Mediapart a donné quartier libre à l’ambassadeur de Hongrie en France, Georges Károlyi, pour répondre aux critiques qui sont régulièrement adressées à la Hongrie par les médias internationaux, français et par Mediapart.
L’ouverture à l’Est, la relation qui lie Viktor Orban et Vladimir Poutine, la droitisation du Fidesz et le jeu avec l’extrême-droite, le rejet des valeurs européennes…, M. Károlyi s’empare de tous ces sujets pour plaider en faveur de l’action du gouvernement hongrois.
Quand l’ambassadeur de Hongrie prétend que le Fidesz est un parti « au centre de l’échiquier politique », il omet de préciser que le parti entier est accaparé par ses éléments les plus à droite, les autres députés n’ayant quasiment jamais voix au chapitre. De même, il semble difficile de nier, comme le fait M. l’ambassadeur, que le Fidesz s’est approprié des éléments du programme du Jobbik et s’est lancé ces derniers mois dans une surenchère populiste avec le parti d’extrême-droite.
Mais son point de vue et ses arguments méritent d’être pris avec la plus grande des considérations, car ils complètent et nuancent une image de la Hongrie véhiculée dans les médias beaucoup trop caricaturale pour prendre en compte la grande complexité de la réalité hongroise.
« Il faut connaître et comprendre l’histoire de nos pays, avant de leur distribuer des bons ou des mauvais points en s’abritant derrière les lunettes confortables des sociétés qui n’ont pas connu les mêmes tourments », dit Georges Károlyi. C’est souvent là que le bât blesse : il existe bien trop peu de liens et de compréhension entre l’Europe occidentale – la France en particulier – et l’Europe centrale. Et bien des malentendus seraient levés avec une meilleure connaissance réciproque.
Sur l’ouverture à l’Est et la relation avec la Russie« Pour répondre à certaines critiques moralisatrices : s’il fallait cesser de faire affaire avec les pays dont le régime politique ne correspond pas au nôtre, il ne resterait pas grand-chose du commerce mondial ni des flux d’investissement… »
« La relation avec la Russie est, de même, une relation pragmatique, comparable à celle qu’entretiennent, chacun à sa manière, pratiquement tous les pays d’Europe. […] La Hongrie souhaite, pour elle-même mais aussi pour l’Europe tout entière, qu’un modus vivendi raisonnable à long terme puisse être trouvé avec la Russie. Ce ne sera pas facile, en raison notamment de l’hypothèque ukrainienne, mais cela doit rester l’objectif. »
Sur la droitisation du Fidesz« Cette formation [le Fidesz], qui professe les valeurs classiques de la droite conservatrice, est clairement située au centre de l’échiquier politique. Elle trouve à sa droite une opposition particulièrement virulente avec le Jobbik, alors qu’à sa gauche ne se trouve qu’un assemblage de petits partis qui cherchent leur voie et ne sont pas, aujourd’hui, en position de proposer une alternative crédible. »
« Que le Jobbik cherche à se rendre « fréquentable » en essayant de se « rapprocher » de la droite modérée n’engage que lui. L’on observe exactement la même chose en France. En revanche, l’inverse n’est pas vrai. Le Fidesz n’a aucune intention de se rapprocher du Jobbik. Un Fidesz compact avec un programme politique dont les valeurs n’épousent en rien celles de l’extrême-droite est le meilleur rempart contre le Jobbik. »
Sur l’agitation du sentiment national hongrois« Ce n’est pas à la France du Général de Gaulle et de la Marseillaise qu’il faut expliquer ce qu’est le patriotisme. Ce qu’on appelle en tonalité négative le « nationalisme hongrois » est au pire un nationalisme « de bon aloi », qui ne fait de mal à personne, mieux un patriotisme bien naturel auquel tout pays a droit et qui a été trop longtemps réprimé au-delà du rideau de fer. »
« Sa vision de l’Europe est une vision qui ne fait pas abstraction de l’identité nationale. Il n’y a pas de quoi être cloué au pilori pour cela. »
La Hongrie, une ingrate ?« Ce pays, par son « attitude critique », ferait preuve d’une scandaleuse ingratitude vis-à-vis d’une Europe qui l’inonde de fonds structurels et à laquelle elle doit la quasi-totalité de ses investissements. Cette affirmation a de quoi laisser pantois. Premièrement, les fonds européens ne sont pas des aumônes, ils sont la contrepartie de l’ouverture des marchés entre pays au niveau de développement économique inégal. Deuxièmement, l’Union européenne n’est pas un maître chanteur qui « achèterait » le silence ou la complaisance de ses membres en leur versant de l’argent. »
Pour lire l’article dans son intégralité sur Mediapart.
La souscription aux actions de Total Maroc a attiré un carnet d'ordres de 4,79 milliards de dirhams, soit 6,7 fois le montant de l'offre. Suite à cette opération, qui portait sur 15 % de son capital, la filiale du géant français des hydrocarbures a été introduite à la Bourse de Casablanca.