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B2 Le Blog de l'Europe géopolitique. Actualités. Réflexions. Reportages
Updated: 1 week 1 day ago

Un soldat français tué à Gao. Plusieurs autres blessés dans une attaque au mortier

Sun, 23/01/2022 - 12:23

(B2) Ce n’est pas la première fois que le camp de Gao est attaqué. Mais cette fois, l’attaque a été mortelle.

L’attaque a été commise au mortier samedi après-midi (22 janvier) sur cette base gigantesque — où sont colocalisées les forces françaises de Barkhane (avec des Estoniens en soutien) et les Casques bleus de la Minusma — située dans la partie Nord du Mali. Plusieurs soldats ont été touchés.

Le brigadier Alexandre Martin, du 54e régiment d’artillerie de Hyères, a été touché très gravement. Malgré la prise en charge rapide par l’équipe médico-chirurgical sur place, il est « décédé de ses blessures » annonce l’état-major ce dimanche (23 janvier). Neuf autres soldats ont été blessés plus légèrement.

Né en mars 1997 à Rouen, âgé de 24 ans, il s’était engagé dans l’armée très jeune, il y six ans. Il était depuis octobre, avec une partie de son régiment, au Mali.

Le camp de Gao a été l’objet de plusieurs attaques au mortier en décembre dernier. Heureusement sans faire de victimes (lire : La MINUSMA cible de plusieurs attaques en quelques jours). En juillet 2019, une attaque suicide, au véhicule piégé, avait fait plusieurs blessés dont certains graves (lire : Plusieurs soldats français et estoniens blessés à Gao lors d’une attaque suicide)

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Categories: Défense

Les FAZSOI françaises vont former des soldats mozambicains. Sur la pointe des pieds

Thu, 20/01/2022 - 18:30

(B2) Les Français vont finalement participer à la mission de formation militaire de l’UE au Mozambique (EUTM Mozambique) dirigée par les Portugais. Mais pas avant l’été. Et de façon ponctuelle. Un engagement sur la pointe des pieds, qui contraste avec les déclarations officielles vibrionnantes sur l’Europe de la défense.

Le détachement du 2e RPIMA en reconnaissance à Catembe (photo : DICOD / EMA)

Des éléments des FAZSOI en reconnaissance

Les militaires du 2e régiment de parachutistes d’infanterie de marine (RPIMa) viennent d’effectuer une « mission de reconnaissance » au Mozambique entre le 6 et le 12 janvier. Objectif affiché : « contribuer à l’effort européen », selon l’état-major des armées, mais aussi faire le point sur « les actions de coopération menées » par les Français à titre bilatéral. Lors de sa présence sur le sol mozambicain, la délégation du 2e RPIMa, dirigée par un lieutenant-colonel, a pu notamment visiter le camp d’entraînement de Catembe, l’un des deux lieux de formation d’EUTM (où sont formés les fusiliers marins mozambicains).

Un détachement d’instruction opérationnelle, bientôt

Bilan de cette reconnaissance : positif. « Dans les prochains mois », le 2e RPIMa — basé à Saint Pierre de La Réunion (au sein des FAZSOI, les forces armées de la zone sud de l’Océan indien) — va mettre sur pied ce qu’on appelle au niveau français un “détachement d’instruction opérationnelle” (ou DIO) au profit des forces armées mozambicaines, pour apporter son savoir-faire dans quatre domaines : « la logistique, la santé, la maintenance et le soutien ».

Pas de contribution

Il serait temps ! La mission EUTM a été officiellement lancée en novembre (lire : La mission EUTM Mozambique lancée). Et sans la France. Elle repose essentiellement sur le Portugal, qui fournit une bonne partie des effectifs et le chef de mission. Elle compte une dizaine de pays contributeurs, de la Lituanie à la Belgique, en passant par la Grèce ou l’Espagne. Après avoir un peu tergiversé, Paris avait en effet décidé de ne pas participer, préférant fournir, au coup par coup, certaines formations, en fonction des besoins. C’était d’ailleurs le but essentiel de la visite du 2e RPIMA sur place.

Premier saut cet été

À priori, selon nos informations, le détachement français pourrait venir dans la seconde partie de la formation, à l’été, surtout sur l’aspect logistique. « La planification est en cours ». Cela se fera « en fonction de la demande et des besoins d’EUTM, de façon ponctuelle [et donc] non permanente » a précisé à B2 un officier.

Un volet maritime possible

Cet engagement pourrait aussi s’accompagner d’un volet maritime. Soit à titre bilatéral, comme cela s’est déjà fait dans le passé. Le 26 septembre dernier, le patrouilleur de haute mer Le Malin (P-701), avait ainsi embarqué neuf officiers de la marine mozambicaine, pour deux jours de navigation, jusqu’à Maputo. Soit à titre européen, dans le cadre de la reconfiguration de l’opération Atalanta et des présences maritimes coordonnées, si la décision est prise, de descendre aussi bas dans l’Océan indien (Lire notre analyse complète, sur B2 Pro : L’Indo mais pas le Pacifique. L’Europe revoit son ambition maritime à la baisse).

(Nicolas Gros-Verheyde, avec Helen Chachaty à Paris)

Lire aussi :

Et notre dossier :

N°89. L’UE face à la crise dans le Nord du Mozambique à Cabo Delgado déploie une mission de formation

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Categories: Défense

Les Danois arrivent dans Takuba. Mais pourraient repartir bientôt (v2)

Wed, 19/01/2022 - 09:53

(B2) Le Danemark et l’Italie annoncent leur arrivée à Menaka. Un renfort bienvenu pour Paris. Alors que l’opération d’initiative française est bousculée par la présence du groupe Wagner. Et que le Mali multiplie les déclarations hostiles

(Levée du drapeau danois à Ménaka. photo : MOD Danois)

Le renfort danois est arrivé

« Environ 90 personnels » danois seront présents selon le ministère danois de la défense. Des forces spéciales, une équipe chirurgicale et du personnel de soutien et de logistique. Des effectifs qui « pourraient être renforcés, en cas de besoin » indique-t-on à Copenhague. Le contingent est basé à Ménaka (ville située non loin du Niger, près de la réserve de faune d’Ansongo-Ménaka).

Les forces spéciales seront affectées aux missions de conseil, de soutien et de coopération auprès des forces armées maliennes dans la zone des « trois frontières » (Mali-Niger-Burkina Faso). L’équipe chirurgicale est la seule de la task force Takuba.

Un mandat limité

Ce déploiement avait été annoncé en avril dernier (lire : Des Danois dans Takuba en 2022). Il est « pour l’instant » prévu jusqu’au début de l’année 2023, indique le ministère. Les Danois arrivent alors que la Suède se retirera dans quelques semaines (Lire : Les Européens restent au Mali… pour l’instant. Mais la légitimité de l’engagement est clairement posée).

Une présence vue d’un mauvais œil côté malien

Quelques jours à peine après le déploiement danois, le gouvernement malien a demandé par voie de communiqué, le 24 janvier, le retrait immédiat des forces danoises engagées dans la task force Takuba. Il évoque un déploiement opéré « sans son consentement » ni accord bilatéral. Une accusation réfutée par le Danemark.

L’Italie et la France déploient pleinement une capacité d’évacuation médicale

L’équipe franco-italienne d’évacuation médicale a été déclarée pleinement opérationnelle (le 15 janvier). Elle est composée de six hélicoptères : trois CH-47 Chinook et trois AH-129 Mangusta. Le dispositif est complété par une installation médicale pré-hospitalière pour le soutien médical.

(Helen Chachaty)

Lire aussi : La task-force Takuba prend de l’épaisseur lentement. Un à un les pays européens rejoignent la coalition anti-terroriste (v2)

(Mise à jour) Déclarations du Mali et du Danemark sur la présence des forces armées danoises sur le territoire malien.

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Categories: Défense

Les vols de la MINUSMA temporairement suspendus au Mali. Un nouveau grain de sable dans le rouage des opérations (v2)

Tue, 18/01/2022 - 16:57

(B2) La MINUSMA a suspendu ses vols au-dessus du Mali. Une décision temporaire, mais qui intervient dans un contexte particulier.

