La grâce de Boualem Sansal, obtenue à la demande de l’Allemagne et accordée par le président Abdelmadjid Tebboune, a offert un bref répit dans les […]
L’article Xavier Driencourt sur la grâce de Sansal : « Il n’y a pas d’humanité de la part des Algériens » est apparu en premier sur .
« Faure Gnassingbé offre ses services de « faiseur de paix » à qui veut en Afrique. Concernant le Togo, sa vision de la paix civile est opaque : situation des prisonniers politiques et d’opinion aggravée, mépris du peuple, droits humains violés, entravés, tel est le visage du Togo. Ainsi plusieurs détenus politiques ont entamé une grève de la faim collective pour dénoncer leur détention arbitraire»
(François FABREGAT, Le Club de Mediapart)
Faure Gnassingbé désormais au-dessus de la mêlée ? Ou est-il plutôt la cause de la mêlée ? Tout le monde, presque, conviendra avec nous que notre deuxième assertion est la vraie. Faure Gnassingbé est bel et bien la cause du mal togolais, pour ne pas dire qu´il est le mal togolais. À le voir se comporter aujourd´hui, passant le clair de son temps dans les airs, prétendant chercher la paix pour les autres, tout observateur qui ne connaît pas la situation politique togolaise conclurait que le fils à papa n´a rien à voir avec ce qui se passe dans son pays, qu´il aurait déjà fait sa part en termes de liberté, de démocratie pour ses concitoyens. Mais la réalité est tout autre. Oui, qu´est-ce qui fait courir Faure Gnassingbé ? Ou plutôt, qu´est-ce qui fait courir Faure Gnassingbé et son ministre des Affaires étrangères, Robert Dussey ? Sommets, forums ou conférences sur la paix, voilà ce qui préoccupe désormais le prince-héritier togolais.
Il nous est très difficile de comprendre pourquoi des soi-disant dirigeants d´un pays comme le Togo, qui va de crise politique en crise politique depuis le début des années 90, un pays qui n´a fait que subir violations des droits de l´homme et crimes de toutes sortes pour qu´un clan politique, de père en fils, reste au pouvoir, puissent encore avoir un tel mépris, un tel manque de respect vis-à-vis de leurs concitoyens. Faure Gnassingbé se réfugie derrière l´alibi des sommets et conférences pour ne pas s’occuper exprès des problèmes domestiques. Les responsables politiques des pays où il y a démocratie et alternance au sommet des états ne font pas de telles gesticulations et s’occupent plutôt des problèmes de leurs peuples. Et c’est justement celui qui est arrivé au pouvoir en 2005 dans les circonstances catastrophiques que tout le monde sait, qui fait changer la constitution de son pays, sans consulter le peuple, pour supprimer l’élection présidentielle, qui se fait appeler aujourd´hui président du conseil, et qui est largement contesté, qui se fait voir le plus, au lieu de s’occuper de ses oignons.
Dans un passé récent il y eut des personnalités politiques africaines qui ont fait étalage de leur sagesse et de leur amour pour leurs peuples en organisant une transition démocratique suivie d´élections présidentielles pour lesquelles ils n´étaient pas candidats, mettant leur pays sur le chemin de la démocratie. Nous pouvons citer par exemple Amadou Toumani Touré (ATT) au Mali, tombeur du Général Moussa Traoré en 1991. Revenu au pouvoir en 2002 comme président démocratiquement élu, ATT est surnommé le soldat de la démocratie et pouvait bomber le torse et parcourir l´Afrique et le monde pour des missions de bons offices. En juin 2001, il est l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, en République centrafricaine, après un coup d’État manqué contre Ange-Félix Patassé. L´ancien président de la république du Nigeria, Olusegun Obasanjo, grâce à son passage élogieux à la tête de son pays, fut lui aussi sollicité pour sa sagesse politique, pour aider à éteindre des foyers de crise à travers le monde. En 2008 il est nommé envoyé spécial de l´ONU chargé de la crise congolaise, il est depuis 2008 membre de l’Africa Progress Panel, une fondation basée à Genève et présidée par Kofi Annan. En août 2021, l’Union africaine le nomme au poste de Haut représentant pour la Corne de l’Afrique…
Voilà un échantillon de personnalités qui, grâce à leur expérience ou sagesse politique, peuvent ou pouvaient parcourir l´Afrique et le monde pour conseiller la paix et la démocratie. Rappelons que Amadou Toumani Touré est décédé le 10 novembre 2020 à Istanbul en Turquie. Nous avons voulu faire cette parenthèse pour montrer le caractère ridicule et surtout contradictoire des gesticulations du «président du conseil» du Togo, prétendant aimer et appporter la paix chez les autres, alors qu´il est la cause du drame politique dans son pays. En faisant semblant de jouer à l´homme de la paix, en participant, par exemple, le 30 octobre 2025 à Paris à une conférence sur la paix dans la région des Grands Lacs, à quelle expérience dans ce domaine peut vraiment se référer Faure Gnassingbé, lui dont la calamiteuse gouvernance risque de mettre en danger la cohésion nationale au Togo? Nous lisons par ailleurs qu´il serait le médiateur de l´Union Africaine pour la RDC. Encore une de ces contradictions africaines qui tirent le continent noir vers le bas depuis des décennies, voire des siècles. Désigner quelqu´un comme médiateur dans un conflit, dont le quotidien dans son pays est fait de chasse à l´opposant, d´arrestations arbitraires et surtout de refus de libérer les prisonniers politiques, est irresponsable.
Et il ne serait pas étonnant que ce soit Robert Dussey qui ait fait des pieds et des mains pour arriver à cette honteuse désignation qui n´honore pas l´Afrique, pour faire croire que tout va bien au Togo, alors que lui et son chef devraient être les premiers à savoir que tout est bloqué par justement cette méchanceté de leur part. Le Togo, les Togolais et les Togolaises méritent mieux que cette gouvernance hasardeuse, doublée de la politique de l´autruche choisie par Faure Gnassingbé, une stratégie méprisante pour son peuple qui ne demande qu´à vivre en paix, en liberté, en démocratie et profiter sans discrimination des richesses du pays qui l´a vu naître.
Samari Tchadjobo
Allemagne
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Au terme d'un match amical, au Maroc, ce mardi 18 novembre 2025, les Guépards du Bénin se sont inclinés devant les Etalons du Burkina Faso par un score de 03 buts à zéro.
Défaite des Guépards du Bénin au Stade El Bachir-Mohammedia du Maroc ce mardi 18 novembre. Face aux Etalons du Burkina Faso, les hommes de Gernot Rohr se sont inclinés par un score de 03 buts à zéro.
Ce résultat selon le sélectionneur national, va « réveiller les joueurs ». Cette rencontre en amical avec le Burkina Faso, 63e au classement FIFA et le Bénin, 93e, est « un avertissement avant la CAN » où la sélection nationale va rencontrer « une équipe dans ce style-là, qui a la vitesse, qui a de bons ailiers et qui va être difficile à battre ». « On apprendra de ces erreurs face au Burkina Faso ce soir », a confié le sélectionneur.
