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L'Afrique réelle (Blog de Bernard Lugan)

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Site officiel de l'historien africaniste Bernard Lugan, professeur à l'Université Lyon III et expert au tribunal international d'Arusha
Mis à jour : il y a 1 mois 1 semaine

L’Algérie et le Maroc dans les mailles du conflit entre l’Arabie saoudite et l’Iran

mar, 08/05/2018 - 23:00
La rupture des relations diplomatiques entre le Maroc et l’Iran intervenue au mois d’avril 2018 constitue un des derniers épisodes du conflit opposant l’Arabie saoudite à l’Iran. Elle complique encore davantage les relations entre un Maroc aligné sur Ryad et une Algérie veillant à conserver son autonomie par rapport au système d’alliance saoudien. Constitué autour des monarchies du golfe (sauf le Qatar), ce dernier est soutenu directement par les Etats-Unis et indirectement par Israël.
Le contexte est clair : l’Arabie saoudite connaît ses faiblesses face à l’Iran. Elle sait que, seule, elle serait militairement balayée. Elle a conscience que sa famille royale est haïe par des populations qu’elle méprise depuis des décennies. Elle n’ignore pas que sa légitimité historique et religieuse est discutable et que, si elle a pu s’emparer des lieux saints de l’Islam, ce fut grâce aux anglo-saxons.  Pour assurer sa survie, elle doit rassembler autour d’elle tous les « Arabes » (lire les sunnites), contre l’ennemi séculaire perse (lire les chiites). En même temps, elle cherche à donner une nouvelle image d’elle en finançant de colossales campagnes de publicité dans la presse occidentale vantant l’aggiornamento qui en ferait désormais un pays ouvert, moderne et tolérant…
Avec la guerre en Syrie, Ryad a amorcé la constitution d’une alliance offensive contre le « terrorisme iranien ». La manœuvre est cousue de fil blanc car le terrorisme islamiste n’est pas chiite, mais sunnite. Nulle marque de chiisme en effet dans les attentats de septembre 2001, dans ceux qui ont frappé l’Europe ou la Russie, dans Al-Qaïda, dans l’Etat islamique ou dans Boko Haram. Tous sont au contraire liés à des branches du sunnisme et dans bien des cas, financés par les officines wahhabites gravitant autour des cercles princiers saoudiens.
Le plan de Ryad s’est déroulé en trois phases :1) Guerre du Yémen contre les miliciens Houthi proches de l’Iran.2) Isolement du Qatar qui a le tort de ne pas rompre avec l’ennemi perso-irano-chiite.3) Lutte à mort contre le Hezbollah libanais désigné par le ministre saoudien des Affaires étrangères, Mohamed al Khalifa, comme « une menace pour la sécurité nationale arabe ». On ne peut être plus clair dans la dénonciation en creux de l’Iran perse…
L’Arabie saoudite et Israël ont en commun d’avoir le même ennemi iranien et le même allié américain. Un allié lui aussi totalement obsédé par le « danger » iranien. Les voilà donc tous trois partenaires dans la grande manœuvre d’encerclement de l’Iran. Ils ont cependant subi un grave échec en Syrie où, non seulement ils n’ont pas réussi à chasser du pouvoir un allié de Téhéran, mais où, en plus, l’enchaînement des évènements a fait que leur partenaire turc s’est détourné d’eux pour finalement, réalpolitique oblige, se rapprocher de la Russie, donc, de facto, de l’Iran.
Dans le monde dit « arabe », et fidèle à sa politique d’indépendance, l’Algérie garde la tête froide, conservant de bonnes relations avec tous les protagonistes, dont l’Iran et la Syrie. Consciente de son isolement, elle a renoué des relations un moment distendues avec la Russie et elle s’est spectaculairement rapprochée de la Turquie. C’est alors qu’est intervenu un évènement aussi grave qu’insolite et dont les conséquences pourraient être considérables. Il s’agit d’une « livraison d’armes » du Hezbollah libanais allié de l’Iran, au Polisario, lequel est un appendice des services algériens.
Une telle livraison, si toutefois elle était avérée, conduit à faire trois remarques :- Militairement, elle ne présente aucun intérêt car le Polisario dispose déjà de toutes les facilités dans les arsenaux algériens.- En revanche, une telle livraison, réelle ou supposée, a eu un très fort impact au Maroc où l’on est plus que chatouilleux dès-lors qu’est posée la question du Sahara. Les services iraniens ont-ils donc voulu faire comprendre au Maroc qu’ils ont les moyens de lui compliquer la tâche dans ses provinces sahariennes revendiquées par le Polisario s’il persiste à s’aligner sur Ryad ?- Mais ce faisant, Téhéran ayant violé cette souveraineté qu’elle défend si jalousement, comment va réagir l’Algérie ?
En définitive, cet épisode montre deux choses :
1) Face à la menace algéro-polisarienne sur ses provinces sahariennes, le Maroc est condamné à un quasi alignement sur la position américano-saoudienne.
2) L’Algérie qui porte à bout de bras le Polisario depuis sa création n’est pas à l’abri d’une provocation de la part de ce dernier qui pourrait déclencher une crise majeure avec le Maroc. L’épisode en cours pourrait alors lui faire enfin comprendre qu’un accord avec Rabat lui serait plus profitable qu’un soutien aveugle à un Polisario paraissant chercher de nouveaux parrains, avec pour conséquence qu’Alger risquerait de moins le contrôler dans l’avenir. Cette livraison pourrait alors être un bon prétexte pour couper les ailes à un mouvement dont les ramifications islamo-mafieuses commencent à poser bien des problèmes dans toute la région saharo-sahélienne.
Un tel accord serait bénéfique pour les deux pays. Le Maroc qui n’aurait plus à craindre un conflit avec l’Algérie, pourrait alors moins dépendre des Etats-Unis et de l’Arabie saoudite, ce qui, par voie de conséquence renforcerait l’Algérie dans sa constante d’indépendance et permettrait enfin la définition d’une politique maghrébine commune.
Catégories: Afrique

Le livre de Bernard Lugan sur « Mai 68 » censuré ?

jeu, 03/05/2018 - 16:42
« Etrangement », les sites de vente en ligne (Amazon, Fnac, La Procure, etc.), indiquent que le livre de Bernard Lugan «  Mai 68 vu d’en face » est indisponible.
Or, comme ces sites ont été réapprovisionnés par l’éditeur, auraient-ils senti le danger qu’il y avait à diffuser un livre remettant en cause la doxa relative à mai 68 et dont le premier tirage a été épuisé en quelques jours ?
Riposte :
1) Commander directement le livre à son libraire habituel qui le fera venir facilement puisqu’il a été réimprimé en début de semaine passée.
2) Commander le livre à l’Afrique Réelle qui dispose de plusieurs centaines d’exemplaires primitivement destinés aux signatures lors des conférences et non aux ventes directes. Le seul problème est qu’il faudrait alors ajouter au prix de 13 euros, prix public, la somme de 7 euros pour les frais de port. En revanche ces exemplaires pourraient éventuellement être dédicacés à la demande.
Pour commander le livre via L'Afrique Réelle, deux possibilités : 
1) Par carte bleue ou Paypal :
Livraison France metropolitaine €20,00 EUR UE/Suisse €24,00 EUR
2) Par chèque en imprimant et nous retournant ce bon de commande
Catégories: Afrique