Les Drones de la mission de l’ONU sont cloués au sol (Photo : Minusma)

Première décision du nouveau chef de mission

Deux jours après sa prise de fonction (14 janvier), le nouveau commandant de la MINUSMA, le général néerlandais Kees Matthijssen, a décidé la suspension temporaires des vols liés à la mission. Jusqu’à ce « que la mission reçoive l’autorisation des autorités gouvernementales », selon un courriel datant de dimanche (16 janvier), dévoilé par VOA, Voice of Africa. Ces vols concernent principalement la ligne aérienne entre Bamako et le nord du pays.

Cette décision intervient une semaine après les sanctions prises par la CEDEAO vis-à-vis de la junte militaire au pouvoir au Mali. Et quelques jours à peine après que le Mali a accusé la France de violer son espace aérien (lire : Le Mali dénonce la violation de son territoire par un avion français. La ministre botte en touche).

Une mesure confirmée par l’Allemagne

L’information a été relayée lors du point presse du ministère allemand des Affaires étrangères lundi (17 janvier), rapporte notre confrère Thomas Wiegold de AugenGeradeaus!. Interrogé, le porte-parole de la Bundeswehr a d’abord botté en touche. C’est la porte-parole du ministère qui a pris le relai, évoquant de nombreux vols suspendus. Les vols concernant les évacuations sanitaires ne sont pas concernés par cette mesure, a-t-elle précisé. En revanche, elle concerne également les missions de drones. À l’heure actuelle, les missions ISR (renseignement, surveillance, reconnaissance) ne peuvent donc être effectuées par les drones Heron 1 allemands.

Débloquer la situation

Des négociations ont été menées pour rétablir les vols. Les Nations unies et l’état-major de la MINUSMA ont discuté avec les autorités maliennes, indique la porte-parole du ministère, sans s’avancer davantage. Le 20 janvier, la MINUSMA annonce par voie de communiqué la reprise des vols « à la faveur d’une série de discussions fructueuses avec les autorités maliennes ».

(Mise à jour) Reprise des vols suite à des négociations entre les différentes parties.

(Mise à jour) de façon concrète, un A400M allemand qui faisait route vers le Niger mercredi (19 janvier) a dû rebrousser chemin et revenir aux Iles Canaries, du fait d’un refus du Mali d’autoriser le survol de son territoire.

German MoD @BMVg_Bundeswehr says #Mali denied overflight for #Bundeswehr mil Cargo aircraft enroute to Niger, A400M returning to Canary Islands @UN_MINUSMA

— thomas_wiegold (@thomas_wiegold) January 19, 2022

(Helen Chachaty, avec Thomas Wiegold à Berlin)

Lire aussi : L’embargo aérien contre le Mali non respecté par Air France, la Turquie et Ethiopian Airlines

Mis à jour 19 janvier 20h

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L’Europe embarque sur le Salamanca. La croisière s’amuse

Tue, 18/01/2022 - 10:00

(B2) Le sommet One ocean, organisé par la présidence française du Conseil de l’Union européenne, du 9 au 11 février, aura lieu en partie sur l’eau.

Le Salamanca, tout nouveau navire de la compagnie bretonne Brittany Ferries devrait être amarré dans la rade de Brest et accueillir les participants, notamment les différents chefs d’États et de gouvernement, indique le journal de la marine marchande.

L’idée est bonne. Mais, en pleine campagne électorale, elle risque de donner un air “la croisière s’amuse” à une réunion très sérieuse. Dont l’objectif annoncé est majeur : « définir un cadre juridique international de protection à la haute mer ».

Le fait que ce joyau écologique ait été construit… dans les chantiers navals de Weihai en Chine, n’est pas non plus un atout du Made in Europe au moment où on proclame l’autonomie stratégique et la nécessité de réindustraliser les territoires européens.

(NGV)

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Parlement européen. Quatre candidats au perchoir. Trois femmes, une favorite

Mon, 17/01/2022 - 12:30

(B2) Le décor est posé pour le renouvellement de la présidence du Parlement européen. Ce rendez-vous institutionnel à mi-mandat n’en est pas moins hautement politique.

  • Les députés européens se prononcent mardi (18 janvier), par un vote en plénière.
  • L’élection a lieu à la majorité absolue des votes valides, soit 50% des voix plus une, à bulletin secret, jusqu’au troisième tour si besoin. Si un quatrième tour est nécessaire, seuls les deux candidats ayant plus de voix y participeront. L’emportera celui qui reçoit le plus de voix.
  • Suivront l’élection des 14 vice-présidents et 5 questeurs. À partir de lundi 24 janvier, ce sera au tour des commissions parlementaires et délégations de renouveler leur président et vice-présidents.
Roberta Metsola – PPE

La favorite, Roberta Metsola

Dans les couloirs du Parlement à Bruxelles, cela ne fait plus aucun doute. C’est une femme qui sera élue à la tête de l’institution européenne pour la seconde partie du mandat (2019-2024). Sur les quatre candidatures déposées vendredi (14 janvier), trois sont des femmes. Parmi elles, celle du groupe de centre-droit du PPE, le premier groupe d’importance (en nombre de députés européens) : Roberta Metsola. Elle fait campagne depuis plusieurs semaines. C’est la favorite, un accord politique entre les groupes majoritaires voulant que la présidence à mi-mandat permette d’alterner la couleur politique. En l’occurrence, passer donc de la gauche (S&D) depuis 2019 avec David Maria Sassoli, à la droite (PPE) pour la deuxième partie du mandat (2022-2024).

Une candidate féminine mais pas assez féministe ?

Son nom est malgré tout loin de faire l’unanimité. Ses auditions par les différents groupes n’ont pas suffit à gommer les réticences liées à ses positions anti-avortement. « Il est vrai que ce serait un honneur d’avoir une femme comme présidente du Parlement européen. Mais ce n’est pas suffisant », glissait la Portugaise Margarida Marques (S&D). « La position de Roberta Metsola sur les droits des femmes ne nous rassure pas. Elle a voté contre l’avortement et a refusé toute législation sur la santé sexuelle et reproductive des femmes ».

L’accord politique toujours en négociation

La cheffe des sociaux-démocrates, Iratxe Garcia Perez, le répétait vendredi matin : « Après avoir entendu les candidats cette semaine, nous restons déterminés à construire une majorité pro-européenne qui permettra au Parlement de fonctionner avec responsabilité et stabilité, mais notre groupe doit être correctement représenté dans la maison. Nous cherchons également toujours à obtenir l’assurance que le prochain président du Parlement promouvra un agenda en accord avec nos priorités et nos valeurs. Pour l’instant, rien n’est décidé. »

Le choix du non choix ? À moins que… 

Les Sociaux-démocrates du S&D et les Libéraux centristes de Renew n’ont pas présenté de candidat. Faute de personnalité évidente pour le premier. Dans le respect des engagements pris en début de mandat pour le second, à savoir un accord politique d’alternance à mi-mandat. Mais la possibilité d’une candidature de dernière minute planait vendredi comme une rumeur insistante du côté du S&D — sachant que les candidatures peuvent encore être déposées jusque lundi 17h. Rien de tangible toutefois. Cette hypothèse témoignait en revanche de la fébrilité et de la tension autour de ce fameux accord politique recherché entre les trois “grands” (PPE, S&D et Renew). Toujours en négociation.

Alice Bah Kuhnke – Verts

La candidature surprise des Verts

Le groupe des écologistes Verts/ALE a lui décidé de « pimenter » le scrutin en proposant au dernier moment une candidate (Carnet du 13.01.22). La décision a été prise mardi soir (11 janvier) en réunion de groupe.

« Construire un Parlement européen plus féministe, durable et démocratique ». C’est l’accroche de celle qui a été choisi pour cette mission, Alice Bah Kuhnke. La Suédoise, vice-présidente du groupe, est membre notamment de la commission LIBE (libertés publiques) où siège également Roberta Metsola. Sa voix est réputée calme, « à l’image du président décédé David Sassoli », glisse une source connaisseuse.

