Le 23 février 2023, ont eu lieu les obsèques de Thomas Sankara et ses douze autres compagnons d'infortune, sous la présidence du Premier ministre Me Apollinaire Kyelem de Tambèla, contre l'avis d'au moins trois familles qui n'ont pas assisté à ces inhumations sur le lieu des crimes. Pour les besoins de l'enquête judiciaire, les 13 corps qui reposaient au cimetière de Dagnoën avaient été exhumés. Après le procès, la question de donner une sépulture digne aux martyrs de la révolution s'était posée et les familles avaient été invitées à faire des propositions de lieux pour les sépultures.
Cette concertation voulue avec les familles, reconnaissait la propriété, l'appartenance des dépouilles mortelles aux familles. Chose admirable, les treize familles avaient trouvé qu'il ne fallait pas séparer ceux que la haine et la cruauté des assassins avaient réuni. Elles ne voulaient pas de ce lieu-dit de l'entente qui est la scène du crime, là où le bain de sang s'est fait un 15 octobre 1987 pour donner le pouvoir au capitaine Blaise Compaoré. Mais la recherche d'un lieu apaisant, ne réveillant pas les anciennes plaies et douleurs était en cours.
A la dernière minute, faute de trouver le site idéal, la famille Sankara avait proposé de repartir au cimetière de Dagnoën où les corps avaient été exhumés ou au jardin de l'Amitié au bout de l'avenue Thomas Sankara. Mais ces propositions et l'appel en larmes de Blandine Sankara, la sœur cadette du président Thomas Sankara, au président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, restera lettres mortes, paroles emportées par le vent. Le sort était jeté depuis longtemps, ceux qui ont décidé de la création du mémorial Thomas Sankara avaient fait une préemption sur les corps des suppliciés pour leur entreprise, ce serait un manque à gagner au fonds de commerce.
La tradition pour justifier le refus
Avec l'arrivée du MPSR1 au pouvoir, une volonté d'aller rapidement à des obsèques se fait jour. Pour des raisons que beaucoup n'ont pas le courage de dire publiquement. Une certaine opinion a vite fait de mettre nos déboires militaires sur le dos de ces « morts rouges » qui ne sont pas enterrés sur les lieux du crime. Et pourtant, les suppliciés du 15 octobre 1987 ne sont pas une exception et les exemples sont nombreux de personnes assassinées qui ont eu une sépulture ailleurs que sur le lieu du crime.
Jusqu'aujourd'hui, l'armée ramène les corps des soldats morts à la guerre à Ouagadougou. Mais il semble qu'après avoir donné sa vie pour le pays, certains demanderaient encore quelque chose aux restes de Thomas Sankara : mettre fin à la guerre contre le terrorisme, en reposant là où il a été assassiné. Et pour cela on convoque la tradition, les règlements de l'armée alors que les exemples foisonnent où la tradition, notre culture et les règles de l'armée ne sont pas respectées.
Manque d'empathie
La tournure prise par ces évènements dramatiques montre comment avec cette guerre nous manquons d'empathie même quand nous voulons afficher à la face du monde que nous sommes reconnaissants à des héros, nous montrons le contraire en infligeant par la même occasion douleurs et souffrances aux proches de ses défunts que nous disons aimer.
Est-ce vraiment aimer Thomas Sankara et ses compagnons en allant contre la volonté de leurs enfants, épouses, frères et sœurs ? Le vrai amour serait de l'aimer avec ses parents, ou tout au moins de reconnaître que c'est d'abord grâce à eux que nous avons le héros et que leurs peines et douleurs comptent pour nous, et que nous sommes à leurs côtés dans cette perte immense.
Mais non, on les a rejetés, on ne les a pas écoutés, aucune sympathie, pas un seul geste de reconnaissance envers eux. Qu'est-ce que ces familles n'ont pas enduré toutes ces années ? Elles n'ont rien demandé à l'Etat pour les dommages subis. Et l'Etat, implacable, soutenu par tous ceux qui ont vécu ces dernières années sur le nom, l'image et l'aura du premier des martyrs Thomas Sankara, n'a pas jeté un œil sur la douleur et la souffrance des veuves et des orphelins.
C'est bien la première fois qu'un pays retire à une famille ses droits les plus élémentaires sur les restes de son époux, de son père et de son frère. Partout dans le monde, on n'honore pas une personnalité contre le désir de la famille. La famille, à moins d'une volonté écrite par le défunt, est celle qui décide du lieu de la sépulture et des cérémonies.
On ne comprend pas pourquoi ces politiciens qui étaient à cette cérémonie ne se contentent pas de l'action politique, de l'héritage idéologique et social, de l'aura et du charisme de Thomas Sankara qui subsisteront après tout, mais veulent tout, prennent tout et s'accaparent des restes au prétexte que l'homme par son action dépassait une famille, un pays, un continent.
Mais sans sa famille, serait-il devenu ce qu'il a été ? S'il n'avait pas eu une certaine éducation familiale, un environnement familial donné, aurait-il été le héros qu'il a été ? Ce qui s'est passé est d'une violence inouïe pour les familles. De quel droit prive-t-on des enfants, des conjointes, des frères et sœurs de pouvoir avoir un lieu de recueillement pour leur père, époux et frère ? Pourquoi devraient-ils avoir à vivre le souvenir de la personne aimée que dans le sang et la violence ? Le procès avec son verdict devrait permettre à ces familles de se reconstruire, mais une épée vient de nouveau d'être plantée violemment dans la plaie par ceux qu'elles estimaient être de leur côté.
Quand est-ce que ces familles quitteront-elles les ténèbres du deuil pour la lumière du jour et se reconstruire, si tout un gouvernement et certaines des élites du pays leur retirent avec brutalité les restes et le souvenir de l'être aimé au prétexte qu'il serait trop grand pour elles ?
Le MPSR2 vient de commettre ainsi une faute politique par ce geste. Rien de grand ne se construit sur les larmes et les douleurs des veuves et des orphelins. Si on est convaincu de la justesse de ses idées, il faut prendre le temps de les partager, les expliquer pour convaincre les autres. Aller vite donne l'illusion d'avancer. Si les bases de l'édifice ne sont pas solides, il s'écroulera et on devra recommencer.
Sana Guy
Lefaso.net
Arrivée des officiels
La communauté malienne fortement représentée
La cérémonie d'ouverture
Prestation de Floby
Après l'hymne national burkinabè, c'est au tour du Mali que l'artiste Sidiki Diabaté fait jouer avec sa Kora. il a ensuite demandé aux autorités des deux pays de ne pas échouer dans leurs missions
Les Premiers ministres du Burkina et du Mali ont donné le clap d'ouverture
Vidéo de la cérémonie d'ouverture
Les Premiers ministres du Burkina Faso, Me Apollinaire Kyèlem de Tambela, et du Mali, Choguel Kokalla Maïga, ont donné le clap d'ouverture de la 28e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), le samedi 25 février 2023. Placée sous le thème « Cinémas d'Afrique et culture de la paix », cette édition se veut celle de la résilience.
A l'instar du Burkina Faso, plusieurs pays africains font face aux défis sécuritaires. Selon le président du comité d'organisation, Fidèle Tamini, la 28e édition du FESPACO est celle de tous les enjeux, au regard de ces défis.
Selon le ministre de la communication, de la culture, des arts et du tourisme, Jean Emmanuel Ouédraogo, le thème de cette édition est une interpellation. « La paix est menacée quand l'ordre des valeurs est bouleversé comme disent les sociologues de la paix. Cette thématique ne concerne pas que le Burkina Faso, qui vit une situation particulièrement difficile. Les pays du Sahel sont concernés dans leur ensemble. Et de plus en plus, certains pays voisins du littoral », a-t-il indiqué.
« Renforcer notre capacité de résilience »
C'est en terre conquise que le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, a prononcé son discours, à l'occasion de la cérémonie d'ouverture. Ovationné tout le long de sa marche vers le pupitre pour son discours, le chef du gouvernement de la transition malienne a plusieurs fois insisté sur les liens entre le Burkina Faso et le Mali. Ce sont deux pays frères par l'histoire, la géographie et la culture, a-t-il précisé.
