The Informal meeting of Ministers and State Secretaries for European Affairs takes place on 24 July in Luxembourg.
Július 25-e Vlagyimir Viszockij halálának napja.
Laurent Davezies est professeur au CNAM. Il a travaillé, comme chercheur et expert, sur les mécanismes du développement territorial en France et dans les pays industriels ou en développement. Il répond à mes questions à l’occasion de la parution de son dernier ouvrage « Le nouvel égoïsme territorial : le grand malaise des nations », Coéditions Seuil- La République des idées.
La prolifération étatique vous parait-elle inéluctable ?
Inéluctable, non. Nous ne sommes pas dans la tragédie antique dans laquelle des dieux capricieux nous dictent les évènements. On est dans le registre des idées et de l’action des hommes. Pour autant, beaucoup d’éléments, à certains égards rationnels, se combinent aujourd’hui pour pousser à la fragmentation des nations. Elle est du reste en cours actuellement (Belgique, Yougoslavie, Royaume Uni, Espagne, Tchécoslovaquie, sans parler des événements du Moyen Orient à l’Afrique Sub-Sahélienne…).
Face à une mondialisation qui, quand même, a réussi à sortir des centaines de millions d’individus de la pauvreté, mais qui a ébranlé le cadre des relations interterritoriales, entre les nations et en leur sein, on assiste à un mécanisme généralisé de repli sur soi. Compétition économique sauvage et généralisée -adossée à des conventions internationales qui ont, pour le moment, plus libérés qu’encadrés les échanges commerciaux- qui promeut le « chacun pour soi » ; changement technologique vers une économie de l’information qui ne peut se développer que dans les régions les plus développées ; fin du keynésianisme territorial, avec l’ouverture des frontières, qui faisait que les régions pauvres qui étaient hier aidées par les régions riches de leur pays, contribuaient par leur consommation à la croissance de ces dernières ; crise généralisée des finances publiques qui remet en cause les puissants mécanismes de solidarité redistributive inter-territoriale entre les régions au sein des nations, montée d’idées de démocratie de proximité, de gestion collective de « biens communs » locaux, de circuits courts, de monnaies locales, etc.
Bizarrement, ce sont aujourd’hui les territoires riches qui gagnent à ces bouleversements et qui sont aussi aujourd’hui les principaux moteurs de la fragmentation des nations, alors que ce sont les plus pauvres et vulnérables qui en souffrent le plus ! Les riches Flandre belge, pays basque espagnol, Catalogne, « Padanie », comme hier Slovénie et Croatie, rejetant la charge de la solidarité inter-régionale, sont – ou ont été- les moteurs de la fragmentation nationale. Plus généralement, dans le monde, la lutte pour les ressources devient le principal facteur de recomposition des nations.
Quels en seraient les dangers ?
Les dangers de cette dynamique sont nombreux. D’abord, parce qu’elle a un effet de boule de neige. N’oublions pas que les pays occidentaux restent des prescripteurs idéologiques majeurs pour le reste du monde. Donner droit de cité ici à des idées et des mouvements indépendantistes, par exemple avec le referendum écossais et peut être demain catalan, légitime partout ailleurs dans le monde de tels mouvements. On peut penser ou espérer raisonnablement qu’ici, de tels changements se feraient sans violence et dans le contrat. Rien n’est moins sûr ailleurs dans le monde (on le voit déjà avec les affaires kurdes, ouïghours ou ukrainiennes…Plus généralement, 90% des conflits actuels dans le monde sont intra-nationaux).
