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Diplomacy & Crisis News

Une Ève féministe

Le Monde Diplomatique - Thu, 29/09/2016 - 15:22

En 1972, la sonde spatiale Pioneer 10 emportait à son bord des informations à l'intention d'éventuelles créatures extraterrestres. Sur une plaque en aluminium figurait un dessin des habitants de la Planète bleue. L'anatomie masculine était fidèlement reproduite ; mais l'entrejambe de la femme ne présentait qu'un renflement lisse, comme sur une poupée. La dessinatrice suédoise Liv Strömquist imagine les réactions que la National Aeronautics and Space Administration (NASA) craignait de provoquer chez des créatures à quatre bras ou deux pinces si elle leur envoyait un dessin réaliste : « Beurk ! On va pas répondre à ça ! Si un jour ils nous le demandent, on dira qu'on l'a jamais reçu ! » (1).

Son précédent album, Les Sentiments du prince Charles (2012), dissection jubilatoire de l'institution du couple hétérosexuel, renvoyait dans les cordes deux siècles de courrier du cœur et d'articles de magazines féminins. Consacré à la représentation de la différence des sexes et du corps des femmes à travers l'histoire, L'Origine du monde remplacerait avantageusement bien des manuels d'éducation sexuelle.

Lors d'une soirée, un confrère de Strömquist lui avait déclaré ne pas aimer les dessinatrices parce qu'elles « ne parlaient que des règles (2)  ». Il n'en fallait pas plus pour lui donner des idées. Avec sa splendide réinterprétation de La Belle au bois dormant, son chapitre sur le sujet réussit à susciter une émotion inattendue.

(1) Liv Strömquist, L'Origine du monde, Rackham, Paris, 2016, 144 pages, 20 euros.

(2) Entretien à Libération, Paris, 29 mai 2016.

Se relever d'entre les morts

Le Monde Diplomatique - Thu, 29/09/2016 - 15:22

Quatre-vingt-treize ans après l'envol du Voleur de Bagdad, d'Achmed Abdullah (1881-1945), Ahmed Saadawi choisit d'insuffler de la magie dans sa ville pour en dire la vérité quotidienne. Ancien correspondant de la British Broadcasting Corporation (BBC) en arabe, journaliste de terrain entre 2006 et 2008, et aujourd'hui producteur de films documentaires, il a fait en 2013, avec Frankenstein à Bagdad, le pari de confier à la fiction le soin d'exprimer les violences subies par ses concitoyens. Salué par l'International Prize for Arabic Fiction 2014, le livre a été tragiquement rattrapé par les événements. Le 3 juillet dernier, un attentat a causé la mort de deux cents personnes dans la capitale irakienne. Les Bagdadis ont alors exprimé leur colère, le premier ministre Haïdar Al-Abadi réagissant en prenant des mesures qualifiées de sécuritaires, dont l'exécution de tous les condamnés à mort pour terrorisme encore incarcérés.

Les tueries à répétition qui frappent cet État sans tête viennent comme confirmer l'intuition qu'eut Ahmed Saadawi lorsqu'il imagina un être vengeur créé dans une ruelle du quartier de Batawin par un vieux brocanteur, à partir des restes des victimes déchiquetées par les bombes des kamikazes. Mais la créature, tout comme celle du Dr Frankenstein, va échapper à tout contrôle, car elle est conduite par un destin intraitable qui la pousse à venger les hommes dont les fragments la constituent. Elle exécute sans hésiter leurs assassins et les commanditaires des attentats, et devient ainsi l'incarnation de la justice pour une partie de la population, une source de terreur pour les assassins… et un mystère à éclaircir pour la brigade de surveillance et d'intervention, une branche de la police secrète dirigée par un militaire versé dans l'ésotérisme qu'appuie une équipe de gros bras et de mages barbichus. Celui qui devient vite une légende, « le Sans-Nom », constate que ses membres se décomposent dès lors que les êtres à qui ils appartenaient ont été vengés. Il lui faut donc trouver toujours plus de responsables pour ne pas disparaître…

Le récit d'Ahmed Saadawi ne sombre à aucun moment dans le gore ou le gothique frelaté. Avec beaucoup de finesse et de grâce, il conjugue le conte et la fable réaliste en peignant, tout autant que son « monstre », la vie d'une vieille femme inconsolable de la mort de son fils durant la guerre contre l'Iran, celle d'un vigile lecteur de Badr Chakir Al-Sayyab — le grand poète, membre du Parti communiste irakien, qui influença Mahmoud Darwich — ou encore d'un marchand immobilier bien placé pour profiter de la situation, d'un tenancier d'hôtel las, d'un jeune journaliste... et de beaucoup d'autres qui tentent de survivre dans les décombres, au milieu des luttes de clans et des tirs de kalachnikov. Cette vie bigarrée de Batawin rappelle beaucoup celle que décrivait si bien l'Égyptien Naguib Mahfouz, et parfois même évoque La Maison de la mort certaine (1945), d'Albert Cossery, où logent dans des conditions lamentables des pauvres qui n'osent pas se révolter contre le propriétaire… Ahmed Saadawi, avec cette fantasmagorie remarquable, sait étonnamment évoquer la souffrance du « corps » de la nation, tout en maintenant de la tendresse pour les ressources imprévues des vivants.

Frankenstein à Bagdad, d'Ahmed Saadawi, traduit de l'arabe (Irak) par France Meyer, Piranha, Paris, 2016, 400 pages, 22,90 euros.

Rire sous l'orage

Le Monde Diplomatique - Thu, 29/09/2016 - 15:22

Lorsqu'il publie ces trois contes, en 1905, 1907 et 1911, Sholem-Aleikhem (1859-1916), un pseudonyme qui signifie « La paix soit avec vous », n'est plus un inconnu dans la société juive de Russie. Après avoir commencé à écrire en russe et en hébreu, il est l'un des premiers à choisir le yiddish. Sous une forme d'« oralité écrite » qui prolonge l'héritage des conteurs, il propose de nombreuses histoires souvent désopilantes décrivant une communauté tiraillée entre désir d'assimilation dans un empire absolutiste, largement antisémite, et volonté de bousculer les féodalités, y compris celles établies en son sein. L'un de ses personnages est devenu emblématique du conflit des générations dans les shtetls (quartiers ou villages juifs) : le laitier Tévyè, dont les aventures inspireront la célèbre comédie musicale Un violon sur le toit. Les trois « histoires » présentées ici tiennent à la fois du conte et du monologue. Elles favorisent une proximité immédiate entre auteur, personnages et lecteur. Mais Sholem-Aleikhem les a écrites après l'échec de la révolution de 1905. Pogroms, rafles, persécutions l'ont amené à quitter la Russie, et sans doute à radicaliser son propos.

Si personnages et situations mis en scène restent ancrés dans la communauté juive, avec son lot de cocasseries, de tendresse, d'humeurs vagabondant au gré du cheminement de chacun, tous ces petits « héros dépités » sont, cette fois-ci, confrontés à un système politique en pleine décomposition donc peu enclin à la tolérance : la différence est qu'ils en ont pris conscience et vont, chacun à sa minuscule mesure, s'y confronter. Comme cette veuve entre deux âges, Guitel, dont le fils unique est appelé à accomplir son service militaire. Au terme d'un périple oscillant de rebuffades administratives en indifférence hostile, elle ira jusqu'à la Douma, où les deux seuls députés juifs l'accueilleront sans hâte excessive. Son obstination lui vaut d'être surnommée par sa propre communauté Guitel Pourishkevitsh, du nom d'un député connu pour son antisémitisme… Double ironie puisque c'est paradoxalement ce dernier qui, par son discours fallacieux prétendant qu'aucun Juif ne fait de service militaire, déclenchera en pleine Assemblée l'ire de la veuve et la « libération » de son fils.

Bien différent est le deuxième conte. Un jeune homme aisé — « Un rouble ne vaut pas tripette pour moi » — tombe amoureux d'une jeune fille dont la mère tient une gargote kasher. Mais la jeune fille en aime un autre, un certain Joseph, qui fait partie d'un groupe de gens bizarres, plus ou moins étudiants, révolutionnaires et conspirateurs. Et le narrateur, plutôt conservateur, va les côtoyer et même être peut-être ébranlé. D'autant plus que l'histoire se termine mal : l'arrestation puis l'exécution de Joseph et de ses camarades le touchent quasiment au cœur…

Et, si le troisième conte se place sous le signe farfelu d'un homme qui aime successivement une femme, puis sa fille, puis la fille de celle-ci, toutes devenues veuves les unes après les autres, c'est une fois de plus le champ politique qui joue le rôle de deus ex machina. Est-ce à cause de cette attention aux petites gens que l'auteur, établi aux États-Unis, fut surnommé « le Mark Twain juif » ? Sans doute — et Twain répliqua qu'il était « le Sholem-Aleikhem américain ».

Guitel Pourishkevitsh et autres héros dépités, de Sholem-Aleikhem, traduit du yiddish par Nadia Déhan-Rostchild, L'Antilope, Paris, 2016, 154 pages, 15 euros.

Lumières sur le chaos syrien

Le Monde Diplomatique - Thu, 29/09/2016 - 15:22

Alors que la situation en Syrie est souvent présentée comme si chaotique qu'on ne saurait même plus l'expliquer, plusieurs livres permettent d'en saisir les enjeux. Le recueil d'articles précis, détaillés et vifs de Yassin Al-Haj Saleh en est un bon exemple (1). L'auteur, né en 1961, a passé seize ans dans les prisons syriennes sous Hafez Al-Assad pour appartenance au Parti communiste, et vit aujourd'hui en Turquie, après avoir gagné la clandestinité pendant le soulèvement. Il pose sur le processus en cours le regard d'un militant. Le premier texte (2011), « La révolution des gens ordinaires », célèbre « une insurrection contre soi et une révolution contre ce qui est », dans une tonalité optimiste. Plus tard, il va décrire avec des accents bien plus sombres l'origine et le rôle des chabiha (miliciens), qui représentent selon lui « l'inconscient du régime » et dont la grossièreté serait un moyen de briser symboliquement la dignité dont les manifestants se sont réclamés au premier jour. Un des traducteurs de ces articles, Ziad Majed, éditorialiste et chercheur, a quant à lui signé dans la même collection (« Sindbad »), dirigée par le Syrien Farouk Mardam-Bey, un texte emporté, allant de l'apologie de l'insurrection à la dénonciation des puissances étrangères et offrant une série d'arguments opposés aux propos de ceux qui peignent le régime syrien en héraut de l'anti-impérialisme ou en défenseur de la laïcité (2).