Dans son chapeau de Saponé, Choguel Kokalla Maïga a prononcé un discours d'une vingtaine de minutes. « Je suis très heureux et fier d'être sur la terre libre du Burkina Faso ». Ce sont ses premiers mots prononcés. Des applaudissements nourris ont marqué plusieurs parties de son discours.
Selon le Premier ministre malien, le choix du thème du FESPACO de cette année n'est pas fortuit. « Cette thématique est de nature à renforcer notre capacité de résilience forcée par nos valeurs ancestrales », a-t-il affirmé. Ainsi, il a appelé les cinéastes à recréer les liens africains à partir des valeurs endogènes.
« I have a dream »
Doué avec la Kora, Sidiki Diabaté a fait entonner les hymnes nationaux du Burkina Faso et du Mali avec cet instrument. Louant la beauté de la culture africaine, l'artiste a indiqué qu'il est de la 72e génération de sa lignée à jouer à la Kora. Avant de quitter la scène, il a demandé aux autorités de ne pas échouer. « On compte sur vous », a-t-il conclu.
Pour la chorégraphie de l'ouverture, le chorégraphe burkinabè, Serge Aimé Coulibaly, propose « I have a dream ». Un rêve de voir le Burkina Faso triompher du mal qui le tourmente depuis plusieurs années. C'est un spectacle de sons et lumières qui regroupe 150 enfants ; 10 acrobates et 60 danseurs. Plusieurs artistes burkinabè notamment Floby et Marie Gayeri ont presté durant la cérémonie.
Selon le président du comité d'organisation, le Mali, pays d'honneur de cette édition, a offert le podium de la cérémonie d'ouverture, la sonorisation et d'autres surprises.
Cryspin Laoundiki
Lefaso.net
[direct] Cérémonie d'ouverture 28eme édition Fespaco
En tant que Burkinabè, Apolline Traoré se dit extrêmement fière que le Fespaco puisse se tenir cette année malgré ce que le pays vit au plan sécuritaire. Pour la réalisatrice, c'est un signe de résilience comme ce dont parle son film "Sira", en compétition pour l'Etalon d'or de Yennega.
Le film "Sira", d'après son synopsis, relate l'histoire d'une « jeune fille peule, Sira, et de sa tribu qui traversent le désert pour se réfugier au village de son fiancé. En pleine traversée, les hommes sont violemment massacrés. Yéré, le chef du groupe, décide d'amener Sira pour se faire humilier par elle. Violée et abandonnée dans le désert, Sira se retrouve seule et découvre le camp des terroristes dirigé par Moustapha, le meilleur ami à son père, et Yéré, son violeur. Entre amertume, désolation et désir de vengeance, Sira décide de tout donner pour déjouer les plans macabres des terroristes ».
Lire aussi Festival du film de Berlin : « Sira » d'Appoline Traoré remporte le prix du public
Plusieurs Burkinabè souhaitent que cette année, l'Etalon d'or de Yennega reste au Burkina Faso. « Cette année, c'est ma deuxième participation au Fespaco. J'y suis venue il y a deux ans de cela et j'ai aimé l'organisation et les films en compétition. Cette année, je soutiens le film Sira d'Apolline Traoré et j'ai la certitude qu'il va remporter le trophée », explique Larissa Somda, étudiante en communication.
Pour Ornella Nacro, actrice et comédienne qui a joué dans le film "Le testament" d'Apolline Traoré, "Sira" a toutes les chances de remporter l'Etalon d'or de Yennega à cette 28e édition du Fespaco.
Carine DARAMKOUM
Lefaso.net
A l'occasion de la 28e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), une cérémonie d'hommage a été rendue aux cinéastes Ousmane Sembène et Oumarou Ganda.
C'est une tradition qui a été respectée. A chaque FESPACO, un hommage est rendu aux cinéastes panafricains. Les acteurs du 7e art se sont retrouvé à l'espace à eux dédié, le Rond-point des cinéastes de Ouagadougou.
Pour cette 28e édition, c'est le visage de Oumarou Ganda qui a été présenté. Ce cinéaste nigérien était le premier lauréat de l'Etalon d'or de Yennenga, en 1972. C'est avec son film « Le Wazzou polygame », sur le thème de la polygamie, réalisé en 1970, qu'il a remporté le trophée le plus convoité de ce festival.
Désormais, Oumarou Ganda figure sur l'aller des monstres sacrés du cinéma africain. « Oumarou Ganda est l'un des grands, l'un des pionniers, l'un des compagnons de Sembène Ousmane. C'est un grand bonheur aujourd'hui d'avoir sa statue. Enfin ! », a confié le secrétaire général de la Fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI).
La cérémonie de libation a été présidée par le ministre burkinabè en charge des arts, Jean Emmanuel Ouédraogo. « C'est un moment important pour rendre hommage aux aînés et aux anciens qui nous ont quittés mais qui continuent toujours de nous inspirer », a-t-il affirmé.
Centenaire d'Ousmane Sembène
Après la cérémonie du Rond-point des cinéastes, festivaliers et autorités se sont déportés au siège du FESPACO. « Cette année, la cérémonie de libation a une symbolique particulière parce qu'elle coïncide avec le centenaire de l'un des pères fondateurs du FESPACO et du cinéma africain, à savoir Ousmane Sembène », a confié le ministre Jean Emmanuel Ouédraogo.
C'est ainsi que le buste du cinéaste a été dévoilé par Jean Emmanuel Ouédraogo, l'ambassadeur du Sénégal au Burkina, le ministre malien de la culture et la FEPACI.
« C'est une cérémonie traditionnelle que Sembène [Ousmane] voulait coûte que coûte. En ce jour de célébration de son centenaire, je pense que le monde qui est venu montre à souhait qu'on aimait beaucoup Sembène et que le cinéma a une grande place dans notre société », a indiqué Cheick Oumar Sissoko.
Présent à cette cérémonie, Alain Sembène, le fils aîné d'Ousmane Sembène, a salué l'acte. « Cela représente sa vie, son combat. Il a fait une œuvre qui va continuer à vivre pour toujours. Cela représente également la culture africaine », a-t-il précisé.
Cryspin Laoundiki
Lefaso.net
Après la cérémonie d'ouverture du FESPACO, la première projection cinématographique a eu lieu à Canal Olympia Yennega sis à Ouaga 2000. C'était le samedi 25 février 2023. Le film, sorti en 2023, s'intitule « Bravo Burkina » et a été réalisé par le Nigérian Walé Oyéjidé.
Ce long métrage fiction « Bravo Burkina » aborde une thématique qui est d'actualité à savoir l'immigration. Un jeune garçon fuit son village natal pour l'Italie. Très vite, la désillusion le rattrape. Il se retrouve submergé par les souvenirs de son enfance. Il se remémore sans cesse ses plus beaux instants vécus auprès de ses parents. Et pourtant, le déni lui donne l'impression que l'herbe est plus verte ailleurs. Jusqu'au jour où il prend conscience que revenir aux sources est la meilleure décision. Son passage entre son Burkina natal et l'Italie se fait de manière paranormale. Cette traversée se passe à travers des points d'eaux.
L'amour est également présent dans le scénario, qu'il s'agisse de celui maternel, paternel et relationnel. Les transitions entre les jeux de rôles des acteurs mettent en lumière la nature et l'architecture des bâtiments.
Walé Oyéjidé a plusieurs cordes à son arc dont celle de styliste. Ses créations ont même été portées dans le film à succès « Black Panther ». Ce côté de sa personnalité se fait donc ressentir dans le style vestimentaire des acteurs principaux lorsqu'ils se retrouvent en Italie.
Un film de reconnaissance au peuple burkinabè
« Les gens pensent que le Burkina Faso est un petit pays, mais moi en y venant j'ai réalisé que c'était une très grande nation. La raison pour laquelle le film s'appelle Bravo Burkina, c'est pour que quand les gens vont prononcer le mot Burkina, on va les forcer à dire bravo d'abord. Pour votre générosité envers moi, voici mon humble générosité envers vous », s'est exprimé Walé Oyéjidé.
