Vous êtes ici

Diplomacy & Crisis News

France’s Fillon to Be Formally Charged, But Won’t Quit

Foreign Policy - mer, 01/03/2017 - 16:55
Despite formal probe, the center-right candidate won’t drop out of the presidential race.

Ego-Maniac Revolutions Don’t Last

Foreign Policy - mer, 01/03/2017 - 16:44
The closest analogy for Donald Trump is Henry VIII — and Steve Bannon may not have his ear for long.

Silences et récits. Les médias français à l'épreuve des conflits africains (1994-2015)

Le Monde Diplomatique - mer, 01/03/2017 - 16:16

Dans cet ouvrage très dense, étayé par un fort appareil critique, mais que la diversité des cas abordés et un découpage explicite rendent accessible, François Robinet étudie le traitement par les principaux médias français du génocide au Rwanda (identifié tardivement et sous-exposé), de la partition de la Côte d'Ivoire et d'une des guerres du Darfour (difficile à décrypter et apparemment lointaine). Comment se fabrique l'information et se déploie la « mise en spectacle » des événements ? L'historien identifie les « facteurs d'intensification » de la couverture des conflits, comme la réactivité des réseaux d'alerte, la mise au point d'un « cadre interprétatif mobilisateur », l'implication d'acteurs influents, le concours (intéressé) des communicants, etc. Mais il souligne également les contraintes politiques, économiques, logistiques qui conditionnent le travail des journalistes et les choix de leurs rédacteurs en chef. Dans ce domaine peu exploré, son analyse soulève de nombreuses questions et ouvre autant de pistes de recherche.

INA Éditions, coll. « Médias et Humanités », Bry-Sur-Marne, 2016, 320 pages, 24 euros.

Buffett on what made America great — persuasive, but with one big omission

Foreign Policy - mer, 01/03/2017 - 16:04
Buffett summarizes my investment approach better than I can.

Reading rainbow: Take a look inside a book, you might learn something dammit

Foreign Policy - mer, 01/03/2017 - 15:57
Different sort of list: Non-Western books you should have read.

Qui sont les rebelles syriens ?

Le Monde Diplomatique - mer, 01/03/2017 - 15:07

Après quatre ans de guerre, la bataille d'Alep reste cruciale pour l'avenir de la Syrie. Assiégés depuis septembre par les forces progouvernementales dans la partie est de la ville, les insurgés appartiennent essentiellement à des mouvements islamistes. Mais leurs milices n'ont pas le monopole de la radicalisation, de l'intégration de combattants étrangers ou du discours religieux.

La multitude et la diversité des acteurs armés qui participent à la bataille d'Alep, et dont beaucoup viennent de l'étranger, expliquent la durée et l'extension du conflit syrien. Pour rendre compte de la situation, il importe d'éviter les simplifications dans la terminologie employée au sujet des combattants. Identifier tant les troupes « rebelles » que les forces qui soutiennent l'armée régulière suppose aussi de comprendre leurs idéologies et leurs projets politiques. Les informations recueillies auprès de chercheurs et de personnes présentes sur le terrain peuvent cependant diverger, en particulier quant au nombre de combattants. Il convient donc de les prendre avec précaution.

S'agissant de l'opposition armée au régime de M. Bachar Al-Assad, on discerne trois types de groupes : ceux qui combattent de façon autonome, ceux qui fusionnent entre eux et ceux qui coordonnent leurs assauts à travers une « chambre d'opérations » (ghourfat al'âmaliyyat). À Alep-Est, où vivraient encore environ 250 000 personnes, ainsi que dans les bastions rebelles proches, deux « chambres d'opérations » principales rassemblent au total entre 10 000 et 20 000 hommes. La première, baptisée Jaïch Al-Fatah (Armée de la conquête), représente près d'un tiers des soldats rebelles. Elle est notamment composée du Front Fatah Al-Cham, l'ex-Front Al-Nosra (la branche syrienne d'Al-Qaida), et de ses alliés.

Plus modérée, la coalition Fatah Halab (Conquête d'Alep) rassemble plusieurs factions proches des Frères musulmans ou affiliées à l'Armée syrienne libre (ASL). Cette coalition représenterait environ la moitié des effectifs qui combattent le régime et ses alliés dans la région, selon Fabrice Balanche, maître de conférences à l'université Lyon-II. Les 15 à 20 % restants correspondent à une dizaine de petits groupes indépendants sans idéologie clairement affichée, qui gravitent autour de ces deux pôles majeurs (voir la carte ci-dessous).

Situation au 30 novembre La bataille d'Alep et ses acteurs Cécile Marin, 1er décembre 2016

Dans l'ouest de la ville et ses environs, qui comptent près de 1,2 million d'habitants, les forces armées syriennes bénéficient du renfort de sept milices majoritairement chiites (1), dont trois très actives. Celles-ci ont largement contribué aux contre-offensives menées depuis début septembre pour maintenir le siège des quartiers est. Harakat Hezbollah Al-Nujaba (Mouvement des nobles du parti de Dieu) est une milice irakienne idéologiquement proche du Hezbollah libanais. Selon Stéphane Mantoux, spécialiste des questions de défense en Syrie, elle compterait entre 4 000 et 7 000 hommes. Elle participe par ailleurs à la bataille contre l'Organisation de l'État islamique (OEI) à Mossoul, en Irak. À ses côtés, Liwa Fatemiyoun (Brigade des Fatimides), dont le nom fait référence au califat chiite fatimide (909-1171), se compose essentiellement de Hazaras, des Afghans chiites persanophones entraînés et armés par les gardiens de la révolution iraniens. Cette brigade, dont les effectifs varient entre 5 000 et 10 000 combattants pour l'ensemble de la Syrie, intègre aussi des mercenaires pakistanais. Enfin, le Hezbollah libanais, présent en Syrie dès 2012, joue un « rôle moteur » à Alep, selon Fabrice Balanche.