La fragmentation des nations pilotée par des intérêts économiques (souvent habillés de considérations identitaires) conduit à un monde plus inégal –et donc dangereux- et moins développé – par une répartition plus restreinte des fruits de la croissance et par de nouveaux obstacles aux mobilités-. Elle rend les accords internationaux plus difficiles, avec une multiplication d’acteurs égoïstes et non coopératifs, alors que les urgences, en termes de sécurité collective, d’environnement ou de lutte contre les mafias, appellent aujourd’hui à une gouvernance mondiale plus efficace. L’achat du vote de micro-États à l’ONU est à la portée de toutes les bourses, ou la corruption générale au sein de narco-États par les mafias, ne sont pas des risques, mais des réalités d’aujourd’hui qui ne demandent qu’à se répandre dans de nouveaux pays. L’Europe, par exemple, qui est la partie la plus riche et développée du monde –et la plus expérimentée sur le plan militaire !-, n’a toujours pas de politique et d’instruments de défense commune et les nouveaux petits pays qui en font partie n’ont pratiquement pas de budget de défense…
Dernier point, tous ces nouveaux petits pays, plus homogènes socialement, affranchis de la charge de la solidarité interterritoriale, constituent, par une sorte de dumping financier public, une concurrence considérée comme non déloyale vis-à-vis de grands pays à fortes disparités et solidarités internes.
Au niveau national, vous estimez que la décentralisation est devenue illisible. Pourquoi ? Comment y remédier ?
Face à ces tensions, la décentralisation, qui s’est généralisée dans le monde depuis trente ans constitue un médicament à la posologie mal maîtrisée : elle peut aussi bien contenir les mouvements autonomistes que les renforcer. Plus grave, nous n’avons aucune théorie ou doctrine politique articulée sur la question du partage du pouvoir démocratique entre plusieurs niveaux de gouvernement. Nous n’avons pas d’Aristote, de Platon, de Cicéron ou de Montesquieu de la décentralisation démocratique. Nos territoires ont été découpés par les guerres ou pour les prévenir (Clisthène avec les dèmes à Athènes ou Sieyès avec les départements en France, ont créé des entités sub-nationales sans autre principe que tactique).
La théorie économique dispose d’une doctrine, avec le « fédéralisme fiscal », qui ne prend en compte –et d’une façon abusivement abstraite- que le seul avantage du consommateur-contribuable et pas celui des nations ou des groupes sociaux (qui ne sont pas des agents économiques). Cette approche fait plus de mal que de bien dans le contexte actuel et n’est, du reste, appliquée intégralement dans aucun pays.
Les pays européens, qui constituent encore un modèle d’organisation de l’action publique, ont pourtant autant de dispositifs de décentralisation qu’il y a de pays membres, sans que ressorte le moindre principe de théorie politique explicite ou implicite. Par une sorte de vaste bricolage gaussien, les dispositifs y sont aussi différents que s’ils y avaient été établis au hasard !
Il ne s’agit donc pas de refonder les principes de l’organisation territoriale des nations, afin de contenir, tout en satisfaisant leurs aspects légitimes, les tensions régionalistes, mais de les fonder. Vaste programme…
Améliorer les performances, réduire les coûts, se développer à l’international et augmenter significativement le chiffre d’affaires. Ce sont les principaux axes du nouveau plan stratégique de DCNS, dont les grandes lignes ont été dévoilées le 23 juillet par Hervé Guillou. Moins d’un an après son arrivée à la tête du groupe naval français, le patron de DCNS avait dès l’an dernier entrepris de réorganiser l’entreprise afin d’en améliorer l’efficacité et accroître ses capacités de développement.
Le groupe français se positionne pour assister l’Inde dans la conception de son prochain porte-avions. Il succèdera au Vikrant, premier bâtiment de ce type réalisé dans le pays. Long de 262 mètres pour un déplacement de 40.000 tonnes, le navire, mis à flot en 2013, doit être livré à partir de 2017. Il s’ajoutera au Vikramaditya (ex-Gorshkov) livré en 2014 après refonte par la Russie.