Cette rencontre avec le Burkina s'inscrit dans le cadre des préparatifs de la CAN 2025 au Maroc.
F. A. A.
Le directeur de l’école primaire Lombe, située dans la sous-division d’Ankoro 1, dans le territoire de Manono, en province du Tanganyika a exprimé, lundi 17 novembre, son indignation face à la non-réalisation du projet de construction de son établissement, inscrit dans le cadre du Programme de développement local des 145 territoires (PDL-145T).
Le déménagement des marchands de Dantokpa vers le marché de Gros d'Abomey-Calavi et le Mall du Stade de l'Amitié de Cotonou se déroulera du lundi 5 au jeudi 15 janvier 2026. L'Agence nationale de gestion des marchés (ANaGeM) a également annoncé l'ouverture de nouveaux marchés modernes.
Le transfert des marchands de Dantokpa vers le marché de Gros d'Abomey-Calavi et le Mall du Stade de l'Amitié de Cotonou sera effectif dans la période du 05 au 15 janvier 2026, selon un communiqué de l'ANaGeM. La démolition des zones libérées à Dantokpa débutera la semaine suivante, précise la même source.
Ouverture des nouveaux marchés modernes
– Le marché de Houndjro à Abomey sera ouvert le 29 novembre 2025 ;
– Les marchés de PK3 et de Cococodji seront ouverts en décembre 2025.
Cinq militaires congolais ayant fui l’occupation de la ville de Goma par les rebelles de l’AFC/M23 ont été officiellement remis aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) par l’armée ougandaise (UPDF), lundi 17 novembre à Kasindi-Lubiriha, une cité frontalière située à 90 kilomètres de Beni, dans la province du Nord-Kivu.
La Fédération des entreprises du Congo (FEC) a demandé, mardi 18 novembre, le report de la mise en œuvre de la facture normalisée, prévue pour le 1er décembre prochain. Cette requête a été formulée par son administrateur délégué, Thierry Ngoy Kasumba, lors de la matinée fiscale organisée au Pullman Hôtel Kinshasa par la Direction générale des impôts (DGI).
La Première ministre Judith Suminwa a défendu, ce mardi 18 novembre, devant la plénière de l’Assemblée nationale, l’économie du projet de budget 2026. Il s’établit à 59.021 milliards de francs congolais (Environ 25 milliards USD), soit une progression de 16 % par rapport au budget rectificatif 2025, arrêté à 50.692 milliards de francs.
Revue de presse du mercredi 19 novembre 2025
Les médias congolais rendent compte ce mercredi de la présentation de la loi des Finances 2026 par la Première ministre à l’Assemblée nationale et du message du leader de Lamuka, Martin Fayulu, à la nation congolaise.
La 20ᵉ édition de la Semaine du Numérique a été officiellement lancée ce mardi 18 novembre 2025 à Ouagadougou, sous le thème « L'IA au cœur de la transformation digitale ». Placée sous le très haut patronage du président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, cette édition accueille le Ghana comme pays invité d'honneur, tandis que le Mali et le Niger sont les invités spéciaux. Cette célébration marque deux décennies d'efforts et d'engagement du Burkina Faso pour faire du numérique un levier majeur de développement.
Pilotée par le ministère de la Transition digitale, des Postes et des Communications électroniques (MTDPCE), la Semaine du Numérique 2025 ambitionne de fédérer acteurs publics, privés, académiques et citoyens autour de l'IA comme moteur d'une transformation digitale durable.
Dans son allocution d'ouverture, le capitaine Ibrahim Traoré a souligné l'importance stratégique de cette 20ᵉ édition, symbole d'un long chemin parcouru mais aussi d'un vaste chantier encore à poursuivre. Pour lui, le Burkina Faso doit accélérer sa transformation digitale pour « faire un bond technologique » significatif d'ici 2030, grâce aux douze chantiers prioritaires lancés par le gouvernement.
Insistant sur le caractère transversal du numérique, il a rappelé que santé, éducation, sécurité, défense et économie ne sauraient évoluer sans technologies digitales. Le numérique, a-t-il dit, permet de réaliser d'importantes économies d'échelle et constitue un outil indispensable pour moderniser l'administration.
Le chef de l'État a également mis l'accent sur la lutte contre la corruption, qui repose désormais sur la digitalisation des procédures administratives, gage de transparence. En matière de sécurité, il a évoqué l'importance de l'analyse rapide des données grâce à l'intelligence artificielle, notamment pour permettre des interventions en temps réel sur le terrain.
Vers une véritable souveraineté numérique
Le président a dénoncé la dépendance du Burkina Faso aux hébergements de données à l'étranger, incompatible selon lui avec les ambitions nationales de souveraineté. « Le pays est en train d'acquérir ses propres data centers et développe des solutions internes », a-t-il laissé entendre.
Dans cette dynamique, il dit avoir instruit le ministère de la Transition digitale de créer des « Maisons du citoyen » dans toutes les provinces, puis dans les départements, pour garantir l'accès universel aux services numériques.
Le capitaine Traoré a aussi annoncé un vaste programme de recrutement d'ingénieurs afin de combler le retard technologique et de prouver que « les jeunes Africains ont les capacités d'innover et de concevoir » pour le développement du pays. Il a confirmé le lancement prochain d'une académie polytechnique.
Enfin, il a appelé à une sensibilisation accrue sur les dérives de l'IA, notamment la désinformation et les escroqueries, exhortant les jeunes à en faire un usage responsable.
Une IA qui « nous ressemble »
Prenant la parole à son tour, la ministre de la Transition digitale, Dr Aminata Zerbo/Sabané, a réaffirmé la volonté du Burkina de développer « une IA qui nous ressemble », conçue localement, conforme aux priorités nationales et adaptée aux réalités du pays.
Pour elle, le thème de l'édition ne constitue pas un simple slogan, mais témoigne de l'engagement du Burkina à tirer pleinement profit du numérique et de l'intelligence artificielle pour son développement socio-économique et pour le bien-être des populations.
L'IA, a-t-elle expliqué, représente une opportunité inestimable pour une administration plus efficiente, une lutte efficace contre la désinformation, une gestion optimisée des ressources, une agriculture résiliente, un système de santé performant, une éducation audacieuse, une finance inclusive et une sécurité renforcée.
Les échanges et conférences de cette édition sont organisés autour de quatre axes majeurs, dont « Gouvernance, talents et marché pour une IA inclusive », « Infrastructures et données pour une IA souveraine », « Sécurité, éthique et respect des droits humains », « Recherche & développement pour une IA endogène ».
Lefaso.net
C'est le 3 novembre 2025 qu'a débuté le procès devant les conseillers de la Cour d'appel de Ouagadougou. Les parties ont toutes fait appel dans le cadre de cette affaire. Le parquet, tout comme l'Agent judiciaire de l'État (AJE), souhaitaient que soient, entre autres, revues les peines de ceux qui ont été condamnés en première instance et les frais exposés et non compris dans les dépens. Les défendeurs de leur côté ont plaidé pour une réduction de leurs peines.
