Soixante-dix ans après la proclamation de son indépendance, Israël est à l'épreuve de ses contradictions et de la menace intérieure. Celle d'une dérive de sa démocratie vers un nationalisme périlleux.
Dans les mois qui ont précédé la décision de M. Trump concernant l’accord nucléaire avec l’Iran, deux lignes se sont, de manière feutrée, opposées chez les Européens.
Dentro de una estrategia de movilización que comenzó en marzo, Hamás amenaza con convocar una “Marcha Verde” el 15 de mayo (Día de la Nakba) para desbordar la valla perimetral y colocar a las Fuerzas de Defensa de Israel ante el dilema de reprimir violentamente la irrupción.
Die USA sehen sich durch China und Russland herausgefordert und in ihrem Führungsanspruch bedroht. Beide gelten als »revisionistisch« und als Mächte, die die internationale Ordnung zu ihren Gunsten zu verändern suchen. Und beide Mächte beanspruchen eine eigene Interessensphäre. Dies läuft dem traditionellen geopolitischen Kerninteresse der USA zuwider: zu verhindern, dass eine oder mehrere feindliche Großmächte die Kontrolle über die Ressourcen Eurasiens gewinnen.
In einer Welt wachsender Machtkonkurrenzen wollen die USA erklärtermaßen ihre militärische Überlegenheit bewahren. Doch das Streben, ihre militärische Superiorität aufrechtzuerhalten, birgt Risiken: Es könnte das Sicherheitsdilemma im Verhältnis der USA zu Russland und zu China verschärfen, in der Folge eine Konfliktspirale antreiben und zur Verfestigung von Konfliktformationen beitragen.
Geopolitisch begründete Interessen sind mit dem Risiko eines Krieges behaftet. Damit ändert sich auch der Stellenwert nuklearer Abschreckung. Nukleare Abschreckung beruht im amerikanischen Denken, wie es sich in der »Nuclear Posture Review« vom Februar 2018 manifestiert, auf der Fähigkeit, im Falle eines Konflikts über eine große Bandbreite abgestufter und flexibel nutzbarer nuklearer Optionen zu verfügen, darunter den Einsatz von Atomwaffen mit relativ geringer Sprengkraft. Die USA werden zusehends vor der Herausforderung stehen, im Interesse globaler Kooperation und der Vermeidung eines Kriegsrisikos eine geopolitische Verständigung mit China und Russland zu suchen.
Après deux reports successifs, la Tunisie connaît ses premières élections municipales depuis la révolution de 2011. Une étape supplémentaire dans le processus de transition démocratique que connaît ce pays-laboratoire d’expérimentation démocratique dans le monde arabe.
Depuis la chute du régime inique de Ben Ali, la Tunisie est entrée dans un processus de transition démocratique destiné à donner naissance à un nouvel ordre politique et social fondé sur un acte constituant fondateur de la Seconde République tunisienne. Au terme de près de sept années de transition politique chaotique, ponctuées par l’adoption d’une nouvelle Constitution, les premières élections municipales depuis la révolution de 2011 ont enfin lieu, dans un climat mêlant liberté et désenchantement.
Avec le scrutin du 6 mai, la démocratie locale fera-t-elle partie de la nouvelle donne politique ? Ces élections annoncent-elles l’affirmation d’un nouveau pôle de pouvoir en Tunisie, digne d’une démocratie locale fondée sur une communalisation du territoire national ?
UNE NOUVELLE ÉTAPE DEPUIS 2011
Après le soulèvement de 2011, les anciens conseils municipaux élus sous Ben Ali ont été dissoutes en faveur de « délégations spéciales », nommées et composées de citoyens dirigées par un sous-préfet (le « délégué »). Avec l’élection de 350 conseils municipaux – sortes d’élus « de proximité » –, c’est la démocratisation du pouvoir local qui se joue. Dans le même temps, ces élections ne devraient ni susciter de quelconque ré-enchantement démocratique, ni remettre en cause le système bipolaire qui s’est cristallisé autour du parti islamo-conservateur Ennahda et du parti majoritaire aux dernières élections législatives, Nidaa Tounès (au sein duquel se sont recyclés nombre d’anciens membres du parti Benaliste (le RCD)).
