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Diplomacy & Defense Think Tank News

« La grande manipulation de Paul Kagamé » – 4 questions à Françoise Germain-Robin et Deo Namujimbo

IRIS - Wed, 19/07/2023 - 13:30

Deo Namujimbo est journaliste et écrivain franco-congolais, Françoise Germain-Robin est ex-grand reporter à l’Humanité. Ils répondent à mes questions à l’occasion de la parution de « La grande manipulation de Paul Kagame » aux éditions Arcane 17.

Comment expliquer que Paul Kagamé continue de garder une excellente image dans les médias français ? 

Françoise Germain Robin : Il est tout à fait clair que Paul Kagamé a acquis un statut de héros en 1994 lorsqu’il a pris le pouvoir à Kigali, en mettant fin au génocide des Tutsi et en chassant du pays les génocidaires du « hutu-power ». Il est apparu comme un sauveur, une sorte de chevalier sans peur arrivant d’Ouganda à la tête de sa jeune armée pour chasser les méchants. Depuis lors, sa gestion du pays a été magnifiée par la presse. Et il bénéficie, un peu comme Israël, d’un capital de sympathie mêlée de culpabilité face au génocide, qui rend quasiment impensable de le critiquer. Peu de journalistes ont suivi les exactions de son armée en République démocratique du Congo (RDC) où elle a pourchassé et massacré des dizaines de milliers de réfugiés hutus, et aussi, pas mal de Congolais. Le fait qu’il ait aidé Laurent-Désiré Kabila à chasser le vieux dictateur Mobutu, dont tout le monde voulait se débarrasser, a fait oublier tout le reste. Et depuis lors, il a réussi à donner une image rassurante de son pays : stabilité, reconstruction, modernisation jusqu’à faire de Kigali la capitale ultramoderne d’une « start-up nation » que l’on donne en exemple dans une Afrique qui va globalement plutôt mal ! Seuls quelques journalistes anglo-saxons comme Michela Wrong, Judi Rever, Stephen Smith ont montré l’envers du décor, à savoir l’élimination de toute opposition y compris par le crime, la répression sans pitié et la misère cachée d’une immense majorité de la population, sans parler des sanglantes ingérences armées chez les voisins, notamment en RDC. Cela commence juste à bouger un peu depuis qu’il est établi que Kagame est derrière les exactions de la milice M23 dans ce pays dont elle occupe plusieurs localités. D’ailleurs, plusieurs ouvrages, en plus du nôtre, sont parus ce printemps pour dénoncer cette situation et briser le silence.

Pourquoi l’immense RDC est en position d’infériorité face au petit Rwanda ?

FGR : Je veux juste dire que le « petit Rwanda » est doté d’une armée puissante, bien entrainée, disciplinée. Elle est bien armée par les États-Unis, la Grande-Bretagne et depuis peu aussi la France. L’Union européenne participe aussi à son financement. En ce qui concerne « l’immense RDC », je laisse Déo répondre.

Deo Namujimbo : Si le Rwanda est petit, son armée ne l’est pas, elle qui se permet de « louer » des milliers de supplétifs aux forces de maintien de la paix dans plusieurs pays africains, et même à Total Énergies au Mozambique. Tout en clamant hypocritement qu’elle est en RDC pour chasser les génocidaires des FDLR … depuis 25 ans ! Elle bénéficie depuis longtemps du soutien logistique et stratégique des États-Unis et de la Grande-Bretagne et elle est fortement soupçonnée de participer au pillage des minerais en RDC. De plus la RDC n’a pas d’armée à proprement parler, dirigée par des officiers affairistes pour la plupart mis en place par le Rwanda, des soldats mal payés et démotivés, sans aucune abnégation pour la cause nationale ni amour de la patrie. Les soldats congolais sont en permanence préoccupés par la survie de leurs familles, ce qui ne leur laisse pas le temps de penser à la défense de la patrie. La RDC a été sous embargo du conseil de sécurité de l’ONU sur les armes pendant plus de 20 ans, comme pour l’empêcher de se défendre.  Un embargo qui vient juste d’être partiellement levé en mars.

