint ce parti parce que son programme social était proche de celui de Solidarność. » Et tant pis si son ancien mentor, le Prix Nobel de la paix Wałęsa, a déclaré le 23 décembre, dans une interview à Radio ZET, que le nouveau gouvernement agissait « contre la démocratie, la liberté » et « ridiculisait la Pologne dans le monde ». Quant aux critiques de Bruxelles, le syndicaliste les balaie d'un revers de main : « Que l'Europe s'occupe de son million de migrants et laisse la Pologne tranquille ! »

Le même jour, à Gdańsk, nous rencontrons l'ancien dissident Stefan Adamski, qui rédigeait en 1980 le bulletin clandestin de Solidarność : « Les gens de Solidarność ont été trahis par les libéraux. Une transition brutale vers un capitalisme darwinien ! Pas étonnant qu'ils se tournent vers un parti qui affiche un programme social, même s'il est irresponsable. » M. Adamski, l'un des fondateurs d'Attac (8) Pologne, milite au parti de gauche Ensemble. « Solidarność n'était pas partisan du capitalisme, précise-t-il. Le syndicat demandait au régime communiste le respect des droits des travailleurs. Le PiS ne remet pas en cause le capitalisme : il promet seulement de le rendre plus solidaire. » Et il ajoute : « Le plus désolant, c'est que Kaczyński ne sera pas stoppé par les défenseurs de la démocratie. Il sera discipliné par les marchés financiers, qui s'opposeront à la mise en œuvre de ses mesures sociales et protectionnistes. »

(1) Lech Kaczyński, président de la Pologne de 2005 jusqu'à son décès, le 10 avril 2010, lors du crash aérien de Smolensk (96 morts). Il était le frère jumeau de M. Jarosław Kaczyński, premier ministre de 2006 à 2007 et actuel chef du PiS.

(2) A l'exception du représentant des germanophones, qui n'est pas soumis au seuil des 8 %.

(3) Un eurodéputé, M. Tomasz Poręba, nous a bien accordé un entretien par courrier électronique, mais il a ensuite refusé que des extraits de ses réponses soient intégrés à cet article.

(4) Face au tollé suscité par ces déclarations, le ministre a ensuite prétendu qu'il s'agissait d'une « blague ».

(5) Cf. note 1.

(6) Pour la défense des droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et trans.

(7) Depuis 1993, l'avortement n'est autorisé en Pologne qu'en cas de viol ou de danger avéré pour la santé de la mère ou de l'enfant.

(8) Association pour la taxation des transactions financières et pour l'action citoyenne.

Mars 2017 en perspective

Le Monde Diplomatique - Thu, 09/03/2017 - 15:47

Celui qui fut le rapporteur de la commission Attali en 2008 n'hésite pas à se présenter comme un homme neuf. Ce tour de passe-passe ne date pas d'hier : bien avant Emmanuel Macron, il y eut Jean Lecanuet, dont la campagne présidentielle, en 1965, inaugura le marketing politique — avec pour slogan « Un homme neuf, une France en marche »… Autre scrutin : en Allemagne, où la question migratoire est omniprésente, avec des répercussions aux frontières de l'Union européenne, notamment en Turquie, qui joue le rôle de tampon depuis un quart de siècle. La méfiance envers la démocratie représentative occidentale est partagée par nombre d'intellectuels chinois. Une sélection d'archives en rapport avec le numéro du mois.

