Comment se caractérise l’environnement sécuritaire régional en Asie ?
La première chose qu’il faut avoir en tête quand on s’interroge sur l’environnement sécuritaire du Japon, c’est le fait qu’il a face à lui un adversaire désigné : la Corée du Nord. Cette dernière dispose de moyens offensifs de grande ampleur contre le Japon puisque les missiles balistiques nord-coréens sont capables de frapper n’importe quel point de l’archipel japonais. On peut ainsi considérer que les décisions qui sont proposées aujourd’hui par le cabinet de Shinzo Abe sont en partie justifiées par cette menace sécuritaire réelle qui, bien évidemment, va de pair avec le caractère instable du régime nord-coréen et donc la possibilité dans le cas d’une escalade de voir ce régime se lancer dans une offensive.
Bien sûr, ce n’est sans doute pas en pensant essentiellement à la Corée du Nord que les milieux conservateurs ont décidé de réinterpréter cette constitution. C’est davantage le référent à la Chine qui est mis en avant ou qui permet d’alimenter cette nouvelle posture stratégique. Le Japon s’inquiète de manière presque tous azimuts de la montée en puissance chinoise. Il s’inquiète également de son déclassement économique et de sa perte d’influence dans la région, notamment face à l’Asie du sud-est où on a vu des offensives fortes de la part de la Chine au cours des deux dernières décennies. Enfin, il s’inquiète de la montée en puissance militaire chinoise. Rappelons que le 3 septembre dernier, la Chine a procédé à cette grande parade militaire dans laquelle elle fait la démonstration de sa force. Dans le même temps, les deux pays sont engagés dans un différend maritime de grande ampleur autour des îles Senkaku et Diaoyu. Nous faisons face à une période très tendue entre les deux pays qui inquiète du côté japonais et peut justifier le fait de renforcer, non seulement ses capacités de défense, mais surtout cette possibilité d’avoir recours aux forces armées de manière à défendre les forces de l’archipel mais aussi les alliés éventuels, en particulier les Etats-Unis, dans le cas d’une confrontation avec un adversaire potentiel.
Dans quelle mesure cette interprétation de la constitution est-elle significative des débats actuels sur la sécurité au Japon ?
Il convient d’abord de rappeler que ce n’est pas la première fois que les Japonais se trouvent divisés sur cette interprétation de la constitution. On peut même estimer que depuis qu’elle est entrée en vigueur après la Seconde Guerre mondiale, sous l’autorité des Etats-Unis, il y a eu de manière assez constante des oppositions entre un mouvement qualifié de pacifiste, très favorable à cette constitution pacifiste et à cet article 9 qui contraint l’emploi de la force sur les théâtres extérieurs, puis de l’autre côté des conservateurs qui eux étaient plus enclin à vouloir permettre au Japon de pouvoir se lancer dans des opérations extérieures. Il n’y a ainsi rien de nouveau. On peut même dire que les débats les plus vifs ne sont pas ceux auxquels on assiste depuis maintenant quelques semaines, avec des manifestations de grande ampleur, qui restent malgré tout inférieures à celles qu’on a pu constater dans les années soixante ou soixante-dix où il y avait des oppositions véritablement sociétales au sein du Japon. Aujourd’hui c’est moins marqué ; on le voit d’ailleurs avec les réactions à cette décision qui a été actée le 18 septembre dernier. Il n’y a pas eu d’énorme mouvement consécutif à cette décision. On a l’impression que les Japonais restent encore dans l’attente. Toutefois, on relève des différences très nettes, non seulement dans l’appréciation qui est à donner de ce rapport du Japon à son environnement sécuritaire mais aussi et surtout des interprétations différentes sur ce que le pays doit incarner comme valeurs et quel doit être le message que le pays doit faire passer à ses voisins et au reste du monde. Ce sont des vieux débats qui font référence aux crimes de l’armée impériale japonaise, à Hiroshima, à un passé qui reste très présent et qui s’invite de manière régulière dans la société japonaise mais que l’on va retrouver aujourd’hui en convergence avec un environnement sécuritaire jugé, à tort ou à raison, instable et potentiellement dangereux.