Le Vikramaditya (© : MARINE INDIENNE)
L'Hermione a été légèrement retardée, ce mercredi, par des conditions météo difficiles au niveau de l'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon. Son arrivée est malgré tout, toujours prévue, à 15 heures (19 heures en France) au sud de l'archipel français. Après un passage dans la collectivité d'outre-mer, la frégate prendra la direction de Brest avec un départ prévu le 24 juillet à 18 heures.
(B2) L’association Eurodéfense – France a publié, sous la signature de plusieurs anciens hauts responsables militaires, à la mi-juin, un appel à rédiger un « Livre Blanc de la Défense » en donnant des pistes sur le contenu de ce document comme les perspectives d’exploitation. Cet appel mérite d’être relayé alors que s’engage un débat qui devrait aboutir en juin prochain sur une nouvelle Stratégie européenne de sécurité (juin 2016).
« Les récentes évolutions du contexte de sécurité mondial fragilisent dangereusement le système de défense actuel des pays européens. L’augmentation des conflits et des menaces aux frontières de l’Europe, conjuguée à une baisse régulière et risquée des budgets de défense des pays européens depuis plus de 20 ans et à un désengagement inéluctable des Etats-Unis, en est principalement responsable. Cette situation incertaine incite à une mutualisation des forces et des capacités au sein de l’Union Européenne, mais force est de constater que la volonté politique des Etats a fait défaut jusqu’ici. (…)
La réalisation d’un Livre Blanc européen pour la sécurité et la défense marquerait une prise de conscience des insuffisances et des lacunes du dispositif de défense actuel de l’Europe. A l’abri de la puissance américaine dans l’Otan, les capacités d’action militaires individuelles de la plupart des Etats européens sont devenues marginales. Quant à leurs capacités d’action commune dans l’UE, celles-ci demeurent ridiculement faibles en regard de l’enjeu économique et patrimonial que représente l’Europe, conséquence notoire du déclin relatif de ses nations et de dépenses de défense insuffisantes, engagées de façon non coordonnée. Pourtant les Etats européens doivent faire face à des menaces et des risques largement communs, même si leurs priorités peuvent différer. Le retrait américain les met pourtant dans l’obligation de reprendre la responsabilité de leur défense, ce qu’ils ne peuvent assumer qu’en analysant ensemble leurs besoins et en mutualisant leurs efforts. C’est en jouant de l’addition de leurs capacités et de leurs complémentarités qu’ils pourront atteindre la masse critique nécessaire, devenue un critère central de la puissance dans un monde globalisé.
Un certain nombre d’obstacles doivent cependant être surmontés pour y parvenir. L’absence d’une véritable Politique étrangère commune vient au premier rang mais pourrait être partiellement comblée par un approfondissement des convergences entre Etats, dossier par dossier, dans le cadre d’une nouvelle analyse stratégique au niveau européen (d’ailleurs envisagée par la nouvelle Haute Représentante). Il faudra ensuite vaincre les réticences et les craintes des responsables nationaux, inquiets de devoir modifier leurs priorités pour ne pas étaler leurs divergences, de se trouver contraints par des positions agréées au niveau européen et de devoir justifier des options qui pourraient être vues par leurs concitoyens comme des abandons de souveraineté. L’hétérogénéité des cultures politiques et militaires des Etats européens et de leur conception de la puissance ne doit pas être sous-estimée, mais pourrait toutefois se réduire dans une analyse considérant l’UE comme une entité globale dont chaque Etat serait partie. Une telle analyse réveillerait sans doute le débat sur l’objectif recherché par la construction européenne et ses limites, mais aurait l’intérêt de clarifier la vision de nos concitoyens, notamment face aux fausses alternatives nationalistes. Quant à l’argument d’un affaiblissement de l’Otan résultant du renforcement des capacités européennes, celui-ci paraît totalement spécieux au moment où notre partenaire américain réclame un rééquilibrage du partage du fardeau de la sécurité européenne.
Des opportunités pour agir ?