À côté de ces ouvrages militants, les travaux des chercheurs ne sont pas en reste. Un premier livre collectif paru en 2013 (3) avait abordé les raisons démographiques et économiques de la colère, entre exode rural et désengagement de l'État social (Samir Aïta), tandis que Nicolas Dot-Pouillard, lui, sondait l'impact de la crise sur les gauches dans le monde arabe. Plus récente, une enquête de terrain commencée avec le soulèvement et nourrie par de nombreux entretiens permet d'analyser des thématiques inédites (4) : la création de nouveaux marchés régionaux, la naissance d'institutions et la mise en place de systèmes de taxes par les rebelles, ou encore les usages du « capital social révolutionnaire ». Dans cette publication parfois ardue (les auteurs s'attardant sur des questions de méthodologie), ce sont les engrenages en cours qui sont traités plus que les raisons initiales du soulèvement.

Ces essais, pour divers qu'ils soient, ont des vertus semblables. Tout en éclairant la dynamique confessionnelle, ils rappellent avec clarté que le conflit n'est pas sous-tendu uniquement par le fait religieux. Tandis que Al-Haj Saleh revient ainsi sur les sources sociales de la confessionnalisation de la société, les chercheurs examinent le rôle des étrangers dans les groupes islamistes, la remise en question de l'autorité des oulémas sunnites par la révolution, les différences entre les mouvements salafistes ou encore les usages très pragmatiques d'un discours religieux qui peut être autant une simple réponse à l'omniprésence de la mort qu'un moyen d'attirer des financements étrangers.

(1) Yassin Al-Haj Saleh, La Question syrienne, Actes Sud, Arles, 2016, 240 pages, 22 euros. Cf. aussi Récits d'une Syrie oubliée. Sortir la mémoire des prisons, Les Prairies ordinaires, Paris, 2015.

(2) Ziad Majed, Syrie. La révolution orpheline, Actes Sud, Arles, 2014, 176 pages, 19,80 euros.

(3) François Burgat et Bruno Paoli (sous la dir. de), Pas de printemps pour la Syrie, La Découverte, Paris, 2013, 240 pages, 23 euros.

(4) Adam Baczko, Gilles Dorronsoro et Arthur Quesnay, Syrie. Anatomie d'une guerre civile, CNRS Éditions, Paris, 2016, 416 pages, 25 euros.

Riposte culturelle au Cachemire

Le Monde Diplomatique - Thu, 29/09/2016 - 14:33

Depuis 1947, trois guerres ont opposé l'Inde et le Pakistan sur le Cachemire. La partie administrée par New Delhi vit sous un régime d'exception. Le 8 juillet, Buhrhan Muzaffar Wani, chef d'un groupe séparatiste, a été tué par des militaires indiens. Il était devenu un symbole de la résistance armée grâce aux réseaux sociaux. Une partie des opposants continuent à se battre en utilisant toutes les ressources de la culture.

Un jeune Cachemiri masqué crie des slogans hostiles à l'Inde pendant une manifestation, le 31 juillet 2016, pour protester contre la répression par les forces indiennes, qui a fait cinquante morts. Syed Shahriyar

Une galerie d'art contemporain dans une ville en pleine occupation. Le 12 janvier 2015, pour la première fois de son histoire, l'État du Jammu-et-Cachemire voyait naître un lieu culturel. Située à Srinagar, la capitale d'été (1) de cette région administrée par l'Inde, Gallerie One se voulait un endroit où les artistes pourraient exposer leurs œuvres et les étudiants, observer et apprendre. « Ce sera enfin un espace permanent pour l'art, ici, au Cachemire », déclarait alors Syed Mujtaba Rizvi. Comme plus de 96 % des habitants de la vallée du Cachemire, ce jeune homme est musulman (2). Il a été à l'origine de cette initiative, surprenante dans une zone de conflit où groupes rebelles et soldats de l'armée indienne s'affrontent depuis plus de soixante ans. L'art peine à exister face aux quelque 700 000 soldats déployés dans cette vallée de l'Himalaya, auxquels une loi spéciale, votée en 1990, accorde l'impunité ainsi que le droit de tuer des suspects et de saisir leurs biens. À force de persévérance, Rizvi a pourtant rassemblé la somme nécessaire à la création d'un tel espace. Les autorités locales chargées du tourisme ont mis à sa disposition un bâtiment de 460 mètres carrés.

Le 23 février 2015, ces mêmes autorités ont décidé de fermer Gallerie One, sans préavis et en recourant à la force, allant jusqu'à vandaliser certaines œuvres. « L'occupation est aussi culturelle, lance Rizvi. L'art permet une élévation sociale et culturelle. Il est évident qu'un régime oppressif n'en veut pas dans une zone qu'il occupe. »

« Les médias ne peuvent plus raconter ce qu'ils veulent »

Aujourd'hui, il tient un café à Srinagar. Cet espace permet à des artistes cachemiris de toutes les générations de lire de la poésie, de chanter, de jouer de la musique, selon des pratiques traditionnelles ou modernes, politiquement engagées ou pas. L'art cachemiri peut exister tant qu'il ne se revendique pas comme tel, constate amèrement le maître des lieux. Après la destruction de la faculté d'art de Srinagar lors des grandes inondations de 2014, « le département a été relogé dans un endroit encore plus exigu que le précédent. C'est un vieux bâtiment abandonné situé dans le complexe universitaire de Srinagar ».

Enseignant d'histoire de l'art dans cette université, Showkat Kathjoo explique que certaines formes d'expression sont tolérées, d'autres exclues. Traditionnellement, « l'artisanat est très important pour l'économie cachemirie. Mais, pour l'art contemporain, rien n'est fait ». Et pour cause. « Les artistes peuvent exprimer leur rébellion à travers leur travail. Ils ont donc très peu de chances d'obtenir un endroit pour exposer. » Pour le pouvoir, cet étouffement de la création est stratégique : « Nous [les Cachemiris musulmans], on veut toujours nous représenter comme des personnes violentes, qui prennent les armes et tuent des gens, constate Rizvi. Les poètes, les artistes et les écrivains sont toujours relégués au second plan. »

Ce que confirme le spécialiste du Jammu-et-Cachemire Dibyesh Anand, qui dirige le département des sciences politiques et des relations internationales à l'université de Westminster. « Le conflit est utilisé pour alimenter le nationalisme indien, explique-t-il. Quand quelqu'un est tué au Cachemire, les médias indiens s'en emparent afin d'en faire un problème national. De cette façon, ils déshumanisent les Cachemiris en les représentant comme violents. »

Les forces paramilitaires et la police indienne près de leur camp de base, après la levée du couvre-feu, dans la vieille ville de Srinagar, le 8 août 2016. Syed Shahriyar

Quant aux médias occidentaux, ils restent silencieux, ou presque. « Pendant la guerre froide, les États-Unis et le Royaume-Uni n'étaient pas opposés aux revendications d'indépendance des Cachemiris face à l'Inde prosoviétique. Les États-Unis étaient alors alliés au Pakistan, qui les aidait contre l'Union soviétique en Afghanistan, et soutenaient les rebelles cachemiris. Après la fin de l'URSS, l'Inde est devenue un marché potentiel pour l'Occident. » À partir de 1998, la France se pose en partenaire privilégiée de New Delhi, notamment dans le domaine de l'armement aéronautique. « Le Cachemire a occupé de moins en moins de place dans les médias occidentaux, conclut Anand. L'idée que l'Inde est la plus grande démocratie du monde convient à la communauté internationale, qui préfère ignorer ce qui s'y passe. »

Depuis le début de l'insurrection armée au Jammu-et-Cachemire, dans les années 1990 (entre cinq mille et dix mille recrues estimées en 1996 (3)), les médias indiens ont le champ libre pour représenter les Cachemiris à leur convenance. « Les soutiens aux talibans ou, plus récemment, à l'Organisation de l'État islamique sont mis en avant, même s'ils se réduisent à quelques graffitis — par exemple “Welcome talibans”ou encore à quatre individus masqués agitant un drapeau noir dans une manifestation comptant des milliers de personnes. Selon moi, ces groupes-là n'existent pas au Cachemire indien, même s'il y a d'autres forces islamiques », assure le professeur.

Parmi les principaux groupes rebelles, on trouve l'organisation islamique Hizbul Mujahideen, qui souhaite s'unir au Pakistan, ainsi que le Front de libération du Jammu-et-Cachemire (Jammu and Kashmir Liberation Front, JKLF), laïque, qui milite pour l'indépendance (4). Aujourd'hui, la lutte armée attire beaucoup moins que dans les années 1990 (5). Selon Anand, les Cachemiris sont divisés sur cette question, mais la majorité veut l'azadi (la liberté). De ce fait, il leur est presque devenu habituel d'encourager ceux qui tiennent tête à l'Inde. En avril 2016, quand l'équipe de cricket des Indes occidentales (Caraïbes) a gagné contre l'Inde, certains Cachemiris ont manifesté leur joie dans les rues de Srinagar, ce qui a donné lieu à des agressions et à des arrestations. En juillet, la mort du chef de Hizbul Mujahideen, Buhrhan Muzaffar Wani, 22 ans, abattu par l'armée, a donné lieu à des manifestations massives, lourdement réprimées : au moins cinquante civils ont été tués, huit mille blessés, les journaux interdits, les réseaux sociaux suspendus.

Une femme musulmane devant le mémorial Indira-Gandhi à Srinagar, le plus grand jardin de tulipes d'Asie, 2016. Syed Shahriyar

Pour le Parti du peuple indien (Bharatiya Janata Party, BJP), le parti nationaliste du premier ministre Narendra Modi, « le Cachemire est un moyen de museler l'opposition en Inde, explique Anand. Tous ceux qui s'aventurent à parler des exactions des militaires indiens sont rangés dans la case “antinationaux”, et leur discours progressiste est automatiquement décrédibilisé. Il n'y a aucun musulman ou chrétien élu dans la majorité gouvernementale au Parlement » — alors que l'Inde compte officiellement 14,2 % de musulmans.

Fahad Shah, journaliste natif de la vallée, a créé en 2011 The Kashmir Walla, premier journal en ligne du Jammu-et-Cachemire. Il le conçoit comme une autre voix face aux puissants médias indiens, dans lesquels « il est extrêmement difficile de bien couvrir le conflit. Des sujets sont censurés ». Les événements de juillet en ont fourni la démonstration. En avril 2015 déjà, New Delhi avait suspendu la diffusion d'Al-Jazeera English pendant cinq jours parce que la chaîne avait montré une carte du Cachemire où la zone contrôlée par le Pakistan n'était pas distincte du territoire administré par l'Inde.

