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Union européenne

"Grèce, le jour d'après"

Coulisses de Bruxelles - mer, 21/10/2015 - 19:56

REUTERS/Yannis Behrakis

Ce soir, à 22h50, sur ARTE, vous pourrez voir le documentaire sur la Grèce de Syriza et les six mois tendus de négociations avec la zone euroque j’ai réalisé avec Pierre Bourgeois. Il s’agit de mon troisième documentaire sur ce pays, après «Euro, quand les marchés attaquent» et «Grèce, année zéro».

Le troisième épisode de cette trilogie n’a pas été simple à mettre en image: au départ, j’étais parti sur l’idée de montrer comment Syriza changeait la Grèce. Mais, rapidement, nous avons du constater que ce parti dit de gauche radicale ne bougeait pas sur le plan intérieur et se concentrait uniquement sur les négociations avec la zone euro. Jusqu’au coup de poker hallucinant du référenum... Nous avons donc fini de tourner le 20 septembre et avons remis le film à ARTE la semaine dernière alors que généralement ce genre de documentaire est remis trois mois avant diffusion...

Un détail qui a son importance: en dépit de nos demandes d’entretiens répétés pendant six mois, un seul membre du gouvernement Syriza a accepté de nous recevoir, le ministre chargé des réformes administratives (aujourd’hui du travail Georgios Katrougalos, ministre qui n’est pas du «premier cercle» et qui n’était pas au coeur des négociations. Nous nous sommes heurtés à un rideau de fer, un fait sans précédent dans ma longue carrière de journaliste où je suis habitué à traiter avec des gouvernements démocratiques qui savent qu’il ne faut pas seulement parler à ses «amis»...

Enfin, dans Libération d’aujourd’hui, je publie la totalité de l’entretien que Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des finances, m’a accordé pour ce film. Une interview rare.

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Wolfgang Schäuble: "quinze pays étaient en faveur du Grexit"

Coulisses de Bruxelles - mer, 21/10/2015 - 19:56

Bloomberg

Le grand argentier allemand est un homme rare. Wolfgang Schäuble s’exprime, en effet, avec parcimonie, dans la presse internationale, ce qui rend encore plus passionnant l’entretien ci-dessous. C’est dans le cadre de mon documentaire, « Grèce, le jour d’après » (réalisé avec Pierre Bourgeois et diffusé mardi soir sur ARTE), un film qui narre les six mois de folles négociations entre la Grèce et la zone euro, que j’ai pu interroger longuement le ministre des finances allemand. Voici, en exclusivité, l’intégralité de cet entretien dans lequel il livre son analyse de la crise grecque et délivre un vibrant plaidoyer européen.


Comment avez-vous perçu la victoire de Syriza le 25 janvier 2015 ?

Cela ne m’a pas surpris, à la fois parce que les sondages avaient largement annoncé cette victoire et parce qu’Antonis Samaras (le chef de gouvernement sortant, NDLR) s’était montré très hésitant dans sa politique au cours des six mois précédents l’élection.

Connaissiez-vous Alexis Tsipras ?

Oui. Il est venu ici, à Berlin, et nous avons longuement discuté. C’est là qu’il m’a expliqué qu’il considérait notre politique comme une erreur, mais qu’il souhaitait bien sûr que la Grèce reste dans l’euro quoiqu’il arrive. Je lui ai alors répondu : « Si vous promettez à vos électeurs que vous resterez dans l’euro sans appliquer les conditions des programmes d’aide, alors vous allez faire une promesse que vous ne pourrez pas tenir ». Le soir du 25 janvier, la seule question que je me posais était de savoir comment il allait s’y prendre pour sortir de ce piège qu’il s’était tendu à lui-même durant la campagne électorale.

Vous, le démocrate-chrétien, n’aviez pas de préventions idéologiques contre Syriza, un parti de gauche radicale qui incarne tout ce que vous combattez ?

Absolument pas. En Allemagne, je combats bien évidemment les sociaux-démocrates du SPD pendant les campagnes électorales, car je suis un chrétien-démocrate convaincu. Tout comme en France je soutiens mes amis Les Républicains. Mais, une fois que le peuple a décidé, c’est celui qu’il a élu qui représente son pays. C’est pour cela qu’il importe peu que le ministre français des Finances soit socialiste ou conservateur : en tant que Français, c’est mon partenaire le plus proche et le plus important, et, généralement aussi, mon ami.

Pendant la campagne, Syriza a joué sur la fibre nationaliste et vous a attaqué personnellement, faisant de vous le tortionnaire du peuple grec. Vous avez même été caricaturé en nazi. Est-ce que cela vous a blessé ?

Cela ne m’a pas atteint personnellement, mais cela m’a rendu très sceptique envers ces politiques qui essayaient de gagner des voix avec de tels discours. Alexis Tsipras a été jusqu’à affirmer, avant et après l’élection, que si l’Allemagne payait à la Grèce des réparations pour les crimes et les destructions commis par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale, cela permettrait d’éponger l’ensemble de la dette publique. Quelqu’un qui raconte de telles inepties à son peuple ne remplit pas son devoir qui est de dire la vérité. Ce nationalisme, ces discours irresponsables ne pouvaient que se retourner contre ceux qui les utilisaient. Car, si j’étais Grec, je me dirais : « puisqu’il y a quelqu’un qui nous doit autant d’argent, alors pourquoi devrais-je faire des économies ? » Mais je ne suis pas l’arbitre de la politique de la Grèce.

Pourquoi la Grèce, après deux plans d’aide, n’était-elle toujours sortie de la crise contrairement à l’Irlande, au Portugal, à l’Espagne et à Chypre ? La politique d’austérité y a-t-elle était trop dure ?

La question de savoir si la politique d’austérité est la cause des problèmes grecs est une question dont nous débattons régulièrement. Mais il ne faut pas oublier qu’en 2009, c’est-à-dire avant que la crise de l’euro n’éclate, le déficit public de la Grèce était de 15 % du PIB et celui de sa balance commerciale, soit un excédent de ses importations par rapport à ses exportations, de 15 % également. Une économie qui affiche de tels chiffres vit de toute évidence au-dessus de ses moyens. Elle peut le faire pendant un certain temps, mais il arrive un moment où on ne trouve plus personne pour vous faire crédit. C’était cela la situation de la Grèce. Lorsque les marchés ont cessé de lui prêter de l’argent, début 2010, nous lui avons dit : « la zone euro et le Fonds monétaire international vont vous aider à gagner du temps en assurant votre financement à des conditions très favorables, mais, bien sûr, à condition que vous utilisiez ce temps pour remettre en ordre votre économie afin qu’un jour vous puissiez assurer à nouveau vous-mêmes vos dépenses ». C’est ce qu’on appelle la compétitivité en économie. Lorsque l’on a vécu au-dessus de ses moyens, de telles réformes vont toujours de pair avec des restrictions douloureuses. Et si on n’a pas la possibilité de dévaluer sa monnaie – ce qui permet de compenser des différences ou des déficits de productivité — et qu’au contraire on bénéficie de taux d’intérêt bas, comme c’est le cas dans la zone euro, les exigences en matière de réformes sont très élevées. C’est pour cela qu’elles ne sont pas populaires et c’est pour cela qu’il faut des dirigeants responsables qui expliquent aux citoyens que ces réformes sont nécessaires pour pouvoir vivre mieux. Enfin, il faut ajouter, dans le cas de la Grèce, une difficulté supplémentaire: son État est faible et dysfonctionnel comme l’admettent les Grecs eux-mêmes. Cet ensemble de raisons explique pourquoi ce pays a plus de difficultés à s’adapter que les autres États qui ont bénéficié d’un programme. C’est aussi ce qui explique pourquoi électeurs grecs se sont finalement lassés de soutenir politiquement cette voie, ce qui a permis à Alexis Tsipras de remporter les élections en promettant de rompre avec l’austérité.

Syria n’est donc pas responsable de la situation dramatique du pays?

