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Diplomacy & Crisis News

Turkey Rounded Up Over 800 Islamic State Suspects in Massive Anti-Terror Op

Foreign Policy - lun, 06/02/2017 - 18:30
Turkey tries to push the terror group back on the defensive.

Maximilien Decroux. Au-delà du mime…

Le Monde Diplomatique - lun, 06/02/2017 - 18:23

En France, l'art du mime est souvent associé à Bip, le personnage créé par Marcel Marceau en 1947. La discipline a pourtant traversé l'histoire, prenant les formes les plus différentes : des Grecs — « imitateurs de génie » selon les auteurs, aux comédiens sans texte ni décor — jusqu'à aujourd'hui, en passant par les mimes blancs du XIXe siècle (le fameux Pierrot). À Paris, dans les années 1940, Étienne Decroux développe une grammaire gestuelle poétique : le « mime corporel ». S'éloignant de la pantomime, il estime que « le mime consiste à produire du virtuel, non à restituer le connu : c'est un acte, non une redite ». Plus tard, son fils Maximilien reprendra le flambeau en l'adaptant. Artiste d'inspiration comique, interprète, pédagogue, il défend le mime comme un art vivant, complet et autonome. Il sera le premier à faire dialoguer le langage du corps avec d'autres : la poésie, les musiques électroniques… Un ouvrage qui aide Maximilien à sortir, enfin, de l'ombre de son père.

Riveneuve - Archimbaud Éditeur, Paris, 2015, 286 pages, 20 euros.

Chacun son chemin (Separate Way)

Le Monde Diplomatique - lun, 06/02/2017 - 18:22

En 1936, Objectivist Press, fondé sous le parrainage de William Carlos Williams par les poètes du mouvement objectiviste — notamment George Oppen, Louis Zukofsky et Charles Reznikoff lui-même —, publie Chacun son chemin (Separate Way), ici présenté en édition bilingue : treize poèmes de formes variées dressant un portrait inquiet des années 1930, entre contemplations solitaires dans les rues de New York, prières de paix pour le peuple juif, récits de massacres (la guerre civile autrichienne de 1934) et tableaux de la misère contemporaine. Le poème Dépression décrit ainsi avec une précision dévastée les conséquences de la crise de 1929 : « Ils descendaient la rue à deux ou trois / parlant d'emplois / d'emplois qu'ils obtiendraient peut-être, d'emplois qu'ils avaient eus / sans jamais se tourner pour regarder les arbres ou le fleuve / scintillant au soleil. » La traduction d'Eva Antonnikov restitue le lyrisme contenu et l'enthousiasme fragile qui font la manière de Reznikoff, poète peu connu (même s'il fut jadis édité en France par P.O.L) nous invitant aujourd'hui à poursuivre sa quête lumineuse : « La tâche de l'homme n'est pas encore finie. »

Héros-Limite, Genève, 2016, 80 pages, 12 euros.

Musiques noires. L'Histoire d'une résistance sonore

Le Monde Diplomatique - lun, 06/02/2017 - 18:22

Dans cet ouvrage collectif, Jérémie Kroubo Dagnini, spécialiste des musiques populaires jamaïquaines, convie une vingtaine d'intellectuels et d'artistes à (re)penser les musiques noires sous l'angle de la résistance. Il choisit de répondre à un texte du musicologue anglais Philip Tagg intitulé « Lettre ouverte sur les musiques “noires”, “afro-américaines” et “européennes” », adressé à ses collègues universitaires le 4 mai 1987 — et qui, jusqu'à aujourd'hui, continue de faire des remous. Dagnini juge cette lettre « nauséabonde », « perfide » et raciste, dans la mesure où, selon lui, son auteur tend à « déposséder les musiques noires des caractéristiques musicales fréquemment étiquetées “noires” » pour leur prêter des origines européennes — autrement dit, blanches. À ce premier acte de résistance rhétorique viennent s'ajouter, outre des contributions d'artistes, des analyses portant sur l'histoire et la portée sociopolitique de plusieurs musiques : jazz, dancehall, dub poetry, gwoka, reggaetón, maloya ou encore rap.