Ce mardi 18 novembre 2025, la Cour a rendu son arrêt dans l'affaire Amidou Tiegnan et trois autres. On retient grosso modo que la Cour a jugé recevables tous les appels, puis confirmé le jugement sur les exceptions d'incompétence, de nullité et de prescription. Il a par ailleurs renvoyé les condamnés des fins de la poursuite des faits d'enrichissement illicite pour infraction non constituée.
Amidou Tiegnan, prévenu principal dans le cadre de cette affaire, a été reconnu coupable des faits d'usage de faux en écriture publique, détournement de deniers publics et blanchiment de capitaux. Il écope d'une peine d'emprisonnement de onze ans (quinze ans en première instance), et d'une amende de 5 640 000 000 francs CFA, le tout ferme. Il est par ailleurs condamné à verser à l'État un montant de 1 880 000 000 francs CFA, au titre du préjudice financier subi par ce dernier.
Pétronille Tarpaga, elle, a été reconnue coupable des faits d'usage de faux en écriture publique, de détournement de deniers publics et de complicité de détournement de deniers publics. Elle écope d'une peine de huit ans (onze ans en première instance) et d'une amende de 104 025 000 de francs CFA. Elle doit verser à l'État 34 675 000 de francs CFA, au titre du préjudice financier qu'il a subi.
Quant à Philippe Bayoulou, le juge l'a reconnu coupable des faits d'usage de faux en écriture publique, de complicité de détournement de deniers publics et de blanchiment de capitaux. Lui, est condamné à une peine d'emprisonnement de six ans (six ans en première instance) et à une amende de 245 478 000 francs CFA. Il devra par ailleurs verser à l'État la somme de 81 826 000 francs CFA au titre du préjudice financier subi par ce dernier.
Salifou Ouédraogo enfin, écope d'une peine d'emprisonnement de onze ans (huit ans en première instance) et d'une amende de 345 millions de francs CFA, sans compter le montant à verser à l'État au regard du préjudice financier qu'il a subi. Ce montant s'élève à 115 millions de francs CFA. Rappelons qu'il est reconnu coupable des faits d'usage de faux en écriture publique, de complicité de détournement de deniers publics et de blanchiment de capitaux.
Outre cela, le juge a condamné les prévenus à payer à l'État burkinabè la somme de un franc symbolique au titre du préjudice moral ; dit n'y avoir lieu à condamnation aux frais exposés non compris dans les dépens ; débouté l'État burkinabé du surplus de ses prétentions ; ordonné la confiscation des biens meubles et immeubles de tous les condamnés, à concurrence des montants des amendes et des condamnations pécuniaires ; dit n'y avoir lieu à solidarité ; confirmé les autres dispositions du jugement attaqué ; condamné les prévenus aux dépens.
Au sortir de l'audience, Me Marie Ouédraogo, conseil de Salifou Ouédraogo, dit être mitigée quant au verdict, en tout cas pour ce qui est de son client. En première instance, le prévenu avait écopé d'une peine d'emprisonnement de huit ans et de plus de cinq milliards de francs CFA comme responsabilité civile. Cette fois-ci, il s'en sort avec une peine d'emprisonnement de onze ans, et devra verser, au titre du préjudice financier subi par l'État, la somme de 115 millions de francs CFA. « Je prendrai le temps de discuter avec mon client avant d'apprécier », a-t-elle souligné.
Du côté de l'Agent judiciaire de l'État, le juge n'a pas retenu la solidarité de la condamnation pécuniaire. « Mais il a retenu que les biens immobiliers et mobiliers saisis, y compris ceux d'origine licite, sont confisqués pour venir en exécution de la décision intervenue », se satisfait tout de même Karfa Gnanou, AJE. « Si au premier degré, c'était pour venir en exécution des amendes, à la suite de notre appel, les autres condamnations pécuniaires, à savoir les dommages et intérêts alloués à l'État, sont concernés par cette garantie d'exécution », a-t-il indiqué.
Erwan Compaoré
Lefaso.net
Le ministère de l'Enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation (MESRI) a tenu, ce mardi 18 novembre 2025, une conférence de presse dans ses locaux. Il a apporté des éclaircissements sur certains points du nouveau Cahier des charges (CDC) des Institutions privées d'enseignement supérieur (IPES) adopté par l'arrêté nᵒ 2025-363/MESRI/SG/DGESup du 13 novembre 2025.
Le jeudi 13 novembre 2025, le MESRI a présenté aux promoteurs des IPES le nouveau CDC. Le point de presse de ce 18 novembre 2025 a été l'occasion de revenir sur les principales innovations du nouveau dispositif réglementaire qui encadre désormais la création, l'ouverture, le fonctionnement, l'évaluation et la fermeture des IPES. Certaines mesures de la réglementation ont été l'objet de vives discussions sur les réseaux sociaux. Le MESRI a donc apporté des éclaircissements sur certaines incompréhensions survenues après la présentation du CDC aux promoteurs des IPES.
Le ministère est revenu en long et en large sur quatre innovations majeures, à savoir l'organisation des examens nationaux ; les exigences en matière de recrutement des enseignants permanents ; la création obligatoire d'une personne morale et l'obligation des premiers responsables de résider au Burkina Faso ; la question particulière des formations de licence et de master en sciences infirmières et obstétricales (LSIO et MSIO).
Face aux polémiques suscitées par la mesure concernant les examens nationaux, le MESRI a précisé qu'elle s'applique aussi bien aux établissements d'enseignement privés qu'aux établissements publics. La première communication ciblait uniquement les IPES, d'où la perception que la mesure ne s'appliquait qu'à elles.
Le ministère a expliqué que le gouvernement souhaite réformer le système éducatif aussi bien dans le secteur privé que dans le secteur public afin de permettre aux étudiants du Burkina Faso d'atteindre un excellent niveau et d'être plus compétitifs. Il faut noter que, dans le principe, les diplômes délivrés par les IESR (des Institutions d'enseignement supérieur et de recherche) publiques sont d'office reconnus par l'État et sont, dans certains cas, des diplômes d'État (art. 28 du décret 2018-1271 du 31 décembre 2018 portant organisation de l'enseignement supérieur). Ce qui n'est pas le cas des diplômes délivrés par les IPES qui doivent encore faire l'objet de reconnaissance par l'État. Il faut mentionner que cette mesure permet aux IPES de préparer leurs étudiants à passer des diplômes délivrés par l'État (art. 46 du décret 2018-1271). Ces diplômes n'auront ensuite plus besoin d'être reconnus par celui-ci.
Pour toutes les IPES ne formant pas en sciences de la santé, l'obtention des diplômes de licence (3ᵉ année), de master (5ᵉ année) et de doctorat (8ᵉ année) se passera à travers des évaluations nationales, organisées par les IESR publiques pour l'ensemble des étudiants de ce domaine.
Pour les IPES formant spécifiquement en sciences de la santé, tous les passages en classe supérieure (de la première année de licence à la dernière année de doctorat) feront l'objet d'évaluations nationales organisées par les IESR publiques.
Selon le ministère, ce dispositif vise à harmoniser les standards de formation mais aussi à dispenser les titulaires des diplômes d'IPES de procédures quelquefois longues imposées avant toute reconnaissance de ces diplômes par l'État.