Quelles sont les réactions régionales de ce changement de la politique de défense japonaise ?
C’est la question la plus importante dans cette nouvelle décision. On relève une possibilité qui semble se confirmer déjà avec l’accueil favorable des Philippines. On semble voir deux camps qui vont progressivement se mettre en place.
D’un côté des pays se montrent inquiets de cette nouvelle posture japonaise et le font savoir en manifestant une hostilité très forte, comme la Chine ou la Corée du Sud. Du fait de leurs différends, ils s’inquiètent de cette nouvelle posture qu’ils estiment potentiellement déstabilisante pour la région. D’autres pays, parce qu’ils entretiennent une rivalité, en particulier avec la Chine, vont accueillir favorablement cette nouvelle prise de position forte de la part de Tokyo tels que les Philippines, sans doute le Viêtnam, dans une moindre mesure Taiwan, et de manière plus large l’Inde qui est engagée depuis plusieurs années dans un dialogue stratégique avec le Japon, soit tous les pays qui s’inquiètent eux aussi pour des raisons qui leurs sont propres de cette montée en puissance chinoise et voient plutôt d’un bon œil le fait que le Japon prenne des responsabilités sur cette question.
Quand on met en perspective cette dimension régionale, on se rend compte que c’est toute une donne qui peut être modifiée et on entre dans une nouvelle forme d’équilibre stratégique dans la région.
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Même ceux qui en 2008 étaient raisonnablement, et donc modérément, optimistes sur la politique étrangère qu’Obama pourrait poursuivre, ont été déçus. Nous savions qu’il n’avait pas de baguette magique mais qu’il éviterait, contrairement à son prédécesseur, de provoquer des catastrophes. Il était évident qu’il ne pourrait pas facilement réparer tous les dégâts provoqués par ce dernier. On pouvait simplement espérer qu’il défendrait l’intérêt national américain avec plus de clairvoyance que son prédécesseur.
Son discours du Caire sur le Proche-Orient avait suscité des espoirs; il a été impuissant à faire avancer la cause de la paix au Proche-Orient.
Son prix Nobel de la paix a été trop anticipé. Il restera, comme éléments positifs, la réconciliation avec Cuba et l’accord nucléaire avec l’Iran. Espérons que les États-Unis signent l’accord de Paris sur le changement climatique en décembre pour améliorer ce maigre bilan. Mais, même les déçus d’Obama risquent de le regretter profondément si un Républicain venait à être élu en 2016.
Le 16 septembre, un débat opposait les onze candidats républicains et était centré sur les questions de politique étrangère. Sur la question la plus importante du moment, la crise migratoire en Europe, chacun a fait assaut de fermeté anti migrants. Nul ne s’est aventuré à dire ce que pouvaient faire les États-Unis pour contribuer positivement à cette crise. On peut concevoir que le sujet n’est pas réellement porteur d’un point de vue électoral. Ce qui est plus inquiétant c’est que l’Union européenne n’a pas été mentionnée une seule fois dans le débat, pas plus que la France.
Le fidèle allié britannique peut éprouver une certaine déception. Le Royaume-Uni n’a pas non plus été évoqué lors du débat. Donald Trump a proposé de laisser Bachar el-Assad et Daech se battre, même jusqu’au bout. Une sorte de réinvention du dual containment, qui n’offre guère de grandes perspectives. Il a également reconnu être mal à l’aise avec les « noms arabes ».
C’est par rapport à la politique à l’égard de la Russie que l’on peut le plus s’inquiéter. Poutine a été traité de gangster par Marco Rubio, qui propose d’aller à Moscou rencontrer ses principaux opposants. Une bonne manière certainement d’avoir de belles photos mais le meilleur moyen de les décrédibiliser totalement aux yeux de la population russe et de nourrir la propagande de Poutine sur le fait que ceux qui le critiquent sont des agents de l’étranger.