L’image de Kagame est-elle plus atteinte aux États-Unis qu’en France ?

FGR : Nous montrons dans ce livre que les États-Unis ont toujours été les soutiens fidèles et très actifs de Paul Kagamé, qu’ils l’ont aidé à prendre le pouvoir depuis l’Ouganda, pays anglophone qui était leur plaque tournante dans la région. Soutien que dénonce par exemple la sénatrice Cynthia McKinney dans une lettre au président Bush que nous reprenons dans notre livre. Kagame était « l’enfant chéri » de Bill Clinton qui continue d’agir au Rwanda à travers sa fondation, accusée de participer au pillage des ressources du pays voisin. Il a fallu que les incursions de l’armée rwandaise et ses exactions deviennent insoutenables dans la deuxième guerre du Congo (1998-2002), pour que Washington fronce les sourcils. Barack Obama en revanche s’est fâché et a coupé l’aide militaire au Rwanda en 2012, quand, déjà, le M23 occupait l’est du Congo. Cette sanction a conduit au retrait de la milice. Depuis qu’elle est revenue, il y a un an, les États-Unis ont bien demandé à Kagamé de ne plus la soutenir, mais l’avertissement n’a été suivi d’aucune sanction. En revanche, l’arrestation et le procès de Paul Rusesabagina, le héros du film « Hôtel Rwanda », entre temps devenu citoyen américain et opposant à Kagamé, a sérieusement perturbé les relations américano-rwandaises et abîmé l’image du Rwanda et de son chef suprême aux États-Unis. Même s’il a été libéré en mars.

DN : Au même moment, la France et l’UE, tout en condamnant cette complicité avec le M23, octroient 20 millions d’euros à Kagame !

Comment mettre fin au pillage de la RDC ?

FGR : Il faudrait d’abord que la RDC retrouve sa souveraineté. Ce n’est pas simple, vu l’état de l’armée, comme l’a dit Déo. Le président Tshisekedi en est tellement conscient qu’il fait appel à des armées d’autres pays africains (Kenya, Angola, Burundi) pour faire face au M23 ! Il faudrait aussi que les puissances qui soutiennent le Rwanda cessent de le faire et cessent aussi de faire semblant de ne pas voir ce qui se passe. Il y a peu de chance que cela arrive, car ce sont eux qui sont finalement les bénéficiaires du pillage des minerais comme le cobalt, le coltan ou le lithium dont leurs industries ont besoin et qu’ils obtiennent ainsi à bas prix.

DN : Pour finir, bien des Congolais, notamment les fonctionnaires et les hommes d’affaires, devraient cesser de profiter de la situation pour s’enrichir honteusement au détriment de la criante majorité de la population. En résumé, les Congolais en général, au pays et dans la diaspora, de plus en plus conscients de la trahison de leurs élites, manifestent le besoin de changement, mais ont besoin de dirigeants responsables et de moyens pour changer les choses.

 

Turkey’s New Cabinet

SWP - Wed, 19/07/2023 - 13:00

The inclusion of technocrats and bureaucrats in Turkey’s new cabinet has led to cau­tious optimism over a possible change in direction. While President Recep Tayyip Erdoğan’s choice of economy minister hints at a reset, the thrust of foreign policy will remain unchanged. Here Ankara will pursue a moderate and diplomatic approach while still pursuing strategic autonomy. A great deal will depend on what Erdoğan wants and how he chooses to employ foreign relations to attract better financial and economic deals. Given Turkey’s importance as a security partner, espe­cially in light of Russia’s war against Ukraine, the EU needs to develop a strategic approach on the basis of common interests and institutionalised relations.

Turquie : vers une intensification de la politique étrangère d’Erdoğan ?

