(Par Roger Gbégnonvi)
Cher collègue et néanmoins ami, après un mois de ton hospitalité exquise, je m'en retourne à ma chaire des « Peuples primitifs » au sein du « Département des cultures non occidentales ». L'art que nous avons en Europe du distinguo ! Avant de partir, je voudrais te faire le point de ce que j'ai flairé, humé dans ton Bénin dont j'ignorais l'essentiel auparavant.
Plusieurs fois j'ai arpenté les librairies de Cotonou. Pas un ouvrage vrai, pas un livre écrit sur le vif, racontant sur le brasier les souffrances imposées à ton peuple par la raison du plus fort. Rien qui approche « Témoignages de survivants des camps de concentration allemands » (1954, 512 pp.) ou « Paroles de déportés » (2001, 112 pp.) Aucun esclave dahoméen, aucun colonisé dahoméen, aucune chair à canon des deux guerres, n'a rien écrit de sa main meurtrie sur l'insupportable que l'Europe vous a fait supporter ! Tous les écrits sur les saloperies du plus fort sur vous dans vos librairies, c'est de la littérature compradore, produite dans une langue d'emprunt, par des gens qui n'y étaient pas. Les faisceaux de lanières labourant de Ouidah à Montgomery vos corps garrotés ont créé des cris emportés et pas un écrit qui soit resté. De ce point de vue, l'Afrique manque cruellement au monde.
A votre décharge, vous n'avez pas connu l'écriture. Je comprends d'autant moins que tu admires Cheikh Anta Diop. A cause de son ouvrage « L'unité culturelle de l'Afrique noire », pour ne s'en tenir qu'à lui ? L'effort intellectuel est certes louable mais pas décisif au bout du compte. Unité culturelle sur la base de quelle culture collective liée ensemble sans le lien de l'écriture ? Un Sénégalais en cache un autre. Cheikh Anta Diop pourrait n'être qu'habillage voulu scientifique pour conforter Léopold Sedar Senghor poétisant une Afrique au passé fort beau. Je veux bien que les deux aient raison, mais pendant que vous vous mirez dans un passé peint en gloire, vous n'êtes pas au présent sur « les avenues de l'avenir ». Toi et les Africains cultivés mais arrimés au passé, faites que l'Afrique manque cruellement au monde.
Je m'attarde un peu sur l'écriture pour te rappeler que l'intellectuel, africain ou pas, n'est habilité à se laisser attirer par aucun mirage l'amenant à remuer du vent à longueur de conférences et de congrès. Nous tenons tous l'Egypte antique pour l'un des lieux de naissance du miracle de l'écriture. Mais force est de constater que l'écriture partie d'Egypte est allée au nord, Maghreb/Europe, et n'a pas enjambé le désert du Sahara pour imprégner au sud l'Afrique noire et la sortir de l'analphabétisme intégral. Les Africains doivent le déplorer et non se consoler à proclamer l'Afrique origine de l'écriture grâce à l'Egypte.
Que l'écriture n'ait pas traversé le Sahara explique sans doute le mystère auquel vous m'avez confronté et que nul ici ne tient pour misère. Mes ancêtres chrétiens se sont battus au corps à corps, à sang et à mort, qui pour affirmer l'autorité papale et y rester fidèles, qui pour la nier et rester fidèles aux seules Ecritures. Quelle est la part des Béninois dans cette atroce guerre de religion pour qu'il y ait dans ton pays, ici des catholiques résolus, là des protestants résolus ? Et dans les églises et les temples, les Béninois, divisés et dominés par l'Europe chrétienne, se veulent plus sauvés par le Christ que les chrétiens d'Europe. Les grands manitous du Vodun à Ouidah ont-ils élaboré sur la divinité un discours qui vaille celui de Thomas d'Aquin, de Luther ou de Calvin ? Impossible sans l'écriture. Même sur le chantier de Dieu et des dieux, où elle semble reine, l'Afrique manque cruellement au monde.