La droite nationaliste a perdu sa bataille

K. Z – ECR

Les velléités de construire un ‘super’ groupe parlementaire né de l’éclatement des groupes actuels (ID, ECR et non-inscrits) a n’a pas réussi à voir le jour (Carnet du 7.12.21). Les groupes ID et ECR restent séparés. Annulant toute ambition pour le groupe ID de prétendre à une représentation au sein de la présidence du Parlement en opposant le nombre à la règle qui a prévalu jusque là entre les trois ‘grands’ , à savoir l’exclusion de l’extrême droite des postes à responsabilité. Cela reste bel et bien l’une des conditions à l’alliance, rappelée par Renew. Car « les nationalistes, qui méprisent nos valeurs communes, n’ont pas leur place dans ce dispositif ». Seuls les conservateurs (ECR) présentent un candidat. Le Polonais Kosma Zlotowski assume le rôle.

Sira Rego – GUE

La troisième femme à gauche

L’Espagnole Sira Rego porte elle la candidature de la gauche radicale (GUE). Comme elle l’avait fait en 2019 au début du mandat. Une candidature « résolument féministe », met en avant la Française Manon Aubry, co-présidente du groupe, comme pour faire front aux positions anti-avortement de Roberta Metsola.

Un scrutin très politique

Le décès du président sortant S&D, l’Italien David Maria Sassoli, a certainement étouffé les joutes d’une rentrée parlementaire endeuillée et peinée. Le scrutin n’en reste pas moins politique. L’issue dira si le Parlement européen pourra compter sur une ligne politique forte pour la fin du mandat, au gré d’un accord politique entre les trois groupes, ou si les alliances politiques devront se recomposer. L’enjeu pour l’institution européenne, la seule élue directement par les citoyens, n’est pas moindre. Il en va de son influence politique face au Conseil européen et à la Commission européenne…

(Emmanuelle Stroesser)

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Categories: Défense

Un Portugais aux commandes d’Atalanta au large de la Somalie. Avec des moyens limités

Mon, 17/01/2022 - 10:00

(B2) Le commodore portugais João Paulo Silva Pereira a pris à la mi-janvier le commandement de la force maritime de l’UE déployée au large de la Somalie (EUNAVFOR Atalanta).

Le commodore Silva Pereira et son état-major (Photo : EUNAVFOR Atalanta)

A bord d’une frégate espagnole

Le Portugais est officiellement commandant de la force depuis le 12 janvier 2022 pour deux mois. Il a pris concrètement ses fonctions vendredi (14 janvier). Il n’opère pas à bord d’un navire portugais. Mais d’une frégate espagnole, l’ESPS Victoria (F-82), qui lui sert de navire amiral. Une habituée de la zone. Il est épaulé par un petit état-major (FHQ) composé d’une vingtaine d’autres marins, essentiellement portugais (cinq) et espagnols. Le commandement de l’opération (OHQ) est situé à Rota (Espagne), dirigé par le vice-amiral José M. Nunze Torrente.

C’est la 39e rotation du commandant de force de puis le début de l’opération en décembre 2008. Le précédent commandant de la force, le rear admiral espagnol Alejandro Cuerda Lorenzo, le 14 décembre dernier, remettait le commandant de force temporairement au commandant d’opération.

Un ancien officier du Corte Real

Âgé de 54 ans, Silva Pereira est un officier expérimenté. Entré dans la Marinha (la marine portugaise) en 1986, il a commandé la frégate Corte Real (F-332) entre 2010 et 2012. Le premier navire portugais engagé en 2011 dans l’opération anti-piraterie en 2011 dans le cadre de l’opération de l’OTAN Ocean Shield.

Une opération aux moyens limités

Les moyens de l’opération restent actuellement limités et fournis essentiellement par l’Espagne, qui soutient à bout de bras cette opération depuis ses débuts (2008). Madrid fournit ainsi le navire-amiral (et le seul navire), équipé d’un hélicoptère de type Agusta Bell AB212 (ou deux selon le moment), ainsi qu’un drone de type Scan Eagle, et un avion de patrouille maritime P3 Orion basé à Djibouti. Délaissée par les autres pays. Tous les autres pays se sont retirés. L’Allemagne n’a plus d’avion de patrouille maritime à offrir. La France n’y contribue que quand elle a le temps (souvent par le biais de ses moyens basés à La Réunion). La Grèce et la Suède ont d’autres préoccupations dans leurs eaux respectives, etc.

La fin abrupte d’Atalanta I, en attendant Atalanta II?

Ce pourrait être le dernier commandant de force de l’opération. Du moins dans son format actuel. Le Conseil de sécurité des Nations unies n’a en effet pas réussi à renouveler le mandat exécutif de l’opération que pour trois mois, jusqu’au 3 mars 2022. La Somalie ayant refusé de donner son autorisation pour la première fois depuis 2008. Sauf accord avec Mogadiscio ou décision internationale, les navires européens seront interdits d’entrer dans les eaux territoriales. Mais les Européens s’activent déjà pour une opération Atalanta II, qui aura une portée plus large et devra être revivifiée, dans le cadre des présences maritimes coordonnées (lire notre article à venir sur B2 pro).

(Nicolas Gros-Verheyde)

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L’embargo aérien contre le Mali non respecté par Air France, la Turquie et Ethiopian Airlines

Sat, 15/01/2022 - 15:11

(B2) Malgré la fermeture de l’espace aérien décrété par la CEDEAO, la communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest, contre le Mali, et certaines déclarations officielles, la compagnie française Air France continue de voler vers Bamako.

Capture d’écran sur le site d’Air France samedi matin (15 janvier) à 8h

Il est ainsi toujours possible de prendre des places pour la semaine du 24 janvier (*). Certes le vol peut toujours être annulé. Mais en rendant la réservation possible, le signal est désastreux. La compagnie continue d’assurer des vols directs ou à partir de Monrovia (Liberia) ou Banjul (Gambie). Deux pays pourtant membres de la CEDEAO !

Quant aux compagnies turque Turkish Airlines et éthiopienne Ethiopian Airlines, qui sont parmi les principales à desservir Bamako, elles continuent allègrement de desservir la capitale malienne, à partir de leurs hubs respectifs (Istanbul ou Addis Abeba), voire à partir de certaines villes africaines.

Les Européens ont cependant affirmé lors de leur réunion ministérielle informelle (Gymnich), ce vendredi (14 janvier) à Brest, un « plein soutien » aux mesures prises par la CEDEAO (lire : Les Européens bien embêtés par les sanctions de la CEDEAO contre le Mali). Apparemment, elles ont du mal à entrer en pratique.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(*) Dans la première version de l’article publiée samedi, le dispositif de réservation de Air France ne donnait la possibilité de prendre des places que en classe business, avec un prix important de plus de 3000 euros pour l’aller. Une recherche effectuée le lendemain avait fait tomber les tarifs, les faisant revenir à la normale, voire même au-dessous des concurrents pour un départ dans les jours suivants le 24 janvier.

Mis à jour dimanche 16.1 4h avec les nouveaux tarifs d’Air France

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Les soldats français ont combattu pour la liberté du Mali (Le Drian)

Sat, 15/01/2022 - 09:05

(B2) Ce qui se passe au Mali actuellement, avec des rapports de plus en plus acrimonieux entre la junte militaire, d’un côté, et la France, les Européens mais aussi les Africains de l’Ouest, de l’autre, interpelle. Une question qui était à l’ordre du jour du gymnich, la réunion informelle des ministres des Affaires étrangères, à Brest ce vendredi (14 janvier).

Le ministre français Jean-Yves Le Drian répond à B2 sur le Mali (photo : EBS / B2)

L’évolution au Mali décevante ?

