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Institut de Relations Internationales et Stratégiques
Updated: 2 months 2 days ago

Iran-Pakistan : un incident clos ?

Thu, 25/01/2024 - 17:32

Le 18 janvier, le Pakistan a mené des frappes sur le territoire iranien en réponse aux attaques iraniennes du 16 janvier sur les bases du groupe terroriste Jaish Al-Adl à Pangjur au Pakistan. Dans quel contexte s’inscrivent ces attaques ? Alors que la frappe iranienne s’inscrit dans une série d’attaques menées par la République islamique d’Iran au Moyen-Orient, quelle stratégie le pays poursuit-il dans la région ? Comment les tensions ont-elles été désamorcées par la voie diplomatique et comment la relation entre l’Iran et le Pakistan est-elle susceptible d’évoluer ? Le point avec Thierry Coville, chercheur à l’IRIS, spécialiste de l’Iran.

Alors que ces deux pays entretenaient des relations étroites, dans quel contexte s’inscrivent ces attaques ?

Cet échange de missiles entre l’Iran et le Pakistan a surpris tous les observateurs parce qu’il s’agit de deux pays musulmans qui depuis la Révolution iranienne ont de bonnes relations, avec des visites bilatérales régulières entre les dirigeants des deux pays. Mais il y avait déjà depuis longtemps des tensions, Islamabad et Téhéran s’accusant de ne pas en faire assez par rapport aux groupes autonomistes baloutches, qui sont présents dans les deux pays.

Il convient de replacer les événements dans leur contexte. Il y a quelques semaines, une attaque du groupe terroriste Jaish Al-Adl a été lancée contre un poste de police dans la province du Sistan-Baloutchistan faisant 11 morts. L’Iran a réagi en envoyant un missile, alors même que quelques heures avant, le ministre des Affaires étrangères iranien rencontrait son homologue pakistanais à Davos. Il faut également prêter attention au contexte régional et national de l’Iran. Il y a eu en très peu de temps cette attaque du groupe Jaish Al-Adl, mais aussi une attaque israélienne, qui a tué en Syrie un commandant Pasdaran de haut niveau jouant un rôle très important dans la politique régionale de l’Iran. À ces événements s’ajoute un attentat à Kerman qui a été revendiqué par l’État islamique et qui a tué au moins 90 personnes, même si les « durs » en Iran ont accusé Israël et les États-Unis d’être derrière cet attentat. En réaction, l’Iran a donc lancé une frappe contre le Pakistan, des missiles en Syrie contre des bases de l’État islamique et au Kurdistan contre ce que les Iraniens ont dit être un centre des services secrets israéliens. Téhéran a ainsi affiché sa volonté d’envoyer un message à ses ennemis actuels et potentiels dans la région pour signifier qu’elle détenait un moyen de réponse, notamment par l’intermédiaire de ses missiles. Par ailleurs, l’Iran traversant une crise politique intérieure depuis la fin 2022, les dirigeants iraniens ont souhaité montrer à la population iranienne que le pays avait la capacité de faire face à ces attentats terroristes.

Avec cette série de frappes iraniennes au Pakistan, en Irak, en Syrie et au Kurdistan, quelle stratégie la République islamique d’Iran poursuit-elle dans la région ?

La stratégie de la République islamique d’Iran dans la région n’a pas changé, même si les tenions dans la région sont montées avec l’éclatement de la guerre entre le Hamas et Israël : elle consiste à soutenir l’« axe de résistance » contre Israël. Contrairement à ce qui a pu être dit, il est peu probable que ces attaques changent cette politique. En revanche, alors que Téhéran avait pour habitude d’agir indirectement par l’intermédiaire de ses alliés, l’Iran s’est retrouvé en première ligne avec ces frappes balistiques, en Irak contre ce centre que Téhéran a déclaré utilisé par le Mossad, en Syrie contre des bases de l’État islamique et au Pakistan contre des membres de Jaish Al-Adl.

Si la stratégie de l’Iran de soutenir l’« axe de résistance » n’a pas changé, des critiques émergent à l’intérieur de l’Iran par rapport à ces frappes, notamment celles au Pakistan. Ces critiques dénoncent une surréaction de l’Iran à l’égard d’un « pays ami ».  Il est vrai que cette attaque de l’Iran contre le Pakistan a été une surprise mais elle peut s’expliquer notamment par le contexte politique en Iran. L’attentat perpétré à Kerman en janvier 2024 a été l’attentat terroriste le plus grave enregistré en Iran depuis la Révolution islamique, conduisant, comme pour n’importe quel pays devant faire face à un tel évènement, à un véritable traumatisme pour les Iraniens. Ainsi, il y avait sans doute un souci de la part du gouvernement de rassurer la population iranienne après toutes ces attaques sur la capacité de réaction et de protection du pays. En effet, le gouvernement iranien, déjà largement contesté depuis la crise politique de 2022, risquait de perdre encore de sa légitimité, s’il n’arrivait plus à assurer la sécurité de sa population.

Par conséquent, si l’on a assisté à une rupture par rapport à la politique étrangère iranienne de bonnes relations avec le Pakistan, la politique de soutien de l’Iran à l’ « axe de résistance », tout en évitant de tomber dans un conflit ouvert avec Israël ou les États-Unis, reste valable.

