On Wednesday, June 8th at 9:15am EST, UN Secretary-General Candidate António Guterres will discuss his experience and how it informs his vision of the future of global politics and the United Nations. He will address questions including how he would shape the job of UN secretary-general and define his priorities in office.
IPI Live Event FeedIn February 2016, the government of Portugal formally nominated Mr. Guterres as a candidate for the position of UN secretary-general. Mr. Guterres served as United Nations High Commissioner for Refugees (UNHCR) from June 2005 to December 2015. During his tenure, he oversaw a profound structural reform of UNHCR, reducing staff in its Geneva headquarters by over 20 percent and increasing the organization’s cost effectiveness and emergency response capacity. Following the introduction of a needs-based budgeting approach and an increase in the number of people displaced by conflict and persecution—from 38 million in 2005 to over 60 million in 2015—the volume of UNHCR’s activities tripled during his time in office. Indeed, Mr. Guterres’s tenure was marked by some of the largest displacement crises in decades, particularly the conflicts in Syria and Iraq, but also the crises in South Sudan, the Central African Republic, and Yemen.
This event is part of IPI’s Global Leader Series.
The conversation will be moderated by IPI Senior Adviser for External Relations Warren Hoge.
On Monday, June 6th the Independent Commission on Multilateralism (ICM) will be webcasting a Public Consultation on its Discussion Paper, “Global Pandemics and Global Public Health.”
Live Event FeedThe event will stream live from Geneva, beginning at 10:00am New York time/4:00pm Geneva time.
L’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) tiendra un nouveau sommet les 23 et 24 juin à Tachkent, en Ouzbékistan. Quels sont les enjeux de cette réunion, et notamment de la future adhésion de l’Inde et du Pakistan ?
L’OCS fêtera ses quinze ans d’existence à l’occasion de ce Sommet (les premières discussions remontent à 1996), qui sera également marqué par son premier réel élargissement. Si plusieurs pays sont devenus membres observateurs (l’Iran, la Mongolie ou encore le Belarus), et d’autres comme la Turquie simples partenaires de discussion, l’adhésion annoncée de l’Inde et du Pakistan marque un tournant notable, à la fois dans la trajectoire de cette organisation, mais aussi des deux pays concernés qui semblent chercher un forum sur lequel s’appuyer pour sortir d’une logique de confrontation. L’OCS passera ainsi à huit membres, parmi lesquels on note surtout la présence de la Chine, de la Russie, et donc prochainement de l’Inde, soit les trois BRICS asiatiques. S’il ne s’agissait jusqu’à présent que d’un dialogue sino-russe incluant les pays d’Asie centrale, ce sera désormais une organisation de poids à échelle asiatique.
Comment construire une cohérence politique autour de « l’Esprit de Shanghai » malgré la diversité et les divergences des membres de l’institution ? La ceinture économique de la Route de la Soie peut-elle être un point d’appui de coordination et de cohésion des politiques économiques et sécuritaires ?
Il convient d’abord de rappeler que les objectifs de l’OCS sont de conforter la stabilité régionale et de renforcer la coopération politique, mais aussi économique et commerciale, entre les Etats membres. En ce sens, l’Esprit de Shanghai est plus proche de celui qui anime l’Asean en Asie du Sud-est que des organisations occidentales comme l’OTAN ou l’Union européenne, en ce qu’il est construit autour du consensus et d’une approche très pragmatique et non articulée autour de valeurs (UE) ou d’objectifs communs (OTAN). Dans le contexte actuel, l’économie est au cœur de la coopération entre les Etats membres, la sécurité et la stabilité étant surtout vues comme des impératifs permettant de renforcer la croissance. C’est la logique qui anime des pays comme l’Inde et le Pakistan, qui ne souhaitent pas être exclus d’une dynamique régionale, et même continentale, et qui finalement fonde la cohérence politique.
Après l’Inde et la Pakistan, quels nouveaux élargissements peut-on envisager pour l’OCS ? Cette dynamique traduit-elle le changement de l’équilibre des forces sur la scène internationale ? L’OCS a-t-elle les moyens de faire contrepoids aux institutions occidentales ?