Un jeune garçon attend sa visite médicale à l'hôpital après des rumeurs de morts d'enfants liées à une campagne de vaccination contre la poliomyélite, 2016. Syed Shahriyar

Shah concède que son journal touche principalement les jeunes anglophones de la vallée et des lecteurs en Inde ou à l'étranger. Mais, pour lui, il reste un rempart face à la désinformation : « Les médias traditionnels ont créé des mythes sur le Cachemire, et le journalisme numérique ainsi que les réseaux sociaux peuvent les briser. Internet est devenu une sentinelle pour tout ce qui est publié sur le conflit. Les médias ne peuvent plus raconter ce qu'ils veulent sans qu'il y ait de réactions. »

Les difficultés viennent aussi de la société cachemirie elle-même. En 2013, Fahad Shah a subi un violent lynchage sur les réseaux sociaux après avoir défendu Pragash, un groupe de rock composé exclusivement de filles de la vallée. Alors que le grand mufti (l'autorité religieuse) avait émis une fatwa contre elles en déclarant que la musique était anti-islamique, le journaliste a rappelé la tradition musicale féminine soufie de la vallée. Les attaques qui ont suivi ne l'ont pas découragé : « Il faut que nous apprenions à critiquer notre société. C'est là le rôle des médias. Quand nous avons parlé de ces filles qui faisaient de la musique, on m'a appelé plusieurs fois pour me dire d'arrêter mes activités. Une fois, à la suite d'un article sur la liberté d'expression au Cachemire, un de nos journalistes a été menacé par téléphone : “Ta famille est au Cachemire, arrête de travailler avec Fahad.” » Il préfère ne pas s'étendre sur l'origine de ces intimidations. The Kashmir Walla continue, mais les filles de Pragash, elles, ont arrêté leurs activités.

Sur cet érable abattu, des artistes locaux ont représenté des scènes de la culture cachemirie, 2016. Syed Shahriyar

Pour Fahad Shah, les choses pourraient s'améliorer si le conflit trouvait un écho international. « La situation au Cachemire est proche de celle qui prévaut en Palestine. Rien ne pourra changer tant que des personnalités influentes n'en parleront pas. C'est important que des gens du monde entier puissent désormais lire des choses sur le Cachemire, voir de l'art ou écouter de la musique qui vient d'ici. » Le gouvernement indien cherche au contraire à démontrer que le Cachemire fait partie intégrante du pays. Les journalistes étrangers n'ont d'ailleurs pas besoin de visa pour s‘y rendre. Cependant, quand la ligne éditoriale est clairement critique envers la politique de l'Inde, cela ne reste pas sans conséquence. En 2011, David Barsamian, journaliste américain connu pour dénoncer les violations des droits humains commises par l'armée au Cachemire, s'est vu refuser l'accès au pays (6).

D'autres initiatives viennent s'ajouter à celles de Fahad Shah ou de Syed Mujtaba Rizvi. Le morceau I protest (Remembrance) (Je proteste [souvenir]) de MC Kash — pour « Kashmir » —, le premier rappeur de la vallée, a été étroitement associé aux manifestations de 2010. Déclenchées par l'assassinat de trois civils cachemiris, celles-ci ont été violemment réprimées : cent douze manifestants ont été tués (7). Dans sa chanson propulsée par Internet, Roushan Illahi (son vrai nom) qualifie l'occupation de « régime meurtrier ». Pour lui, « l'art traditionnel cachemiri ne suit plus l'évolution de la société et ne parle pas des problèmes qui touchent notre génération. La souffrance des gens, les meurtres, les viols n'y sont pas abordés. C'est pour cela que nous nous ouvrons à d'autres formes d'art. L'émergence du rap, du graffiti, de la culture hip-hop en est un exemple. » MC Kash affirme que son studio a été perquisitionné plusieurs fois et que son téléphone est sur écoute.

Désormais, refuser l'occupation « devient la norme »

Pourtant, selon M. Khurram Parvez, militant de l'association de défense des droits humains Jammu Kashmir Coalition of Civil Society, une nouvelle tendance émerge au sein de la société. De la même manière que la génération précédente avait pris les armes dans les années 1990, celle d'aujourd'hui prend position contre l'Inde par l'écriture et par l'art. À l'époque, les Cachemiris ne voulaient déjà pas de l'occupation. Mais, à cause « des violences et des dogmes qui lui étaient associés, la résistance faisait peur, explique M. Parvez. Maintenant, l'occupation n'est plus acceptée. La refuser devient la norme ». C'est pour cela qu'une musique contestataire comme le rap a explosé dans la vallée : « Il y a aujourd'hui des centaines de rappeurs », assure MC Kash. Quant aux plates-formes en ligne qui dénoncent le conflit, Shah assure qu'elles fleurissent.

Cette nouvelle génération se rassemble autour de projets. En témoigne le documentaire Bring Him Back (Ramenez-le). Sorti en 2015, il raconte la lutte de la mère de Maqbool Bhat, figure emblématique du JKLF, qui essaye de faire rapatrier la dépouille de son fils, pendu dans la prison de Tihar, en Inde. Le film a été réalisé par Fahad Shah, l'affiche par Syed Mujtaba Rizvi, et MC Kash a donné une de ses chansons dédiées au résistant. Plus qu'une simple collaboration, ce film montre l'unité idéologique de cette génération, qui mêle l'art, la culture et l'information pour combattre l'occupation. En 2015, la première bande dessinée de la vallée voyait le jour : Munnu : A Boy from Kashmir. Son auteur, Malik Sajad, un ami de Rizvi, y retrace son enfance tumultueuse, en prise quotidienne avec le conflit.

Depuis 2010, la résistance numérique et culturelle connaît une vraie effervescence, parce qu'elle permet d'échapper à la répression physique violente et au contrôle, omniprésents.

(1) La capitale d'hiver est Jammu.

(2) Dans le Jammu-et-Cachemire (1,254 million d'habitants), on compte 68,3 % de musulmans, 28,4 % d'hindous, 2,4 % de sikhs et 0,9 % de bouddhistes, selon le recensement de 2011.

(3) « India's secret army in Kashmir », Human Rights Watch, mai 1996.

(4) « Who are the Kashmir militants ? », BBC News, 1er août 2012.

(5) Cf. Fahad Shah, « Kashmir's young rebels », The Diplomat, 22 août 2015.

(6) Rajesh Joshi, « “In free India I was denied entry” », Outlook, New Delhi, 26 septembre 2011.

(7) Bilal Ahmad Shah et Dr P. Chinnathurai, « Violence's against the unarmed protestors in Kashmir : a disguised brutality » (PDF), Asia Pacific Journal of Research, vol. 1, no 35, Bangalore, janvier 2016.

Clinton and Why the State Department Doesn’t Follow Its Own Rules (Pt II)

Foreign Policy Blogs - Thu, 29/09/2016 - 14:20

Did Clinton Send Classified Documents on Her System?

Not really. The FBI report stated that in the 30,000 e-mails that the agency reviewed, agents found three that included internal markings of (C), two of which had been subsequently changed to unclassified. In response to questions before the House Oversight Committee on July 7, 2016, however, Comey conceded that the documents were not properly marked and that a reader could reasonably assume that they were not classified.

[Rep. Matt] Cartwright: So, if Secretary Clinton really were an expert at what’s classified and what’s not classified and we’re following the manual, the absence of a header would tell her immediately that those three documents were not classified. Am I correct in that?

Comey: That would be a reasonable inference.”

What are we talking about here? Properly marked documents list at the beginning the full range of classification markings that apply to that document. (See the Able Archer report.) The complete list of markings is then repeated at the top and bottom of every subsequent page. In addition, every head, every subhead, and every paragraph is marked at the beginning according to the degree of classification of the information in that particular head, subhead, or paragraph. Many of these internal markings may be at a lower level of classification than the overall document, but none will be higher or the whole document would have been reclassified at a higher level. The three e-mails that Comey was talking about had one or more paragraphs that began with a (C) but were otherwise unmarked. This is simply not an option. Something or other had to be wrong with the marking of those e-mails.

John Kirby, the State Department spokesperson, stated on July 6 that the department had found two of those e-mails and that they were “call sheets.” (Comey said on July 7 that he was not aware of Kirby’s remarks.) Call sheets are talking points developed for the use of the secretary for phone calls made to foreign leaders. In this case, the foreign dignitaries were former UN secretary-general Kofi Annan, who was stepping down as the special envoy for Syria at the time, and Joyce Banda, who as vice president of Malawi had just succeeded to the presidency following the death of the incumbent.

When they are developed, call sheets are classified at the Confidential level simply to prevent any word of them from getting out and thus to avoid any embarrassment to the foreign dignitary if the secretary should decide for any reason not to make the call. Once the final decision to call is made, unless the topic requires otherwise, the call sheets are recategorized as Unclassified or SBU. In these cases Kirby blamed human error. Apparently, someone was slipshod in changing all the internal markings. Politico has provided an example of one of the “classified” lines from the call sheets: “(C) Purpose of Call: To offer condolences on the passing of President Mutharika and congratulate President Banda on her recent swearing in.”

The FBI report referred to a third e-mail that had not been reclassified by the State Department. Since the State Department has claimed to be aware of only two, it is still possible that the third should have been unclassified as well. Again, internal markings without overall markings is not an option.

Why Would Clinton Discuss Classified Matters on an Unclassified System? (Or, Security vs. Diplomacy)

If Clinton was not sending or receiving classified documents, what is the issue? The problem concerns the discussion of classified subjects via unclassified e-mail systems.

Some observers have described this case as a conflict between State Department professionals and Clinton amateurs. I think it is more accurate to understand the underlying dynamic as a conflict between State Department security professionals and State Department diplomacy professionals. Clinton and her immediate team sided with the diplomacy professionals either consciously (assuming they were aware of the conflict) or as a consequence of diplomacy, not security, being the essence of what the State Department does.

The charges made by Comey were not strictly limited to Clinton (although she was the target of investigation) but addressed a State Department “culture.” Comey is often quoted as saying that Clinton was “extremely careless” in the handling of very sensitive, highly classified information. Actually, the quote, referring to “Clinton and her colleagues,” was that “they” were extremely careless. Later in his statement Comey expanded this charge beyond Clinton’s immediate circle: “While not the focus of our investigation, we also developed evidence that the security culture of the State Department in general, and with regard to use of unclassified email systems in particular, was generally lacking in the kind of care for classified information found elsewhere in the government.”

The FBI report added some details: “The FBI interviewed multiple officials who authored and/or contributed to e-mails, the content of which has since been determined to contain classified information. USG [i.e., United States Government] employees responsible for initiating classified e-mails in question included State Civil Service employees, Foreign Service employees, Senior Executive Service employees, Presidential appointees, and non-State elected officials.” In fact, Comey is not the first to have remarked on the State Department’s approach to information security.

It is easy to ascribe laxness to an organizational culture, but that begs the question of what is driving this culture. Suzanne Nossel, a former State Department official—writing a year before the release of the FBI report—has attributed at least part of the blame to the nature of the State Department’s communications technology and, specifically, to the mismatch between that technology and the evolving nature of diplomacy in the modern era. Diplomacy today is mobile, continuous, and at times time-urgent. The technology, on the other hand, is stationary and only intermittently available.

