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Diplomacy & Defense Think Tank News

La crise au Burundi peut-elle dériver vers un génocide ?

IRIS - Tue, 12/01/2016 - 17:21

Après le signalement de nouveaux crimes ce weekend à Bujumbura, la situation sécuritaire reste préoccupante au Burundi, certains craignant même une dérive génocidaire. Quels sont les éléments de tension ?
Un rapport confidentiel présenté au Conseil de sécurité des Nations unies indique qu’il y a différents scénarios possibles, dont celui, tout à fait envisageable, d’un génocide. Nous sommes dans une situation qui s’est profondément aggravée au fil du temps. Cela remonte à la décision d’avril 2015 du président burundais Pierre Nkurunziza de se présenter aux élections présidentielles et de faire, si ce n’est un coup d’Etat constitutionnel, une manipulation constitutionnelle dans le but de briguer un troisième mandat. Il y a depuis eu une extension des mouvements d’opposition, des répressions extrêmement violentes, une tentative ratée de coup d’Etat et des attaques de bastions militaires à Bujumbura au mois de décembre, fortement réprimées. Nous sommes donc dans un engrenage.
Jusqu’à présent, le conflit n’était pas réellement ethnicisé, même s’il y avait en mémoire ce qui s’est passé entre 1993 et 2005 où il y a eu environ 300.000 morts. On était dans une situation où le jeu paraissait essentiellement politique. Or, aujourd’hui, entre cinq et sept factions armées sont à la fois présentes au Burundi et dans les deux pays voisins, la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, et sont toujours capables de mobiliser des jeunes désœuvrés. De très nombreuses armes circulent et sont disponibles. Il existe un risque réel de dérive pouvant conduire à une augmentation des assassinats et des déplacés que l’on estime déjà à plus de 200.000 personnes. Les risques que cette grave crise dérive vers un génocide sont réels.

La communauté internationale s’est-elle saisie de l’ampleur de la crise ?
La communauté internationale s’en est saisie, mais le Burundi ne représente pas un réel enjeu stratégique sur le plan international. Il ne concerne pas les problématiques liées au djihadisme, au terrorisme et à l’islamisme radical, qui préoccupent actuellement le monde occidental. C’est un petit pays enclavé qui n’est pas non plus stratégique du point de vue de ses ressources. Toutefois, la communauté internationale a en tête le génocide de 1994 au Rwanda, où sa responsabilité est grande. Elle est consciente que l’histoire ne doit pas se répéter dans le pays jumeau qu’est le Burundi.
La France a, au niveau des Nations unies, fait des propositions d’intervention. Une intervention des Nations unies est bien entendu envisageable si le scénario pré-génocidaire est retenu. Ceci étant, tous les pays membres du Conseil de sécurité n’ont pas la même position du cas burundais puisque Nkurunziza est notamment défendu par la Russie et la Chine, ce qui est susceptible d’entraîner un veto au niveau du Conseil de sécurité.
L’Union européenne se mobilise comme elle le fait d’habitude, c’est-à-dire par des sanctions, en affirmant que l’aide ne doit pas non plus nuire aux populations burundaises. Il faut en effet savoir que l’aide est fondamentale pour assurer l’équilibre budgétaire du Burundi. L’Europe n’est ainsi pas très mobilisée, si ce n’est au nom de la défense des droits de l’homme.
Quant à l’Union africaine (UA), elle a avancé des propositions d’intervention militaire qui ont été récusées par le pouvoir burundais. Il faut savoir que l’UA est un syndicat de chefs d’Etats et qu’elle peut, en vertu de ses accords constitutifs, intervenir malgré la volonté d’un pays. Mais en réalité, la plupart d’entre eux n’en ont pas envie. Pour ce faire, il faudrait une majorité des deux-tiers, ce qui semble peu probable. Beaucoup de pays dont les chefs d’Etats ont eux aussi manipulé la constitution ne souhaitent pas adopter une position forte vis-à-vis du Burundi. C’est notamment le cas de la RDC, de la Tanzanie, de l’Angola ou encore du Zimbabwe. La négociation lancée sous l’égide de l’Ouganda entre les représentants du pouvoir en place et le regroupement des différentes forces de l’opposition, eux-mêmes très divisés, a échoué. Pour l’instant, l’UA est largement défaillante.