Nous avons pu interroger Jean-Yves Le Drian à la sortie de la réunion pour savoir s’il était « déçu » de l’évolution de la situation sur place. Un sujet qu’il connaît dans toute sa profondeur. L’actuel ministre français des Affaires étrangères était en effet en charge de la Défense, sous la présidence de François Hollande (dont il était proche), quand l’opération Serval (en 2013) a été déclenchée. Il est allé plusieurs fois au Mali et a rencontré plusieurs fois ses dirigeants successifs.

NB : Nous avons choisi de reproduire l’intégralité de la réponse (avec juste quelques interceptions pour faciliter la lecture).

Des soldats français morts pour le Mali libre

« Oui, c’était en Janvier 2013, j’ai un souvenir parfait de cette fin d’après-midi où on a déclenché les opérations, de Damien Boiteux, [le premier soldat français] mort pour que le Mali vive libre ». Et il y a eu d’autres soldats français qui sont tombés ensuite, comme en témoigne « le monument aux morts que j’ai initié dans le jardin de l’ambassade de France à Bamako. Nous avons combattu pour la liberté des Maliens. Et nous sommes toujours là, pour combattre le terrorisme et ceux qui veulent porter atteinte à cette liberté. »

Combattre le terrorisme et ouvrir une voie démocratique

Sans les soldats français, « ce pays serait devenu un État islamique, comme cela a été le projet de Daech à Rakka [Syrie]. Cette intervention a permis d’éviter cela et [également] de mettre en œuvre un processus démocratique. » Dès 2013, il y a eu ainsi « des élections présidentielles et législatives qui se sont retrouvées après ».

Une défaillance malienne sur les accords d’Alger

« Ce qu’il ne s’est pas passé après, c’est la mise en œuvre des accords d’Alger et la volonté de les mettre en œuvre. MAIS les accords d’Alger sont toujours là. Ce qu’il manque, c’est la volonté de les mettre en œuvre. » Et le ministre de saluer la prise de position de la CEDEAO « courageuse, qui fait référence à l’histoire et la propre sécurité des pays d’Afrique de l’Ouest ». Une position soutenue à « l’unanimité » par tous les pays européens.

Des manifestations

Jean-Yves Le Drian tient à ajouter un mot sur les manifestations de Bamako organisées par le gouvernement pour protester contre les sanctions africaines, et aussi contre la France. Une manifestation en pleine contradiction, estime le ministre. « La raison invoquée par la junte d’allonger la transition [démocratique] jusqu’à une durée pour cinq ans, ce sont des raisons de sécurité — “on ne peut pas voter car on n’est pas en sécurité” —. Je pense que si on est en situation de sécurité pour manifester, on doit être en situation de sécurité pour voter… »

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Le Mali dénonce la violation de son territoire par un avion français. La ministre botte en touche (v4)

Thu, 13/01/2022 - 19:25

(B2) Interrogée sur la dénonciation par le Mali de « la violation manifeste » de son espace aérien par un avion militaire français de type A400M (immatriculé F-RBAN) vers Gao qui a « à la fois coupé son transpondeur pour ne pas être identifié et coupé ses moyens de communication » avec le contrôle aérien malien, la ministre française des Armées, Florence Parly a savamment botté en touche.

Une décision de la CEDEAO qui ne s’applique pas aux vols militaires

Les décisions, « prises par la CEDEAO dimanche de fermeture de l’espace aérien n’ont pas vocation à s’appliquer aux vols militaires », indique-t-elle. Et d’ajouter : « Nous avons donc établi des contacts à cette fin avec les autorités compétentes. » Objectif apparemment : éclaircir la possibilité de vols militaires pour les avions français.

Un communiqué officiel

Le gouvernement malien (de la junte militaire) a publié un communiqué assez peu commun mercredi (12 janvier). Les Maliens n’hésitant pas à indiquer que le vol a été détecté à l’aide de « capacités de détection aérienne récemment acquises ». Sans citer l’origine de ces capacités. Mais chacun aurait pu comprendre qu’elles pouvaient être russes.

Une procédure habituelle

Chacun sait en effet que les avions militaires qui volent vers le Mali coupent leur transpondeur par raison de sécurité. Et les autorités maliennes, plus que quiconque. Point qu’a pu confirmer B2 auprès d’un officier supérieur. L’équipage a « déposé un plan de vol validé par les autorités maliennes » et le transpondeur éteint est « une procédure habituelle au-dessus des terrains d’opération », indique notre interlocuteur.

Les accords de 2013 toujours en vigueur

Les accords conclus en 2013 au début de l’opération Serval « sont toujours valables », précise ainsi notre interlocuteur. De façon concrète, ils définissent les règles de déplacements français au Mali. C’est ainsi, selon notre lecture de l’accord SOFA (status of forces) signé avec Bamako qui s’applique. Ainsi, il est stipulé que le personnel français engagé dans le cadre de l’opération militaire « circule sans restriction sur le territoire de la République du Mali, y compris son espace aérien, en utilisant les moyens de transport dont il dispose et sans qu’il ait à solliciter un accompagnement par les forces de la Partie malienne ». Le document indique bien que ces dispositions sont applicables « jusqu’à la fin des missions du détachement français et son retour complet et définitif sur le territoire de la République française ».

… mais jusqu’à quand ?

Fin décembre, le ministre des Affaires étrangères malien a transmis à l’ambassade de France à Bamako une demande de révision de l’amendement signé en 2014, indique notre interlocuteur. Les discussions sont en cours. Elles sont gérées par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.

Un geste plutôt inhabituel

Ce geste est donc éminemment politique. C’est un avertissement sans frais à Paris. En réponse aux sanctions de la CEDEAO, que Paris a approuvé, à défaut de les avoir initié, mais aussi aux Européens qui seraient tentés de les suivre. Reste à savoir quelle sera l’étape suivante.

(Nicolas Gros-Verheyde, à Brest, avec Helen Chachaty à Paris)

Mis à jour avec les données techniques sur la coupure du transpondeur, les accords de 2013 sur les modalités de circulation et la demande de révision du document

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Décès à la KFOR

Sat, 08/01/2022 - 12:15

(B2) Un militaire macédonien est décédé à l’hôpital de Pristina vendredi (7 janvier) vers 18h15. Mort qui n’est pas liée « à un combat ». La force de stabilisation de l’OTAN au Kosovo, la KFOR, l’a confirmé ce samedi (8 janvier).

Ce militaire de carrière de 44 ans « portant les initiales IQ », était basé à Pec/Peja, selon le ministère macédonien de la défense. Victime « selon les premières informations d’une crise cardiaque », il a été pris en charge sur place par l’équipe médicale militaire, puis transporté par hélicoptère à l’hôpital. « À son arrivée il a pu être réanimé, mais peu de temps après, les médecins n’ont pu que constater son décès » indique le ministère selon la chaine kosovare RTV21.

« Je suis de tout cœur avec les familles et les amis du soldat et avec l’ensemble du contingent de Macédoine du Nord déployé au Kosovo », a notamment partagé le général hongrois Ferenc Kajari, chef de la KFOR.

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Inspection d’un navire suspecté de transport d’armes au large de la Libye

Fri, 31/12/2021 - 07:45

(B2) Le navire grec HS Navarinon qui participe à l’opération européenne de surveillance de l’embargo (EUNAVFOR Med Irini) a procédé le 16 décembre à une inspection d’un navire considéré comme suspect au large des côtes libyennes

Fouille des containers par les marins grecs en présence d’un membre de l’équipage (photo : EUNAVFOR Med Irini)

Le porte-containers était suivi depuis plusieurs jours déjà, « soupçonné d’avoir violé l’embargo sur les armes de l’ONU contre la Libye ». Mais la mer agitée et les vents forts ont empêché toute arrivée en sécurité sur le navire. Ce n’est qu’au bout de deux jours, quand les conditions de mer sont devenues plus acceptables, que l’équipe de visite du HS Navirinon (1) a pu être hélitreuillée depuis un hélicoptère sur le navire.