L'acteur burkinabè Alidou Sawadogo a participé au casting du film en jouant le rôle du père. Il a confié que cette œuvre donne une leçon aux jeunes, celle de leur rappeler que l'herbe n'est pas plus verte ailleurs. « Avec ce qui se passe en Tunisie, est ce que quelqu'un qui va mettre un enfant au monde serait content d'entendre que son fils a été maltraité et mit en prison parce qu'il a une peau noire ? Faisons en sorte que chez nous, l'on puisse vivre décemment ».
Le ministre de la culture, Emmanuel Ouédraogo, a apprécié positivement ce film. Il a notifié que Walé Oyéjidé a su montrer la force du cinéma. « Partir c'est perdre quelque chose, la plupart du temps, ce qu'on perd est plus important que ce qu'on a la chance de gagner. C'est un film intéressant avec beaucoup de philosophie. Le thème concerne la jeunesse burkinabè et africaine en général » a-t-il argumenté. Il faut préciser que « Bravo Burkina » est hors compétition au FESPACO.
SB
Lefaso.net
Le Marché international du cinéma et de l'audiovisuel africains (MICA) a débuté ce dimanche 26 février 2023, au sein du siège du FESPACO. Le MICA s'inscrit dans le cadre du FESPACO Pro, qui est une branche du festival dont l'objectif est de contribuer au développement industriel de la chaîne cinématographique.
Le FESPACO Pro donne lieu à des ateliers, des masterclass, des tables rondes sur la coproduction et l'émergence des nouveaux talents. Ce MICA représente une vitrine pour établir un réseautage entre les initiateurs de projets ou d'œuvres cinématographes, comme les distributeurs et les producteurs de film. Il y a également les acheteurs professionnels tels que les représentants de festivals, des télévisions et des plateformes de streaming. Cette 21e édition du MICA va se tenir durant cinq jours (du 26 février au 3 mars 2023).
Le ministre du Développement industriel, du Commerce, de l'Artisanat et des Petites et moyennes entreprises, Serge Poda, a été le patron de la cérémonie. A la fin de la cérémonie d'ouverture, lui, le ministre de la Culture, Emmanuel Ouédraogo, et des autorités d'autres pays ont visité les stands du MICA. Plusieurs pays d'Afrique ont loué des stands à cet effet.
« Nous souhaitons qu'au sortir du FESPACO Pro, il y ait des résolutions qui soient prises en faveur du professionnalisme et du développement industriel cinématographique africain dans son ensemble. Après la visite des stands, nous sommes heureux de voir qu'il y a beaucoup de stands pays et des maisons de production », a félicité Serge Poda.
Le ministre a souligné que le FESPACO Pro va permettre de faire des propositions concrètes pour un cinéma africain plus radieux.
Le pays invité d'honneur à ce FESPACO est le Mali. Son ministre en charge de la Culture, Andogoly Guindo, s'est dit impressionné par la mobilisation des pays à la 28e édition du FESPACO. « A travers la visite des stands, nous avons pu mesurer toute la richesse et la créativité des cinéastes africains. Nous avons pu découvrir une industrie cinématographique africaine en plein essor. Cela nous donne l'espoir qu'il y a un bel avenir pour le cinéma africain. Nous avons pu découvrir une jeunesse de cinéastes très engagée sur des thématiques d'importance particulière ; et qui traitent des préoccupations des peuples africains », a déclaré Andogoly Guindo. Il faut noter que les stands du MICA sont ouverts au public. Les visiteurs peuvent y rencontrer des stars du cinéma.
SB
Lefaso.net
Le réalisateur Sembène Ousmane aurait eu 100 ans le 1er janvier 2023. Affectueusement appelé « l'aîné des anciens », il laisse derrière lui un riche répertoire littéraire et cinématographique. « Le mandat », son premier long métrage, a été projeté le samedi 25 février 2023 au ciné Burkina, dans le cadre d'une soirée organisée par la Fédération panafricaine cinéastes (FEPACI) en hommage aux cinéastes disparus.
« Le Mandat », sorti en 1968, raconte l'histoire d'Ibrahima Dieng (rôle incarné par le regretté Makhourédia Guèye), un musulman, polygame qui reçoit un mandat de 25 000 francs de son neveu immigré, balayeur de rues à Paris, en France. Sans carte d'identité, la poste refuse de lui remettre l'argent. Ainsi, commence la si longue marche d'Ibrahima Dieng. Naïf, il sera seul face à la cupidité de certains membres de son entourage et la corruption qui sévit au sein de l'administration sénégalaise.
« C'était un visionnaire »
« Chaque fois que je vois ce film, je frissonne. Les livres et les films de Sembène Ousmane ne meurent jamais. Ils sont toujours d'actualité et on découvre toujours quelque chose en suivant ce film. Je ne sais pas comment, mais il arrivait à capter l'âme d'un peuple », a témoigné Alain Sembène, le fils aîné du réalisateur.
Il a confié que son père a essuyé beaucoup de critiques de la part des journalistes et reçu plusieurs menaces à la sortie du film. « Aujourd'hui, le film est toujours là et je me rends compte à quel point c'était un visionnaire », a-t-il ajouté, fier du génie de son paternel.
« Le Mandat » n'a pas pris une ride »
« On célèbre Sembène Ousmane, mais j'ai le sentiment qu'on ne met pas suffisamment l'accent sur ce qui a provoqué chez lui le besoin de se servir du cinéma, en dehors de la littérature, pour porter un message très fort par rapport à la situation que vivent les pays africains », a indiqué le Pr Maguèye Kassé, critique de cinéma et écrivain.
Pour lui, « Le Mandat » n'a pas pris une ride par rapport aux problèmes qui se posent : mendicité, corruption, bourgeoisie parasitaire, etc. « C'est comme s'il avait fait ce film pour aujourd'hui. La critique devrait mettre davantage l'accent sur le projet de Sembène Ousmane : la transformation sociale. Son projet est qu'on aille plus loin que ce que les indépendances nous ont donnés. De tous les films de Sembène, c'est ce leitmotiv qui circule », analysé le Pr Maguèye Kassé.
Une série d'hommages à « l'aîné des anciens »
Notons que cette soirée d'hommage en mémoire de Sembène n'est pas la première. La Cinémathèque de Paris a rendu hommage à l'homme, du 5 au 15 janvier 2023, à travers une rétrospective de tous ses films. Selon Alain Sembène, d'autres hommages auront lieu, notamment à l'université de Saint Louis au Sénégal, en Inde, au Brésil, à Cannes, à Marseille, etc.
En attendant, il est prévu, ce dimanche 26 février, une procession en hommage à Sembène Ousmane de la Place des cinéastes au siège du FESPACO, suivie du dévoilement de son buste.
Disparition de deux réalisateurs
Avant la projection du Mandat, une minute de silence a été observée en mémoire de ces hommes et femmes qui se sont battus pour que rayonne et s'impose le cinéma africain. La Fédération panafricaine des cinéastes, présidée par l'immense Cheick Oumar Sissoko, a eu une pensée particulière pour deux réalisateurs qui ont récemment fait le grand voyage : Safi Faye et Idrissa Diabaté.
La première, Sénégalaise, est décédée à Paris, le 22 février, à l'âge de 80 ans. Réalisatrice de documentaires, elle a remporté avec son deuxième long métrage, « Fad'ja », qui traite de l'opposition entre tradition et modernité, le prix George Sadoul en 1975. En 1997, elle a présenté « Mossane » au Fespaco et au Festival de Cannes, un an plus tôt.
Le second est un réalisateur ivoirien. Il s'agit d'Idrissa Diabaté, mort également à Paris, le 23 février 2023. Il a notamment réalisé « Murmure dans la forêt » en 2012 et « Bois sacré du professeur Aké Assi » en 2011.
Fredo Bassolé
LeFaso.net
Au cours de la prière de l'angélus du dimanche 26 février 2023, le Pape François a porté le Burkina Faso ainsi que la Terre Sainte au cœur de sa prière.
Ainsi, depuis la fenêtre du palais apostolique le Saint Père s'exprimait ainsi au sujet du Burkina Faso, lors de la prière de l'ange :
« Je suis également très préoccupé par la situation au Burkina Faso, où les attaques terroristes se poursuivent » faisant ainsi allusion à l'attaque revendiquée le vendredi 24 février par le groupe jihadiste État islamique (EI) ; embuscade dans laquelle 51 soldats de l'armée burkinabé sont tombés.