Le Burundi accuse notamment le Rwanda d’entraîner des Burundais sur son sol et les renseignements de la RDC s’inquiètent d’infiltrations à l’Est de rebelles burundais. Quels sont les risques d’un embrasement régional ?
Les risques d’un embrasement régional sont très grands. Il s’agit d’une configuration où les différentes factions armées sont localisées en RDC, au Rwanda et en même temps au Burundi. Le recrutement de jeunes ne pouvant s’effectuer sur une base religieuse, se fera naturellement sur une base ethnique (entre hutu et tutsi). Ainsi, le problème va s’ethniciser. Il est facile de mobiliser des jeunes désœuvrés sur cette base, dès lors qu’on leur fournit des armes et qu’on les paye. Il est évident que le conflit du Burundi deviendra un conflit régional. Le président rwandais Paul Kagamé a affirmé qu’il soutiendra jusqu’au bout les tutsis. La RDC soutiendra quant à elle les mouvements hutus. Les affrontements entre milices hutus et tutsis ayant cours dans la province du Kivu depuis 1994 s’accentueront au niveau régional. Cela n’est pas réjouissant et doit être à tout prix évité. Il y a de ce point de vue une responsabilité de la part de la communauté internationale, qui doit impérativement être présente sur le dossier burundais.

Public event: “Maritime Security: Differences between Europe and Asia”

ELIAMEP - Tue, 12/01/2016 - 13:19

The Hellenic Foundation for European and Foreign Policy (ELIAMEP) and the Embassy of Japan in Greece would like to cordially invite you to a public event on the theme of: “Maritime Security – Difference between Europe and Asia”.

Welcoming Remarks:
H.E Amb. Masuo Nishibayashi, Embassy of Japan, Athens

Speaker:
Prof. Satoshi Morimoto, National Security and Defense Policy Specialist & former Minister of Defense, Tokyo

Chair:
Dr. Thanos Dokos, Director General, ELIAMEP, Athens

The event will be held in English, on Friday 15 January 2016, at 11:00, at the Basil and Marina Theocharakis Foundation for the Fine Arts and Music (9, Vassilissis Sofias Avenue & 1, Merlin Street, 106 71 Athens).

You are kindly requested to confirm your participation to Ms. Anastasia Chatzopoulou by 13 January 2016 (Tel. 2107257124, E-mail:activities@eliamep.gr).

Va-t-on vers une restructuration du système politique espagnol ?

IRIS - Tue, 12/01/2016 - 12:33

Les élections du 20 décembre 2015 ont laissé un Parlement espagnol très fragmenté. Comment analysez-vous la situation politique actuelle ? Est-ce un bouleversement sans précédent du système politique espagnol et quelle issue est envisageable ?
Il y a une apparence de rupture, créée par l’émergence de nouveaux partis politiques, Podemos et Ciudadanos. Mais le système politique reste ce qu’il est, qu’il s’agisse de la Constitution ou du système de partis, avec des formations de droite, de gauche, nationales espagnoles et nationalistes périphériques. Ce qui est nouveau, c’est la situation créée par le résultat de l’élection. Traditionnellement, il y avait à chaque élection un parti très majoritaire, donc il y avait soit l’alternance d’un parti à un autre, soit une continuité. Dans le cas de figure actuel, les électeurs ont dispersé leurs voix et le parlement s’est ainsi retrouvé très fragmenté. Il y a une nécessité pour les uns et pour les autres d’ouvrir un dialogue en vue de voir s’il est possible de constituer une majorité, ce qui s’avère extrêmement difficile compte tenu du résultat d’une part, et de l’absence d’autre part d’une culture de dialogue et de compromis pour composer des majorités entre des forces politiques différentes. Depuis le 20 décembre 2015, le jeu est ouvert. Les propositions sont sur la table, mais on ne voit pas très bien quelle pourrait être l’issue de ces éventuelles négociations avant l’ouverture des travaux parlementaires. Nous verrons le 13 janvier 2016 si, pour la composition du bureau du parlement, les députés arrivent à se mettre d’accord sur l’élection d’un président et ensuite d’un bureau représentatif de la diversité du congrès des députés.