Une fois ces nouvelles mesures mises en œuvre, les étudiants qui n'auront pas encore soutenu leur licence, leur master ou leur doctorat devront également participer aux examens nationauxLa question des enseignants à la retraite
Conformément à l'article 16 du nouveau Cahier des charges, toute IPES doit, au moment de son ouverture effective, disposer pour chaque offre de formation d'un minimum de trois enseignants permanents, titulaires d'un doctorat unique, d'un PhD (Philosophiæ doctor) ou équivalent, pour un institut supérieur ou une grande école ; de cinq enseignants permanents, titulaires d'un doctorat unique, PhD ou équivalent, s'il s'agit d'une université.
Pour l'ensemble du personnel enseignant n'ayant pas le statut d'enseignant-chercheur, d'enseignant hospitalo-universitaire ou de chercheur, il faut une autorisation d'enseigner, délivrée par le ministère en charge de l'enseignement supérieur. La délivrance de cette autorisation est désormais subordonnée à une formation préalable justifiée par la présentation d'un certificat de pédagogie universitaire délivré par une IESR. En outre, toute IPES doit compter dans l'effectif total de ses enseignants au moins 20 % d'enseignants permanents après 10 années académiques de fonctionnement ; au moins 50 % d'enseignants permanents après 25 années académiques.
Toujours dans la même dynamique, l'extension de l'IPES à une nouvelle offre de formation (ou filière) impose le recrutement d'au moins un enseignant permanent supplémentaire dans le domaine de l'offre de formation à ouvrir.
Pour ce qui est du cas spécifique des IPES formant en sciences de la santé, des exigences particulières sont prévues sur la question des ressources humaines. Il est important de comprendre l'exigence de personnels enseignants et encadrants hautement qualifiés au regard de la sensibilité des questions liées à la santé des citoyens et des populations, justifie le ministère.
C'est pour cette raison que toute IPES qui sollicite la délivrance d'une autorisation d'ouverture d'une offre de formation en médecine, pharmacie ou chirurgie dentaire ou encore en sciences et médecine vétérinaires, doit préalablement disposer d'au moins 60 % d'enseignants hospitalo-universitaires permanents dans certaines spécialités médicales précisées dans le cahier des charges.
Pr Samuel Paré a expliqué que ces réformes ont été mûries depuis 2023 et que les IPES ont été impliquéesCes enseignants hospitalo-universitaires enseignants permanents doivent avoir 50 ans ou moins pour au moins 50 % des effectifs totaux ; avoir entre 51 et 65 ans pour au plus 30 % des effectifs ; plus de 65 ans pour au plus 20 % des effectifs totaux.
Pour le cas spécifique de la santé, tout en n'excluant pas du tout le recrutement des enseignants permanents de l'institution ayant un âge supérieur à 65 ans (donc admis à la retraite), il est clairement fixé un quota qui ne saurait excéder 20 % du personnel enseignant permanent.
Abordant la question du quota imposé pour les enseignants retraités, le MESRI a expliqué qu'il s'agit d'une mesure visant à offrir davantage d'opportunités aux jeunes compétences. Le ministère insiste sur le fait qu'il ne s'agit nullement d'une « chasse aux sorcières » contre les retraités, mais plutôt d'un rééquilibrage permettant de valoriser la relève. Le MESRI affirme ne plus souhaiter que certains établissements privés privilégient quasi exclusivement des enseignants retraités, au détriment de jeunes professionnels.
« Les réformes engagées par le gouvernement traduisent une volonté ferme d'améliorer durablement la qualité de l'enseignement supérieur privé, de sécuriser les parcours académiques des étudiants, et de consolider la valeur et la compétitivité des diplômes délivrés aux plans national et international. Le ministère reste entièrement disponible pour accompagner l'ensemble des acteurs (actionnaires, sociétaires, promoteurs, IPES, étudiants) parents d'apprenants ainsi que le public burkinabè dans la bonne compréhension et dans la mise en œuvre de ces nouvelles dispositions », a déclaré le secrétaire général du MESRI, Pr Samuel Paré.
D'autres innovations
Conformément aux dispositions de l'article 5 de l'arrêté portant cahier des charges des IPES, toute IPES doit désormais être une personne morale de droit burkinabè, constituée en association ou en société, avec un contrôle effectif exercé par des Burkinabè.
Le siège social doit donc nécessairement être établi au Burkina Faso, et le premier responsable (le directeur général, le recteur ou le président) est astreint à l'obligation de résider sur le territoire national, conformément à l'article 57. Ces innovations n'enlèvent en rien à l'État du Burkina Faso le droit d'initier ou de participer directement ou indirectement à la création d'IPES dans le cadre des accords et traités internationaux que le Burkina Faso a conclus, souligne le ministère.
Les formations de licence et de master Sciences infirmières et obstétricales (SIO) font également partie des innovations du cahier des charges. Au sujet des offres de formation en SIO, elles ne relèvent plus du cahier des charges des IPES. Pour les formations ante-bac (de niveau BEPC ou diplômes inférieurs), elles relèveront désormais d'agréments délivrés par le ministère de la Santé. En revanche, pour les formations post-bac (formations universitaires), elles sont réservées aux Institutions d'enseignement supérieur et de recherche (IESR) publiques. Elles devraient être créées à terme dans les universités publiques ou en affiliation avec elles pour conduire éventuellement jusqu'au doctorat.
Le MESRI compte organiser une autre rencontre avec la presse pour expliquer le déroulement des examens nationaux. À noter que la mesure entrera en vigueur au cours de l'année académique 2026-2027.
Samirah Bationo
Crédit photo : Bonaventure Paré
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Le coup d'envoi de la 20ᵉ édition de la Semaine du numérique a été donné ce mardi 18 novembre 2025 au Salon international de l'artisanat de Ouagadougou (SIAO). Dans le même temps, le Salon international des TIC et de la bureautique de Ouagadougou (SITICO) a ouvert ses portes en présence du président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré. À peine l'ouverture terminée, les stands du pavillon Soleil Levant se sont animés, donnant le ton d'une édition qui s'annonce dense, innovante et très fréquentée.
Le capitaine Ibrahim Traoré, entouré de plusieurs membres du gouvernement et d'acteurs majeurs de l'écosystème numérique, a procédé à l'ouverture officielle du SITICO. À l'issue de la cérémonie officielle, visiteurs, professionnels du digital, étudiants, institutions publiques et entreprises privées se sont mêlés dans l'espace dédié aux exposants de la semaine du numérique. Cette 20ᵉ édition place l'intelligence artificielle au centre des réflexions, à un moment où le Burkina Faso accélère ses projets numériques, entre modernisation administrative, cybersécurité, innovation startups et renforcement des compétences.