  • Les vieux habits de l'homme neuf François Denord & Paul Lagneau-Ymonet • page 7 Aperçu Étroitement associé à la politique économique du président François Hollande, le candidat du mouvement En marche ! se présente pourtant comme un homme « hors système », loin des partis et des coteries. Cautionnée par la presse, la métamorphose de M. Emmanuel Macron en évangéliste politique masque mal la trajectoire banale d'un technocrate dont l'entregent lui a permis de brûler les étapes.
  • → Loi Macron, le choix du « toujours moins » Martine Bulard • avril 2015
  • → Qui évaluera Jacques Attali ? Louis Pinto • avril 2008
  • → Publicité et politique Yves Jeanneret & Emmanuel Soüchier • décembre 1994 Aperçu
  • L'Allemagne et les réfugiés, deux ans après Olivier Cyran • pages 12 et 13 Aperçu Avec l'entrée en scène de M. Martin Schulz, candidat du Parti social-démocrate à la chancellerie contre Mme Angela Merkel, l'Allemagne s'installe dans la campagne pour les élections fédérales de septembre prochain. Les questions liées à la politique migratoire y occupent une place importante, tant l'accueil dans le pays de plus d'un million de réfugiés depuis deux ans a polarisé la société.
  • → Entre l'Allemagne et la Turquie, l'enjeu des réfugiés Hans Kundnani & Astrid Ziebarth • janvier 2017
  • → Haro sur Schengen Benoît Bréville • janvier 2016
  • → Quand l'Union européenne s'entoure d'un cordon sanitaire Jelle Van Buuren • janvier 1999 Aperçu
  • En Chine, la démocratie… quand le peuple sera mûr Jean-Louis Rocca • pages 22 et 23 Aperçu À Pékin, la presse officielle a ironisé sur les élections américaines et leur contestation aux États-Unis mêmes. Une occasion de vilipender le système politique occidental. Si nombre d'intellectuels chinois débattent des voies démocratiques à imaginer pour leur pays, ils estiment que le peuple n'est pas prêt.
  • → Des chercheurs chinois réclament des réformes dans leur pays Jing Jun, Sun Liping, Shen Yuan & Guo Yuhua • juillet 2011 Aperçu
  • → Les communistes vont-ils changer la Chine ? J.-L. R. • juillet 2008 Aperçu
  • → La Chine gangrénée par le mercantilisme du pouvoir Guilhem Fabre • décembre 1990 Aperçu
  • Les pompiers entre dévouement et amertume Romain Pudal • pages 4 et 5 Aperçu Les pompiers sont en contact permanent avec les plus défavorisés. Ils assistent depuis une vingtaine d'années à la dégradation simultanée de leurs conditions de travail, sous l'effet des politiques de rigueur, et des conditions de vie de ceux qu'ils aident. Avec des conséquences politiques dont les progressistes peinent à mesurer l'ampleur.
  • → Bénévoles et volontaires Stéphanie Rizet • mai 2013
  • → Quartiers populaires et désert politique Abdellali Hajjat • octobre 2006 Aperçu
  • → La crise urbaine comme terrain de mobilisation populaire Richard A. Cloward & Frances Fox Piven • août 1976 Aperçu
  • Bouillonnement antisystème en Europe et aux États-Unis Perry Anderson • pages 1, 10 et 11 Aperçu La bannière européenne a perdu son éclat, tant les politiques de l'Union se sont révélées désastreuses. Partout ont fleuri des mouvements antisystème. Dans quelques pays, ils se situent résolument à gauche. Mais nombre d'entre eux font de la xénophobie leur fonds de commerce.
  • → Crépuscule de l'« extrême centre » Miguel Urban • novembre 2016
  • → La gauche française bute sur l'Europe Antoine Schwartz • juin 2011 Aperçu
  • → Pour un mouvement social européen Pierre Bourdieu • juin 1999
  • En banlieue, autoentrepreneur faute de mieux Hacène Belmessous • pages 1, 8 et 9 Aperçu Au terme du mandat de M. François Hollande, les espoirs ont cédé place à la désillusion dans les banlieues populaires : les relations avec la police se sont détériorées, les inégalités scolaires demeurent abyssales et le chômage atteint des sommets. Exclus du marché du travail, nombre de jeunes issus de l'immigration aspirent à « créer leur boîte ». Les discriminations servent alors de carburant à l'idéologie patronale.