In its paper form, highly classified intelligence is kept locked up and can be viewed only in specially designated areas, such as a Sensitive Compartmentalized Information Facility (SCIF). (The secretary of state’s office is a designated SCIF.) In its electronic form, such intelligence can be viewed or communicated at your desk via a special, secure computer network or via a special, secure telephone line. Most significantly, there is no approved way to communicate on classified topics if either the sender or the recipient is not at his desk, or if it is not during business hours.

So, then, what do diplomats do in such circumstances if a message has to be delivered or a decision has to be made immediately? According to Nossel, one response is that more information is now categorized as “sensitive but unclassified” (a counter to the general trend of overclassification) and, ipso facto, can be transmitted over unclassified systems. When time is of the essence and Top Secret topics cannot be avoided, however, State Department officials communicate on unclassified systems but try do so circuitously, that is, in ways that will be unintelligible to anyone who hacks into the system from outside and is unaware of the context of the conversation.

References to this very problem appeared in the FBI report. For example, “[Name deleted] stated the right method of communication was whichever method allowed for the fastest possible dissemination of the message. He also stated that information he received from other USG agencies was ‘technically probably classified’ but that ‘you can’t do business that way.’ When interviewed by the FBI, authors of the e-mails stated that they used their best judgment in drafting the messages and that it was common practice at State to carefully word e-mails on UNCLASSIFIED networks so as to avoid sensitive details or ‘talk around’ [deleted] classified information.”

Clinton, herself, described this situation to the FBI in much the same way. “Upon reviewing an e-mail classified [after the fact] SECRET//NOFORN dated December 27, 2011, Clinton stated no policy or practice existed related to communicating around holidays, and that it was often necessary to communicate in code or do the best you could to convey the information considering the e-mail system you were using.”

Evidently, Clinton engaged in this sort of discussion of Top Secret topics eight times in the course of her four years at State. Until the e-mails are declassified, which could be decades from now, we will not know how well or poorly she and other State Department officials concealed the true subjects of their messages. Should diplomats be discussing Top Secret topics in this manner? No, probably not. Will this sort of thing continue? Yes, without a doubt, until the technology (and State’s technology budget) advances to the point where it meshes with the needs of modern diplomacy.

Have People Been Punished for Doing Far Less Than Clinton?

Finally, many have asserted that people other than Clinton, such as General David Petraeus, have been punished “for doing far less,” that she is receiving special treatment because of who she is. In fact, this was never likely to end in prosecution. The first point to highlight is that—as noted above from the FBI report—every category of official in the State Department has done exactly the same thing at some time or other, and some quite regularly. Those officials are not being purged from the system, nor do they concede that they have done anything wrong. Indeed, they believe that they are the ones who make the system work despite itself. If Clinton has received special treatment, it is in the form of extraordinary scrutiny and public denunciation that others in similar circumstances have been spared. As Comey told the Senate Homeland Security Committee, “I think if we recommended prosecution it would have been a two-tiered system of justice.”

Generally speaking, officials are punished for knowingly giving classified information to those who have not been authorized to receive it or for mishandling massive amounts of classified information. According to court records, Petraeus gave Paula Broadwell, his biographer—whose job, after all, was to make details of his life public—notebooks that contained “classified information regarding the identities of covert officers, war strategy, intelligence capabilities and mechanisms, diplomatic discussions, quotes and deliberative discussions from high-level National Security Council meetings… and discussions with the president of the United States.” According to a recording made by Broadwell, he openly said of the notebooks, “Umm, well, they’re really—I mean they are highly classified, some of them. They don’t have it [marked] on it, but I mean there’s code word stuff in there.” In Petraeus’s case, the attorney general opted to charge him with a misdemeanor, but the FBI had recommended a felony charge.

In the Clinton case, Comey, in his public statement, said: “In looking back at our investigations into mishandling or removal of classified information, we cannot find a case that would support bringing criminal charges on these facts. All the cases prosecuted involved some combination of: clearly intentional and willful mishandling of classified information; or vast quantities of materials exposed in such a way as to support an inference of intentional misconduct; or indications of disloyalty to the United States; or efforts to obstruct justice. We do not see those things here.” Comey reaffirmed this conclusion in his later memo to FBI employees. “At the end of the day, the case itself was not a cliff-hanger; despite all the chest-beating by people no longer in government, there really wasn’t a prosecutable case.”

Attorney General Loretta Lynch stated that she met with Comey, career prosecutors, and the agents who conducted the investigation. It was “their unanimous recommendation,” not Comey’s alone, that the investigation be closed and that no charges be brought against any individual within the scope of the investigation.

Read Part I

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The Tattered Mirage of a South Asian Union is Dying Fast – Pt. 2

Foreign Policy Blogs - Thu, 29/09/2016 - 14:16

Bangladesh’s Jamaat-e-Islami leader Mir Quasem Ali was hanged on September 3 for ‘war against humanity’ during the 1971 Liberation War against Pakistan.

This is the second part of a three-part series. Read the first part here.

Cooperation within the framework of the Association shall be based on respect for the principles of sovereign equality, territorial integrity, political independence, non-interference in the internal affairs of other States and mutual benefit.” -Point (1) of the ‘Principles’ subset of Article II of the South Asian Association for Regional Cooperation (SAARC) charter.

‘Respect for territorial integrity’ and ‘non-interference in the internal affairs of other states’, really?

The Indian subcontinent is chequered with a history of border and territory disputes. If there is no shared border, there are prickly issues related to shared ethnic and religious groups in each other’s territories.

Two very topical, and yet, off the cuff, examples here illustrate the intertwining and conflicting interests of the South Asian nations, whether or not with a shared border, and the consequent impact of the same on the functioning of SAARC.

Bangladesh expressed its strong protest against Pakistan’s reaction to the execution of Jamaat-e-Islami (JeI) leader Mir Quasem Ali on September 3.

Ali, a prominent member of the pro-Pakistani militia during Bangladesh’s war of independence from Pakistan in 1971, was found guilty of torture and mass murders. Bangladeshi accounts say that the Pakistani army and its supporters in JeI had killed about three million people, though the number varies in other accounts.

Pakistan termed the trial as a ‘flawed judicial process’.

The act of suppressing the Opposition through flawed trials is completely against the spirit of democracy,” Nafees Zakaria, Pakistan’s foreign office spokesman told the international media.

Quick to retort, Bangladesh called Pakistan’s acting high commissioner in Dhaka, Samina Mehtab,  and handed over a strongly-worded note verbale.

By repeatedly taking the side of those Bangladesh nationals who are convicted of crimes against humanity and genocide, Pakistan has once again acknowledged its direct involvement and complicity with the mass atrocity crimes committed during Bangladesh’s liberation war in 1971,” read the communiqué.

The trial of Islamist leaders who took a violently pro-Pakistani stance in the 1971 war is going on for a while now—and the two countries have sparred all along.

In a different setting, the historical friction between the two nations had taken the turn of a very contemporary fight after the terror attack in Dhaka in July this year.

During the Muslim holy month of Ramzan, gunmen had entered a chic restaurant in the city’s diplomatic enclave on July 2 and killed 21 hostages and two police officers—before the Bangladesh security forces raided the restaurant and ended the standoff. Four terrorists were killed and one was captured alive.

Those killed were from around the globe, including one Indian, nine Italians, seven Japanese, one American and two local Bangladeshis.

Amid talks of the ISIS connection, while Bangladesh blamed the home-grown Islamist terrorists belonging to JeI group for the worst-ever terror attack in the country’s history, it also talked about the radical group’s connection with Pakistan’s spy agency ISI.

They (Pakistani establishment) are openly supporting war criminals. So, politically they are with Jamaat-e-Islami, politically they are with the militants. So, that is a sad thing in the regional politics,” said Bangladesh Information Minister Hasan-Ul-Haq Inu a day after the attack.

And recently few diplomats, who were working undercover at the Pakistan Embassy, were thrown out of the country because they were involved in armed networks,” he added.

The issue in his later statement relates to the two Islamic countries expelling each other’s diplomats in a tit for tat fashion in late 2015.

Following the Dhaka attack and the continuing strained relations, the home minister of Bangladesh ‘skipped’ the SAARC Home Ministers Conference held on August 3 and 4 in Islamabad.

This was followed by the finance minister of the country too opting to ‘skip’ SAARC finance ministers meeting in Islamabad on August 25, citing ‘domestic compulsion’.

On the other hand, and even before these latest snubs by Bangladesh, countless experts on Pakistani news channels have dubbed the former, a part of Pakistan for the first 24 years of the latter’s existence, as a colony of India. The view reflects the growing relationship between India and Bangladesh ever since the Sheikh Hasina government has come back in 2010.

That described the current relationship between two SAARC members who were once the same country. Today, leave aside a common goal, they don’t even share a border!

An equally telling example of churning with SAARC relates to two nations that do share borders—India and Nepal.

India’s Prime Minister Mr. Narendra Modi had the Nepalese lawmakers, and the people of Nepal, eat out of his hands during his rockstar-like visit in August 2014 to the Himalayan nation, and his address to Parliament.

We have not come here to interfere with your internal matters, but we want to help you develop,” Modi said to his hosts.

His popularity hit the stratosphere when he said that India was open to accepting a revised version of the Treaty of Peace and Friendship signed by the two countries in 1950: “Kathmandu had only to bring forth the amendments and New Delhi would sign on the dotted line since it implicitly trusted Nepal“.

At that time, Nepal was busy framing a new Constitution, which was to take into consideration  the concerns of all communities of the nation.

The coming together of all parties for Modi’s speech and the surplus warmth towards the visiting leader suggested an era of good times for the two nations.

The bond of warmth got a shot in the arm after India reacted faster than all to provide expertise and relief material within a matter of hours after a massive earthquake hit Nepal in April-May 2015.

At that time the only sour note seemed to be local Nepalese’s anger towards a section of the Indian media for being patronizing and meddlesome during the rescue operations.

Problems started taking a serious nature after the adoption of a new Constitution by the parliament, followed by a 16-point agreement between the Government and the opposition, which spelled out the roadmap for the new Constitution.

There was an instant and violent rejection of the new Constitution by the various Madhesi (an ethnic group living in the Nepalese south) parties and Janjatis (essentially tribals) because of, what they called, non-representation of their aspirations.

At the same time, India felt that the outcome was contrary to Mr. Modi’s advice for a consensus-driven rather than a numbers-determined approach towards finalisation of the Constitution.

Nepal, on the other hand, viewed India’s reaction to the promulgation of its new Constitution, and a hurried visit by India’s foreign secretary, as a brazen attempt by India to meddle in Nepal’s internal matters.

The new Constitution was formally adopted in September 2015.