Personne ne nie que les anciens partis qui gouvernaient – que ce soient les socialistes du PASOK ou les conservateurs de Nouvelle Démocratie – ont fait de graves erreurs et qu’ils sont coresponsables des problèmes du pays.

Syriza peut-il réformer l’État grec ?

Je souhaite tout le succès possible à ceux qui essayent de le faire, car c’est ce qui pourrait arriver de mieux à la Grèce. Mais il y a déjà eu de nombreuses tentatives en ce sens et ce n’est apparemment pas si simple que cela. Je pense que le succès ne sera au rendez-vous que si l’on dit la vérité d’emblée. En revanche, si l’on raconte qu’on peut s’en sortir sans faire des économies, que les Allemands paieront, les réformes ne seront pas comprises par le peuple.

Syriza avait-il une stratégie de négociations ?

Alexis Tsipras savait qu’il ne pourrait pas tenir sa promesse de rester dans l’euro sans accepter un programme. Il lui a donc fallu gagner du temps. Il pensait qu’il bénéficierait de nombreux soutiens dans et en dehors de l’Europe et que personne n’oserait aller jusqu’à une sortie de la Grèce de la zone euro. Il a donc été jusqu’à la limite. Mais ce qui a probablement été le plus important a été qu’il a fallu un certain temps aux citoyens Grecs pour qu’ils admettent que la promesse que leur avait faite Tsipras pour gagner les élections n’était pas tenable.

Lorsque Tsipras annonce, le 26 juin, qu’il convoque un référendum, le 5 juillet suivant, alors que la zone euro est toute proche de conclure un compromis sur le programme grec, quelle est votre réaction ?

Nous étions tous très désorientés. D’autant plus qu’Alexis Tsipras l’a fait juste après un Conseil européen des chefs d’État et de gouvernement et qu’il n’a pas prévenu ses collègues. C’est de retour chez eux qu’ils ont appris que Tsipras allait faire le contraire de ce qu’il leur avait dit. Tout le monde a trouvé ça, disons, déroutant. Personne n’a compris qu’elle était sa stratégie ou même s’il avait vraiment planifié ce référendum. La suite n’a pas été plus claire : alors que le peuple grec a suivi sa consigne de vote en rejetant à 60 % le programme d’aide, il a décidé de l’appliquer quand même. Et les Grecs ont accepté ce revirement. Ça, moi, je ne le comprends pas, mais je ne suis pas Grec.

Lors de l’Eurogroupe (les ministres des Finances de la zone euro) du 11 juillet, vous avez plaidé pour un « Grexit ».

Je me suis toujours demandé, comme beaucoup d’économistes dans le monde si, pour la Grèce, avec sa situation économique et son administration – comme le dit Jean-Claude Juncker, les Grecs forment un grand peuple, mais la Grèce n’est pas un État –, il ne serait pas préférable de procéder au rétablissement nécessaire de l’économie par le biais d’une dévaluation. Et c’est pourquoi j’ai expliqué qu’il serait peut-être dans l’intérêt de la Grèce elle-même qu’elle abandonne l’euro pendant un certain temps, le temps de se rétablir sur le plan économique et d’améliorer sa compétitivité, avant d’y revenir. Mais, je n’ai jamais plaidé pour que nous éjections la Grèce. Dire le contraire est complètement erroné. J’ai simplement dit que si la Grèce elle-même était d’avis que ce serait la meilleure solution pour elle – et ils étaient effectivement nombreux à le dire en Grèce – alors, nous devrions l’aider et la soutenir. Mais, il fallait bien sûr que ce soit une décision des Grecs. J’ai toujours pensé que si le peuple grec était d’accord pour que son pays remplisse les conditions nécessaires pour rester dans l’euro et pour se rétablir sur le plan économique, il fallait respecter cette décision. En revanche, si les Grecs ne voulaient pas procéder aux réformes nécessaires, il leur fallait faire un autre choix. Finalement, la Grèce a fait son choix et nous avons pris un autre chemin que celui de la sortie temporaire.

On a présenté le compromis du 13 juillet comme un « diktat » allemand ?

Il n’y a pas eu de diktat allemand. Il y a là une méconnaissance totale de ce qui s’est réellement passé. Le fait est que les dix-huit ministres des Finances de la zone euro, si on ne compte pas le ministre grec, étaient tous d’accord pour exiger que la Grèce remplisse les conditions du programme d’aide. C’était indiscutable. Or, la Grèce ne voulait pas les remplir : elle l’a promis à certains moments, mais elle ne l’a pas fait. Et sur le point de savoir si, pour la Grèce, la meilleure solution ne serait pas de sortir de l’euro pour un certain temps – un timeout –, 15 ministres des finances ont partagé cette opinion. Seuls les ministres français, italien et chypriote n’étaient pas sur cette ligne. On ne peut donc pas parler de diktat allemand quand autant de pays sont sur la même ligne. Et, ça, c’est la vérité. Tout le reste, c’est de la propagande, au pire, ou de l’incompréhension, au mieux.

Pensez-vous que la Grèce a une chance de s’en sortir ?

Je crois que oui. Elle va avoir besoin d’un peu de temps, mais elle va finir par admettre qu’au 21e siècle les exigences sont telles que si l’on veut bénéficier d’un haut niveau de vie, d’un modèle social protecteur et de la possibilité de saisir le nombre incroyable d’opportunités que nous offre la mondialisation, il faut remplir plus de conditions que la Grèce ne l’a fait au cours de ces dernières décennies. C’est cette volonté-là qui a poussé les peuples de l’Europe de l’Est à rejoindre l’Union : ils ont voulu bénéficier non seulement de cette promesse de prospérité, mais également de cette promesse de liberté et d’une plus grande justice sociale. D’ailleurs, disposer d’une justice et d’une administration efficace, combatte la corruption et la fraude fiscale, c’est en rapport direct avec les valeurs européennes que sont la démocratie, la liberté, un État de droit et la justice.

Êtes-vous prêt à assumer le rôle du méchant qu’on vous fait jouer au sein de la zone euro ?

Je ne crois pas que l’on me considère comme le grand méchant partout en Europe. Beaucoup de monde, y compris en France, approuve ma démarche. Mais, même si c’était le cas, cela ne me toucherait pas, car je sais qui je suis : je suis un Européen passionné. Dans mon propre parti, on me soupçonnerait plutôt d’être trop Européen et de ne pas défendre suffisamment les intérêts allemands. Mon but est que l’Europe devienne un ensemble qui parvienne à résoudre les problèmes que ni la France, ni le Luxembourg, ni l’Allemagne ne peuvent résoudre seul. Prenez par exemple la question des réfugiés, de la stabilisation du Moyen-Orient, du climat, de l’interpénétration mondiale des marchés financiers : isolés, nous ne pouvons rien, ensemble nous pouvons faire énormément. Mais, pour cela, il faut bien sûr que les citoyens aient confiance dans l’Europe et dans sa capacité à agir. C’est pourquoi il faut que nous ayons des institutions fortes, mais aussi que nous soyons capables de respecter un minimum les accords que nous trouvons. On n’est jamais obligé de le faire à 100 % – je ne suis pas partisan d’une application à 100 % des textes – mais, il faut qu’on arrête de conclure des compromis qu’on ignore dans la minute qui suit. Cette façon d’agir ne permet pas de créer de la confiance auprès des citoyens. Il faut enfin que l’Europe soit forte sur le plan économique : si nous acceptons que la Grèce devienne un modèle économique pour l’Union, alors elle ne sera pas pertinente et ne pourra alors pas assumer ses responsabilités. Je veux une Europe forte et non pas une Europe faible, une Europe qui puisse aussi aider la Grèce, une Europe qui pourra assumer ses responsabilités dans le monde du 21e siècle.