Les forces spéciales ont d’abord « sécurisé la zone » — indique-t-on au QG de l’opération à Rome. Ils ont ensuite « vérifié » les documents du navire. Puis ils ont procédé à l’inspection de plusieurs conteneurs « soupçonnés d’être chargés de matériel illégal ». Inspection effectuée « conformément à la résolution de l’ONU»  (la 2292 pour les intimes de la chose onusienne). « Rien de suspect n’a [finalement] été découvert ». Le navire — dont le nom n’a pas été communiqué et soigneusement masqué sur les photos officiea donc été libéré et a pu poursuivre sa route vers un port d’escale.

(NGV)

(1) Cette frégate de la classe Meko 200 HN (F-461) a été incorporée dans la marine grecque en 1995 après son rachat aux Pays-Bas. Construite dans les ateliers navals de De Schelde à Vilssingen au milieu des années 1970, elle a été engagée durant 15 ans dans la marine néerlandaise sous le nom de HNLMS Van Kinsbergen et le numéro de coque F-809.

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La France aux commandes de la force de réaction rapide de l’OTAN

Wed, 29/12/2021 - 19:15

(B2) La France prend, samedi prochain, 1er janvier 2022, le commandement de la VJTF, la force militaire de l’OTAN de réaction rapide. Ce pour une durée d’un an.

Formation aux appuis feux tactiques interarmées (Photo : Brigade Franco-Allemande)

Une force un peu plus rapide que la NRF

La création de cette force est récente. La VJTF, pour Very High Readiness Joint Task Force (ou force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation), a été décidée lors du sommet de l’Alliance de Pays de Galles en septembre 2014. Il s’agit de doter les forces euro-atlantiques d’un outil plus efficace et adapté après l’intervention russe contre l’Ukraine. Elle est forte de quelques milliers d’hommes, pouvant être déployés en quelques jours (1).

Autour de la brigade franco-allemande

La VJTF française sera constituée autour de la brigade franco-allemande, qui formera le noyau de la force, en particulier, le 1er régiment d’infanterie et le 3e régiment de hussards (Rh). D’autres pays (Espagne, Portugal et Pologne) doivent également fournir des forces. Elle sera dirigée par le quartier général du corps de réaction rapide français (CRR-Fr), basé à Lille.

Des Alliés déterminés à se défendre

La feuille de route de cette VJTF est claire : pouvoir « défendre n’importe quel Allié » comme l’a défini le secrétaire général de l’OTAN : « À une époque de défis sécuritaires sans précédent, il ne doit y avoir aucun malentendu sur la détermination de l’OTAN : nous sommes solidaires pour défendre et protéger tous les Alliés ».

Entre Turquie et Allemagne

La France succède à la Turquie, qui a dirigé la force en 2021. L’Allemagne prendra le relais en 2023. Le JFC (commandement des forces interarmées de l’OTAN) de Brunssum (Pays-Bas) assurant le commandement de l’ensemble de la force de réaction de l’OTAN.

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Le concept de la NRF, la force de réaction de l’OTAN, avait quelque peu vieilli et imposait un changement. Trop lourd (jusqu’à 40.000 hommes), trop lent, cette force n’était plus vraiment adaptée aux enjeux de rapidité.

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Joyeux Noël à tous et bonne année

Fri, 24/12/2021 - 11:53

(Photo : UK Royal Navy – Archives B2)

B2 est au ralenti durant les fêtes de fin d’année. Retour à la normale mardi 4 janvier.

Bonnes fêtes de Noël et de fin d’année à tous !

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L’engagement allemand dans EUTM réexaminé. Les Russes privés de shopping sur les Champs–Élysées s’ils agressent l’Ukraine

Thu, 23/12/2021 - 15:45

(B2) Frapper les Russes au portefeuille. Étudier toutes les possibilités notamment européennes pour le remplacement des Tornado porteurs de l’arme nucléaire. Revoir les modalités de formation des forces armées maliennes. Christine Lambrecht, la nouvelle ministre de la Défense allemande imprime clairement une marque ferme et européenne à son mandat.

La ministre de la Défense Christine Lambrecht en visite au bataillon logistique n°172 (crédit : Bundeswehr)

L’interview parue dans le quotidien allemand Bild il y a quelques jours est intéressante pas seulement sur le point de la mission au Mali, mais aussi sur les opérations en général, la situation en Ukraine et les relations avec la Russie, le remplacement des Tornado, porteurs de l’arme nucléaire, par des avions européens…

Le contrôle parlementaire n’est pas là pour la gloire

La Bundeswehr est une « armée parlementaire, ce qui signifie que chaque déploiement y est discuté et décidé », insiste Christine Lambrecht. Celle qui a été membre du Bundestag durant 23 ans veut renforcer le rôle du Parlement. « Je veux qu’au Parlement, on reparle davantage des mandats et que l’on revoie constamment le but des opérations, car les députés envoient des soldats travailler et sont donc responsables d’eux. »

Revoir le lieu de formation des FAMa au Mali

Sur la mission de formation de l’Union européenne au Mali (EUTM Mali), la question de la formation ne se pose pas, mais celle du lieu de la formation, oui. « Nous devons vérifier si l’entraînement des soldats maliens est aussi bien, voire mieux, possible dans un autre endroit, plus sûr pour nos soldats. La sécurité de nos soldats est ma première priorité », indique la ministre allemande de la Défense.

  • NB : la formation a lieu aujourd’hui essentiellement à Koulikoro, qui était jusqu’à présent relativement épargné. Et l’idée est d’avoir des points de formation à Sévaré également (un projet soutenu par les Allemands). Cela signifierait notamment délocaliser la formation ailleurs. Au Niger par exemple ?

Les Russes sont les agresseurs en Ukraine et toutes les options doivent être étudiées

Sur la situation aux frontières de l’Ukraine, la ministre ne fait pas dans la dentelle : « Clairement : l’agresseur est la Russie ». Et « nous devons faire tout notre possible pour arrêter une escalade sévérité notable ». C’est-à-dire notamment « des sanctions sévères ». Elle ne se prononce pas expressément sur le maintien du gazoduc Nord Stream 2 (NB : un sujet de dissension au sein de la coalition : les Verts étant en faveur de son abandon). Mais intrinsèquement cela fait partie des options : « Nous devons utiliser l’ensemble des instruments dont nous disposons. »

S’ils agressent l’Ukraine, ils seront privés de shopping sur les Champs Élysées !

Plus directement, elle parle de « cibler Poutine et ceux qui l’entourent ».

  • NB : une des options qui figurent au niveau européen : avec gel des avoirs et interdiction d’entrée dans l’Union européenne pour les oligarques et autres proches du président russe.

« Les responsables de l’agression doivent ressentir des conséquences personnelles, par exemple qu’ils ne peuvent plus se rendre sur les Champs Élysées de Paris pour faire leurs courses. »

Pour remplacer les Tornado, étudions d’abord les options européennes

La ministre n’élude pas la question sur le remplacement des Tornado vieillissants. Les seuls avions capables de porter l’arme nucléaire de l’Alliance. Un point que l’Allemagne a soutenu jusqu’ici avec constance. Mais plutôt que le F-18 (choix possible de la précédente coalition) ou le F-35 (poussé par les Américains et certains milieux militaires Outre-Rhin) — les deux appareils cités par le journaliste — sa préférence va clairement vers l’avion actuel des forces allemandes : l’Eurofighter. « Nous devons clarifier si et à quelle vitesse les États-Unis le certifieraient pour les armes nucléaires. » Et sinon, il faut aussi voir les autres solutions européennes. « Nous ferions bien d’examiner également avec rigueur une solution européenne. »

  • NB : elle ne précise pas l’appareil concerné. Mais ce pourrait bien être… le Rafale français.

(Nicolas Gros-Verheyde, avec Aurélie Pugnet)

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La task-force Takuba prend de l’épaisseur lentement. Un à un les pays européens rejoignent la coalition anti-terroriste (v2)

Thu, 16/12/2021 - 15:09

(B2) La task force Takuba se développe. De nouveaux pays vont intégrer le dispositif en 2022. Ils renforceront les moyens militaires déjà présents au Sahel.