The Madheshi groups responded by blockading the border points between India and Nepal. Kathmandu saw it as Indian handiwork and accused its southern neighbour of deliberately worsening the embargo by not allowing vehicles to pass through even those check-points where no protests were held—a charge that was quickly, and predictably, denied by the Indian government.

A four-month border blockade by the Madhesis ended only after amendments to the constitution that sought to address their concerns about ‘rightful’ representation in Nepalese political framework were made.

India welcomed the amendments. It remains to be seen what kind of welcome Modi gets on his next Nepal visit, whenever that happens.

Is there any greater ‘interference in internal affairs’, whether real or perceived, than interference in matters related to judiciary or constitution of one nation by another—as highlighted by the squabbling SAARC members in the two examples?

In an atmosphere of such mistrust and misgivings, it is barely surprising that 95% of  trade of SAARC nations is with non-SAARC nations. The corresponding figure, for example, for the Southeast Asian nations within the Association of Southeast Asian Nations (ASEAN) region is about 25%.

Note: This piece was written prior to a deadly terror attack on an Indian military facility on September 18, which killed 17 Indian army personnel. All the four killed terrorists belonged to the Pakistan-based Jaish-e-Mohammad terror group.

To be continued…

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Barack Obama devant les décombres

Le Monde Diplomatique - Thu, 29/09/2016 - 11:24
2008

15-16 septembre. Liée à la crise des subprime, la banque Lehman Brothers dépose le bilan, la Réserve fédérale refusant de la sauver. L'Etat rachète le numéro un mondial de l'assurance, American International Group (AIG).

3 octobre. Adoption du plan de sauvetage bancaire de 700 milliards de dollars (plan Paulson), conçu pour éviter l'effondrement des marchés financiers.

11 décembre. Arrestation de l'ex-président du Nasdaq Bernard Madoff, gestionnaire d'un fonds d'investissement et auteur d'une fraude boursière de 50 milliards de dollars.

2009

20 janvier. Prise de fonctions de M. Barack Obama. Le déficit budgétaire est évalué à 1 300 milliards de dollars.

30 janvier. M. Obama signe une loi sur l'égalité salariale entre hommes et femmes et promet d'annuler les lois antisyndicats de son prédécesseur.

10 février. Nouveau plan de soutien au secteur financier de plus de 2 000 milliards de dollars, pour faciliter le crédit et décharger les banques d'actifs « toxiques ».

17 février. Promulgation d'un plan de relance de l'économie de 787 milliards de dollars, dont un tiers est affecté aux allègements fiscaux en vue de favoriser la consommation.

18 février. Washington débloque un fonds de stabilisation de 75 milliards de dollars afin d'enrayer les saisies immobilières et de réaménager les prêts des ménages en difficulté.

16-19 mars. Après le scandale des bonus versés aux cadres dirigeants d'AIG, le Congrès décide de taxer à 90 % les primes touchées par les salariés émargeant à plus de 250 000 dollars par an dans les entreprises renflouées par l'Etat.

23 mars. Le ministre des finances, M. Timothy Geithner, présente son programme public-privé (entre 500 et 1 000 milliards de dollars), destiné à purger le secteur bancaire des actifs à risque.

30 mars. M. Obama dévoile son plan de sauvetage de l'industrie automobile, qui comprend des mesures fiscales pour faciliter l'achat de voitures « propres » et une aide financière à Chrysler et General Motors, moyennant des restructurations « viables ».

30-31 mai. Chrysler se place sous la protection du chapitre xi de la loi sur les faillites. General Motors dépose le bilan ; l'Etat lui injecte 30 milliards de dollars, détenant alors 61 % de son capital.

2 octobre. Le taux de chômage atteint 9,8 %, son plus haut niveau depuis juin 1983 (10,1 %). 11 décembre. Le Trésor impose de limiter à 500 000 dollars annuels le salaire des cadres supérieurs des entreprises bénéficiaires d'une aide publique, comme Citigroup, AIG ou General Motors.

24 décembre. Après la Chambre des réprésentants en novembre, le Sénat adopte la réforme du système de santé présentée au Congrès en septembre par M. Obama. Elle impose une couverture médicale à 32 millions d'Américains qui en sont privés, mais ne comprend plus la création d'un assureur public prévue initialement. Elle sera promulguée le 30 mars 2010, après le vote des amendements quelques jours plus tôt.

2010

14 janvier. Les grandes banques ayant renoué avec les profits et les primes, M. Obama annonce l'instauration d'une taxe pour qu'elles remboursent aux contribuables jusqu'à 117 milliards de dollars.

16 avril. L'autorité de régulation des marchés financiers (SEC) poursuit Goldman Sachs pour fraude. La banque d'affaires est accusée d'avoir dupé ses clients en 2007 en continuant à leur vendre des titres à risque.

21 juillet. Loi sur la réforme du système financier (loi Dodd-Frank), la plus importante depuis les années 1930. Elle interdit le sauvetage des établissements bancaires aux frais de l'Etat et encadre les prêts usuraires.

2 novembre. Raz de marée électoral républicain lors du scrutin législatif de mi-mandat.

3 novembre. La Réserve fédérale décide d'acheter 600 milliards de dollars en bons du Trésor pour soutenir la reprise.

18 novembre. Retour à Wall Street de General Motors. Grâce aux 23 milliards de dollars levés par le constructeur automobile — un record pour une introduction en Bourse —, la participation de l'Etat dans son capital passe de 61 % à 33 %.

16 décembre. Afin de maintenir les allocations des chômeurs de longue durée, le président consent, à l'issue d'un compromis passé avec les républicains, à reconduire les réductions d'impôts datant de l'ère Bush, qui favorisent les hauts revenus.

2011

11 février. Réforme du financement du logement. Les deux géants du crédit hypothécaire, Fannie Mae et Freddie Mac, à l'origine de la crise immobilière de 2007 et placés sous tutelle publique en 2008, voient leur rôle réduit au minimum au profit du secteur privé.

2 août. A l'issue d'un accord trouvé in extremis au Congrès, le plafond de la dette américaine, établi à 14 300 milliards de dollars (100 % du PIB), est relevé de 2 500 milliards en contrepartie d'importantes coupes budgétaires.

5 août. L'agence de notation Standard & Poor's abaisse la note de la dette souveraine des Etats-Unis de « AAA » à « AA+ ». Les marchés boursiers dévissent.

8 septembre. M. Obama expose un nouveau plan de 447 milliards de dollars pour lutter contre le chômage.

17 septembre. L'occupation du parc Zuccotti, près de la Bourse de New York, par un millier de manifestants anticapitalistes marque le début du mouvement de protestation populaire Occuper Wall Street.

28 septembre. Le gouvernement charge la Cour suprême de statuer sur la constitutionnalité de la réforme de l'assurance-maladie, contestée par vingt-six Etats et par la Fédération nationale de l'entreprise indépendante (NFIB), qui ont déposé deux recours.

2012

17 février. Le Congrès vote la prolongation jusqu'à la fin de l'année des abattements fiscaux pour les salariés (1 000 dollars par an) et l'extension des allocations-chômage. Près de 160 millions d'Américains sont concernés.

3 mai. La première banque d'affaires américaine, JP Morgan Chase, fait état d'une perte de 2 milliards de dollars, due à des prises de positions spéculatives douteuses.

28 juin. Au terme de trois mois de débats, et par cinq voix contre quatre, la Cour suprême juge la loi sur l'assurance-maladie conforme à la Constitution.

Du Nobel aux drones

Le Monde Diplomatique - Thu, 29/09/2016 - 11:22
2009

20 janvier. Le jour de son investiture, M. Barack Obama suspend les tribunaux militaires d'exception créés en 2006 pour juger des détenus du camp de Guantánamo. Quatre mois plus tard, il explique qu'ils seront finalement maintenus, mais avec de nouvelles règles de procédure.

22 janvier. M. Obama décrète la fermeture, dans un délai d'un an, de Guantánamo et des centres de détention de la Central Intelligence Agency (CIA).

17 février. M. Obama décide d'envoyer en Afghanistan dix-sept mille hommes supplémentaires à partir du printemps.

27 février. Le président annonce le retrait progressif des troupes américaines d'Irak. Celui-ci sera achevé le 31 décembre 2011.

2-5 avril. En tournée en Europe, M. Obama assiste au G20 de Londres et au sommet de l'OTAN à Strasbourg. Il plaide pour un « monde sans armes nucléaires » et pour l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne.

13 avril. Les restrictions concernant les voyages et les transferts d'argent des Cubano-Américains vers leur pays d'origine sont allégées. Ces mesures assouplissent l'embargo économique auquel est soumis Cuba depuis 1962.

18 avril. Lors du Ve Sommet des Amériques, tenu à Trinité-et-Tobago, M. Obama propose aux chefs d'Etat latino-américains une « alliance entre égaux ».

18 mai. Au terme de la visite du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou à Washington, M.Obama défend la création d'un Etat palestinien.

21 mai. Le Congrès refuse d'allouer les 80 millions de dollars nécessaires pour financer la fermeture de Guantánamo.

4 juin. Dans un discours prononcé au Caire, en Egypte, M. Obama propose un « nouveau départ » entre les Etats-Unis et le monde arabo-musulman.

24 juin. Les Etats-Unis et le Venezuela rétablissent leurs relations diplomatiques, rompues après l'expulsion de l'ambassadeur américain à Caracas en septembre 2008.

7 juillet. M. Obama et son homologue russe Dmitri Medvedev amorcent un dégel dans les relations entre Washington et Moscou en concluant un accord sur la réduction d'un tiers de leurs arsenaux stratégiques.

29 octobre. Par cent quatre-vingt-neuf voix contre trois, l'Assemblée générale des Nations unies demande aux Etats-Unis de mettre fin à l'embargo contre Cuba.

18 novembre. Pour la première fois, M. Obama admet que les Etats-Unis ne pourront fermer le centre de détention de Guantánamo en janvier 2010, comme prévu.

1er décembre. M. Obama annonce le déploiement accéléré de trente mille soldats supplémentaires en Afghanistan. Il évoque un retrait possible à partir de l'été 2011.

10 décembre. Recevant le prix Nobel de la paix à Oslo, décerné le 9 octobre, M. Obama évoque la notion de « guerre juste » et déclare qu'un « mouvement non violent n'aurait jamais arrêté les armées de Hitler ».

18 décembre. En partie sous l'impulsion de M. Obama, un « accord » très contesté sur le réchauffement climatique est signé lors du sommet de Copenhague.

2010

6 avril. M. Obama expose sa doctrine nucléaire. S'écartant des déclarations d'avril 2009, il explique qu'il pourrait utiliser l'arme atomique « dans des cas extrêmes ».

8 avril. Washington et Moscou signent un nouvel accord sur le désarmement nucléaire (Start), après l'expiration du précédent en décembre 2009. Ils s'engagent à réduire de 75 % leurs arsenaux respectifs.