Carly Fiorina, qui a marqué des points en mettant en cause Trump, a des idées assez simples sur la politique étrangère. Elle pense ne pas avoir à discuter avec le président russe. C’est tout simplement oublier qu’y compris au pire de la guerre froide, il y eut des contacts entre Washington et Moscou. Elle veut, au contraire, reconstruire la sixième flotte et développer le programme de défense antimissile, et même lancer des exercices militaires « agressifs » (sic) dans les États baltes et envoyer des milliers de soldats en Allemagne. Ainsi, affirme-t-elle, Poutine recevra le message. On peut douter que l’Allemagne soit enthousiaste à l’idée de recevoir des renforts américains. Mais peut-elle pense-t-elle pouvoir agir sans consulter Berlin.
Bien sûr, l’accord nucléaire avec l’Iran a été remis en cause. Fiorina proposait même d’appeler le guide suprême pour lui demander de permettre des inspections américaines sur la plupart des installations militaires iraniennes. Nul doute que Khamenei (qui par ailleurs, petit détail, n’a jamais été en contact direct avec les responsables américains, laissant cela au Président et au gouvernement) obéisse immédiatement à cet ordre. Et que les autres pays qui ont négocié l’accord (Russie, Chine, France, Royaume-Uni, Allemagne) apprécient ce changement unilatéral et brutal.
Les candidats ont insisté sur le fait de rebâtir la force militaire américaine, et sur la nécessité de voir les États-Unis de nouveau être leaders dans le monde.
C’est simplement aberrant. L’illusion d’un monde unipolaire, que la catastrophique guerre d’Irak aurait dû définitivement faire voler en éclats, revient à une époque où elle est moins possible que jamais. Le manque de connaissance et compréhension du monde extérieur pour la plupart des candidats républicains est tout simplement hallucinant et annonciateur d’immenses dangers pour le monde et de cruelles désillusions pour Washington.
Article de Julien Gonzalez, paru dans Le Figaro Vox, le 18 septembre 2015. Faut-il trois ou quatre opérateurs téléphoniques ? Pour Julien Gonzalez, la démocratisation de l'enseignement supérieur cache l'incapacité du marché du travail à absorber autant de diplômés de niveau bac +5.
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Samedi matin, c’est un tournant majeur dans la politique de défense du Japon qui a eu lieu. La Chambre des conseillers, chambre haute de la Diète (le parlement japonais) a adopté largement, par 148 voix pour et 90 contre, les deux projets de loi en matière de sécurité du gouvernement conservateur du Premier ministre japonais, Shinzo Abe.
Le parti libéral-démocrate et son allié, le Komeito, ainsi que trois petits partis de l’opposition, ont assuré une confortable majorité aux projets mûris de longue date par Shinzo Abe et ses partisans.
Ce vote met fin à un processus à la fois long – les projets de loi ont été présentés en mai et ont conduit à plus de deux cents heures de débats acharnés – et controversé puisque l’opposition a, jusqu’au bout, tenté de le bloquer. Vendredi, le principal parti d’opposition, le parti démocratique du Japon, appuyé par quatre autres formations, a soumis une motion de censure contre le gouvernement Abe mais elle a été rejetée par la Chambre des représentants, la chambre basse de la Diète.
Shinzo Abe a mis tout son poids dans la balance, convaincu que la législation japonaise doit évoluer et s’adapter à l’environnement international de plus en plus menaçant.
« Ces lois sont absolument nécessaires parce que la situation sécuritaire autour du Japon est de plus en plus grave », a-t-il déclaré jeudi. Ce petit fils de Nobusuke Kishi, Premier ministre révisionniste à la fin des années cinquante et à l’aube des années soixante, estime aussi qu’avec la nouvelle législation, le Japon redeviendra un pays « normal » pouvant jouer un rôle dans les affaires mondiales et prendre une plus grande part du fardeau dans l’alliance militaire avec les États-Unis, ce qui ne peut que réjouir ces derniers qui en font la demande depuis un demi-siècle.
Un changement historique qui inquiète
Que prévoient les projets de loi ?