  • → Résister à l'uberisation du monde Evgeny Morozov • septembre 2015
  • → Révoltes contre l'emploi au rabais Frédéric Lebaron & Gérard Mauger • avril 2006 Aperçu
  • → La mal-vie des jeunes dans des villes en crise Paul Moreira • décembre 1990 Aperçu
  • Majorité sociale, minorité politique Bruno Amable • page 3 Aperçu Étrange démocratie française : depuis trente-cinq ans, les programmes des grands partis de gouvernement ne correspondent pas aux attentes économiques des classes populaires, qui représentent pourtant plus de la moitié du corps électoral. Contrairement aux idées en vogue sur l'effacement des clivages idéologiques, les aspirations des ouvriers et des employés dessinent un bloc social de gauche.
  • → Au Royaume-uni, colère sociale, vote à droite Owen Jones • octobre 2014
  • → Où est la gauche à l'heure de la tourmente économique ? Serge Halimi • novembre 2011
  • → Quand le jeu politique asphyxie le mouvement social Anne-Cécile Robert • mai 2009 Aperçu
  • Désenchantement des Maghrébins au Québec Akram Belkaïd • pages 8 et 9 Aperçu Accueillis par la Belle Province parce qu'ils sont diplômés et qu'ils parlent français, les immigrés originaires d'Algérie, du Maroc et de Tunisie rencontrent d'importantes difficultés pour échapper au chômage ou pour trouver un emploi correspondant à leurs compétences. Le débat tendu et récurrent autour de la question identitaire et l'attentat contre une mosquée de Québec en janvier ont aggravé leur mal-être.
  • → Au Québec, la « révolution tranquille » n'a pas eu lieu B. B. • novembre 2010 Aperçu
  • → Hésitations et contradictions du mouvement nationaliste québécois Alain Bihr • juillet 1995 Aperçu
  • → Une arme à double-tranchant pour une province francophone Lysiane Gagnon • janvier 1975
  • Jack London ou la puissance indomptée Michel Le Bris • pages 14 et 15 Aperçu Jack London (1876-1916) aura longtemps souffert des étiquettes qu'on lui a accolées : cette figure d'auteur héros de sa vie, durablement minorée comme romancier pour enfants, fut également et vigoureusement célébrée en tant que modèle d'écrivain engagé. Or il conjugua toutes sortes de contradictions.
  • → Jack London, conteur de combat Arnaud de Montjoye • mai 2016
  • → Escale chez les puissants Jack London • juin 2008 Aperçu
  • → Perte de sens Philippe Videlier • mai 1993
  • Les maladies du Nord migrent en Afrique Frédéric Le Marcis • page 16 Aperçu Signe des profondes transformations à l'œuvre en Afrique, les maladies dites « de pays développés » se répandent dans la plupart des États du continent. Si les nouvelles habitudes alimentaires sont aussi en cause, cette dégradation de la santé des populations trouve sa source dans l'urbanisation accélérée et les pratiques de l'agro-industrie.
  • → Comment la santé est devenue un enjeu géopolitique Dominique Kerouedan • juillet 2013 Aperçu
  • → Comment fonctionnent les systèmes de santé dans le monde M. B. • février 2010 Aperçu
  • → L'Afrique tente de retenir ses médecins Karl Blanchet & Regina Keith • décembre 2006 Aperçu
  • Qui a peur du wolof ? Boubacar Boris Diop • page 17 Aperçu La promotion de la langue française et de la diversité culturelle et linguistique figure en tête des missions de l'Organisation internationale de la francophonie. Écrivain sénégalais d'expression française, Boubacar Boris Diop écrit également en wolof depuis 2003. Il interpelle les auteurs africains : Prenez la francophonie au mot ! Défendez aussi les langues du continent noir !
  • → On ne parle pas le francophone Tahar Ben Jelloun • mai 2007 Aperçu
  • → Tant que l'Afrique écrira, l'Afrique vivra Tirthankar Chanda • décembre 2004 Aperçu