IRIS - Wed, 19/07/2023 - 12:20

Visite dans les pays du Golfe, soutien accordé à l’adhésion de la Suède à l’OTAN ou encore échanges avec Moscou autour de la reconduction de l’accord sur les exportations de céréales ukrainienne, Ankara déploie depuis quelques jours une politique étrangère très active. Quels sont les tenants et aboutissants de la visite du président turc dans la région du Golfe ? Quelles conclusions peut-on tirer de ses récentes prises de position au sommet de l’OTAN ? Qu’en est-il de sa relation avec la Russie ? Le point avec Didier Billion, directeur adjoint de l’IRIS, spécialiste de la Turquie.

 

Le président turc Recep Tayyip Erdoğan a entamé ce lundi une série de visites aux Émirats arabes unis, en Arabie saoudite et au Qatar. Quels sont les enjeux de cette tournée dans la région du Golfe ?

Il y a deux enjeux complémentaires, économiques et géopolitiques. La presse turque évoque la perspective de 25 milliards de dollars d’investissements financiers cumulés de la part des États du Golfe concernés. L’objectif est ambitieux, mais s’avère vital pour la Turquie dont nous connaissons la situation économique très dégradée et dont une des clés du rebond réside justement dans les investissements directs étrangers (IDE). Au retour des visites officielles de Recep Tayyip Erdoğan, il faudra faire un bilan détaillé des accords contractés et des secteurs où ils se déclinent, notamment pour ce qui concerne les projets de connexions des réseaux d’oléoducs irakiens à la Turquie.

Ces accords confirmeraient non seulement le rôle de hub énergétique régional du pays, mais ils renforceraient son importance géopolitique. C’est le deuxième enjeu de ces voyages officiels du président turc. Nous nous rappelons qu’à l’occasion des processus révolutionnaires arabes déclenchés en 2011, de fortes turbulences avaient marqué les relations de la Turquie avec de nombreux pays de la région parmi lesquels l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. L’acmé des tensions a eu lieu au moment où l’Arabie saoudite entraînait plusieurs de ses voisins dans une tentative d’asphyxie économique et politique du Qatar en 2017. Fidèle à son partenariat, la Turquie a été à ce moment le plus précieux des soutiens du petit émirat qatari et lui a permis de contourner immédiatement les tentatives d’embargo à son encontre.

Ces tensions relèvent désormais du passé et la réconciliation est actée depuis plusieurs années. Avec Téhéran et Riyad, Ankara apparait comme l’une des trois capitales qui s’affirment dans la région et a parfaitement compris qu’à ce stade il valait mieux jouer la carte de la fluidité plutôt que celle du bras de fer. Il apparaît ainsi évident que la Turquie cherche à se réconcilier avec les multiples États avec lesquels elle s’était brouillée. C’est fait avec Israël, c’est en cours avec l’Égypte. Le processus est néanmoins beaucoup plus compliqué avec la Syrie.

C’est donc dans ce contexte qu’il faut comprendre ces visites officielles de Recep Tayyip Erdoğan dans le Golfe.

 

Au-delà de sa volonté affichée d’apaiser ses relations avec les pays du Golfe, le président turc a également fait un pas vers l’Occident la semaine dernière en soutenant l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN et en donnant son accord à celle de la Suède. Alors qu’Ankara bloquait l’adhésion suédoise depuis plus d’un an, que traduit ce revirement de position vis-à-vis de la politique étrangère turque ?

Nous avons toujours été enclin à considérer que la Turquie finirait par accepter l’adhésion de la Suède au sein de l’OTAN. C’est chose faite, même si la décision doit être ratifiée par le Parlement turc, en vacances actuellement. Dans le cadre de négociations internationales, c’est une tactique diplomatique habituelle de la Turquie que de « faire monter les enchères » et tendre les exigences au maximum sur une position dure, pour in fine accepter un compromis au dernier moment.