Avec l’entrée de l’Inde et du Pakistan, c’est vers le Sud que se tourne l’OCS. Le Sri Lanka et le Cambodge sont déjà partenaires de discussion, en plus de pays du Caucase, mais c’est du côté de l’Asean que les élargissements futurs pourraient être relevés, les différents pays de la zone étant déjà très liés économiquement à la Chine, et dans une moindre mesure à l’Inde. Comme l’OCS est clairement plus économique que militaire aujourd’hui, cette dynamique n’est pas à exclure, et l’organisation s’oriente ainsi vers une dimension continentale, là où elle était limitée à un dialogue bilatéral et cantonnée à ses origines. Le Japon et les Etats-Unis se sont vus refuser le statut de membre observateur, ce qui traduit la volonté de créer une force susceptible de rivaliser avec les institutions occidentales. Le siège de l’OCS, situé à Pékin, illustre le poids central de la Chine dans cette organisation. Quant aux moyens, disons que l’OCS a compris l’inutilité, pour le moment du moins, de chercher à concurrencer l’OTAN (alors qu’elle en était présentée comme le rival potentiel il y a quinze ans), et c’est justement en se focalisant sur les échanges économiques et commerciaux qu’elle renforce son influence. Avec l’entrée d’un pays comme l’Inde, l’organisation s’impose comme une force sur laquelle il faudra désormais compter sur la scène internationale.
President of ELIAMEP, Professor Loukas Tsoukalis wrote an op-ed in El Pais on the future of Europe. This op-ed was published on 2 June 2016 and is available here (in Spanish).
La Russie, leader incontesté en Asie centrale jusqu’à ces dernières années, est désormais supplantée peu à peu par la Chine, qui bénéficie désormais de la première place dans les échanges économiques et obtient l’approbation des autorités centre-asiatiques. Celles-ci perçoivent l’intervention de ces puissances voisines comme une occasion pour favoriser leur développement économique. Elles gagnent de plus en plus en indépendance et sont désormais à même de s’extraire de l’influence extérieure et de mettre en concurrence les Etats voisins en choisissant leurs partenaires selon leurs intérêts. Les stratégies russes et chinoises en Asie centrale, fondamentalement différentes, suivent un même objectif : avoir une mainmise sur l’Asie centrale.
L’influence russe en Asie centrale est en perte de vitesse, alors que la Chine, qui emploie une toute autre stratégie, parvient à s’implanter rapidement dans la région malgré la faiblesse de ses liens historiques avec celle-ci.
La longue domination russe en Asie centrale, d’abord sous l’Empire tsariste puis sous l’Union soviétique, laisse derrière elle un héritage considérable dans la région. Celui-ci est à double tranchant : s’il permet à Moscou d’avoir une grande influence dans les pays centre-asiatiques, ces Etats souhaitent s’émanciper de toute emprise de la Russie. Cette dernière, suite à l’implosion de l’URSS en 1991, a négligé ses relations avec l’Asie centrale pendant plusieurs années, avant de regagner de l’intérêt pour cette zone. Ce n’est que pendant la seconde moitié des années 1990 que la Russie commence à reprendre le contrôle de la région qui constitue alors une menace sécuritaire liée à la montée de l’extrémisme radical et du trafic de drogues.
Ce retour de la Russie dans la région depuis la fin des années 1990 se traduit notamment par la construction de plusieurs organisations : par exemple, la Russie accentue le rôle de l’Organisation du Traité de Sécurité Collective (OTSC), qui promeut un rapprochement des armées des Etats signataires, ou celui de l’Union économique eurasiatique (UEE), qui a pour vocation la formation d’un marché commun.
La Russie entretient également ses liens avec les élites politiques locales, ce qui lui permet de garder un certain contrôle politique sur la région en apparaissant comme un allié attractif. En effet, la plupart des ministres actuels et proches du pouvoir sont d’anciens apparatchiks, c’est-à-dire d’anciens militants communistes de l’URSS [1]. Par exemple, lorsque les pays occidentaux ont réagi en désapprouvant la répression d’Andijan de mai 2005 par les autorités ouzbèkes, Moscou a servi de « parapluie diplomatique » à Islam Karimov et à son gouvernement. En revanche, Moscou entretient toujours des relations d’assujettissement avec l’Asie centrale : contrôle politique, manipulation des médias, diplomatie militaire, dépendance énergétique, sur fond de menace d’intervention militaire.