Quatre autres milices soutiennent l'armée régulière, très affaiblie par cinq ans de combats et par de nombreux départs. On y trouve des combattants sunnites venus des camps palestiniens d'Alep, une « antenne » du Hezbollah libanais en Syrie et deux autres groupes formés par les gardiens de la révolution iraniens, qui seraient au total entre 600 et 900 dans la région. Enfin, les Faucons du désert, basés à Lattaquié depuis 2015, interviennent sporadiquement à Alep. Ils comptent des membres de Liwa Assad Allah Al-Ghaleb (Brigade du lion conquérant de Dieu) et des Libanais du Parti social nationaliste syrien (PSNS), précise Stéphane Mantoux. Par ailleurs, les forces kurdes (Unités de protection du peuple, YPG), qui entretiennent un pacte tacite de non-agression avec l'armée syrienne depuis 2011, continuent de contrôler le quartier à majorité kurde de Cheikh-Maqsoud.

Des modérés difficiles à distinguer

Les motivations politico-religieuses des forces progouvernementales sont assez simples à appréhender. Qu'elles soient partiellement ou totalement inféodées à l'Iran, il s'agit pour les milices chiites d'empêcher la chute du régime alaouite et de faire obstacle à la prise du pouvoir par ceux qu'elles qualifient de « salafistes (2) » et de « takfiristes (3) ». À l'inverse, dans le camp rebelle, le jeu des alliances et la multiplication tant des acteurs que de coalitions souvent éphémères rendent difficile la distinction entre « radicaux » et « modérés » que le cessez-le-feu de septembre était censé établir.

En outre, plusieurs de ces groupes opposés au régime se sont radicalisés par opportunisme, par obligation tactique ou par conviction. La situation est d'autant plus difficile à appréhender que des groupes radicaux salafistes ont été ou demeurent affiliés ou associés à l'ASL, présentée par ses soutiens occidentaux comme le plus modéré des acteurs de la rébellion. C'est le cas de Liwa Chouhada Al-Yarmouk (Brigade des martyrs de Yarmouk), dans le sud de la Syrie, soutenue jusqu'à l'été 2014 par les États-Unis car affiliée à l'ASL, alors que ses hommes avaient déjà prêté secrètement allégeance à l'OEI, précise Fabrice Balanche.

La situation au sein de la coalition djihado-salafiste Jaïch Al-Fatah illustre cette difficulté à labelliser les acteurs de la bataille d'Alep et, ce faisant, de la guerre civile syrienne. Le Front Fatah Al-Cham (ex-Front Al-Nosra) a récemment rompu avec Al-Qaida, dans le but évident de se démarquer de son encombrante tutelle. Pour nombre d'observateurs, cette démarche symbolique ne vise toutefois qu'à faciliter le soutien financier et militaire que lui apportent ses parrains étrangers, notamment certaines monarchies du Golfe. De son côté, le groupe Ahrar Al-Cham (Libres du Levant), soutenu par le Qatar et la Turquie, a longtemps été proche de l'OEI avant d'en devenir l'ennemi juré début 2014.

Comme son partenaire au sein de la Jaïch Al-Fatah, Ahrar Al-Cham, qui est l'une des principales forces rebelles du nord du pays, tente désormais une reconversion en prétendant faire partie des « modérés ». Sur le plan politique, les deux entités, qui coordonnent parfois leurs actions, revendiquent la création d'un État islamique et l'application stricte de la charia. Mais Ahrar Al-Cham, mouvement syrien en termes d'effectifs, n'appelle pas à un djihad global. À l'inverse, l'ex-Front Al-Nosra accueille des combattants venus du monde entier et demeure ambigu sur sa volonté ou non d'agir en dehors du théâtre syrien.

On considère en général la coalition Fatah Halab comme plus modérée, car elle ne se réclame pas du salafisme et n'appelle pas au djihad en dehors du pays. Elle est proche des Frères musulmans, et certains de ses groupes sont affiliés à l'ASL. Or la nature de cette dernière a évolué au fil du temps, explique Fabrice Balanche : « L'ASL est loin de correspondre désormais à la perception que l'on en a en Occident, c'est-à-dire modérée et en faveur de la laïcité, du moins sur le terrain alépin. Les groupes ou les brigades qui lui sont affiliés ne sont pas djihadistes, certes, mais les Frères musulmans, qui y sont largement représentés, cherchent bel et bien à instaurer la charia. »

À l'exception de quelques divisions adeptes d'un discours plus nationaliste, mais qui pèsent peu à Alep, toutes les composantes de l'ASL relèvent aujourd'hui de l'islam politique, estime le géographe. Pour autant, dans un pays musulman où le référent religieux demeure prégnant, ce lien à l'islam ne doit pas être surinterprété. Pour Raphaël Lefèvre, spécialiste de la Syrie et enseignant à l'université d'Oxford, il n'y a pas, concernant l'ASL ou d'autres formations gravitant dans l'orbite de Fatah Halab, de signe d'un radicalisme de fond : « Même quand certains groupes se revendiquent clairement d'un référent idéologique que l'on peut qualifier d'islamiste, ils tiennent un discours qui met en valeur leur volonté de construire un État qu'ils appellent “civil”, dans lequel la citoyenneté serait attribuée à tous sans distinction religieuse et qui serait régi par un système parlementaire. » Pour lui, « il n'est pas surprenant de trouver, dans une ville largement peuplée de musulmans sunnites et si profondément liée à l'histoire islamique, un discours à composante religieuse. La scène rebelle à Alep emprunte des tonalités islamiques ou islamistes, sans être pour autant dominée par les radicaux du Front Fatah Al-Cham ou par l'OEI ».

De son côté, M. Ahmad Alhaj Hamid, alias Ward Furati, ancien membre du bureau politique du Jaïch Al-Moudjahidin — une formation membre de la coalition Fatah Halab —, dénonce la « quête aveugle d'étiquetage, notamment en Occident ». Selon lui, beaucoup mélangent les courants en ignorant les nuances idéologiques et religieuses. Il cite le cas de groupes appartenant au courant salafiste djihadiste, tel le Jabhat Ansar Al-Dine, qui ne pratiquent pas le takfirisme et considèrent que leur seul ennemi est M. Al-Assad.