  • → L'exemple africain : le choix de la langue impose des options à la fois culturelles et politiques Pierre Alexandre • octobre 1965 Aperçu
  • Fêter une révolution sans donner des idées Korine Amacher • page 18 Aperçu Le centenaire de la révolution de 1917 embarrasse les autorités russes, qui se félicitent de son retentissement mondial mais exècrent toute idée de renversement du pouvoir. Les rares commémorations doivent être l'occasion de réaffirmer l'importance de l'unité nationale, antidote à la lutte des classes. Les événements organisés en marge du cadre officiel pourraient cependant infléchir ce récit.
  • → Ce que les Russes pensent de 1917 Alexis Berelowitch • août 2011 Aperçu
  • → Vive le capitalisme, haro sur la révolution ! Jean-Jacques Marie • octobre 1990 Aperçu
  • → De la révolution d'Octobre 1917... André Pierre • octobre 1957 Aperçu
  • Les Nations unies contre Terminator Édouard Pflimlin • page 19 Aperçu Les premières discussions formelles des Nations unies pour interdire l'utilisation des systèmes d'armes létaux autonomes doivent se tenir l'été prochain à Genève. Sans un consensus pour encadrer les développements de l'intelligence artificielle en matière d'armement, la réalité pourrait bientôt rejoindre les fictions où sévissent des machines capables de tuer sans intervention humaine.
  • → Ventes d'armes, la grande chasse aux milliards Philippe Leymarie • avril 2016
  • → De destruction massive ou conventionnelles, les armes tuent les civils Patrick Barriot & Chantal Bismuth • mai 2003 Aperçu
  • → L'organisation des Nations unies, ses réalisations, ses possibilités, ses limites Hubert Miles Gladwyn Jebb • mars 1955 Aperçu
  • Ces petites choses qui font gagner les élections Christophe Ventura • pages 20 et 21 Aperçu Il s'en est fallu de peu qu'en Équateur le candidat de la gauche soutenu par l'ancien président Rafael Correa l'emporte au premier tour. Il n'en reste pas moins qu'en Amérique latine la droite gagne du terrain, y compris lorsqu'elle s'en remet aux rouages démocratiques qu'elle avait par le passé travaillé à discréditer. Rencontre avec l'un des artisans de ce renouveau stratégique.
  • → Amérique latine, pourquoi la panne ? Renaud Lambert • janvier 2016
  • → Cette Amérique latine qui assume l'affrontement Maurice Lemoine • mai 2009 Aperçu
  • → Demain la nouvelle gauche en Amérique latine ? Carlos Gabetta • juillet 1991 Aperçu
  • Pékin, scène rock Léo de Boisgisson • page 27 Aperçu Fini le temps où les jeunes amateurs de musique occidentale devaient s'échanger sous le manteau les disques des groupes venus d'Europe ou d'Amérique. Les rockeurs les plus en vue sont désormais chinois et se produisent parfois sur les scènes internationales. Devenus très créatifs, ils découvrent les joies du marché sans être toujours à l'abri de la censure.
  • → Oï, oï, fais-le tout seul ! Eric Tandy • juin 2015 Aperçu
  • → Des maisons de disques bousculées par la rue Thomas Blondeau • janvier 2008 Aperçu
  • → Le rock, creuset pour une intégration ? P. M. • août 1988 Aperçu
  • Le châtelain et la châtelaine Alain Garrigou • page 28 Aperçu À bien des égards, les anciennes châtelaines auraient pu se reconnaître dans le tableau que M. François Fillon dresse des activités de son épouse. À une différence près, toutefois : les épouses d'autrefois n'étaient pas rémunérées. Quoi de plus naturel qu'un professionnel de la politique — tellement professionnel qu'il n'a jamais eu d'autre activité — fasciné par l'honorabilité des anciens châtelains ?
  • → Sur la piste des nantis Michel Pinçon & Monique Pinçon-Charlot • septembre 2001 Aperçu
  • → Les riches, terra incognita des statistiques A. B. & Roland Pfefferkorn • mai 1999 Aperçu
  • → Naissance de l'hyperbourgeoisie Denis Duclos • août 1998 Aperçu
  • Trump et l’avenir de la politique commerciale européenne

