Vous êtes ici

Diplomacy & Crisis News

Security Council strongly condemns continued fighting in South Sudan

UN News Centre - sam, 11/02/2017 - 06:00
The Security Council has strongly condemned continued fighting across South Sudan, particularly incidents in the country&#39s Equatoria and Upper Nile regions, and called on all parties to cease hostilities immediately.

DR Congo: UN mission strongly condemns persistent violence in Kasai Provinces

UN News Centre - sam, 11/02/2017 - 06:00
The United Nations peacekeeping mission in the Democratic Republic of the Congo today expressed its concern about the persistent conflict in the Kasai provinces where violent atrocities are being committed by the Kamuina Nsapu militia.

'The world needs science and science needs women,' UN says on International Day

UN News Centre - sam, 11/02/2017 - 06:00
United Nations Secretary-General António Guterres today urged greater investments in teaching science, technology, engineering and math to all women and girls as well as equal access to these opportunities.

‘Globalism’ Is the Victory of Western Ideals

Foreign Policy - ven, 10/02/2017 - 23:56
If liberalism can succeed in the non-Western world, it is safe in the hands of immigrants to the United States. But it does not help if the president of the United States makes them feel unwelcome in their adopted homeland.

White House Rocked by Flynn’s Overtures to Russia

Foreign Policy - ven, 10/02/2017 - 23:27
The national security advisor’s conversations about sanctions with the Russian ambassador have landed him in hot water, raising more questions about Trump’s odd affinity for Putin.

EU High Rep on Working With Trump: Come Early, Stand Firm Often

Foreign Policy - ven, 10/02/2017 - 22:31
The state of Europe's union is good and strong, says Federica Mogherini.

Trump Passes on Elliott Abrams for State Dept., Throwing Open Selection Process

Foreign Policy - ven, 10/02/2017 - 22:20
The White House continues its search for an experienced hand after the president rejected a controversial neoconservative.

The Blackwater of Jihad

Foreign Policy - ven, 10/02/2017 - 22:03
A consortium of elite, well-paid fighters from across the former Soviet Union are training jihadis in Syria. Their business model could go global.

Trump Is a One-Man Campaign for Nuclear Disarmament

Foreign Policy - ven, 10/02/2017 - 22:03
Ego + ignorance is a bad combination for someone with his finger on the button.  

‘The Chinese Learned that Trump Blinks’

Foreign Policy - ven, 10/02/2017 - 21:29
In a call with China's President, Trump recognized, or at least nodded at, the one-China policy he'd earlier questioned.

Mexico’s ‘Silicon Valley’ Trolls Trump Hard Over Travel Ban

Foreign Policy - ven, 10/02/2017 - 21:09
Give me your start-ups, your coders, your tech-savvy masses.

INTERVIEW: ‘It’s time to work with young people, not just for young people’ – outgoing UN Youth Envoy

UN News Centre - ven, 10/02/2017 - 20:55
In his second term in office, former United Nations Secretary-General Ban Ki-moon established the Office of the Secretary-General’s Envoy on Youth, subsequently appointing Mr. Ahmad Alhendawi of Jordan as his first-ever Envoy on Youth – the youngest senior official in the history of the Organization.

America First Shouldn’t Mean America Alone

Foreign Policy - ven, 10/02/2017 - 19:14
If Donald Trump can’t play nice with U.S. allies, his presidency could crash and burn in the Horn of Africa.

North Korea Is Trump’s Kobayashi Maru: Here Are 4 Approaches to the No-Win Nuke Test

Foreign Policy - ven, 10/02/2017 - 19:10
If Trump doesn't do something about Pyongyang, forget "live long and prosper."

Crimes économiques sans châtiment

Le Monde Diplomatique - ven, 10/02/2017 - 13:13

En délocalisant leur production dans les pays les plus pauvres, les entreprises multinationales ne recherchent pas seulement une main-d'œuvre à bon marché. La faiblesse des lois sociales et environnementales les protège des poursuites judiciaires. Cette impunité prospère aussi faute d'instances internationales ou de tribunaux compétents en la matière dans les pays consommateurs.