« Mai 68 vu d’en face » en rupture de stock

mer, 02/05/2018 - 17:16
De nombreux lecteurs de ce blog nous informent de leurs difficultés à se procurer le livre de Bernard Lugan « Mai 68 vu d’en face » et cela,  tant chez Amazon qu’en librairie.
Renseignement pris auprès de l’éditeur (Balland), l’explication est simple : le premier tirage du livre a été épuisé en quelques jours et la redistribution du second tirage a été ralentie en raison du pont du 1er mai. Elle le sera encore en raison de celui du 8 mai…Je conseille donc à ceux qui seraient désireux de se procurer ce livre de le commander directement à leur libraire.Si, toutefois, ils éprouvaient encore des difficultés, ou bien s’il leur était mensongèrement affirmé que ce livre n’est plus disponible, ils pourraient alors le commander à L'Afrique Réelle. Nous disposons en effet de plusieurs centaines d’exemplaires primitivement destinés aux signatures lors des conférences et non aux ventes directes. Dans ce cas, il faudra ajouter au prix de 13 euros, prix public, la somme de 7 euros pour les frais de port. En revanche ces exemplaires pourraient éventuellement être dédicacés à la demande.
Pour commander le livre via L'Afrique Réelle, deux possibilités : 
1) Par carte bleue ou Paypal :
Livraison France metropolitaine €20,00 EUR UE/Suisse €24,00 EUR
2) Par chèque en imprimant et nous retournant ce bon de commande
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L'Afrique Réelle N°101 - Mai 2018

mar, 01/05/2018 - 13:12
Sommaire :

Fermiers blancs : « Out of Africa »

Dossier : Les trois grands défis de l’Afrique
- Le temps long africain et ses ruptures
- L’exception démographique africaine
- La gestion de la démographie dans l’Afrique traditionnelle
- La question de l'Etat

Histoire : 
Rwanda, le général Roméo Dallaire avait-il un agenda caché ?


Editorial de Bernard Lugan :

La croissance économique africaine (entre 1,4% et 1,6%) est inférieure à la croissance démographique (3-4%). Il  est donc illusoire de prétendre « développer » un continent qui, d’ici à 2030, verra sa population passer de 1,2 milliard à 1,7 milliard, avec plus de 50 millions de naissances par an et dont le surplus se déversera en Europe.
Face à cette réalité qu’ils refusent de nommer, les dirigeants européens s’accrochent au mythe du « développement » postulé être un ralentisseur migratoire. Comme je l’ai expliqué dans Osons dire la vérité à l'Afrique[1], il s’agit d’une illusion car, et à supposer qu’il ait une efficacité, le développement ne pourrait avoir que des effets à très long terme. Or, il y a urgence. De plus, tout a déjà été tenté en ce domaine, et en dépit des sommes colossales qui y ont été déversées par les pays « riches », au lieu de se « développer », le continent africain s’est au contraire appauvri. Le développement de l’Afrique demeurera donc une chimère tant que la démographie n’y sera pas contrôlée. 
Plus généralement, la résolution des problèmes africains passe par la reconnaissance de trois réalités :
1) La prise en compte des fondamentaux ethniques. 
2) La nécessité de rétablir les vrais liens qui relient les Africains à leur longue histoire, liens qui furent coupés par les idéologies universalistes plaquées sur le continent depuis l'époque coloniale.
3) L’abandon du credo selon lequel l'économique peut tout résoudre. J'ai démontré depuis plusieurs décennies que les principales crises africaines sont structurelles et qu'elles ont une origine historique, politique et culturelle. Tant que leur approche continuera d'être d'abord économique, elles n'auront aucune chance d'être traitées.
*
En Afrique du Sud, l’ex avocat-syndicaliste Cyril Ramaphosa qui a bâti sa colossale fortune, dans les conseils d’administration des sociétés minières blanches va devoir gérer l’incurie du parti prédateur ANC dont, depuis 1994, les cadres, aussi incapables que corrompus, n’ont eu comme objectif principal que leur propre enrichissement. Comment le nouveau président va-t-il pouvoir gouverner en étant pris entre deux plaques tectoniques politiques, celle des milieux d’affaires pro-occidentaux qui ont fait sa fortune, et celle des tendances radicales-racialistes lourdes qui constituent le fonds de commerce de l’ANC et des partisans de Julius Malema ? Un début de réponse vient d’être apporté : pour « faire passer la pilule » de son alignement sur les forces économiques mondialistes, il va jeter en pâture à ses radicaux les fermiers blancs lesquels viennent d’être prévenus qu’ils allaient être expropriés. Le pays va donc perdre son dernier secteur économique productif.
Bernard Lugan

[1] Réédition 2018, en commande ici.
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Bernard Lugan : Halte à la repentance

mar, 24/04/2018 - 13:12
Dans son intervention lors du colloque de l'Iliade (Institut pour la Longue Mémoire Européenne), le 7 avril 2018, Bernard Lugan réfute l'affirmation selon laquelle l'Europe aurait fondé sa richesse sur la traite esclavagiste.

 
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Bernard Lugan une nouvelle fois censuré

mar, 17/04/2018 - 14:13
Des civils exerçant semble-t-il les fonctions de « commissaires politiques » au sein du Ministère des Armées (MINDEF), ont fermé l’accès à mon blog pour tous les ordinateurs mindef, et cela, tant dans les administrations que dans les Ecoles ou les Corps de troupe.
Cette censure intervient au moment où l’Afrique Réelle publie un numéro spécial consacré au Mali dans le contexte de la recrudescence des actions islamistes armées dans ce pays. Un numéro dans lequel sont longuement analysés les phénomènes ayant conduit à l’impasse actuelle et les solutions qui pourraient être apportées.
Cette censure est aussi ridicule que vaine. Le filtre censurant l’accès unique géré par le MINDEF me permet en effet de constater que les visites de mon blog explosent et cela, grâce aux multiples connexions privées dont les militaires disposent tout à loisir, chez eux, à l’abri des « fichards « du ministère.
Cette censure ne pénalise donc que celles de nos forces qui ont le plus besoin d’avoir une vision complète de la situation, celles qui sont projetées sur le terrain, au Sahel, et qui ne disposent que des ordinateurs de service. Voilà donc des hommes et des femmes qui risquent chaque jour leur vie et qui, par le sectarisme ou le simple caprice de certains lapins de coursive planqués dans un ministère malheureusement confié à des civils, sont privés d’un éclairage qui pourrait leur être utile.
L’Afrique Réelle qui fête son 100e numéro et qui entre dans sa dixième année, se rit naturellement de cette censure liberticide. Grâce à la fidélité de ses abonnés, et en dépit des coups répétés, « avec le calme des vieilles troupes », la revue continuera à analyser la situation africaine à travers le seul prisme du réel. Ce réel qui agace tant les idéologues et qui met quotidiennement à mal les petites certitudes d’envieux dont, comme le disait le poète vaudois Louis-Auguste Martin, « la haine ne meurt que sur la ruine du mérite qui leur portait ombrage ». 
Pour recevoir le numéro 100 de l'Afrique Réelle et bénéficier de l'offre spéciale, abonnez-vous en cliquant ici.
Bernard Lugan
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Bernard Lugan raconte son Mai 68

jeu, 12/04/2018 - 19:48
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Nouveau livre de Bernard Lugan : Mai 68 vu d'en face

lun, 09/04/2018 - 17:21

























En mai 68, qui étaient les rebelles ?