Camion Blanc, Rozières-en-Haye, 2016, 518 pages, 32 euros.

Brigadistes !

Le Monde Diplomatique - lun, 06/02/2017 - 18:22

À l'occasion du 80e anniversaire de la création des Brigades internationales, les Amis des combattants en Espagne républicaine (ACER) et les éditions du Caïman se sont associés afin de leur rendre hommage. Cet ouvrage hétéroclite rassemble des textes d'auteurs-compositeurs-interprètes (Cali, Serge Utgé-Royo) et d'écrivains (Didier Daeninckx, Patrick Bard, etc.), ainsi que deux bandes dessinées. Les nouvelles occupent la plus grande part, et certaines captent la forte particularité de l'héritage qu'ont laissé les brigadistes. On lira ainsi avec intérêt Patrick Fort (« Els ombres del coll dels Belistres »), Tomas Jimenez (« El comunero »), et Roger Martin (« Viva la quince Brigada ! »). On retiendra la confession du personnage de la nouvelle de Maurice Gouiran (« Le premier soir à Barcelone ») : « Je suis encore repu de cette soif de liberté, de ce fol espoir qui nous a unis et étreints durant ces heures-là. »

Éditions du Caïman - ACER, Saint-Étienne, 2016, 336 pages, 15 euros.

La bonne focale. De l'utilité des cas particuliers en sciences sociales

Le Monde Diplomatique - lun, 06/02/2017 - 18:20

La « focale » qu'évoque le titre de cet essai est celle du raisonnement inductif en sciences sociales : à partir de plusieurs cas d'études, comment gagner en généralité par le biais de l'analogie ? Cette perspective est inspirée par l'étude comparative menée lors du second conflit mondial par Everett Hughes, sociologue à l'université de Chicago, sur les relations interethniques aux États-Unis dans le secteur de la production d'armements. Apparentée à la tradition d'enquête de terrain et d'étude des interactions individuelles propre à l'école de Chicago, l'approche inductive de Howard S. Becker permet d'en dépasser le cadre social et historique pour enrichir le corpus des sciences sociales de conclusions originales sur le fonctionnement des mondes de l'art, de la musique, de l'éducation ou… de la drogue. S'attachant aux paramètres particuliers afin de nuancer les lois générales, le sociologue ouvre la boîte noire des processus d'interaction pour y découvrir de nouvelles dimensions permettant la transposition, d'un cas à l'autre, des mécanismes régissant les interactions entre groupes sociaux.

La Découverte, coll. « Grands repères guides », Paris, 2016, 272 pages, 21 euros.

L'idée de confort, une anthologie. Du zazen au tourisme spatial

Le Monde Diplomatique - lun, 06/02/2017 - 18:20

Comment l'humanité a-t-elle imaginé et mis en pratique les moyens d'améliorer son bien-être depuis les « peaux de biches et de lapins » disposées à l'entrée des cavernes à la fin de la grande glaciation de Würm ? Ce recueil propose près d'une trentaine de textes de diverses époques. Tomás Maldonado dénonce le rôle du confort dans « l'assujettissement du tissu social de la société capitaliste naissante » ; Jacques Pezeu-Massabuau se livre à un subtil et paradoxal « éloge de l'inconfort » ; Siegfried Giedion évoque l'héritage ascétique des moines du Moyen Âge. Gordon W. Hewes, Bernard Rudofsky et Joseph Rykwert s'intéressent, eux, aux habitudes posturales adoptées à travers le globe. La « quarantaine de centimètres » séparant ceux qui s'asseyent au sol et ceux qui utilisent des chaises, écrit Rudofsky, « ouvre sur des perspectives, au propre comme au figuré, très différentes ». Un sujet apparemment trivial, mais riche d'enseignements.

Éditions B42 - Centre national des arts plastiques, Paris, 2016, 272 pages, 25 euros.