28 mai. A l'issue de la conférence de suivi du traité de non-prolifération (TNP), à New York, les Etats-Unis paraphent, malgré des réserves, le document proposant la création d'une zone dénucléarisée au Proche-Orient et enjoignant à Israël de placer ses installations sous contrôle international.

3 juillet. Les Etats-Unis et la Pologne signent un accord sur un bouclier antimissile, malgré les objections de Moscou.

25 juillet. Le site Internet WikiLeaks diffuse des documents secrets de l'armée américaine sur la guerre en Afghanistan, créant la polémique.

30 août. Après des manœuvres navales aux côtés de la Corée du Sud en mer du Japon (25 au 28 juillet), Washington impose de nouvelles sanctions à la Corée du Nord. Elles font suite à la destruction, en mars, d'un navire sud-coréen attribuée à Pyongyang.

8 décembre. Trois mois après avoir relancé les pourparlers entre Israéliens et Palestiniens sous leur égide, à Washington, les Etats-Unis renoncent à exiger de Tel-Aviv le gel de la colonisation en Cisjordanie comme préalable aux négociations de paix.

2011

7 mars. Décevant les défenseurs des droits civiques, M. Obama donne son feu vert à la reprise des procès militaires d'exception à Guantánamo.

19 mars - 31 octobre. Les Etats-Unis participent, aux côtés de la France et du Royaume-Uni, à l'intervention militaire multinationale en Libye menée sous l'égide des Nations unies et dirigée par l'OTAN.

28 avril. Le directeur de la CIA, M. Leon Panetta, remplace à la tête du Pentagone le républicain Robert Gates, en poste depuis 2006.

2 mai. Oussama Ben Laden, le chef d'Al-Qaida, est tué par un commando américain au Pakistan. Tandis que certains s'interrogent sur la légalité de l'opération, celle-ci est saluée par presque tous les pays, notamment européens.

19 mai. M. Obama dévoile son « plan Marshall » de plusieurs milliards de dollars pour aider le monde arabe à se démocratiser et se déclare favorable à un Etat palestinien dans les frontières de 1967.

22 juin. Le président annonce le rapatriement d'un tiers des soldats américains, sur les cent mille hommes déployés en Afghanistan, d'ici l'été 2012. Le départ massif des troupes est programmé pour 2014.

2 septembre. La divulgation par WikiLeaks de l'intégralité de deux cent cinquante mille câbles diplomatiques internes du département d'Etat américain met toutes les chancelleries en émoi, en premier lieu à Washington.

2012

17 avril. Washington décide d'alléger les sanctions financières contre la Birmanie pour soutenir le processus de démocratisation amorcé en 2011.

26 avril. Les Etats-Unis et le Japon s'accordent sur le retrait de neuf mille marines de l'île d'Okinawa, où dix-neuf mille des quarante-sept mille soldats américains présents sur l'archipel nippon sont stationnés depuis 1960.

5 mai. Début du procès, dans le camp de Guantánamo, des cinq principaux suspects dans les attentats du 11-Septembre.

13 juillet. Première liaison maritime — censée devenir hebdomadaire — entre les Etats-Unis et Cuba depuis 1962, avec l'arrivée à La Havane d'un navire américain transportant du matériel humanitaire.

De l'Afghanistan au Caucase

Le Monde Diplomatique - Thu, 29/09/2016 - 11:18
2001

20 janvier. Entrée en fonctions de M. George W. Bush.

13 mars. Les Etats-Unis rejettent le protocole de Kyoto sur la réduction des gaz à effet de serre.

20-22 avril. M. Bush présente, lors du Sommet des Amériques, le projet de création d'une Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA).

11 septembre. Les attentats contre le World Trade Center, à New York, et le Pentagone, à Washington, provoquent la mort de près de trois mille personnes.

7 octobre. Intervention militaire en Afghanistan, avec l'aval des Nations unies, d'une coalition dirigée par les Etats-Unis et le Royaume-Uni.

26 octobre. Le Congrès adopte le Patriot Act, qui introduit des statuts d'exception pour les individus soupçonnés de terrorisme. Le camp X-Ray, une prison installée sur la base de Guantánamo (Cuba), est ouvert en janvier 2002.

13 décembre. Les Etats-Unis se retirent du traité américano-soviétique de défense antimissile (ABM, 1972), qui interdisait le déploiement d'un bouclier antimissile sur le sol américain.

2002

29 janvier. M. Bush qualifie l'Irak, l'Iran et la Corée du Nord d'« axe du Mal », contre lequel il promet d'agir.

11-14 avril. Coup d'Etat avorté contre le président vénézuélien Hugo Chávez.

21 mai. Washington annonce que les Etats-Unis ne ratifieront pas le traité instituant la Cour pénale internationale (CPI), signé par M. William Clinton en décembre 2000.

22 mai. Les Etats-Unis incluent Cuba dans la liste des pays qui « favorisent le terrorisme ».

24 juin. M. Bush demande le remplacement du président Yasser Arafat à la tête de l'Autorité palestinienne.

21 juillet. M. Bush décide de supprimer l'aide américaine au Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap) au motif qu'il encourage l'avortement et la stérilisation des femmes en Chine.

20 septembre. Adoption d'une nouvelle « stratégie de sécurité nationale » prévoyant notamment des attaques préventives contre les « Etats voyous ».

11 octobre. Le Congrès autorise le recours à la force armée contre l'Irak.

2003

20 mars. Début de l'opération militaire américano-britannique « Liberté de l'Irak ». Bagdad tombe le 9 avril. Le 1er mai, M. Bush déclare que la « mission » en Irak est « accomplie ».

11 novembre. Le Congrès adopte une série de sanctions contre le régime syrien.

2004

29 février. Les Etats-Unis, aidés par la France, démettent le président de Haïti, M. Jean-Bertrand Aristide, de ses fonctions.

23 avril. Levée des sanctions américaines contre la Libye. Les relations diplomatiques entre les deux pays seront rétablies en mai 2006.

28 avril. La chaîne CBS diffuse des photographies de prisonniers irakiens torturés par leurs geôliers américains à la prison d'Abou Ghraib, près de Bagdad.

6 octobre. Le rapport de la mission américaine chargée d'enquêter sur la présence d'armes de destruction massive en Irak conclut que Saddam Hussein n'en possédait plus depuis 1991.

15 novembre. M. Colin Powell est remplacé au département d'Etat par Mme Condoleezza Rice.

2005

10 février. La Corée du Nord affirme détenir l'arme nucléaire afin d'assurer son « autodéfense contre la volonté américaine de [l']étouffer ».

Octobre. Une revue médicale britannique estime que cent mille Irakiens seraient décédés à la suite de l'occupation américaine.

2006

7 mars. Le vice-président Richard Cheney déclare que les Etats-Unis « ne permettron[t] pas à l'Iran d'avoir l'arme nucléaire ».

16 mars. M. Bush dévoile sa « nouvelle » doctrine stratégique de sécurité nationale, axée sur la notion de « guerre préventive ». Sept pays sont qualifiés de « despotiques » : l'Iran, la Corée du Nord, la Biélorussie, la Birmanie, Cuba, la Syrie et le Zimbabwe.

26 septembre. Une étude des services de renseignement américains affirme que la guerre en Irak « a aggravé la menace terroriste » et renforcé l'islamisme radical.

16 octobre. Le président Bush promulgue une loi sur la paix au Darfour, qui impose des sanctions contre le Soudan.

18 octobre. Les Etats-Unis actualisent leur politique spatiale. Ils entendent empêcher leurs adversaires « d'user de leurs capacités d'armement hostiles aux intérêts nationaux américains ».

5 novembre. Saddam Hussein est condamné à la mort par pendaison par le haut tribunal pénal irakien. Il sera exécuté le 30 décembre.

8 novembre. Le secrétaire à la défense, M. Donald Rumsfeld, symbole de la guerre en Irak, démissionne au lendemain de la victoire des démocrates aux élections de mi-mandat. Il est remplacé par M. Robert Gates.

6 décembre. Publication du rapport de la commission bipartisane Baker-Hamilton. Critiquant la politique de M. Bush au Proche-Orient, il préconise un changement de stratégie en Irak, ainsi qu'une ouverture diplomatique en direction de la Syrie et de l'Iran.

2007

10 janvier. M. Bush annonce l'envoi de vingt et un mille cinq cents soldats supplémentaires en Irak et le déploiement de missiles antimissiles Patriot dans la région.

13 novembre. Washington décrète une série de sanctions économiques contre la Biélorussie, accusée de violer les droits de l'homme.

4 décembre. Selon une étude menée par seize agences de renseignement américaines (NIE), Téhéran aurait arrêté son programme nucléaire militaire en 2003. M. Bush réitère ses accusations : « L'Iran était dangereux, l'Iran est dangereux et sera dangereux s'il dispose de la technologie pour fabriquer une arme nucléaire. »

2008

19 février. Le président cubain Fidel Castro annonce son retrait politique. Les Etats-Unis indiquent qu'il n'y aura aucune modification de la politique américaine à l'égard de Cuba. Ils n'envisagent pas une levée de l'embargo « dans un proche avenir ».

8 juillet. Le gouvernement tchèque donne son accord à l'installation de radars américains près de Prague, dans le cadre du projet de bouclier antimissiles que Washington entend déployer en Europe centrale et orientale.

11 août. Le vice-président Cheney déclare que « l'agression russe [contre la Géorgie] ne doit pas rester sans réponse ».

De Theodor Herzl à la naissance d'Israël

Le Monde Diplomatique - Thu, 29/09/2016 - 11:10

1897, premier Congrès sioniste mondial. Theodor Herzl écrit dans son Journal : « A Bâle, j'ai créé l'Etat juif. Si je disais cela aujourd'hui publiquement, un rire universel serait la réponse. Dans cinq ans peut-être, dans cinquante sûrement, tout le monde comprendra. » Prédiction réalisée, à quelques mois près…

Le sionisme est un projet politique aux aspects multiples, qui a su s'imposer grâce aux circonstances historiques, mais aussi à ses propres capacités d'organisation et de mobilisation. Sa mise en œuvre ne s'est pas réalisée en un jour. La tâche était immense. Se présentant comme volonté de créer une nation juive sur un territoire donné, il lui fallait partir absolument de rien.

Sa vision correspond à la norme des nationalismes territoriaux de la fin du XIXe siècle en Europe centrale et orientale, qui se revendiquent d'un Etat ayant existé précédemment avec une langue et un territoire définis (la Serbie renvoie à un royaume serbe médiéval et à une langue en train de redevenir une langue de culture, même chose pour la Bulgarie, la Pologne, l'Ukraine...). A cela s'ajoute une identification correspondant à une religion (un « vrai Polonais  » ne peut être que catholique, un « vrai Russe » qu'orthodoxe). Ces caractéristiques, le sionisme les porte aux extrêmes.