L'auteur, qui était à l'époque responsable pour l'Action française à Nanterre et chargé du service d'ordre de cette organisation, nous donne ici un témoignage sur Mai 68 vu d'en face, sous la forme de récits de différents épisodes qui dessinent l état d'esprit d une époque et sa postérité.

À travers une vingtaine d'anecdotes, Bernard Lugan fait entendre un ton différent sur la perception des "événements" 50 ans après. Un auteur emblématique, une voix originale sur Mai 68.

Liste des chapitres :
- Le couscous de Nanterre-La Folie
- La Corniche du lycée Henri IV
- Le réveil de la belle endormie
- Les cerises de Mai 1968
- Comment je suis entré à Sciences-Po
- Le grand escalier de la faculté de Lyon
- "Certes, les apparences sont contre nous..."
- "Prince, tu diras au Prétendant..."
- Le doyen qui ne voulait pas voir le sang couleur sur sa belle moquette
- Les fourches caudines d'Assas
- Derniers outrages gare Saint-Lazare
- Le dîner d'huitres
- Les "amis" du Père Bourdaloue
- Des anciens qui ont la pêche
- Une belle soirée place Contrescarpe

Editions Balland
128 pages - 13.00 €
Disponible sur Amazon et dans toutes les librairies.
Pour le commander cliquer ici

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L'Afrique Réelle N°100 - Avril 2018

ven, 30/03/2018 - 22:54
OFFRE SPECIALE NUMERO 100


Avec sa livraison du mois d’avril 2018, l’Afrique Réelle fête son 100e numéro.Pour célébrer cet anniversaire, nous vous proposons un abonnement découverte exceptionnel.Cette proposition d’abonnement est exclusivement valable durant le mois d’avril 2018 et elle permettra aux nouveaux abonnés de recevoir par e-mail, et pour le prix normal de l’abonnement annuel, à savoir 45€, tous les numéros de l’année 2018, plus tous ceux des années 2016 et 2017, soit 36 numéros.
Pour en profiter :


Vous pouvez également payer par chèque en imprimant ce bon de commande.



























NUMERO SPECIAL : L’IMPASSE MALIENNE

Sommaire :
Le Mali, un rift géographique et ethno-racial
- Les grandes zones climatiques
- La mosaïque ethnique
- La question touareg
Le Mali : une vieille histoire- Le royaume de Ghana
- L'empire du Mali
- L'empire Songhaï
- La conquête marocaine (1591)
- La colonisation et ses conséquences
Une guerre de 50 ans (1963-2018)
- Les quatre premières guerres touareg (1963-2010)
- De la guerre touareg à la guerre islamiste (2012-2013)L’impasse actuelle et ses causes- La France et le Mali ne font pas la même guerre
- De la fausse solution démocratique à la nécessité de changer de paradigme
- L'indépendance de l'Azawad, une revendication réaliste
- La guerre ethno-sociale du Macina
- Une armée française au risque d'être prise entre le marteau et l'enclume
- Les illusions du G5 Sahel


Editorial de Bernard Lugan :

Au Mali, la multiplication des attaques terroristes montre que le jihadisme n’a pas été éradiqué.
Au nord, l’opération Barkhane a réussi à empêcher la reconstitution de zones sanctuaire. Au sud et vers la frontière avec le Niger, la tâche d’huile terroriste s’étend, touchant désormais le centre du Mali (Macina) et le Burkina Faso.
Cette évolution des actions armées et leur glissement au sud du fleuve Niger, s’explique parce que, pour les jihadistes, l’objectif est désormais la brousse où ils contraignent peu à peu l’armée et l’administration maliennes à abandonner les petits centres. D’immenses régions sont donc laissées sans défense, les garnisons étant isolées dans des postes le long des routes principales. De plus, lorsqu’elle est présente, l’armée malienne est perçue comme une force d’occupation par les habitants qui sont rançonnés et violentés. 
Dans les zones rurales abandonnées, les jihadistes prospèrent au milieu des trafiquants, des milices d’auto-défense et des mouvements irrédentistes qu’ils tentent d’engerber, utilisant habilement les rivalités locales. Ils se présentent ainsi comme les protecteurs des transhumants peul et ils soutiennent les dominés contre les « féodaux » qui les taxent. La chefferie traditionnelle est considérée par eux comme un relais du pouvoir de Bamako. 
Cependant, alors que leur revendication suprême est le califat universel à travers la Umma transcendant les nations, les races et les ethnies, les jihadistes sont tout au contraire contraints d’enraciner leur stratégie sur les fractures ethniques. Cette nouveauté explique désormais largement la situation sécuritaire car, au Mali et dans tout le Sahel, le nouveau mode opératoire des jihadistes s’ancre désormais sur les oppositions ethniques et sociales. Ce mouvement est facilité par la porosité et l’artificialité des frontières et par l’existence de liens ethniques transfrontaliers. De plus, comme je ne cesse de le dire depuis le début du conflit, le jihadisme n'est ici que la surinfection d'une plaie ethno-raciale. Ceci fait que l'éventuelle élimination de l'islamisme armé n'effacerait pas pour autant la revendication touareg qui lui est antérieure et qui lui survivra.
Or, pour comprendre ce phénomène, il est nécessaire de partir du réel, c’est-à-dire de la géographie et de l’histoire. Tel est le but de ce numéro spécial qui est le numéro 100 de l’Afrique Réelle. En totalité consacré à la question du Mali, il est le guide indispensable pour  tous ceux qui, de près ou de loin, sont concernés par les évènements se déroulant dans cette partie du Sahel.
Avec ce numéro 100, l’Afrique Réelle confirme son installation dans la durée. Elle est devenue l’antidote des africanismes de salon, loin de la doxa, de la bien-pensance et de la dictature idéologique de ceux qui, au nom de l’universalisme, combattent planétairement   les enracinements. Ce qui les conduit à refuser le réel, donc à se tromper avec une insolite constance.Or toute politique de sortie de crise impose : - De tenir compte des réalités.- D'être en mesure de changer de paradigme.
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Afrique du Sud : la spoliation des fermiers blancs, révélateur d’une fracture raciale que la doxa ne peut plus dissimuler

lun, 05/03/2018 - 12:49

Le mardi 27 février 2018, par 241 voix contre 83, le parlement sud-africain a voté le commencement d’un processus de nationalisation-expropriation sans compensation des 35.000 fermiers blancs.Or, il faut bien avoir à l’esprit qu’en Afrique du Sud - comme hier au Zimbabwe, et comme annoncé demain en Namibie -, ce n’est pas pour des raisons économiques que ces fermiers vont être spoliés. Les 241 députés noirs qui ont voté cette motion n’ignoraient en effet pas qu’ils poignardent en plein cœur le dernier secteur hautement producteur de richesses de leur pays. Ils savaient très bien que ces fermiers blancs nourrissent l’Afrique australe et que, sans eux, tout le cône sud de l’Afrique (Angola, Namibie, Zambie, Mozambique, Botswana, Zimbabwe) connaîtra la famine. Qu’importe ! La symbolique de la revanche raciale est la plus forte… Ceux qui, en Europe, avaient vibré au mythe de la « nation arc-en-ciel » réconciliée sont donc une fois de plus cocus. Le plus grave est qu’ils n’en tireront pas les leçons… Explication :
La suite de cette analyse est réservée aux abonnés à l'Afrique Réelle. Pour la recevoir par courriel, vous devez être abonné. Pour vous abonner, cliquer ici
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L'Afrique Réelle N°99 - Mars 2018

jeu, 01/03/2018 - 16:37
Sommaire

Actualité :
Algérie : où sont passés les militaires ?