Du 29 mai au 1er juin 2014, la ville de Montréal accueillait la première session canadienne du Tribunal permanent des peuples (TPP) relative à l'industrie minière. Lors d'un procès fictif, des militants et des personnalités de la société civile ont « jugé » de grandes entreprises accusées de violer les droits humains et de détruire l'environnement. Cette démarche à la fois théâtrale et sérieuse visait non seulement à mettre en lumière les dégâts liés à l'extraction de matières premières, mais également à dénoncer l'impunité dont bénéficient les multinationales implantées dans les pays pauvres.

En droit international, la notion de crime économique contre les peuples ou contre l'environnement n'existe pas. La « communauté internationale » n'est pas dépourvue d'instruments juridiques, à l'image de la Cour internationale de justice ou de la Cour pénale internationale, mais ces derniers ne s'appliquent pas aux activités économiques que les entreprises mènent à l'étranger. Les marées noires, les accidents industriels ou la corruption de fonctionnaires locaux ne méritent pas, semble-t-il, de juridiction compétente. Mieux, les pays occidentaux n'ont pas estimé judicieux de doter leurs tribunaux des moyens de juger les agissements de leurs multinationales à l'étranger : il s'agirait d'une forme de violation de la souveraineté nationale des pays qui accueillent lesdites entreprises.

La loi française, par exemple, précise qu'un crime ou un délit commis hors du territoire sera jugé en France si et seulement si « le crime ou le délit est puni à la fois par la loi française et par la loi étrangère, et s'il a été constaté par une décision définitive de la juridiction étrangère ». En somme, pour que les dirigeants de Total soient sanctionnés en France pour leur soutien à la junte birmane, il faudrait qu'ils aient été préalablement condamnés, pour les mêmes faits, par le tribunal de… Naypyidaw, la capitale de la Birmanie. Une perspective qui, jusqu'ici, n'a pas privé de sommeil les « créateurs de richesse » français, et pour cause : grâce au chantage aux délocalisations et aux moyens gigantesques dont disposent les multinationales, une condamnation dans un pays aussi pauvre et corrompu s'avère le plus souvent utopique.

Auchan au banc des accusés

Certaines organisations non gouvernementales (ONG) ne désespèrent toutefois pas de trouver une faille dans ce système d'impunité. C'est le cas de Sherpa, une association de juristes fondée en 2001 à Paris, de Peuples solidaires ou du collectif De l'éthique sur l'étiquette. Ces trois associations ont porté plainte contre Auchan dans l'affaire de l'effondrement de l'usine textile du Rana Plaza, le 24 avril 2013, au Bangladesh (1). « Auchan inscrit son action dans les principes de droit issus de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948, de la déclaration relative aux principes et droits fondamentaux de l'OIT [Organisation internationale du travail] de 1998 et des principes directeurs de l'OCDE [Organisation de coopération et de développement économiques], explique la société sur son site Internet. Ces textes forment un corpus de droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels qu'Auchan applique à ses partenariats. » Les mille cent trente-cinq morts du Rana Plaza partageront-ils l'analyse ? Des étiquettes d'In Extenso, une marque d'Auchan, ont été retrouvées dans les ruines de cette usine de confection. Mais le groupe a refusé d'indemniser les victimes en contestant tout lien direct ou indirect avec cet établissement. En plaidant la « pratique commerciale trompeuse », les ONG sont parvenues à obtenir l'ouverture d'une enquête préliminaire. Pour M. Gérard Mulliez, fondateur du groupe Auchan et troisième fortune de France, les menottes sont encore loin, mais il s'agit malgré tout d'un coup de semonce.