N.B.: entretien publié dans Libération du 20 octobre

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Réfugiés: la boîte à outils de l'UE pour endiguer l'afflux

Coulisses de Bruxelles - dim, 18/10/2015 - 23:26

Un réfugié afghan qui avait pénétré illégalement sur le territoire européen via la Turquie a été abattu par un policier bulgare dans la nuit de jeudi à vendredi. Un « tir de sommation » qui aurait mal tourné selon les autorités bulgares. C’est néanmoins la première fois qu’un réfugié trouve ainsi la mort depuis le début de la crise humanitaire à laquelle est confrontée l’Union. Ce drame est symboliquement survenu au moment même où se terminait, à Bruxelles, un Sommet consacré aux réfugiés, le second en trois semaines : les Européens, fidèles à leurs habitudes, se sont laissé surprendre par une crise pourtant annoncée, le conflit syrien vieux de cinq ans ayant déjà chassé de chez eux 12 millions de personnes (dont 4 millions à l’extérieur de la Syrie). Dans la panique, les Vingt-huit cherchent la formule qui leur permettra à la fois de respecter leurs valeurs fondamentales en donnant asile à ceux qui y ont droit tout en limitant le nombre d’arrivée pour cause d’opinions publiques rétives. « Ni isolement complet ni ouverture complète », a résumé Angela Merkel, la chancelière allemande, à l’issue du Conseil européen. État des lieux des solutions envisagées par des chefs d’État et de gouvernement au pied du mur.

1/ Empêcher les réfugiés d’arriver dans l’Union.

La solution idéale pour les responsables européens est que les réfugiés, comme ils l’ont fait depuis cinq ans, et comme le font 95 % des réfugiés dans le monde, restent près de leur pays d’origine. Même si c’est déjà le cas en réalité : ainsi, 96 % des Syriens ayant quitté leur pays se trouvent en Turquie, au Liban, en Jordanie, etc. L’Europe, elle, n’aurait vocation qu’à « accueillir seulement ceux qui sont dans une détresse telle qu’ils n’ont pas d’autre choix que de venir chez nous », a expliqué François Hollande, le président de la République. Cette stratégie implique une coopération des pays tiers et en particulier, d’Ankara, une grande partie des réfugiés syriens, mais aussi afghans et irakiens, qui représentent l’essentiel du flux actuel, se trouvant ou partant de son sol. Mais voilà : « Recep Tayyip Erdogan, le président turc, a flairé l’aubaine, surtout à quinze jours d’élections législatives qui s’annoncent difficiles pour lui », analyse un diplomate français. En clair : il a fixé un prix élevé à sa coopération.

Ainsi, Ankara exige une accélération de ses négociations d’adhésion à l’Union, celles-ci s’enlisant depuis dix ans. Erdogan espère que les Européens se montreront moins regardants sur les dérives de son régime : « on ne sait pas s’il est sérieux ou s’il tente de séduire la partie pro-européenne de l’électorat », commente dubitatif un diplomate européen. Surtout, il demande la suppression rapide des visas de court séjour (moins de trois mois), une promesse qui lui a été faite en 2012 à condition que la Turquie remplisse 64 conditions, parmi lesquelles la signature d’un accord de réadmission des étrangers refoulés de l’UE. Des conditions qu’il n’est pas question d’abandonner : « il ne faudrait pas qu’au prétexte de vouloir que la Turquie nous aide à retenir des réfugiés qui sont dans son pays, il y ait un mouvement de libéralisation dans n’importe quelles conditions », a martelé le chef de l’État français. Les Vingt-huit ont donc simplement convenu de faire le point au printemps 2016 pour voir si la Turquie avait enfin fait ses devoirs, c’est-à-dire endiguer le flux de réfugiés, avant de lui faire la moindre concession sur les visas. Le problème est que beaucoup de pays européens, notamment à l’Est, voient les relations internationales au prisme de la crise des réfugiés : « le court terme l’emporte sur le long terme », soupire un diplomate européen.

2/ Aider les pays tiers qui accueillent les réfugiés et les immigrés

Les Vingt-huit ont reconnu que la demande d’assistance financière turque était justifiée, l’accueil de deux millions de réfugiés lui ayant déjà coûté entre 6 et 7 milliards d’euros : « nous sommes prêts à partager le fardeau avec la Turquie », a dit Angela Merkel. L’Union a déjà trouvé un milliard d’euros dans le budget européen et il est question de tripler la mise sans que l’on sache comment pour l’instant. L’effort des Européens ne s’arrêtera pas à la Turquie : alors que l’Union a déjà budgété 9,2 milliards d’euros en 2015 et 2016 pour gérer la crise des réfugiés, les Etats ont promis de verser des contributions au Haut commissariat aux réfugiés (HCR) de l’ONU et au programme alimentaire mondial (500 millions d’euros promis) ainsi qu’au fonds régional pour la Syrie (500 millions). De même, ils ont promis d’abonder un fonds pour l’Afrique (1,8 milliard) afin de fixer les immigrés économiques sur place. Pour l’instant, les Vingt-huit ne se précipitent pas pour signer des chèques : seules l’Allemagne et l’Italie ont, par exemple, abondé le fonds pour la Syrie… La France, elle, brille par sa pingrerie.

3/ Créer une « zone de sécurité » au nord de la Syrie

C’est une idée turque qui n’enthousiasme pas vraiment les Européens qui ont encore le précédent de Srebrenica en mémoire… « C’est difficile à mettre en œuvre, surtout depuis l’intervention des Russes », commente un diplomate français : il faudrait, en effet, disposer de moyens militaires conséquents, y compris au sol, pour empêcher toute incursion de Daech ou des troupes d’Al Assad. Autant dire que la « zone de sécurité » a peu de chance de voir le jour.

4/ Mieux contrôler les frontières extérieures

La crise des réfugiés a montré qu’un pays seul ne pouvait assurer le contrôle des frontières extérieures de l’Union : l’érection du mur hongrois renvoie simplement le problème ailleurs. Pour empêcher le rétablissement des frontières intérieures qui ne résoudrait rien non plus (construire un mur autour de la France est tout simplement impossible), il faut donc mutualiser leur contrôle. L’idée est de créer un « corps de garde-frontières et de garde-côtes européens », comme l’a déjà proposé à plusieurs reprises la Commission européenne, mais aussi Helmut Kohl et François Mitterrand en leur temps. La France a proposé, le 8 octobre, de procéder en deux temps afin de ménager la susceptibilité des Etats attachés à leurs prérogatives : d’abord détacher du personnel auprès Frontex, l’agence européenne de surveillance des frontières, qui le mettra ensuite à disposition de l’Etat qui est dépassé par un afflux brutal. Et, dans un second temps, Frontex disposera d’une autorité pleine et entière pour surveiller les frontières extérieures de l’espace Schengen. Autrement dit, on passerait de l’appui à la substitution. Une proposition qui n’est pas encore actée.

5/ Répartir l’effort entre les États membres de l’UE

L’Allemagne a exigé, lors du sommet, que le mécanisme permanent de répartition du traitement des dossiers de demandeur d’asile soit rapidement adopté, ce qui a déclenché une levée de boucliers, notamment à l’Est. « Pour une raison que je ne comprends pas, les pays d’Europe centrale et orientale se sentent traités de manière injuste. Je veux comprendre pourquoi ils ont cette réaction vis-à-vis des réfugiés », s’est désolé Angela Merkel. « C’était aller trop vite », regrette un responsable français : « on vient difficilement de se mettre d’accord sur la relocalisation de 160.000 personnes pour 2015 et 2016 et le mécanisme commence à peine à fonctionner. Il faut d’abord qu’il fasse ses preuves et que les Etats constatent que les déboutés du droit d’asile sont bien reconduits à la frontière avant qu’on passe à un mécanisme permanent ». De fait, seul un « hotspot », un centre qui permet de faire un premier tri rapide entre réfugiés potentiels et migrants économiques, a été mis en place à Lampedusa et seulement 19 Érythréens ont été relocalisés en Suède… À terme, la renégociation du Règlement de Dublin, qui impose au pays de premier accueil de traiter la demande d’asile, est au programme : « le système ne fonctionne pas en cas d’afflux massif, mais on ne sait pas par quoi le remplacer », reconnaît un diplomate européen.