Appels à la désescalade d’Ankara et Riyad, incitation à la retenue de la part de Washington et des Nations unies, ou encore proposition de médiation chinoise… l’Iran et le Pakistan semblent désormais s’orienter vers une sortie de crise diplomatique, enrayant en partie la crainte d’une escalade du conflit dans la région. Comment les tensions ont-elles été désamorcées et comment la relation entre l’Iran et le Pakistan est-elle susceptible d’évoluer ?

Dès le début, les deux pays ne souhaitaient pas vraiment que cette crise, tout de même surprenante, prenne de trop grosses proportions. La déclaration du ministre des Affaires étrangères iranien juste après cette attaque iranienne montrait déjà la volonté de l’Iran d’éviter que la situation s’envenime. Il a précisé que l’Iran ne visait que des bases du groupe Jaish Al-Adl et qu’il ne s’agissait pas d’une attaque contre l’intégrité territoriale du Pakistan (alors que c’était manifestement le cas…). On voit très bien également qu’Islamabad a répondu en attaquant des bases de groupes baloutches, ennemis du Pakistan, basés en Iran. Il y avait donc une sorte de symétrie dans la réponse du Pakistan, preuve que le pays ne souhaitait pas non plus que cette crise prenne de plus grandes proportions, d’autant plus que le pays est à la veille d’élections législatives. Ce qui aurait été vraiment surprenant c’est que cette crise s’aggrave.

L’incident est donc clos, même si la question de l’activité des groupes baloutches reste posée. Il ne s’agit pas d’un problème nouveau, notamment du côté iranien puisque cela fait longtemps que les autorités iraniennes se plaignent auprès des autorités pakistanaises du fait que des groupes baloutches venant commettre des attentats en Iran possèdent des bases de repli au Pakistan.

Poutine va-t-il se lancer dans une nouvelle guerre ?

Thu, 25/01/2024 - 17:03

La Russie pourrait-elle lancer une guerre contre l’Allemagne et l’OTAN dans les années à venir ? Cette hypothèse a été évoquée par Boris Pistorius, ministre allemand de la Défense, le 19 janvier dernier, dans une interview accordée au quotidien allemand Der Tagesspiegel. Une telle crainte est toutefois à relativiser : Poutine s’est montré incapable de réaliser ses ambitions d’invasion totale de l’Ukraine et, depuis le début de la guerre, la position internationale de la Russie s’est considérablement affaiblie. Certes, en attaquant l’Ukraine, la Russie de Vladimir Poutine est devenue une puissance ennemie de l’OTAN, mais tout porte à croire qu’elle n’a pas les moyens de lancer une guerre de cette ampleur.

Kamala Harris à la Maison-Blanche d’ici l’été ?

Wed, 24/01/2024 - 15:45

Les couloirs du Congrès bruissent de nouvelles rumeurs selon lesquelles Joe Biden envisagerait de quitter la Maison-Blanche avant l’été, ouvrant ainsi la voie à sa vice-présidente pour la présidentielle de novembre.

L’idée semble ingénieuse. Imaginons le scénario : Joe Biden, candidat discrédité, dégringolant chaque jour un peu plus dans les sondages, annonce son retrait pour raisons de santé. Du jour au lendemain, Kamala Harris devient la première femme à occuper le Bureau ovale. Une dynamique puissante s’installe, faisant de la convention démocrate une balade pour elle, aucun démocrate sérieux ne voulant rivaliser avec la présidente en titre. Sa victoire en novembre 2024 assurerait alors au parti de l’âne de conserver le Sénat, voir peut-être même de regagner du terrain à la Chambre des représentants.

Pas mal sur le papier. Mais je n’y crois pas. Non pas que la chose me déplairait. Bien au contraire. Nous assistons aujourd’hui à l’une des pires présidences démocrates de l’histoire récente. Il faut remonter jusqu’à Grover Cleveland pour voir quelque chose de pareil. Même Carter ressemble à un champion face à Biden. Et cela quoiqu’en disent les observateurs français qui ont bien souvent une vision biaisée de la situation.

Voir le sieur Joseph Robinette Biden, Jr tirer sa révérence au profit de Kamala Harris, ne pourrait donc que me réjouir. Au moins, le contribuable américain que je suis n’aurait plus à financer le White Housse Anti-Gaffe Squad attaché aux basques du 46e président des États-Unis ! Mais cela n’arrivera pas. En tout cas, pas de cette manière.

Et cela tout simplement parce que Biden et son entourage immédiat ne peuvent pas encadrer Harris. Les violentes et souvent justifiées attaques de celle-ci durant la campagne des primaires de 2020 à l’encontre de l’ancien vice-président de Barack Obama ont laissé de profondes cicatrices. Depuis, Biden ne s’est jamais vraiment pardonné d’avoir cédé aux pressions de ceux qui l’avaient poussé à prendre l’élue californienne comme colistière. Le mot d’ordre a donc été pendant longtemps de faire payer « celle qui n’a été choisie que parce qu’issue des minorités » en l’éloignant des centres de décision et en l’isolant le plus possible sur la scène politique intérieure. La voir rempiler une seconde fois sur le ticket démocrate est déjà dur à avaler, alors lui offrir la présidence sur un plateau d’argent, c’est non ! Faut quand même pas pousser mémé – ou plutôt pépé – dans les orties.