Au sein des Nations unies, certains Etats tentent également d'infléchir le droit international. En juin 2014, le Conseil des droits de l'homme a examiné un projet de résolution déposé par l'Equateur et l'Afrique du Sud portant sur la responsabilité sociale et environnementale des multinationales. Le texte propose de créer un groupe de travail chargé d'élaborer un « instrument international juridiquement contraignant pour réglementer, dans le cadre du droit international des droits de l'homme, les activités des sociétés transnationales et autres entreprises ». Soumise au vote, cette résolution a été adoptée en dépit de l'opposition des nations les plus riches : l'ensemble des pays de l'Union européenne, le Japon et les Etats-Unis se sont prononcés contre. « La France a préféré une approche progressive qui s'appuie sur les travaux engagés depuis 2011, de façon à pouvoir appliquer concrètement ces mesures plus rapidement », a tenté de justifier Mme Annick Girardin, secrétaire d'Etat chargée du développement et de la francophonie (2). Si les grands patrons du CAC 40 venaient à défiler sur le banc des accusés, les pouvoirs publics soutiendraient-ils les plaignants ?

La voie « plus concrète et plus rapide » voulue par le gouvernement se nomme « principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme ». Rédigés en étroite concertation avec les sociétés privées, ils sont non contraignants et tout à fait inoffensifs. Le onzième principe indique d'ailleurs que « les entreprises devraient respecter les droits de l'homme », un conditionnel qui en dit long sur la motivation politique des rédacteurs.

Tout en repoussant ces assauts contre l'impunité des multinationales au niveau des Nations unies, M. François Hollande, M. Manuel Valls et leurs équipes doivent aussi répliquer à des attaques intérieures. En novembre 2013, des députés écologistes et socialistes ont déposé un projet de loi relatif au « devoir de vigilance des sociétés mères et des entreprises donneuses d'ordres ». Le texte, qui tarde à être examiné, introduirait un devoir de prévention des dommages écologiques et des atteintes aux droits fondamentaux, ainsi qu'un régime de responsabilité des maisons mères françaises. Verra-t-il le jour ? C'est peu probable. Le Mouvement des entreprises de France (Medef) s'y oppose déjà avec vigueur, de même que le ministère de l'économie. Selon toute vraisemblance, le sujet sera renvoyé devant la Commission européenne, dont on connaît la grande fermeté — pour ne pas dire la cruauté — envers les lobbies économiques…

(1) Lire Olivier Cyran, « Au Bangladesh, les meurtriers du prêt-à-porter », Le Monde diplomatique, juin 2013.

(2) Assemblée nationale, séance du mercredi 9 juillet 2014, questions au gouvernement.

Les élus passent, les eurocrates restent

Le Monde Diplomatique - ven, 10/02/2017 - 13:13

Pourquoi perdre son temps avec un député lorsque l'on peut s'adresser directement à ceux qui détiennent le pouvoir ? Dans un restaurant chic de Bruxelles, le lobbyiste Erik Polnius (1) ne s'embarrasse pas de simagrées : « Pour moi, il y a deux types de lobbyistes : d'abord, ceux qui, quand ils ont une proposition de texte, viennent voir un membre du Parlement... » Une moue moqueuse suggère ce que lui inspire la démarche et appelle la question : mais qui sont ces personnes si puissantes auxquelles préfère s'adresser la seconde catégorie de lobbyistes ? La grimace se transforme en sourire satisfait : « Les bureaucrates de la Commission, bien sûr. »

Il ne s'agit pas d'une boutade. Les traités constitutifs de l'Union européenne confèrent aux 21 000 fonctionnaires de la Commission, et notamment à ses 11 000 administrateurs (« AD » en sabir bruxellois), un pouvoir d'impulsion législative fondamental.