« Je vous invite à prier pour le peuple de ce cher pays, afin que la violence qu'il a subie ne lui fasse pas perdre la foi dans le chemin de la démocratie, de la justice et de la paix. », a dit le Pape François.
Après seize années d'existence, l'école supérieure polytechnique passe à un niveau supérieur, en devenant Université privée Catholique Saint Joseph (UCSJ) de Kaya, à compter de la rentrée 2022-2023. Cette mutation a été officialisée ce samedi 25 février 2023 à travers une cérémonie dédiée. La cérémonie, qui a mobilisé plusieurs invités, a été placée sous le patronage du gouverneur de la région du Centre-nord ; présidée par l'évêque du diocèse de Kaya et co-parrainée par le directeur général de GTAH IC et le directeur général de AC Concept.
L'Université privée Catholique Saint Joseph (UCSJ) de Kaya offre une formation en cycles Licence et Master professionnels de la conception de projets, de l'étude d'ingénierie et de l'exécution des travaux à travers plusieurs filières (https://espkaya.com/) : génie civil, génie électrique et informatique industrielle, génie hydraulique rural, Finance comptabilité, Marketing et gestion commerciale.
Avec à ce jour plus de 300 étudiants de quatorze nationalités, l'UCSJ ambitionne de toujours offrir "une formation solide afin que tous ceux qui s'y forment puissent être utiles à leurs communautés et à leurs pays".
Pour cela, elle se donne pour mission d'assurer aux futurs cadres africains, une formation complète, aussi bien humaine, scientifique que technique.
« Durant ces années, notre établissement a, comme il pouvait, contribué au développement de notre cher pays et ceux de la sous-région à travers la formation des techniciens supérieurs et des ingénieurs de travaux dans les filières techniques industrielles et commerciales », résume le président du Conseil de direction de l'Université, monseigneur Théophile Naré, évêque du diocèse de Kaya, président de la cérémonie.
Un mérite magnifié également par le patron de la journée, le gouverneur du Centre-nord, colonel-major Blaise Ouédraogo, qui, dans le livre d'or, présente cette évolution comme non seulement une résilience, mais également un espoir dans la construction de la paix.
« Nous avons compris aussi que la qualité de la formation est très bien appréciée par de nombreuses nombreux entreprises et services publics qui, en partenariat avec l'ex-ESPK (Ecole supérieure polytechnique de Kaya), accueillant chaque année des stagiaires ou envoyant des agents en formation après recrutement sur concours directs. Nous pouvons l'attester, pour avoir accueilli à plusieurs reprises des stagiaires de l'établissement au sein de nos deux entreprises », ont, dans un message conjoint livré les parrains de la cérémonie, le directeur général de GTAH IC et le directeur général de AC Concept.
Ils ont ainsi adressé des félicitations à l'équipe de l'UCSJ pour les sacrifices consentis dans l'encadrement des jeunes, futurs bâtisseurs du Burkina et de l'Afrique avant de galvaniser les étudiants à la persévérance et à profiter des formations qu'offre l'université.
L'occasion fut propice pour les étudiants, à travers leur délégué général, Urielle Steve Nikiéma, de témoigner leurs reconnaissances aux premiers responsables de l'université, aux enseignants et personnel de l'administration.
Fondée par monseigneur Thomas Kaboré, évêque émérite de Kaya, la création de ce qu'est aujourd'hui l'UCSJ s'inscrit dans le grand projet de l'Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest (UCAO), décidée par les évêques de la Conférence épiscopale régionale de l'Afrique de l'Ouest (CERAO), en janvier 2000 à Conakry, en Guinée.
Située à l'entrée de la ville de Kaya (venant de Ouagadougou, 110 kilomètres, par la route nationale N°3), chef-lieu de la région du Centre-nord, l'UCSJ (https://espkaya.com/) offre également aux étudiants, l'option d'un régime internat dans un cadre propice aux études.
O.H.L
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L'archiviste Wendémagdé Youssouf Sawadogo vient de renforcer les rayons des librairies et bibliothèques par la sortie officielle de son œuvre : « Le pouvoir des archives ». Sa parution, ce jeudi 23 février 2023 à Ouagadougou, a été présidée par une des figures marquantes de l'administration publique burkinabè, Soungalo Apollinaire Ouattara, ancien ministre en charge de la fonction publique, ancien Président de l'Assemblée nationale, et parrainée par le directeur général des archives nationales, Kouna Jean Bertin Kamboulé.
Par cette œuvre, Wendémagdé Youssouf Sawadogo porte le rêve de promouvoir les archives pour la préservation de la mémoire institutionnelle et du patrimoine culturel et national. De 117 pages, « Le pouvoir des archives » est composé de deux grandes parties à savoir, l'archivistique contemporaine et le développement personnel.
« Je suis fier d'être archiviste. Je dois le présenter au grand public, je dois prévaloir mes connaissances en archivistique. Je dois aussi emmener les non-initiés à comprendre les thermes archivistiques parce que sans archives toutes les possibilités de développement sont vaines. (…). L'exigence de la transparence dans les affaires aussi bien que dans le domaine public que privé devient de plus en plus une condition sine qua non pour les populations. Toute entreprise ou institution a absolument besoin de consulter des documents qu'elle a générés ou reçus par le passé, dans l'optique de comprendre des décisions prises antérieurement », présente l'auteur, Wendémagdé Youssouf Sawadogo.
Plusieurs facettes de l'archivage sont mises en exergue, dont l'apport des archives dans la réconciliation nationale et l'avantage de la mise en place d'un système d'archivage efficace et efficient pour une entreprise ou une société.
Aussi, les archives demeurent un outil pour le manager, conscient que son entreprise doit engranger des résultats et celui du leader épris du développement socio-politique et économique de son pays, explique l'auteur.
« La vision d'entreprise au 21e siècle exige une planification efficace et efficiente, en ce sens que les défis du moment exigent également de tous, un plan d'affaire, un programme de développement, une planification budgétaire à court, moyen et à long terme. (…). Les archives ont un pouvoir de contribution à la stabilité de notre nation. Notre pays est en crise, et les archives peuvent apporter beaucoup de choses en matière de construction, de stabilité socio-politique et économique. (…). Les archives participent au rayonnement des institutions et des entreprises, elles sont le moteur d'une cohésion sociale pour une meilleure gouvernance », convainc Wendémagdé Youssouf Sawadogo, par ailleurs coach et formateur en développement personnel.
Cette troisième œuvre se veut donc une contribution, certes modeste, mais importante, à la promotion d'une gouvernance vertueuse à travers le livre.
« Le pouvoir des archives », édité par les éditions IKS (Imprimerie Koama service), peut être acquis à 5 000 FCFA à Mercury Librairie et à la librairie Jeunesse d'Afrique
O.H.L
Lefaso.net
Les sanctions de la CEDEAO à l'encontre des trois pays de transition (Burkina Faso, Guinée, Mali) suscitent des réactions, notamment celle relative à l'interdiction de voyager. De l'avis de Issaka Sourwema Dawelg Naaba Boalga, auteur de cet article, il urge d'utiliser les voies de recours prévues par les textes de la CEDEAO en la matière.
CEDEAO-Burkina Faso
Des sanctions démesurées face à une politique étrangère non conventionnelle
Ainsi les sanctions de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) à l'encontre des trois (03) de transition du Burkina, de la Guinée et du Mali ont enregistré un tour de vis supplémentaire lors du sommet extraordinaire de la conférence des chefs d'État et de gouvernement tenue le 18 février 2023 à Addis-Abeba (Ethiopie) en marge de la 36e session ordinaire de l'assemblée de l'Union africaine.
En effet, la conférence a décidé « de maintenir les sanctions existantes à l'encontre des trois pays et d'imposer une interdiction de voyager aux membres du gouvernement et autres hauts fonctionnaires des trois pays. » Concrètement, cela pourrait se traduire par l'élaboration d'une liste nominative des hautes personnalités concernées par lesdites sanctions. Ensuite, la CEDEAO pourrait demander aux Nations-Unies d'endosser ces sanctions. Enfin, les services d'immigration des pays qui ratifieraient ces sanctions seraient chargés de leur mise en œuvre avec la collaboration d'Interpol qui émettra probablement une notice rouge.