Dossier : Menaces sur le Tchad
- Les trois Tchad
- Le centre et le nord contre le sud (1965-1979)
- De la guerre inter-Toubou au conflit Zaghawa contre Goranes Anakaza (1980-1990)
- Idriss Déby consolide son pouvoir (2004-2010)

Débat :
La traite esclavagiste a-t-elle permis la révolution industrielle européenne ?


Editorial de Bernard Lugan :
Mali : quelle stratégie de sortie de crise ?

En date du 21 février 2018, dans les colonnes du quotidien Le Monde, un « collectif de chercheurs » a publié une tribune intitulée « La France doit rompre avec la rhétorique martiale qui prévaut au Sahel », proposant une sortie de crise associée à un début de retrait français et à l’ouverture de discussions des autorités maliennes avec les jihadistes.

Si un consensus semble s’établir sur plusieurs points, notamment en ce qui concerne les erreurs de la communauté internationale dans la recherche d’accords hors sol, dans l’embouteillage sécuritaire interdisant toute action cohérente, et dans la référence à la nécessité de l’implication algérienne, je ne partage cependant pas le point de vue des auteurs de la tribune quant à leur proposition de sortie de crise.
Mes arguments sont les suivants :

- Comme je ne cesse de le dire depuis des années, le jihadisme n’est pas ici l’essentiel puisqu’il est d’abord la surinfection d’une plaie ethno-« raciale » que les autorités de Bamako n’ont pas l’intention de cautériser.
- Les auteurs font largement l’impasse sur la question touareg qui est pourtant à l’origine du conflit.
- Selon les signataires de cette tribune, ce serait paradoxalement la présence militaire française qui radicaliserait la situation et empêcherait les acteurs locaux de discuter entre eux[1]...

Ce dernier point appelle quatre grandes remarques :

1) Au Mali, les protagonistes n’ont pas attendu la présence militaire française pour livrer les guerres de 1963, de 1984, de 1990, de 1992, de 2006 et de 2008…
2) Dans le Macina, la guerre ethno-sociale se fait hors présence militaire française.
3) Qui peut penser que le départ des forces françaises permettrait, comme par un coup de baguette magique, de réunir autour de l’arbre à palabres, les acteurs d’un conflit millénaire dont, avec opportunisme, les jihadistes ont profité ?
4) Enfin, si l’armée française se retirait, les forces de Bamako seraient tôt ou tard « reconduites » vers le fleuve par les Touareg qui reprendraient un combat mis entre parenthèses pour ne pas déplaire à Paris.

La vérité, et il est impératif de cesser de la cacher, est que les ennemis de Bamako n’étant pas ceux de Paris, la France et le Mali mènent donc deux guerres différentes.
Les soldats français traquent ainsi au prix de leur vie[2] des jihadistes que les autorités maliennes voient quasiment comme des « alliés » contre les séparatistes touareg. Dans ces conditions, les dernières opérations militaires françaises « gênent » effectivement nos « partenaires » maliens…

Cependant, quoiqu’il en soit de la négociation que ces derniers conduisent actuellement dans le dos de nos militaires, rien ne sera pacifié à long terme puisque, à la source du conflit se trouve la question touareg que ces pourparlers ne régleront pas.
De plus comme en fin de processus, l’ethno-mathématique électorale donnera automatiquement le pouvoir aux sudistes, légitimé par la démocratie, le régime malien ne fera aucune concession fondamentale aux Touareg, lesquels continueront donc à se révolter.

[1] Ils critiquent ainsi les dernières opérations militaires ayant abouti à l’élimination de jihadistes.
[2] Qui osera dire aux Maliens qu’il est de plus en plus inacceptable que des soldats français se fassent tuer pour les défendre, quand des dizaines de milliers de jeunes déserteurs maliens viennent trouver un havre économique en France au lieu de combattre pour leur patrie ?
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Bernard Lugan lauréat du prix « La Plume et l’Epée »

ven, 23/02/2018 - 19:31

Mardi 20 février 2018, dans les salons de l’Hôtel du Grand Commandement à Tours, le jury  remet le prix « La Plume et l’Epée »  à Bernard Lugan pour son livre « Osons dire la vérité à l’Afrique ».Ce prix littéraire remis chaque année depuis 2009, est destiné à « contribuer à stimuler la pensée et la culture militaires en honorant les auteurs qui font l’effort de publier un ouvrage amenant à réfléchir sur le métier des armes sous tous ses aspects. Les engagements opérationnels de nos armées, multiples et exigeants, démontrent cette nécessité pérenne pour le chef militaire « d’agir  en homme de pensée et de penser en homme d’action » (Henri Bergson). La fréquentation d’auteurs de qualité est une source de repères et une aide à la maturation des concepts. Elle est donc indispensable à tout cadre militaire, quel que soit son niveau, du moment où, isolé, il doit dans l’urgence mettre en œuvre ses capacités à apprécier la situation. Elle est enfin indispensable pour tous les officiers appelés à tenir des postes de responsabilité dans la sphère politico-militaire ou des postes de conception en état-major ».
L’organisateur de ce prix est la DRHAT-Tours (Direction des ressources Humaines de l’Armée de Terre ). Les résultats sont proclamés à l’Hôtel de ville de Tours dans le cadre du salon du livre militaire organisé par la ville au mois de décembre de chaque année.



Pour commander Osons dire la vérité à l'Afrique :
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Jacob Zuma ou le nouvel échec de l’Afrique du Sud « post-apartheid »