6 / Créer un droit d’asile européen

Le problème, comme l’a souligné la chancelière allemande, est que la reconnaissance du statut de réfugié est extrêmement variable d’un pays à l’autre, chacun ayant sa propre interprétation de la Convention de Genève. Les Vingt-huit ont admis qu’il fallait mettre en place, comme le propose depuis longtemps la Commission, un droit d’asile uniforme. Les sommets n’ont pas fini de se succéder.

N.B.: version longue de l’article paru dans Libération du 17 octobre

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Vidéo d'une réunion d'une commission - Jeudi 15 octobre 2015 - 15:10 - Commission des droits de la femme et de l'égalité des genres - Sous-commission "sécurité et défense" - Sous-commission "Droits de l'homme"

Durée de la vidéo : 124'
Vous pouvez télécharger manuellement cette vidéo au format WMV (1.1Gb)

Clause de non-responsabilité : L'interprétation des débats facilite la communication mais ne constitue en aucun cas un enregistrement authentifié des débats. Seuls le discours original ou la traduction écrite révisée du discours original peuvent être considérés authentiques.
Source : © Union européenne, 2015 - PE
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Highlights - Sakharov finalists: Raif Badawi, Democratic opposition of Venezuela and Boris Nemtsov - Subcommittee on Human Rights

Saudi blogger Raif Badawi, the Democratic Opposition in Venezuela and the Russian opposition politician Boris Nemtsov are the three finalists for this year's Sakharov Prize for Freedom of Thought, after a vote during a meeting of the foreign affairs and development committees and the human rights subcommittee. The laureate will be decided by Parliament's president and political group leaders on 29 October and the award ceremony will be held in Strasbourg on 16 December.
Further information
Press Release
Statements by Elena Valenciano, Chair of DROI and Elmar Brok, Chair of AFET
Source : © European Union, 2015 - EP
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Vidéo d'une réunion d'une commission - Jeudi 15 octobre 2015 - 10:51 - Sous-commission "Droits de l'homme"

Durée de la vidéo : 57'
Vous pouvez télécharger manuellement cette vidéo au format WMV (542Mb)

Clause de non-responsabilité : L'interprétation des débats facilite la communication mais ne constitue en aucun cas un enregistrement authentifié des débats. Seuls le discours original ou la traduction écrite révisée du discours original peuvent être considérés authentiques.
Source : © Union européenne, 2015 - PE
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Téléphonie mobile : comment les opérateurs belges, grecs (et bien d’autres) tondent leurs clients

Coulisses de Bruxelles - jeu, 15/10/2015 - 09:26

PHILIPPE HUGUEN/AFP

Un numéro de portable français apparaît sur mon «téléphone intelligent» («smartphone» en français). J’ai la surprise de tomber sur une collègue grecque. «Tu as un numéro français ?» «Comme tous ceux qui, en Grèce, peuvent justifier d’une adresse en France», me répond-elle. «Les frais d’itinérance (roaming en français) y sont très élevés à la différence de la France, donc on y gagne». Une rapide visite sur le site de SFR m’apprend effectivement qu’il existe plusieurs formules d’abonnement miracle comprenant les frais de «roaming», c’est-à-dire la taxe supplémentaire que prélève votre opérateur dès que vous utilisez votre portable à l’étranger, mais aussi le surcoût des appels vers des téléphones fixes et mobiles situés à l’étranger. Si vous voyagez beaucoup, SFR propose une offre de 70 € par mois avec 15 GB de données. Cette formule Premium n’est valable que dans l’UE plus la Suisse, la Norvège et l’Islande.

SFR vs Mobistar

Cet opérateur (propriété, comme Libération, de Patrick Drahi) a donc précédé la suppression des frais de roaming prévue, en théorie, pour juin 2017. En Belgique, le pays que je connais le mieux en dehors du mien, c’est tout l’inverse : les trois opérateurs locaux (l’historique, Proximus, Mobistar, une filiale d’Orange, et Base) se sucrent sauvagement sur le dos de leurs abonnés qui voyagent ou appellent vers d’autres pays de l’UE, ce qui arrive très fréquemment dans ce petit pays qui accueille les institutions européennes et une forte communauté étrangère.

Prenons au hasard Mobistar, filiale d’Orange, un opérateur comparable à SFR pour le marché belge (second entrant). Son offre la plus généreuse est de 60 € par mois avec 5 GB compris et un roaming (en et vers l’Europe) limité à 500 minutes, 500 SMS et 500 misérables MB. Tout ce qui est au-dessus est facturé au prix fort : 2 GB supplémentaires par mois depuis l’étranger ? Ajoutez 84,70 € sur votre facture. 250 MB seulement (c’est-à-dire pas grand-chose) ? 14,42 €. Et si vous êtes hors forfait, c’est le massacre. Davantage d’appels vers ou de la Belgique ? Il faut s’abonner à des «options» qui vous donnent simplement droit à des «réductions» sur un prix mystérieux. Et cela se paye, souvent au prix fort (3 € par jour pour utiliser votre forfait données dans l’UE quand l’option fonctionne, ce qui n’arrive pas fréquemment…).

Des factures de 12.000 €

Résultat ? Les factures téléphoniques atteignent vite des sommets qui font apparaître l’offre Premium de SFR comme un véritable cadeau. J’ai contacté Test Achat, l’organisme belge de défense des consommateurs, qui avait du mal à y croire. Son site recense même des factures de 12.000 €, les opérateurs locaux mettant une certaine mauvaise volonté à avertir leurs clients lorsqu’ils dépassent un certain montant de consommation hors forfait. Sans doute une exception, mais les factures de ceux qui ne sont pas strictement belgo-belge en matière téléphonique ont du mal à descendre sous les 70-90 € par mois et grimpent facilement à plus de 100 € (selon un sondage que j’ai effectué et qui n’a aucune valeur scientifique).

Autant dire que le «grand marché du numérique» n’existe pas. Pour s’en tenir uniquement aux marchés téléphoniques, ceux-ci restent étroitement nationaux (on pourrait aussi parler de la télévision ou des sites de vidéos, ce que je ferais prochainement). La Commission est certes intervenue depuis 2007, sous l’impulsion de la très volontariste commissaire luxembourgeoise Viviane Reding, pour imposer une diminution des frais de roaming afin qu’un consommateur ne soit pas pénalisé lorsqu’il voyage à travers l’UE. Les opérateurs ont fait de la résistance, le mot est faible. Ils ont ainsi bataillé, notamment avec le soutien de la France, pour que ces frais ne soient pas définitivement supprimés fin 2015, comme le proposait la Commission. Il a fallu toute la détermination du Parlement européen pour que, finalement, les frais d’itinérance soient promis à disparaître en juin 2017

Concurrence ou fusion?

Mais ce grand soir n’aura peut-être pas lieu, comme le signale Guillermo Beltra du BEUC (Bureau européen des unions de consommateurs) : « la disparition du roaming est liée à une réforme du marché du gros», c’est-à-dire le prix auxquels les opérateurs nationaux facturent l’accès des opérateurs étrangers à leur réseau, une manière très efficace de protéger son marché national. «Or, rien ne garantit que la Commission y parviendra vu la résistance des opérateurs».

Surtout, la fin de l’itinérance ne veut pas dire que les consommateurs pourront librement choisir leurs opérateurs : ils resteront prisonniers de ceux de leur lieu de résidence… Pire, souligne Guillermo Beltra : «le prix des appels mobiles du pays de résidence vers des fixes ou des mobiles d’un autre pays de l’UE est totalement libre, ce qui donne lieu à des abus. Ainsi, en Belgique, les appels vers l’étranger sont facturés 1 € la minute, ce qui est incroyable».