Avant cela, les trois pays, à travers leurs gouvernants, étaient déjà suspendus des organes et instances de la CEDEAO (et subséquemment de ceux de l'Union africaine) avec les conséquences que l'on sait : non-participation aux sommets de chefs d'Etat et de gouvernement, impossibilité pour leurs ressortissants d'être nommés à des postes statutaires, ... La sanction relative à l'interdiction de voyager a suscité une levée de boucliers au sein de pans entiers de l'opinion publique allant de M. Tout le monde à des politiques en passant par des personnes bien au fait des questions diplomatiques.
Le droit de prendre le contre-pied des idées dominantes
En ce qui nous concerne, nous n'avons peut-être pas la qualité requise pour réagir (bien que titulaire d'un DEA en relations internationales obtenu à l'université de Paris 7 Denis-Diderot) dans la mesure où nous n'avons pas exercé et n'exerçons pas dans les domaines de la diplomatie ou des relations internationales.
Cependant, nous nous faisons le devoir d'exprimer notre opinion, certes discutable mais que nous ne souhaitons pas condamnable dans la mesure où notre statut de citoyen nous confère le droit de dire les choses différemment de nos concitoyens. Du reste, une sagesse moaga (dont on peut trouver des équivalences dans toutes les langues du Burkina pourvu que l'on fasse l'effort de chercher) enseigne que « Si la danse du lignage se déroule dans un plat, il est fait obligation à chacun de ses membres d'y mettre un pied ou au moins un orteil ».
Autrement dit, nul ne doit dérober face à des situations à propos desquelles l'avis ou le point de vue de chaque membre du lignage est souhaité voire requis. Enfin, ni les relations internationales, ni la diplomatie, ni même le droit duquel les premières descendent ne sont des sciences exactes. Au nom de cela ou au regard de cela, les lecteurs voudraient accepter les différences de vue avec certains courants de réflexion qui ont pignon sur rue dans la cité de nos jours.
Mieux, nous souhaitons qu'ils comprennent (même s'ils ne les approuvent pas) les idées contraires à celles que publient nombre de médias traditionnels, médias sociaux et réseaux sociaux. Le mérite de la démocratie qui prend appuie sur le fait majoritaire réside moins dans la capacité de cette majorité à imposer ses points de vue que dans sa grandeur d'âme à créer les conditions pour que la minorité (ou ce qui est supposé tel) exprime ses idées différentes voire contradictoires vis-à-vis des opinions dominantes.
La diplomatie burkinabè sous le président Damiba : savoir en tirer le meilleur parti
Cela étant, nous, Burkinabè, avons posé des actes depuis le 24 janvier (et particulièrement du 30 septembre) 2023 qui, pour légitimes qu'ils puissent être du point de vue de l'autorégulation des sociétés à certains moments de leur histoire et de celui de la revendication assumée de notre souveraineté, ne sont pas moins en inadéquation avec le modèle de l'Etat démocratique et laïc que notre peuple a choisi à travers l'adoption de la constitution en juin 1991. En effet, la constitution proscrit les coups d'Etat, quels qu'ils soient.
Or, le 24 janvier 2022, c'est par un coup d'Etat militaire (même si celui-ci a été accueilli avec bienveillance par une partie importante de l'opinion nationale) que le président Paul-Henri Sandaogo Damiba, dont nous étions d'ailleurs le ministre en charge des traditions et des coutumes, est arrivé au pouvoir ; c'est également par un coup d'Etat militaire que le capitaine Ibrahim Traoré a accédé, le 30 septembre 2022, au pouvoir suprême.
Au-delà de ces deux (02) coups d'Etat qui sont intervenus en moins de douze (12) mois d'intervalle, il y a le fait que depuis l'avènement du président I. Traoré au pouvoir, nous sommes en bisbilles avec la plupart de nos voisins immédiats (notamment la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Niger, Nigéria, le Togo), à couteaux tirés avec la CEDEAO, en froid avec la commission de l'Union africaine, distants de l'Union européenne, plus ou moins en dispute avec l'Organisation des Nations-Unies.
Dans un contexte où les organisations sous régionales, régionales et internationales (dont le Burkina est du reste membre) vouent, sur la base de leurs conventions et traités, aux gémonies les dévolutions non-constitutionnelles du pouvoir politique, il y avait déjà une hostilité a priori vis-à-vis du changement intervenu le 24 janvier 2022 même si par la suite, les efforts du président P.-H. Damiba a permis de rassurer les partenaires bilatéraux et multilatéraux comme en témoignent ses déplacements au Togo, en Côte d'Ivoire et aux Etats-Unis où lui et son Premier ministre Albert Ouédraogo ont rencontré, en septembre 2022, de hautes personnalités américaines et onusiennes. Hélas, cette embellie diplomatique et la bonne disposition des partenaires ne semblent plus de mise depuis le 30 septembre 2022.
Pour le bien de notre peuple et du fait que nous ne pouvons rien construire à partir de rien, il est impératif de savoir tirer des acquis positifs et des insuffisances de notre diplomatie sous le président P.-H. S. Damiba. Certes, on peut être en désaccord avec sa politique étrangère qui était basée sur la doctrine réaliste des relations internationales mais on ne peut point arguer que tout a été négatif.
Une nouvelle orientation doctrinale en matière de politique étrangère en attente de résultats concrets
Aujourd'hui, avec le président Ibrahim Traoré, c'est l'orientation doctrinale plutôt à tendance souverainiste et néo-anti-impérialiste qui prévaut et dont on attend impatiemment des résultats concrets au-delà du projet de fédération avec le Mali. Malheureusement, il est, pour le moment, avéré que sur le plan économique et sécuritaire, la situation était bien moins critique sous le premier président de la transition que sous le second.
De plus, il semble que l'engagement de nos partenaires traditionnels à nos côtés connaît un ralentissement pour le moment.
Par exemple, la goutte d'eau qui a débordé le vase et a scellé le sort du président P.-H. S. Damiba et de son gouvernement a été l'attaque subie à Gaskindé (Soum/Sahel), le 26 septembre 2022, par le convoi de ravitaillement de Djibo.
Vingt-sept (27) militaires y avaient trouvé la mort et plus de soixante-dix (70) camions remplis de denrées de première nécessité y avaient été détruits. A titre de comparaison, le bilan des attaques de la deuxième décade de février 2023 est bien plus lourd que celui du 26 septembre 2022 puisqu'elles se sont soldées par au moins soixante (70) morts sans compter les destructions d'équipements, d'armes et de locaux et ce qui a été emporté par les terroristes ; mais autre pouvoir en place, autre appréciation de l'opinion publique.
Il faut convenir que rien ne permet d'affirmer que si le président P.-H. S. Damiba était encore au pouvoir le front sécuritaire et le contexte économique se seraient améliorés. Cependant, les initiatives de pré-dialogue avec les groupes extrémistes violents, l'impact de ces initiatives observés dans la province du Soum, le fait que les attaques étaient moins nombreuses et moins meurtrières et la disponibilité dont les partenaires faisaient preuve pour accompagner la Transition permettaient d'espérer. La doctrine souverainiste et néo-anti-impérialiste du MPSR 2 est, sur bien des plans, source de fierté mais comme les militaires eux-mêmes le disent « C'est le terrain qui commande la manœuvre » et cela est valable sur le front diplomatique.
S'inspirer des bonnes pratiques asiatiques
Les Vietnamiens (dont la lutte anticoloniale et anti-impérialiste nous inspire souvent), une fois qu'ils ont vaincu les occupants, ont orienté leurs énergies, non dans des sempiternelles récriminations et dénonciations envers l'Occident mais dans la recherche du savoir scientifique, la rigueur dans la gestion de leur pays, le développement des secteurs primaire, secondaire et tertiaire et la séduction des investisseurs occidentaux. C'est d'ailleurs la démarche empruntée par la plupart des pays asiatiques comme la Corée du Sud, Hong-Kong, Singapour, Taïwan et surtout le Japon. Ce dernier a tiré intelligemment et extraordinairement leçon de sa défaite lors de la IIde guerre mondiale.