La surprise est venue de la demande de Recep Tayyip Erdoğan de lier le soutien de son pays à l’adhésion de la Suède à l’OTAN à celle de la réactivation des négociations d’adhésion avec l’Union européenne (UE) dont nous savons qu’elles sont de facto gelées depuis plusieurs années.

La demande a pu apparaitre comme saugrenue, puisqu’en réalité les deux dossiers ne sont pas directement connectés. Il faut néanmoins souligner que Charles Michel, président du Conseil européen, a dû participer au jeu des négociations à Vilnius. Il en ressort des engagements, assez vagues au demeurant, sur la révision de l’accord d’union douanière qui lie la Turquie et l’Union européenne (UE) depuis 1996 d’une part et sur le dossier de la suppression des visas pour les citoyens turcs désireux de se rendre au sein de l’UE d’autre part. Ces éléments indiquent que si la relation entre les deux parties reste extrêmement compliquée il s’agit désormais de la refonder pour aller de l’avant.

Mais surtout, l’accord sur l’adhésion de la Suède prouve une nouvelle fois que la Turquie continue d’attacher une grande importance à son appartenance à l’organisation transatlantique tant elle constitue sa meilleure assurance sécurité. Contrairement à ce qu’expliquaient doctement quelques observateurs, notamment en 2019-2020, la Turquie n’a jamais eu l’intention de sortir de l’OTAN. Elle reste un allié turbulent et souvent incommode mais un partenaire incontournable.

 

Moscou ne voit pas d’un bon œil ce fléchissement de la politique étrangère turque à l’égard des membres de l’Alliance, alors que l’accord sur les céréales ukrainiennes qui permettait à Kiev de maintenir ses exportations à travers la mer Noire arrive à terme ce 17 juillet. Or Ankara demeure identifié comme un médiateur entre l’Ukraine et la Russie. Quel positionnement compte adopter Recep Tayyip Erdoğan vis-à-vis de cet accord ? Comment la relation entre la Russie et la Turquie est-elle susceptible d’évoluer ?

Il est clair que sur plusieurs dossiers récents, les divergences entre Moscou et Ankara sont manifestes. Réception chaleureuse de Volodymyr Zelensky à Istanbul au début du mois de juillet, soutien à une candidature ukrainienne à l’OTAN, acceptation par Ankara des adhésions de la Finlande puis finalement de la Suède qui accroissent l’encerclement de la Russie, sont autant d’éléments qui irritent Vladimir Poutine.

Il n’en demeure pas moins que les contacts sont régulièrement maintenus entre ce dernier et Recep Tayyip Erdoğan qui ne cesse de parler de lui en évoquant leur amitié réciproque. On a aussi vu le président turc être un des premiers à apporter son soutien à son homologue russe lors de la vaudevillesque tentative de coup d’État de Prigogine. Enfin Vladimir Poutine doit effectuer une visite officielle en Turquie au cours du mois d’août qui permettra probablement de régler les irritants.

Les responsables russes comprennent parfaitement que la Turquie est un élément de médiation dont ils ont besoin et la Turquie tire pour sa part profit de ce rôle de médiateur potentiel. Pour autant, Recep Tayyip Erdoğan n’est pas omniscient comme le prouve la décision russe de non-reconduction de l’accord sur les exportations de céréales sur lequel le président turc s’est pourtant beaucoup investi. Il a clairement indiqué qu’il continuerait à tenter de convaincre son ami Poutine de modifier sa position et d’accepter la prolongation de l’accord. À suivre donc.

On le voit à partir de ces quelques éléments récents la Turquie poursuit le déploiement de sa diplomatie à 360 degrés et entend bien poursuivre une politique qui la rend incontournable.