La Russie conserve toujours une grande influence politique sur la région : elle est capable d’influencer certaines décisions et possède des moyens de pression comme le contrôle du passage entre le Tadjikistan et l’Afghanistan, frontière qu’elle protège. Economiquement, elle occupe une place très importante et domine certains marchés, par exemple celui des télécommunications avec des opérateurs tels que Beeline ou Megaline. La Russie reste un acteur économique prépondérant en Asie centrale, en particulier dans le domaine des ressources minérales, de l’industrie lourde et des infrastructures.
Cependant, Moscou n’a plus une relation exclusive avec les Etats centre-asiatiques. Par exemple, les interventions de l’Iran, de l’Occident et surtout de la Chine concurrencent fortement le monopole de Gazprom, Lukoïl et de Rosneft dans la région.
La Russie conserve donc une logique de dépendance et une approche tournée vers le Hard power envers une zone avec laquelle elle avait une certaine porosité, et qui lui est désormais hostile.
La présence de la Chine en Asie centrale est, quant à elle, récente, et est traditionnellement présentée, dans la mémoire collective des populations d’Asie centrale, comme l’ennemi historique des peuples des steppes et comme un obstacle à l’expansion de l’Islam vers l’Est. La Chine parvient tout de même à s’introduire et à se développer dans cette région, malgré son image noircie par la propagande russe. La sécurité et le développement sont les principaux axes qui guident la politique chinoise vis-à-vis de l’Asie centrale.
Dès l’indépendance des républiques centre-asiatiques, la Chine voit en ces nouveaux Etats une source d’instabilité pouvant se propager et atteindre le Xinjiang, région qui joue un rôle hautement stratégique pour Pékin (les réserves de pétrole, de gaz naturel et de charbon représentent respectivement 30%, 24% et 40% des réserves du pays), et très proche géographiquement et culturellement des pays et populations d’Asie centrale.
Parallèlement, la Chine doit diversifier ses voies d’approvisionnement, sa consommation d’énergie étant amenée à croître significativement. L’Asie centrale, située à proximité, est riche en ressources naturelles. Des explorations sont toujours en cours, notamment sur le site « North Goturdepe » sur les bords de la Mer Caspienne. Les ressources de cette partie du Turkménistan sont estimées à 12 millions de tonnes de pétrole et 6,5 milliards m3 de gaz.
L’Asie centrale est également un nouveau marché potentiel pour écouler ses produits de consommation – de faible qualité – et ainsi alimenter sa croissance.
Ces éléments incitent donc la Chine à intervenir au Xinjiang et en Asie centrale conjointement : développer le Xinjiang – et notamment les infrastructures – permet au pays d’accéder à l’Asie centrale, et, par ailleurs, développer l’Asie centrale économiquement permet d’avoir des répercussions positives sur le développement économique du Xinjiang, tout en apaisant la région d’un point de vue sécuritaire. La Chine cherche ainsi à faire naître un cercle vertueux entre sécurité et développement économique, à la fois au Xinjiang et en Asie centrale, afin que les deux zones se tirent mutuellement vers le haut.
La Chine mène ainsi en Asie centrale d’importants projets d’infrastructures. Par exemple, elle a contribué au financement d’une grande partie des infrastructures gazières turkmènes, comprenant un investissement de 4 milliards de dollars pour le développement industriel de la région de Bagtyyarlyk, et une assistance dans le financement pour la construction des quatre pipelines pour le transport du gaz.
La Chine intervient massivement dans le secteur de l’énergie en investissant en particulier dans le domaine des hydrocarbures. Par exemple, en ce qui concerne le gaz, la Chine signe d’importants contrats en Asie centrale, en particulier depuis quelques années, avec le Turkménistan, dont elle importe du gaz depuis fin 2009. En 2008, un nouveau contrat d’approvisionnement a été signé, passant d’un volume de 40 G-m3 de gaz par an jusqu’en 2015, à 65 G-m3 par an de 2015 à 2020.