Et c’est bien dommage. Car que cela soit comme sénatrice ou comme procureure générale de Californie, Kamala Harris a su faire preuve à plusieurs occasions d’une ténacité et d’un courage exemplaires ainsi que d’un vrai sens politique. Qualités qui ne sont pas si courantes au sein de l’actuelle administration américaine. On se croirait presque revenu au temps où un Kennedy jaloux marginalisait un Lyndon Johnson pourtant destiné à devenir le dernier grand président américain – du moins pour ce qui est de la politique intérieure.

Alors, s’il est donc peu probable selon moi que l’équipe de la Maison-Blanche soit à l’origine des rumeurs de départ de Robinette, d’où celles-ci peuvent-elles bien provenir ? D’ennemis cachés qui cherchent à humilier le président en mettant en avant son état de santé dégradé et son Alzheimer ? De démocrates qui redoutent par-dessus tout de voir Biden s’enliser dans une campagne présidentielle qu’il ne peut que perdre – imaginez les trois débats face au Donald ! – et qui espèrent qu’à force d’être répétée cette possible fausse information de retraite anticipée finisse par influencer le réel ?

Je n’ai pas la réponse à cette question, mais ce qui est pour moi une quasi-certitude, c’est que si Joe Biden continue à s’accrocher à son poste comme une moule à son rocher, c’est l’instigateur du coup d’État raté du 6 janvier 2021 qui fera son entrée à la Maison-Blanche l’année prochaine.

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Romuald Sciora dirige l’Observatoire politique et géostratégique des États-Unis de l’IRIS, où il est chercheur associé. Essayiste et politologue franco-américain, il est l’auteur de nombreux ouvrages, articles et documentaires et intervient régulièrement dans les médias internationaux afin de commenter l’actualité. Il vit à New York.

Réarmement : quelle concurrence pour l’industrie de défense européenne ?

Wed, 24/01/2024 - 12:39

Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, les États européens ont dépensé 170 milliards d’euros pour se réarmer. Quelle est la situation de l’industrie de défense européenne et française dans ce contexte ? Comment expliquer ce besoin de réarmement européen ? Quels sont les concurrents de l’industrie de défense européenne ? Quel problème cela pose-t-il pour la construction de l’Europe de la défense et pour la perception de la France comme partenaire de défense ? Autant d’enjeux sur lesquels revient Louise Souverbie, chercheuse à l’IRIS, dans le cadre des chroniques « Vu d’Europe ».

China’s rise is a matter of concern for US, but not a problem for France

Wed, 24/01/2024 - 12:23

How do you evaluate the development of China-France exchanges over the past 60 years? What do you think is the most prominent achievement?

It’s a long way and a historic progress for France and China. There are many changes. Of course, France is not what it used to be in 1964, but we are more or less the same kind of country, while China is totally different from that time.

There are different steps in our cooperation. In the beginning, France was allied with the US, nevertheless, we have decided to be independent, not to rely on the US for our own security. Meanwhile, given the big differences in economic and political systems, China and France have decided to work together to enlarge our room to maneuver.

China is now the second biggest economy in the world, and maybe it could be No.1 in a few years. But the desire to cooperate, though there is a difference in political systems, is still the basis of our relationship. So sometimes we are partners, sometimes we could be rivals, but we have both accepted our differences.

In April last year, French President Emmanuel Macron tweeted about his trip to China on social media, saying that « there is so much for us to do together. » What does he mean by saying « so much for us to do? » Which fields are promising in our future cooperation?

We have many fields that we could cooperate in, for example, both China and France are fighting against climate change. It’s a priority for our two countries. Therefore, we have been working together since the Paris Agreement in 2015. We also called for common interest to contribute to African development. Meanwhile, we are also coming into other peaceful settlements of conflict and working together at the UN Security Council to try to find a solution to the most important conflicts, both in Gaza and between Russia and Ukraine.

France and China have differences, but we have decided to keep in contact and try to find a common solution. And France doesn’t want to follow the American policy against China. France is reluctant to include China in the NATO agenda. As President Macron once said, NATO is an organization that concerns the North Atlantic, China has little to do with the North Atlantic. Both France and Europe have to set freely and independently their own policies toward China and not follow blindly Washington’s policy.

President Macron recently announced France’s decision not to join the US-UK joint strikes on Houthi sites in Yemen. You once said that the alliance with the US makes it difficult for France to back down, as history has proven many times. And that « the time when Europe just obeys the US is over. Europeans must define their own policy by themselves. » How do you see the prospects for French and European strategic autonomy? To what extent can France and even Europe get rid of dependence on the US?

To be frank, it is true that since the beginning of the war between Russia and Ukraine, it has been much more difficult to plead for European strategic autonomy.

European countries want to stick to NATO policy, so for the time being the European society is brain dead but this could change again, notably if Trump is elected in November. But regarding the specific issue of the Houthis and the strikes on Yemen, France considers that it’s not a good solution, and it could only widen the problem, because the Houthis won’t be deterred by the US and the UK’s strikes. They will react even more strongly. So we will agree to provide a protective shelter over the boats that pass through the Red Sea, but not to make strikes on Yemen, otherwise, the situation will deteriorate.