Human Rights Dialogue with Arab States

SWP - Wed, 19/07/2023 - 02:00

Germany is being met with rejection from the governments of Arab states when it calls for human rights to be respected. If those being addressed do not outright refuse to engage in dialogue, they usually rely on four patterns of argumentation to ward off corresponding demands: (1) the human rights situation in their own country is already improving, but the process still needs time, (2) concerns such as economic development and the fight against terrorism should take precedence over civil rights, (3) human rights are a Western construct and ignore the cultural characteristics of the societies being addressed, and (4) Western human rights policy is characterised by double standards. German officials should be aware of these objections and counter them proactively when they engage in dialogue on human rights. Above all, the Ger­man government should engage the accusations of cultural imperialism and double standards, not least because these beliefs are widespread among the populations of Arab countries. To counterbalance these accusations, the universal claim of human rights should be emphasised more strongly – especially in the context of a feminist foreign policy. Additionally, self-interests that potentially undermine the proclaimed values-based approach should be identified and articulated more clearly. Finally, the dialogue on human rights should be underpinned by concrete measures.

Options for Reconfiguring the UN Presence in the Democratic Republic of the Congo

European Peace Institute / News - Tue, 18/07/2023 - 17:39

As part of MONUSCO’s mandate renewal in December 2022, the UN Security Council called for the secretary-general to outline pathways for the mission’s transition and withdrawal from the Democratic Republic of the Congo (DRC), along with possible options for the future reconfiguration of the UN’s presence in the country, by July 2023. This past year, the rise of the M23 and other non-state armed groups in eastern DRC has led to the deployment of regional and bilateral forces, while rising anti-MONUSCO sentiment has further restricted the UN’s operating space. Following widespread and lethal civilian demonstrations against the mission’s perceived ineffectiveness throughout 2022, the government of the DRC notified the UN Security Council of its intention to reassess the agreed timetable for the mission’s departure, citing the deep displeasure of the Congolese people.

In this context, the International Peace Institute (IPI), Security Council Report, and the Stimson Center cohosted a roundtable on June 16, 2023, to discuss the UN’s presence in the DRC in the short and longer term. Convened under the Chatham House rule of non-attribution, this workshop brought together member states, UN officials, independent experts, and civil society stakeholders. The discussion sought to inform the UN Secretariat’s planning and discussions among UN member states on the prioritization and sequencing of MONUSCO’s transition and prompt creative thinking on the UN’s civilian, police, and military reconfiguration in the country, taking into account the deployment of regional and bilateral forces.

Participants raised several key considerations for MONUSCO’s transition and the UN’s reconfiguration:

  • Prioritize a gradual, responsible, and conditions-based transition that addresses benchmarks 1–4 and 15 in the joint DRC-UN transition plan, emphasizing the protection of civilians as a priority task;
  • Develop tailored transition strategies for each of the eastern provinces in collaboration with the UN country team (UNCT), the host government, and local civil society that reflect the unique conflict drivers and dynamics in each region;
  • Call upon member states in the region to uphold their political commitment to the Luanda and Nairobi peace processes, ensuring the DRC’s and the region’s long-term stability;
  • Urge member states to provide innovative, robust funding that enables the transfer of programmatic work from the mission to the UNCT, where appropriate;
  • Continue to support the delivery of humanitarian aid and DDR processes where possible;
  • Provide technical expertise in the lead-up to national elections slated for December 2023; and
  • Adopt a “right fit,” tailored approach for the UN’s longer-term reconfiguration that embraces creative thinking, goes beyond a military approach, and addresses the drivers of conflict.

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Chine : un rebond de la croissance économique en trompe l’œil ?

IRIS - Tue, 18/07/2023 - 16:16

Selon les chiffres annoncés ce lundi par le Bureau national des statistiques de Chine, Pékin a enregistré 6,3% de croissance sur ce second trimestre 2023. Un rebond qui témoigne d’une reprise des activités économiques chinoises après l’abandon de la politique zéro Covid malgré un ralentissement de la croissance chinoise depuis plus d’une décennie. Comment expliquer la décélération de la croissance chinoise ? Quelles répercussions celle-ci pourrait-elle avoir sur la politique intérieure et étrangère chinoise ? En quoi la reconfiguration économique mondiale, matérialisée par un processus de dédollarisation, pourrait-elle bénéficier à la Chine ? Le point avec Barthélémy Courmont, directeur de recherche à l’IRIS, en charge du Programme Asie-Pacifique.