Eichmann avant Jérusalem. La vie tranquille d'un génocidaire

Le Monde Diplomatique - lun, 06/02/2017 - 18:19

Rapport sur la banalité du mal : ainsi la philosophe Hannah Arendt avait-elle sous-titré son Eichmann à Jérusalem, récit du procès (1961) et de l'exécution (1962) de l'organisateur du judéocide. Ce dernier lui apparaissait alors comme un médiocre fonctionnaire, un « assassin de bureau » qui se serait contenté d'obéir aux ordres génocidaires des dirigeants nazis. Cette interprétation, Bettina Stangneth la récuse, archives à l'appui. L'historienne et philosophe allemande a recherché et consulté l'ensemble des textes et des interviews d'Adolf Eichmann entre la fin de la seconde guerre mondiale et son enlèvement par le Mossad en 1960 en Argentine, notamment les mystérieux « papiers argentins » du nazi néerlandais Willem Sassen. S'y révèle un convaincu, parfaitement conscient et fier de ses crimes. Selon Dieter Wisliceny, « le sentiment d'avoir cinq millions de personnes sur la conscience était pour lui une satisfaction extraordinaire ». Soixante-dix ans plus tard, l'histoire du génocide nazi continue de s'écrire.

Calmann-Lévy, Paris, 2016, 672 pages, 26,90 euros.

Mis à jour le 6 février 2017.

Les Potentiels du temps. Art et politique.

Le Monde Diplomatique - lun, 06/02/2017 - 18:19

Comment construire des futurs dans un temps marqué par « l'ivresse mélancolique » et « l'envoûtement négatif » ? Telle est la question posée par ce livre qui se veut une « contribution à la bataille qui s'engage ». Les auteurs défendent l'exercice d'une « pensée potentielle » permettant d'expérimenter des bifurcations dans le cours du temps, échappant au discours sur la fin de l'histoire comme à la fascination apocalyptique. On notera, parmi les modèles proposés, les expérimentations collectives à l'échelle 1:1, qui jouent ou rejouent des moments politiques de lutte, de procès ou de délibération. Ainsi de la « bataille d'Orgreave » de Jeremy Deller, qui reconstitue grandeur nature, en 2001, après un travail d'enquête, une journée de lutte des mineurs britanniques d'Orgreave, en juin 1984. Ou « Cleveland contre Wall Street », « procès de cinéma se substituant à un impossible procès de la crise des subprime  ». C'est dans l'espace de l'art que se trouverait ainsi abrité un « espace politique que la démocratie et la justice “actuelles” se montrent incapables de réaliser ».

Manuella, Paris, 2016, 296 pages, 19 euros.

Manifeste pour une géographie environnementale

Le Monde Diplomatique - lun, 06/02/2017 - 18:18

On considère souvent la géographie comme une matière ennuyeuse, alors qu'elle s'intéresse aux enjeux les plus importants du XXIe siècle. Ce Manifeste réunit vingt-trois chercheurs qui s'efforcent de débarrasser leur discipline de son image vieillotte. Selon eux, celle-ci est due à des approches qui n'ont pas su se détacher d'une focalisation étroite sur le local, ni percevoir le caractère biaisé de ce que l'on appelle le développement durable. Le livre s'oppose ainsi aux géographes « climatosceptiques », sinon « écolosceptiques », qui jugent les lanceurs d'alerte « catastrophistes ». Composé de seize chapitres abordant des aspects théoriques et historiques, ainsi que d'études de cas dans les pays des Sud, il défend l'idée que la géographie de l'environnement doit prendre en compte la dimension fortement politique de ce sujet, a fortiori dans le contexte contemporain des débats sur l'anthropocène. Un ouvrage qui devrait faire date, comme La géographie, ça sert d'abord à faire la guerre, d'Yves Lacoste, il y a quarante ans.

Presses de Sciences Po, Paris, 2016, 440 pages, 25 euros.