    Politique étrangère (IFRI) - Thu, 09/03/2017 - 12:29

    Lisez le second article du nouveau numéro de Politique étrangère (n° 1/2017) – à paraître demain ! – que vous offre la rédaction : « Trump et l’avenir de la politique commerciale européenne », écrit par John Solal-Arouet et Denis Tersen.

    « Les États-Unis se sont donc dotés d’un président protectionniste et isolationniste. Certes, promesses et programmes ne font pas automatiquement une politique l’élection passée. Mais un candidat qui attaque la Chine, le Mexique, menace de quitter l’OMC, de dénoncer l’ALENA et l’accord de Paris sur le climat, refuse de signer le projet de Partenariat Trans-Pacifique (TPP) négocié par son prédécesseur, engage le président. Il le peut d’autant plus que, si ce dernier ne peut pas libéraliser de son seul chef, sans l’aval du Congrès, il peut largement de sa propre initiative mettre en place des mesures de protection aux frontières, ou bloquer un traité en refusant de le soumettre au pouvoir législatif. Anti-mondialisation, le nouveau président américain a une certaine forme de cohérence : il est pour une fermeture des frontières, pour les biens et services comme pour les personnes.

    Les premières nominations ne démentent pas la rhétorique de campagne : Wilbur Ross ministre du Commerce, Peter Navarro, un économiste « défensif mais pas protectionniste » à la tête du tout nouveau National Trade Council placé auprès du président pour le conseiller sur les sujets commerciaux, Robert Lighthizer, représentant américain du commerce (USTR). Ils se sont fait remarquer par des déclarations antichinoises, et en défendant les intérêts de la « vieille » industrie. Celui qui mènera les négociations commerciales, Robert Lighthizer, est un avocat connu en matière d’antidumping, vétéran de l’administration Reagan. Le méchant était alors japonais, et les États-Unis avaient obtenu de leur partenaire, sous la pression, des accords volontaires de restrictions aux exportations. C’était avant l’OMC, avant les « chaînes de valeur mondiales », qui permettent aux entreprises américaines d’éclater leur production dans de nombreux pays, au premier rang desquels la Chine, pour importer ou recomposer leurs produits aux États-Unis, et avec un marché japonais dont le niveau de fermeture était sans commune mesure avec celui de la Chine. Les tweets, ces coups de menton de l’âge numérique, à destination des entreprises ayant des velléités d’investissement au Mexique, s’inscrivent également dans la droite ligne de la campagne. Le discours inaugural du président le 20 janvier dissipe les doutes : « La protection conduira à une grande prospérité et à la force. » Les premiers communiqués venant de la Maison-Blanche le soir même annoncent le retrait du TPP et la renégociation de l’ALENA. Nous y sommes.

    Donald Trump n’est pas seul : le Brexit l’a précédé, les mouvements populistes progressent partout en Europe. L’accord économique et commercial global (CETA) avec le « petit » Canada (0,6 % du commerce extérieur français) a été proche de s’arrêter au stade de la signature, et son avenir est aléatoire. On pourrait traiter ces évolutions majeures avec une relative indifférence, considérer que, par une ruse de l’histoire, les populistes vont nous débarrasser d’un dangereux libre-échange et de mauvais accords, tel le TTIP. De plus, ainsi que l’on nous l’a enseigné, l’infrastructure – la base matérielle, les forces productives – précède la superstructure : le commerce mondial progresse moins vite que la « richesse » mondiale et recule même depuis quatre ans. Entrerions-nous sans ambages et sans trop de regrets dans l’ère de la démondialisation ?

    Faut-il donc traiter la nouvelle Amérique à la légère ? Non. Les mêmes symptômes affectent l’Europe. Les difficultés nées de la phase « commerciale » de la mondialisation n’ont pas été résolues. L’entrée dans la mondialisation « informationnelle » fait surgir de nouveaux problèmes. Et s’annonce la « grande convergence » chère à Richard Baldwin – la troisième vague de la mondialisation va permettre de mobiliser les personnes dans le cycle de production quelle que soit leur localisation dans le monde et devrait buter sur des résistances encore plus fortes.