 

Les 6,3 % de croissance au deuxième trimestre annoncés par la Chine seraient une nouvelle en trompe-l’œil selon de nombreux analystes, la croissance annuelle du PIB chinois continuant de décélérer progressivement depuis 2007. Quelle lecture faites-vous de la situation économique chinoise ? Quels sont les facteurs à l’origine de cette décélération ?

Qu’elle se situe autour de 6% ou en dessous, ce qui est tout à fait possible, il est indiscutable que la croissance économique chinoise est, depuis plus d’une décennie, très en deçà des chiffres vertigineux des trois décennies précédentes. Il faut cependant rester prudent. D’une part, le niveau de développement que la Chine a désormais atteint rend quasiment impossible un taux de croissance supérieur à 10%, et la Chine est ainsi devenue – même si elle continue de le nier – un pays développé. D’autre part, Wen Jiabao, alors Premier ministre, avait annoncé à la suite de la crise des Subprimes en 2008 aux États-Unis, une modification en profondeur du modèle de développement de la Chine, avec un effort désormais placé sur le développement des classes moyennes, et donc des hausses substantielles de revenus. Cela a occasionné une baisse très sensible du taux de croissance du PIB, mais pas un appauvrissement de la Chine, et encore moins des Chinois. Enfin, Pékin paye le prix de sa politique anti-covid de confinement long et très sévère, avec une reprise de l’activité économique qui fût retardée, et enclenchée il y a quelques mois seulement, en pleine période de guerre en Ukraine. On note donc à la fois des facteurs structurels et une conjoncture que des choix politiques hasardeux n’ont fait que renforcer pour expliquer cette croissance en demi-teinte. Une chose est cependant sûre : l’économie chinoise ne se porte pas au mieux actuellement. Ce n’est pas une bonne nouvelle non seulement parce que cela a une incidence mondiale, mais aussi parce que Pékin peut se lancer dans des initiatives afin de relancer sa croissance qui peuvent se traduire par une remise en cause des structures économiques internationales, notamment un processus de dédollarisation, d’où des tensions géopolitiques pouvant s’ajouter aux perturbations économiques.

 

En quoi le ralentissement de la croissance chinoise pourrait-il peser sur la politique extérieure de la Chine ? Constitue-t-il par ailleurs une menace pour Pékin sur le plan intérieur ?

Il s’agit potentiellement une menace pour le pouvoir en place, qui fonde sa légitimité, sorte de nouveau contrat céleste (en référence à la Chine impériale), sur le bien-être économique et social. Cependant, il faudrait non seulement qu’une croissance en baisse s’impose dans la durée, mais aussi que cela impacte les revenus des Chinois pour provoquer une perte de légitimité. Le risque ne doit pas être exclu, mais il ne fait pas s’emballer non plus, la Chine n’étant pas dans une situation sociale détériorée au point que ses dirigeants seraient remis en cause. Preuve en est la relance de projets d’investissements compris dans la Belt and Road Initiative (BRI) mis en sommeil pendant la pandémie. C’est en revanche sur la politique extérieure que les changements les plus notables sont à attendre. La BRI a repris, mais c’est une BRI 2.0, peut-être moins ambitieuse, mais surtout plus soucieuse de résultats tangibles, et donc plus sélective. Cela peut provoquer des tensions avec des pays qui se sont habitués aux largesses de Pékin, et pourraient voir la Chine demander des remboursements de prêts, entre autres. Enfin, et nous allons y revenir ; une tentative de dédollarisation pour imposer une nouvelle monnaie d’échange pourrait se traduire par des tensions grandissantes avec Washington.