L’un des d’eux modifie 10 lois existantes en matière de sécurité pour lever diverses restrictions pesant sur les Forces d’autodéfense (FAD, nom de l’armée japonaise), y compris l’interdiction de longue date implicite dans l’article 9 de la Constitution japonaise portant sur la légitimité de l’autodéfense collective.
L’autre crée une nouvelle loi permanente qui permet au Japon de déployer les FAD à l’étranger afin de fournir un soutien logistique aux opérations militaires autorisées par les Nations Unies, impliquant une force étrangère ou multinationale.
Ces lois prévoient donc le passage d’une doctrine de sécurité fondée sur l’autodéfense individuelle à une doctrine d’autodéfense collective qui permettra au Japon de venir en aide à des pays alliés, et notamment aux États-Unis liés par un traité de sécurité avec le Japon depuis 1960. Plusieurs scénarios d’engagement sont évoqués. Ainsi, si un navire militaire américain était attaqué par une force ennemie, chinoise ou nord-coréenne par exemple, les FAD pourraient alors venir en aide à ce bâtiment en danger. Autre possibilité, si le golfe Persique se trouvait miné par une puissance ennemie, le Japon pourrait y déployer des navires pour dégager les lignes de communication, en vertu de ses besoins en approvisionnements énergétiques, notamment pétroliers. Troisième cas de figure, le Japon pourra participer à des opérations de maintien de la paix (OMP) internationales en envoyant des forces qui pourraient désormais fournir un appui logistique et éventuellement protéger des travailleurs étrangers sur place, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent. L’intervention armée pour le sauvetage d’otages japonais est également devenue possible. Lors des débats parlementaires, Shinzo Abe s’est d’ailleurs évertué à rappeler l’ampleur de la menace terroriste, soulignant qu’en janvier 2013, 10 otages japonais avaient été tués à l’usine de gaz Amenas en Algérie par un groupe terroriste islamiste.
Ces différents cas de figure envisagés marquent une rupture sensible par rapport à la politique traditionnelle du Japon, fondée sur l’interprétation de la constitution de 1946. C’est donc un tournant historique conduisant à ce que certains commentateurs considèrent comme la sortie de l’archipel de la posture pacifiste de l’après Seconde guerre mondiale.
Jusqu’à présent, les forces armées se limitaient à la seule défense de l’archipel et ses alentours en vertu d’une interprétation de la constitution permettant le droit individuel à l’autodéfense, même si des missions de soutien logistique ont pu être assurées dans les années 2000 en Irak et dans l’océan Indien pour venir en aide aux coalitions internationales dans l’ex-Mésopotamie et en Afghanistan. Dorénavant, les FAD pourront s’engager pour aider, y compris par les armes, un allié menacé. Un tel changement ne laisse pas indifférent les voisins du Japon.
Les pays voisins mécontents
La Corée du Sud considère avec méfiance l’évolution en cours de la législation en matière de défense car elle lui rappelle le militarisme passé de l’ancien « empire du Soleil levant », qui a colonisé par la force le « pays du matin calme » de 1910 à 1945 et y a commis de multiples exactions. Son voisin communiste du Nord, dirigé d’une main de fer par le régime despotique de Pyongyang, est lui plus violent dans ses diatribes aux accents nationalistes, dénonçant le retour du militarisme agressif nippon.
Son allié chinois a, lui, appelé Tokyo à de très nombreuses reprises, jouant aussi de la carte nationaliste qui permet de masquer son impéritie ou en tout cas ses insuffisances, à ne pas menacer la stabilité régionale et à se « conformer à la voie du développement pacifique » que lui-même est bien loin de respecter.
Le peuple japonais inquiet
Dans l’archipel, la population japonaise, très attachée au pacifisme constitutionnel, a exprimé son opposition, manifestant massivement par dizaines de milliers devant la Diète. Et cette opposition n’a pas fléchi malgré les tentatives de l’exécutif de la convaincre du bien-fondé de sa démarche iconoclaste. Un sondage réalisé du 12 au 13 septembre pour le quotidien Asahi Shimbun, situé à gauche de l’échiquier politique, a révélé que 54 % des répondants sont contre les projets de loi, seuls 29 % y apportant leur soutien.