Le territoire revendiqué ne peut se situer en Europe, et seule la mobilisation des affects renvoyant à la terre ancestrale permet d'espérer la matérialisation de son ambition en Palestine : comment s'enthousiasmer pour un Etat juif en Amérique ou en Afrique, localisations un temps envisagées  ? Quant à la langue hébraïque, jusque-là exclusivement religieuse, elle est à réinventer. Et la grande majorité des religieux se montre hostile au projet, en raison du risque d'empiétement qu'il présente sur la volonté divine (les rabbins redoutent une dérive messianique).

Bref, tout fait défaut au départ : le territoire, la langue et même, partiellement, le référent religieux.

Les Juifs de Palestine sont essentiellement des fidèles vivant des subsides de la diaspora, que la philanthropie juive occidentale travaille depuis des décennies, avec un succès inégal, à rendre « productifs ». Ils ne peuvent donc pas servir de base humaine au projet sioniste.

Au-delà de quelques précurseurs, le sionisme ne devient réalisable qu'avec les débuts de la première mondialisation, dans les années 1870 : les réseaux des chemins de fer d'Europe orientale se connectent alors aux réseaux d'Europe occidentale et, par là, aux ports d'où partent des navires à vapeur à horaires réguliers. Au Proche-Orient, c'est l'âge d'or de la domination collective des puissances européennes qui, en s'appuyant sur la « diplomatie de la canonnière », imposent leurs décisions à une administration ottomane réformée qui a rétabli l'ordre public.

Le réservoir humain réside dans la masse des Juifs de l'Empire russe et de la Roumanie, soumise à des législations antisémites discriminatoires alors qu'elle est en pleine explosion démographique. La mondialisation favorise une émigration massive, mais à destination des « pays neufs » qui ont besoin de main-d'œuvre (les deux Amériques, l'Afrique du Sud, l'Australie) : la traversée océanique tient lieu d'investissement de départ. Il n'en va pas de même avec la Palestine : au coût du transport s'ajoutent les investissements économiques indispensables pour créer les activités correspondantes. Les premiers émigrants des années 1880 (ou première alya, en hébreu « montée ») s'en rendent rapidement compte : ils végètent dans une terrible misère.

Si les comités des Amants de Sion ont pu diffuser l'idée sioniste parmi les Juifs d'Europe orientale, ils ne disposent pas des moyens de lui donner vie. Ils doivent donc se tourner vers les philanthropes juifs d'Europe occidentale qui, par le biais de la Jewish Colonization Association (ICA), assurent déjà une partie des frais de transport et d'installation en Amérique (en particulier en Argentine).

Pour le baron français Edmond de Rothschild, la colonisation juive en Palestine est une affaire personnelle. Il est intervenu pour empêcher que, par désespoir, les immigrants se convertissent au protestantisme des missionnaires britanniques, puis s'est passionné pour cette entreprise. Il crée alors un certain nombre de colonies agricoles, encadrées par des « israélites » français. Son idée consiste à créer une population de paysans indépendants sur le modèle français ; mais il lui faut se méfier de la mauvaise qualité du « matériel humain » : celui-ci doit être régénéré par le travail et la formation. D'où le caractère paternaliste de son mode d'organisation.

La question essentielle est d'arriver à un minimum de rentabilité permettant de mettre fin aux subventions permanentes. Cet objectif n'est atteint qu'au début du XXe siècle, grâce à la mise en place d'une agriculture de plantation utilisant une abondante main-d'œuvre arabe. En 1899, le baron transfère officiellement ses colonies à l'ICA, mais en fait il continue de les gérer par le biais de la « commission palestinienne  » de ladite organisation. Après la première guerre mondiale, l'organisation prendra le nom de Palestine Jewish Colonization Association (PICA). Jusqu'à sa mort, en 1935, le baron étendra constamment son domaine agricole en accordant toujours plus d'autonomie aux paysans qui en dépendent, favorisant leur accès à la propriété individuelle.

La perspective d'Edmond de Rothschild dépasse la seule philanthropie : ses achats de terres tendent à créer un véritable maillage de la Palestine. Il a compris très tôt la nécessité d'une totale discrétion, afin de ne pas inquiéter les autorités ottomanes et la population arabe. Et c'est pourquoi l'orientation de Theodor Herzl, qui joue, au contraire, la carte de l'action publique, le contrarie.

Ce publiciste autrichien s'est converti en 1895 au sionisme. Théoricien de sa version politique, il fonde l'organisation sioniste lors du premier congrès de Bâle en 1897, un an après la parution de son livre L'Etat des Juifs. Sa priorité : obtenir une charte internationale garantissant la création d'un foyer national en Palestine pour le peuple juif. Il encourage secondairement la colonisation. Dirigé par des Juifs autrichiens et allemands, le mouvement recrute surtout dans l'Empire russe, mais réussit à s'établir un peu partout (sauf en France, à cause de l'hostilité du baron). Jusqu'à sa mort, en 1904, Herzl travaille essentiellement auprès des dirigeants européens. Ses successeurs continuent dans la même ligne, mais s'intéressent aussi à la colonisation avec la création, en 1908, de la Palestine Land Development Company (PLDC), qui dépend du Fonds national juif (FNJ).

L'organisation sioniste s'implante en Palestine à partir de 1908 avec la deuxième alya, composée de militants déterminés issus de sa fédération russe et des Amants de Sion, souvent des socialistes marxisants ayant connu l'expérience de la révolution de 1905. L'attitude de l'ICA, qui préfère le travail arabe, déçoit ces immigrants dont la doctrine exige une séparation totale d'avec la population indigène afin de constituer une société nationale intégralement juive. Mais ils reçoivent un accueil favorable de la part des technocrates de l'ICA et de la PLDC, qui acceptent de financer des colonies agricoles collectivistes (kibboutz) ou coopératives (moshav) sans recourir à la main-d'œuvre arabe. En ville, ils fondent l'agglomération juive de Tel-Aviv, indépendante de la Jaffa arabe. Cette logique de séparation a sa justification socialiste : elle évite qu'une population exploite l'autre.

Durant la première guerre mondiale, le mouvement sioniste cesse d'agir en tant qu'entité unique puisqu'il est présent dans les deux camps en conflit. C'est le chef de la fédération britannique, Haïm Weizmann, un Juif d'origine lituanienne, qui va jouer un rôle essentiel en obtenant, le 2 novembre 1917, avec la déclaration Balfour, cette fameuse charte recherchée par Herzl : lord Arthur James Balfour, ministre britannique des affaires étrangères, y annonce à lord Walter Rothschild, représentant des Juifs britanniques, que «  le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif ». Cet engagement contredit la promesse faite par Londres aux Arabes de la création d'un Etat indépendant comme le partage négocié avec les Français, dans le cadre des accords Sykes-Picot...

Après-guerre, Weizmann devient naturellement le président de l'organisation sioniste. Son ambition : transformer cette déclaration unilatérale britannique en document de droit international. Ce sera chose faite en juillet 1922, grâce à la ratification par la Société des nations (SDN) du mandat britannique sur la Palestine, qui inclut le Foyer national juif.

Le mouvement sioniste se structure maintenant en fédérations nationales dotées d'organisations satellites chargées de la levée de contributions et de préparation à l'émigration. La charte du mandat prévoit la création d'une Agence juive, mais elle ne verra le jour qu'en 1929 ; entretemps, l'Organisation sioniste en fait fonction. Outre les relations avec les autorités, sa fonction est de gérer le domaine du FNJ et de l'augmenter par de nouvelles acquisitions. Malgré des progrès spectaculaires, ce domaine reste moins important que celui de la PICA et des propriétaires individuels qui lui sont liés : en 1941, le FNJ disposera de 532 900 dounoum (dixièmes d'hectare), contre 1 071 000 à la PICA et aux propriétaires individuels. A la fin du mandat, en 1948, la propriété juive ne couvrira que 6,6 % de la superficie de la Palestine.

Comme avant 1914, les coûts d'établissement restent le problème essentiel. L'immigration juive est fixée en fonction de la capacité économique d'absorption, et la différence est faite entre «  capitalistes », dont l'entrée est libre puisqu'ils viennent avec des capitaux suffisants, et « ouvriers », sélectionnés par l'Organisation sioniste en fonction de leur qualité en « matériel humain » (capacité productive). Des catégories intermédiaires existent. La troisième alya est analogue à la précédente, composée pour une bonne part d'ouvriers socialistes. Venue de Pologne au milieu des années 1920, la quatrième alya, elle, est bourgeoise et capitaliste. La cinquième alya, à partir de 1933, rassemble capitalistes allemands et ouvriers polonais. La montée du nazisme accélère évidemment l'immigration : de 110 000 arrivées (officielles) dans les années 1920, on passe à plus de 220 000 dans les années 1930...

Faute de pouvoir constituer une unité politique homogène en Palestine, les Britanniques adoptent la voie d'un développement communautaire séparé tout en maintenant un important secteur public. En ce qui concerne la population juive, l'Organisation sioniste fournit à la population juive un ensemble de services que l'Etat mandataire ne peut lui procurer. Il s'agit de lui assurer un niveau de vie se rapprochant de celui de l'Europe, en particulier dans les domaines de l'éducation et de la santé. Les colonies agricoles du FNJ sont subventionnées à la fois lors de leur création et pour leur fonctionnement. Elles sont en effet par nature déficitaires, mais leur fonction n'est pas d'ordre économique : elles servent à prendre le contrôle du territoire et à former le « Juif nouveau », débarrassé de l'oppression de l'exil.

Le mouvement ouvrier juif très politisé et divisé en organisations concurrentes fédère ces colonies agricoles. La centrale syndicale Histadrout fournit un certain nombre d'assurances sociales et crée ses propres entreprises par manque de capitalistes.

L'ensemble de la population juive (sioniste et non sioniste) élit une assemblée élue d'où émane un conseil permanent, mais le vrai pouvoir réside dans l'Exécutif sioniste désigné par l'Organisation sioniste. En 1929, la création de l'Agence juive permet en théorie une plus grande implication des Juifs non sionistes de la diaspora, qui disposent de la moitié des sièges dans les instances dirigeantes. En 1931, l'exécutif de l'Agence en Palestine revient pour la première fois à un socialiste établi dans le pays, Haïm Arlosoroff.

La droite du mouvement sioniste n'accepte pas l'alliance stratégique opérée entre les « centristes » de Weizmann et les socialistes du mouvement ouvrier. Pourtant, la grande intelligence des premiers a été de comprendre que l'établissement du Foyer national juif, ou Yichouv, ne peut passer que par les modes d'organisation collective des seconds. Les « capitalistes » s'avèrent trop individualistes pour pouvoir prendre en charge la colonisation : la prise de contrôle du pays devient plus facile dès lors qu'elle passe par la socialisation des activités. En absence d'Etat, seul le mouvement ouvrier a la capacité de gérer les intérêts nationaux.