mer, 14/02/2018 - 22:36
En Afrique du Sud, les fins de mandat des présidents se ressemblent : par un coup d’Etat interne à l’ANC, le vice-président Cyril Ramaphosa a évincé le président Jacob Zuma, lequel avait fait de même avec Thabo Mbeki en 2008. En dehors du fait qu’un Venda va remplacer un Zulu, cette révolution de palais ne changera pas grand-chose dans le pays. A un Jacob Zuma lié au gang indien Gupta[1], va en effet succéder l’ex avocat-syndicaliste Cyril Ramaphosa. Ce dernier a bâti sa colossale fortune dans les conseils d’administration des sociétés minières blanches au sein desquels il fut coopté en échange de son « expertise » syndicale. En réalité, il fut adoubé par le patronat pour contrer les revendications des mineurs noirs dont il fut le représentant avant 1994 !!!
Le leader révolutionnaire Julius Malema a donc raison de dire qu': « En Afrique du Sud, la situation est pire que sous l’apartheid (et que) la seule chose qui a changé, c’est qu’un gouvernement blanc a été remplacé par un gouvernement de Noirs ». Avec une différence cependant : avant 1994 les Noirs ne mouraient pas de faim, ils étaient gratuitement soignés et éduqués, l’électricité fonctionnait, les pénuries d’eau étaient inconnues et la police faisait son travail…
La présidence de Jacob Zuma s’est donc achevée dans le désastre. Englué dans plusieurs affaires de corruption, le président sud-africain a été pris la main dans le sac d’une gigantesque entreprise de favoritisme d’Etat au profit de la famille Gupta. Une commission judiciaire fut même désignée pour enquêter sur la gravissime accusation de « State Capture » car ces gangsters affairistes avaient réussi à imposer leur droit de regard sur les nominations officielles, ce qui leur avait permis de placer leurs agents à tous les rouages de décision de l’Etat et des entreprises publiques.
Ne nous trompons pas d’analyse, car le départ de Jacob Zuma ne va pas permettre d’ouvrir des fontaines laissant couler le lait et le miel. Contrairement à ce qu’écrivent les journalistes, l’affaire Zuma est en effet, et d’abord, la conséquence de l’incurie du parti gouvernemental ANC, l’arbre qui cache la forêt d’un gangstérisme d’Etat. C’est la faillite de l’ANC qui est mise en évidence à travers elle car, entre 1994 et 2018, le mouvement de Nelson Mandela a conduit le pays vers un naufrage qui se mesure en quelques chiffres :- Bien que réalisant ¼ du PIB de tout le continent, l’Afrique du Sud est aujourd’hui devenue un des 5 pays « les moins performants » d’Afrique, juste devant les Comores, Madagascar, le Soudan et le Swaziland. - Au mois de mai 2017, l’Afrique du Sud est entrée en récession. Or, en 2000, il fut acté par l’ONU que les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) dont le principal était le recul de la pauvreté, ne pourraient être atteints sans un minimum de croissance annuelle de 7% durant plusieurs années.- Le chômage touche plus de 40% des actifs quand les chiffres officiels sont de 25%- Le revenu de la tranche la plus démunie de la population noire est inférieur de près de 50% à celui qu’il était sous le régime blanc d’avant 1994. - Un habitant sur trois survit grâce aux aides sociales, le Social Grant. - A l’exception de l’agriculture, branche encore contrôlée par les Blancs - mais pour combien de temps? -, tous les secteurs économiques sud-africains sont en recul, à commencer par les industries de main d’œuvre (textile, vêtement, chaussures), qui n’ont pu résister aux importations chinoises. Quant aux secteurs de la mécanique dans lesquels, avant 1994, l’Afrique du Sud produisait la majeure partie des pièces dont ses industries avaient besoin, ils sont moribonds.- Même les mines ont sombré. Pertes de production et de revenus, plus coûts d’exploitation en hausse constants, ont eu pour conséquence la fermeture des puits secondaires et la mise à pied de dizaines de milliers de mineurs. Pour maintenir la production, il aurait fallu investir des sommes colossales, mais le climat social, la corruption et l’insécurité ont découragé les investisseurs qui ont préféré faire glisser leurs activités vers des pays moins incertains. L’industrie minière est également pénalisée par les coupures de courant à répétition car la compagnie publique Eskom, littéralement pillée par ses nouveaux dirigeants nommés par l’ANC a, de plus, vécu sur l’héritage laissé par le régime blanc et sans procéder aux investissements indispensables. Résultat : les mines qui représentent aujourd’hui 10% du PIB sud-africain, qui emploient 8% de la population active et qui sont le premier employeur du pays avec 500.000 emplois directs, ont perdu plus de 300.000 emplois depuis 1994.
Le soit disant héritage négatif de «l 'apartheid » a, des années durant, servi d’excuse aux dirigeants sud-africains. Or, personne ne peut plus nier qu’en 1994, quand le président De Klerk hissa au pouvoir un Nelson Mandela bien incapable de le conquérir par les armes, il légua à l’ANC la première économie du continent, un pays doté d’infrastructures de communication et de transport à l’égal des pays développés, un secteur financier moderne et prospère, une large indépendance énergétique, une industrie diversifiée, des capacités techniques de haut niveau et la première armée africaine. Force est également de constater que, libérée de l’ « oppression raciste », la « nouvelle Afrique du Sud » fut immédiatement la proie du parti prédateur ANC dont les cadres, aussi incapables que corrompus, eurent comme objectif principal leur propre enrichissement. La leçon sud-africaine est donc limpide : en 24 ans de pouvoir sans partage, l’ANC a ruiné un pays prospère, le transformant en un Etat du « tiers-monde » dérivant dans un océan de pénuries, de corruption, de misère sociale et de violences. Les gogos occidentaux continueront pourtant à se pâmer devant la figure tutélaire de Nelson Mandela, le chef de l’ANC, tout en continuant à avoir « les yeux de Chimène » pour le fantasme de la « nation arc-en-ciel ». Dans les jours qui viennent, tétanisés par leurs certitudes, les « spécialistes » auto-proclamés vont donc disserter à l’infini sur le remplacement du « maffieux » Zuma par le « vertueux » Ramaphosa. « Vertueux » par définition puisqu’il était prétendument l’héritier préféré de « l’icône » Mandela…
La seule question qui mériterait d’être posée, mais ils ne la poseront pas, ou alors très partiellement, est de savoir comment le nouveau président va pouvoir gérer le naufrage de l’économie sud-africaine, comment il va pouvoir gouverner en étant pris entre des pressions internes et externes contradictoires. Vont en effet se confronter deux plaques tectoniques, celle des milieux d’affaires pro-occidentaux qui ont fait sa fortune et celle des tendances radicales-racialistes lourdes qui constituent le fonds de commerce de l’ANC et des partisans de Julius Malema.
Bernard Lugan14/02/2017
[1] Voir à ce sujet le dossier consacré à cette question publié dans le numéro du mois de juillet 2017 de l’Afrique Réelle (n°91) sous le titre « Jacob Zuma peut-il survivre au Gupta Gate ? ».
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L'Afrique Réelle N°98 - Février 2018

ven, 02/02/2018 - 16:46
Sommaire :
Actualité :- Centrafrique : Vladimir Poutine va-t-il rebattre les cartes ?- L’Afrique d’Obama : un égoïsme moralisateur. L’Afrique de Trump : une indifférence décomplexée.
Dossier :- Touaregs : Une propension à la division qui interdit tout projet politique cohérent- L'Afrique ou les Afriques ?
A travers la presse algérienne :- L’Arabie Saoudite et les représentants salafistes algériens

Editorial de Bernard Lugan :

Osons dire la vérité à l’Afrique

Sept décennies après les indépendances, il est aujourd’hui devenu urgent et même vital de dire enfin à l’Afrique qu’elle est dans une impasse et qu’aucun « développement » n’y sera possible tant qu’y dominera ce discours de victimisation dont ses dirigeants ont tiré une rente qui ne sera pas éternelle.