Reste que ce scrutin local va pouvoir tester le poids de la donne tribale dans certaines régions de l’intérieur et du sud du pays, une réalité socio-historique que nombre de Tunisiens – qui ont grandi dans la culture politico-administrative de la concentration/centralisation du pouvoir – ont (re)découvert depuis la révolution de 2011.
Est-ce que les futures municipalités disposeront de la faculté/capacité de lancer des politiques autonomes, alternatives, voire de contester et de contrer l’action gouvernementale ? Autrement dit, le pouvoir central ou d’État sera-t-il confronté à une sorte de contre-pouvoir dont disposeraient les élus locaux ? La démocratisation de la Tunisie passe quoi qu’il en soit par un nouvel équilibre entre démocratie nationale et démocratie locale.
LA DÉMOCRATIE MISE À L’ÉPREUVE PAR L’ÉCHELON LOCAL
Si la Constitution consacre le principe de libre administration des collectivités territoriales, celui-ci se trouve limité par le caractère unitaire et indivisible de l’État qui détermine l’un des éléments constitutifs de la Seconde République. Dans le modèle de l’État unitaire, il n’existe qu’un seul centre de pouvoir politique, qu’un seul pouvoir normatif général (c’est-à-dire compétent pour établir les règles applicables sur l’ensemble du territoire national). C’est pourquoi la notion de (contre-)pouvoir local ne fait pas partie de la culture politique et juridique tunisienne. On se réfère désormais plus volontiers à la décentralisation et à la démocratie locale (ou de proximité), phénomènes qui bénéficient tous deux d’une dynamique historique plus favorable depuis la révolution.
Les communes peuvent ainsi devenir progressivement un élément du régime politique : la démocratisation peut en effet s’accompagner d’un changement des rapports entre les élus locaux et l’administration centrale, entre le pouvoir local et le pouvoir central. En cela, après ces élections municipales, la transition démocratique tunisienne sera mise à l’épreuve quant à sa capacité à conjuguer la démocratie avec l’échelon local.
Lundi dernier, deux explosions ont touché la capitale afghane, attentats revendiqués par Daech. Ces énièmes attaques semblent s’inscrire dans une volonté de déstabiliser un peu plus le pays et le gouvernement en place, et entérinent l’aggravante situation d’insécurité qui réside en Afghanistan. Face à l’échec des interventions étrangères et la progression du terrorisme à l’intérieur du pays, le pouvoir en place peut-il maintenir les élections législatives du 20 octobre ? Pour nous éclairer sur la situation, l’analyse de Karim Pakzad, chercheur à l’IRIS.
L’Afghanistan fait face à une insécurité discontinue, avec un bilan terrifiant du nombre d’attentats depuis le début de l’année 2018. Comment expliquer l’impuissance des autorités, épaulées par les forces étrangères, à sécuriser le pays ?
Pour comprendre la situation d’insécurité chronique en Afghanistan, il est nécessaire de revenir sur certains points. L’armée afghane est toujours en phase de construction. Au moment de l’intervention américaine, fin 2011, le pays n’en avait pas et était dirigé par des groupes de moudjahidines originaires du Nord de l’Afghanistan, utilisés notamment par les Américains pour pourchasser les Talibans. De 2001 à 2014, la sécurité sur le territoire était assurée essentiellement par les Américains et ses alliés. Parallèlement, l’OTAN, notamment avec Washington, a commencé à établir une armée afghane. Mais ce n’est que depuis 2015 que Kaboul a commencé à prendre en main la sécurité du pays et la guerre contre les insurgés. Très vite, cette armée a montré ses limites en n’étant pas capable d’assurer de manière autonome ces deux missions. Tout cela malgré la volonté de Washington d’investir beaucoup de moyens et d’argent, apportant un financement à hauteur de 5 milliards de dollars par an. Les forces de sécurité afghanes, l’armée et la police, même diminuées ces deux dernières années, s’élèvent à près de 300 000 personnes, considérables pour un pays de cette envergure.