Au lieu donc de tancer à la moindre occasion nos partenaires, de voir en nos voisins des adversaires et même des ennemis, de revendiquer des moyens de lutte contre le terrorisme tout en leur enseignant des leçons de morale parfois inopportunes et frisant la discourtoisie, on finit par conforter les positions de nos vrais ennemis et par inciter ceux qui faisaient preuve d'une neutralité bienveillante à notre endroit à rallier le camp de nos véritables ennemis et en définitive par nous retrouver dans une sorte de citadelle assiégée par des forces hostiles que nous avons contribué à enfanter.
De même, sans avoir fait le bilan du Traité d'amitié et de coopération (TAC) avec la Côte d'Ivoire, sans être un régime démocratiquement élu, sans avoir pris en compte ce que dit la constitution, sans avoir fait le benchmarking des tentatives de création des fédérations d'Etats, sans avoir considéré le degré de convergence entre les systèmes économiques, politiques et juridiques du Burkina, de la Guinée et du Mali et enfin sans avoir procédé à une revue de littérature sur les réflexions faites par les panafricanistes qui nous ont précédés, nous sommes en train de nous engager dans un projet de fédération avec le Mali, la Guinée s'étant quelque peu refroidie.
Cela pourrait se révéler être une voie sans issue qui compliquerait encore plus nos relations avec nos partenaires. Ne nous y trompons pas : l'obligeance, la prévenance et la courtoisie des discours et des comportements affichées par les représentants de ces derniers à l'endroit de nos autorités ne sont pas synonymes de poltronnerie. Elles obéissent simplement aux convenances diplomatiques et n'influent en rien sur leur perception des phénomènes.
Emprunter la voie de la désescalade dans nos relations avec nos partenaires bilatéraux et multilatéraux
Au regard de tout ce qui vient d'être dit, nous devons, tout en affirmant haut et fort que non seulement les sanctions de la CEDEAO sont lourdes mais qu'elles sont aussi et surtout malvenues, souligner que nous avons largement prêté le flanc en nous érigeant en Parangons de vertu qui servent çà et là des leçons de bonne gouvernance aux organisations sous régionales, régionales et internationales d'une part et d'autre part qui font des remontrances à peine voilées à nos partenaires bilatéraux ; tout ceci en ne tenant pas compte des textes de ces organisations et de ces pays qui régissent leurs interventions dans les différents pays (dont le Burkina Faso) et en ignorant le rapport de forces économiques, militaires, diplomatiques qui sont loin d'être en notre faveur.
Avec ces sanctions, il est fort probable que les possibilités de déplacement de nos ministres (chargés des finances et des affaires étrangères notamment) soient réduites à un moment où nous avons besoin d'un plus grand dynamisme diplomatique afin de nous donner les moyens de faire fonctionner l'Etat mais aussi de financer l'effort de guerre ; nos ressources propres ne permettant pas de faire face à tous ces défis. L'image du pays pourrait s'en trouver également et davantage écornée alors que cette donnée importante pour inspirer confiance aux partenaires et aux investisseurs.
Il urge donc d'utiliser intelligemment les voies recours prévues par les textes en la matière de la CEDEAO, de faire preuve de tempérance diplomatique à l'endroit de tous les partenaires sans renoncer nécessairement aux fondamentaux de notre politique étrangère, de ne pas rendre systématiquement et exclusivement ces partenaires responsables de notre situation, de ne point prendre pour modèle quelque autre pays en transition (quel qu'il soit). Il ne servirait à rien d'engager un bras de fer ou d'entreprendre de se recroqueviller sur nous-mêmes. Même le puissant Nigéria, vis-à-vis de ses voisins de l'Afrique de l'Ouest, ne peut se permettre d'adopter de telles attitudes. Puisse la voix de la sagesse faire entendre raison à nos autorités.
Issaka SOURWEMA
Dawelg Naaba Boalga
LES grandes familles MILLOGO à BOBO DIOULASSO, TIARAKO, TOUNGOUANA, OUAGA
MILLOGO Émile à Tiarako, MILLOGO Paul à Bobo
Les familles alliées, DEMBELE, KOUTOUKLOUI, TRAORE, SANOU , DURES, KABORE, SANOGO, ZERBO, OUEDRAOGO, KAMBOU, SANGUISSO
ont la profonde douleur de vous annoncer le décès de leur Père, grand-père, père, arrière grand-père, père,
MiLLOGO Dotéré Etienne, précédemment Douanier a la retraite,
Décès survenu le samedi 25 février 2023
Programme :
Lundi 27 février veillée de prières à 20h à Bobo dans la famille à Saint Etienne.
Mardi 28 Février : levée de corps à 9h a l'hôpital Souro Sanou, absoute à 14 h à la chapelle St Paul de Ouezzin ville suivi de l'inhumation au domicile familial au secteur 16 à Saint Etienne ( BOBO Dsso)
Union de Prière.
Ingénieur en énergies renouvelables plus précisément en technologies solaires appliquées, Sosthène Sawadogo est aussi cofondateur de FAST Sarl – Energy Expert, une entreprise de production et de distribution d'énergie. Il partage cette semaine son parcours de formation et ses conseils de grand frère pour mieux s'orienter.
Lien article : https://legrandfrere.bf/le-metier-dingenieur-en-technologies-solaires-appliquees-avec-sosthene-sawadogo/
Le ministère en charge de la fonction publique a annoncé ce dimanche 26 février 2023, le réaménagement des horaires de travail journalier des travailleurs du public et du privé dans la ville de Ouagadougou, durant la période allant du 27 février 2023 au 4 mars 2023.
En raison de la 28e édition du Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (FESPACO) débutée ce samedi 25 février 2023, le temps de travail est fixé de 7h30 minutes à 14 heures.
Lefaso.net
Les 200 poissons sacrés ont été retrouvés morts entre le 24 et le 25 février 2023 dans des eaux noirâtres. La cause de cette mortalité n'est pas encore connue avec certitude.
Mais selon une source communale jointe par nos confrères de l'AIB, cette pollution du marigot Houet, cause de la mort des silures, serait due aux eaux sales collectées dans les différentes industries et qui devaient passer par les égouts.
« Un de ces égouts serait bouché et les eaux sales ont trouvé une autre voie en passant par une autre canalisation pour se déverser dans le marigot 1Houet », ajoute la même source.
Les poissons sacrés ont été enterrés sur place selon des rites traditionnels et des mesures ont été prises pour nettoyer les eaux polluées afin de sauver les autres silures, informe l'AIB.
Lefaso.net
Ceci est un communiqué conjoint à l'issue de la visite d'amitié et de travail du Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, au Burkina Faso, du 23 au 26 février 2023.
Lefaso.net
Nul ne meurt si son souvenir demeure en nous !
27 février 2021 - 27 février 2023
Voilà deux ans que nous a quittés notre chère maman Hadja Sawarata GO née ZABDA, précédemment Commerçante domiciliée à Bobo-Dioulasso.
A cette occasion :
• Les grandes familles SANOGO, GO, ZABDA, KARAMBIRI, DEME, WONI, OUEDRAOGO, SAWADOGO, DAYO, KOTE, SAKO, SOARE, DIAKITE et KOLLO ;
• Les enfants et petits-enfants ;
• Toutes les familles alliées et amies ;
vous renouvellent leurs remerciements et vous prient de bien vouloir vous unir à elles par la prière et d'avoir une pensée pieuse pour elle.
Qu'Allah nous protège et que les âmes de tous nos disparus reposent en paix sous sa protection.
Union de prières !
Si le Burkina avait institué la constitution de réserves d'or par le partage de la production, il n'en serait pas à réquisitionner de l'or de sociétés minières. C'est la conviction de Jonas Hien, de l'Organisation pour le renforcement des capacités de développement (ORCADE), une ONG spécialisée dans le secteur des industries extractives. Il s'en explique dans cette tribune.
Le gouvernement de la Transition du Burkina Faso a pris un Arrêté le 14 février 2023 pour réquisitionner une certaine quantité d'or produit par certaines sociétés minières. Malgré un communiqué qui s'en est suivi pour clarifier l'Arrêté, les interprétations vont dans tous les sens. Cela se comprend aisément. Si tu n'es pas un averti de la question, même avec ce communiqué, on peut ne pas toujours comprendre les contours et enjeux de cette affaire. Je voudrais apporter ma contribution en espérant aider l'opinion nationale et internationale à mieux comprendre l'affaire.