La Trompette du Jugement dernier

Le Monde Diplomatique - lun, 06/02/2017 - 18:18

En Allemagne, après la mort de Georg Friedrich Hegel (1831), conservateurs chrétiens et jeunes hégéliens républicains se déchirent. Les premiers occupent les rares hauts postes universitaires ; les seconds sont des « intellectuels précaires » en colère. Bruno Bauer, théologien passé à l'athéisme militant, propose à son jeune ami Karl Marx (23 ans) de jeter avec lui un pavé dans la mare : ce sera cette Trompette du Jugement dernier, pamphlet très drôle publié en 1841 sous couvert d'anonymat. La philosophie de Hegel y est violemment dénoncée comme athée, antiallemande et révolutionnaire par de prétendus chrétiens fidèles à la lettre de la Bible. La farce sera prise au sérieux et applaudie par les journaux conservateurs, avant sa rapide interdiction. Les marxologues ont ignoré ou nié la part de Marx dans cet ouvrage traditionnellement attribué au seul Bauer. Nicolas Dessaux mène une enquête minutieuse et reconnaît sa patte stylistique aussi bien qu'intellectuelle dans plusieurs chapitres. Il repère, en particulier, un concept majeur du Marx de la maturité : le fétichisme.

L'Échappée, Paris, 2016, 400 pages, 22 euros.

L'Âge des démagogues. Entretiens avec Chris Hedges

Le Monde Diplomatique - lun, 06/02/2017 - 18:18

Dans cette série d'entretiens réalisés avant l'élection de M. Donald Trump à la présidence des États-Unis, l'ancien correspondant de guerre du New York Times Chris Hedges fustige les élites de droite comme de gauche, asservies au « pouvoir de la grande entreprise ». Ses analyses, celles d'un lauréat du prix Pulitzer opposé à l'intervention militaire américaine de 2003 en Irak et mis à l'écart par les grands médias, révèlent en creux ce qu'un système, celui de l'« État-entreprise », entend occulter : ces accords de libre-échange contractés en dehors de tous les étais démocratiques, comme le partenariat transpacifique, relèvent du business. Hedges rappelle le concept — défini par le philosophe Sheldon Wolin — de « totalitarisme inversé », c'est-à-dire issu non d'un parti fasciste mais « d'organisations privées, économiques, qui investissent leur argent dans le champ public, achètent les élus, modifient la Constitution et rendent en fin de compte les citoyens impuissants ». Premières victimes : les lanceurs d'alerte comme M. Edward Snowden, contre qui le gouvernement de M. Barack Obama fit durement campagne.

Lux, Montréal, 2016, 128 pages, 12 euros.

Pourquoi je suis athée

Le Monde Diplomatique - lun, 06/02/2017 - 18:17

L'indépendantiste indien Bhagat Singh (1907-1931) est condamné à mort après avoir, avec ses camarades, abattu un policier britannique et lancé une bombe non létale à l'intérieur de l'Assemblée en avril 1929. Parmi ses notes de prison, une dizaine de pages devenues célèbres retracent son cheminement vers l'athéisme. Issu d'une famille sikhe croyante, Singh s'oppose au mariage que lui arrangent ses parents. Au contact de groupes clandestins, il devient marxiste, rejette la stratégie non violente du très pieux Mohandas Karamchand Gandhi. Cela, combiné à quelques lectures anarchistes, le conduit à abandonner toute idée de croyance religieuse. Il refuse surtout le « conte de fées » de la réincarnation. Une seule voie dès lors : consacrer sa vie à la lutte pour la liberté. Fustigeant l'« alliance morbide » entre les autorités religieuses et les colons, Singh n'oublie pas d'attaquer l'ordre édicté par les prêtres brahmanes.

Éditions de l'Asymétrie, Toulouse, 2016, 120 pages, 10 euros.