How do you see the possibility of a cease-fire between Russia and Ukraine in 2024? Europe is considered to be the biggest victim of the Russian-Ukrainian conflict, how much will it affect Europe if it continues? How can China and France cooperate in promoting a cease-fire?

Honestly, these goals are desirable, but they are just impossible to reach. Maybe in a couple of months, the situation will change. The Western countries can give military help to Ukraine, but they don’t want to send troops.

How will the tension between the US and China affect the development of France itself and China-France cooperation? What does France’s emphasis on strategic autonomy mean for China-France and China-EU relations?

The French position is that there is a worry between China and the US. In fact, the main reason is not the difference of regime, but China’s rise. So it’s a matter of concern for the US, but it’s not a problem for France. When I began to work on strategic issues in the 1980s, France was richer than China, and now it’s the contrary. But this doesn’t hinder the establishment of good relations. We are not fighting for world supremacy. Between the US and China, there is a rivalry for being the No.1 in the world. Therefore, the American perspective and the French perspective are not the same.

You have also mentioned that France should not transform China into a systemic enemy. Why did you say that? Currently, there are various versions of the « China threat » theory in Europe, such as the threat of China’s electric vehicles, the threat of China’s wind power, etc. Which forces are hyping the « China threat » and pushing to turn China into an enemy?

China is a friend, it’s also an economic competitor. We have an unbalance in trade between our two countries. Therefore, its market must be more open. If we have a strong economic exchange with China, many French producers are happy to have access to the Chinese market. China could be a rival, could be a competitor, but  »enemy » is not the correct word to describe China.

Wu Bowei contributed to this interview for Global Times.

« Trotskisme, histoires secrètes. De Lambert à Mélenchon » – 4 questions à Denis Sieffert

Wed, 24/01/2024 - 11:32

Denis Sieffert, éditorialiste et ancien directeur de Politis, répond aux questions de Pascal Boniface à l’occasion de la parution de son ouvrage Trotskisme, histoires secrètes. De Lambert à Mélenchon, co-écrit avec Laurent Mauduit, et publié aux éditions Les Petits matins.

Comment expliquer que les Lambertistes ne se soient pas mobilisés contre la guerre du Viêtnam, contrairement à l’ensemble des composantes de la gauche ?

On ne peut pas dire que l’Organisation Communiste Internationaliste (OCI), le mouvement lambertiste de l’époque, ne se soit pas mobilisée. Mais l’OCI n’a pas été en tête des manifestations, c’est le moins que l’on puisse dire. Il y avait comme un embarras sur la question. La résistance vietnamienne était dirigée par le Vietminh, le parti communiste fondé par Hô Chi Minh. Un parti stalinien, selon l’OCI, et qui avait assassiné le leader des trotskistes vietnamiens Ta Thu Thau, en 1945. Les slogans à la gloire de Hô Chi Minh heurtaient profondément les lambertistes. On retrouvait la même quête de « pureté » idéologique qui avait déjà conduit Lambert à s’opposer au FLN algérien, jusqu’à nier son rôle dirigeant dans la guerre d’indépendance. Comme si l’anticolonialisme ne suffisait pas, il fallait en plus que le mouvement de libération nationale, qu’il soit algérien ou vietnamien, soit trotskiste ou « trotskisant ».  Ce qui a conduit l’OCI à un isolement à gauche, alors que la mobilisation contre la guerre du Viêtnam a structuré toute une génération. De même, l’OCI n’a pas donné la priorité à l’Amérique latine à une époque où les États-Unis de Nixon et de Kissinger promouvaient les dictatures militaires dans le cadre de l’opération Condor. Là encore l’OCI n’a pas été en première ligne, sans être totalement absente non plus. C’était une faute politique et morale qui résultait de l’idée que l’anti-stalinisme était la priorité absolue. De plus, les lambertistes critiquaient fortement la fascination que la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), la grande rivale trotskiste, pouvait avoir pour la guérilla. Les lambertistes étaient favorables aux mobilisations ouvrières de masse, et étaient hostile à la guérilla. En Amérique latine, l’OCI soutenait les mouvements sociaux. Elle s’est beaucoup mobilisée notamment pour les mineurs en grève en Bolivie et au Pérou.

Y-a-t-il eu des combats géopolitiques spécifiques du trotskisme ?

Les lambertistes privilégiaient l’anti-stalinisme. D’où de fortes mobilisations pour la libération des prisonniers politiques en URSS, et contre la répression des révolutions politiques à Budapest, Prague, puis en Pologne aux côtés de Solidarnosc. Elles ont été ponctuées par de grandes victoires, comme la libération du mathématicien Léonid Pliouchtch emprisonné dans un hôpital psychiatrique spécial. Cela a minoré la mobilisation de l’OCI contre l’impérialisme américain. Mais il y avait une certaine cohérence dans son analyse puisque, pour l’OCI, les Partis communistes, aux ordres de Moscou, étaient devenus les obstacles principaux à la révolution. On aperçoit l’ambiguïté d’une telle position, entre antistalinisme et anticommunisme. Ce qui plaide en faveur de l’OCI, c’est que cette organisation a toujours fait la différence entre la bureaucratie stalinienne et l’URSS en tant que telle, héritière de ce que les lambertistes appelaient « les acquis de la révolution d’Octobre ». C’était en fait une illusion, car on a bien vu que le Mur de Berlin a emporté dans sa chute les acquis d’Octobre et recyclé la bureaucratie en oligarchie et en mafia.