M. Polnius n'est pas le seul lobbyiste à avoir découvert leur importance. Ils sont nombreux à faire le siège de leurs bureaux. Or tisser des liens avec ces interlocuteurs prend du temps — une forme d'investissement. « Il y a des fonctionnaires qui arrivent et qui repartent, c'est certain, admet en haussant les épaules un lobbyiste de la puissante fédération patronale des machines-outils et des appareils mécaniques (Orgalime). Mais quand vous connaissez quelqu'un qui était chef d'unité et qui devient directeur général, c'est l'idéal : les bons rapports de travail, ça ne se perd pas. »

Recrutés sur concours, les bureaucrates de la Commission sont nommés à vie. Si les nouveaux arrivants touchent 4 359 euros net par mois (impôts prélevés à la source), ils peuvent espérer atteindre 14 953 euros net en fin de carrière. Et ils se trouvent au cœur du processus décisionnel communautaire. Chefs de bureau, ils rédigent les premiers brouillons des futures directives ; chefs d'unité ou directeurs généraux, ils arbitrent les conflits que soulèvent les textes en discussion. Grâce à eux, il est donc possible d'intervenir deux fois : en amont, en orientant directement les fondements et le libellé des futures réglementations ; et en aval, en influant sur les arbitrages effectués entre le Parlement et le Conseil (ce que l'on appelle le « trilogue » (2)). Un bon lobbyiste peut encore intervenir lors du processus dit de « comitologie », qui consiste à confier à des groupes de travail composés de fonctionnaires européens et d'experts nationaux la rédaction des actes d'application concrète des textes déjà votés.

Pour un entrepreneur de l'influence, le Parlement apparaît comme un lieu beaucoup plus incertain. Les milieux d'affaires ne peuvent jamais avoir la certitude que leur position ne sera pas menacée par telle ou telle organisation non gouvernementale (ONG) alliée aux Verts ou à la Gauche unitaire européenne (GUE). La discussion avec les bureaucrates, d'autant plus fructueuse qu'elle est discrète, garantit souvent de meilleurs résultats. « On s'est aperçus qu'on pouvait davantage influencer le processus décisionnel au niveau de la Commission, avant que les projets de directive ne deviennent publics. Donc, on se concentre sur ce travail », nous explique Mme Paulina Draga, de l'association qui représente le secteur du gaz (Eurogas). Evoquant de prochaines discussions autour de la question des infrastructures dans l'Union, elle glisse : « Là, par exemple, nous avons eu les documents de travail très tôt, alors même qu'ils étaient confidentiels. »

Nul besoin d'insister pour que M. Polnius détaille ses succès. Il a obtenu que la directive relative aux déchets introduite en 2008 soit dotée d'un volet recyclage favorable à ses employeurs. Cela lui a ensuite permis de suggérer que la Commission cofinance le développement de modes de production dits innovants pour le papier : les bioraffineries fabriquées par ses clients et hors de portée de la concurrence asiatique. Classique, l'opération illustre les ravages de ce type de lobbying, qui s'effectue en deux temps : d'abord, convaincre les fonctionnaires de la Commission de durcir certaines normes environnementales ou sanitaires ; ensuite, obtenir des subventions pour mettre au point les technologies adaptées par le biais de partenariats public-privé (PPP). On défend donc l'environnement, les salariés ou les consommateurs... pour mieux servir les grandes entreprises européennes. Le 17 décembre 2013, la Commission a ainsi annoncé le lancement de huit PPP dits « d'importance stratégique pour l'industrie ». Montant : 6 milliards d'euros sur six ans.

Dans les secteurs les plus engagés dans la compétition internationale, les sommes consacrées au travail de « représentation » sont donc un investissement très profitable : vingt-cinq des quarante entreprises les plus subventionnées par la Commission figurent également dans le top 50 de celles qui dépensent le plus pour le lobbying auprès des institutions de l'Union. Un groupe comme EADS pourrait-il maintenir sa position dans l'aviation et la défense sans engager chaque année environ 4,5 millions d'euros en lobbying à Bruxelles ? Sans doute pas. La société reçoit à la fois 39 millions d'euros de subventions directes annuelles de la part de l'administration européenne et 239,7 millions d'euros de financement indirect annuel de la Commission sous la forme de marchés publics. Plus rare, certains groupes originaires de pays extérieurs à l'Union parviennent à des résultats similaires : ainsi Microsoft, qui investit chaque année 4,5 millions d'euros pour sa représentation, bénéficie de 17,8 millions d'euros de marchés auprès de la Commission et de 1,4 million d'euros de subventions (chiffres de 2013).