Carles Puigdemont a été élu à la présidence de la Catalogne, qu’il promet de mener vers l’indépendance en 2017. Peut-il accélérer le processus de sécession ? Comment l’exécutif national répond-il à ce défi ?
Carles Puigdemont ne peut manifestement pas accélérer le processus de sécession car la Constitution ne le permet pas. Il paraît difficile d’aller vers une décision de ce type sans qu’il y ait une négociation avec le pouvoir central. À partir du moment où le président du parlement catalan, avec sa majorité, refuse ce type de dialogue, le gouvernement central à Madrid va saisir le tribunal constitutionnel qui va invalider toutes les décisions prises comme hors la loi, même s’il s’agit d’un hors la loi assumé par une partie de la collectivité nationale, celle des partis indépendantistes catalans, majoritaires dans leur assemblée. Ce cas de figure s’est déjà manifesté au Pays basque. Les initiateurs de ces décisions doivent donc savoir qu’ils ne pourront pas aller au bout de leur démarche, ce qui pose un certain nombre d’interrogations et de problèmes, d’autant plus qu’un rapport de force aurait pu être créé si les partisans de l’indépendance de la Catalogne disposaient d’une très large majorité, ce qui n’est pas le cas. Il faut rappeler qu’aux élections du mois de septembre 2015, le parlement catalan ayant été dissous cette dissolution avait été présentée comme étant à caractère plébiscitaire. Une majorité parlementaire, petite mais réelle, en était sortie pour les partis indépendantistes. En revanche, ces partis étaient loin du compte en termes de voix puisqu’ils n’avaient obtenu qu’un petit peu moins de 48% des votes exprimés, ce qui ne leur donne manifestement pas le poids et la légitimité suffisante pour aller au bout de leur démarche.

L’Espagne est l’un des pays les plus impactés par la crise économique en Europe. La situation est-elle en train de s’améliorer ?
La situation est en train de s’améliorer du point de vue macroéconomique. Il y a une reprise effective, avec des créations d’emplois, mais le trou dans lequel était tombée l’économie espagnole était si grand et les effets négatifs sur la population si importants que le redressement de la courbe de ces derniers mois n’est pas encore perçu par la majorité de la population, ce qui explique le vote sanction du 20 décembre 2015. Il s’agit en effet d’un vote de sanction. Le parti populaire est arrivé en tête, mais il a perdu 63 députés. L’interprétation qu’on doit donner au vote exprimé est donc sans équivoque. Les électeurs ont considéré qu’en dépit d’une reprise économique qui peut se lire statistiquement, ils n’en voient pas la couleur dans leur quotidien, y compris dans la création d’emploi. La diminution du chômage est due autant aux créations d’emplois qu’au retour des immigrés dans leur pays d’origine et à la reprise d’une immigration espagnole en direction des pays étrangers, ce qui fait nécessairement chuter le pourcentage des personnes en quête de travail.

Announcement on ‘MIGR_11f.15′ position

ELIAMEP - Tue, 12/01/2016 - 12:29

The content is available in Greek.

Veränderte Prioritäten am Golf

SWP - Tue, 12/01/2016 - 11:25

Saudi-Arabien und die Vereinigten Arabischen Emirate (VAE) dürften ihre Geldgeschenke an Ägypten unter Präsident Abdel Fattah al-Sisi in Zukunft deutlich weniger großzügig ausfallen lassen. Denn Saudi-Arabien hat sich unter dem seit einem Jahr amtierenden König Salman der Muslimbruderschaft angenähert, die vom ägyptischen Regime als Ursache allen Übels dargestellt wird. Riads übergeordnete Priorität ist heute, den regionalen Einfluss Irans, vor allem im Jemen und in Syrien, einzudämmen. Doch gerade in Syrien weicht Sisis Position von der Saudi-Arabiens ab. Darüber hinaus ist man in Riad wie auch in Abu Dhabi frustriert, weil Erfolge bei der Verbesserung von Ägyptens Wirtschafts- und Sicherheitslage ausbleiben. Niedrige Ölpreise sorgen zudem für eine restriktivere Ausgabenpolitik am Golf. Für Deutschland und die EU bietet sich damit erstmals seit dem Sturz von Präsident Mohammed Mursi die Gelegenheit, in Ägypten mittels konditionierter finanzieller Unterstützung auf mehr politische Teilhabe und bessere Regierungsführung zu drängen.