 Sur le plan stratégique, les néoconservateurs reprochent à Jean-Luc Mélenchon son anti-américanisme… Vous aussi ? 

C’est le caractère systématique de l’antiaméricanisme que l’on peut critiquer chez Mélenchon. Surtout quand cela le conduit à manifester une indulgence coupable pour Vladimir Poutine. Mélenchon est ce qu’on appelait autrefois un « campiste ». Il est toujours antiaméricain. C’est pavlovien, et cela l’entraine parfois du mauvais côté de l’histoire, de Poutine à Maduro, au nom de l’adage « les ennemis de mes ennemis sont mes amis ». Il a ainsi tendance à apprécier les régimes autoritaires issus du camp communiste. On le trouve plutôt du côté de Xi Jinping que des Ouïghours ou des Tibétains.

Comment expliquer que Jean-Luc Mélenchon, qui a longtemps été réticent à s’exprimer sur le conflit israélo-palestinien, ait pris un tournant radical ? 

C’est, pour partie, l’héritage du lambertisme. Le conflit et la guerre civile au Liban faisaient l’objet d’articles très dogmatiques, mais le désintérêt était tel que l’OCI n’a pas hésité à liquider l’organisation trotskiste israélienne. Le leadership palestinien était aux yeux des lambertistes trop lié à Nasser, puis à Moscou et à Pékin. Toujours cette exigence de pureté idéologique. Il y avait aussi une erreur d’analyse en ce qui concerne le syndicat israélien Histadrout. L’OCI le considérait comme un syndicat ouvrier, ce qui résultait d’un lien étroit avec la gauche travailliste israélienne, alors que les trotskistes israéliens le voyaient comme un instrument du colonialisme. C’est eux qui avaient raison. Mélenchon était éloigné de ces débats, ou inconsciemment sous l’emprise de l’analyse lambertiste. Son intérêt soudain pour la cause palestinienne a surtout à voir avec la situation en France, et l’avantage qu’il croit pouvoir tirer électoralement d’un discours d’apparence radicale. Mais refuser de reconnaître le caractère terroriste du Hamas est une faute politique et morale. Il faut ajouter des conflits avec les dirigeants du Crif qu’il a vécus affectivement. Il réagit alors très maladroitement, sans avoir tort sur le fond, car il sut vite intégrer des connaissances historiques qu’il n’avait pas, et caractériser le conflit israélo-palestinien comme un conflit colonial. Au total, ses maladresses et ses fautes sur le Hamas lui ont valu des soupçons d’antisémitisme injustes. Il aurait pu avoir sur le sujet une parole forte et rationnelle, il a cédé aux excès de langage, et c’est dommage pour toute la gauche.

 

Gaza : vers une trêve ? Mais après ?

Tue, 23/01/2024 - 18:11

Les événements s’accélèrent à Gaza. Israël vient de connaître son plus lourd bilan humain en une seule journée : 24 soldats tués. Sous la pression des familles des otages et de la société israélienne, Benjamin Netanyahou semble prêt à accepter une trêve humanitaire de deux mois en échange de la libération de tous les otages détenus par le Hamas, mais toujours pas de cessez-le-feu. Mais sans réelle pression, ni même de sanctions internationales, il garde les mains libres pour poursuivre sa guerre et se maintenir au pouvoir. Quelles seront les perspectives de sortie du conflit après la trêve ? Le maintien d’un état de confrontation, au risque d’alimenter violence et terrorisme, ou la mise en place d’un véritable moyen de coercition de la part de la communauté internationale pour assurer la coexistence des États palestinien et israélien ?

Guinée : la fin des promesses

Tue, 23/01/2024 - 12:45

Multiplication des violations du droit à la liberté d’expression et à l’accès à l’information, banalisation de la répression, gestion autoritaire de l’espace public, rumeurs de scandales financiers… La junte guinéenne s’éloigne de ses premières promesses de changement et de promotion des valeurs démocratiques. Au point de semer le doute sur le respect du calendrier de la transition.

En février 2023, Mamadi Doumbouya, le chef de la junte guinéenne affirmait solennellement son engagement à « rendre le pouvoir aux civils à l’issue de la transition, fin 2024 ». Celui qui a renversé le pouvoir du président Alpha Condé, le 5 septembre 2021, précisait alors : « Nous allons bien sûr organiser la transition mais nous ne ferons pas partie de l’après-transition. Pour nous, c’est clair et ça doit l’être ». Ces propos, souvent réitérés, ont contribué à présenter, aux yeux de l’opinion, la situation en Guinée, depuis le putsch de 2021, comme une « exception », en comparaison avec les juntes du Mali et du Niger, soupçonnées de vouloir prolonger indéfiniment leur séjour au sommet de l’Etat. D’ailleurs, pour signifier sa démarcation programmatique à l’égard de ses « frères d’armes »maliens et burkinabè, tout en exprimant sa solidarité envers eux, le CNRD (Comité national du rassemblement pour le développement, organe dirigeant de la junte guinéenne), avait, au début de l’année 2023, courtoisement signifié son refus d’adhérer au projet d’une « fédération » réunissant les trois pays. Ainsi, quelques mois plus tard, la Guinée prendra définitivement ses distances avec la création de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), réunissant le Mali, le Burkina Faso et le Niger,dirigés par des régimes issus de putschs.