Malgré ces efforts, l’armée afghane reste encore peu performante pour différentes raisons. D’une part, la lutte contre les Talibans, et depuis quelques années contre Daech, se heurte à de nombreuses difficultés. De plus, la sécurité interne dans les grandes villes n’est pas totalement assurée, l’effort s’étant concentré vers l’agencement de forces spéciales. Le reste de l’armée, formé de volontaires issus de couches défavorisées, semble souffrir d’un très bas salaire, d’une faible organisation interne et d’un manque de motivation. En effet, face aux conditions extrêmement dures des combats, les estimations donnent le chiffre de 20 000 tués et blessés chaque année au sein des forces de sécurité afghane. Celles-ci sont confrontées à une guerre asymétrique menée à la fois par les Talibans et par Daech, posant des difficultés structurelles à cette jeune force militaire. De plus, cette armée reflète la société afghane en tant que société multi-ethnique, ce qui pose des problèmes internes à l’organisation, des tensions, voire des conflits entre populations étant toujours présents.
Les Talibans, face à un gouvernement afghan divisé et fragilisé, sont présents sur l’ensemble du territoire afghan et profitent d’une certaine assise populaire grâce aux soutiens locaux, notamment au sein de la population pachtoune. Ils bénéficient aussi de l’incapacité du gouvernement, de plus en plus contesté, y compris auprès de ceux qui sont opposés aux Talibans, et de la corruption de la classe gouvernante. Les Talibans se présentent d’une certaine manière comme les défenseurs des victimes de la corruption et de la mauvaise gouvernance du pays. De plus, ils bénéficient depuis toujours d’une base arrière, à savoir le Pakistan. Renforcement des troupes américaines par Donald Trump après avoir manifesté sa volonté de se retirer d’Afghanistan, retour des soldats américains dans les combats contre les Talibans au sol et par bombardement aérien, déclarations américaines de rester durablement en Afghanistan, sont autant d’autres éléments qui éloignent la perspective d’une solution politique par le biais de négociations entre les Talibans et le gouvernement de Kaboul. L’administration américaine a au contraire durci sa position envers le Pakistan et a récemment imposé des sanctions contre Islamabad, allant jusqu’à menacer le pays d’interventions militaires contre les Talibans sur le sol pakistanais, afin qu’il prenne des mesures plus efficaces contre ce groupe.
Tous ces éléments expliquent pourquoi le gouvernement de Kaboul, avec le soutien d’une vingtaine de milliers de soldats américains, ne parvient pas à vaincre les insurgés et à assurer la sécurité au sein du pays.
Les attentats sont réalisés tant par Daech que par les Talibans. Quelles sont les stratégies poursuivies par ces deux entités ? Y a-t-il des convergences ?
Ces deux organisations ont comme ennemi commun l’État afghan, ainsi que certains de ses soutiens étrangers. Ils ont cependant une divergence dans leurs approches et stratégies.
Daech est apparu en Afghanistan à la fin de l’année 2014, sa base principale étant dans la province de Nangarhar, à l’Est du pays. Depuis lors, on constate une multiplication des attentats visant des civils : jusqu’alors, même s’il y avait de nombreuses victimes civiles, aussi bien du fait de l’armée afghane, de l’OTAN ou de par l’action des Talibans, il s’agissait davantage de ce que l’on nomme tristement des « dégâts collatéraux ». Mais depuis trois ans, la population civile en tant que telle est directement visée, que ce soit à Kaboul, dans les mosquées, notamment celles de la communauté hazâra chiite, dans des centres culturels ou dans le reste du pays. Or, à chaque fois que des civils sont victimes, les Talibans ne revendiquent pas les attaques contrairement à Daech. Le récent double attentat du 30 avril a ainsi été revendiqué par ces derniers. Parfois, même si les Talibans sont à l’origine d’actes terroristes, Daech les revendique en son nom, ce qui entraîne une confusion. Ainsi, la stratégie de Daech est fondée sur le chaos et sur la multiplication d’attaques dans une perspective de guerre religieuse, notamment contre les chiites.
Quant à leur stratégie, il y a une réelle différence. Les Talibans voient dans Daech une forme de concurrence. Dès lors, une forte rivalité réside entre ces deux organisations, illustrée par des affrontements sanglants, notamment dans l’Est du pays, où des membres de Daech ont découpé les têtes des Talibans afin de les exposer sur les routes du pays pour montrer leur « victoire » et présence en Afghanistan. Les Talibans ont répondu de la même façon.