En réalité, la seule façon d’obtenir une diminution significative des prix, comme on a pu le constater en France avec l’arrivée de Free qui a bousculé l’oligopole Orange/SFR/Bouygues, est de susciter davantage de concurrence locale. Le problème est que l’apparition de nouveaux acteurs n’est pas forcément souhaitable, l’heure étant plutôt à la consolidation d’un secteur éclatée entre un trop grand nombre d’acteurs (environ une centaine dans l’Union en comptant les filiales). En effet, la seule force numérique de l’Europe, celle-ci ayant loupé la révolution internet et celle du «smartphone», est celle constituée par ses opérateurs de téléphonie. La Commission dirigée par Jean-Claude Juncker estime donc à raison qu’ils doivent se regrouper afin de constituer une force de frappe face aux monstres de l’ère numérique. Après tout, aux États-Unis, cinq grands opérateurs dominent le marché, ce qui leur donne du poids face aux autres acteurs du secteur. Il faut donc trouver le moyen de stimuler la concurrence tout en encourageant les fusions qui, dans un premier temps, ne seront que rarement transfrontalières, chaque État voulant défendre «son» champion national. La solution n’est pas très compliquée : réglementer tous les prix ou, a minima, permettre aux consommateurs de choisir n’importe quel opérateur dans l’Union. Trop simple sans doute.

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Romania buy 12 F-16AM/BM aircraft from Portugal

CSDP blog - jeu, 15/10/2015 - 00:00

In October 2013, Romania bought 12 second-hand F-16AM/BM aircraft from Portugal to replace part of its fleet of Russian built MiG-21 Lancer fighter aircraft. Romania was rumored to have paid about 638 million EUR with 120 million EUR for the acquisition of the planes. The contract also included modifications and upgrades performed by Lockheed Martin; additional engines; logistics support; and the training of 9 Romanian pilots and 69 maintenance technicians.

Romania is currently working on modernizing the Fetesti 86 military base which will be host to Romania’s first F-16s. Those are scheduled to arrive in 2016. The base must meet NATO standards by then.

Tag: RomaniaF-16

Hollande paralyse le couple franco-allemand

Coulisses de Bruxelles - sam, 10/10/2015 - 02:24

C’était au lendemain du 13 juillet, à l’issue d’un Sommet européen dramatique au cours duquel on a frôlé le « Grexit ». Ébranlé par six mois de négociations tendues avec Athènes, conscient de l’image désastreuse donnée par une Europe qui aurait humilié la Grèce à la suite d’un « diktat » allemand, François Hollande, lors de l’entretien traditionnel du 14 juillet, a promis de s’attaquer aux dysfonctionnements de la zone euro, notamment en instaurant un parlement chargé de la contrôler et un budget propre destiné à venir en aide aux pays en difficulté. L’Élysée s’est ensuite activé auprès des médias, leur annonçant une grande initiative pour la rentrée qui s’inscrirait dans le cadre de la lettre franco-allemande du mois de mai appelant à un renforcement de la gouvernance économique de la zone. En septembre, lors de la conférence de presse semestrielle du chef de l’État, on a vu… En fait, on n’a rien vu, Hollande se concentrant sur la question des réfugiés. Une répétition de la séquence du printemps 2013 lorsque François Hollande avait déjà annoncé des propositions de réformes de la zone euro qui ne sont jamais venues.

Depuis son élection, en 2012, le Président de la République joue au chat et à la souri avec le sujet européen par crainte à la fois de fâcher son partenaire allemand, qui a une vision de l’avenir européen radicalement différente, et, surtout, de relancer le débat hexagonal sur l’Europe dont il a vu, en 2005, qu’il échappait à toute rationalité et pouvait avoir des effets explosifs sur le PS. Il s’applique donc, depuis trois ans, à ne pas sortir des aimables généralités sur l’Europe, comme il l’a de nouveau fait mercredi à Strasbourg, devant le Parlement européen, où il a pris la parole avec la chancelière Angela Merkel sur le thème des valeurs européennes. L’Élysée a prévenu : il n’y aura aucune annonce programmatique…

Ce mutisme présidentiel sur un sujet central de la vie politique donne l’impression que le couple franco-allemand est désormais déséquilibré au profit d’une chancelière qui sait ce qu’elle veut et surtout ce qu’elle ne veut pas. Autrement dit, alors qu’il y a une parole politique forte outre-Rhin, il n’y a aucune parole politique de même niveau dans l’Hexagone, même si Pierre Moscovici, lorsqu’il était ministre des Finances, ou Emmanuel Macron, le ministre de l’Économie, ont avancé, en solitaire, une série de propositions : création d’un trésor européen et d’un budget de la zone euro, mutualisation d’une partie de l’assurance–chômage, parlement de la zone euro, convergence fiscale, ministre des Finances de la zone euro, présidence permanente de l’Eurogroupe (instance où siègent les ministres des Finances). Bien que ces réflexions aient été menées avec le SPD allemand (socio-démocrates), il leur manque l’onction présidentielle pour devenir une base de négociations avec Berlin.

Même si Angela Merkel et son puissant ministre des finances, Wolfgang Schäuble, tous deux membres de la CDU (chrétiens-démocrates) estiment que la zone euro peut fonctionner en pilotage automatique, chaque pays devant se contenter de respecter le règlement de copropriété de la monnaie unique (le Pacte de stabilité), ils sont d’accord pour introduire un contrôle parlementaire et ne sont pas fermés à davantage de solidarité financière entre les pays de la zone euro. Mais à une condition : que ces innovations majeures passent par une modification des traités européens comme l’exige la Cour constitutionnelle fédérale allemande. Et c’est là où ça coince : l’Élysée ne veut pas en entendre parler par crainte d’être obligé d’organiser un référendum. Le traumatisme de 2005 explique donc largement la prudence présidentielle.

Ces contraintes réelles ou supposées de politique intérieure ont donc remisé au placard les initiatives ambitieuses franco-allemandes, comme ont su en prendre Mitterrand-Kohl, Chirac-Schröder et, dans une moindre mesure, Sarkozy-Merkel. Pour autant, il serait inexact de croire que la France ne joue plus aucun rôle. Le gouvernement tente d’innover à « traité constant », comme le veut l’expression consacrée, c’est-à-dire sans se lancer dans un mécano institutionnel à haut risque. Paris a ainsi pesé avec succès pour que la Grèce reste dans la zone euro, alors que Berlin était favorable à une sortie ordonnée, et pour qu’elle bénéficie d’un troisième plan d’aide dont l’Allemagne ne voulait pas. En réalité, depuis le début de la crise de la zone euro, Berlin s’est montré d’une souplesse remarquable, acceptant à peu près tout ce qu’elle refusait d’abord, de la création du Mécanisme européen de stabilité (MES) à l’Union bancaire. Mieux, elle s’est accommodée de l’évolution doctrinale de la Banque centrale européenne (BCE) qui a jeté par-dessus bord l’héritage de la Bundesbank en rachetant à tour de bras les dettes publiques (60 milliards par mois). Autant d’évolutions qu’il n’a pas été facile de faire accepter par le Bundestag et l’opinion publique allemande rétive à une « Union de transferts ».

Le problème est qu’on arrive à la limite de l’acceptable pour l’Allemagne : les emprunts européens, par exemple, sont tout simplement contraire aux traités actuels selon Berlin, ce qui explique que Hollande, qui les avait défendus lors de sa campagne de 2012, les ait enterrés. En outre, cette prudence du Président français devient suicidaire. Ainsi, pour ne pas modifier les traités, la France voudrait faire du Parlement européen limité aux députés membres de la zone euro l’instance de contrôle (forcément consultative sans modification des traités) de la zone euro. Le problème est que sa composition est tout sauf démocratique, les grands pays étant sous-représentés : alors qu’il faut 70.000 Maltais pour élire un député, 883.000 Français sont nécessaires… Enfin, ce refus de s’emparer du sujet européen laisse le champ libre aux eurosceptiques et aux europhobes qui peuvent à leur aise dénoncer cette Europe technocratique, égoïste et coupée des peuples.