Loin de « démarrer », l'Afrique sud saharienne revient peu à peu à l'économie de comptoir. Comme au XVIIIe siècle quand les dirigeants africains esclavagistes tiraient leur richesse du partenariat établi avec les négriers européens qui venaient leur acheter les captifs. Les comptoirs d’aujourd’hui sont pétroliers ou miniers et ils enrichissent une poignée d'Africains, cependant que l'immense majorité de la population tente de simplement survivre. Ce grand bond en arrière est illustré par un retour à la traite humaine à travers l'émigration vers l'Europe.

Comme je l’explique dans un livre (réédité en janvier 2018) qui vient de recevoir le prix « La Plume et l’Epée », l’Afrique ne sortira jamais de sa situation catastrophique tant que quatre principaux problèmes n’y auront pas été pris en compte :

1) Le premier est celui du suicide démographique car les naissances allant plus vite que le développement, chaque jour qui passe, l’Afrique s’appauvrit davantage.

2) Le second est celui des fondamentaux ethniques car, qu’on le veuille ou non, l'ethnie est le passage obligé de toute reconstruction africaine. Au milieu de la désagrégation généralisée, elle seule permettra de trouver le plus petit commun dénominateur sur lequel rassembler les hommes.
 L'élargissement viendra ensuite à travers des contrats territoriaux de libre association, qu'il s'agisse de fédérations, de confédérations ou de tous autres modèles. La condition sine qua non de leur réussite sera cependant qu'ils ne reposent pas sur la représentation individualiste, sur la religion du « one man, one vote », laquelle débouche inéluctablement sur l’ethno-mathématique électorale.

3) Le troisième est la nécessité de l’abandon du paradigme économique. Je démontre ainsi dans mon livre  que les principales crises africaines sont structurelles et qu’elles ont une origine historique, politique et culturelle. Or, tant que leur analyse continuera d'être d'abord économique, elles n'auront aucune chance d'être traitées.

4) Il est enfin temps d’admettre qu'avant d'être « francophones » ou « anglophones », « chrétiens » ou « musulmans », les habitants de l'Afrique sont d'abord des Africains qui parlent des langues africaines et qui ont leurs croyances. Comme l'a dit Ahmadou Kourouma : « [L'Afrique] est habitée par des animistes, les uns teintés de christianisme, les autres d'islam. »

En définitive, les sociétés africaines n'étant nées ni avec la colonisation, ni avec la décolonisation, elles doivent rétablir les vrais liens qui les relient à leur longue histoire ; or, ces liens furent coupés par les idéologies universalistes plaquées sur elles depuis l'époque coloniale.
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Mali : rester ou partir ?

sam, 13/01/2018 - 20:11
Analyse de Bernard Lugan

Le 11 janvier 2018, au Mali, trois militaires français ont été blessés dans un attentat-suicide. Dans le pays, nos forces sont dans une situation complexe  car elles sont dans l’incapacité d’agir sur les causes d’un conflit ethno-régional, le jihadisme n’étant que la surinfection d’une plaie ethnique.Jour après jour il apparaît également qu’en réalité  la France et le Mali n’ont pas le même  ennemi. Pour Paris ce sont les jihadistes, alors que pour Bamako ce sont d’abord les Touareg… Pour le gouvernement malien, les jihadistes ne constituent en effet pas un ennemi existentiel, à la différence des Touareg qui veulent la partition du pays.
Dans ces conditions, pouvons-nous encore faire semblant de croire que le Mali et la France sont des alliés? Pouvons-nous, dans l’état, continuer à engager nos soldats dans un combat qui pourrait être sans issue puisque les deux armées ne poursuivent pas les mêmes buts? N’y a-t-il pas en plus un risque de voir Barkhane placée entre le marteau touareg et l’enclume sudiste tout en étant prise de flanc par les jihadistes ?
En résumé, l’évolution de la situation fait qu’il n’est plus possible d’analyser la question du Mali comme au moment du déclenchement de l’Opération Serval, ni même lors de la bascule avec Barkhane. C’est donc toute la question de la forme de notre engagement qui doit être analysée et peut-être revue.
La suite de cette longue analyse détaillée est réservée aux abonnés à l'Afrique Réelle. Pour la recevoir par courriel, vous devez être abonné. Pour vous abonner, cliquer ici
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L'Afrique Réelle N°97 - Janvier 2018

mer, 03/01/2018 - 22:32
Sommaire :  Dossier : Afrique, les points chauds de 2018- L’Afrique du Nord entre jihadisme et crises structurelles- Le Sahel face à l’ethnisation du jihadisme- De la Corne au Limpopo
Actualité :La traite des esclaves en Libye : une vieille pratique
Histoire :Heia Safari : Du Kilimanjaro aux combats de Berlin, l’épopée du général von Lettow-Vorbeck

Editorial de Bernard Lugan :
2018 : La vraie décolonisation de l’Afrique commence

Dans les pays du nord où priment l’économique et l’idéologie, l’analyse de la situation africaine est désespérément simple, pour ne pas dire simpliste : si le continent est sinistré, c’est par manque de développement. Voilà pourquoi, durant plus d’un demi-siècle, des sommes considérables y furent déversées. En vain.
L’échec des politiques de développement étant évident, le marasme africain fut ensuite attribué à l’absence de démocratie. Le continent se vit alors imposer la suppression du parti unique qui maintenait un semblant de cohésion des mosaïques ethniques locales. La conséquence d’une telle politique hors sol se lit aujourd’hui à travers l’émiettement politico-ethnique, l’ethno-mathématique et l’anarchie.

Toujours imbus de leurs principes démocratiques et porteurs de l’arrogant néo-colonialisme des « droits de l’homme » archétypiquement incarné par la CPI, les idéologues des pays du nord, ne voient pas qu’une révolution a commencé au sud du Sahara. Et qu’elle se fait précisément au nom de la contestation de leurs dogmes. Nous sommes en effet en présence de la première véritable tentative de décolonisation en profondeur du continent à travers le rejet global de l’universalisme des Lumières et du contrat social. Contrairement à ce que veulent nous faire croire la plupart des intellectuels africains installés en Europe ou aux Amériques et qui sont tout à la fois des déserteurs du développement et de modernes « Oncles Tom » n’ayant que les mots de démocratie et de développement à la bouche, leur continent d’origine n’accepte en effet plus la doxa occidentale.

Mais une fois la greffe politico-morale européo-américaine rejetée, les Afriques n’entreront pas pour autant dans le cycle des félicités. Les futures élites africaines devront en effet trouver des solutions urgentes au suicide démographique continental tout en définissant de nouveaux rapports politiques entre les diverses composantes ethniques de leurs pays respectifs.

A cet égard, la situation du Sahel résume les problèmes du continent. Ici, à partir de la révolution néolithique, les sédentaires sudistes ont vécu dans la terreur des raids lancés contre leurs villages par les nomades nordistes, qu’il s’agisse, d’ouest en est, des Maures, des Touareg, des Toubou ou encore des Zaghawa. La colonisation libéra les premiers, puis elle inversa le rapport des forces en leur faveur.

