Informal Competitiveness Ministers meeting, on 18 and 19 July in Bratislava, Slovakia.
Cette recension est issue de Politique étrangère (2/2016). Yaël Hirsch propose une analyse de l’ouvrage de Didier Epelbaum, Des hommes vraiment ordinaires ? Les bourreaux génocidaires (Paris, Stock, 2015, 304 pages).
Journaliste, ancien directeur de France 2 et ancien correspondant de la chaîne en Israël, Didier Epelbaum est également historien, docteur de l’EHESS et maître de conférences à Sciences Po. Spécialiste de la Solution finale (il a écrit sur l’adjoint d’Adolf Eichmann, Brunner, et sur les juifs polonais immigrés en France), avec son nouvel essai il élargit le champ de ses recherches et choisit pour terrain quatre génocides : arménien, juif, khmer et rwandais.
Il s’inscrit donc dans un champ polémique, à la suite des historiens Christopher Browning et Daniel Goldhagen. Il le fait avec humanité, connaissance et élégance. Sa question est celle de savoir si, réellement, les bourreaux sont des hommes ordinaires, et si les historiens ont pu prouver que, une fois soumis à des conditions politiques très particulières, tout un chacun peut se mettre à massacrer en masse des êtres humains. À cette question, l’historien répond par une thèse qu’il va démontrer méthodiquement : la nature humaine ne verse pas nécessairement vers un mal si « banal », et les bourreaux sont une minorité très spécifique. Forgeant le terme de « cidocratie » pour définir les régimes politiques où, à un moment donné, les bourreaux prennent le pouvoir, il avance l’idée que les meurtres de masse sont préparés par une lente idéologie et inspirés par un climat de peur. Si l’historien a du mal à déterminer quel pourcentage de la population se transforme en bourreaux (cela oscillerait entre 2 et 8 %), il avance que nombreux sont ceux qui se contentent de laisser faire et de piller, tandis qu’une autre minorité est constituée de sauveurs. Se concentrant sur les bourreaux, Epelbaum décrit leur action comme un mélange d’obéissance bureaucratique et de « capacités d’improvisation convaincue ». Il nous démontre alors que ces derniers sont recrutés par des idéologues selon des critères précis : « Des hommes qui adhèrent à l’idéologie, volontaires, jeunes, vigoureux et endurants, loyaux et obéissants, ne reculant pas devant la violence extrême.»
Le but de l’essai n’est pas de dévoiler de nouvelles sources mais de s’appuyer sur de nombreux textes existants pour faire un point. À l’heure où les témoignages « précieux et infiniment respectables » des survivants s’accumulent, Epelbaum termine les remerciements de son livre là où il aurait pu le commencer, en soulignant que « les synthèses deviennent de plus en plus nécessaires ».
La deuxième qualité du livre est de donner autant de place à chacun des quatre génocides. Venu de l’étude des bourreaux nazis, Epelbaum fait une place aussi grande à l’Arménie, au Cambodge et au Rwanda. Il maîtrise l’art de la comparaison, dessinant des modes opératoires sans jamais oublier de préciser les différences.
Enfin, Des hommes vraiment ordinaires est un magnifique plaidoyer pour l’histoire. Si Epelbaum n’hésite pas à dialoguer avec d’autres disciplines – notamment avec le sociologue Zygmunt Bauman sur la question de la « modernité » des génocides –, il évacue assez rapidement la psychologie et la philosophie pour rendre hommage aux historiens « qui font consciencieusement leur travail ». Ainsi, si le livre est une réponse à Christopher Browning, Epelbaum souligne que son étude du bataillon 307 a nuancé les propos des Hommes ordinaires du bataillon 101, trouvant « consternant » que « sa révision partielle ultérieure n’ait trouvé aucun écho dans la presse ».
Yaël Hirsch
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Following the failed coup in Turkey, Director General of ELIAMEP Dr Thanos Dokos commented in Greek media on the reasons for the failure and perspectives for the future. You can find more information here (in Greek).
Török politikusok a sikertelen puccskísérletet követően kijelentették, hogy háborúban állnak minden országgal, amely nyíltan támogatja Fethullah Gülent, a pénteki puccskísérletért felelőssé tett hitszónokot. Gülen jelenleg is az USA területén él, és az amerikaiak nem adják ki a török hatóságoknak.
The Guardian m’a commandé, jeudi, un article sur Boris Johnson, le nouveau chef de la diplomatie britannique, que j’ai bien connu entre 1992 et 1994, lorsqu’il était correspondant du Daily Telegraph à Bruxelles. L’article, en anglais, est ici, et a été publié vendredi. Sur le site du journal, 14.000 partages, 2300 commentaires... Voici sa version française.