    Ces dernières sont-elles vraiment de nature économique comme nous le suggèrent les commentateurs du « déclassement » de l’ouvrier blanc américain ? En réalité, non. Toutes les analyses du vote Trump montrent qu’il transcende les classes sociales, appartenances ethniques ou genres. It’s not the economy stupid[, ironisent ceux qui soulignent la primauté des dimensions identitaires et culturelles qui construisent une ligne de ressentiment populaire à l’encontre des élites mondialisées. Pourtant, c’est bien sur l’économie que les populistes concentrent le tir : pour construire des murs, au risque d’ajouter de nouveaux risques géopolitiques, économiques, et démocratiques à ceux qui affligent déjà leurs électeurs révoltés. Pour arriver aux commandes de la première économie mondiale, Donald Trump a clairement annoncé le programme. Si certains misent sur un soft Trump, nouveaux Giraudoux venant nous expliquer que « la guerre de Détroit n’aura pas lieu », Paul Krugman n’a pas ces illusions : la guerre commerciale n’est plus seulement une option, c’est une probabilité.

    L’Europe devra être méfiante. Le face-à-face avec la Chine est inévitable, mais l’administration américaine prendra en compte le rapport de puissance. Pragmatique, elle se tournera vers des « partenaires » plus à sa portée. Le Mexique est un candidat déjà visé, mais une Europe faible sera également au menu. Son excédent bilatéral vis-à-vis des États-Unis progresse. Les sujets de frictions ne manquent pas : contentieux aéronautique ou agricole (datant du xxe siècle…), enjeux numériques aux dimensions multiples (fiscalité, concurrence, droit des données), déséquilibres macro-économiques allemands, climat… »

    Lire la suite en intégralité ici.

    Accéder au sommaire complet du numéro sur www.ifri.org.

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    Burundian authorities 'shut doors' to engagement, cooperation – Security Council told

    UN News Centre - Thu, 09/03/2017 - 06:00
    Nearly two years after the political impasse started in Burundi, national authorities are reducing their cooperation with the United Nations system which risks undermining efforts to find a peaceful resolution to the crisis and cutting assistance to a population in need, the Security Council was told today.

    UN agriculture agency warns of water scarcity in North Africa and Near East

    UN News Centre - Thu, 09/03/2017 - 06:00
    Accessible fresh water in North Africa and the Middle East has fallen by two-thirds over the past 40 years, posing a huge challenge requiring &#8220an urgent and massive response,&#8221 the head of the United Nations agriculture agency said today.

    'Holistic thinking' needed for peace, development in Lake Chad region – Deputy UN chief Mohammed

    UN News Centre - Thu, 09/03/2017 - 06:00
    Highlighting the multifaceted nature of the crisis in Africa&#39s Lake Chad Basin, the deputy United Nations chief underlined the need for a holistic approach that includes responding to the Boko Haram as well as closing the gap between humanitarian assistance and development interventions.

    Mali: UN expert calls for stronger protection of civilians amid ongoing violence

    UN News Centre - Thu, 09/03/2017 - 06:00
    Serious security threats in north and central Mali put local populations and humanitarian aid workers at risk, a United Nations human rights expert said today.

    Governing in Silence as Nigeria’s President Falls Sick

    Foreign Policy Blogs - Wed, 08/03/2017 - 22:12

    Nigeria’s president, Muhamaddu Buhari, headed to the United Kingdom for his “annual leave” on January 19, and Vice President Yemi Osinbajo became acting president. Two weeks later, Buhari notified the National Assembly that he was extending his leave for medical reasons. It’s approaching seven weeks, and Buhari is still on leave. With the exception of calling into a live show on February 23, he has not yet been seen in public. According to a leading online news outlet, Buhari had a prostate flare up and is also undergoing treatment for Crohn’s Disease.