Sortir de l'imposture sécuritaire

Le Monde Diplomatique - lun, 06/02/2017 - 18:17

Magistrat, Vincent Sizaire démonte ici le « sécuritarisme », héritier de l'autoritarisme bonapartiste, qu'il qualifie d'« imposture ». « L'inflation normative sans précédent à laquelle nous avons assisté ces vingt-cinq dernières années » constitue selon lui un « formidable aveu d'impuissance ». En effet, le droit pénal ne devrait présenter qu'un caractère subsidiaire : l'option répressive ne devrait intervenir que « si les autres formes de régulation s'avèrent manifestement insuffisantes à faire cesser l'atteinte à la cohésion sociale ». Et, au lieu de se focaliser sur la délinquance visible, il conviendrait de s'attaquer à ce qui porte directement atteinte à nos fondements démocratiques : la délinquance invisible, « la criminalité organisée et la délinquance financière qui ne sont que les deux faces de la même pièce ». Sizaire dénonce également la très faible diffusion de la connaissance juridique, en particulier à l'école.

La Dispute, Paris, 2016, 136 pages, 13 euros.

Russie : vers une nouvelle guerre froide ?

Le Monde Diplomatique - lun, 06/02/2017 - 18:17

Entre l'Occident et la Russie sévit une nouvelle guerre froide, dont cet ouvrage collectif s'attache à décrypter les formes. Depuis la chute de l'Union soviétique, l'arme nucléaire n'est plus aussi centrale dans la doctrine militaire russe, quoique Moscou ait réaffirmé fin 2014 la possibilité de l'utiliser en cas d'agression. Le Kremlin ne jouit plus des relais politiques d'hier, mais les médias extérieurs qu'il finance n'en cherchent pas moins à séduire les opinions publiques étrangères. Aux Nations unies, le représentant russe défend les valeurs traditionnelles de concert avec le Vatican ainsi qu'avec certains pays africains et asiatiques. Les cyberattaques constituent le volet irrégulier de ce soft power. Pour un stratégiste proche du Kremlin, la Russie serait même dans une position plus avantageuse que l'Union soviétique : « Ce n'est plus une guerre, mais un jeu à trois : États-Unis, Russie et Chine. (…) Nous devons observer et jouer dans un jeu ouvert où tous les coups sont permis et les alliances d'autant plus fluctuantes que tous les joueurs sont objectivement bien plus liés les uns aux autres qu'autrefois. »

La Documentation française, Paris, 2016, 192 pages, 7,90 euros.

Sans domicile fisc

Le Monde Diplomatique - lun, 06/02/2017 - 18:17

L'un est député-maire, l'autre sénateur-maire, tous deux dans le Nord. Les frères Alain et Éric Bocquet, communistes, ont éprouvé, notamment par l'intermédiaire des lobbys qui les représentent, la puissance de ceux qui refusent toute législation visant à limiter l'évasion fiscale : les multinationales, les riches actionnaires et leurs experts. Ces derniers ont même inventé une expression désormais célèbre, l'« optimisation fiscale », plus distinguée que la simple « évasion », mais tout aussi coûteuse pour les finances publiques. Comme le résume parfaitement le titre, l'argent n'a pas de patrie — ce que rappelle Jean Ziegler dans sa préface. Ces mille et une entourloupes représenteraient un manque à gagner de 60 à 100 milliards d'euros en France, et de plus de 1 000 milliards en Europe. Les deux élus en décortiquent les mécanismes et avancent une série de propositions.

Le Cherche Midi, Paris, 2016, 288 pages, 17,50 euros.

Contrées. Histoires croisées de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes et de la lutte No TAV dans le Val Susa

Le Monde Diplomatique - lun, 06/02/2017 - 18:17

Contrées donne la parole à ceux qui luttent à Notre-Dame-des-Landes comme dans le val de Suse, en Italie, où la population résiste depuis quarante ans à un projet de train à grande vitesse qui nécessite le percement de tunnels. Chaque mouvement a connu des périodes où un territoire échappait au contrôle de l'État. Les trente jours d'existence des libres communes de Venaus et de la Maddalena, en 2012, représentent un des moments forts du combat italien : des barricades sont alors érigées dans tous les points de la ville pour empêcher un forage. La réoccupation à Notre-Dame-des-Landes est une sécession, alors que, dans le val de Suse, on substitue à une vallée traversée par l'autoroute une vallée en lutte. Les questions de l'action directe, de l'illégalisme ou de la violence sont battues en brèche par la bataille commune et les nouvelles pratiques de décision. « En route, mauvaise troupe, (…) La Chimère tend sa croupe » — Paul Verlaine.