Le président Xi Jinping a annoncé son ambitieux projet de « Nouvelle Route de la Soie », lors d’une visite au Kazakhstan en septembre 2013 : la Chine se propose de participer au financement de la construction de jonctions en développant des infrastructures telles que les chemins de fer, les réseaux d’autoroutes, les routes aériennes, les gazoducs et oléoducs qui ont pour objectif la densification des liaisons entre les différents pays situés le long de cette route de la soie.
La Chine développe également une stratégie de soft power en lançant un programme sur dix ans pour accueillir dix mille étudiants et professeurs des Instituts Confucius dans les pays de l’Organisation de Coopération de Shanghai (dont font partie les Etats d’Asie centrale). Ces programmes ont des répercussions très positives étant donné que les jeunes centre-asiatiques sont de plus en plus nombreux à apprendre le mandarin et à partir étudier dans les universités chinoises. Par cette diplomatie proactive, la Chine gagne l’adhésion des autorités et des populations centre-asiatiques, ce qui lui permet de lever les principaux obstacles qu’elle rencontre pour mener à bien ses projets dans la région.
L’entrée de la Chine en Asie centrale est donc un succès : en moins de vingt ans, elle est devenue un partenaire fidèle des pays centre-asiatiques, elle a su faire de l’Organisation de Coopération de Shanghai, dont elle est le principal moteur, une institution appréciée de ses Etats membres, et est devenue un acteur économique incontournable dans le secteur commercial, des hydrocarbures et des infrastructures. En 2000, la part de la Russie dans les échanges commerciaux de la zone CCA [2] était la plus importante (25%), mais a fortement diminué pour atteindre le niveau de 15% en 2012. Cette diminution est au bénéfice de la Chine, qui ne représentait que 3% du commerce total des CCA en 2000 contre près d’un quart en 2012 [3].
Ainsi, la Chine est parvenue à s’imposer dans la région en proposant une coopération économique aux républiques centre-asiatiques, sensibles aux problématiques de développement économique. Le rapport de force entre la Chine et la Russie, puissances aux stratégies différenciées, s’établit donc en fonction de leur capacité à utiliser leurs atouts, mais aussi à se positionner par rapport à la puissance rivale. Chacune a un avantage sur l’autre : la Russie possède celui de ses liens historiques avec l’Asie centrale, à l’inverse de la Chine qui bénéficie de la volonté des Etats d’Asie centrale de s’émanciper de l’emprise de Moscou.
[1] LARUELLE Marlène, PEYROUSE Sébastien, « China as a neighbor: Central Asian Perspectives and Strategies», Central Asia-Caucasus Institute Silk Road Studies Program, 2009.
[2] CCA : Caucase et Asie centrale
[3] IMF Direction of Trade Stratistics
On 31 May 2016 the Hellenic Foundation for European and Foreign Policy (ELIAMEP) in collaboration with the Embassy of Australia in Greece organised a discussion with Mr John Griffin, Ambassador of the Australian Embassy in Athens. Ambassador Griffin spoke on ‘Why Asia is of growing importance for Europe’. The event took place at the Representation of European Commission in Greece. Director General of ELIAMEP Dr Thanos Dokos was the moderator and Dr George Tzogopoulos made comments. The speech of Ambassador Griffin and the discussion which followed were synthesised around the strategic, economic and cultural aspects which can bring Asia and Europe closer. Emphasis was put on the current challenges and the importance of international cooperation to better deal with them.
Interview de Idriss J. Aberkane parue dans archimag de juin 2016.
Cet article Archimag – « On ne fait pas la Silicon Valley avec les premiers de la classe ! » est apparu en premier sur Fondapol.