Beaucoup d’électeurs craignent que les nouvelles lois ne puissent entraîner l’Archipel nippon dans une guerre impliquant les États-Unis, allié principal du Japon, alors que Tokyo est traditionnellement dépendant de la diplomatie et de la politique militaire de Washington.
Ils redoutent aussi que ce vote sans précédent ne vide la Constitution de sa substance, puisque la majorité des experts constitutionnels estiment que les nouvelles lois sont contraires à l’article 9 de ladite Constitution, qui n’autorise que le droit à l’autodéfense individuelle et prohibe même l’existence de forces armées.
Du côté de ces forces d’autodéfense, dont Shinzo Abe vient de demander une substantielle hausse du budget pour faire face aux menaces de la Chine et de la Corée du Nord, certains militaires s’inquiètent des développements récents qui les concernent au premier chef mais sont prêts à en assumer les risques. Leurs familles craignent pour leurs vies et sont consternées, voire révoltées par cette « violation » du pacifisme constitutionnel.
Pour autant, si ces inquiétudes sont légitimes, elles sont aussi excessives.
D’abord, plusieurs conditions encadrent l’usage de la force dans la nouvelle législation. Il faut que le Japon soit attaqué, ou qu’un proche allié soit menacé, et que cette attaque mette en péril la survie du Japon et pose un danger clair à la population. L’usage de la force doit également être limité au minimum nécessaire.
Il ne s’agit nullement de déployer des milliers de forces combattantes sur des terrains d’opération où les combats font rage. Il ne s’agit donc pas de revenir au militarisme d’antan mais de permettre au Japon de mieux jouer son rôle dans l’alliance avec les États-Unis et de mieux s’affirmer sur la scène internationale. Quand bien même le gouvernement nippon le voudrait, force est de constater que la population reste massivement attachée au pacifisme hérité de la défaite de 1945. Et si les forces armées sont, depuis, redevenues plus populaires que l’armée impériale honnie, il n’est nullement question de les transformer en un nouvel instrument de conquête.
Hormis une dégradation brutale et menaçante de l’environnement sécuritaire régional, on ne doit pas craindre une résurgence du militarisme nippon.
Quel a été le contenu de cette visite diplomatique ? Est-elle le marqueur de la réconciliation entre Paris et Rabat, mettant fin à la crise diplomatique intervenue en 2014 ?
Cette visite intervient clairement pour parachever la réconciliation qui était entamée déjà depuis plusieurs mois. Il s’agissait pour le président de la République, François Hollande, de marquer le coup en rendant visite à son homologue le roi Mohammed VI à Tanger. Cette visite vient conforter et réconforter ceux qui souhaitaient que cette brouille soit totalement derrière nous et permet de repartir sur des bases différentes ; les Marocains ont en effet fait savoir qu’ils souhaitaient construire une relation nouvelle sur le plan diplomatique. C’est tout à fait légitime du point de vue du Maroc parce qu’il y a de enjeux nouveaux, à la fois en termes économiques et sécuritaires. Le pays joue un rôle extrêmement important compte tenu des menaces qui pèsent aujourd’hui au Maghreb et qui concernent aussi la France.
Plusieurs entreprises françaises étaient présentes au sein de la délégation. Quels sont les enjeux économiques de cette visite pour la France ?
Les enjeux économiques sont très importants parce que pour la troisième année consécutive, la France n’est plus le premier partenaire commercial du Maroc, supplantée par l’Espagne. Il s’agit d’un élément de taille car, après l’Algérie, où la France a également été délogée par le géant chinois, premier partenaire commercial du pays depuis maintenant cinq ans, c’est au Maroc, dans l’un de ses très anciens bastions, que la France voit ses positions battues en brèche sur le plan économique et commercial.