    Several Nigerian politicians have made a pilgrimage to the UK—potentially at taxpayers’ expense—and released photos with a seemingly jovial Buhari. U.S. President Donald J. Trump called Buhari in mid-February to discuss shared security concerns and the provision of weapons to the Nigerian Army to combat terrorism. Buhari’s press aides have also routinely tweeted good wishes to the Nigerian people supposedly from the ailing president. However, they have yet to arrange for Buhari to make a physical appearance, leaving Nigerians to draw their own conclusions about Buhari’s health and if and when he will return.

    The silence around Buhari’s disappearance furthers a narrative that Nigeria’s political elites refuse to provide critical information to the public because it’s against their own self-interest. While lawmakers have jumped on a plane to visit the ailing president, none have chosen to share his medical state or call on his government to disclose the gravity of his health condition with the nation. Also, no one has shared the cost that the nation is incurring while maintaining an ill president in the U.K. and an acting president in Nigeria.

    Many Nigerians who initially decried the elected president’s absence have begun celebrating the acting president for doing many things they wish President Buhari had done. In his six weeks leading Nigeria, Osinbajo has visited the Niger Delta, injected U.S. dollars into the Nigerian forex market to ease exchange rate pressure, and requested that the Senate approve the acting chief justice. President Buhari refused to make these decisions, much to the chagrin of his citizens.

    It’s easy to view Osinbajo’s short stint as a success given how it has injected renewed momentum into governing the country. It’s also true that Buhari naming Osinbajo as acting president was a win for Nigeria’s constitutional democracy—unlike in 2009 when in an eerily similar situation, as the then-president, Umaru Musa Yar’Adua, lay dying in Saudi Arabia, the ruling People’s Democratic Party (PDP) refused to acknowledge his inability to govern. The Senate had to use a parliamentary maneuver to name the VP as acting president. After three months overseas, Yar’Adua returned to the country and died shortly thereafter. And if Buhari is in fact significantly ill and unlikely to return, it will be the second time that the North has lost the presidency due to such circumstance.

    In a country where politics and ethnic identity are so fraught, one might assume Buhari and the now ruling party, All Progressives Congress (APC), are intentionally refusing to show the president live or discuss the gravity of his condition. While much of the country is decrying the cost of keeping Buhari in the U.K. and wondering whether he’s still fit to govern, several prayer vigils are taking place in the North. As one would expect, Northerners are hoping to not lose their grip on power once again.

    Beyond ethnicity, many of the elite likely are convinced Buhari’s departure would be to their detriment. In his two years in office, Nigerian civil society leaders have criticized Buhari’s reticence to address the allegations of corruption from those in his inner circle. Most notably in January, he refused to dismiss the Secretary General of the Federation whom the Senate recommended be removed and prosecuted. Buhari’s chief of staff has also been accused of diverting funds from the Nigerian High Commission in the UK to pay his own medical bill. Yet, at the very least, a rebalancing of power creates enough uncertainty for elites that maintaining the status quo may be their preferred option.

    However, irrespective of Osinbajo’s great work as acting president, Buhari’s absence and the silence around it is a problem because of the many troubling issues that the elected head of state would ideally be healthy enough to manage. The country is suffering from drastic economic decline, slumping oil prices, ongoing Boko Haram attacks that have led to a humanitarian crisis, and internal strife between farmers and herdsmen in the nation’s middle belt—any one of which would ordinarily require the unhindered attention of a head of state. The acting president can try to address all of these problems in his temporary tenure, but Nigerian voters elected Buhari because they trusted him—not necessarily his deputized president—to play this role.

    And with every passing day, the progress from a democratic transition is buried deeper. Buhari became president after a much celebrated concession from the incumbent—the first in the country’s history. It’s ironic then that a president who benefitted from his predecessor doing the right thing is now refusing to grant Nigerians the same display of putting country first.

    For his part, Osinbajo might very well become the best acting president Nigeria has ever had. However, by enabling his boss and their party to keep withholding critical information from Nigerians, he’s now complicit in a regression of democratic ideals—ideals that appeared to be headed on the right trajectory when he and Buhari were duly elected in 2015.