« L'usage de la rhétorique religieuse islamique leur apparaît comme une nécessité vitale, insiste Ward Furati. Les commandants de toutes les branches de l'ASL nourrissent leurs combattants d'une pensée religieuse. Ces derniers ont besoin, en sus d'une conviction politique révolutionnaire, d'un ancrage religieux susceptible de donner un sens à leur combat et surtout à leur éventuelle mort, notamment pour ce qui concerne la vie post mortem. C'est le propre de notre société orientale du Machrek. Cela ne veut pas dire que tous les rebelles sont des radicaux et que leur projet politique est d'instaurer un État islamique régi par la charia. Même le régime adopte cette stratégie : ses troupes scandent souvent des chants religieux. »

Les partis ou les personnalités laïques de l'opposition qui vivent à l'étranger, tout comme les Frères musulmans, n'ont pas de bras armé officiel. En revanche, la Coalition nationale syrienne (CNS), principal organe politique de l'opposition plurielle et « modérée », se coordonne avec l'ASL — dont quelques brigades resteraient à l'heure actuelle réellement laïques. Cette composante, qui vise la construction d'un État moderne et civil, n'est pas à négliger, si l'on prend en compte l'ensemble du territoire syrien. Ces brigades ont une présence encore assez consistante à Hama et à Idlib, et ont participé à plusieurs opérations avec les troupes turques qui ont envahi le nord du pays.

Parmi la nébuleuse des groupes rebelles, seuls quatre figurent sur la liste américaine des organisations terroristes. Il s'agit de l'OEI, du Front Fatah Al-Cham (ex-Al-Nosra), du groupe Khorasan, disparu depuis quelque temps des écrans radar, et de Jund Al-Aqsa (Soldats d'Al-Aqsa), depuis septembre 2016. La liste européenne est encore plus succincte (le Front Al-Nosra et un groupe formé par des Marocains, disparu depuis 2014), tandis que de nombreux médias, entreprises et institutions pro-Assad font l'objet de sanctions. En outre, le Hezbollah ainsi que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), proche des forces kurdes syriennes, figurent également sur les listes de groupes terroristes établies par les États-Unis et l'Union européenne.

La Russie a une vision plus extensive. Elle souhaiterait le bannissement de davantage d'entités paramilitaires opposées au régime de M. Al-Assad, son allié, par l'établissement d'une liste commune avec Washington, en prélude à la résolution politique du conflit. Le Kremlin souhaite ainsi que l'ensemble de la coalition Jaïch Al-Fatah soit classée « terroriste ». Il tient des propos ambigus à l'égard de l'ASL et, pour Alep, de Fatah Halab. Mais cette position semble tenir davantage à l'évolution du rapport de forces militaire qu'à une distinction idéologique.

(1) Les alaouites, dont fait partie le clan Al-Assad, représentent une branche hétérodoxe du chiisme.

(2) Courant islamiste fondamentaliste dont les adeptes prétendent défendre la seule vraie religion, celle du Prophète et des pieux ancêtres (al-salaf al-salih). Lire Nabil Mouline, « Genèse du djihadisme », Le Monde diplomatique, décembre 2015.

(3) Inspirés par le mouvement Al-Takfir wa-Hijra, lui-même en rupture avec les Frères musulmans, les takfiristes prônent l'excommunication, y compris par la mort, de tous ceux qui ne suivent pas leur lecture littérale du Coran.

Conflits

Le Monde Diplomatique - mer, 01/03/2017 - 13:37

Un numéro prospectif sur les nombreux risques de déflagration dans le monde en 2017. À noter, un article sur les relations entre les médias et M. Donald Trump, ainsi qu'un portrait du président algérien Abdelaziz Bouteflika. (N° 12, janvier-mars, trimestriel, 9,90 euros. — Paris.)

https://www.revueconflits.com

Nautilus

Le Monde Diplomatique - mer, 01/03/2017 - 13:16

L'histoire de la première observation d'une onde gravitationnelle, ou comment l'injection dans les circuits d'un faux signal par les responsables du programme a préparé les scientifiques à détecter le vrai, cinq ans plus tard. (N° 17, novembre-décembre, bimestriel, 12 dollars. — New York, États-Unis.)

http://nautil.us

Zilsel

Le Monde Diplomatique - mer, 01/03/2017 - 12:52

Cette nouvelle revue de sciences humaines et sociales entend, sans feindre « la neutralité du jugement », recourir à l'enquête (ici, la Silicon Valley) et encourager les échanges autour d'objets de litige intellectuel (exemple du pastiche de la pensée d'Alain Badiou). (N° 1, janvier, semestriel, 19 euros. — Éditions du Croquant, Vulaines-sur-Seine.)

http://zilsel.hypotheses.org

Back Office

Le Monde Diplomatique - mer, 01/03/2017 - 12:49

Logiciels, machines ou interfaces, la critique des outils compose le riche sommaire de cette nouvelle revue. Aussi pointue que sa sœur Back Cover, dont elle incarne le pan numérique, elle s'avère davantage teintée de pédagogie. (N° 1, février, annuel, 22 euros. — B24, Paris.)

http://www.revue-backoffice.com

Promesses électorales

Le Monde Diplomatique - mer, 01/03/2017 - 11:42

À la suite de la lecture de l'article « Mon voisin vote Front national » (janvier), Michel Lalande, retraité tourneur, nous a adressé un courrier vigoureux, dont voici les principaux extraits.

Qui fait ces belles promesses ? Lionel Jospin en présentant la plate-forme de la gauche plurielle pour les législatives du 25 mai et du 1er juin 1997. Dès sa déclaration de politique générale, le premier ministre revient sur son engagement de campagne de renégociation du traité d'Amsterdam. Aussitôt la trahison avec la privatisation de France Télécom, Thomson-CSF, Air France, Gan, Marseillaise de crédit, Crédit lyonnais, Crédit foncier, Caisses d'épargne.

Pour régler le problème du Front national, une seule solution : obliger les élus du peuple à respecter leurs engagements. Avons-nous combattu vigoureusement M. Hollande pour l'obliger à tenir ses promesses ?

Si vous voulez lutter contre le FN, il faut travailler pour organiser des millions de travailleurs. Pour la paix, le pouvoir d'achat, le logement, la réduction du temps de travail, contre le chômage.

Le reste, c'est du blabla. Il faut redonner de l'espoir aux travailleurs.