Ensuite, concernant les objectifs, même si les combattants de Daech sont en grande partie issus des Talibans, il se sont radicalisés et sont mécontents de la stratégie de ces derniers qui étaient prêts à négocier avec le gouvernement de Kaboul, il y a trois ans. L’action de Daech s’effectue par ailleurs dans le cadre d’une perspective mondiale à l’inverse des Talibans qui restent un mouvement national. Au fur et à mesure que Daech progresse en Afghanistan, les Talibans craignent leur marginalisation, et adoptent une position de plus en plus radicale et extrême, rejetant toute forme de négociation tant que les forces étrangères seront présentes sur le sol afghan.
Les attaques contre les centres d’inscription sur les listes électorales pour les législatives du 20 octobre sont quasi quotidiennes en Afghanistan. Comment s’organisent les élections dans ces conditions ? Que peut-on en attendre ?
Le gouvernement actuel afghan est issu d’élections frauduleuses. Il a été formé avec la médiation américaine qui avait souhaité instaurer une coalition avec un gouvernement à deux têtes : l’un dirigé par le président de la République, Ashraf Ghani, leur homme de confiance, qui possède l’essentiel du pouvoir, l’autre par le chef de l’exécutif, Abdullah Abdullah.
Si en 2014, le peuple afghan avait participé avec un certain enthousiasme aux élections, un fort sentiment de déception vis-à-vis de l’ensemble des institutions politiques, en particulier envers ce gouvernement est aujourd’hui généralement partagé, n’entraînant pas l’adhésion populaire envers cette nouvelle échéance électorale. Pour donner des garanties à la population, le gouvernement a modifié le processus de vote et instauré de nouvelles mesures, à savoir des listes électorales. Dès lors, ceux qui souhaitent voter doivent s’y inscrire et des centres d’inscriptions ont donc été mis en place. C’est une mesure positive dans un pays où les statistiques sont rares. Mais le gouvernement doit faire face à de nouvelles difficultés de taille. Daech et les Talibans n’acceptent bien entendu pas la tenue d’élections par le gouvernement, et l’idée même de voter est rejetée.
Également, les contradictions et le manque d’unité de vision au sein même du gouvernement sur le processus électoral font que les Talibans trouvent une certaine motivation pour attaquer davantage ces centres électoraux. Dans son élan de réforme, le gouvernement a décidé d’attribuer à chaque citoyen une carte d’identité électronique. Or, les contradictions et conflits à caractère ethnique empêchent leur distribution. Le président de la République s’est ainsi enregistré avec cette carte, alors que le chef de l’exécutif reste opposé à cette idée. Dès lors, il est très difficile d’encourager la population à se rendre aux urnes face aux divisions qui persistent au sein même du gouvernement et aux violences.
Ces derniers jours, la situation s’est par ailleurs fortement dégradée. Les Talibans, au-delà des dernières attaques, mènent des offensives dans l’ensemble du pays. Ils ont notamment mené parallèlement sept offensives contre des districts différents dans la province de Badakhshan à la frontière chinoise et tadjike. Les Américains ont par ailleurs annoncé la semaine dernière que 4% du territoire afghan était totalement contrôlé par les Talibans, et qu’ils étaient activement présents sur 70% du pays. La situation est telle que le gouvernement ne contrôlerait finalement que 30% du territoire. Dès lors, c’est l’incertitude qui domine sur le processus électoral, non seulement pour l’élection législative qui aura lieu dans six mois, une élection reportée à plusieurs reprises, mais aussi sur l’élection la plus importante, l’élection présidentielle de 2019. Des manœuvres et des coalitions politiques s’organisent dès aujourd’hui, où le président sortant, Ashraf Ghani, est considéré comme le protégé des Américains, et reste contesté dans le pays, y compris par certains de ses alliés.
Marie-Cécile Naves est chercheuse associée à l’IRIS, co-fondatrice du site Chronik.fr. Elle répond à nos questions à propos de son ouvrage « Géopolitique des Etats-Unis » (Eyrolles, 2018), qui vient de paraître :
– Pourquoi est-ce important de réaliser un ouvrage grand public sur les États-Unis ?
– Quels sont les principaux enjeux auxquels les États-Unis sont confrontés sur le plan géopolitique ?
– Une des caractéristiques des États-Unis est qu’ils sont vus comme un pays où persistent de forts contrastes. De quelle manière “le pays des extrêmes” pourrait-il surmonter ce défi ?