N.B.: article paru dans Libération du 6/10

Catégories: Union européenne

Michel Onfray ou les dérives d'un antilibéral anti-européen

Coulisses de Bruxelles - mar, 06/10/2015 - 00:11

Le 8 décembre 2006, je publiais dans Libération l’article qui suit, article critiquant une tribune de Michel Onfray parue dans le même journal. Cet article était une version plus courte d’un billet publié sur mon blog. A l’époque, Onfray était encore une vache sacrée de la gauche et de la gauche de la gauche: je voulais montrer tout ce que cette pensée nourrie d’antilibéralisme et d’europhobie avait de moisie et de réactionnaire. Neuf ans plus tard, ce texte que je républie ici, à l’occasion d’une «une» de Libération consacrée à ces nouveaux réac, annonçait déjà la dérive d’un «penseur» qui, désormais, se situe bien à la droite de De Gaulle... Michel Onfray, mais aussi Jacques Sapir ou encore Eric Zemmour, font la démonstration que le souverainisme, celui du «non» à la Constitution européenne, qu’il soit de gauche ou de droite, conduit presque inéluctablement au compagnonnage avec le FN. Le naufrage d’une certaine élite intellectuelle française (qui dénonce pourtant l’élitisme...) empêtrée dans ses contradictions et ses erreurs d’analyse.

L’appel lancé lundi, dans Libération, par Michel Onfray pour que la «gauche antilibérale», celle du non à la Constitution européenne, s’unisse et ne présente qu’un seul candidat ­ et non six ! ­ à l’élection présidentielle, est l’aveu d’un échec. Autant il est facile de s’opposer, autant il est difficile de construire et de proposer une alternative crédible.

On savait déjà que le non était divers, puisqu’il agrégeait l’extrême gauche, une partie de la gauche de gouvernement, la droite souverainiste et l’extrême droite. On sait désormais que le «non de gauche» est irréductible : tous Français, tous «antilibéraux», tous à la gauche de la gauche, mais tous incapables de s’entendre. On comprend le désespoir d’Onfray. Il est en tout cas certain qu’avec de tels leaders, l’Europe, avec ce que cela suppose de compromis, parfois douloureux, ne se serait jamais construite. Car, pour parvenir à bâtir pierre par pierre cette Union de bientôt vingt-sept Etats membres, il a fallu mettre d’accord des pays qui se sont fait la guerre durant des siècles, dont l’histoire est multiséculaire, les cultures éloignées, les langues diverses et les systèmes juridiques profondément différents. Et cela fait cinquante ans que cela fonctionne. Les leaders du non ont beaucoup à apprendre de l’Europe et de sa culture du compromis.

Au-delà de cet appel au «rassemblement», le texte d’Onfray mérite une attention particulière. Sa lecture est riche d’enseignements sur les ressorts du non à la Constitution européenne. Cet article est terrifiant par ce qu’il révèle du désordre idéologique d’une partie de la gauche radicale. D’Europe, il n’est guère question : Onfray reconnaît lui-même que le non de gauche s’explique par un rejet des «couleuvres du socialisme gouvernemental». Pour lui, «la gauche se mettait en position de constituer enfin une identité nouvelle loin du libéralisme des rejetons mitterrandiens et du stalinisme des déçus de l’Est». On est très loin de l’Europe. «L’écologie, le féminisme, la République, la laïcité, la nation, les régions, les minorités, l’antiracisme, la province, le peuple»... On est là dans le seul cadre de l’Etat-nation. Pour Onfray, la gauche «qui a voté non à cette Constitution rédigée par le président Giscard d’Estaing» (c’est inexact, mais ça permet de souligner son travers «libéral»), «c’est celle que nous avons le devoir de construire». Voilà, c’est dit : le référendum n’était pas une affaire européenne, c’était une affaire nationale, un levier pour bâtir une autre gauche et, à terme, une nouvelle communauté nationale.

Ses détestations et ses préférences sont fascinantes. Mitterrand est définitivement «vichyste» et haïssable, mais le communisme lavé de ses crimes. Plus loin, il rend hommage à la Révolution française, pas à celle de 1789, à celle de 1793 et à ses «valeurs démocratiques». 1793, c’est effectivement la Constitution la plus démocratique jamais adoptée en France, mais elle ne fut jamais appliquée, Robespierre et ses amis l’ayant remisée au placard pour proclamer la Terreur. 1793, c’est aussi la nation en armes assiégée par une Europe qui rejette la Révolution française. La référence n’est pas anodine dans le débat constitutionnel. Il est vrai que la démocratie, selon Onfray, a un sens particulier. Il propose que les prétendants de la gauche radicale se réunissent autour d’une table et votent entre eux pour désigner leur porte-drapeau ! Pas question d’un vote citoyen comme l’ont osé les socialistes, mais une réunion à huis clos d’un bureau politique autoproclamé.

Plus inquiétant encore : si la gauche radicale doit s’organiser, c’est pour promouvoir ses valeurs, en particulier «restaurer le sens de l’intérêt général et du bien public». Le mot «restaurer» est important et revient quelques lignes plus loin : il faut imposer la «restauration d’un service public», dit Onfray. S’il faut restaurer et non instaurer, cela veut dire que, dans le passé, les choses ont mieux fonctionné. Il faut donc remonter dans le temps pour retrouver cet âge d’or. Onfray nous livre la clef de sa nostalgie en stigmatisant le «libéralisme que droite et gauche incarnent en se succédant au pouvoir depuis Pompidou». Donc le libéralisme a corrompu la société française à la mort de Pompidou, en 1974. Cette France aux valeurs restaurées, celle du «bien public», celle de la communauté nationale revivifiée serait donc celle des Trente Glorieuses, celle de «l’Etat UDR» triomphant, celle qui a débouché sur Mai 68 ? Le voilà donc, cet «avant», cette nostalgie qui fouaille Onfray. De Gaulle et Pompidou, c’était avant la corruption par l’Europe, cette Europe «inventée» par le libéral VGE et le «vichyste» Mitterrand, celle du Marché unique.

Cette nostalgie passéiste, cette affirmation que la communauté nationale a été corrompue par l’Europe libérale, cette pensée enfermée dans le cadre national, ces références constantes au peuple (il parle de «gens modestes») supposé plus pur que les «élites», voilà un cocktail pour le moins détonant de la part de quelqu’un qui prétend incarner un renouveau de la gauche radicale.

Catégories: Union européenne

Crédit consommation, que dit la loi

Regards citoyens - mer, 30/09/2015 - 14:31

Pour un grand nombre de salariés, particulièrement les contractuels de l’Etat, il n’est pas facile de réaliser des projets en se contentant du salaire mensuel. C’est pourquoi, les banques ont mis à disposition de ces derniers plusieurs outils pour les aider et accompagner dans la mise en place de leurs différents projets.

Par ceux-ci, nous avons en tête de liste le crédit à la consommation. Malheureusement dans plusieurs cas, les salariés se retrouvent avec plusieurs crédits contractés et parfois dans une situation de surendettement. Pour mettre des balises et recadrer l’accès à ce crédit, plusieurs lois ont été mises sur pied.

Tout d’abord qu’est-ce que le crédit à la consommation ?

Le crédit à la consommation regroupe toutes les opérations mis à part celle relatives à l’immobilier. Ce dernier doit permettre l’acquisition de biens de consommations tels que les outils informatiques et les meubles. De façon globale, le montant de ce type de crédit va de 200 à 75000 euros selon le revenu du demandeur et le processus de paiement qu’il choisit.

Que dit la loi sur ce type de crédit ?

C’est la loi communément appelée Lagarde, la loi 737 du 1er juillet de l’année 2010, devant son nom à Christine Lagarde, ministre de l’Economie en ce temps qui traite des réformes concernant le crédit à la consommation. Cette loi française est en effet la transposition de la directive européenne sur le même sujet.

Dans le cas où le demandeur n’est pas dans une situation financière stable, cette loi lui interdit catégoriquement de procéder à un renouvellement de crédit. Elle oblige les banques à s’assurer de la solvabilité de celui qui emprunte.