Besoins

Le Monde Diplomatique - mer, 01/03/2017 - 11:42

Après la lecture de l'article de Razmig Keucheyan « Ce dont nous avons (vraiment) besoin » (février), Étienne Lévesque puis Marie-Claude Peyvieux proposent chacun une solution pour définir un bien-être écologiquement viable.

E. L. : Un outil permettrait d'influer, en souplesse, sur nos comportements de citoyens et consommateurs, sur ceux des entreprises et des collectivités, et cela de manière cohérente et massive. Il s'agit de la fiscalité. Utilisée de manière pertinente et déterminée, elle est capable de réorienter en quelques années l'ensemble des agents économiques vers des pratiques plus respectueuses de l'environnement. Il faut, pour cela, taxer systématiquement et de manière croissante la production de gaz à effet de serre et la pollution.

M.-C. P. : Quant au moyen de définir les besoins essentiels, je connais un moyen plus simple et plus efficace que d'improbables « assemblées citoyennes ». On bannit la publicité : les besoins véritables émergeront rapidement.

Ondes électromagnétiques

Le Monde Diplomatique - mer, 01/03/2017 - 11:42

Plusieurs lecteurs ont réagi à l'article d'Olivier Cachard « Ondes magnétiques, une pollution invisible » (février), allant jusqu'à pointer le risque de « propager l'épidémie d'électrosensibilité » par le fait d'en parler. Un correspondant nous indique que la « principale pollution des ondes électromagnétiques » serait de faire obstacle à l'étude astronomique de leurs propres gammes de fréquence. Plusieurs discutent le choix de certaines sources, comme M. Joris Barrier.

Les références scientifiques datant respectivement de 2009 et 2005 données par l'auteur montrent un possible « effet de halo », soit une interprétation et une perception sélective d'informations allant dans le sens d'une première impression que l'on cherche à confirmer. Il aurait aussi pu citer le rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses) du 8 juillet 2016 concluant que les données disponibles ne permettent pas de conclure à un effet des radiofréquences chez l'enfant concernant le comportement, les fonctions auditives, les systèmes reproducteurs, les effets cancérigènes, le système immunitaire ou la toxicité systémique.

L'auteur aurait aussi pu donner l'adresse d'un rapport de 2014 de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) donnant par exemple cette information : « À ce jour, il n'a jamais été établi que le téléphone portable puisse être à l'origine d'un effet nocif pour la santé. » Ou celui, plus ancien, de 2005, qui indiquait : « Il n'existe ni critères diagnostiques clairs pour ce problème sanitaire, ni base scientifique permettant de relier les symptômes de la HSEM [hypersensibilité électromagnétique] à une exposition aux CEM [champs électromagnétiques].  »

L'auteur fait référence au « syndrome d'hypersensibilité » en laissant penser qu'il n'existe pas de traitement pour ce syndrome et que seul le Dr Dominique Belpomme saurait correctement le diagnostiquer, alors qu'il existe vingt-quatre centres investigateurs sur le sujet en France. Il aurait aussi pu citer les études montrant que ce phénomène serait d'ordre psychosomatique et que les thérapies cognitivo-comportementales sont efficaces.

Dans le paragraphe suivant, il fait référence aux publications du groupe BioInitiative, sans informer le lecteur que ces publications ne font absolument pas consensus dans le milieu scientifique.

L'auteur fait, à juste titre, référence aux possibles conflits d'intérêts des chercheurs traitant ce sujet, mais sans appliquer ce principe de précaution aux travaux du groupe BioInitiative, dont l'une des coéditrices, Cindy Sage, possède un cabinet qui propose des solutions pour « caractériser ou atténuer » les impacts des champs électromagnétiques.

Dans le même paragraphe, l'auteur affirme qu'il existe un « très faible nombre d'études consacrées aux effets biologiques de l'exposition de longue durée », sans nous informer du nombre de ces études. Une référence aurait été appréciée ici.

Baptême, braconnage, dictionnaire, salaires

Le Monde Diplomatique - mer, 01/03/2017 - 11:42
Baptême

On connaît les disputes entre Pékin et Tokyo à propos des îles en mer de Chine orientale, mais beaucoup moins celles qui opposent le Japon et la Russie autour des îles Kouriles (« territoires du Nord » pour le Japon). Selon le quotidien japonais Asahi Shimbun, Moscou aurait donné des noms russes à des îles revendiquées par Tokyo.

Le ministère des affaires étrangères a déposé une protestation officielle auprès de Moscou pour « regretter que la Russie donne des noms russes à des terres japonaises ». De son côté, le service de presse du président Vladimir Poutine a fait savoir que « les îles Kouriles appartiennent à la Russie, qui a parfaitement le droit de nommer tel ou tel îlot ». (...) Ces différends territoriaux ont empêché la Russie et le Japon de signer l'accord de paix scellant la fin de la seconde guerre mondiale.

« Japan protests Russia giving names to isles in territory dispute », 15 février.

Braconnage

Le gouvernement chinois s'est lancé dans une croisade contre la chasse d'espèces protégées et la déforestation, d'après l'agence officielle Xinhua.

La Chine a lancé en 2016 trois campagnes contre les délits visant la faune et la forêt. Les autorités ont découvert 2 131 cas, en hausse de 76,6 % par rapport à l'année précédente. La Chine abrite 6 500 espèces de vertébrés, soit environ 10 % du total mondial. (...) Parmi les espèces chinoises, on compte le panda géant, le singe doré, le tigre de Chine du Sud et l'alligator chinois. Le chef de la police de l'administration forestière d'État a promis de lutter plus sévèrement contre le braconnage et le commerce illégal d'animaux sauvages.

« China cracks down on wildlife, forest crimes », 14 février.

Dictionnaire

Le président bolivien Evo Morales a tenu à souligner qu'il existait deux formes de protectionnisme : celui que défend le nouveau président américain Donald Trump et celui que promouvrait La Paz.