Le mouvement sioniste révisionniste de Zeev Jabotinsky rejette à la fois le socialisme des ouvriers et la prudence diplomatique des centristes. Il recrute chez les éléments bourgeois issus pour la plupart de la première et de la quatrième alya, tandis que les leaders ouvriers viennent de la deuxième et de la troisième alya. Le romantisme des révisionnistes masque leur ignorance du travail au jour le jour indispensable pour créer le Yichouv.

Le clivage entre sionistes socialistes et révisionnistes concerne surtout les rapports avec les Arabes. Là où David Ben Gourion et ses amis donnent la priorité à la conquête progressive du pays en alliance avec la puissance mandataire, ceux de Jabotinsky entendent s'emparer de toute la Palestine par la force : c'est le fameux « mur d'acier » qui, à partir de 1948, fondera en réalité la stratégie de l'Etat d'Israël, toutes composantes confondues.

Après l'assassinat, en 1933, d'Arlosoroff, que les socialistes attribuent aux révisionnistes, le mouvement ouvrier devient l'élément dominant au sein des instances de l'Organisation sioniste et de l'Agence juive. Les révisionnistes font scission et créent leur propre organisation sioniste. A partir de cette date, l'exécutif de l'Agence juive est contrôlé par les socialistes, dont la personnalité la plus importante est celle de Ben Gourion. A la fin des années 1930, le glissement du pouvoir est terminé : les hommes du Yichouv ont pris le contrôle du mouvement et de ses institutions, la diaspora doit être mise à son service, et Weizmann n'est utile que grâce à ses contacts avec les hommes politiques occidentaux.

Après les premières émeutes de 1921 et de 1929, la grève générale arabe de 1936 et la révolte palestinienne de l'automne 1937 poussent le Yichouv à devenir plus autonome, y compris sur le plan militaire, avec la construction de sa propre force armée, la Hagana, tolérée par les Britanniques. Mais, à partir du Livre blanc de 1939, Londres donne la priorité à son influence dans le monde arabe : en 1944, le mouvement sioniste affrontera militairement les Britanniques pour mieux préparer sa prise de contrôle du gros de la Palestine.

Le sionisme est probablement la forme la plus pure du volontarisme politique. Il est parti littéralement de rien, ou presque, pour créer une nation, une langue, un territoire à travers les catastrophes historiques de la première moitié du XXe siècle. Il a su capitaliser les efforts et les expériences de la grande philanthropie juive, puis appliquer les principes organisationnels d'un mouvement ouvrier, dont la mission comprenait tout aussi bien la fondation d'une classe ouvrière que l'établissement d'un réseau d'entreprises publiques. Avant 1914, il a bénéficié de la protection des consuls européens. Sous le mandat, la technocratie britannique a encouragé et favorisé son action, qui allait dans une logique de développement qui lui était chère.

En 1948, le Yichouv dispose de tout un système d'organisations qui préfigure l'Etat. Mais ces institutions dépendaient des partis politiques. Le génie politique de Ben Gourion a été de comprendre la nécessité de transférer ces institutions à l'Etat nouveau en les « dépolitisant ». D'où le maintien d'une coalition politique regroupant socialistes, centristes et religieux et isolant – jusqu'en 1967 – les forces de droite proprement dites. Le socialisme des « pionniers » s'est accompagné d'une bureaucratie proliférante et d'un relatif égalitarisme des conditions sociales.

Après la création de l'Etat, les institutions sionistes ont été maintenues afin de canaliser les moyens venus de la diaspora et assurer des services sociaux destinés exclusivement à la population juive.

Une si longue attente…

Le Monde Diplomatique - Thu, 29/09/2016 - 10:55

Sa première victoire électorale, il l'a remportée à 80 ans passés. Né Persky en 1923 dans un shtetl (1) biélorusso-polonais, M. Shimon Pérès a convaincu la Knesset, le 13 juin 2007, de le nommer (neuvième) président d'Israël. Sa précédente tentative, en 2000, s'était soldée par un humiliant échec face au candidat du Likoud, M. Moshe Katsav — dont l'histoire retiendra surtout qu'il fut accusé de viols et autres agressions sexuelles...

Certes, auparavant, M. Pérès avait été par trois fois premier ministre, mais brièvement : en 1977, pour remplacer durant moins de deux mois un Itzhak Rabin en plein scandale financier ; en 1984, dans le cadre d'une alternance (rotatsia) avec l'ultranationaliste Itzhak Shamir, qui lui succéda dès 1986 ; et à nouveau Rabin, assassiné le 4 novembre 1995 (voir « “Faucon”, puis “colombe” »).

Héritier du signataire des accords d'Oslo, qu'il avait si longtemps combattu, les sondages lui promettent alors vingt-cinq points d'avance sur M. Benyamin Netanyahou (voir « Made in USA »), qui finira par le coiffer sur le poteau, le 29 mai 1996. Et pour cause : en donnant, le 5 janvier 1996, son feu vert à l'exécution de l'« ingénieur » du Hamas, Yehia Ayache, M. Pérès a provoqué une vague d'attentats meurtriers du Hamas, puis, le Hezbollah s'en mêlant, déclenché une guerre sanglante contre le Liban…

Ce suicide politique (2) éclaire le parcours de ce « mal aimé » de la politique israélienne, et pourtant « favori » des médias étrangers, qui lui ont fait une réputation de « colombe ». Comme si la négociation secrète d'Oslo, qui valut à M. Pérès de partager avec Yasser Arafat et Rabin le prix Nobel de la paix, gommait l'essentiel de sa carrière antérieure et postérieure…

Dès 1947, David Ben Gourion (voir « Le père fondateur ») l'envoie aux Etats-Unis afin de compléter l'arsenal déjà fourni aux forces juives par l'Union soviétique. Devenu, en 1953, directeur général du ministère de la défense, il démarche des armes en Europe. A Sèvres, en octobre 1956, le flirt va plus loin : Guy Mollet et Maurice Bourgès-Maunoury y donnent le feu vert de la France à l'opération tripartite contre Gamal Abdel Nasser, et surtout au transfert de la technologie nucléaire à Israël. Vice-ministre de la défense en 1959, M. Pérès va superviser la mise au point au centre de Dimona, aux portes du Néguev, du secret qui bouleversera définitivement les rapports de forces au Proche-Orient : la force de frappe israélienne. La bombe A est au point en 1966, la bombe H dans les années 1970.

Trois décennies plus tard, Pérès le « pacifiste » participe au gouvernement de M. Ariel Sharon (voir « A tout prix »), qui enterre les accords d'Oslo et réprime dans le sang la seconde Intifada, faisant près de cinq mille morts parmi les Palestiniens, les Israéliens en comptant pour leur part un millier. En 2005, il suivra même le vieux généra au sein de son nouveau parti, Kadima, abandonnant la maison travailliste qui l'abritait depuis une bonne soixantaine d'années…

La boucle est bouclée.

(1) Nom générique donné, en yiddish, aux petites bourgades juives de Pologne et de Russie.

(2) Lire « Un suicide politique », Le Monde diplomatique, mai 1997.

Missiles for the Jihad

German Foreign Policy (DE/FR/EN) - Thu, 29/09/2016 - 00:00
(Own report) - Berlins demands for a renewed ceasefire are being accompanied by reports of the possible initiation of a program to supply insurgents in Aleppo with man portable anti-aircraft missiles. The Syrian government and Moscow must immediately return to a ceasefire, admonished German Chancellor Angela Merkel. The combat in Aleppo is intolerable. Even though the combat is becoming increasingly gruesome, the ceasefire had been doomed to fail from the beginning, because important insurgent militias - partisans of the West - rejected it and continued their combat. They even refused to accept a key element of the ceasefire, rejecting the demand that they halt their collusion with al Qaeda and its Syrian affiliate, the Jabhat al Nusra / Jabhat Fatah al Sham. That demand was considered particularly important because, as experts have been warning for months, al Qaeda is establishing a jihadi emirate in northern Syria. Confronted with the eventuality that the Syrian army may recapture Aleppo, Washington is now considering supplying man portable air defense systems, or "MANPADS," to insurgents allied with al Nusra - similar to the ones the US had previously provided the mujahidin fighting the Soviet military in Afghanistan. The German government remains silent because its own preferences will benefit - even though the missiles could wind up in the hands of al Qaeda.

A settlement to Cypriot dispute ‘closer than ever before, but there’s still a way to go’ – UN Special Adviser

UN News Centre - Wed, 28/09/2016 - 23:31
On 22 August 2014, the United Nations Secretary-General Ban Ki-moon announced that he had appointed Mr. Espen Barth Eide of Norway as his new Special Adviser on Cyprus, replacing Mr. Alexander Downer of Australia, who had stepped down four months earlier, in April.

‘No words left’ to describe suffering of children in Aleppo –UNICEF

UN News Centre - Wed, 28/09/2016 - 21:02
Children in Aleppo are trapped in a “living nightmare,” a senior official of the United Nations Children’s Fund (UNICEF) said today, stressing yet again, the direness of the situation, particularly for the children, in Syria’s war-ravaged Aleppo.

Republic of Korea: UN rights expert calls for probe in death of 69-year old protester

UN News Centre - Wed, 28/09/2016 - 19:54
Expressing dismay over the death of a protestor who was injured by the police use of a water cannon on a peaceful rally last year in the country, a United Nations human rights expert has called for a full investigation into the incident and to ensure that such a “tragedy” is never repeated.

UN health agency declares elimination of measles in the Americas

UN News Centre - Wed, 28/09/2016 - 19:33
The region of the Americas is the first in the world to have eliminated measles, a viral disease that can cause severe health problems, the United Nations health agency has declared.

Ban calls on UN Security Council for decisive steps to end attacks on hospitals, medical staff

UN News Centre - Wed, 28/09/2016 - 19:25
Denouncing a surge in “horrific attacks” on hospitals, clinics and medical staff, most recently in the war-torn Syrian city of Aleppo, United Nations Secretary-General Ban Ki-moon called on the Security Council today to take decisive steps to end such obvious war crimes and hold the perpetrators accountable.

Improved UN database spotlights huge global disparities in access to cancer care

UN News Centre - Wed, 28/09/2016 - 18:24
A revamped global database launched today by the United Nations atomic agency highlights startling disparities across the world when it comes to access to treatment and care for cancer.

UN food relief agency reaches town in northern Iraq for first time in two years

UN News Centre - Wed, 28/09/2016 - 18:09
For the first time in more than two years, the United Nations food relief agency has distributed urgently-needed food for people in and around the northern Iraqi town of Shirqat, which was under siege and cut off from humanitarian access from 2014 until earlier this month.

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