"Par manque de courage et de vision, notre pays décroche" : Henri de Castries

Institut Montaigne - Tue, 12/01/2016 - 10:23
Date de parution: Vendredi 08 Janvier 2016Auteur: Bertille Bayart et Jacques-Olivier MartinNom de l'editeur: Le FigaroImage de l'editeur: Description: Le PDG d'Axa, Henri de Castries, juge que notre époque est pleine de dangers mais aussi d'opportunités. Le manque de réformes en France l'inquiète énormément.Type de parution: L'institut est citéType de média: PresseLien: http://premium.lefigaro.fr/societes/2016/01/08/20005-20160108ARTFIG00308-par-manque-de-courage-et-de-vision-notre-pays-decroche.php

L'Institut Montaigne préconise de transférer la politique d'emploi aux régions

Institut Montaigne - Tue, 12/01/2016 - 10:19
Date de parution: Mardi 12 Janvier 2016Auteur: Marie ThéobaldNom de l'editeur: Le FigaroImage de l'editeur: Description: Pour le think-tank, la création d'un opérateur public régional unique permettrait d'appliquer de manière plus efficace la politique de l'emploi.Type de parution: L'institut est citéType de média: PresseLien: http://premium.lefigaro.fr/emploi/2016/01/12/09005-20160112ARTFIG00013-l-institut-montaigne-preconise-de-transferer-la-politique-d-emploi-aux-regions.php

21/01/16 : Petit-déjeuner de la science et de l’innovation sur le thème : « Principe d’innovation versus principe de précaution »

Fondapol / Général - Tue, 12/01/2016 - 09:52

La Fondation pour l’innovation politique souhaite relayer le prochain petit-déjeuner de la science et de l’innovation, qui aura lieu le jeudi 21 janvier 2016 de 8h30 à 10h à l’Hôtel de l’Industrie, 4 place Saint-Germain-des-Prés, Paris 6e.

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Erwan Le Noan – L’Opinion – Pourquoi la droite se prépare à des défaites de long terme

Fondapol / Général - Tue, 12/01/2016 - 09:51

Article de Erwan Le Noan, paru dans L'Opinion, le 6 janvier 2016. Selon l'auteur : « Quand l’horizon concurrentiel est bouché, l’une des meilleures stratégies reste l’innovation radicale, la disruption politique qui permet de créer son propre marché en proposant une solution nouvelle ».

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Das selbstständige Kind

Konrad Adenauer Stiftung - Tue, 12/01/2016 - 00:00
Das Bild vom Kind und die Kindererziehung wurden über Jahrhunderte angepasst an gesellschaftliche Entwicklungen: Das Leitbild des angepassten und braven Kindes ist heute aus der Mode gekommen. Die heutige partnerschaftliche Erziehung berücksichtigt die Interessen und Bedürfnisse des Kindes. Das aktuelle Kinderbild spiegelt sich nicht nur in der Kindererziehung und im Wandel der Kindheit wider. Die Publikation spannt den Bogen über die Bildungspläne in den Kitas, die unterschiedlichen Ausprägungen in den unterschiedlichen Kulturen und Schichten bis hin zum Kindeswohl und den Medien.

La nouvelle pensée de M. Gorbatchev en politique étrangère : Utopie ou pragmatisme ?

Centre Thucydide - Mon, 11/01/2016 - 22:42

Dans son discours aux Nations Unies le 7 décembre 1988, Mikhaïl Gorbatchev exprimait le souhait que “[les] efforts conjoints [des Nations Unies] visant à mettre fin à l'ère des guerres, des confrontations et des conflits régionaux, des actes d'agression contre la nature, de la terreur de la faim et de la pauvreté et du terrorisme politique, soient à la hauteur de nos espérances”. Voilà une phrase emblématique de la “Nouvelle Pensée Politique”, qui donna le ton de la politique étrangère de M. Gorbatchev. On a souvent rejeté sur cette base théorique la responsabilité de la chute de l'URSS, à tel point qu'A. Tsygankov qualifie la “Nouvelle Pensée” de “naive et déconnectée des considérations de puissance.” Elle a pourtant été conçue comme un projet ambitieux pour l'URSS et pour le monde : comment évaluer la part de pragmatisme et la part d'idéalisme dans la “Nouvelle Pensée Politique” de Gorbachev ? Afin de répondre à cette question nous détaillerons tout d'abord rapidement le contenu de cette pensée politique, puis nous analyserons sa dimension pragmatique. Enfin nous verrons comment, en pratique, sa dimension idéaliste a pris le dessus.