 

La Chine s’inscrit, parmi d’autres pays, dans un processus de dédollarisation des échanges économiques mondiaux accéléré cette année par la guerre en Ukraine et les sanctions occidentales à l’égard de la Russie. Par ailleurs, la création d’une nouvelle monnaie commune figure à l’agenda du Sommet des BRICS qui se déroulera du 22 au 24 août prochain en Afrique du Sud. En quoi cette reconfiguration économique mondiale pourrait-elle bénéficier à la Chine ?

Ce n’est malheureusement pas assez dit dans les analyses sur la guerre en Ukraine, mais c’est une réalité qui s’amplifie très sensiblement mois après mois : ce conflit s’accompagne d’un recul très net de l’Occident, qui n’apparait plus auprès des sociétés émergentes comme la référence. Et ce processus de désoccidentalisation, que les BRICS – qui pourraient rapidement s’élargir à de nouveaux membres – appellent de leurs vœux, place la Chine en position de force. Pékin voit dans la crise internationale actuelle occasionnée par la guerre en Ukraine une opportunité : celle de proposer une alternative, à la fois diplomatique et économique, à l’Occident. Et Pékin n’est pas seul sur ce terrain, en témoigne le positionnement d’un pays comme l’Inde, mais aussi l’Afrique du Sud et le Brésil, sans faire mention de la Russie pour des raisons évidentes liées au conflit. Au-delà des BRICs, c’est un mouvement beaucoup plus important, parfois qualifié de « Sud global » dans lequel la Chine occupe un rôle majeur, qui demande une désoccidentalisation et la fin de la mainmise occidentale sur l’économie internationale. Ajoutons que les visites répétées depuis un mois de membres de l’administration Biden indiquent une inquiétude de Washington liée au risque de dédollarisation que Pékin semble appeler de ses vœux, désormais relayé par d’autre émergents. Cette inquiétude est fondée tant la domination du dollar pourrait être remise en cause.

 

Ankaras Wirtschaftspolitik in der Zwickmühle

SWP - Tue, 18/07/2023 - 16:00

In der neuen Regierung des türkischen Präsidenten Recep Tayyip Erdoğan wurde Mehmet Şimşek zum Finanzminister ernannt, während die Managerin Hafize Gaye Erkan an die Spitze der Zentralbank rückte. Beide gelten als erfahrene Experten und Vertreter einer rationalen Ökonomie. Ihre Berufung hat daher Hoffnungen geweckt, Ankara könnte künftig wieder auf eine orthodoxe Wirtschaftspolitik setzen. Doch Zweifel daran bleiben. Ohnehin wäre ein entsprechender Kurswechsel kein Freiticket aus der Wirtschaftskrise des Landes, solange er nicht durch strukturelle Reformen flankiert würde. Der Türkei drohen eine Inflationsspirale und ein Konjunktureinbruch, wodurch sie nicht nur innenpolitisch destabilisiert würde, sondern auch sicherheitspolitisch geschwächt – vor allem gegenüber Russlands Einflussstreben im regionalen Umfeld. Die Konsequenzen für die EU wären enorm. Notwendig ist daher eine wirtschafts- und sicherheitspolitische Zusammenarbeit, die das Land stabilisiert, ohne das autokratische Regime Erdoğans zu legitimieren.

Destructive Ambiguity Hampers Progress in UN Climate Process

SWP - Tue, 18/07/2023 - 13:02

Entrenched positions, particularly between industrialised countries and some major emerging economies, dominated negotiations at June’s UN Climate Change Conference in Bonn. Disagreements over the interpretation of “common but differentiated responsibilities” and the principle of equity hindered substantial progress. Preparations for the first Global Stocktake (GST) to ratchet up the ambition under the Paris Agreement (2015), which will conclude at the 28th Conference of the Parties (COP28) in Dubai in December, did not meet expectations. At the same time, some emerging economies, notably China, attempted to lessen the significance of the IPCC’s Sixth Assessment Report (AR6) as a common scientific basis. Should China maintain this position, it could result in negative consequences for the multilateral climate process well beyond COP28.