Les lobbyistes visent tout particulièrement les fonctionnaires qui ont la main sur les crédits de la recherche et sur les décisions des agences techniques. De plus en plus de fédérations patronales européennes se muent en centres de recherche, déposant leurs statuts en tant qu'organismes scientifiques industriels de droit belge afin de remodeler les orientations du champ scientifique le plus proche de leur périmètre d'activité. Sans surprise, ces évolutions s'accompagnent d'une modification du profil des lobbyistes.

Les recrutements de docteurs en sciences dures se sont systématisés, notamment dans les fédérations de la chimie. Ainsi, M. Barrie Gilliat, directeur exécutif d'Eurochlor, le lobby du chlore, raconte dans une conférence organisée par Ernst & Young ce qu'il décrit comme « un tournant dans les années 1990 après les débuts difficiles du produit (3) ». Alors que le chlore était jusque-là dénoncé pour l'asthme ou les allergies qu'il était susceptible de provoquer, le recrutement de cinq docteurs en toxicologie a permis de se positionner au plus près des directions générales de l'énergie (DGE) et de la recherche (DGR) à la Commission. Et de repérer les chercheurs disposés à remettre en cause l'idée selon laquelle le chlore utilisé dans les piscines provoquerait de l'asthme chez certains enfants.

Comme a pu le montrer le scientifique américain Robert Neel Proctor à partir de son enquête sur les lobbys du tabac, le financement des scientifiques par les milieux d'affaires ne vise pas à obtenir systématiquement de « mauvais résultats scientifiques (4) ». Au contraire, il peut être utile de subventionner tel ou tel grand nom de la recherche toxicologique pour crédibiliser un institut privé qui, dans un second temps, sera invité dans les cénacles où se dessine l'avenir de la recherche. Il ne s'agit plus seulement de débaucher quelques experts ; c'est la structure même de la bureaucratie de la recherche qui est aujourd'hui un enjeu pour les représentants d'intérêts économiques.

Ainsi, nous explique un fonctionnaire de la DGR, la définition des futurs programmes-cadres pour la recherche et le développement (PCRD) s'opère dans des comités opaques, « sans obligation de représentativité », ni de nationalité, ni de spécialité scientifique. Sont d'abord conviés les représentants des mondes de la recherche les plus proches de l'industrie, ceux qui seront écoutés à la fois par les patrons et par leurs pairs. L'idéal ? « Un grand scientifique qui a fait aussi une carrière dans l'industrie, comme ça on ne risquera pas d'être attaqués. »

L'imbrication de la bureaucratie communautaire, de la recherche et de la représentation patronale est telle que, dans bien des secteurs, on peine à comprendre qui travaille pour la Commission européenne, pour l'université ou pour l'industrie. Sur les trente-deux personnalités convoquées par la DGR dans son groupe d'experts sur les nanotechnologies censé préparer « l'horizon 2020 », quinze travaillent directement pour l'industrie et dix-sept dans le monde de la recherche (5). Mais, parmi ces dernières, huit dirigent leur propre entreprise ou un consortium mêlant intérêts privés et investissements publics. Changer les majorités électorales peut-il suffire à mettre un terme à de telles pratiques ?

(1) Les noms des lobbys sont réels, mais ceux des lobbyistes ont été changés.

(2) Lire Pierre Souchon, « Une directive trop cruciale pour être débattue publiquement », Le Monde diplomatique, avril 2014.

(3) Barrie Gilliatt, «  Operating in contested environments : The experience of the chlorine industry », dans Justin Greenwood (sous la dir. de), The Challenge of Change in EU Business Associations, Palgrave Macmillan, Basingstoke, 2003.

(4) Robert Proctor et Londa Schiebinger (sous la dir. de), Agnotology : The Making and Unmaking of Ignorance, Stanford University Press, 2008.

(5) « Horizon 2020 advisory group for nanotechnologies, advanced materials, biotechnology and advanced manufacturing and processing », Registre des groupes d'experts de la Commission.