RDV sur BFM Business à 18h30

Institut Montaigne - Mon, 11/01/2016 - 17:36
Date: Mardi 12 Janvier 2016Description: Laurent Bigorgne, directeur de l'Institut Montaigne sera sur BFM Business et BFM TV pour présenter le rapport Décentralisation : sortons de la confusion.Résumé: 

l’expansion.l’express.fr- L’ubérisation, un drame pour l’emploi ?

Fondapol / Général - Mon, 11/01/2016 - 13:18

Article paru sur le site lexpansion.lexpress.fr le 5 janvier 2016, dans lequel Vincent Champain, président de l'Observatoire du long terme, Marc-Arthur Gauthey, membre de OuiShare
et Robin Rivaton, économiste pour la Fondation pour l'innovation politique décryptent les effets de l'ubérisation sur l'emploi.

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« Mohicans » – 3 questions à Denis Robert

IRIS - Mon, 11/01/2016 - 11:06

Journaliste d’investigation à Libération, écrivain, réalisateur de documentaires et spécialiste de la lutte contre la criminalité financière, Denis Robert est aussi romancier et plasticien. Il répond à mes questions à l’occasion de la parution de son dernier ouvrage « Mohicans : connaissez-vous Charlie ? », aux éditions Julliard.

Votre livre est un hommage émouvant à Choron et Cavanna, les créateurs du Charlie Hebdo. En quoi ont-ils été novateurs, voire révolutionnaires, pour la presse ?

Ils étaient libres. Et les hommes libres capables d’écrire, de créer et de dessiner, ça ne court pas les rues.

Ils ont inventé un art qu’on dit « bête et méchant », mais qui était en réalité intelligent et gentil. Seuls les cuistres et les sots ne l’ont pas compris. Et ne le comprennent toujours pas. Ces hommes, c’était la bonté même.

Cavanna était l’ange tutélaire et inquiet de ce « bordel créatif » qu’était Hara-Kiri d’abord, Charlie Hebdo ensuite. Et Choron, une sorte de diable bienveillant. Sans Choron, cette aventure de presse n’aurait jamais existé et duré aussi longtemps. C’était lui l’éditeur, le producteur. Il allait chercher de l’argent partout pour que les dessinateurs et les chroniqueurs soient payés. Il avait également prévu le désastre à venir avec l’arrivée de Philippe Val. Il est le seul à avoir refusé le marché qu’on lui proposait. Cavanna le dit d’ailleurs avec beaucoup de désespoir: « Choron avait vu juste, on n’aurait jamais dû y aller ». Sans Cavanna, rien n’aurait été possible éditorialement. L’inventeur de la formule magique c’est lui. Mais Cavanna avait besoin de Choron pour créer et faire émerger tous ces talents.

Ça n’existe nulle part ailleurs un ange et un diable qui s’aiment autant et qui sont capables de générer une telle armée de guerriers : Reiser, Topor, Willem, Fred, Delfeil, Wolin, Fournier et tous les autres. Ces gars-là, toute l’équipe des débuts, de 1960 à 1982, étaient des guerriers magnifiques, libres, indépendants des pouvoirs, ne cherchant ni les honneurs, ni l’argent ou la postérité. On est tous leurs enfants, même ceux qui ne le savent pas encore. Ils ont tellement lutté contre la censure. Ils ont décadenassé la société française sous De Gaulle, Pompidou, Giscard. Finalement Mitterrand les a tués. Il subsiste pourtant une fibre bête et méchante. Ceux qui savent se reconnaîtront.

Et pourtant ils se sont querellés, séparés, tout en conservant une estime réciproque : comment expliquez-vous cela ?