(photo : EMA / DICOD)

Une lente adhésion européenne

Même si à l’état-major français on adore les chiffres de progression fantastiques, 6 pays en avril 2021, 8 deux mois plus tard et 10 en décembre 2021, voire 13 en 2022, on doit aborder cette réalité de manière un peu moins romantique.

Petit décompte

Dans les six d’avril, il faut en fait retirer la France (!) et la Belgique (deux ou trois officiers à l’état-major ne font pas un engagement). Et les deux supplémentaires de juin (Pays-Bas, Portugal) sont aussi à l’état-major. On est donc toujours à quatre pays engagés sur le terrain ! Mais la Hongrie et le Danemark ont promis d’arriver bientôt : plutôt 2022 que 2021 pour les Hongrois comme pour le Danois ! Cela fera six.

Des Lituaniens et des Roumains bientôt

Deux autres pays sont dans les startings blocks. La Roumanie a déjà donné son accord politique il y a quelques mois. La Lituanie vient tout juste de terminer son processus de validation politique. La Diète a validé le texte sur les opérations 2022-2023. Le ministre lituanien des Affaires étrangères Gabrielus Landsbergis l’a confirmé jeudi (16 décembre) en soirée. Il autorise l’engagement jusqu’à 30 soldats, durant trois mois, et un avion de transport (basé au Niger).

D’autres arrivées à venir

Les discussions continuent toujours avec la Grèce (qui avait déjà promis en son temps, mais tarde à concrétiser), la Pologne (ce qui serait nouveau) et la Slovaquie (idem). Un sujet évoqué par la ministre française avec son homologue slovaque Jaroslav Naď lors de sa visite à Paris. Et inclus dans la conversation bilatérale qu’ont eu le président Emmanuel Macron et le premier ministre slovaque Eduard Heger, en marge de la rencontre des Visegrad à Budapest ; ce n’était pas tout à fait fortuit, selon nous. À l’EMA, on préfère donc rester prudent, échaudé par quelques annonces fracassantes, qui ont parfois mis beaucoup de temps à se concrétiser ou des remaniements gouvernementaux qui ont obligé à revoir les beaux plans bâtis avec labeur. « Tant qu’ils ne sont pas engagés concrètement… »

Les yeux de Chimène de Paris vers l’Outre-Manche

Quant aux Britanniques, Paris continue d’espérer. Londres a déployé des militaires chargés du renseignement (le Long-Range Reconnaissance Task Group) sous le drapeau des casques bleus de la MINUSMA et fournit aussi des hélicoptères Chinook aux deux opérations (Barkhane et Minusma). Leur engagement au sein de Takuba pourrait être « une option » susurre-t-on à Paris.

Un démarrage en mode diesel

Mais c’est un fait. Après un démarrage poussif — un diplomate d’un pays européen engagé parlait d’un retard d’environ un an sur le programme — la liste des pays engagés s’allonge lentement, mais sûrement. L’état-major des armées peut donc se réjouir. « Il y a un véritable phénomène d’entraînement des partenaires européens, qui y voient quelque chose d’intéressant et de novateur. »

L’européanisation de la mission

Et avec un commandement assuré sur place par un général suédois, la ministre des Armées Florence Parly peut à juste titre parler d’une « européanisation » de l’action militaire au Sahel. Un point fondamental pour la Rue Saint-Dominique, siège du ministère français des Armées. Car « dans la perspective de l’évolution du dispositif militaire au Sahel, Takuba doit jouer un rôle croissant et nous permettre de fournir de plus en plus un soutien crédible aux Maliens ».

Gros point d’interrogation à l’horizon fin 2022 – 2023

Reste à espérer que tous ceux qui sont engagés aujourd’hui resteront jusqu’au bout de l’année 2022. Et là, c’est un point d’interrogation. Il y a un fait : les Suédois pourraient plier en grande partie bagage à la fin du premier trimestre 2022 (sauf prolongation décidée ultérieurement). Et l’arrivée d’Allemands ou d’Espagnols semble toujours improbable. Quant à la situation dans le pays, elle reste très instable : la possible arrivée des privés russes de Wagner au Mali, comme un troisième coup d’État militaire, pourrait changer la donne. L’option travaillée très sérieusement à Paris comme dans les pays participants à Takuba est donc de déplacer le nœud névralgique des opérations plutôt vers le Niger. Pays plus acceptable pour nombre de pays…

(Helen Chachaty & Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Même si la task force reste sous le commandement d’opération de la force Barkhane (donc sous autorité française).
  2. Le Niger serait un pays plus acceptable politiquement parlant. Le Mali étant un pays en guerre, y intervenir pourrait poser des problèmes de politique interne pour certains États membres.

Lire aussi :

Papier mis à jour le 16.12 19h30 sur la validation par la Diète lituanienne

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Ukraine ou Biélorussie, entre Europe et Russie. La bataille violette est déclenchée

Thu, 16/12/2021 - 13:10

(B2) C’est une bataille sournoise qui se déroule aux confins orientaux de l’Union européenne. Entre Bruxelles et Moscou, « l’Ouest » et « le nouvel Est », se déroule une bagarre qu’on peut qualifier de violette. Ni rouge, comme la guerre, ni bleue, couleur de la guerre froide. Plutôt un entre les deux subtil.

Véhicules Buk russes équipés de missiles aériens en manœuvre (Archives B2 – Photo : armée russe)

Dans la ligne de mire du Kremlin

L’Union européenne ennemi à abattre, l’OTAN adversaire de cœur

Dans la ligne de mire du Kremlin, malgré les mots, ce n’est pas tant l’Alliance atlantique qui est l’ennemi. Celle-ci fait plutôt figure d’adversaire utile, mais pas trop menaçant. La vraie menace, c’est l’Union européenne. Elle et sa volonté, douce, de raccrocher les six pays du pourtour russe (Biélorussie, Ukraine, Moldavie, Géorgie, Arménie et Azerbaïdjan) à sa sphère démocratique libérale et de libre échange. Une Union européenne, avec un air malicieux, que Moscou exècre et redoute. Car elle opère, malgré tout, une sacré force de séduction.

Le Partenariat oriental : entre Europe et Russie ?

Cette stratégie européenne avec les pays du Partenariat entend être une sorte de sas, quasi-permanent, entre l’adhésion à l’Union européenne et l’état de pays tiers. Il s’agit d’arrimer le plus solidement possible ces pays au marché européen en leur donnant différents avantages (commerciaux, économiques, visas, etc.), sans leur accorder le sacro-saint statut de membre à part entière de l’Union européenne.

Un passage en douceur à un monde libéral

Une sorte de passage en douceur du marché soviétique, à un marché libéral régulé plus européen. Une sorte de partenariat qui fonctionne, au regard des chiffres du commerce extérieur de l’Ukraine par exemple. La part de marché de l’ensemble des pays de l’Union en Ukraine a progressé de cinq points, entre la révolution de Maidan et aujourd’hui : de 35% de 2013 à plus de 40% en 2020, selon le Trésor Français.

La hantise de Moscou

Pour la Russie, c’est ce qu’il faut éviter à tout prix, qu’un pays bascule totalement côté européen, se voir éjectée des marchés et du commerce, ramener ses entreprises à une influence infime et son poids politique se réduire peu à peu. Un vrai cauchemar. Car il ouvrirait aussi la porte à une adhésion de ces pays à l’Alliance atlantique. Et pour éviter cela, tous les moyens sont bons.

Les différentes techniques russes d’entretien de la tension

Pour maintenir constante la pression sur ces territoires qu’elle entend bien à un moment, sinon reconquérir, du moins neutraliser, la Russie utilise toute une palette d’outils stratégiques et politiques, de façon concurrente ou successive.

La technique du territoire rebelle

En Moldavie (avec la Transnistrie), en Géorgie (Abkhazie, Ossétie du Sud), en Ukraine (Crimée, Est de l’Ukraine), des parties notables des territoires ont été arrachées à l’autorité de ces pays, pour passer dans une autonomie sous orbite russe, voire carrément intégrées dans le territoire russe. Le cas extrême étant la Crimée, envahie en 2014 et aujourd’hui entièrement intégrée à la Russie. Question stratégique oblige, ces territoires procurent un avantage très net à Moscou. Au niveau militaire, ils lui permettent de stationner des troupes et d’attiser des tensions. Au point de vue politique, ils empêchent l’adhésion à l’OTAN : un pays devant assurer le contrôle intégral de son territoire pour adhérer à l’alliance atlantique.