En termes faciles, le gouvernement a eu un besoin d'or pour résoudre un problème urgent d'intérêt public. Si je me colle au contexte actuel, je dirai pour sauver le pays. Et il sait qu'il est plus facile de trouver de l'or avec les sociétés minières de production d'or dans notre pays. A travers l'Arrêté qu'il a pris, il dit aux sociétés minières concernées qu'il a besoin de tant de kilogrammes d'or. Pas en cadeaux ! Ce n'est pas la force non plus. Mais pour acheter. Le code minier du Burkina Faso, en son article 16, dit effectivement, que si l'Etat se trouve un jour très coincé pour une question vitale pour le pays, il peut réquisitionner l'or (en quelque sorte bloquer une quantité d'or donnée) pour acheter avec les sociétés minières.
Le même article 16 du code minier dit aussi que dans les mêmes conditions, le gouvernement peut réquisitionner des installations des sociétés minières. Dans l'un ou l'autre cas, cela doit se faire en entente avec l'entreprise minière concernée afin qu'elle ne se sente pas lésée comme si l'on voulait lui faire la force ou au besoin cela peut se faire devant des juridictions pour fixer les ententes (c'est au cas où c'est nécessaire d'aller jusqu'à ce niveau). En tous les cas, les sociétés minières doivent accepter la réquisition, puisque prévue par la loi, mais à discuter sur une juste transaction. Toutes les sociétés minières au Burkina Faso le savent puisqu'elles se réfèrent au même code minier pour réclamer leurs droits.
L'Arrêté de réquisition a créé beaucoup de questionnements. C'est normal, puisqu'on n'a jamais vu ça dans ce pays. Mais en réalité, nous sommes rattrapés par la légèreté avec laquelle on a géré le secteur minier pendant des années. On a eu tout sauf la vision dans ce secteur. Avec cette question de réquisition, la société civile boit son petit lait. Quand on n'écoute pas, ça donne ça. Quand on veut être amis des investisseurs, ça donne ça. Quand on ne voit pas loin, ça donne ça. Quand on voit pour soi-même et on ne voit pas pour l'Etat, ça donne toujours ça. En effet, la société civile avait dit qu'un Etat qui exploite une ressource comme l'or, ne dit pas à l'investisseur minier : « va affiner l'or, vend le, ramènes-nous l'argent de la vente et je prends ma part ». On avait donc proposé qu'il soit institué la pratique de partage de la production.
Le partage de la production signifie que le Burkina Faso prévoit dans ses textes miniers des accords ou contrats, entre l'Etat et la société minière en production. Cet accord tient compte des coûts et des risques associés à la mise en œuvre du projet minier sur toute la chaîne, en reconnaissant aussi que la ressource exploitée est la propriété de l'Etat. Sur la base de ces considérations, l'accord ou le contrat prévoit le partage des lingots d'or produits. Chaque partie prend sa part et en dispose comme elle l'entend. Ainsi, ça permettait au Burkina Faso de constituer une réserve d'or pour le pays (stocks d'or). Bien sûr, le partage de la production n'exclut pas les taxes et impôts que les promoteurs miniers vont payer mais tout sera bien étudié.
La proposition de la société civile était d'éviter la pratique actuelle qui consiste à laisser notre or partir hors du pays, sans aucun représentant de l'Etat qui suit, pour l'affinage, la vente et le rapatriement de l'argent. La pratique actuelle nous permet certes d'avoir quelques milliards et on croit que le pays gagne ainsi dans l'exploitation de l'or. Le partage de la production nous fait gagner plus et à plusieurs égards. En effet, un pays qui a une bonne réserve d'or est un pays fiable au plan économique, donc solvable. Avec l'or, le pays peut contourner le dollar, l'Euro, etc. Cela veut dire que si pour une raison donnée notre pays est sanctionné au plan international et on nous ferme toutes les devises, avec l'or, on peut contourner les sanctions ou des blocages, on peut arriver à acheter ce qu'on veut pour le pays. On aura aussi des pays amis qui vont nous vendre tout ce que nous voulons, contre l'or. On pourra ainsi arriver à sécuriser le pays et les populations sur plusieurs plans. L'or est un instrument de pouvoir économique et politique et c'est pourquoi le partage de la production dont nous parlons fait partie de ce qu'on appelle l'économie politique.
On nous avait envoyé balader, voir ailleurs avec nos propositions de provocation. On s'est laissé flatter, comme d'habitude, en nous faisant croire que si l'on prend les taxes sur les royalties (pour laisser les lingots d'or sortir pour l'affinage à l'étranger) plus la vente de l'or fin qui sortira de l'affinage, ils nous ramèneront des milliards. Et après, les autorités gouvernementales trouvaient une fierté de passer devant les caméras et micros des médias pour dire aux populations que l'or représente plus de 80% des exportations du pays. En fait, cela veut dire que nous avons une économie très fragile, donc pas diversifiée, puisque le jour où l'or va nous lâcher, on se retrouvera avec moins de 20% de produits économiques d'exportation. Avec ces milliards que l'on dit gagner, notre agriculture est toujours fragile. La bonne pratique aurait voulu qu'on investisse une bonne partie de ces milliards dans les secteurs comme l'agriculture et l'élevage qui constituent notre vraie économie et dans l'énergie, entre autres pour diversifier et consolider notre économie. Que NON.
Comme d'habitude, en son temps, on nous a combattus du côté des sociétés minières et du côté des agents de l'Etat et de certaines autorités sensés défendre l'intérêt du pays. Personnellement, en son temps aussi, j'étais retourné au cabaret, convaincu que l'histoire va nous rattraper tôt ou tard, car en la matière, ça ne ment pas. Voilà, nous y sommes.
Aujourd'hui, on est coincé. On a vraiment besoin de l'or. On est obligé de réquisitionner l'or pour les acheter. Un pays qui se dit pays minier et qui n'a pas un minimum de réserve d'or. C'est triste ! Il y a des pays qui ne sont pas de pays miniers mais qui disposent des réserves d'or qui dépassent l'entendement. Et c'est avec ça qu'ils nous dominent et arrivent à créer des obstacles à d'autres pays au niveau international. Si l'on avait institué la constitution de réserves d'or par le partage de la production on n'en serait pas là. Dans le domaine de l'exploitation du pétrole, le partage de la production de pétrole existe aussi, pour éviter des surprises le jour où le partenaire vous lâche et vous coupe tout, en termes de carburant. Ce que la société civile avait donc dit de faire et qui a été rejeté avec fracas, c'est dans ça qu'on vient de tomber. Voilà pourquoi on boit le petit lait. Malheureusement, ceux qui sont là actuellement à la tête du pays n'ont pas créé la situation mais sont tenus de vivre ce qu'on aurait pu éviter, si l'on avait mis l'intérêt du pays en avant depuis le départ.
Personnellement, je trouve que c'est une très bonne chose. Je suis même content. Ca va nous ouvrir les yeux. Pour les prochains textes sur le secteur minier, on saura désormais ce qu'il faut y mettre. On a passé le temps à faire plaisir aux sociétés minières en prenant des textes complaisants au prétexte que c'est pour maintenir les investisseurs, pour garder la clientèle, comme dirait un commerçant. En matière de défense d'intérêts d'un pays, il n'y a pas de sentiments. La preuve, parmi ceux qui gagnent en exploitant notre or, utilisent ces richesses pour soutenir d'autres pays en guerre à notre détriment. Ils n'ont pas mis de sentiments en avant. Les investisseurs connaissent bien ce que le Burkina Faso a dans son sous-sol. Aucun investisseur ne peut donc faire du chantage au Burkina Faso en disant qu'il va partir et nous laisser notre or. Rassurez-vous, même si l'on veut les obliger à partir, ce ne sera pas facile. Ils vont nous demander des clarifications à ne pas finir alors qu'ils ont bien compris, une façon de dire qu'ils ne sont pas prêts à partir. En tous les cas, « quelqu'un laisse, quelqu'un prend ».