Die Prognose ungeregelter Wanderungen

SWP - Tue, 18/07/2023 - 13:00

Die deutsche und europäische Migrationspolitik befindet sich im perma­nenten Krisenmodus. Plötzliche Anstiege ungeregelter Zuwanderung nähren ein Gefühl von Kontrollverlust, das wiederum von populistischen Kräften instrumentalisiert wird. Daher hat die Politik großes Interesse an quantitativen Migrationsprognosen. Besondere Erwartungen wecken KI-gestützte Instrumente zur Vorhersage ungeregelter Wanderungsbewegungen, wie sie zurzeit entwickelt werden. Die Anwendungsfelder dieser Instrumente sind vielfältig. Sie reichen von einer Stärkung der Aufnahmekapazitäten in der EU über die präventive Verschärfung von Grenzschutzmaßnahmen und eine bedarfsgerechte Bereitstellung von Ressourcen in humanitären Krisen bis zur längerfristigen entwicklungspolitischen Programmplanung. Allerdings besteht eine deutliche Kluft zwischen den Erwartungen an die neuen Instrumente und ihrem praktischen Mehrwert. Zum einen sind die technischen Möglichkeiten begrenzt, und mittelfristige Vorhersagen zu ungeregelten Wanderungen sind methodisch kaum möglich. Zum anderen mangelt es an Verfahren, um die Ergebnisse in politische Entscheidungsprozesse einfließen zu lassen. Die hohe Nachfrage nach Prognosen erklärt sich aus den politischen Funktionen quantitativer Migrationsvorhersage – beispielsweise ihrem Potential für die politische Kommunikation, die Mitteleinwerbung und die Legitimierung politischer Entscheidungen. Investitionen in die Qualität der den Prognosen zugrunde liegenden Daten sind sinnvoller als die Entwicklung immer neuer Instrumente. Bei der Mittelvergabe für Prognosen sollten Anwendungen in der Nothilfe und der Entwicklungszusammenarbeit priorisiert werden. Zudem sollten die Krisenfrüherkennung und die Risikoanalyse gestärkt werden, und die beteiligten Akteure sollten sich besser vernetzen.

U.S. Arctic Security Policy

SWP - Tue, 18/07/2023 - 02:00

Unlike his predecessors, US President Joe Biden made important decisions early in his term to enable better coordination of US Arctic policy. This includes foremost the National Strategy for the Arctic Region that was published later than planned as a result of Russia’s war of aggression, which destroyed the few remaining hopes for cooperation and made the Arctic a security policy issue. Alaska, as the northernmost American state, is naturally at the centre of US Arctic policy, which increasingly also must take Chinese activities into consideration. Most recently, in September 2022, the U.S. Coast Guard (USCG) detected Chinese and Russian warships off Alaska. Currently, only one US icebreaker is continuously available in the Arctic theatre with the mis­sion to protect sovereignty in the Arctic Ocean and monitor ice-covered areas. Alaska is also the very same US state that the recent Chinese spy balloon flew over, which was eventually shot down in February 2023. After decades of scant attention, is the Arctic now finally becoming the object of a more engaged US security policy?

J’ai lu… « Macron-Poutine : les liaisons dangereuses », ouvrage d’Isabelle Lasserre

IRIS - Mon, 17/07/2023 - 20:27

Dans le contexte de la guerre en Ukraine et des récents revirements de la France sur l’intégration de l’Ukraine d’abord à l’Union européenne puis à l’OTAN, et celui des évolutions de son positionnement au sein de l’Union européenne, notamment au regard de sa relation avec Moscou, Pascal Boniface échange avec Isabelle Lasserre, journaliste, responsable des questions de diplomatie et de stratégie au Figaro, autour de son ouvrage « Macron-Poutine : les liaisons dangereuses » paru aux éditions l’observatoire (https://www.editions-observatoire.com…)

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