Parmi les stands présents dès la première matinée, celui de la Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité (BCLCC) attire l'attention des visiteurs. Son chargé de communication, Aimé Ouédraogo, rappelle l'importance du travail de la Brigade dans un contexte où les arnaques en ligne, usurpations d'identité ou fraudes numériques se multiplient. « La BCLCC est un acteur majeur de l'assainissement de l'espace numérique burkinabè », explique-t-il. La participation à la Semaine du numérique vise à sensibiliser le public aux risques liés aux réseaux sociaux, à décrypter les mécanismes de la cybercriminalité et à promouvoir les bonnes pratiques. La BCLCC en profite pour présenter sa plateforme Alerte BCLCC, destinée à faciliter les dénonciations et signalements d'actes cybercriminels par les citoyens.
Le Salon international des TIC et de la bureautique de Ouagadougou (SITICO) a pour objectif global de favoriser la diffusion des technologies de l'information et de la communication (TIC) au Burkina FasoPlus loin, le stand de Digital Cogito BF attire tout doucement également des visiteurs. Présente pour la deuxième fois au SITICO, cette structure a choisi la Semaine du numérique pour lancer officiellement son nouveau produit, Cogito 360, une suite logicielle unifiée regroupant gestion électronique des documents, gestion de courriers, pilotage de projets, workflows et visioconférence. « Nous sommes venus faire la promotion de notre produit et offrir des réductions, mais surtout annoncer une série de démonstrations », explique Dr Frédéric Drabo, directeur général. Pour lui, le SITICO est un carrefour stratégique où se rencontrent institutions, entreprises et acteurs du digital. L'occasion, dit-il, de renforcer les partenariats et d'accompagner l'écosystème numérique dans son développement.
Dans un secteur en pleine mutation, la disponibilité de compétences qualifiées demeure un enjeu majeur. L'Institut supérieur de génie électrique du Burkina Faso (ISGE-BF) est la seule école présente à cette édition. Son directeur général, Innocent Compaoré, insiste sur le rôle des écoles d'ingénieurs dans la construction d'un écosystème performant. « Les acteurs du numérique ont besoin de beaucoup de compétences, et celles-ci s'acquièrent dans des écoles d'ingénieurs d'excellence », souligne-t-il. L'ISGE-BF forme des ingénieurs en réseaux informatiques, télécommunications et systèmes numériques. Leur présence au SITICO vise à présenter leurs formations, échanger avec les entreprises, adapter leurs programmes aux besoins du marché et multiplier les opportunités de stages et d'emplois pour leurs étudiants.
Les exposants espèrent nouer de bons partenariats et faire connaître leurs structuresLa Communauté d'Afrique francophone des données ouvertes (CAFDO) et Open Burkina quant à eux s'installent pour la première fois au SITICO en tant qu'exposants. Leur stand attire aussi bien les professionnels que les curieux souhaitant mieux comprendre les enjeux liés aux données ouvertes. « Nous sommes ravis de venir partager nos projets avec l'écosystème numérique du Burkina Faso », explique Azèta Ouédraogo, responsable communication. Open Burkina accompagne les organisations dans la collecte, la structuration et l'exploitation de leurs données, tandis que la CAFDO prépare déjà sa 3ᵉ conférence d'Afrique francophone, prévue au Burkina. L'objectif principal : réseauter, tisser des partenariats et mobiliser de nouveaux participants.
Entre démonstrations technologiques, stands interactifs, projets innovants, sensibilisations et opportunités de partenariats, cette première journée donne le ton d'une semaine du numérique qui promet de rassembler, d'inspirer et d'accélérer la transformation digitale du Faso. Déjà, l'affluence dans les stands annonce un fort engagement des acteurs et du public.
Farida Thiombiano
Lefaso.net
Le panel inaugural de la 20ᵉ Semaine du numérique, qui a eu lieu ce mardi 18 novembre 2025 à Ouagadougou, a exploré le thème « Gouvernance et marché pour une IA inclusive ». Chercheurs, responsables institutionnels, cadres du secteur privé et experts du numérique ont croisé leurs analyses sur les enjeux liés à l'essor de l'intelligence artificielle et sur la nécessité d'en faire un levier au service du développement national.
Vingt ans après sa création, la Semaine du numérique est devenue une plateforme incontournable pour mesurer l'évolution du secteur technologique au Burkina Faso. Cette édition se déroule dans un contexte où les enjeux liés à la souveraineté numérique, à la cybersécurité et à la transformation digitale sont d'une importance particulière.
Aminata Sabané/Zerbo, ministre de la transition digitale, des postes et des communications électroniques, a rappelé que la présence du président du Faso lors de l'ouverture « témoigne de la centralité croissante du numérique dans la stratégie nationale de développement ». Elle voit dans cette édition un tournant majeur pour l'intégration de l'intelligence artificielle dans les politiques publiques et affirme que « cette technologie est en mesure de moderniser la gouvernance, de dynamiser l'économie et d'améliorer les conditions de vie des populations ».
Elle souligne que l'intelligence artificielle se situe au cœur de la quatrième révolution industrielle et influence déjà l'ensemble des secteurs tels que la santé, l'éducation, la sécurité, l'agriculture et l'administration publique. « Construire une IA inclusive signifie veiller à la transparence des algorithmes, à la protection des données personnelles et à la confiance des citoyens envers ces nouveaux outils », précise Aminata Sabané/Zerbo, insistant sur l'importance d'une approche éthique pour accompagner cette transformation.
« L'intelligence artificielle doit servir le développement endogène et améliorer le quotidien des populations », Aminata Sabané/ZerboLa vision pragmatique du secteur privé portée par Alassane Kafando
Alassane Kafando, panéliste et responsable réseau, système et sécurité à Telecel Faso, a apporté un éclairage concret sur le rôle du secteur privé dans le développement de l'intelligence artificielle. Il rappelle que l'IA n'est plus une technologie lointaine : « plusieurs participants, en consultant simplement leur smartphone, utilisent déjà des outils tels que ChatGPT, Gemini ou d'autres applications d'intelligence artificielle », souligne-t-il.
Selon lui, ces technologies assistent désormais les professionnels dans leurs tâches quotidiennes, de l'analyse de données à la rédaction de rapports en passant par l'automatisation de processus.
L'un des premiers enjeux, selon le paneliste, concerne la capacité du secteur privé à convertir l'intelligence artificielle en nouveaux produits et services. « L'intelligence artificielle est aujourd'hui l'outil de divulgation de l'information le plus rapide jamais conçu », affirme-t-il.
Des entreprises comme Telecel Faso investissent dans l'étude des comportements client, dans le benchmarking et dans l'identification de nouveaux segments de marché. L'IA pourrait permettre d'automatiser une grande partie de ces tâches, rendant les analyses plus rapides, plus fiables et moins coûteuses.
Alassane Kafando a également souligné que l'essor de l'intelligence artificielle entraîne la création de métiers nouveaux et indispensables pour les entreprises burkinabè. « Les professions telles que les data scientists, les ingénieurs en traitement automatique du langage, les analystes IA ou les spécialistes GPU ne sont plus l'apanage des grandes entreprises internationales », explique-t-il. Ces profils deviennent essentiels pour développer des solutions innovantes, automatiser les processus et exploiter pleinement le potentiel de l'IA dans différents secteurs d'activité.