Grand lecteur, tu sais que l'écriture est le grand ascenseur. Permettant accumulation et mise en perspective, elle permet science et progrès. Toi et tes semblables Africains avez une mission grandiose : hisser l'Afrique jusqu'à l'écriture pour rendre l'Afrique présente au monde. C'est ainsi que vous ouvrirez l'Afrique à l'univers et au champ de tous les possibles.
La Commission de l'Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (Uemoa) a mis en place un instrument de pilotage de la politique agricole. Dénommé « Système d'information agricole régional » (Siar), il a été lancé le 4 novembre 2022 à Ouagadougou (Burkina-Faso).
Faciliter un meilleur pilotage des interventions dans le secteur agricole aux niveaux local, national et régional, c'est l'objectif visé à travers la mise en place du Siar. Selon Abass Mariama Sabiou, responsable du Siar, cet outil permet de stocker, d'organiser et de faciliter la sortie des données et informations sur le secteur agricole, la sécurité alimentaire et nutritionnelle.
Le Siar facilite également le suivi des indicateurs de mesures des résultats et des impacts des politiques agricoles régionales et nationales.
Des données de 2001 à 2021 pour certains pays disponibles sur le site web Siar (http://siar.uemoa.int/). Les données d'un ou de plusieurs pays peuvent être croisées sous forme tabulaire ou graphique, indique Abass Mariama Sabiou.
En termes de perspectives, la Commission de l'Uemoa entend poursuivre les efforts en vue de pérenniser les acquis du système en produisant et en diffusant les données de manière régulière. Le Siar a été adopté en 2001 par Acte Additionnel n°3/2001, par la Conférence des chefs d'Etat et de Gouvernement.
Akpédjé A. Ayosso (depuis Ouagadougou)
Le franco-béninois, Hubert Zoutu, maire de la commune de Heudebouville en France a conduit jeudi 17 novembre 2022, une délégation à la Zone industrielle de Glo-Djigbé-Zè (GDIZ). Sidérés par la transformation industrielle amorcée par le Bénin à travers ce projet, les visiteurs ont salué le chef de l'Etat pour avoir eu l'ingénieuse idée de création de la GDIZ.
Le Bénin désormais capable de transformer sur place ses productions. Ceci, grâce à l'esprit créatif du gouvernement béninois qui a su mettre en place un vaste projet industriel. Le franco-béninois, Hubert Zoutu, maire de la commune de Heudebouville à la tête d'une délégation a visité jeudi 17 novembre 2022, la Zone industrielle de Glo-Djigbé-Zè. Emerveillés, les visiteurs ont félicité le président TALON. « Merci au président Talon d'avoir l'ingénieuse idée de penser qu'on doit transformer sur place les produits », a confié le franco-béninois. « C'est gigantesque ce qu'on a vu », a-t-il ajouté rassurant qu'avec la GDIZ, « le Bénin aura un visage nouveau et formidable ».
« Comme notre agglomération est une agglomération très industrielle, on va être en relation avec vous pour voir s'il n'y a pas des industries qui voudraient relationner avec vous ici (GDIZ) pour investir », a annoncé le maire de la commune de Heudebouville.
Bernard Le Roy, président de la Communauté d'Agglomération Seine-Eure s'est dit très impressionné par le projet GDIZ. « La conception/mise en œuvre est remarquable. C'est effectivement une zone d'envergure de classe mondiale capable de concurrencer tous les pays bien connus dans les différents secteurs industriels, notamment textile », a-t-il fait savoir. Ce qui impressionne le plus à la GDIZ à l'en croire, c'est la transformation des productions locales qui constituent selon lui, « de vraies richesses qu'on ne trouve pas ailleurs ».
La délégation au cours de cette visite a eu droit à une séance d'explication du projet GDIZ, suivie d'une visite guidée dans les usines de transformation.
F. A. A.