J’ai passé du temps avec les deux. Moins avec Choron qu’avec Cavanna. Mais avoir bu des coups ou dîner avec Choron permet de sentir l’homme. Choron était l’ami de Lefred qui lui-même était mon ami. Il a fini sa vie dans la Meuse, pas très loin de chez moi, et venait souvent à Nancy. Cavanna, j’ai fait ce film avec lui, passé du temps en tête à tête à l’interroger, à l’écouter.
C’étaient des types généreux. Ils avaient conscience du temps qui leur restait sur Terre. Ils étaient revenus de presque tout : le pouvoir, l’argent, l’amour, la mort, le cancer, la politique, la connerie, Parkinson. Et ils étaient conscients de leur liberté, de leur différence, des trains qu’ils avaient manqués. Ils avaient un ego moins développé qu’on ne l’imagine. Ils s’engueulaient. Comme des frères. Mieux que des frères parce qu’ils n’avaient pas de parents en commun.

Leur brouille est directement liée à la reprise en main du titre par Philippe Val en 1992. Choron en tant que directeur de publication l’avait déposé. Mais comme il était interdit de gestion, il avait utilisé un prête-nom. Philippe Val et son avocat Richard Malka ont vite compris l’intérêt qu’il y avait à ressortir un journal sous l’étiquette Charlie Hebdo. Mais Choron résistait. Cavanna ne parvenant pas à le convaincre de rejoindre l’équipe qui se constituait autour de Val et de Cabu, a accepté l’idée de faire un procès à Choron sur la paternité du titre. On entre alors là dans une histoire tumultueuse que je raconte dans le livre. Et qui est en définitive la saga d’une spoliation et d’un détournement.

Choron va perdre ses procès, sur la base de témoignages dont on sait aujourd’hui qu’ils étaient en partie faux. Mais Cavanna va perdre à long terme son journal. Puisque Val, avec l’appui de Malka, va progressivement et habilement l’évincer de son journal. C’est très triste. Cavanna, au soir de sa vie, en était malheureux. Il me le dit face caméra : « Je me suis fait avoir, j’aurais dû écouter Choron. C’est lui qui avait raison contre tout le monde… » Ces procès ont cassé quelque chose entre eux, mais l’affection, l’amour qu’ils se portaient est, je crois, resté intact. Choron ne disait pas de mal de Cavanna. Et Cavanna non plus. Ils se sont fait avoir par des types plus malins qu’eux. Et sans talent.

Val et Malka ont usé et abusé du génie de Cavanna et de Choron et de tous les autres pour faire un journal différent qui a lentement dérivé et est devenu, selon l’aveu même de Cavanna, un mauvais canard politique, avec des petits dessins pas terribles. Ils y sont allés franco. Ils sont à l’image de l’époque. Ce sont des hommes de réseau, de pouvoir, ambitieux. Et ils ont gagné la partie. Ils la gagnent tous les jours. Les suites médiatiques et politiques de l’attentat de janvier ont été – de ce point de vue – une sorte de point d’orgue. On les a vus partout s’approprier la mémoire de Charlie. C’est sûrement ce qui m’a réveillé et décidé à écrire ce livre qui est bien autre chose que la seule narration d’une aventure de presse. Je le vis et je l’ai écrit comme un drame shakespearien. Une histoire française pleine d’amour, de colère, de passion, de fantômes et de trahisons. Je suis arrivé tard dans cette histoire avec un regard extérieur. Mais mon livre et le film existent maintenant, malgré les pressions, les tentatives nombreuses d’étouffement, les menaces de procès. Tout cela sort aux forceps. Ce qui me rend heureux c’est de voir que, loin des medias mainstream, le public, les lecteurs s’en emparent. Et que ce savoir se diffuse largement. Au grand damne des usurpateurs.

Pourquoi êtes-vous si dur avec Philippe Val et Richard Malka, qui se présentent pourtant comme les héritiers de Choron et Cavanna et les représentants de Charlie Hebdo ?