Des forces de maintien de la paix

Dans plusieurs territoires, la Russie a obtenu de pouvoir stationner des troupes militaires, sous couvert de forces de maintien de la paix. En Arménie, la présence russe a été renforcée par la dernière défaite face à l’Azerbaïdjan au Haut Karabagh. Et en Azerbaïdjan, à la faveur de ce conflit, les troupes russes assurent le maintien de la paix. Idem sur le territoire moldave de Transnistrie arraché à la Moldavie.

La technique des accords militaires

Voire, la Russie a passé plusieurs accords militaires : avec l’Arménie, avec l’Abkhazie (province autonome de Géorgie). Quant à la Biélorussie, qui avait réussi jusqu’à présent à tenir une position assez indépendante, le maintien de Loukashenko au pouvoir et la politique européenne l’obligent à se rapprocher de la Russie, Moscou espérant à terme une union plus étroite, voire une fusion-absorption.

L’incursion politique et médiatique

Dans plusieurs de ces pays, Moscou soutient directement ou indirectement des forces politiques qui lui sont plus favorables. Au besoin, il s’ingère dans les campagnes électorales nationales par la diffusion de fausses informations relayées par les médias classiques ou sur les réseaux sociaux. La bonne vieille propagande a été modernisée sous forme de fake news, de trolls etc. Les médias russophones qui bénéficient d’un fort soutien financier sont souvent plus modernes, plus populaires que les médias locaux.

Le durcissement du régime

Pour imposer sa politique, c’est une phase ultime possible : le passage d’un régime démocratique à un régime plus autoritaire, avec chasse aux opposants politiques et privation des libertés. C’est le modèle qui s’est imposé en Biélorussie, avec l’aide des services russes de force. Au besoin en poussant la provocation aussi loin que possible (tel le détournement d’un avion de Ryanair avec à son bord un opposant politique bélarusse) pour éviter toute tentation de retour en arrière. Le décrochage de la Biélorussie du Partenariat oriental est un succès pour Moscou. Sera-t-il durable ?

L’immigration provoquée

C’est la dernière tactique mise en œuvre : Importer des migrants de pays tiers, via charters aériens ou terrestres, en leur facilitant le transit dans le territoire national pour les projeter sur la frontière du voisin occidental. Elle ne date certes pas d’aujourd’hui et de l’action hybride menée par les Biélorusses contre la Pologne et les pays Baltes. Elle a été utilisée auparavant par les Russes pour faire pression sur la Finlande, en amenant par voie de bus des migrants, dans le Grand Nord.

Des conflits gelés qui peuvent se rouvrir

Les conflits sont dit ‘gelés’ pour l’instant en Moldavie, Géorgie et en Crimée. Mais le conflit reste ouvert dans l’Est de l’Ukraine et l’expérience du Haut Karabagh à l’automne 2020 montre qu’un conflit dit gelé peut se réchauffer rapidement et se transformer en guerre. En particulier, notons que depuis l’intervention en Géorgie en 2008, quand un conflit se calme d’un côté, il se ravive de l’autre. Et, même gelés, les tensions permettent d’alimenter une certaine fièvre.

La stratégie de l’allumage des signaux

De ces différentes présences, qui ont chacune une dynamique propre, Moscou joue pour assurer une tension permanente. Tension alternative, parfois basse, parfois haute, qui permet de maintenir sous pression l’ensemble de la zone et oblige l’adversaire à exercer une vigilance continue et s’adapter en permanence. Elle place les alliés de l’OTAN dans un dangereux numéro d’équilibriste : ils doivent maintenir une présence, mais pas trop au risque d’apparaitre comme le fauteur de troubles. Ils doivent rassurer les pays de la zone, mais ne pas s’engager trop… car ils n’ont ni la volonté ni les moyens. Aucun allié de l’Atlantique n’a envie de mourir pour le Donbass ou l’Abkhazie. La réalité est connue. Une sorte de guerre d’usure de l’adversaire sur plusieurs années ou dizaines d’années est ainsi bel et bien entamée entre l’Occident, Europe et USA, et la Russie.

(Nicolas Gros-Verheyde)

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EUTM RCA suspend ses activités, elle ne s’arrête pas. Enfin un peu quand même !

Wed, 15/12/2021 - 21:34

(B2) Interrogé par B2, le service diplomatique européen a confirmé à mi-mot la suspension de la mission de l’Union européenne de formation des forces armées centrafricaines. Et surtout sa cause.

(Crédit: EUTM RCA)

Le conseil uniquement

Il ne s’agit pas d’un arrêt de la mission a justifié la porte-parole du Haut représentant, Nabila Massrali. EUTM RCA va arrêter la formation et « temporairement recentrer ses efforts sur le conseil stratégique ». Un conseil dispensé « au ministère de la défense et [à l’état-major] militaire » ainsi qu’aux « écoles militaires des FACA », les forces armées centrafricaines.

La cause : la présence de Wagner

« Les forces armées centrafricaines ont reçu un soutien bilatéral de Wagner ». Des « rapports » l’indiquent. Cette coopération a été « établie sans aucune transparence ». La présence « des mercenaires de Wagner en RCA est un sujet de grave préoccupation pour l’Union européenne, plus particulièrement pour l’EUTM ».

Une mission qui n’est pas engagée sur le terrain de bataille

Or, EUTM est « une mission de formation, pas une mission de combat ». C’est-à-dire qu’elle « n’est pas physiquement sur le champ de bataille et n’est pas engagée sur le champ de bataille aux côtés des FACA ».

Aucune coopération avec Wagner, où que ce soit

Et la porte-parole, d’ajouter « pour être [parfaitement] clair » : « Nous ne coopérons pas avec le Groupe Wagner, où que ce soit ». Il n’est donc ainsi « pas prévu que les FACA reçoivent une formation supplémentaire de la part de l’EUTM pour le moment ou à court terme, il s’agit d’une mesure opérationnelle temporaire ».

Commentaire : un retour six ans en arrière ! Ni vu ni connu

Cette déclaration en forme de démenti est en fait une confirmation des informations publiées hier. (Lire : Face à Wagner en Centrafrique, l’Europe se retire). Elle représente un sacré revers pour l’Union européenne, condamnée à un aveu d’impuissance, et un sacré retour en arrière à la case départ, du début de la mission sous forme uniquement de conseil stratégique (EUMAM RCA) entre 2015 et 2016.

La réticence à l’engagement en Centrafrique dès le début

Cette mission EUMAM RCA avait suscité à l’époque une forte réticence des Européens pointant le risque de l’inefficacité. La génération de forces de cette mission sera d’ailleurs fort laborieuse. La plupart des États membres rechignant à envoyer du personnel (lire : EUMAM RCA, une génération de force bien laborieuse). Elle ne devra en fait son existence qu’à la France qui fournira un bon tiers des effectifs au final, à une petite dizaine d’États membres, … et surtout aux Géorgiens qui fourniront l’équipe de protection et aux Serbes le soutien médical (lire : La mission EUMAM RCA va être lancée, tous les effectifs arriveront plus tard). Deux points fondamentaux pour le bon déroulement de la mission.

Je persiste et signe

Notre article signé hier n’a pas vraiment plu en haut lieu. Certains contestant le titre ou l’analyse. Je persiste et je signe. Cette décision — que l’on appelle recentrage et suspension (comme le SEAE) ou repli ou arrêt — n’est pas anodine. Elle ne pouvait, selon nous, être prise simplement par une décision du comité politique et de sécurité.