Les mesures protectionnistes voulues par le président américain Donald Trump visent à protéger le secteur privé, pas les travailleurs, a clamé le président bolivien. (...) « Nous aussi, nous sommes protectionnistes, mais nous protégeons les travailleurs du pays. Voilà la différence fondamentale entre le gouvernement [de M. Trump] et le nôtre. » La Bolivie met en œuvre une forme de protectionnisme « reposant sur la complémentarité, la solidarité et la réciprocité », a expliqué Morales, un ancien dirigeant du syndicat des cultivateurs de coca, qui s'est distingué dans le combat pour la défense des droits des travailleurs.

Concernant la décision de Trump de construire un mur le long de la frontière entre son pays et le Mexique, Morales a fait ce commentaire : « On construit des murs contre les pauvres, contre les gens, mais jamais pour empêcher les sociétés minières ou pétrolières de nous dépouiller de nos ressources naturelles. »

« Bolivian President : US protectionism aims to « protect » businesses, not workers », Global Times, 2 février.

Salaires

À l'occasion d'un article mesurant l'impact potentiel de la politique commerciale du président américain Donald Trump sur la ville mexicaine de Ciudad Juárez, le quotidien espagnol El País révèle les salaires qui y sont pratiqués.

Les salaires sont jusqu'à huit fois moins élevés [à Ciudad Juárez] qu'aux États-Unis et inférieurs de 5 à 7 % à ceux pratiqués en Chine. (…) Les travailleurs des trois cents usines du pays touchent, en moyenne, 800 pesos par semaine (environ 37 euros).

« La retórica proteccionista de Trump pone en alerta Ciudad Juárez », 22 février.

Parlements croupions

Le Monde Diplomatique - mer, 01/03/2017 - 11:41

Comment imposer un accord de libre-échange en contournant les institutions démocratiques des pays concernés ? Les dirigeants de l'Union européenne disposent pour cela d'une impressionnante palette d'outils. Les tractations autour du grand marché transatlantique (GMT, également connu sous l'acronyme anglais Tafta) avaient déjà vu l'utilisation de certains d'entre eux : le principe du « secret des négociations » avait notamment permis de tenir dans l'ignorance les citoyens et leurs élus pendant de longs mois, jusqu'à ce que le mandat de négociation soit finalement éventé.

L'histoire de l'Accord économique et commercial global entre l'Union européenne et le Canada (AECG, en anglais CETA) met en lumière un autre outil, plus redoutable encore : l'application provisoire d'un traité non ratifié. Cette technique, explique paternellement le gouvernement français, « présente l'avantage de ne pas avoir à attendre que toutes les procédures de ratification nationales, qui s'étalent sur plusieurs années, soient achevées pour bénéficier des effets économiques de l'accord, car elle a en pratique les mêmes effets que l'entrée en vigueur (1)  ». Le sénateur du Tarn Philippe Bonnecarrère se prend même à évaluer généreusement cet avantage : « Ainsi de l'accord de libre-échange avec la Corée du Sud qui, durant son application provisoire [de 2011 à 2015], a permis de développer les exportations de l'Union vers ce pays à hauteur de 17 milliards d'euros (2).  » Cette stratégie du fait accompli permet surtout de s'assurer l'approbation future des Parlements, en présentant tout autre choix que le « oui » comme une perturbation dans une mécanique bien huilée.

Vouloir faire le bonheur de quelqu'un à sa place est, selon certains psychiatres, une forme de perversion. On comprend mieux alors l'empressement des dirigeants européens à mettre en œuvre l'AECG, adopté par le Parlement européen le 15 février 2017, sans attendre que les Parlements des États membres aient, au nom des citoyens, exprimé à leur tour leur consentement. La pratique communautaire et le droit international leur confèrent, en partie, ce pouvoir : l'application provisoire d'un accord non encore ratifié est autorisée par la convention de Vienne de 1961 (article 25) à condition que le traité le prévoie lui-même ou que les États en conviennent.

Mais ce principe ne cesse d'embarrasser certains juristes, qui le qualifient d'« ambigu (3)  », tandis que d'autres soulignent l'incertitude juridique pesant sur les dispositions mises en place durant cette période « provisoire ». Afin de dédramatiser, les promoteurs des traités en cause tentent souvent de les présenter comme d'inoffensifs textes « techniques ».

Peut-on qualifier de « technique » un accord qui met en danger les droits sociaux ou l'environnement ? En outre, au moment où se creuse le fossé entre élus et électeurs, les dirigeants ne seraient-ils pas avisés de s'assurer de la légitimité des engagements internationaux qu'ils prennent ? Rien n'est toutefois verrouillé, car, comme le précisent les Nations unies, « l'application à titre provisoire prend fin lorsqu'un État informe les États concernés par l'application provisoire de son intention de ne pas devenir partie au traité ».

(1) « France Diplomatie, Questions et réponses — Accord économique et commercial global (AECG) entre l'Union européenne et le Canada », www.diplomatie.gouv.fr

(2) Philippe Bonnecarrère, « Rapport sur les conditions de ratification de l'AECG » (PDF), Sénat, Paris, 13 octobre 2016.

(3) Daniel Vignes, « Une notion ambiguë : la mise en application provisoire des traités », Annuaire français de droit international, vol. 18, no 1, Paris, 1972.

Quelques auteurs à (re)découvrir

Le Monde Diplomatique - mer, 01/03/2017 - 11:41

• Chinua Achebe (1930-2013), écrivain nigérian : Le monde s'effondre (Présence africaine, Paris, 1966, 1re éd. anglaise : 1958).

• Tsitsi Dangarembga (née en 1959), écrivaine et cinéaste zimbabwéenne : À fleur de peau (Albin Michel, Paris, 1992, 1re éd. anglaise : 1988).

• Mohammed Dib (1920-2003), écrivain algérien de langue française : La Grande Maison (1952), L'Incendie (1954), Le Métier à tisser (1957) (Seuil, Paris).

• Cheikh Hamidou Kane (né en 1928), écrivain sénégalais : L'Aventure ambiguë (Julliard, Paris, 1961).

• Ahmadou Kourouma (1927-2003), écrivain ivoirien : Les Soleils des indépendances (Presses de l'université de Montréal, 1968).

• Cheik Aliou Ndao (né en 1933), écrivain sénégalais : Mbaam dictateur (Présence africaine, 2000).

• Essop Patel (né en 1943), écrivain et poète sud-africain : Fragments in the Sun (Afrika Cultural Center, Johannesburg, 1985).