« Nos données doivent rester chez nous pour garantir notre souveraineté numérique », Alassane Kafando, panélisteIl insiste sur l'importance d'un rapprochement concret entre universités et entreprises afin de former ces spécialistes et de valoriser les résultats des initiatives comme les hackathons. « Aujourd'hui, de nombreux hackathons génèrent des idées prometteuses, mais leur application concrète reste limitée. Une collaboration étroite entre le milieu académique et le secteur privé permettrait de transformer ces innovations en solutions opérationnelles, comme des chatbots, des assistants virtuels ou des outils de traduction automatique », précise-t-il. Selon lui, ce lien est crucial pour bâtir un écosystème d'IA capable de répondre aux besoins locaux tout en stimulant l'économie et la compétitivité des entreprises.
L'urgence des infrastructures et la question de la souveraineté numérique
L'un des points centraux de sa communication a porté sur les infrastructures d'hébergement. Alors que plusieurs start-up ou fournisseurs locaux d'IA hébergent leurs données ou modèles en Europe, Alassane Kafando considère qu'il s'agit d'un handicap majeur pour la souveraineté numérique. Il relate : « Quand un fournisseur me dit que ses serveurs sont hébergés en Europe, je réponds que nous ne sommes pas sortis de l'auberge », lance-t-il, déplorant la dépendance de nombreux acteurs locaux vis-à-vis de prestataires étrangers. Il plaide pour la création de data center nationaux et régionaux, capables de sécuriser les données et d'accompagner l'essor des technologies émergentes.
Il évoque également la question des infrastructures GPU, indispensables à l'entraînement des modèles d'intelligence artificielle, et plaide pour une mutualisation des équipements afin d'abaisser les coûts, d'accélérer l'innovation et de favoriser l'émergence d'un écosystème compétitif.
Vue partielle des participants venus échanger autour d'une IA capable de répondre aux défis locauxPour rendre son propos plus tangible, Alassane Kafando a cité plusieurs domaines dans lesquels l'IA pourrait transformer le quotidien. Dans la santé, l'IA peut détecter certaines maladies, comme le paludisme, grâce à l'analyse automatisée d'images microscopiques. Certaines recherches en Europe montrent que les systèmes IA peuvent surpasser l'expertise humaine dans certaines tâches diagnostiques précises, ouvrant des perspectives pour les pays où les ressources médicales restent limitées.
En agriculture, l'usage de drones intelligents permet d'anticiper les risques climatiques, de surveiller les cultures et d'améliorer la productivité. Dans le secteur financier, les modèles d'évaluation basés sur l'IA facilitent l'octroi rapide de microcrédits, un atout majeur pour des populations souvent confrontées au manque de liquidités. Dans les télécommunications, l'IA offre la possibilité de réaliser une maintenance prédictive. « De Ouagadougou, nous pourrons diagnostiquer un problème survenu à Bobo Dioulasso en quelques secondes, évitant des déplacements risqués dans un contexte d'insécurité », explique Alassane Kafando. Cette capacité permet d'améliorer la qualité des réseaux et de respecter les cahiers de charge des autorités de régulation.
L'IA comme trait d'union entre secteur public et secteur privé
Alassane Kafando considère que l'IA constitue un pont naturel entre administrations et entreprises. Dans le secteur public, elle permet d'automatiser les réponses aux usagers, d'améliorer la consultation des bases juridiques et de faciliter la constitution de dossiers administratifs. Il cite les projets en cours au ministère, notamment la mise au point d'outils de traduction automatique entre les langues nationales.
Dans le secteur privé, l'IA renforce la cybersécurité. Les attaques de type ransomware, les intrusions silencieuses ou les tentatives d'hameçonnage peuvent être identifiées plus tôt grâce à des systèmes capables d'analyser des millions de signaux en temps réel. Il reconnaît néanmoins que l'IA peut comporter des dérives, notamment dans l'éducation ou la cybercriminalité, mais affirme que « chaque faiblesse peut être contrée par une meilleure utilisation de l'IA elle-même ».
Les interventions du panel inaugural convergent vers le constat que l'intelligence artificielle constitue un levier essentiel pour le développement socio-économique du Burkina Faso. Pour réussir cette transformation, il sera nécessaire de renforcer les infrastructures d'hébergement, de soutenir la recherche et les start-up, de développer les compétences locales, d'établir un cadre réglementaire clair et d'encourager la collaboration entre institutions publiques et entreprises privées.
Aminata Sabané/Zerbo insiste sur l'importance de « bâtir une IA qui soit au service de toutes les populations, transparente, sécurisée et adaptée à nos réalités », tandis que Alassane Kafando estime que « si la volonté politique demeure forte et si les acteurs collaborent avec détermination, rien n'empêche le Burkina Faso de devenir un pôle numérique régional, capable de faire de l'intelligence artificielle un moteur de développement endogène et souverain ». Cette 20ᵉ Semaine du numérique ouvre ainsi une nouvelle ère pour un pays, tournée vers une intelligence artificielle inclusive, éthique et résolument tournée vers l'avenir collectif.
Hanifa Koussoubé
Anita Mireille Zongo (stagiaire)
Lefaso.net
Le saviez-vous ? La plateforme nationale de paiement en ligne des taxes et redevances publiques, Faso Arzeka, a été développée par Cybastion et ses partenaires. Cette entreprise américaine spécialisée dans les solutions numériques et les infrastructures de classe mondiale, figure parmi les sponsors majeurs de la 20ᵉ Semaine du numérique, ouverte ce mardi 18 novembre. Nous avons rencontré à cette occasion André Biyong, directeur des opérations (COO) de la société.
Le Salon international des TIC et de la bureautique de Ouagadougou (SITICO) est l'une des attractions de la semaine du numérique. Comme chaque année, les entreprises du secteur technologique y présentent leurs innovations et les projets en cours pour contribuer à l'évolution numérique du Burkina Faso.
Au rang de ces acteurs figure Cybastion, accompagné d'un ensemble d'entreprises américaines telles qu'Entrust, Uptime Institute, Vertiv ou encore Open SI, regroupées au sein de l'American Tech Hub, cet espace immersif et interactif, dédié à la valorisation des technologies américaines les plus avancées. Ces entreprises ont reçu la visite de l'ambassadrice des États-Unis, Joann Lockard.
Lors de son intervention, André Biyong a annoncé que le Burkina Faso procédera, dans les prochaines semaines, à l'inauguration d'un data center redondant, conçu en collaboration avec l'ANSSI et l'ANPTIC.
André Biyong évoque les défis du secteur des technologies lors d'un entretien« Nous achevons actuellement les installations techniques, avant de commencer la migration des données gouvernementales vers ces infrastructures. L'objectif est de rapatrier l'ensemble des informations hébergées à l'international ou conservées dans de petites salles serveurs locales pour les centraliser et les sécuriser. Ce chantier d'envergure s'étalera sur plusieurs mois », a-t-il expliqué.
Il a également évoqué la mise en œuvre de la PKI, l'infrastructure à clés publiques, qui permettra de garantir l'identité numérique des citoyens. « Grâce à ce dispositif, les signatures électroniques deviendront pleinement reconnues comme signatures officielles pour les documents authentifiés », a-t-il assuré.