En contrepoint, le nouveau paysage des menaces et des risques tout autour de l’UE et notamment dans son voisinage, offre des opportunités à saisir en faveur d’une approche européenne de la défense.
La prise en compte de ces risques de façon globale dans leur diversité et en fonction de leur dangerosité à l’échelle européenne permettrait de fixer des priorités, de mieux répartir les efforts entre les Etats, de jouer sur leurs complémentarités et donc d’améliorer le rapport coût/efficacité de la défense européenne. Le problème actuel des flux migratoires incontrôlés en Méditerranée donne une bonne illustration de ce besoin d’apporter des solutions au niveau européen.
Une telle approche favoriserait aussi la définition d’un meilleur partage des rôles entre Européens et Américains dans la défense de l’Europe mais aussi pour la défense de nos valeurs et la protection de nos intérêts communs au niveau mondial.
Elle permettrait d’identifier les capacités stratégiques que les Etats européens ne pourront acquérir individuellement dans l’avenir, mais indispensables à leur indépendance et leur liberté d’action (moyens spatiaux, transport stratégique, systèmes d’armes majeurs du futur…)
Quel contenu ?
Un Livre blanc européen devrait exprimer la volonté politique des Etats de l’UE, en accord avec leurs opinions publiques, de penser et d’organiser leur défense au niveau européen, sans que cela débouche obligatoirement sur un système de défense européen totalement intégré, (armée européenne).
Il devrait traiter en particulier de:
Avec des besoins, des ambitions et des capacités réévalués au niveau européen, il devrait montrer comment l’UE se prépare à prendre en compte le désengagement partiel des Etats-Unis et à redéfinir un partenariat transatlantique adapté aux réalités du 21ème siècle.
Les besoins capacitaires devraient être exprimés par finalité : anticipation, prévention, protection, intervention, dissuasion, en référence à l’autonomie stratégique recherchée.
Ouvrage court et pédagogique, il devrait être complété par des stratégies de mise en œuvre détaillées dans les domaines de la sécurité intérieure, de la sécurité extérieure, par régions du monde avec des priorités.
Un tel livre blanc devrait servir d’instrument de cohérence et d’optimisation au niveau européen, en étant un cadre de référence pour les livres blancs nationaux. Il ne devrait pas être un document technique, mais avoir une vocation pédagogique, être de portée générale et accessible au grand public.
Elément constitutif de l’approche globale de sa défense par l’UE, il permettrait la définition de stratégies régionales (par ex. Sahel, Corne de l’Afrique) et thématiques (par ex. stratégie de sécurité maritime, de cyberdéfense, énergétique ou le lien entre la PSDC et la politique de voisinage), l’organisation (commandement et contrôle), la réalisation des budgets nécessaires (par ex. PESC et Athéna), le corpus doctrinal, le plan de développement des capacités (CDP), en lien avec la sauvegarde d’une base industrielle et technologique et les engagements opérationnels envisagés. Le Livre blanc européen pourrait également établir le niveau de relation et de coordination souhaitable avec les grandes organisations telles que l’ONU, l’OSCE, l’OTAN ou l’Union africaine
Dans le climat actuel d’euroscepticisme, l’élaboration d’un Livre Blanc Européen pourrait être un exercice à vocation pédagogique salutaire permettant de faire prendre conscience à nos concitoyens, des défis sécuritaires posés aux pays membres de l’UE mais aussi de proposer des solutions possibles au niveau européen. Son but principal serait de clarifier les conditions permettant de renforcer concrètement la sécurité de tous les Etats et de leurs citoyens en développant leurs solidarités.
Général de corps d’armée (2s) Jean-Paul Perruche ; Ingénieur général de l’armement (2s) Patrick Bellouard ; Pierre Lépinoy ; Général de division (2s) Maurice de Langlois ; Béatrice Guillaumin ; Général de brigade(2s) Patrice Mompeyssin.
Télécharger la proposition détaillée d’Eurodéfense (pdf)