• Mongane Wally Serote (né en 1944), poète sud-africain : Yakhal'inkomo (Renoster Books, 1974).

• Wole Soyinka (né en 1934), écrivain nigérian, Prix Nobel de littérature 1986 : La Mort et l'Écuyer du roi (Hatier, Paris, 1986, 1re éd. anglaise : 1975).

• Sony Labou Tansi (1947-1995), écrivain congolais : L'Anté-peuple (Seuil, 1983).

• Amos Tutuola (1920-1997), écrivain nigérian : L'Ivrogne dans la brousse (Gallimard, Paris, 2006, 1re éd. anglaise : 1952).

Salades volantes

Le Monde Diplomatique - mer, 01/03/2017 - 11:41

Panique à Londres : au début du mois de février, plusieurs chaînes de supermarchés rationnaient les laitues iceberg, une variété aux feuilles fermes et croquantes dont les Britanniques raffolent. « Nous limitons les achats à trois par personne », indiquait un panneau laconique posé sur les rayons de l'enseigne Tesco. « Hier, sur le site de petites annonces Gumtree, un homme vendait pour 50 livres sterling un carton de laitues qui en coûte normalement 5 », s'alarmait le Telegraph (3 février 2017) dans un article au titre évoquant les heures sombres du Blitz : « Apparition d'un marché noir de la laitue dans un contexte de pénurie nationale de salades ».

À quoi tient cette crise, qui touche aussi brocolis et courgettes ? Aux caprices combinés du libre-échange et de la météo. En cette saison où abondent panais et carottes cultivés au Royaume-Uni, les grandes surfaces ont habitué leur clientèle à consommer des salades issues de l'agriculture intensive provenant de la région de Murcie, en Espagne, ou encore d'Italie. Mais, cette année, des pluies diluviennes doublées d'une vague de froid ont affecté la production sud-européenne, entraînant ces restrictions sur les étals londoniens. Qu'à cela ne tienne : les supermarchés achèteront des salades là où le soleil brille.

Pour le Financial Times, cette épreuve offre l'occasion d'un éditorial pédagogique : « La disparition de la laitue montre ce qu'il y a de bon dans la mondialisation » (10 février). « Il peut sembler désinvolte de la part des Britanniques d'exiger une variété de légumes — et plus encore des fruits tropicaux et des roses — en février, explique le quotidien de la City. Mais les industries horticoles est-africaines contribuent puissamment à réduire la pauvreté. Et, sachant que les cultures en extérieur près de l'équateur diminuent le recours aux serres chauffées en Europe, le secteur pourrait même réduire ses émissions nettes de carbone. » Comme souvent en matière de libre-échange, la théorie fonctionne à merveille — jusqu'à sa mise en pratique.

Dans le cas des salades, « il n'a fallu que quelques jours pour qu'un réapprovisionnement de laitues iceberg nous arrive des États-Unis », triomphe le Financial Times, sans plus de précisions. Mais à y bien réfléchir, comment ces salades de secours traversent-elles l'Atlantique sans se changer en chiffes molles ? Elles voyagent par avion. « Les laitues proviennent du nord du Mexique ou de l'Arizona et transitent par les aéroports de Los Angeles ou de Seattle à destination de Londres-Heathrow », détaille M. Joe LeBeau, vice-président pour l'Amérique du Nord du transporteur aérien IAG Cargo (1). Ce périple de neuf mille kilomètres entre le site de production et le lieu de consommation implique une orgie de kérosène. Selon un rapport publié en 2007, le transport intercontinental aérien émet en moyenne 8,5 kilos de dioxyde de carbone (CO2) par kilo de marchandise transportée (la culture de laitues en serre chauffée, elle, relâche en moyenne 1,25 kilo de gaz carbonique par kilo produit) (2). En somme, le paradis écologique mondialisé du Financial Times se traduit dans les faits par un désastre climatique. Car la théorie libérale admet toutes les hypothèses, sauf une : manger des légumes de saison.

(1) Cité par Will Waters, « Lettuces flying onto the shelves », Lloyds Loading List, Londres, 9 février 2017.

(2) « Airfreight transport of fresh fruit and vegetables. A review of the environmental impact and policy option », International Trade Centre, Genève, 2007.

Acharnement européen

Le Monde Diplomatique - mer, 01/03/2017 - 11:40

« L'expérience est une école sévère, mais aucune autre n'instruira les imbéciles. » Mort en 1790, Benjamin Franklin, qui inventa le paratonnerre, ne pouvait prévoir l'existence de l'Union européenne... Celle dont les expériences n'ont aucun effet sur l'instruction.

Consultés directement, les peuples occidentaux rejettent le libre-échange ; le Parlement européen vient pourtant de voter un nouveau traité — cette fois avec le Canada. Ses principales dispositions s'appliqueront sans attendre l'éventuelle ratification des Parlements nationaux (lire « Parlements croupions »). Une deuxième expérience aurait instruit des imbéciles, même endurcis. Saignée depuis mai 2010 par les « remèdes » de cheval de l'Eurogroupe, de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international, la Grèce est proche d'un nouveau défaut de paiement. Des seringues mal nettoyées se succèdent pourtant dans son corps labouré d'ecchymoses, en attendant que la droite allemande décide d'expulser Athènes de l'hôpital-caserne de la zone euro. Un dernier exemple ? Les budgets sociaux sont sous tension dans plusieurs États de l'Union, qui déjà rivalisent d'imagination pour moins payer les chômeurs et cesser de soigner les étrangers. Au même moment, tous semblent néanmoins s'accorder pour augmenter les crédits militaires, afin de répondre à... la « menace russe », bien que le budget de la défense de ce pays représente moins du dixième de celui des États-Unis.