La structure bancaire doit ainsi vérifier si l’emprunteur n’est pas inscrit dans le Fichier des incidents caractérisés de remboursement des crédits aux particuliers (FICP). C’est un fichier listant les personnes ayant eu des difficultés pour le remboursement de leurs prêts.

Catégories: Union européenne

Guy Verhofstadt: Viktor Orban "ne respecte pas les valeurs européennes"

Coulisses de Bruxelles - lun, 28/09/2015 - 02:40

L’ancien premier ministre belge et président du groupe libéral du Parlement européen, Guy Verhofstadt, veut que l’Union mette en examen la Hongrie de Viktor Orban qui s’est lancée dans une logique répressive afin d’endiguer l’afflux de réfugiés. Explications.

Que pensez-vous de la façon dont Viktor Orban, le Premier ministre hongrois, gère la crise des réfugiés ?

Le groupe libéral va demander au Parlement européen de lancer contre la Hongrie la procédure prévue par l’article 7 du traité sur l’Union, car nous estimons que la façon dont elle gère la crise des réfugiés présente un « risque clair de violation grave » des valeurs européennes. Il y a deux ans, nous l’avions déjà proposé, parce que Orban réorganise son pays dans l’intérêt de son seul parti, mais ni les socialistes ni les Verts ne nous avaient suivis en estimant que c’était prématuré. L’un des arguments avancés pour expliquer cette pusillanimité est que l’activation de l’article 7, qui peut aboutir à suspendre certains droits des Etats comme le droit de vote, est une bombe nucléaire. Autrement dit, cela interdirait son usage ! Or, on oublie que cet article comporte deux volets, l’un préventif, l’autre répressif. Il s’agit simplement d’activer le volet préventif, de faire des recommandations à la Hongrie pour remédier à la situation actuelle.

Viktor Orban reste protégé par sa famille politique, le PPE (Parti populaire européen), au sein à la fois du Parlement européen et du Conseil européen des chefs d’État et de gouvernement.

C’est exact. Le PPE est peu regardant sur ses membres, car il a toujours eu pour politique de ratisser large afin de renforcer son poids au Parlement. Ce groupe n’a jamais exclu personne à la différence du groupe libéral qui s’est débarrassé du FPÖ autrichien lorsque Jorg Haïder en a pris le contrôle et lui a fait prendre un virage vers l’extrême droite à la fin des années 80. Je tiens à rappeler qu’Orban a été membre du Parti libéral qu’il a quitté, en 2002, lorsqu’il a pris son virage nationaliste. Et c’est à ce moment-là que le PPE l’a accueilli…

Le traitement des réfugiés par la Hongrie ne va-t-il pas pousser le PPE à le lâcher ? Après tout, le groupe est dominé par les chrétiens-démocrates allemands qui sont plus que critiques de son action.

Qu’est-ce qui va peser le plus ? Le pouvoir ou les principes ? J’espère que les principes l’emporteront, mais je crains que ça ne soit le pouvoir comme toujours. Je constate que les réactions les plus virulentes et les plus dures contre Orban ne viennent pas d’Europe, mais des États-Unis…

On ne peut quand même pas nier que la Hongrie est confrontée à un sérieux problème ?

Personne ne le nie. Mais la réaction d’Orban n’est pas conforme aux valeurs européennes. A sa place, je serais venu à Bruxelles avec Matteo Renzi et Alexis Tsipras, qui dirigent deux pays confrontés au même problème, pour exiger une solution européenne. Et si les autres pays avaient refusé, j’aurais organisé le transport des réfugiés vers les capitales de l’Union. Cela aurait autrement plus positif que de construire un mur et de tirer sur les réfugiés. On ne peut pas arrêter des gens qui fuient des zones de guerre.

La Hongrie n’est pas la seule à s’être opposée à la relocalisation des 120.000 demandeurs d’asile proposé par la Commission : la République tchèque, la Slovaquie et la Roumanie l’ont soutenu lors du conseil des ministres de l’Intérieur mardi.

Leur opposition est surtout due au fait qu’il n’y a aucune approche globale du problème des frontières sur la table. Les Tchèques, qui font partie de mon groupe, m’ont expliqué qu’ils veulent bien accueillir des réfugiés, mais à condition que l’on traite aussi du contrôle commun des frontières ou de la mise en place d’un système d’asile européen. Ce qu’ils critiquent, c’est qu’on ait commencé par la fin, par la relocalisation, sans approche globale.

L’argument d’Orban est qu’il fait son travail en empêchant les réfugiés d’entrer sur le territoire de l’espace Schengen.

Ce qu’il montre surtout, c’est qu’il est impossible d’avoir des frontières extérieures communes avec des contrôles nationaux, car cela revient à repousser les problèmes vers d’autres pays. Il faut en réalité un contrôle commun des frontières extérieures, avec des policiers et des douaniers de tous les pays détachés dans une structure européenne afin que les contrôles soient organisés de manière convenable et de la même façon, quel que soit le point d’entrée. De même, un système commun d’asile doit être mis en place afin que le statut de réfugié soit accordé selon les mêmes critères partout en Europe. Il faut enfin donner la possibilité aux gens de demander le statut dans les camps où ils se trouvent, généralement dans les pays riverains, et ensuite les acheminer chez nous : pour l’instant, on les oblige à se tourner vers des organisations criminelles pour venir en Europe parce que c’est seulement là qu’ils peuvent demander l’asile. Avec un tel système, on saura d’avance combien de personnes on devra accueillir et on pourra se les répartir entre pays européens. En fait, Schengen, comme la zone euro, souffre d’une absence de gouvernance. On a créé une monnaie unique et un espace sans frontière intérieure, mais sans se donner les moyens de le gouverner.

C’est le même problème avec l’article 7 du traité qui pose un principe sans en donner le mode d’emploi.

C’est pour cela que le groupe libéral demande que la Commission propose l’équivalent du Pacte de Stabilité budgétaire en matière de valeurs et de principes européens : cela veut dire des indicateurs, un système de surveillance rapproché par la Commission, des recommandations et des sanctions. Il faut que nous puissions dire ce qui ne va pas dans tel ou tel pays avant que la situation ne devienne irréversible : état dans les prisons, corruption, liberté de la presse, indépendance des juges, etc. Un tel pacte permettrait d’éviter que ce soient les États qui décident, car il n’est pas facile de sanctionner son voisin. C’est pour cela que le Pacte de stabilité n’a pas fonctionné et qu’on a dû le réformer afin de réduire les possibilités d’empêcher les sanctions.

Les pays d’Europe de l’Est n’ont-ils pas un problème avec les minorités ?

Effectivement. Et cela n’est pas récent. On peut le faire remonter au président américain Wilson qui, lors du premier conflit mondial, a défendu le principe des nationalités. Cela a abouti à cette idée qu’il fallait créer des entités monoethniques et monolingues. Les nazis ont poussé cette logique jusqu’à l’horreur. Aujourd’hui, l’idée qu’un État doit être monoethnique perdure dans certaines zones, comme on l’a vu dans les Balkans. Beaucoup d’États, notamment à l’Est, ne sont pas fondés sur les valeurs, comme c’est le cas en France, mais sur l’ethnicité. Or, avant les deux guerres mondiales, les sociétés européennes étaient multiculturelles, multiethniques, multilingues.

Fin de l’entretien (je signale car impossible d’éditer sur ce blog).

Le papier qui suit est un éclairage.

L’ARTICLE 7, MODE D’EMPLOI

Si un État membre peut quitter l’Union européenne, il n’existe aucun moyen de l’en expulser manu militari. En clair, l’Espagne franquiste ou la Hongrie communiste n’auraient pu adhérer, mais s’ils renouaient avec un régime fasciste ou totalitaire, impossible de s’en débarrasser. Pour remédier partiellement à cet oubli, le traité d’Amsterdam de 1997 a prévu une procédure de sanction si un État viole de façon « grave et persistante » les valeurs européennes : respect de la dignité humaine, de la liberté, de la démocratie, de l’égalité, de l’État de droit, des droits de l’homme et des minorités. C’est devenu l’article 7 du traité sur l’Union européenne.