Après l’Europe, le Maghreb est ce qui permet à la France de continuer d’être une puissance dont la voix est entendue, parfois écoutée. Si elle perd définitivement cette position au Maghreb, stratégique sur le plan économique car considéré comme son arrière-cour depuis plus d’un siècle, elle risque de se voir aussi contester sa position dans le monde et notamment son siège au Conseil de sécurité des Nations unies. La France doit chercher à établir de nouveaux partenariats économiques et commerciaux avec le Maroc pour tenter d’inverser la tendance et redevenir le premier partenaire commercial du Maroc, même si sur le plan culturel, c’est au Maroc qu’il y a le plus de centres culturels et de lycées français dans le monde. En effet, si la position de la France sur le plan économique n’est pas très bonne, elle reste de très loin la première sur le plan du rayonnement culturel et linguistique.
Quelle est la nature de la coopération entre le Maroc et la France en matière de lutte contre le terrorisme ? Pourquoi le Maroc est-il considéré comme un partenaire privilégié ?
Cette coopération est essentielle. C’est aussi l’une des raisons de la visite du président de la République au Maroc. Il fallait absolument que la coopération soit relancée. Encore une fois, l’implantation de Daech au Maghreb, notamment en Libye et en Tunisie avec les attentats commis au début de l’année 2015, est extrêmement inquiétante, non seulement pour les Etats du Maghreb mais également pour la France. Il fallait absolument que cette brouille diplomatique soit totalement dissipée pour permettre de relancer la coopération et d’avoir de la fluidité dans les échanges ainsi que dans la lutte contre le terrorisme. C’est absolument vital pour tout le monde et notamment pour la France car le Maroc est un pays allié, un partenaire stratégique depuis longtemps dans la lutte contre le terrorisme. Il permet notamment de faire passer des informations sur des groupes ou des individus qui pourraient être dangereux. La France dispose d’une bonne maîtrise de la technologie qui permet aussi au Maroc de continuer à pouvoir compter sur son allié français dans la stabilité du royaume. Il y a ainsi des intérêts bien compris de part et d’autre pour que cette lutte contre le terrorisme soit relancée mais également renforcée car la menace que fait planer Daech concerne aujourd’hui absolument tout le monde en Méditerranée occidentale ou orientale.
Director General of ELIAMEP Dr Thanos Dokos analysed on Bloomberg how Greece deals with the refugee crisis. The article, which was published on 18 September 2015, is available here.
Alan Kurdi had been about the same age as my youngest son, Nicholas. In theory, both children were born entitled to the same basic rights to life, protection, food, shelter, education and play. But we as the international community tragically failed Aylan. Even more importantly, there are still millions of other children and adults in similar danger. By early September, the UN announced that 7 million people had so far been displaced in Syria from a pre-war population of 22 million, with over 4 million seeking safety outside Syria. Of those, 2.1 million Syrians were registered by the UNHCR in Egypt, Iraq, Jordan and Lebanon, and 1.9 million were registered in Turkey.
Europe is trying to deal with the problem almost exclusively through the management of the migration/refugee flows, and has been engaged in a very complicated – and often unpleasant – discussion on burden sharing, asylum procedures, border protection, humanitarian assistance, the prosecution of traffickers and so on. All of this is extremely important and absolutely necessary, but we appear to be limiting ourselves to treating the symptoms and not the root causes of the problem. This current European approach can only work if the numbers of people crossing into the EU is brought to a much lower level. Otherwise, the hospitality of even the most tolerant European societies will very soon be tested.
Furthermore, the Schengen Agreement – one of Europe’s most tangible and widely recognisable achievements – is now faced with considerable, even existential, challenges. The limited enthusiasm of most EU member states, with the notable exceptions of Germany and Sweden, in making any meaningful commitment to a burden sharing agreement promoted by the European Commission is seriously testing the concept of a border-free Europe, the limits of European solidarity and the idea of common European policies. The additional concern about radicalised Islamists entering Europe disguised as refugees complicates the situation further at a time of rising xenophobia and islamophobia in some EU countries.