Le président de la Commission européenne, M. Jean-Claude Juncker, a-t-il fini par mesurer le caractère indéfendable de telles priorités ? S'inspirant de la sagesse de son ami François Hollande, il a annoncé qu'il ne solliciterait pas un second mandat. En prenant ses fonctions, il avait averti que sa commission serait « celle de la dernière chance ». Or, en ce moment, il consacre « plusieurs heures par jour à planifier la sortie d'un État membre ». On comprend qu'il vienne de soupirer : « Ce n'est pas un métier d'avenir. »

En 2014, M. Juncker, candidat de la droite européenne jusque-là connu pour sa défense du paradis fiscal luxembourgeois, est devenu président de la Commission grâce au soutien d'une majorité de parlementaires socialistes européens. « Je ne sais pas ce qui nous distingue », avouait à l'époque son concurrent social-démocrate Martin Schulz. « M. Schulz adhère largement à mes idées », admettait en retour M. Juncker. Une même proximité idéologique explique le vote, le 15 février dernier, du traité de libre-échange avec le Canada : la majorité des eurodéputés sociaux-démocrates a fait bloc avec les libéraux.

Lorsqu'il s'est agi de la Grèce, le refus allemand de discuter du montant — pourtant insoutenable — de la dette d'Athènes a été appuyé par le gouvernement socialiste français. Et relayé avec une arrogance proche du fanatisme par le président de l'Eurogroupe, M. Jeroen Dijsselbloem, un travailliste néerlandais (1).

En période électorale, il est souvent question de « réorienter » l'Union européenne. Le dessein est louable, mais autant être instruit par... l'expérience. Elle permet d'identifier ceux sur qui mieux vaudrait ne pas compter. Afin de s'épargner une nouvelle désillusion sur un front dont pourtant presque tout le reste dépend.

(1) Lire Yanis Varoufakis, « “Leur seul objectif était de nous humilier” », Le Monde diplomatique, août 2015.

Breaking up Iraq

German Foreign Policy (DE/FR/EN) - mar, 28/02/2017 - 00:00
(Own report) - The regional government in Kurdish-speaking northern Iraq, which enjoys Berlin's support, is calling for breaking up the country and establishing its own state. A referendum on secession is a "natural, God-given right of the people in Kurdistan," declared Masoud Barzani, President of the Kurdish Regional Government (KRG). The issue is national independence, KRG Foreign Minister Falah Mustafa underlined. Consultations on these topics were allegedly held on the sidelines of the Munich Security Conference. Barzani explicitly does not include Syrian and Turkish Kurdish-speaking regions in his plans to establish a state. Experts have long been warning against the possibility of Iraq's disintegration or being plunged into a new civil war, once IS/Daesh is defeated. The KRG can rely on Germany's legwork, in its demand for national independence. Berlin has been particularly keen to support the Kurdish-speaking regions in Iraq and has even trained and armed the KRG's military forces, the "Peshmerga," since September 2014 - within the framework of the war against IS/Daesh. Berlin has consistently ignored human rights organizations and US experts' allegations that, in the wake of this war, the Peshmerga is carrying out "ethnic cleansing," to expel unwelcome Arabs from its "Kurdistan" of tomorrow.