    Hopefully, President Buhari is alive and recovers. But for now, he should have the courage to share his prognosis with Nigerians. He should appear in public physically and demonstrate to Nigerians that in a short while he will be able to undertake the grueling task of governing again. For its part, the National Assembly should debate the severity of Buhari’s health and determine if it’s time for him to resign and let Osinbajo govern full-time. The nation’s psyche and fiscal health require nothing less.

    Kehinde A. Togun is a senior director at The Arkin Group and a Truman National Security Fellow. He was previously the deputy director of PartnersGlobal’s Sub-Saharan Africa program. During Nigeria’s 2011 elections, he trained and advised civil society as they monitored the electoral process. Views expressed are his own. You can follow him on Twitter @kehindetogun.

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    H.R. McMaster on China

    Foreign Policy Blogs - Wed, 08/03/2017 - 21:45
    President Trump’s newly appointed U.S. National Security Adviser, Lieutenant General H.R. McMaster, has been welcomed by many as a reasonable and educated choice to assist the new administration in upcoming policy decisions. McMaster, along with the new U.S. Defense Secretary General James Mattis, are highly enough regarded that the two generals have been likened as “proverbial canaries in the coal mine”, and are expected to signal early any dysfunction in the Trump administration, according to an opinion piece in the Washington Post.

    Recently, McMaster’s reason and education led him to tell his staff that Muslims who commit terrorist acts are perverting their religion, in sharp contrast to other senior Trump advisers who promote a more black and white approach. At a meeting of the staff of the National Security Council, he opined that the label “radical Islamic terrorism” was not helpful because terrorists are “un-Islamic”.

    But what does McMaster think concerning another major threat perhaps not on the minds of most Americans—that of Chinese expansionism in the East and South China Seas eventually leading to a Third World War? On China, McMaster seems to take the same reasonable and educated approach, if we take his comments at face value which he made during a military strategy forum hosted by the Center for Strategic and International Studies in May 2016.

    During that forum, McMaster drew parallels between Russia’s activities on its borders with similar Chinese activities in the South China Sea, declaring China was “challenging U.S. interests at the far reaches of American power” in an effort to “expand territory and expand their influence at the expense of U.S. interests and the security of our partners in the region”—comparing China’s assertiveness as “militarily analogous to what Russia’s done in Ukraine”.

    McMaster characterized China’s land grab in the South China Sea as an effort to “project power outward from land into the maritime and aerospace domains, to restrict freedom of movement and action in those domains, and to—and to secure Chinese influence across those domains”. McMaster argues that China, in the same way Russia has established air supremacy over Ukraine from the ground, will use “cyberattacks, information warfare, [and] a sophisticated economic effort to undermine the post-World War II economic order in the region”.

    The general concluded by stating that while the Chinese have “engaged in the largest theft of intellectual property in history”, implying that some of the thefts benefit the Chinese military, the U.S. military currently maintains a technological advantage, and will need to invest in “joint synergy” and “cohesive well-trained teams” to adapt technology to the U.S. military in the future to maintain its competitive advantage. No doubt the Chinese will continue to also pursue advanced technologies for their military in their own fashion, and McMaster is reasonable in focusing on technology as a primary concern in maintaining national security as well as projecting power overseas.

    With seasoned and informed generals such as McMaster and Mattis on board, the Trump administration should have a fighting chance at keeping the U.S. military at the top of its game.

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    North Korea Doesn’t Trust China An Inch

    Foreign Policy - Wed, 08/03/2017 - 20:06
    Beijing's leverage over Pyongyang is limited because the Hermit Kingdom has never let its guard down.

    Why Is China So … Uncool?

    Foreign Policy - Wed, 08/03/2017 - 19:41
    The country's got all the right stuff to be a soft-power giant. But Beijing won't get out of its own way.

    European Diplomats to Congress: For Our Sake, Don’t Cut Foreign Aid Funding

    Foreign Policy - Wed, 08/03/2017 - 19:35
    Foreign diplomats warn slashing U.S. military and foreign assistance could endanger allies under Russia’s shadow.

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