Vague d’arrestations de journalistes, restriction d’accès à Internet…

Mais, si le CNRD n’a cessé de multiplier les gages d’un respect du calendrier de la transition devant déboucher, en 2024, sur des élections et un retour à un régime civil, l’opinion a commencé à exprimer ses doutes depuis le deuxième semestre 2023. Premier signal embarrassant, l’évocation, par les autorités, du budget du programme des activités menant à la fin de cette transition. Quelque 600 millions de dollars sont attendus de divers partenaires, sans que l’on sache réellement le contenu précis du cahier des charges etles sources escomptées de financement. Où en est le gouvernement, huit mois après l’énoncé de ce chiffre ? En réponse à cette question, le porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, s’est contenté de déclarer récemment : « Je n’ai pas les détails des contributions, puisque ce n’est pas de mon niveau, mais je sais quand même que les Etats-Unis, l’Union européenne, et d’autres partenaires ont commencé à mettre quelque chose ». Rien de bien précis, donc. Alors que les opérations de recensement de la population ne sont pas encore programmées, difficile, à l’heure actuelle, de déceler les signes d’un chantier d’achèvement de la transition. Difficile aussi d’avoir la moindre indication de calendrier pour le référendum constitutionnel prévu, ou encore la probable adoption d’un nouveau code électoral… En attendant, le gouvernement semble regarder ailleurs, insistant davantage sur ses projets de construction d’infrastructures afin de « marquer son passage » auxcommandes de l’Etat. De plus, le pouvoir souhaiterait voir la conclusion des procédures judiciaires en cours à l’encontre de certaines figures du régime renversé. Sans compter cette antienne de « refondation de l’Etat », inscrite dans son programme d’actions et dont nul ne saurait aujourd’hui cerner les contours et moins encore l’agenda. D’autant que l’on se demande toujours s’il est du ressort d’un régime de transition de refonder l’Etat…

Particulièrement inquiétant, le raidissement de l’Etat envers les espaces d’expression des libertés individuelles et collectives. Arrestations et incarcérations de journalistes, fermetures, suspensions et brouillages de médias -presse écrite et audiovisuelle-, restriction de l’accès à Internet, contrôle et contraction du territoire d’activité des partis politiques… Toutes choses aux antipodes de la profession de foi formulée par la junte après son putsch contre un régime liberticide et massivementdécrié. Aux journalistes protestant le 18 janvier dernier contre les atteintes à l’exercice de leur métier, le pouvoir a réagi par une vague d’interpellations et une brutalité pleinement assumée. Ce bras de fer entre les professionnels des médias et les autorités de la transition met en relief le refus de toute forme de contestation par la junte, qui a interdit les manifestations revendicatives depuis 2021. Elle avait dans le même temps prononcé la dissolution du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), qui fut le fer de lance de la vague de protestation contre le régime déchu du président Alpha Condé. La dissolution de cette coalition militante aura été l’une des premières erreurs politiques du CNRD. En prenant cette décision, les militaires transformaient un allié objectif de leur putsch en un adversaire de fait…

Mêmes causes, mêmes effets…

Mi-janvier 2024, face au Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG) qui, en même temps que les ambassadeurs accrédités dans le pays, en appelait à la « libération des médias et réseaux sociaux », les autorités ont justifié ces mesures par des « problèmes sécuritaires », sans pour autant en préciser la nature… Déjà, en décembre 2023, Amnesty International avait relevé, dans un rapport,« la multiplication et la banalisation des violations du droit à la liberté d’expression et à l’accès à l’information par les autorités de transition ». Selon cette organisation, les actions de la junte guinéenne « perpétuent et aggravent une situation à laquelle elle affirmait vouloir remédier lors de sa prise de pouvoir ». Selon Samira Daoud, directrice régionale du bureau d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, « les violations du droit à la liberté d’expression sont désormais permanentes, et s’ajoutent à celles du droit de réunion pacifique entre autres. Les autorités guinéennes ont choisi de tourner le dos aux droits les plus élémentaires garantis par le droit international, que la charte de la transition signée le 27 septembre 2021 par le chef de l’État prétendait pourtant défendre ».

Jusqu’à récemment encore, le pouvoir militaireguinéen avait subtilement choisi de gérer la transition en s’assurant la prudente bienveillance -à défaut d’un soutien affirmé- de ses principaux partenaires extérieurs. Mais, à présent, nombre d’observateurs et diplomates n’hésitent plus à exprimer leur préoccupation à l’égard des dérives et abus du CNRD. Le goût de plus en plus affiché du président Mamadi Doumbouya pour les attributs de sa fonction, les rumeurs de scandales financiers dans les cercles du pouvoir, l’affirmation d’une gestion autoritaire de l’espace public… Des tendances lourdes qui ne permettent pas d’entrevoir une issue sereine et consensuelle au processus de transition dans les délais attendus…

