Suite au sondage réalisé sur ce blog, nous avons le plaisir de vous offrir l’article du numéro de printemps 2016 de Politique étrangère que vous avez choisi : « Brexit : les risques du référendum », par Vivien Pertusot.
À l’évocation de la relation entre l’Union européenne et le Royaume-Uni, le titre de l’ouvrage de Stephen George Awkward partner (« partenaire embarrassant ») vient à l’esprit. Cette relation est le fruit d’une incompréhension entretenue, désormais bien ancrée et jamais réellement combattue au Royaume-Uni. Pourtant, elle recouvre une complexité que l’on ne peut occulter. Les Britanniques restent moteurs sur certains dossiers européens, dont le marché intérieur et le développement. Ils sont un utile mouton noir derrière lequel se cacher. Par ailleurs, la marginalisation croissante du pays n’est pas imputable à Londres seul. Ses partenaires européens se sont progressivement désintéressés du Royaume-Uni et se sont accordés sur une série de mécanismes intégrationnistes dont il ne fait pas partie.
C’est dans ce contexte peu lisible de l’étranger que va se tenir le référendum. Le Premier ministre britannique David Cameron a promis de le tenir avant la fin de l’année 2017. À l’heure où ces lignes sont écrites, les contours d’un accord se dessinent dans les négociations menées entre les 27 états membres et Londres ainsi donc que la tenue prochaine du vote.
Le débat britannique sur le Brexit et le référendum à venir incitent à s’interroger sur quatre risques. Le premier est la possibilité bien réelle d’une une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Le deuxième est lié au fait que le résultat du référendum ne marquera pas la fin du débat outre-Manche sur l’UE, et pourrait même engendrer un climat politique chaotique. Le troisième renvoie à la cohésion de plus en plus fragile du Royaume-Uni. Enfin, le quatrième risque touche à l’attitude du reste de l’Union qui, trop pressée d’en finir avec cet épisode, pourrait ne pas justement mesurer les conséquences du maintien, ou la sortie, du Royaume-Uni.
Le Brexit est possible
La réélection de David Cameron, et surtout la majorité absolue obtenue par le parti conservateur aux Communes, ont rendu inévitable la tenue d’un référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne.
La question posée est désormais connue : « Le Royaume-Uni doit-il rester membre de l’Union européenne ou quitter l’Union européenne ? »
Le risque d’un Brexit ne doit pas être balayé, tant l’euroscepticisme est omniprésent au Royaume-Uni. Cinq facteurs sont communément admis pour expliquer ce phénomène : la géographie, l’histoire, la politique, l’économie et les médias. L’insularité du Royaume-Uni et sa forte tradition maritime sont des éléments identitaires très forts. Deuxièmement, le Royaume-Uni – ou plutôt l’Angleterre – a historiquement cherché à maintenir
un équilibre des puissances en Europe afin de prévenir l’émergence d’une puissance hégémonique continentale. En outre, l’issue de la Seconde Guerre mondiale joue un rôle central dans l’histoire contemporaine britannique.
Contrairement aux pays continentaux, le Royaume-Uni n’a pas éprouvé l’urgence de construire une Europe kantienne : son armée avait su repousser la Wehrmacht. Surtout, l’intégration au projet européen en 1973 constituait plus le constat d’une rétraction du statut international du pays qu’un moyen de le restaurer. Troisièmement, le Royaume-Uni est un ardent défenseur de son système démocratique parlementaire. Toute entrave à cette souveraineté est vue avec méfiance. Quatrièmement, le Royaume-Uni est une nation fondamentalement tournée vers le commerce international. Avant de rejoindre la Communauté économique européenne (CEE), le Royaume-Uni commerçait moins avec l’Europe qu’avec le reste du monde. Enfin, il est difficile de savoir si la presse nourrit l’euroscepticisme, ou si elle s’adapte à un euroscepticisme persistant des Britanniques, mais il est indéniable que la couverture négative de nombreux quotidiens influe sur le débat.
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Le nouveau numéro de Politique étrangère (1/2016) vient de paraître ! Il consacre un dossier aux migrations en Afrique, sous un regard qui se veut à la fois novateur et différent, ainsi que de nombreux articles liés à l’actualité comme le retour de la question allemande, les rivalités entre l’État islamique et Al-Qaïda, le Brexit ou encore l’évaluation du poids de l’armée russe.
Les déplacements des Africains concernent massivement…l’Afrique seule. Se préoccuper des migrations internationales, c’est donc porter le regard bien au-delà des conjonctures européennes. Ce numéro de Politique étrangère s’y attache, tentant de décrire (dans son dossier Migrations en Afrique : un regard neuf) les déterminants multiples des mouvements migratoires, les tentatives des États du continent noir pour gérer le problème majeur des déplacés internes, les difficultés d’intégration des migrants du travail dans les sociétés d’accueil, ou les faux-semblants des accords euro-africains de réadmission…
Dans une Europe confrontée à ses « polycrises », y a-t-il un retour de la question allemande ? – thème de notre rubrique Contrechamps – ? Sans doute oui. Non que l’Allemagne le souhaite, mais du fait de son poids propre, parfois de l’incertitude de ses choix, et surtout du doute fondamental, existentiel, des Européens sur eux-mêmes, sur les conditions de leur entente. Un doute qui valorise, dans les faits, les positions allemandes.
Le Moyen-Orient s’enfonce dans la tragédie, et cette livraison de Politique étrangère propose de multiples réflexions : sur les rivalités inter-djihadistes, les risques de contagion vers des pays encore vaguement stables, sur les rapports de force militaires sur le terrain, ou sur les logiques internes qui gouvernent l’acteur turc – joueur décisif dans toutes les hypothèses.
Avec, sous-jacente, une question qu’on avait en Occident chassée depuis vingt ans, et que l’actualité nous ré-impose : que vaut vraiment l’armée russe ?…
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