André Biyong, directeur des opérations de Cybastion, présente le stand de l'entreprise aux côtés de ses partenairesÀ l'issue de son exposé, le directeur des opérations s'est prêté à nos questions. Voici l'intégralité de ses réponses.
Pouvez-vous présenter les domaines d'intervention de Cybastion ?
Cybastion est une compagnie américaine qui développe, implémente et maintient des solutions technologiques autour de plusieurs axes majeurs. Le premier, c'est la cybersécurité. Nous aidons les entreprises à protéger leurs données et accompagnons les gouvernements dans la régulation et la surveillance du cyberespace.
La deuxième verticale concerne les infrastructures. On aide les gouvernements à construire des data centers, à déployer la fibre optique, à développer des solutions Internet à grande échelle. On aide les compagnies à déployer des réseaux dans les zones peu couvertes.
Le troisième pilier est celui du digital. Nous développons des solutions de dématérialisation pour les services publics. C'est le cas, par exemple, de Faso Arzeka, qui digitalise le paiement des services gouvernementaux. Nous proposons également des solutions de e-visa, de douane en ligne, ou encore d'e-tourisme.
Enfin, nous avons un volet éducation, qui vise à former les acteurs locaux aux différentes technologies.
L'ambassadeur des États-Unis au Burkina visite le stand de l'ANSSI, partenaire de CybastionQu'êtes-vous venus proposer au SITICO ?
Nous opérons au Burkina Faso depuis six ans, mais nous avons longtemps évolué avec une communication limitée, car nous travaillions sur des sujets sensibles. Aujourd'hui, certaines solutions deviennent visibles, comme Faso Arzèka, et d'autres arrivent, notamment le data center, qui constitue l'un de nos projets majeurs, ou encore la PKI.
Au-delà de ces solutions, nous souhaitons participer à l'écosystème numérique et encourager l'appropriation des technologies émergentes, notamment l'intelligence artificielle. Il est essentiel que la jeunesse burkinabè s'empare de ces outils pour devenir un acteur clé du développement numérique du pays.
Le Burkina dispose d'une population jeune, familière du digital. C'est un atout que peu d'autres régions du monde possèdent. Tous les autres continents du monde ne peuvent pas fabriquer la jeunesse. Nous, on l'a avec des âges médians qui sont souvent autour de 20 ans. C'est vraiment le terreau le plus fertile qu'on puisse avoir pour pousser les bons sujets, pour que tout cela se matérialise en richesse.
Vous êtes présents au Burkina depuis six ans. Qu'est-ce qui vous a attiré dans ce pays ?
Plusieurs facteurs ont guidé notre choix. D'abord, un écosystème numérique en pleine émergence, cohérent avec les solutions que nous proposons. Ensuite, un concours de circonstances. Lors d'un salon, le directeur de l'ANPTIC de l'époque nous a présenté une vision convaincante d'un partenariat durable. Cette rencontre a été déterminante et a conduit aux projets que nous menons aujourd'hui.
Pourquoi les entreprises devraient-elles travailler avec vous plutôt qu'avec un concurrent ?
Notre principale différenciation réside dans notre philosophie. Nous ne cherchons pas à créer une dépendance, mais une indépendance durable.
L'ambassadeur des États-Unis au Burkina visite le stand de l'ANSSI, partenaire de CybastionNous privilégions le transfert de compétences, afin que les équipes locales deviennent autonomes. Votre évolution favorise la nôtre et contribue à faire progresser tout l'écosystème.
Nous ne venons pas planter une tente pour rester indéfiniment. Nous accompagnons, nous formons, puis nous nous effaçons pour laisser place à une expertise locale solide.
Quelle place occupe le Burkina Faso dans le portefeuille de Cybastion ?
En termes de taille, le Burkina Faso est le deuxième marché parmi les dix pays où nous sommes présents. C'est aussi le premier pays où nous nous sommes implantés officiellement avec un programme d'envergure en Afrique.
Nous avons vu évoluer des techniciens devenus chefs de service, directeurs, voire ministres. Nous avons grandi avec le pays, avec sa maturité numérique.
C'est un attachement durable. Ainsi, lorsque la ministre nous sollicite pour mobiliser des entreprises, nous le faisons naturellement, parce que c'est la famille.
Quels sont les principaux défis du secteur dans lequel vous évoluez ?
Le premier défi, c'est l'appropriation de l'intelligence artificielle, pas seulement comme outil, mais comme moteur de transformation à travers des algorithmes locaux.
Le deuxième, ce sont les ressources humaines. Il faut des formations adaptées, des parcours clairs et un accompagnement pour faire émerger des spécialistes.
Enfin, le troisième défi est financier. Les projets numériques sont très coûteux et nécessitent d'importants investissements. Il nous faut donc trouver des mécanismes innovants pour financer les infrastructures tout en réduisant le besoin en capital initial.
Un mot de fin ?
Nous espérons que ces échanges continueront d'inspirer la jeunesse, à travers vos médias. Le modèle consistant à travailler uniquement pour l'État ou une grande entreprise devient obsolète.
Le secteur privé qui supporte l'économie, ce n'est pas deux-trois compagnies, mais c'est tout un écosystème de petites et moyennes entreprises. Dans certains pays, elles représentent plus de 90 % du tissu économique. C'est le ratio vers lequel on doit tendre dans nos États.
Il faut encourager les jeunes à entreprendre. Résoudre un problème dans sa communauté, c'est poser la première pierre d'une solution qui peut ensuite s'étendre ailleurs. Toutes les grandes success stories reposent sur cette logique : l'entrepreneuriat.
Fredo Bassolé
Lefaso.net
À l'occasion de la 20ᵉ édition de la Semaine du numérique, organisée du 18 au 21 novembre 2025 à Ouagadougou, sous le thème « L'IA au cœur de la transformation digitale », l'Agence nationale de sécurité des systèmes d'information (ANSSI) s'est distinguée par une présence remarquée. Au cœur de la foire dédiée à l'évènement, son stand a attiré de nombreux visiteurs, curieux d'en apprendre davantage sur les missions et innovations de l'institution. C'est dans cet espace d'exposition que nous avons rencontré le directeur général de l'ANSSI, Boukaré Sébastien Yougbaré, qui a accepté de revenir en détail sur le rôle central de l'Agence dans la sécurisation du cyberespace burkinabè.
La protection de la souveraineté nationale dans un monde hyperconnecté impose de disposer d'une institution capable de prévenir, détecter et neutraliser les menaces qui pèsent sur les données, les infrastructures critiques et la confiance des citoyens. C'est là tout le sens de l'existence de l'Agence nationale de sécurité des systèmes d'information (ANSSI).
Le directeur général de l'ANSSI, Boukaré Sébastien Yougbaré, souligne que l'Agence, en tant qu'organe national chargé du contrôle et de la protection du cyberespace, agit sur deux volets majeurs, que sont la réduction de la vulnérabilité des systèmes d'information et la réponse aux incidents. À cela vient s'ajouter une troisième dimension essentielle, la promotion de la cyberculture.