La nomination de Boris Johnson au poste de ministre des Affaires étrangères est sans aucun doute de l’humour anglais, l’ancien maire de Londres étant à la diplomatie ce que Staline est à la démocratie. Ce n’est pas tous les jours qu’un pays désigne pour le représenter sur la scène internationale un menteur assumé, un personnage que l’exagération grossière, l’insulte et le sous-entendu raciste n’effraient pas, un homme sans conviction profonde si ce n’est celle de sa propre importance. « Cela ne m’étonnerait pas si la Grande-Bretagne nommait Dracula au ministère de la santé », s’est esclaffé l’Allemand Rolf Mützenich, chargé des questions diplomatiques au SPD. Mais cet humour « so british » a un prix, celui de la parole britannique dont la valeur vient de connaître une dévaluation encore plus brutale que celle de la livre sterling. La réaction du ministre des affaires étrangères français, Jean-Marc Ayrault, résume bien l’état d’esprit des partenaires de Londres : « vous savez quel est son style, sa méthode », lui qui a « beaucoup menti », a-t-il déclaré. Et d’ajouter qu’il espère un partenaire « clair, crédible et fiable », ce qu’à l’évidence Johnson n’est pas. Ambiance.
Car, à l’étranger, la réputation de menteur de l’ancien maire de Londres ne date pas de la campagne référendaire. Personne n’a oublié ses activités de journaliste à Bruxelles où il a officié comme correspondant du Daily Telegraph entre 1989 et 1994. Loin du mythe très français du journalisme à l’anglo-saxonne fait d’éthique et de rigueur, Johnson était l’incarnation de la presse de caniveau où « jamais les faits ne doivent arrêter une bonne histoire », comme il le disait à ses confrères étranger en riant. J’ai pu observer ses méthodes, lorsque j’ai été nommé à Bruxelles en 1992. Un jour, il avait affirmé dans son journal que le porte-parole de Jacques Delors, le Français Bruno Dethomas, était tellement bien payé, comme tous ces eurocrates forcément incompétents, qu’il habitait un château dans la périphérie bruxelloise. Celui-ci avait démenti avec véhémence lors d’un point de presse, sous l’œil hilare de Johnson. L’histoire n’était pas totalement fausse, si l’on peut dire : Dethomas habitait une grosse maison bourgeoise du XIXe siècle dotée d’une petite tourelle extérieure dans laquelle était logée un escalier, l’une de ces folies architecturales alors en vogue : « ben, tu vois, c’est quand même un château », s’était marré Boris Johnson lorsque je lui avais fait remarquer que son papier était tout simplement faux… Boris n’était pas dupe de ce qu’il écrivait : il assumait ses mensonges en riant, d’autant que son journal, farouchement europhobe, en raffolait et en redemandait. Sur le fond, en dépit de nos conversations, je n’ai jamais su ce que ce fils d’eurocrate pensait réellement du projet européen : était-il aussi europhobe que le laissaient penser ses papiers, était-il un simple opportuniste qui cherchait juste à se vendre, réglait-il des comptes avec son père, un fonctionnaire européen brillant et estimé ?
Le journalisme n’y trouvait certes pas son compte, mais qu’importe ! Johnson a réussi à inventer un genre journalistique, les « Euromyths », ces histoires reposant sur un élément de vérité, mais grossies au-delà de toute réalité et au final totalement fausses. Il avait compris qu’une partie de ses concitoyens avaient un goût prononcé pour le complotisme et qu’il leur fournissait un bouc émissaire bien incapable de se défendre : l’Union, à la différence des États, n’est représentée par aucune autorité politique incontestable et toute réaction trop virulente de la Commission est immédiatement qualifiée « d’ingérence » dans les affaires intérieures du pays. Surtout, les rectifications de « Bruxelles » étaient jugées peu crédibles (comme on dit en français, « il n’y a pas de fumée sans feu ») et systématiquement passées sous silence par les médias. Le pire est que Johnson a fait école : toute la presse britannique, à des degrés divers, a versé dans les Euromyths, alimentant l’europhobie local à laquelle aucun politique n’a osé résister, ce qui a fini par déboucher sur le Brexit.
Johnson, devenu politicien, n’a pas changé ses méthodes : ainsi, après s’être longtemps opposé au Brexit, il a pris la tête de la campagne du « leave », n’hésitant pas à mentir ou à insulter les partenaires européens du Royaume-Uni… Et, comme lorsqu’il était journaliste, il a reconnu sans problème ses mensonges dès le jour de la victoire du Brexit, ce qui ne l’a pas empêché de se retrouver à la tête de la diplomatie britannique. La vitrine de la Grande-Bretagne, c’est désormais ce « bouffon », comme on le qualifie à Bruxelles, à la parole aussi fiable que celle d’un vendeur de voitures d’occasion. Mais, au moins, Theresa May joue franc-jeu à sa façon : on sait désormais que les négociations du Brexit seront au couteau et que les coups bas vont pleuvoir. Charmant.
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There is something numbing about watching the events buffeting Europe this month. A bloody botched coup in Turkey, shocking barbarism in Nice and of course the small matter of Brexit. These are times of extraordinary upheaval, and we are still only beginning to grasp the long term implications.
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