L'Éclat, Paris, 2016, 384 pages, 15 euros.

Rushes de Bruno Muel

Le Monde Diplomatique - lun, 06/02/2017 - 18:17

Dans la palette des sentiments qu'expriment les visages filmés par Bruno Muel depuis un demi-siècle se distinguent la colère et l'espoir, la détermination, la joie du « je » qui devient « nous », la défaite et l'attente. Des maquis colombiens aux usines de Sochaux en France en passant par le Chili de septembre 1973, Muel a saisi des révoltés parfois défaits mais jamais vaincus, à une époque où demander à un guérillero des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) ce qu'il ferait après la victoire n'apparaissait pas comme démagogique ou naïf. On ressent avec quelle violence le rapport à l'avenir s'est depuis inversé à la lecture de ce livre-bilan. Le réalisateur y retrace une trajectoire qu'on hésite à dire sienne, tant la notion de collectif occupe une place centrale dans sa conception du cinéma. Tissé d'entretiens, de photographies, d'archives, l'ouvrage contient aussi un DVD qui ressuscite deux films : Les Trois Cousins, de René Vautier (1970), et Avec le sang des autres, réalisé par Muel dans les usines Peugeot de Sochaux en 1974.

Éditions Commune, Marseille, 2016, 240 pages, 25 euros.

Carnets de Montréal

Le Monde Diplomatique - lun, 06/02/2017 - 18:17

L'auteure et journaliste française Catherine Pont-Humbert dresse le portrait de vingt-quatre créateurs montréalais de naissance ou d'adoption — mais parmi lesquels ne figure aucun Amérindien. À travers ces rencontres, c'est Montréal, cité « plurielle, multiple, aléatoire », qui est célébrée. L'auteure, qui porte sur la deuxième plus grande ville du Canada « un regard d'amie, de sœur, de complice », a rencontré l'écrivain Dany Laferrière, la chanteuse Ariane Moffatt, l'architecte Phyllis Lambert et bien d'autres, dans un lieu qui les identifie et auquel ils tiennent. Tous ont évoqué leur vision de Montréal, qui fête cette année son 357e anniversaire. Les confidences révèlent une ville présentée comme un « matériau social et plastique », un lieu à la fois historique et utopique. Parmi les particularités de cet ouvrage, le mariage de la voix de la journaliste avec celle de ses interlocuteurs, qui rend parfois difficile la distinction entre les propos de l'intervieweuse et les propos de l'interviewé(e), rapportés non plus comme discours mais comme événement. Si ces Carnets sont une louange du Canada, ils n'en révèlent pas moins ses contradictions, ses faiblesses et ses tabous.

Éditions du Passage, Montréal, 2016, 292 pages, 28 euros.

Le dessous des cartes. Asie, itinéraires géopolitiques

Le Monde Diplomatique - lun, 06/02/2017 - 18:17

Selon que l'on regarde depuis l'Europe ou depuis le monde arabe, l'Asie présente un visage différent, notait dans sa préface le créateur de l'émission « Le dessous des cartes », Jean-Christophe Victor, quelques mois avant sa mort. Cette vision de la région traverse tout l'ouvrage qu'il a coordonné avec Robert Chaouad. La première partie aborde les questions de démographie, d'insécurité sociale ou d'urbanisme, ainsi que, plus classiquement, l'état des lieux de pays comme la Chine, le Japon, le Bangladesh, etc. Textes, cartes et graphiques souvent inédits s'emploient à rendre simple une région qui ne l'est pas. C'est particulièrement vrai dans la deuxième partie, consacrée aux tensions régionales : Corée(s), mer de Chine, Cachemire, mais aussi batailles autour de l'accès à l'eau. Le troisième chapitre pointe ce qu'il y a de plus neuf dans la région, des routes de la soie au Bhoutan en passant par l'Indonésie.

Tallandier - Arte Éditions, Paris-Strasbourg, 2016, 144 pages, 24,90 euros.

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