« Nous devrions être les jardiniers de cette planète »

Le Monde Diplomatique - ven, 10/02/2017 - 13:09

La société capitaliste est une société qui court à l'abîme, à tous points de vue, car elle ne sait pas s'autolimiter. Et une société vraiment libre, une société autonome, doit savoir s'autolimiter, savoir qu'il y a des choses qu'on ne peut pas faire ou qu'il ne faut même pas essayer de faire ou qu'il ne faut pas désirer.

Nous vivons sur cette planète que nous sommes en train de détruire, et quand je prononce cette phrase je songe aux merveilles, je pense à la mer Egée, je pense aux montagnes enneigées, je pense à la vue du Pacifique depuis un coin d'Australie, je pense à Bali, aux Indes, à la campagne française qu'on est en train de désertifier. Autant de merveilles en voie de démolition. Je pense que nous devrions être les jardiniers de cette planète. Il faudrait la cultiver. La cultiver comme elle est et pour elle-même. Et trouver notre vie, notre place relativement à cela. Voilà une énorme tâche. Et cela pourrait absorber une grande partie des loisirs des gens, libérés d'un travail stupide, productif, répétitif, etc. Or cela est très loin non seulement du système actuel mais de l'imagination dominante actuelle. L'imaginaire de notre époque, c'est celui de l'expansion illimitée, c'est l'accumulation de la camelote — une télé dans chaque chambre, un micro-ordinateur dans chaque chambre —, c'est cela qu'il faut détruire. Le système s'appuie sur cet imaginaire-là.

La liberté, c'est très difficile. Parce qu'il est très facile de se laisser aller. L'homme est un animal paresseux. Il y a une phrase merveilleuse de Thucydide : « Il faut choisir : se reposer ou être libre. » Et Périclès dit aux Athéniens : « Si vous voulez être libres, il faut travailler. » Vous ne pouvez pas vous reposer. Vous ne pouvez pas vous asseoir devant la télé. Vous n'êtes pas libres quand vous êtes devant la télé. Vous croyez être libres en zappant comme un imbécile, vous n'êtes pas libres, c'est une fausse liberté. La liberté, c'est l'activité. Et la liberté, c'est une activité qui en même temps s'autolimite, c'est- à-dire sait qu'elle peut tout faire mais qu'elle ne doit pas tout faire. C'est cela le grand problème de la démocratie et de l'individualisme.

Des idées pour deux scrutins

Le Monde Diplomatique - ven, 10/02/2017 - 11:35
Qu'ils s'abstiennent ou se rendent aux urnes, les Français disposeront bientôt d'un nouveau président et d'un nouveau Parlement. Les affaires des uns, les renoncements des autres n'ont pas encore eu raison des deux courants dominants qui se succèdent au pouvoir depuis soixante ans. Mais ​ce (...) / , , , , , , , , , , , , , - Dossiers

Des idées pour deux scrutins

Le Monde Diplomatique - ven, 10/02/2017 - 11:35
Coq fighting (Combat de coqs) cc Alexis Gravel

Qu'ils s'abstiennent ou se rendent aux urnes, les Français disposeront bientôt d'un nouveau président et d'un nouveau Parlement. Les affaires des uns, les renoncements des autres n'ont pas encore eu raison des deux courants dominants qui se succèdent au pouvoir depuis soixante ans. Mais ​ce bipartisme vacille. Rien ne dit en effet que la société française, minée par le chômage et les inégalités, acceptera indéfiniment de se soumettre aux dogmes néolibéraux de l'Union européenne. Pour le moment, la situation géopolitique, rendue plus incertaine par la nouvelle administration américaine, semble favoriser presque partout les formations politiques conservatrices, voire nationalistes. La colère populaire, qui n'a pas de représentation politique ou médiatique, pourrait-elle se tourner demain vers les partisans de l'émancipation sociale ? Les idées, en tout cas, ne manquent pas. Sélection d'archives.