Avec les indépendances, l’espace sahélo saharien fut ensuite cloisonné par des frontières artificielles. Pris au piège de l’Etat-nation, sudistes et nordistes furent alors forcés de vivre ensemble. Le traumatisme fut d’autant plus fort qu’après la fin du parti unique, la démocratie électorale ethno-mathématique donna le pouvoir aux plus nombreux, c’est-à-dire aux sudistes qui n’ont pas boudé leur revanche historique. Voilà qui explique d'abord les évènements actuels de cette région, et non le manque de développement ou le « déficit démocratique ».
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Nouveau livre de Bernard Lugan : Heia Safari

sam, 09/12/2017 - 18:24

























Présentation :
De 1914 à 1918, loin des fronts d’Europe, dans l’est africain, coupés de toute possibilité de ravitaillement, et commandés par le colonel puis général Paul von Lettow-Vorbeck, quelques milliers d’Allemands et d’askaris résistèrent à 300 000 soldats britanniques, belges, sud-africains et portugais.
Au mois de mars 1916, après deux années de victoires remportées au cri de « Heia Safari », l’arrivée de plusieurs dizaines de milliers de soldats sud-africains contraignit von Lettow-Vorbeck à changer de tactique.
Il choisit alors celle du repli offensif, se dérobant devant des forces trop nombreuses pour les attaquer ensuite par surprise. De novembre 1917 à septembre 1918, sa retraite offensive le conduisit jusqu’au Mozambique où il enchaîna les victoires.
Au mois de septembre 1918, alors qu’il lui restait moins de 200 Allemands et environ 2 000 askaris, le général von Lettow-Vorbeck décida d’envahir la colonie britannique de Rhodésie. Le 13 novembre, il y apprit qu’un armistice avait été signé en Europe. Il refusa de se rendre, déclarant au commandement britannique qu’il pouvait encore combattre durant deux années.
Finalement, le 25 novembre 1918, en Rhodésie du Nord, l’actuelle Zambie, et alors que l'armistice était signé depuis 14 jours, 155 Allemands, officiers, sous-officiers, rappelés et volontaires, ainsi que 1156 askaris et 1598 porteurs se formèrent en carré face aux forces britanniques. Devant eux, le chef admiré auquel les askaris avaient donné le nom de « Bwana mukubwa ya akili mingi » (le grand homme qui peut tout).
Rentré en Allemagne, le 1er juillet 1919, sur ordre du gouvernement, le général von Lettow-Vorbeck écrasa le soulèvement communiste à la tête d’un corps de volontaires, le « Lettow-Korps ».
Du Kilimandjaro aux combats de Berlin, cette épopée méconnue qui mériterait d’être enseignée dans les académies militaires, est ici racontée dans un livre abondamment illustré.

Table des matières :

Chapitre I :
- De Pékin au Sud-Ouest africain (1900-1907)
Chapitre II :
- L’Est africain allemand avant l’arrivée du colonel von Lettow-Vorbeck
Chapitre III :
- 1914 - 1915 : von Lettow-Vorbeck prend l’avantage
Chapitre IV :
- Les opérations navales
Chapitre V :
- 1916 : L’offensive anglo-belge
Chapitre VI :
- 1917 : comment retarder l’inéluctable ?
Chapitre VII :
- Von Lettow-Vorbeck envahit le Mozambique
Chapitre VIII :
- La fin de la guerre
Chapitre IX :
- Retour en Allemagne : von Lettow-Vorbeck face aux bolcheviques
Conclusion 
Bibliographie
Index de noms utilisés

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Sommaire du n°96 - Décembre 2017

sam, 02/12/2017 - 13:06
Sommaire
Actualité :- La Libye face aux errements diplomatiques- Le Kenya : ce pays qui n’existe pas mais dont l’économie tourne...
Dossier : Zimbabwe- De la Rhodésie au Zimbabwe- Le Zimbabwe : un pays ruiné par Robert Mugabe- Comment le Zimbabwe a détruit sa prospère agriculture

Editorial de Bernard Lugan :Robert Mugabe, les Zezuru et les Karanga
La lecture européenne de la crise du Zimbabwe s’est faite au seul niveau des apparences : Grace Mugabe (41 ans), intriguait pour succéder à son époux (93 ans). Emmerson Mnangagwa, le vice-président pensait être l’héritier et il protesta. Démis, il s’enfuit. N’acceptant pas cette succession imposée, l’armée fit un coup d’Etat.
Les évènements prennent un autre éclairage si nous les relions à la rivalité entre deux tribus appartenant toutes deux à l’ethnie shona, à savoir d’une part les Zezuru, tribu de Robert Mugabe et de sa femme, et les Karanga, tribu d’Emmerson Mnangagwa d’autre part. Leur rivalité découle effectivement de la question de la succession de Robert Mugabe, car, jusque-là, Emmerson Mnangagwa avait été d’une totale loyauté envers le président.
L’ethnie Shona (70% de la population), est divisée en cinq principales tribus, les Korekore ou Shona du Nord, les Zezuru ou Shona du centre, les Karanga ou Shona du Sud, les Manyika et les Kalanga-Rowzi. Trois dominent, les Zezuru, les Karanga et les Manyika.
Avec Robert Mugabe les Zezuru étaient au pouvoir et, à la manière d’un gang, le clan présidentiel tenait le pays. Avec Emmerson Mnangagwa dit Ngwena (Crocodile) en shona, ce sont les Karanga qui prennent le contrôle du Zimbabwe.
Emmerson Mnangagwa est le chef des « anciens combattants » de la guerre d’indépendance. Entraîné par les communistes et notamment les Chinois, il est l’homme du renseignement et des coups tordus. C’est lui qui dirigea la sanglante répression des partisans de Morgan Tsvangirai entre les deux tours des élections présidentielles de 2008.
Désormais quatre grandes questions se posent : - Comment le nouvel homme fort va-t-il s’y prendre pour casser la mainmise des Zezuru sur l’Etat et sur l’économie ?- Que vont faire les Manyika qui sont très implantés dans l’armée, même si, dans un premier temps, Karanga et Manyika vont s’allier contre les Zezuru ?- Les Zezuru vont-ils se laisser dépouiller sans réagir ? - Massacrés dans les années 1980, les Matabelé (20% de la population) vont-ils tenter de profiter de la situation pour prendre leur revanche ?
La suite des évènements devra donc être suivie avec attention ; d’autant plus que le Zimbabwe est ruiné et au bord de la famine.
L’euphorie du peuple Zimbabwéen risque fort d’être de courte durée avec une situation économique catastrophique et une population réduite à une économie de subsistance. Un quart des adultes a fui le pays, la majorité vers l’Afrique du Sud où on évalue leur nombre à 3 millions. D'énormes queues se forment chaque jour aux portes des banques afin de retirer les $20 quotidiens, retrait maximum autorisé. Alors que l’ancienne Rhodésie était un exportateur majeur de produits agricoles, 80% des produits alimentaires nécessaires sont aujourd’hui importés. L’expulsion brutale des fermiers Blancs et de leur personnel par les gangs d’incendiaires activés par le régime Mugabe a conduit au déplacement et à la misère des dizaines de milliers de travailleurs agricoles.
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Zimbabwe : fin de route pour Robert Mugabe [1] ?