Toutefois, mis à part les arguments, voire les prétextes d’ordre budgétaire ou logistique, de quelles justifications pourrait user le CNRD pour prolonger la transition au-delà des délais consignés ? Au sein de ce régime, pas de discours « souverainistes », d’arguties « néo-panafricanistes » ou d’odes russophiles pour transformer le coup d’Etat en une rupture systémique, comme chez les voisins du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Pas de crise sécuritaire, non plus, pour justifier -fallacieusement- une prolongation de la période de transition. On pourrait alors redouter que la junte guinéenne, succombant à la funeste logique du report de la fin de la transition, n’ait d’autre choix que de recourir aux mêmes méthodes qu’elle disait combattre en commettant son coup d’Etat : une campagne de répression soutenue pour dissuader toutes les velléités de contestation. Ce serait oublier qu’ici, en Guinée, les mêmes causes pourraient fatalement produire les mêmes effets. Les forces contestataires et les déçus du putsch de septembre 2021 pourraient, par des moyens encore insoupçonnables, mettre fin à ce régime qui aura foulé du pied ses propres promesses de changement et de promotion des libertés démocratiques. Ces libertés que nombre de Guinéens tentent sans relâche de conquérir depuis plus d’une décennie, souvent au péril de leur vie. Il est, peut-être, encore temps, pour les membres du CNRD de tirer les enseignements utiles de cette aspiration constante et irréductible de leurs concitoyens…

Publié par LSi Africa.

La nouvelle stratégie spatiale allemande et l’avenir de l’Europe spatiale

Thu, 19/10/2023 - 17:49

En septembre 2023, six mois après l’adoption par l’Union européenne d’une stratégie spatiale pour la défense et la sécurité, l’Allemagne s’est dotée d’une nouvelle stratégie spatiale. Quelles sont les priorités de cette nouvelle stratégie spatiale allemande ? À la veille du Sommet de l’Agence spatiale européenne, qui se tiendra à Séville en novembre 2023, quel est l’avenir du modèle spatial européen ? En quoi la dimension stratégique du spatial est prise en compte par l’Allemagne ? Autant d’enjeux sur lesquels revient Gaspard Schnitzler, directeur de recherche à l’IRIS, responsable du Programme Industrie de défense et de sécurité et co-directeur de l’Observatoire de l’Allemagne.

Israël-Hamas : quelles réactions le conflit suscite-t-il auprès de Moscou et Kiev ?

Thu, 19/10/2023 - 15:40

Les attaques lancées par le Hamas contre Israël le 7 octobre ont replacé la question du conflit israélo-palestinien au cœur du débat sur la scène internationale, éclipsant en partie la guerre russo-ukrainienne. Quel positionnement Moscou adopte-t-il à l’égard du conflit entre le Hamas et Israël et comment ce dernier est-il par ailleurs perçu au sein de la société russe ? Qu’en est-il du soutien du président ukrainien Volodymyr Zelensky à Israël ? Quelles sont les conséquences du détournement des regards médiatiques et de la communauté internationale de la guerre en Ukraine vers le conflit israélo-palestinien ? Qu’en est-il de la situation en Ukraine à l’heure actuelle ? Le point de vue de Jean de Gliniasty, directeur de recherche à l’IRIS et spécialiste de la Russie.

 

Quel positionnement Moscou adopte-t-il à l’égard du conflit entre le Hamas et Israël ? Comment ce dernier est-il par ailleurs perçu au sein de la société russe ?

Il y a d’abord un effet d’aubaine pour Moscou. Le point focal de l’attention internationale est passé de l’Ukraine à Israël. Pour les Occidentaux, le « méchant » est aussi le Hamas et non plus seulement la Russie. Tout désintérêt relatif pour la guerre en Ukraine signifie à terme moins d’aide, moins d’attention, moins de pression des opinions publiques. En même temps, la Russie est embarrassée  pour maintenir le délicat équilibre qu’elle a plus ou moins réussi à maintenir jusqu’à présent entre d’un côté Israël, où résident de nombreux Russes devenus citoyens israéliens, qui n’imposent pas de sanctions économiques et qui limite ses livraisons d’armes à l’Ukraine; les Palestiniens, qui jouissent d’un appui traditionnel de la diplomatie russe ; la Syrie, où les russes entretiennent deux bases militaires (Tartous et Hmeimim) et l’Iran, avec lequel les liens notamment militaires se sont resserrés (livraisons de drones Shahid et construction en Russie d’une usine de ces drones). La Russie a présenté au Conseil de sécurité de l’ONU un projet de résolution qui se voulait équilibré mais qui a été refusé par les membres du Conseil parce qu’il ne comportait aucune condamnation des agissements du Hamas. Pour Moscou, un embrasement de la région ne serait pas une bonne affaire et l’obligerait à sortir de l’ambiguïté. Malgré un soutien de principe à la cause palestinienne, les exactions du Hamas en Israël ont beaucoup choqué et les manifestations de soutien de la population russe à Israël ont été à ce jour beaucoup plus importantes dans la capitale russe que les gestes de solidarité avec les Palestiniens de Gaza. La violence des réactions israéliennes pourrait changer les choses.

Dans un entretien sur France 2, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a apporté son soutien à Israël et a accusé la Russie de soutenir les opérations du Hamas. Qu’en est-il réellement ? Que traduit l’alignement de la position ukrainienne sur celle des Occidentaux vis-à-vis de la condamnation des attaques du 7 octobre ?