Réduire la vulnérabilité, première ligne de défense
Selon Boukaré Sébastien Yougbaré, la réduction de la vulnérabilité des institutions et entreprises clés du Burkina Faso constitue la pierre angulaire de l'action de l'ANSSI. Cette stratégie s'appuie sur un dispositif structuré autour d'outils de contrôle, de normes et de protection. Au cœur de ce dispositif se trouve le centre d'opérations de cybersécurité, chargé de monitorer en permanence le cyberespace national. « Une attention particulière est accordée aux infrastructures critiques, telles que les services financiers, les réseaux d'eau ou d'électricité, ou encore les plateformes numériques essentielles au fonctionnement de la nation. L'indisponibilité de l'un de ces services à la suite d'une cyberattaque pourrait provoquer une crise nationale », explique-t-il.
Aussi, le directeur général de l'ANSSI précise qu'il est élaboré des guides, référentiels et normes destinés aux acteurs de la cybersécurité. L'agence procède également à l'agrément des structures habilitées, garantissant que celles-ci disposent des compétences nécessaires pour accompagner les entités jugées essentielles. À cela s'ajoute l'homologation des plateformes et des équipements, un dispositif crucial pour s'assurer que les outils utilisés ne présentent pas de failles exploitables. « On a par exemple déjà vu des bipeurs ou des radios exploser tout simplement parce qu'ils avaient été piégés », a présenté monsieur Yougbaré.
Le stand de l'ANSSI à la 20ᵉ édition de la Semaine du numériqueRéponse aux incidents
Même les systèmes les mieux protégés peuvent être victimes d'attaques. Pour cela, l'ANSSI dispose d'une équipe spécialisée dans la réponse aux incidents, souligne son directeur général. Cette dernière est chargée d'accompagner les organisations dans la restauration de leurs systèmes. L'équipe travaille également en amont, en prodiguant de précieux conseils sur la base du protocole national de gestion des incidents, élaboré par l'Agence et mis à la disposition des structures publiques et privées.
L'humain, le premier pare-feu
De l'avis du directeur général de l'ANSSI, aucun dispositif technique n'est pleinement efficace sans une prise de conscience humaine. « L'humain est le premier pare-feu de la cybersécurité. S'il agit de manière appropriée, nous pouvons réduire 90 % des attaques », a-t-il interpellé.
Il indique de ce fait que l'ANSSI mène des actions régulières de sensibilisation, de formation et d'accompagnement auprès des entreprises, des institutions, et occasionnellement, du grand public. L'objectif est de renforcer une culture numérique qui protège autant les structures que les citoyens.
Des gouverneurs des régions du Burkina Faso, présents à la Semaine du numérique 2025, ont accordé un intérêt particulier au rôle stratégique joué par l'ANSSIL'intelligence artificielle, un allié stratégique
Le thème de l'édition 2025, « L'IA au cœur de la transformation digitale », trouve un écho concret dans les pratiques quotidiennes de l'ANSSI. En effet, Boukaré Sébastien Yougbaré soutient que l'intelligence artificielle est devenue un outil incontournable dans la lutte contre la cybercriminalité. Elle permet d'automatiser l'analyse de vastes volumes de données, d'identifier rapidement les adresses malveillantes et de détecter en amont les comportements suspects, améliorant ainsi la réactivité et la précision des équipes.
Grâce à ces avancées technologiques, relève-t-il, 80 à 90 % des tâches de détection sont désormais automatisées, réduisant considérablement la charge manuelle des experts. Cette efficacité accrue, poursuit le directeur général, permet à l'ANSSI de neutraliser les menaces plus rapidement, de prévenir les incidents avant qu'ils ne se matérialisent, et de renforcer la protection des infrastructures critiques. Cela, en optimisant les ressources humaines et techniques de l'agence.
La Semaine du numérique 2025 a été marquée par la visite de plusieurs gouverneurs au stand de l'ANSSI, témoignant de l'intérêt des autorités pour la cybersécurité et la transformation digitale. Parmi eux, le gouverneur des régions de Bankui et du Sourou, l'inspecteur général de police Pierre Bassinga, a salué le travail de qualité de l'agence. Selon lui, dans un contexte marqué par la multiplication des piratages informatiques, la mission centrale de l'ANSSI consiste à protéger les systèmes informatiques, à garantir la sécurité des données nationales, personnelles et individuelles, et à empêcher que des informations privées ne se retrouvent sur la place publique.
Le gouverneur des régions de Bankui et du Sourou, l'inspecteur général de police Pierre Bassinga a invité les citoyens à s'intéresser aux activités de l'ANSSI et à se former aux enjeux de la cybersécuritéLe gouverneur a insisté sur le fait que la sensibilisation et l'éducation aux pratiques sécurisées constituent le meilleur bouclier contre les risques liés à la divulgation de données, et qu'une population informée est la clé pour renforcer la protection des systèmes et la sécurité des informations au Burkina Faso.
Une année 2025 marquée par des réalisations majeures
Parmi les avancées majeures de l'ANSSI en 2025, le rapport national sur l'état de la cybersécurité au Burkina Faso constitue un outil stratégique pour évaluer et anticiper les menaces. Ce document offre un panorama complet, en détaillant la typologie des attaques visant le pays, la localisation de leur origine, l'état de la gouvernance numérique au sein des institutions, ainsi que les grandes tendances africaines et mondiales en matière de cybersécurité. Il permet ainsi de mieux comprendre les vulnérabilités du pays et d'orienter les mesures préventives et correctives.
Les chiffres présentés dans le rapport illustrent l'intensité de la menace. En effet, 79 alertes majeures ont été traitées au premier semestre 2025, tandis que l'Agence reçoit quotidiennement plus de 900 alertes, qu'elle doit analyser pour distinguer les signaux critiques des fausses alarmes. Afin de combler rapidement les failles identifiées, les équipes publient chaque jour des bulletins de mise à jour et de correction, garantissant que les entités concernées disposent des informations nécessaires pour sécuriser leurs systèmes.
Des visiteurs s'imprégnant des prérogatives de l'ANSSIMalgré ces avancées, des défis demeurent, notamment en matière de ressources humaines qualifiées et de modernisation des outils. À cet effet, le directeur général de l'ANSSI mentionne que des initiatives prises par les autorités du pays sont en cours, comme la création prochaine d'une unité d'élite dédiée à la protection du cyberespace. Il assure néanmoins que depuis 2025, le Burkina Faso dispose d'un « minimum de dispositif » suffisant pour faire face aux menaces, grâce à une organisation nationale solide articulée autour de l'ANSSI et des entités spécialisées en cybercriminalité et cyberdéfense.
En mettant en lumière ses missions, ses réussites et ses ambitions, l'ANSSI a affirmé son rôle indispensable dans l'écosystème numérique burkinabè. À l'heure où la transformation digitale s'accélère et où l'intelligence artificielle redéfinit les capacités offensives et défensives, elle apparaît comme un rempart essentiel, garant de la sécurité des systèmes et de la confiance numérique.
Hamed Nanéma
Lefaso.net