jeu, 16/11/2017 - 18:26
Robert Mugabe, dit « Comrade Bob », né en 1924 dans le dispensaire d’une mission protestante, eut, durant toute sa vie, des certitudes bornées par le christianisme révolutionnaire, par le marxisme et par la haine des Blancs. En 1963, il fut un des fondateurs du mouvement nationaliste ZANU (Zimbabwe African National Union), avant d’être arrêté en 1964. Le 11 novembre 1965, dirigés par Ian Smith, et en dépit des menaces de sanctions économiques et politiques, les Blancs de Rhodésie du Sud -228 000 pour 4.847.000 d’Africains-, rompirent avec la Grande-Bretagne et ils proclamèrent l’indépendance du pays sous le nom de Rhodésie. L'ONU vota des sanctions et un embargo total.Libéré en 1975, Robert Mugabe partit pour le Mozambique où il devint le chef de l’aile militaire de la ZANU, la ZANA (Zimbabwe African National Army).
Quasiment cernée par des pays ennemis, la petite armée rhodésienne, rustique et pugnace résista à toutes les attaques. Jusqu’au moment, où, croyant acheter sa survie en la poignardant dans le dos, l’Afrique du Sud blanche lui coupa les approvisionnements en carburant. Les dirigeants rhodésiens furent alors acculés à signer les accords de Lancaster House. Puis, du 27 au 29 février 1980, eurent lieu des élections.
Ce fut un vote ethnique dans la mesure où les suffrages des 70 % de Shona se portèrent sur les candidats de Robert Mugabe, tandis que les votes des 30% de Matabélé se retrouvèrent sur les candidats de leur leader, Josuah Nkomo. Une fois de plus, l’ethno-mathématique avait donc parlé et en avril 1980, la Rhodésie devint officiellement indépendante, sous le nom de Zimbabwe. Dans le sud du pays, en zone matabélé, une guerre tribale éclata aussitôt, les Matabélé n'acceptant pas de se voir dirigés par les Shona qu’ils avaient soumis avant la venue des Blancs. Cette révolte fut férocement écrasée par la 5° brigade de l’armée du Zimbabwe, exclusivement composée de Shona encadrés par des Nord-Coréens.
Depuis 1980, « Comrade Bob » régnait donc sur ce qui fut la prospère Rhodésie dont il fit un goulag ruiné. Et pourtant,  l’héritage laissé par le régime blanc était exceptionnel : le pays disposait d’excellentes infrastructures routières et ferroviaires, la population était largement alphabétisée et l’économie de type industriel avait un secteur agricole hautement compétitif. De plus, la politique des sanctions internationales avait contraint les Rhodésiens à créer une industrie de transformation. Quelques années plus tard, l’héritage laissé par les « colons » ayant été dilapidé, la faillite était totale. En 1995, l’augmentation de 67% du prix du litre d’essence et de 345% de celui du pétrole lampant utilisé pour la cuisine et l’éclairage domestique provoqua de graves émeutes dans les principales villes du pays. Leur répression fut sanglante.En 1999 la catastrophe connut une nouvelle accélération avec l’effondrement  du dollar zimbabwéen qui  perdit 80% de sa valeur face aux devises. L’inflation dépassa alors les 57%, tandis-que le prix du gallon d’essence passa de 5 à 12 dollars zimbabwéens. Quant au taux de chômage, il atteignit les 50% Or, avec une croissance démographique de 2,8% par an, le Zimbabwe voyait arriver chaque année des dizaines de milliers de jeunes adultes sur le marché du travail.
Tentant une manœuvre de pure démagogie, Robert Mugabe fit voter par l’Assemblée l’expropriation sans indemnité des fermiers blancs, puis il ordonna à ses militants d’occuper leurs fermes. Plusieurs fermiers furent alors massacrés et leurs femmes violées…Dans le plus total silence des bonnes âmes européennes.
Or, comme les trois quarts des productions agricoles industrielles et commerciales soutenant la balance des paiements du Zimbabwe, à savoir le tabac, le paprika, le coton et l’élevage, avaient pour origine les 4000 fermes encore possédées par les Blancs, le résultat de cette spoliation ne se fit pas attendre. Dès 2001, jadis exportateur de nourriture, le Zimbabwe  fut ainsi contraint de lancer un appel à l’aide internationale pour éviter la famine… Et comme 300 000 emplois avaient été perdus dans le secteur agricole et ses dérivés, le taux de chômage bondit à 65%...
A la fin de l’année 2007, l’inflation avoisinait en cumulé les 100 000 %. En 2008, les prix des produits alimentaires augmentèrent de 30 à 40% par jour et ceux des  transports publics de 15 à 20% par jour…Au mois  de février 2008, l’inflation était de 165 000 %, au mois de juillet de 2,2 millions de % et  le 19 août de 15 millions de % !!! Début août, la canette de bière coûtait 800 milliards de dollars zimbabwéens.
Pour le clan qui avait fait main-basse sur le pays, tout allait cependant bien puisque, le 31 juillet 2013, Robert Mugabe remporta les élections présidentielles en étant élu pour un 6° mandat…A partir de ce moment, Grace Mugabe, l’épouse du président, prit de plus en plus d’importance dans la vie politique du pays en devenant  secrétaire nationale de la ligue féminine du parti au pouvoir.
En 2016, le pays fut une nouvelle fois au bord de la famine et le gouvernement se vit obligé d’importer des cargaisons massives de nourriture. Au mois de février, la situation fut à ce point grave que les entreprises furent contraintes de participer à l’achat de vivres à l’étranger…Mais, le 27 février, alors que le pays était en état de quasi famine, les 92 ans du président Mugabe furent fastueusement célébrés devant 50 000 invités dans une débauche de dépenses.
Le mandat de Robert Mugabe s’achevant en 2018, et, compte tenu de l’âge du président, des remous commencèrent à parcourir le parti présidentiel ; d’autant plus qu’au mois de juillet 2016, tout le pays fut secoué par d’importants mouvements sociaux. C’est dans ce contexte lourd d’orages que le clan présidentiel tenta d’imposer Grace Mugabe (48 ans), pour succéder à son époux devenu cacochyme. La fracture au sein du parti de gouvernement apparut alors au grand jour car Grace Mugabe était plus que contestée en raison de ses frasques multiples et de son insolent train de vie.
Ses opposants se rangèrent alors derrière le vice-président Emmerson Mnangagwa mais, au mois d’octobre 2017, ce dernier fut démis et il s’enfuit au Mozambique.Tout  bascula alors, car l’armée, pourtant pilier du régime, prit son parti. Certes, afin d’empêcher l’installation au pouvoir de Grace Mugabe, mais d’abord pour précéder un mouvement de purge qui allait permettre la nomination aux postes de commandement de partisans de cette dernière.
Emmerson Mnangagwa succédera-t-il à Robert Mugabe dont il fut jusqu’à ces derniers mois, non seulement l’homme de main, mais celui qui, chef de ses services de renseignement, fut l’exécuteur de ses plus basses, de ses plus sanglantes et de ses plus sordides œuvres ? Si tel était le cas, nul doute que les démocrates et les défenseurs des droits de l’homme trouveraient en lui un interlocuteur « bienveillant »…

Bernard Lugan

[1]Le numéro de décembre 2017 de l’Afrique Réelle que les abonnés recevront le 1er décembre contiendra un important dossier consacré au Zimbabwe.
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