Politique & idées

Politique, partis & idéologie

La fabrique de l'opinion

Démocratie, élections et représentation

Infrastructures, institutions et services publics

Travail, chômage

Sécurité

La France dans l'Europe

La France et le monde

Religions, laïcité

Histoire de l’Irlande. De 1912 à nos jours

Politique étrangère (IFRI) - ven, 10/02/2017 - 10:45

Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver de Politique étrangère (n°4/2016). Marie-Claire Considère-Charon propose une analyse de l’ouvrage d’Alexandra Slaby, Histoire de l’Irlande. De 1912 à nos jours (Paris, Tallandier, 2016, 464 pages).

Cet ouvrage paraît cent ans après l’insurrection de Pâques 1916, qui a donné lieu à de nombreuses commémorations. Même si le bien-fondé de l’insurrection continue à faire débat, elle demeure, bien que minoritaire, la grande césure de ce XXe siècle irlandais, associée à une symbolique qui continue de hanter l’imaginaire collectif. L’auteur toutefois ne choisit pas d’ouvrir son étude à cette date mais par l’année 1912, où le projet d’autonomie destiné à toute l’Irlande (Home Rule) recevait à nouveau l’aval de la Chambre des communes sans le risque d’être bloqué par les Lords.

1912 et 1916 renvoient à deux visions distinctes et concurrentielles de la nation irlandaise, à deux projets politiques divergents autant par les moyens (voie parlementaire ou lutte armée) que par l’objectif ultime (autonomie sous l’autorité de la Couronne ou pleine indépendance). Du fait de l’intrusion d’un conflit mondial qui allait peser sur le destin de l’Europe et de l’hostilité des Unionistes d’Ulster, farouchement opposés à tout compromis avec les Nationalistes, le projet de Home Rule sera abandonné, cédant le pas à la guerre d’indépendance, l’escalade de la violence, la partition de l’île et le chaos de la guerre civile dont les séquelles marqueront la vie politique de l’Irlande dans les décennies suivantes.

En interrogeant le travail des historiens passés et contemporains, l’auteur pose la question de l’historiographie qui, après avoir été longuement dépourvue de sens critique vis-à-vis des héros nationalistes, a, dans les années 1970, fait apparaître une lecture « révisionniste » qui entend déconstruire les récits hagiographiques. Entre deux lectures aussi tranchées, Alexandra Slaby parvient à livrer une analyse contrastée et nuancée, à l’abri de tout a priori.

Le livre suit un découpage chronologique réparti en dix chapitres qui peuvent se lire séparément comme autant de tranches d’histoire. Il propose également une galerie de portraits fouillés de ceux qui ont fait l’Irlande et changé le cours de son histoire. Parmi tant d’autres, la haute stature de De Valera, seul survivant de l’exécutif des Pâques sanglantes, domine sans conteste.

Un certain nombre de questions sont parallèlement traitées avec doigté et talent. Il en est ainsi de la neutralité irlandaise et des répercussions qu’elle a eues sur les relations de l’Irlande avec la Grande-Bretagne et les États-Unis, de l’évolution du système politique des « deux partis et demi », spécificité irlandaise qui, malgré ses insuffisances, a réussi à instaurer une alternance démocratique et des transitions sereines, ainsi que de la place de l’Église catholique et de l’emprise qu’elle conserva si longtemps sur les esprits jusqu’à ce que son déclin s’amorce de façon irrémédiable, après les nombreux scandales et abus qui entachèrent la réputation de tout un clergé.

L’on ne peut que rendre hommage à cette précieuse contribution qui séduit par la pertinence de ses analyses et son approche pluridisciplinaire intégrant des observations et des réflexions sur les politiques culturelles, la littérature et le cinéma. L’auteur parvient largement à éviter le récit fastidieux en proposant une chronique au style alerte, émaillée de commentaires instructifs et éclairants pour le lecteur avisé qui trouvera dans les nombreuses notes et une importante bibliographie tous les outils nécessaires pour approfondir sa réflexion sur « le peuple le plus résilient au monde ».

Marie-Claire Considère-Charon

Pour vous abonner à Politique étrangère, cliquez ici.

Pages