Je suis persuadé que les sociétés minières ne sont pas contentes de cette mesure du gouvernement. Même si le gouvernement veut acheter l'or réquisitionné à un prix très intéressant, elles ne seront pas contentes de la mesure. C'est normal et légitime. Elles sont en droit d'avoir des craintes car elles ne savent pas si ça va continuer parce qu'elles aussi ont des clients à qui elles doivent livrer l'or. Quoiqu'on dise, elles sont plus intelligentes que nous. Elles voient très loin. Elles savent comment nous amener à créer des failles dans nos textes pour en profiter. C'est nous qui n'avons jamais su ce que nous voulons ou alors, on sait pour soi-même et tant pris pour l'Etat. Je suis persuadé aussi que ce n'est pas de gaité de cœur que le gouvernement l'a fait. C'est vraiment coincé. Et j'imagine que c'est dans le sens de la recherche de solution à la stabilisation du pays. Dans ce cas, les sociétés minières devront aussi comprendre qu'on a tous intérêt à un retour rapide de l'exploitation minière dans un environnement sécurisé permettant aux mines qui ont fermé pour raison de sécurité de reprendre leurs sites d'exploitation. Nous avons des frères et sœurs, employés dans les mines, qui sont actuellement en chômage. C'est une grande préoccupation. La réquisition doit être donc comprise dans ce sens.
L'orientation prise par les autorités actuelles n'échappera pas à toutes sortes d'interprétations sur cette affaire, parfois à dessein. On assistera certainement à une guerre de communication. Le gros hic est que dans cette affaire, cela peut être perçu comme une attaque aux intérêts français malgré les éléments de clarification que je viens de donner. En effet, le groupe Endeavour, qui est concerné par la réquisition de l'or se trouve être un groupe minier à capitaux français. Donc, avec la tension actuelle entre le Burkina Faso et la France, on tentera peut-être d'exagérer, en voulant faire croire à l'opinion nationale et internationale que le gouvernement est en train de faire main basse sur l'or des sociétés minières ou la force à des sociétés minières et que notre pays n'est plus fiable pour les investisseurs miniers.
Le gouvernement n'a même pas intérêt, pour deux raisons principales. La première est que tous les projets miniers au Burkina Faso sont aussi des projets de l'Etat. C'est pourquoi l'Etat burkinabè est actionnaire dans toutes les sociétés minières en phase de production, même si elles sont à capitaux étrangers. Donc, si l'on détruit ces projets miniers, on a détruit nos propres projets. La deuxième raison est que les projets miniers vont au-delà des recettes qui rentrent directement dans le budget de l'Etat. L'emploi des Nationaux, les opportunités de développement pour les communautés, les biens et services miniers qu'offrent les entreprises burkinabè, etc., sont plus importants pour le pays que les recettes directes dans le budget de l'Etat. Un gouvernement responsable n'a donc pas intérêt à retirer l'or des investisseurs à tout vent.
Mais, si la question est déportée sur un autre terrain parce qu'on a trouvé un sujet pour faire croire que le Burkina Faso n'est plus fiable pour les investisseurs miniers, il faut bien comprendre de quoi il s'agit. On ne peut pas réveiller quelqu'un qui ne dort pas, surtout s'il ronfle les yeux ouverts.
Jonas Hien
L'hostilité et la violence sont le lot des journalistes aux quatre coins du monde. Les pouvoirs et leurs nervis s'adonnent au meurtre de journalistes comme si c'était un concours de celui qui ferait le plus dans l'horreur. Chez nous au Burkina, des hommes du RSP (Régiment de sécurité présidentielle), la garde prétorienne du dictateur Blaise Compaoré, le 13 décembre 1998 ont tué et brûlé Norbert Zongo et ses compagnons non loin de Sapouy.
Comme pour répondre à leurs compères assassins du Burkina, des tueurs de journalistes en Inde ont aspergé le journaliste Rakesh Singh "Nirbhik" de gel hydro-alcoolique, hautement inflammable et l'ont brûlé vif en 2020. En 2022, selon les statistiques de l'Unesco, tous les quatre jours, un journaliste a été tué dans le monde.
Sur les dix dernières années, la moyenne de journalistes tués dans le monde est de 90 par an. Et l'année 2023 ne semble pas prendre un chemin paisible et radieux pour les guerriers de la redevabilité des politiciens, les combattants pour le bien commun, la vérité et la liberté, tant honnis par les dictateurs. Au Cameroun, le 17 janvier 2023, le journaliste d'investigation et animateur radio, Martinez Zogo, a été enlevé, torturé et assassiné par des responsables du service des renseignements pour le compte d'un homme d'affaires propriétaires de médias. Pourquoi Martinez Zogo a-t-il été tué ? La justice sera-t-elle au rendez-vous dans cette affaire ?
Ce meurtre est un crime d'Etat du régime du patriarche Paul Biya qui a fêté le lundi 13 février 2023 ses 90 ans, dont 41 ans au pouvoir. Le journaliste dénonçait la corruption au sommet de l'Etat dans ses chroniques. C'est pour son métier de journaliste d'investigation qu'il a été tué. Il reprochait ces derniers temps certaines façons de faire les affaires au Cameroun avec des réseaux d'influence liant des hommes d'affaires et de pouvoir. Ses chroniques ont visé les accointances entre le ministre des finances, Louis-Paul Motaze, et celui de la justice Laurent Esso avec l'homme d'affaires Jean-Pierre Amougou-Belinga. Selon les enquêtes et les interrogatoires des personnes arrêtées, c'est ce patron des médias qui serait le principal commanditaire du crime. Il a été arrêté ainsi que le patron du contre-espionnage camerounais.
Lutte de succession
Enlevé le 17 janvier 2023 par des hommes cagoulés, c'est cinq jours plus tard que le corps sauvagement mutilé du journaliste de 51 ans sera découvert à une quinzaine de kilomètres de la capitale, Yaoundé. Ce crime a provoqué la colère et l'indignation dans la population. Mais dans la lutte pour la succession, la guerre des clans s'est emparée de l'affaire, et du côté de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, le secrétaire général du palais, a annoncé par un communiqué les premiers résultats de l'enquête. Ferdinand Ngoh Ngoh est aussi un homme puissant du régime et un rival des deux ministres qu'on dit proches de Jean Pierre Amougou-Belinga. Dans un tel contexte, on peut craindre pour la suite de l'affaire appelée devant le tribunal militaire, qui l'a renvoyé pour complément d'informations. Au Cameroun, la justice n'est pas indépendante du pouvoir et elle gagnerait à prouver qu'elle l'est dans une affaire qui concerne les clans au pouvoir.
Justice pour Martinez Zogo
Paul Biya est au pouvoir mais c'est un système de clans mafieux qui dirige le pays alors que le vénérable vieillard serait le plus souvent au bord d'un lac en Suisse. Avec son âge avancé et cette longévité au pouvoir, Paul Biya ne parle pas de retraite, mais les clans autour de lui se préparent à sa succession. Les services des renseignements sont chargés de collecter et de traiter les informations de sécurité publique. Le Cameroun est en proie aux attaques de Boko Haram, on est surpris que ce sont les chroniques de Martinez Zogo qui soient le souci majeur des services de renseignements et que ceux-ci l'enlèvent le torturent et le tuent.
L'objectif de ce crime c'est d'intimider la presse camerounaise, et que les voix critiques en son sein se taisent, pour que le public n'ait pas accès à l'information sur les méfaits des clans maffieux. Paul Biya est au pouvoir depuis 1982, mais le Cameroun est classé 118e avec une note de 49,1 par Reporters sans frontière (RSF). C'est un pays où la liberté de la presse est en situation difficile en plus des conflits auxquels il est confronté comme les revendications séparatistes de la zone anglophone et les incursions du groupe terroriste Boko Haram.
Le journaliste Arsène Salomon Mbani Zogo plus connu sous celui de Martinez Zogo, est une voix populaire à Yaoundé. Ceux qui l'ont tué ne savent pas que l'assassinat de journaliste ne profite jamais à un régime. Ils peuvent faire le voyage à Abidjan pour confesser Blaise Compaoré sur le meurtre de Norbert Zongo. L'Afrique doit abandonner ces vieilles pratiques et accepter le métier de journaliste comme celui de médecin parce qu'il est aussi utile à la santé de la société. Justice pour Martinez Zogo !
Sana Guy
Lefaso.net