Ce mécanisme purement politique (la Cour de justice européenne n’est pas compétente pour juger de son application) est particulièrement lourd à mettre à œuvre. Il faut que la Commission ou un tiers des États membres proposent au Conseil européen des chefs d’État et de gouvernement de « constater » l’existence d’une telle violation dans un pays de l’Union. Ce constat ne peut fait qu’à l’unanimité (moins l’État mis en cause) et le Parlement européen doit l’approuver. Ensuite, le Conseil des ministres (on descend d’un niveau) « peut » décider de sanctionner, à la majorité qualifiée, le pays mis en cause en suspendant « certains des droits découlant de l’application des traités (…) y compris les droits de vote » au sein du Conseil. Ce qui est suffisamment vague pour permettre d’aller très loin.

A la suite de la crise autrichienne de 1999, lorsque les conservateurs de Wolfgang Schüssel se sont alliés à l’extrême droite du FPÖ de Jorg Haider, ce volet répressif a été complété par un volet préventif. A l’époque, c’est la Belgique, alors dirigée par le libéral Guy Verhofstadt, avait mené la bataille contre Vienne, soutenue par la France. « La polémique avait atteint des sommets lorsque Louis Michel, mon ministre des affaires étrangères, avait recommandé de ne plus aller skier en Autriche », s’amuse Guy Verhofstadt. « Pour sortir de cette crise et éviter des réactions en désordre, on a décidé de compléter l’article 7. Ca a été le résultat d’une négociation de couloir, à Nice, en décembre 2000, entre Schüssel et moi ».

Lorsqu’un « risque clair de violation grave par un État membre des valeurs » européennes apparaît, la Commission, un tiers des États membres, mais aussi le Parlement européen peuvent demander au Conseil des ministres (et non au Conseil européen) de le constater, ce qu’il ne peut faire qu’à la majorité des quatre cinquièmes. « Je voulais trois cinquièmes, Schüssel voulait l’unanimité. On a transigé à quatre cinquièmes », se souvient Verhofstadt. « Le volet préventif, c’est donner des recommandations à un pays : on ne peut pas faire ceci, ça ne va pas », poursuit le président du groupe libéral. « C’est seulement si l’État ne suit pas ces recommandations, qu’on entre dans la deuxième étape, celle des sanctions ».

N.B.: version longue de l’entretien paru dans Libération du 25/09

Catégories: Union européenne

26 Minutes - Armée Suisse

CSDP blog - sam, 26/09/2015 - 00:00

Voir notre entrée de blog sur l`Armée suisse ici

26 minutes 19.03.2016 19h15
L'invité de la rédaction : Lt Col Karl-Heinz Inäbnit
Le lieutenant-colonel Karl-Heinz Inäbnit, suppléant du commandant de la place d’armes de Bure (JU), dresse un bilan de la première semaine des écoles de recrues de printemps.

Source
Environ 6’900 recrues sont attendues à l’ER du printemps 2016
Règlement de service de l’armée suisse 510.107.0 (RS.04)


26 minutes 29.01.2016 19h15
L'invité de la rédaction : Lt Col Karl-Heinz Inäbnit
26 minutes plus tôt: les véganes sont-ils les bienvenus à l’armée ?

Source
Ce jeune homme a été exclu de l’armée suisse pour cause de véganisme


26 minutes 05.12.2015, 8h40

Source
Réalisation du projet de police aérienne 24


26 minutes 28.11.2015, 20h45
L'invité de la rédaction : Pouki
Pouki, membre du DARD (Détachement d’action rapide et de dissuasion de la Police cantonale vaudoise) nous présente les activités de cette unité d'élite.

Source


26 minutes 17.10.2015, 20h45
L'invité de la rédaction : Lt Col Karl-Heinz Inäbnit
Un F/A-18 de l'armée suisse s'est écrasé dans le Doubs (France). Le lieutenant-colonel Karl-Heinz Inäbnit, suppléant du commandant de la place d'armes de Bure, nous explique les circonstances et les conséquences du crash d'un avion des forces aériennes suisses.

Source
http://www.rts.ch/info/suisse/7168104-un-f-a-18-de-l-armee-suisse-s-ecra...


26 minutes, 12.09.2015, 20h10
L'invité de la rédaction : Lt Col Karl-Heinz Inäbnit
Le Lt Col Karl-Heinz Inäbnit, suppléant du commandant de la place d’armes du Bure, nous explique le pourquoi de la présence de la Brigade blindée 1 au Comptoir suisse.

Source
http://www.he.admin.ch/internet/heer/fr/home/verbaende/pzbr1.parsysrelat... ;
http://www.vtg.admin.ch/internet/vtg/fr/home/dokumentation/publik_zeitrs...


26 minutes, 21.02.2015, 18h45
L'invité de la rédaction: Karl-Heinz Inäbnit
Le lieutenant-colonel Karl-Heinz Inäbnit revient sur la proposition du brigadier Denis Froidevaux d’introduire la conscription obligatoire pour les femmes.

Source :
http://www.nzz.ch/schweiz/wehrpflicht-fuer-frauen-weitet-den-personalpoo...


Régebbi adások
(120 Secondes)
http://www.120secondes.info/videoscategory/armee/
Magyar kommentár
Sources
http://www.asmz.ch/

Tag: 26 minutes

Egypt Buy "former Russian" BPC Mistral Warships

CSDP blog - jeu, 24/09/2015 - 00:00

Egypt had agreed to buy two Mistral warships (futur L1010, Gamal Abdel Nasser ; from June 2 2016 and L1020, Anwar el Sadat ; from September 16 2016) and which France built for Russia before scrapping the sale over the Ukraine crisis, the deal is the second big military contract this year between France and Egypt. The two warships, which can each carry 16 helicopters, four landing craft and 13 tanks, were ordered by Russia in 2011 in a €1.2 billion euro deal.
Egypt would pay €950 million (US $1 billion) for the warships, with "significant" financing from Saudi Arabia. France found itself in an awkward situation as the delivery date neared in 2014, with ties between Russia and the West plunging to Cold War lows over Moscow's annexation of Crimea and support for separatists in eastern Ukraine.

Paris faced the wrath of its allies around the world if it were to deliver the technology to Russia, and decided to cancel the delivery. It was an expensive decision for France, which has had to foot the bill of over €1 billion for the upkeep of the ships and the cost of training 400 Russian sailors to crew them. After months of intense negotiations, France and Russia agreed on the reimbursement of the deal in August. Paris returned €949.7 million which had already been paid and also committed not to sell the two warships to a country that could "contravene Russia's interests," such as Poland or the Baltic states, a diplomatic source told AFP.

Several other countries were said to be interested in the warships, including Canada, India and Singapore. The Defense Ministry source who revealed the cost of the ships said they were due to be delivered to Egypt in March 2016.The deal comes after Egypt became the first foreign buyer of France's Rafale fighter jet, agreeing to purchase 24 in February in what Paris hailed as an "historic" accord. The €5.2 billion (US $5.9 billion) sale of the planes and a frigate was a rare triumph for France, which had failed to export its flagship multirole combat jet.

With Libya to the west wracked by instability, and the threat from Islamic State-linked jihadists on its eastern flank, Egypt has become a strategic partner to France despite a rights record sullied by Sisi's brutal crackdown on opponents. Sisi was elected president in May 2014 with almost 97 percent of the vote a year after toppling the country's first freely elected leader, Islamist Mohamed Morsi. A subsequent crackdown on Morsi's supporters left at least 1,400 dead and thousands more in jail. Sisi was also the subject of scathing global criticism over the detention and trial of Al-Jazeera journalists, two of whom he pardoned on Tuesday on the eve of a major Muslim holiday.

Tag: MistralRussiaEgyptBPC

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