It is becoming urgent that in addition to migration management, the international community, especially the EU, focus its efforts on ending the Syrian conflict as soon as possible. This will only be possible if Russia and Iran support an international initiative. There are, of course, several important obstacles: relations between the West and Russia remain deeply confrontational as a result of the Ukraine crisis; despite the agreement between the P5+1 and Iran on Tehran’s nuclear programme, there is still a considerable lack of trust between the two sides; Europe and the US are extremely reluctant to put “boots on the ground” in Syria; other important regional players, including Turkey whose top priority is managing the Kurdish issue, have diverging agendas; ISIS is far from defeated despite military operations against it; the Syrian opposition remains highly fragmented, complicating efforts for a transitional government; and last but not least, the – certainly not unjustified – demonising of the Assad regime raises an important question about the ethics of any possible cooperation with such a regime.
The immediate priority should be the cessation of hostilities through the deployment of a UN peacekeeping force, the creation of a provisional government of national unity and beginning the process of reconstruction and reconciliation. To achieve this, a unanimous decision by the UN Security Council is required. This would need the immediate resumption of the Geneva-II negotiating process with the participation of all involved parties including, of course, Russia and Iran. Instead of Geneva, the conference could this time take place on the Greek island of Mytilini, so that world leaders could witness first-hand the results of their continuing inaction.
The aim would be the establishment of a large and heavily-equipped peacekeeping force as soon as possible, with the substantial or symbolic participation of military forces from all the P5 plus Germany. The military participation of key neighbouring countries such as Egypt, Jordan (perhaps under the aegis of the Arab League) and Turkey would be vital to alleviating any impression that a solution has been imposed by extra-regional powers. The UN forces’ mandate and rules of engagement should explicitly authorise it to use lethal force at will against enemy combatants – namely ISIS – in order to achieve its objectives within the shortest possible time.
“The additional concern about radicalised Islamists entering Europe disguised as refugees complicates the situation further at a time of rising xenophobia and islamophobia in some EU countries”
The creation and deployment of this UN force should be linked to the new provisional government, composed of the more moderate elements of the Assad regime and the opposition. Assad should be allowed to leave the country and take sanctuary in any country willing to make such an offer. The need to stop the fighting, eradicate ISIS and stabilise the country, thus saving countless human lives but also preventing the destabilisation of neighbouring countries and the whole region, should take priority over the trial of Assad and senior members of his regime for the crimes against their own people. Such a provisional government would stay in power for a minimum of two years, under the supervision of the P5 – with some role for the Arab League. If necessary, the period could be extended until such time as the conditions allow for safe elections. The extremely difficult and complex reconstruction and reconciliation process should be generously financed by the international community, ideally including Saudi Arabia and the other Gulf countries as well as Europe and the US. Financial assistance should also be given immediately to the neighbouring countries hosting large numbers of displaced Syrians, especially Lebanon, Jordan and also Turkey.
Because the US continues to see Asia as their main foreign policy priority, it should be up to Europe, which is being primarily affected by both the refugee crisis but also by the general instability in the eastern Mediterranean and the continuing confrontation with Russia over Ukraine, to lead the necessary diplomatic initiative that would prepare the ground for an agreement over Syria.
There are two options for reaching an understanding with Russia. First, a grand bargain; and second, seeking a success story based on common interests (or common threats). In the latter case, Syria fits perfectly, as the spread of Islamic extremism is a domestic concern for Russia. However aggressive and unconstructive Russia’s policy in Ukraine has been over the past two years, we should not lose sight of the big picture and the extremely high stakes in the case of Syria. There are no guarantees, of course, that Russia will respond to such an opening by Europe, but President Vladimir Putin has proved to be occasionally pragmatic in his cost/benefit analysis.
It is important to keep in mind that the additional arrivals to Europe, in comparison to last year’s numbers, have so far “only” been 230,000 people, and that has already been enough to almost overwhelm even the most developed European country, Germany. There are still several hundred-thousand more Syrian refugees – in addition to people from other conflict-ridden regions – waiting to come to Europe. In addition to practical short-term problems, the long-term consequences for social cohesion in several European countries may be difficult to imagine if the current refugee inflow continues unhindered.