La campagne législative espagnole du 26 juin 2016 s’est délocalisée de façon déconcertante au Venezuela. L’Espagne est, selon la formule consacrée par l’usage, la madre patria. Et les Latino-Américains seraient donc ses enfants. La « mère patrie » a donc des affinités électives avec les peuples d’outre-Atlantique. Elle y a aussi des intérêts. Au Venezuela, l’assureur Mapfre, la banque BBVA, la Telefónica, les hôtels Melia, tentent de survivre à un Bolivar (la monnaie locale) dévalué par appartements (trois types de changes coexistent en effet). Les nationaux espagnols expatriés dans les terres de Bolívar seraient au nombre de 200 000. Mais enfin, de là à faire du Venezuela, l’enjeu ou l’un des enjeux centraux de la consultation législative espagnole du 26 juin, il y a plus qu’un écart géographique qui interpelle la raison politique.
L’Espagne a été un modèle de transition démocratique pour les pays sud-américains dans les années 1980. Mais pas au Venezuela qui n’a pas connu de dictature militaire de type argentin ou chilien. Paradoxe supplémentaire, l’Espagne est depuis plus de six mois en état d’aboulie institutionnelle. La consultation législative du 20 décembre 2015 a révélé l’usure du système fabriqué à la sortie de la dictature franquiste. Au point de contraindre à la dissolution d’un parlement à peine élu. Les Ibériques sont donc à nouveau invités à mettre un bulletin dans l’urne le 26 juin prochain. Le choix est ouvert, beaucoup plus que par le passé. À droite ou au centre droit on trouve le Parti Populaire et Ciudadanos. À gauche ou au centre gauche, les socialistes (le PSOE) et la coalition formée par Podemos et la Gauche unie. En Catalogne et au Pays Basque les électeurs ont un éventail d’options plus large, avec diverses formations d’inspiration nationaliste et/ou indépendantiste.
L’enjeu de ces législatives, pourrait-on penser, porte sur l’avenir de l’Espagne. Comment sortir d’une longue crise économique qui a fait exploser le chômage ? Comment arbitrer entre demandes sociales insatisfaites et exigences européennes d’austérité budgétaire ? Comment réhabiliter maires, députés et sénateurs qui aux quatre coins de la peau de taureau ont été compromis dans des affaires que la morale condamne ? Quel contrat territorial imaginer et proposer pour tenir compte des poussées nationalistes catalanes et basques ? Pourtant à la lecture des évènements courants, tels que relatés dans les gazettes, l’enjeu de la campagne ne serait, ni à Madrid, ni à Barcelone, ni à Vitoria, mais quelque part en Amérique du sud, et plus précisément à Caracas.
Les socialistes, le PSOE, ont initié ce déplacement de campagne électorale avec deux anciens présidents du gouvernement qui ont débarqué sur les côtes vénézuéliennes. Felipe Gonzalez, le plus ancien dans la fonction, le premier, entre les 8 et 10 juin 2015, est allé sur place. Pour apporter un soutien solidaire aux partis politiques de l’opposition la plus radicale, dont les responsables ont été condamnés à de lourdes peines de prison. José Luis Rodriguez Zapatero a quelque temps plus tard, le 16 mai 2016, prolongé cette affinité vénézuélienne. Avec un agenda différent. Il a en effet essayé de jouer les bons offices en rencontrant toutes les parties pour les inciter à trouver une sortie de crise, juste et pacifique. Albert Rivera, fringant leader du parti, qualifié communément d’émergent, Ciudadanos (Citoyens), arrivé bon dernier, a le 25 mai 2016, repris le flambeau là où l’avait laissé Felipe Gonzalez. Il est donc allé porter aide et assistance unilatérale, aux opposants du gouvernement de Nicolas Maduro. Le Parti Populaire interdit de séjour à Caracas s’est vengé en accordant la nationalité espagnole à une demi-douzaine d’opposants. Mariano Rajoy s’est fendu d’une tribune vengeresse dans le quotidien, El Pais, et a rappelé à Madrid, « en consultation » comme on dit quand il y a de l’eau dans le gaz, l’ambassadeur espagnol. Podemos aurait pu aller à Caracas. Mais il ne l’a pas voulu. Longtemps silencieux, en raison d’amitiés politiques datant de l’époque de Hugo Chávez, qui lui ont été reprochées par les autres partis politiques, Podemos a été en mai 2016 contraint de sortir du bois. Pour condamner, sans condamner, tout en condamnant les autorités de Caracas. Podemos a en effet reproché à Nicolas Maduro de suivre les traces de Mariano Rajoy, en « parlant des autres pays pour éviter de parler du sien ».