Le Charlie Hebdo de 1992 était une copie quasi conforme – quasiment la même équipe et les mêmes dessins – de La Grosse Bertha, un hebdomadaire satirique qui vendait alors environ 15 000 exemplaires par semaine. Val a changé l’étiquette, a appelé ça Charlie Hebdo et le journal s’est vendu à 150 000. Là commence l’arnaque. S’ils avaient respecté l’esprit des créateurs, cela ne poserait pas de problème. Ils ont dilapidé cet héritage, se sont enrichis sur cet héritage. Et ont détourné son sens profond. Charlie Hebdo était un journal boussole pour la gauche et l’écologie. Ils ont gardé la boussole mais ont truqué le mécanisme. Le public et les lecteurs se sont fait avoir sans rien savoir de ce qui se passait en coulisse. C’est un peu comme dans ces familles où après avoir piqué sa pension, sa maison et ses chaussettes, on cache le vieux père à l’hospice en attendant qu’il crève. Mais que surtout ça se fasse dans le silence, maintenant que tout est réglé et qu’on est en haut de l’affiche. Ben voilà, je brise ce silence. Et je ne suis pas dur. Je me trouve très gentil.

Mathieu Terrier : Chiites et sunnites : paix impossible ?

Fondapol / Général - Mon, 11/01/2016 - 10:57

Il est devenu urgent de comprendre la scission interne à l’islam, son origine et sa nature. Cette séparation remonte aux fondations de l’islam : la succession contestée du Prophète et les guerres civiles successives ont déterminé l’émergence d’une majorité, plus tard appelée sunnite, et de minorités chiites.

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Discriminations au travail : la recrue ?

Institut Montaigne - Mon, 11/01/2016 - 09:54
Date de parution: Vendredi 08 Janvier 2016Auteur: Amandine CailholNom de l'editeur: LibérationImage de l'editeur: Description: Selon un testing réalisé en 2013 et 2014 par l’économiste Marie-Anne Valfort (publié en octobre par l’Institut Montaigne), un candidat perçu comme musulman pratiquant a deux fois moins de chances d’être convoqué en entretien d’embauche qu’un catholique pratiquant (10,4 % contre 20,8 %). L’écart est encore plus grand pour les hommes (4,7 % contre 17,9 %). Selon l’auteure, ces inégalités pourraient avoir grimpé depuis «les attentats de janvier et de novembre, ainsi que l’assassinat d’un employeur par son salarié à Saint-Quentin-Fallavier. Des actes qui ont sans doute contribué à renforcer la tendance des recruteurs à assimiler les candidats musulmans à l’extrémisme religieux».Type de parution: L'institut est citéType de média: WebLien: http://www.liberation.fr/france/2016/01/08/discriminations-au-travail-la-recrue_1425224