Volodymyr Zelensky a demandé en vain à être reçu en Israël. Il veut se montrer solidaire de la réaction d’indignation provoquée en Europe et aux États-Unis, ses principaux soutiens, face aux atrocités commises par le Hamas et impliquer la Russie dans l’attaque contre Israël. Il peut invoquer à l’appui de son accusation les liens de Moscou avec Téhéran et le soutien traditionnel de la Russie à la cause palestinienne. Si c’est de bonne guerre, on voit mal les Russes chercher à déstabiliser Israël avec lequel ils ont un modus vivendi satisfaisant, Moscou fermant les yeux à certaines conditions sur ses bombardements contre les forces des Gardiens de la révolution iranienne en Syrie, lui permettant ainsi de se ménager une sorte de zone tampon à sa frontière syrienne. Il s’agit aussi, pour le président ukrainien, de rester au premier rang des priorités diplomatiques et militaires de la « communauté internationale ». Les Israéliens, dont les préoccupations sont d’abord de panser leurs plaies et de préparer les opérations sur Gaza, ont refusé de le recevoir. Kiev craint de voir les Occidentaux, notamment les Américains, réorienter une partie de leur aide vers Israël et se désintéresser relativement de l’Ukraine. L’enjeu israélien sera sans doute plus important que l’enjeu ukrainien dans la campagne présidentielle américaine qui s’ouvre. Kiev n’a donc pas non plus intérêt à une conflagration dans la région.

La résonance du conflit israélo-palestinien sur la scène internationale semble détourner temporairement les regards médiatiques et de la communauté internationale de la guerre en Ukraine. Avec quelles conséquences ? Qu’en est-il de la situation en Ukraine à l’heure actuelle ?

Pour regagner l’attention prioritaire des Occidentaux, les Ukrainiens ont besoin que la crise avec Israël s’apaise. En attendant, ils doivent réactiver l’intérêt de l’opinion et pour cela enregistrer de nouvelles victoires ou démontrer que les choses bougent. La livraison de missiles ATACMS américains très précis et récemment utilisés avec succès semble-t-il, ainsi que le blocage d’une offensive russe du côté d’Avdiivka, leur ont fait regagner une partie de l’attention des médias. Le pire pour Kiev serait d’être soumis à une reconquête rampante par la Russie dans le silence de la « communauté internationale ».

J’ai lu… « Diplomatie de combats », ouvrage de Jean-Maurice Ripert

Thu, 19/10/2023 - 12:08

La diplomatie est-elle un sport de combat ? Faut-il croire à la morale en politique ? Comment protéger les droits humains ? La responsabilité de protéger légitime-t-elle le droit d’ingérence ? Pascal Boniface échange avec Jean-Maurice Ripert autour de ses Mémoires « Diplomatie de Combats » publiés aux Presses de la cité : des récits de combats qu’il a mené du Pakistan à la Russie, en passant par la Chine, pour défendre valeurs et idées qui lui sont chères.

Les stocks stratégiques de métaux critiques

Wed, 18/10/2023 - 22:40

Séminaire organisé, en collaboration avec Enerdata et Cassini, dans le cadre de l’Observatoire de la sécurité des flux et des matières énergétiques (OSFME), mené pour le compte de la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS) du ministère des Armées.

Autour de :

– David Amsellem, cartographe, docteur en géopolitique et co-fondateur du cabinet Cassini Conseil

– Emmanuel Hache, directeur scientifique de l’OSFME et directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS)

– Frédéric Jeannin, chercheur au sein du programme Climat, énergie et sécurité de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS)

– Roman Vinadia, chef de projet et analyse géopolitique, cabinet Cassini Conseil.

Animé par Sami Ramdani, enseignant-chercheur en géopolitique de l’énergie et des matières premières à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).

Palestine-Israël : une montée des tensions mortifères

Wed, 18/10/2023 - 16:14

Les Géopolitiques de Nantes des 29 et 30 septembre 2023 avaient placé le conflit israélo-palestinien au centre des débats, quelques jours avant que les attaques terroristes du Hamas soient commises sur le territoire israélien le 7 octobre dernier.

Thomas Vescovi, historien et chercheur indépendant, spécialiste de la société israélienne et de ses interactions avec la population palestinienne, avait répondu à nos questions : quelle place occupe la non-résolution du conflit israélo-palestinien dans la crise démocratique israélienne ? Le serpent de mer d’une solution à deux États est-elle encore réaliste ? Quelles conditions permettraient une résolution du conflit de manière pérenne ? Ses réponses mettent en perspective la situation tragique d’aujourd’hui.

Les Géopolitiques de Nantes sont organisés par l’IRIS et le Lieu Unique, avec le soutien de Nantes métropole.

Vidéo tournée le 30/09/2023

L’Occident, les valeurs universelles et Gaza

Tue, 17/10/2023 - 18:35

La différence d’intensité des réactions de l’Occident à l’invasion de l’Ukraine et aux bombardements israéliens sur Gaza suscite une accusation de « deux poids, deux mesures » de la part des pays du Sud global. Ces protestations risquent de raviver la dichotomie « West vs. the Rest » et de saper la crédibilité des positions géopolitiques adoptées par les puissances occidentales. L’analyse de Pascal Boniface.

 

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