Cette échappée vénézuélienne des principaux partis politiques espagnols, en pleine campagne électorale, a surpris les observateurs extérieurs, et peut-être les électeurs. Elle est en tous le cas assumé par les acteurs partisans en compétition. Reste à savoir si l’intentionnalité vénézuélienne est gratuite, et bien qu’animée par des convictions divergentes, fondée sur la volonté altruiste d’aider un peuple ami ? Ou plus si affinité, pour un pays « frère » selon la formule de Mariano Rajoy. Que dire ? Sinon bien sûr que géographiquement, l’Espagne est loin du Venezuela. Mais après tout dans le monde global d’aujourd’hui Caracas est à une touche d’ordinateur de Madrid. Et le cœur et la tradition, on l’a vu, effacent les distances. L’Espagne pour ces raisons-là, comme pour d’autres, économiques, commerciales, culturelles, d’influence en un mot, a vocation à maintenir un lien fort avec les pays latino-américains. Quelle que soit la majorité au pouvoir à Madrid. Quelle que soit la famille politique.
Encore faudrait-il que les Espagnols s’entendent de façon minimale sur un dénominateur national commun. Ce qui n’est plus aujourd’hui le cas. La crise économique, le regain d’intolérance mutuelle, ont rompu les consensus, territoriaux et institutionnels, si difficilement construits au sortir de la dictature. Chaque famille politique se replie sur des valeurs de pureté idéologique, voire d’authenticité infranationale en Catalogne. Cette mésentente collective, cette tribalisation de la politique, ont trouvé dans les querelles vénézuéliennes une sorte de reflet sans doute fortuit, mais induisant en tentation polémique.
Parti émergent, Podemos a des sympathies bolivariennes. Tout comme d’ailleurs la Gauche unie qui les exprime beaucoup plus directement. Inversement le Parti Populaire et Ciudadanos, au Venezuela, comme en Espagne font de la surenchère anti-Podemos, au nom des libertés. Quant au PSOE, il est quelque part prisonnier des affinités de ses anciens premiers ministres. L’un Felipe Gonzalez navigue de concert sur ce dossier avec le PP et Ciudadanos. L’autre, José Luis Rodriguez Zapatero, a choisi de jouer les médiateurs.
La campagne espagnole incertaine a radicalisé et validé ce champ de bataille lointain. Le Parti Populaire a le 28 avril 2016 à la veille de sa dissolution demandée au Congrès des députés de se prononcer sur la crise vénézuélienne. Les députés du PP, de Ciudadanos, du PSOE, du PNV, de Democracia i Llibertat ont approuvé un projet demandant au gouvernement espagnol de faire des démarches permettant la libération des opposants incarcérés. La Gauche républicaine catalane (ERC), Bildu, et la Gauche unie ont voté contre. Podemos s’est abstenu. Le 27 mai 2016 faisant monter la tension d’un cran le président de gouvernement intérimaire, Mariano Rajoy, a inscrit la situation vénézuélienne, à l’ordre du jour du Conseil de sécurité nationale.
Bien que membre du parti Populaire, le ministre espagnol des affaires étrangères, José Manuel Garcia-Margallo, les yeux rivés sur l’intérêt supérieur de l’Espagne, a signalé son inquiétude, face à cette dérive électorale transnationale. Tout déplacement espagnol à Caracas est le bienvenu, a-t-il déclaré, s’il contribue à faire baisser les tensions. À l’autre bout du champ partisan espagnol, Pablo Iglesias, chef de Podemos, il est vrai sous le feu de critiques croisées du PP, de Ciudadanos, de la presse, au sujet des penchants supposés, idéologiques et financiers, de Podemos à l’égard du régime de Nicolas Maduro, a approuvé le ministre. « Monsieur Maragallo a raison », a-t-il déclaré. « À un mois des élections comment comprendre que des candidats à la présidence du gouvernement estiment que parler de l’Espagne est une question secondaire ».