Weltkrisen, Weltsichten, Wegscheiden

Bonn, 11.01.2016. 2015 – Was für ein Jahr! Ebola, Ukraine, Syrien, Irak, islamistischer Terror, endlose Flüchtlingstrecks, neue Wärmerekorde im Erdsystem. 2015 steht aber auch für: das Klimaabkommen von Paris, die Einigung auf globale Entwicklungsziele im Sommer in New York, das Abkommen mit dem Iran zur Einhegung des Nuklearkonflikts. Der gemeinsame Nenner: Grenzüberschreitende, globale Interdependenzen führen dazu, dass nationaler Wohlstand und Sicherheit nicht mehr zu haben sind, wenn internationale Unsicherheit vorherrscht. Dieser einfache Zusammenhang wird seit langem diskutiert, von Jahr zu Jahr wird er spür- und greifbarer. Ursachen gibt es viele, doch vier Krisenverstärker stehen im Zentrum: Erstens sind Armut sowie Ungleichheit und Ausgrenzung der Nährboden für Apathie, Resignation, Gewalt, Gesellschaftzerfall, Flucht. Dies gilt im Irak, im Jemen, in Eritrea, in Myanmar, in Pakistan und Indien, in den USA, im belgischen Molenbeek oder den Randbezirken von Paris gleichermaßen. Bis die Apathie in Gewalt umschlägt, wird dieser Zusammenhang oft ignoriert. Zweitens müssen wir in der kommenden Generation lernen, Wohlstand in den Grenzen des Erdsystems zu organisieren und Entwicklung von Ressourcenverbrauch und Emissionen vollständig zu entkoppeln. Ansonsten drohen globale Verteilungskonflikte, neue Armutswellen und Fluchtbewegungen, die die aktuellen Wanderungsströme bei weitem übersteigen werden. Der Klimavertrag von Paris und die in New York verabschiedeten globalen Nachhaltigkeitsziele symbolisieren, dass die Staaten diese Herausforderungen zumindest verstanden haben. Drittens bedroht der transnationale islamistische Terror die globale Sicherheit. Vergleichbar mit Faschismus und Stalinismus ist dies eine weitere totalitäre Bewegung, die Menschen mobilisiert, indem sie Identifikation anbietet und radikale Gegenwelten schafft. Viertens formiert sich als Reaktion auf reale und vermeintliche Schattenseiten der Globalisierung eine auf die Mitte der Gesellschaft abzielende „Internationale“ autoritärer Nationalisten, Xenophoben, Zäunebauer und Vereinfacher. Le Pen, Orban, die neue polnische Regierung, Pegida sowie Seelenverwandte wie Putin und Trump bedrohen Freiheit, Toleranz und internationale Zusammenarbeit. Die vier Krisenverstärker sind einfach zu beschreiben, aber nur schwer zu entschärfen. Doch Elemente eines Globalisierungskompasses, der zentrale Orientierungen bietet, um die globalen Herausforderungen einzubetten, lassen sich skizzieren. Ohne einen Quantensprung globaler Kooperation und die Eindämmung von Nationalismen drohen Krisenjahrzehnte und Verwerfungen in der zunehmend enger vernetzten Weltgesellschaft. Wo immer möglich, sollten daher grenzüberschreitende und globale Netzwerke von zivilgesellschaftlichen Akteuren, Wissenschaftlern, Kulturschaffenden und Städten gestärkt werden. Sie bilden den vielschichtigen Humus, aus dem eine globale Kooperationskultur entstehen kann. Zudem braucht der Weltklimavertrag von Paris jetzt Rückenwind. Deutschland und Europa sollten Dekarbonisierungsallianzen voranbringen, die solche Länder massiv unterstützen, die besonders ambitionierte Klimaschutzanstrengungen unternehmen. Europa sollte darüber hinaus  eine große Kraftanstrengung mobilisieren, um mit moderaten Kräften des Islams, tragfähige Zukunftsszenarien einer Nachbarschaftspolitik zu entwerfen. Zu lange hat Europa die Prägekraft und die internen Spannungsfelder des Islams ignoriert und darauf gesetzt, dass ökonomischer Fortschritt dazu führt, dass islamisch geprägte Gesellschaften „werden wie wir“. Selbst in Deutschland, mit seinen etwa vier Millionen Muslimen, liegt das Wissen über Sunniten, Schiiten und Kernelemente der islamischen Kulturen nahe am Nullpunkt. Integration und Kooperation mit islamisch geprägten Gruppen und Gesellschaften setzt jedoch wechselseitiges Wissen über Gemeinsamkeiten und Unterschiede voraus. Weil dies fehlt, haben sich nur die Extreme beider Seiten angenähert, die auf Ausgrenzung, Feindseligkeit, Intoleranz setzen. Politik lebt auch von Symbolen und Signalen. Die Europäische Union und ihre Mitgliedsstaaten sollten ein Zeichen gegen nationale Restaurationen und Abschottung sowie für globale Kooperation setzen und bis 2018 die Investitionen in die Internationale Zusammenarbeit von derzeit gut 0,42 % des Bruttosozialproduktes (BSP) auf die lange versprochenen 0,7 %erhöhen. Dies käme einem „Investitionsprogramm für globale Entwicklung und europäische Stabilität“ in der Größenordnung von etwa 40 Mrd. Euro gleich – 80 Euro pro EU-Bürger. Es geht aber nicht nur um Geld, sondern vor allem um ein politisches Ausrufezeichen für eine politische Weichenstellung. Das Signal aus Europa wäre: Wir haben verstanden – globale Krisenbekämpfung, Investitionen in die weltweite Wohlfahrt und europäische Entwicklung gehören unmittelbar zusammen. Weltweite Kooperation ist Friedenspolitik und schützt vor sicherheitsgefährdendem Nationalismus. Europa übernimmt Mitverantwortung für den Schutz der globalen Gemeinschaftgüter. Möglicherweise müsste das globale Kooperationssignal zunächst ohne Unterstützungen aus Ungarn und Polen angestoßen werden. Wahrscheinlich hätten die Trumps, Le Pens und Putins nur Häme für eine solche Initiative übrig. Doch große politische Weichenstellungen verlangen Kraftanstrengungen und Weitsicht. Europa – wir schaffen das!

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