La France face au risque d'une étrange défaite


 
Entretien dans L'Opinion, avec Jean-Dominique Merchet, le 16 février 2017  Depuis 1952, une grande conférence sur la sécurité internationale se tient chaque année à Munich. Jadis baptisée « Wehrkunde », elle est devenue la Munich Security Conference (MSC) dont la 53e édition se tient de ce vendredi à dimanche. Cette conférence sera l’occasion d’un premier contact direct entre les Européens et l’administration Trump, le vice-président Mike Pence devant y participer. Angela Merkel y prononcera samedi un discours, alors que beaucoup de doutes et d’incertitudes s’expriment sur la diplomatie américaine et notamment son engagement dans l’Otan. Avant la conférence, l’Opinion fait le point avec Frédéric Charillon, spécialiste des relations internationales.
Cette année, le thème de la conférence de Munich sur la Sécurité est « Post-Truth, Post-West, Post-Order ». Entrons-nous vraiment dans ce monde post-vérité, – occidental – ordre international ?
On entre très certainement dans un post quelque chose, mais post-quoi ? Nous sommes dans un « entre-deux stratégique » : nous sortons d’une période post-guerre froide elle-même turbulente, et qui a eu plusieurs phases - la supposée unipolarité américaine en 1990-1992, les difficultés américaines en Afghanistan et Irak… - à quelque chose d’encore plus incertain. Est-elle « post-West » ? C’est probable. Ou plutôt, elle ne sera plus « West Only ». La paix des vainqueurs de 1945, qui voyait la France et la Grande-Bretagne membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies sans l’Inde, le Japon, l’Allemagne ou le Brésil, est arrivée à ses limites. Les grandes structures internationales (Banque mondiale, FMI…) qui accordent plus de poids aux minuscules pays européens qu’aux géants démographiques du Sud, c’est terminé également. L’absence d’« hégémon » autoproclamé laisse penser que le désordre est plus grand. Mais en réalité, la maturation de ce changement était à l’œuvre depuis longtemps
N’y a-t-il pas une illusion – ou un biais idéologique – à considérer que la vérité, l’Occident et l’ordre international allaient ainsi de pair ?
Tout à fait. Ce n’est pas parce que la Russie, l’Iran et la Turquie prennent une initiative en Syrie, que nous sommes dans la post-vérité ou le post-ordre. Ce n’est pas non plus parce que Donald Trump tweete la nuit que nous sommes entrés dans un monde de vérité alternative. La confusion des réseaux sociaux, les propagandes d’Etat, les prises de position d’acteurs privés, religieux, voire mafieux, brouillent certes les pistes, et il semble y avoir autant de vérités que de discours. L’absence d’« hégémon » autoproclamé laisse en effet penser que le désordre est plus grand. Mais en réalité, la maturation de ce changement était à l’œuvre depuis longtemps. Où étaient la vérité et l’ordre au Vietnam, en Afghanistan, au Biafra, en Palestine, au Salvador, à Prague ou Budapest, sous Pol Pot ou Pinochet ? Avec la fin de la guerre froide en 1991, nous avons connu la fin d’un langage commun des relations internationales entre deux puissances du nord (États-Unis et Union soviétique), qui prétendaient régir le monde en duopole. Désormais, après quelques années de latence, nous assistons à une immense ouverture du jeu.
Dans ce contexte, si vous deviez donner un seul conseil au prochain président français, quel serait-il ?Sans doute de ne pas chercher de guide d’action dans des formules du passé. Le gaullisme était une posture d’équilibre dans les années 1960, mais les blocs de la bipolarité n’existent plus. Le néoconservatisme et son obsession du régime change ont fait des ravages dramatiques dans les années 2000, et aujourd’hui ils provoqueraient un cataclysme supérieur encore, avec le grand retour de la Russie ou de la Chine. Le nouveau Sud est éclaté, diversifié, introuvable : un tiers-mondisme à la fois paternaliste et culpabilisant serait désuet. Plus près de nous, il n’y a plus d’« Europe de l’Est », il y a des Europes orientales, parfois européistes, parfois populistes et antilibérales : le discours convenu sur la sécurité européenne globale incluant forcément la Russie, ne tient plus. La « Méditerranée » est plus que jamais une chimère : de Barcelone à l’Union Pour la Méditerranée, tout a échoué, victime des drames régionaux (de l’Intifada à Gaza en passant par les Printemps arabes) qui ont éclipsé les agendas européens. Il faut oser réinventer les relations internationales et les politiques régionales sur de nouvelles bases. Évidemment, c’est plus facile à dire qu’à faire. Mais il faut chercher des schémas nouveaux.
Quels sont, aujourd’hui, les grands défis sécuritaires qui pourraient affecter directement les Français ?
On peut proposer deux réponses à cette question. La réponse convenue, nous la connaissons : le terrorisme est évidemment un défi, les nouvelles menaces aussi, comme celles liées à la cyber-sécurité, la montée en puissance de stratégies autoritaires en Europe orientale (Russie) ou en Asie (Chine), la multiplication des États effondrés dans le sud-méditerranéen ou en Afrique, sans oublier les menaces globales qui pèsent sur l’environnement, notamment avec le réchauffement climatique, constituent un panorama d’ensemble qui fournit une réponse aisée. Il existe une réponse moins convenue, qui réside dans le risque d’une étrange défaite, dans laquelle on est en réalité déjà en partie entré, par refus de sortir des schémas établis. Il y a là un déficit de pensée stratégique qui menace directement notre sécurité, par aveuglement. Ne pas voir le monde qui vient, les puissances qui montent, les aspirations des peuples, conduit à des erreurs importantes. Les printemps arabes nous ont surpris parce qu’au lieu d’écouter les populations, les classes moyennes, les éléments actifs (jeunes, femmes, intellectuels, blogueurs…) du sud-méditerranéen, on s’est enfermé dans quelques face-à-face avec des leaders qui se présentaient comme des garants de stabilité, en réalité d’immobilisme. La poursuite et même l’amplification du terrorisme, avec ses mutations multiples, sont dues en partie à la mauvaise compréhension du phénomène, que l’on continue à réifier comme un adversaire militaire, alors qu’il a des origines éminemment sociales. Au lieu de comprendre l’Amérique ou la Russie, on disserte à l’infini sur Trump et Poutine, etc. Il faut sortir de ces sentiers battus, même si c’est inconfortable. Là réside sans doute le grand défi sécuritaire.
Pensez-vous qu’avec Trump, le monde est devenu plus dangereux ?
Trump est dangereux. Nous en avons la démonstration chaque jour. Il provoque, insulte, déstabilise, remet en cause l’existant sans proposer d’horizon, c’est un destructeur. Il inquiète ses alliés, divise son pays, fait augmenter l’antiaméricanisme dans le monde, vire ses principaux équipiers au bout de quelques jours… Trump est dangereux parce qu’il divise et déstabilise l’Amérique, et qu’une Amérique affaiblie, aigrie, caricaturale d’elle-même, n’est une bonne chose pour personne. Ensuite, ce désordre américain donne un feu vert dangereux à tous ceux qui seraient tentés de profiter du vide ainsi créé. Il peut s’agir de puissances expérimentées (Russie, Chine, Iran), qui savent ne pas aller trop loin et abattre leurs cartes. Il peut s’agir aussi d’alliés paniqués par le désengagement américain, qui pourraient commettre des erreurs par crispation. Ou de petits États turbulents qui pensent pouvoir désormais pousser leurs pions par des actions irresponsables. C’est tout cela qui risque d’être la conséquence directe du « trumpisme ».
Le Brexit pose-t-il un problème de sécurité ?
Le Brexit donne le signal dangereux d’une Europe en voie de détricotage. Si l’UE ne se reprend pas très vite avec des initiatives importantes et pertinentes, d’autres départs suivront. Ensuite, il appartiendra aux Britanniques de démontrer leur capacité à réinventer un projet de politique étrangère qui leur permette de demeurer une puissance de premier plan, justifiant sa place au Conseil de Sécurité des Nations Unies. Si l’Europe échoue à se relancer, et le Royaume-Uni, à se réinventer, alors le couple franco-allemand sera bien seul pour affronter les défis internationaux.
La conférence sur la Sécurité se déroule en Allemagne et Angela Merkel doit prononcer un discours. Quel rôle voyez-vous pour l’Allemagne demain dans les politiques de sécurité ?
Nous devons faire le choix de l’Allemagne. D’ailleurs, nous n’avons plus le choix. L’Allemagne est plus que jamais avec la France le pilier de l’entité européenne, ou de ce qu’il en reste, sur la scène internationale. Les deux pays ont une approche très différente de l’international, qu’il faut mettre en complémentarité. Là où Paris aime les chaînes de commandement rapides, efficaces, notamment pour les interventions extérieures, Berlin préfère construire des consensus mûris, collectifs. Les deux sont compatibles, et nous sommes condamnés à nous entendre, sinon nous disparaîtrons ensemble, au moins comme puissances significatives. L’Allemagne est une puissance démocratique libérale, certes touchée elle aussi, comme nous, par la démagogie populiste, mais dont les fondements sont solides. Elle ne sera pas de sitôt une puissance militaire interventionniste, car cela va à l’encontre de beaucoup de ses valeurs. Mais elle a déjà tous les attributs pour être une puissance de proposition, de concertation, de rassemblement. Ne pas l’associer davantage à la gestion de certains dossiers, au Proche-Orient, en Méditerranée (Libye) ou ailleurs, a sans doute été une erreur, qu’il ne faudra pas renouveler.

Pages