Une défaillance politique et démocratique

Elle aurait dû être prise par les ministres en tant que telle, ou au moins être endossée par eux. Tout comme l’a été la décision sur les sanctions de Wagner (préparée en amont et ‘endossée’ par les ministres, sans débat). Et dans un système démocratique, le Parlement européen aurait dû être dûment et officiellement informé. Quitte à se prononcer dans un avis (purement consultatif), cela paraît assez logique.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Face à Wagner en Centrafrique, l’Europe se retire. Russie : 1 point

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La France se désengage de Tombouctou

Wed, 15/12/2021 - 07:52

(B2) Les manœuvres de désengagement de la France à Tombouctou sont achevées. C’est la dernière des trois bases, après Kidal et Tessalit, à être transférée aux forces armées partenaires, alors que la menace évolue « vers le sud et vers l’ouest ».

La formation des FAMA, les forces armées maliennes, a été un point clé des dernières années des militaires déployées la base de Tombouctou. Ce qu’on appelle « le partenariat militaire opérationnel » est devenu prioritaire. (photo : DICOD 2020)

Une manœuvre logistique

Le transfert de la base de Tessalit aux forces armées maliennes a représenté « des manœuvres logistiques extrêmement complexes », explique-t-on à l’état-major des armées (EMA). Un désengagement réalisé par voies routière et aérienne, représentant plus 170 conteneurs et une dizaine de rotations d’avions de transport tactique. Le transfert progressif a débuté le 9 décembre, « sans aucune difficulté » assure l’EMA – contrairement aux incidents qui ont émaillé les précédents convois au mois de novembre.

L’évolution du dispositif

La « ré-articulation » de l’opération Barkhane se poursuit. Ce sont environ 400 militaires qui ont été désengagés des bases de Kidal, Tessalit et Tombouctou. L’EMA indique que Barkhane se ré-organise selon deux axes : 1° la lutte contre les groupes armés terroristes, 2° la montée en puissance des armées partenaires ; et dans trois dimensions : coopération, partenariat de combat, réassurance. Exit donc les « combats directs » contre les groupes armés terroristes et priorité à un « effort dans la durée par la force internationale », la task-force européenne Takuba, dirigée par la France, pour ne pas la nommer.

Place à la coopération internationale

L’état-major des armées le martèle : « la France reste engagée dans la lutte contre les groupes armés terroristes avec les forces armées maliennes, en étroite collaboration avec les alliés européens et américains ». « On attend beaucoup de Barkhane, dont faire disparaître la menace terroriste, mais la force Barkhane ne peut pas faire disparaître seule les racines. » Il est donc nécessaire de déployer « un effort dans la durée » par la force internationale, l’Union européenne « en première ligne ».

(Helen Chachaty)

Lire aussi : La reconfiguration de Barkhane s’engage sur trois axes

Et notre dossier : N°70. L’opération Barkhane pour stabiliser la zone sahélienne

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Face à Wagner en Centrafrique, l’Europe se retire. Russie : 1 point

Tue, 14/12/2021 - 23:38

(B2) La situation en Centrafrique est tendue. Et les deux missions que l’Union européenne a dans le pays ont réduit la voilure. La mission de formation EUTM RCA est quasiment à l’arrêt. Et celle chargée du conseil sur la sécurité intérieure (EUAM) pourrait l’être bientôt.

La présence de soldats français et centrafricains côte à côte, pour la formation, c’est peut-être terminé (Photo : EUTM RCA – formation transmissions d’octobre 2021 – archives B2)

La prise de contrôle par les hommes du groupe Wagner sur place est réelle. Et le rapport du service diplomatique européen qui a fuité dernièrement n’est qu’un avatar public de la réalité sur le terrain.

Une prise de contrôle des Wagner

Selon nos éléments, non seulement les Russes reprennent la formation des bataillons centrafricains, une fois ceux-ci formés par les Européens. Mais ils interagissent bien davantage. Ils sont ainsi présents sur le camp Kassai de formation de l’armée centrafricaine où sont présents les Européens. Et ils ont pris le contrôle, intrinsèque, des forces centrafricaines. L’ultimatum lancé par les Européens aux Russes de Wagner de quitter le camp Kassai à Bangui n’a pas eu d’effet.

Des Centrafricains qui n’écoutent plus les conseils européens

Les soldats centrafricains qui, il y a quelques années, étaient tout disposés à recevoir l’enseignement de leurs homologues européens semblent aujourd’hui pour le moins rétifs. L’hypothèse d’une attaque interne n’est plus de la pure théorie. Dernier facteur : le gouvernement centrafricain ne semblerait plus aussi disposé à fournir les effectifs qui doivent être formés aux Européens.

Une fin de mission qui ne dit pas son nom

Les Européens ont donc décidé de se retirer (lire : La présence russe et du groupe Wagner menace l’avenir des missions PSDC (EUTM, EUAM)). Selon nos informations, environ 70 formateurs ont ainsi quitté la mission récemment — ou leur remplacement n’est pas intervenu, ce qui revient au même. Le poste de Bouar, inauguré en grande pompe, serait ainsi abandonné. La mission va se recentrer « uniquement sur le conseil stratégique » comme l’a confirmé à B2 une source militaire. Et ce « jusqu’à nouvel ordre ». Autrement dit… pas grand chose. Une manière de masquer en fait un semi-départ.

Une tenaille infernale

Cette décision, politique, a été prise par les ambassadeurs des 27. Les militaires l’exécutent la mort dans l’âme. La mission de formation EUTM a été mise en place, avec maints efforts, notamment de la France en particulier. Les Européens ont beaucoup investi. Mais ils sont pris aujourd’hui dans une tenaille infernale.

Eux ou nous ?

Les Européens sont en fait coincés. Soit ils restent et avalisent de fait la présence des Wagner. Soit ils posent ouvertement la question au gouvernement africain. Eux ou Nous ? Un vrai pari. Il n’est pas sûr que le gouvernement de Bangui choisisse les Européens… ou choisisse tout court.

NB : L’arrivée d’un général belge sur place, pour prendre la relève du Français Jacques Langlade de Montgros, pourrait être compromise. Le choix doit encore être validé, apparemment…

Commentaire : la bataille perdue de la force et du verbe

Repli tactique ou défaite stratégique… ? Seul l’avenir le dira. Ce qui est certain, c’est qu’avec cette décision, prise en stoemeling (comme diraient les Belges), c’est-à-dire à la dérobée, la France et l’Europe signent là un aveu de faiblesse.

Le choix de la discrétion

Les Européens sont en passe de perdre une autre bataille : celle de l’information. Au lieu de taper ouvertement du poing sur la table, de faire de cette décision de retrait un atout, les Européens ont choisi la discrétion. C’est-à-dire le mutisme (1). Ce qu’il y a de pire aujourd’hui sur le champ de bataille.

Mieux vaut informer que lutter contre la désinformation

Ne pas informer, à temps, de façon aussi complète que possible, c’est ouvrir un boulevard à l’adversaire. Les Européens et Français qui n’ont que ces mots à la bouche — « lutter contre la désinformation » et « communication stratégique » — ont, en renonçant à informer, donné à leurs adversaires leurs plus belles cartes.

Pour la Russie, la Centrafrique est gagnée… la suite à venir

Le résultat est là : les Russes ont gagné la première manche en Centrafrique. Ils peuvent dorénavant passer à la suite : au Sahel, le Burkina Faso ou le Niger (deux pays tout aussi fragiles que le Mali) et en Europe, la Bosnie-Herzégovine, le maillon faible des Européens dans les Balkans. L’objectif stratégique de Moscou est clair : faire reculer chaque fois la présence européenne, politique ou militaire. Ce par la force et le verbe !

Une défaite française, une déroute européenne

Jusqu’ici les Européens n’avaient pas vraiment la force, ils viennent de perdre le verbe. Dommage, vraiment dommage. Pour la présidence française de l’Union européenne qui commence, cette déroute en rase campagne augure mal de la suite au Sahel.

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Ce n’est pas faute d’avoir sollicité la mission. En dernier lieu, lors de son passage à Bruxelles, durant plusieurs jours, nous avions proposé au général commandant la force, Jacques Langlade de Montgros, de le rencontrer, en OFF ou en ON. La réponse du Français a été lapidaire : « pas le temps ».

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